La loi morale n’a pas dans le développement de la créature libre un rôle préparatoire seulement ; elle en a aussi un consommateur ; elle préside au cours de ce développement jusqu’à son dernier terme, celui où toute la loi est accomplie dans toute la vie (cf. Matthieu 5.17). Il y a donc une loi et un accomplissement de la loi morale dans l’Evangile ; mais, comme pour atteindre ce terme suprême la loi a suivi des modes successifs et progressifs, il est entendu que ce n’est pas du but général de la loi morale que nous entendons traiter ici, mais de ses modes préparatoires sous lesquels elle s’est présentée à l’humanité avant Jésus-Christ. Il est entendu également que nous ne traitons pas de l’action de la loi dans l’individu, mais de son action collective dans l’histoire de l’humanité.
Pour répondre au but indiqué plus haut, de préservation à l’égard de l’état présent, la loi a dû remplir un double rôle, que nous appellerons constitutif et restitutif. Selon le premier, elle s’est montrée tout à la fois impérative et prohibitive, et de préférence prohibitive ; elle a donné à l’humanité primitive et au peuple d’Israël des commandements et surtout des défenses immédiatement obligatoires. Mais comme il ne suffit pas qu’une obligation existe pour qu’elle soit observée, l’ancienne loi a dû prévoir le cas où elle serait enfreinte et y pourvoir, en instituant des réparations provisoires de ces violations, qui furent les sacrifices : réparations provisoires, disons-nous, adaptées aux besoins d’un temps et aux conditions d’un pays, et appelant elles-mêmes une réparation suprême et définitive.
Notre premier article : De la préparation par la Loi, se subdivisera donc en trois chapitres intitulés :
- De l’élément constitutif de la Loi ;
- De l’élément restitutif de la Loi ;
- Du caractère transitoire de l’institution légale dans l’œuvre du salut de l’humanité.