L’amour de l’argent est la racine de tous les maux.
Je revois ce vaste immeuble dont l’une des façades était lézardée de haut en bas à cause de la proximité d’un énorme platane. L’ombre généreuse de cet arbre était trop appréciée durant les heures surchauffées de l’été méridional pour qu’on songeât à l’abattre. Pourtant, ses racines accomplissaient lentement mais sûrement un travail de sape que rien n’arrêterait aussi longtemps qu’on le laisserait vivre. Puissance prodigieuse capable d’ébranler des tonnes de pierre, de les disjoindre et d’entraîner la ruine d’un grand édifice ! Il en va de même des richesses lorsque l’homme s’y attache et les poursuit. Ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège et dans une foule de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Semblables à une racine profonde, elles fascinent les hommes. Et quelques-uns, pour s’y être adonnés se sont égarés loin de la foi et se sont infligés à eux-mêmes bien des tourments. (1 Timothée 6.9, 10).
Ne nous leurrons pas. Mamon n’est pas seulement une représentation anodine, une statue inerte symbolisant l’argent comme Marianne symbolise la France. Satan serait trop heureux de nous le faire croire. Selon Jésus, Mamon est infiniment plus qu’une simple allégorie : c’est bel et bien une puissance. Une puissance séductrice. Totalitaire. Une « autorité » asservissant quiconque plie les genoux devant l’idole. Et cet attachement aux richesses est source de « toutes sortes de maux ». Y a-t-il un problème douloureux dans la vie d’un individu ? Dans l’Eglise ou la société ? Ne cherchez pas plus loin. Grattez un peu et vous découvrirez aisément sa racine. Elle est presque toujours la même : L’argent. D’où l’importance et l’urgence de démasquer cette puissance qui tient à se faire oublier, en se gardant d’en sous-estimer les effets. Racine de toutes sortes de maux et de malheurs, l’amour des richesses engendre :
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Bien plus qu’une puissance, Mamon est véritablement UNE PERSONNE qui prétend à la divinité. Son objectif est celui de Satan : Détrôner Dieu ! Aimer l’argent c’est haïr le Père, et l’amour de l’argent est une haine de Dieu (Luc 16.13). En vérité, Mamon n’est Mamon que si on l’aime et le sert. Mais qui, parmi nous, peut se vanter d’être insensible à ses attraits ?
Mamon doit être démasqué : C’est Satan déguisé, l’un des noms du « prince de ce monde ». Et tout sujet de ce prince – l’homme irrégénéré – est naturellement attaché aux richesses même s’il s’en défend et se montre généreux. Quant aux chrétiens je ne sais s’il s’en trouve un seul qui puisse affirmer en toute vérité : « Je suis totalement et définitivement libre quant à l’argent ». Savez-vous qu’il est possible de donner avec libéralité tout à en continuant de sacrifier à Mamon ? Je puis faire vœu de pauvreté, vivre par la foi, attendre de Dieu seul le pain quotidien sans pour autant compter sur le Seigneur. Tel moine ne possède rien et, semble-t-il, n’aspire à rien. Cependant, il peut fort bien placer sa confiance dans l’institution qui l’a pris en charge plutôt qu’en Dieu lui-même, car cette institution a des ressources. Le pionnier qui fonde une église et n’a pas de salaire assuré peut être tenté, lorsque la caisse est vide, de regarder aux amis. Une circulaire mensuelle le rappelle à leur bon souvenir ; même les meilleurs sont faillibles. J’étais serein durant mon activité au sein de la Ligue pour la lecture de la Bible, sans inquiétude. Certes, je savais que l’œuvre dépendait très largement des dons qu’elle recevait, mais elle était bien établie, favorablement connue et portée par de nombreux et fidèles croyants. En outre, s’attendant au Seigneur, son Conseil s’engageait à rémunérer ses collaborateurs, l’ouvrier méritant son salaire. Plus tard, j’ai pu expérimenter la vie par la foi sans jamais rédiger de circulaire : Etais-je, à cause de cela, hors de toute préoccupation financière ? Honnêtement, non !
Personne n’est à l’abri du tentateur, dans le domaine matériel surtout. « Le lion rôde », aussi dois-je veiller sans relâche pour démasquer l’adversaire et lui « résister avec une foi ferme » (1 Pierre 5.9). Satan est trop puissant pour que j’extirpe moi-même cette mauvaise racine et les appels à la générosité ne suffiront pas à me libérer de l’emprise des richesses. L’action purificatrice de Dieu est nécessaire : je veux la réclamer. La délivrance aura lieu si je consens à passer par le jugement du Seigneur. Je me garderai d’admirer mes largesses ou de considérer l’importance de mes offrandes pour me croire affranchi de Mamon. Non ! Je plaiderai coupable en découvrant la place que tient l’argent dans ma vie. Certes, Dieu ne me demande pas de vendre tout ce que je possède pour le donner aux pauvres – cela ne me libérerait pas pour autant de l’amour des richesses – mais il attend ma reddition pour me rendre capable d’y renoncer. Il m’amènera – si j’y consens — à le laisser posséder ce que jusque là j’ai appelé mon argent, mon avoir, mon patrimoine… Toute richesse qui n’est pas reçue tel un don du Créateur, et employée comme propriété du Seigneur, est vaine et dangereuse.
En me révélant cet esclavage si longtemps ignoré, Dieu poursuit mon bien. Il veut, plus que quiconque, mon bonheur et ma liberté. La vraie richesse c’est lui et lui-seul. Il sera ma sécurité, mon repos, ma joie si je le choisis pour Maître et Seigneur.
Dieu ou Mamon. Il n’y a pas d’autre alternative.
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