J'ai essayé d'écrire dans ce petit livre quelques-unes des visions que Dieu m'a accordées. Si j'avais écouté mes propres désirs, ces récits de mes visions n'auraient été publiés qu'après ma mort, mais de nombreux amis dont le jugement m'inspire une grande confiance, ont insisté pour que cette publication sur l'enseignement de ces visions ne soit pas remise à plus tard. C'est donc pour céder au désir de ces amis que ce petit volume est aujourd'hui offert au public.
À Kotgarh, il y a quatorze ans, pendant que j'étais en prière, mes yeux s'ouvrirent à la « Vision céleste ». Tout ce que je contemplai était si visible que je pensai être déjà mort et que mon âme avait atteint la gloire du ciel. Mais à travers toutes ces années, ces visions ont continué à enrichir ma vie. Je ne puis les appeler à volonté, mais en général c'est quand je suis en prière ou en méditation, parfois huit à dix fois par mois, que mes yeux s'ouvrent pour voir le ciel pendant une heure ou deux, et pour marcher avec Christ dans la gloire de la sphère céleste, conversant avec les anges et les esprits. Leurs réponses à mes questions ont fourni la matière de plusieurs de mes écrits, et l'indescriptible extase de cette communion spirituelle me fait soupirer après le temps où j'entrerai pour toujours dans le bonheur et la communion des rachetés.
Quelques-uns penseront que ces visions ne sont qu'une forme de spiritisme, mais laissez-moi affirmer qu'il y a une différence essentielle entre ces expériences et le spiritisme. Celui-ci prétend apporter des messages et produire des signes venant d'esprits des ténèbres, messages qui sont en général si fragmentaires et si inintelligibles, même souvent trompeurs, qu'ils détournent leurs adeptes de la Vérité au lieu de les y conduire ! Dans mes visions, je vois, au contraire, clairement tous les détails glorieux du monde spirituel, de sorte que j'expérimente une communion réelle et bienfaisante avec les saints, au milieu des splendeurs du monde spirituel rendu visible !
C'est par ces saints et ces anges que j'ai reçu non pas des messages vagues et trompeurs, concernant le monde invisible, mais l'explication claire et lucide de plusieurs problèmes qui me troublaient.
Cette « communion des saints » était un fait si réel dans l'expérience de l'Église primitive, qu'elle fait partie intégrante des articles de foi connus sous le nom de : « Confession de foi apostolique ». Je demandai une fois, dans une de mes visions une preuve biblique de cette communion des saints et il me fut répondu qu'elle était clairement donnée dans Zacharie 3.7-8, que ceux qui y sont appelés « assistants » n'étaient ni des anges ni des hommes de chair et de sang, mais des saints glorifiés. Et Dieu promet à Joshua, à condition qu'il fasse Sa Volonté, de le laisser marcher avec les saints qui sont présents, c'est-à-dire les esprits de ceux qui sont devenus parfaits et avec qui il pourra communier en esprit.
Il est souvent fait mention d'esprits, de saints et d'anges dans ce livre. Je désire faire une distinction entre les esprits, bons et mauvais qui après la mort existent dans un état intermédiaire entre le ciel et l'enfer. Les saints sont ceux qui ont pénétré au travers de cet état, dans la sphère la plus élevée du monde spirituel, et auxquels un service spécial est confié. Les anges, enfin, sont ces êtres glorieux auxquels ont été remis toute espèce de services supérieurs, parmi eux se trouvent des saints venant d'autres mondes, aussi bien que du nôtre, et tous vivent ensemble comme une grande famille. Ils s'entraident mutuellement par amour et sont éternellement heureux dans la plénitude de la gloire divine.
Le monde des esprits est celui où entrent les esprits en quittant le corps (état intermédiaire). Le monde spirituel est celui où tous les êtres spirituels traversent les divers stages entre les ténèbres de l'enfer et le trône du Seigneur dans la lumière.
Je désire exprimer ma vive reconnaissance au Révérend Riddle de la Mission Presbytérienne de la Nouvelle Zélande, à Kharar, Pemjale, qui est venu jusqu'à Subathu, exprès pour traduire ce livre de l'urdu en anglais. Je remercie aussi Miss E. Sanders de Coventry qui a corrigé les épreuves de ce volume.
Subathu, juillet 1926.
Sundar Singh