Nul être n'oublie le lieu de sa naissance. Il semble même que plus il se charge d'années, plus il se sent proche de ce coin de terre où se dressa son berceau.
Tout chrétien est né à Jérusalem, et certains signes font penser que cette vieille Église qui marche vers la fin de son deuxième millénaire, tourne la tête et sent battre son cœur, vers son berceau autrefois dressé en terre promise.
Ce sont des évangélistes juifs qui partirent à l'assaut, depuis Jérusalem, du paganisme gréco-latin, d'ailleurs fortement entamé à l'époque. Sauf de très rares exceptions, la foi nouvelle (à vrai dire plus hébraïque que nouvelle) se propageait dans les synagogues du bassin méditerranéen, et c'est vers Jérusalem qu'elle montait, avec Israël, en pèlerinage. Le plus grand de ces évangélistes, Saul de Tarse, ne faisait-il pas des collectes dans l'Empire "pour les pauvres à Jérusalem" ?
Rome voyait alors dans ce mouvement nouveau, une secte juive parmi d'autres, et le traita souvent comme telle. Hadrien, désireux de faire disparaitre toute trace de fermentation juive après avoir rasé la Judée, déporté ses habitants et bâti sur les ruines de Jérusalem une cité qu'il baptise Aelia Capitolina (interdite à tout juif sous peine de mort) – Hadrien donc, fait édifier un temple à Vénus sur l'emplacement du Calvaire, et ordonne le culte d'Adonis dans la grotte de Bethlehem qui vit naître le Christ. Ce sont des choses qu'on n'a pas tout à fait oubliées, et qui font à leur manière, que tout chrétien non seulement doit s'affirmer spirituellement sémite, mais encore juif.
Et puis il y a les textes. Les textes du Nouveau Testament qui définissent eux aussi une vision "sioniste" de l'Histoire, et que l'Église a bien vite oubliés dès que, de secte juive méprisée qu'elle était, elle se retrouva sur les marches du trône d'un César converti pour les besoins de sa politique.
Le sionisme d'inspiration chrétienne doit être bien davantage qu'un mouvement de sympathie envers un peuple qui a trop souffert et qui a retrouvé sa partie toujours promise. Nombreux sont les passages bibliques du Canon hébraïque auxquels le sionisme juif peut se référer, et que l'Église devrait également accepter. Or il existe certains textes néo-testamentaires qui découlent tous de la vision particulière que se faisaient de l'Histoire le Christ et les Apôtres, et qui avait cours à l'époque comme en témoigne toute la littérature eschatologique de la Bible juive. Un jour viendra où Jérusalem ne sera plus occupée par les nations, alors prendra fin ce temps que le Christ appelle “le temps des Nations” (Luc XXI.24). Expression que saint Paul reprend dans son épître capitale, et que les traductions mutilent (Romains XI.25).
Il semble bien que Dieu a divisé l'ère de la révélation biblique en deux temps différents, qui parfois se chevauchent et parfois se succèdent : le temps des Nations (occupant Jérusalem), et le temps de l'indépendance d'Israël. Lorsque, dans la suite des temps, après un très long exil, Jérusalem s'affirme à nouveau comme capitale d'Israël, ce dernier entre alors dans ses temps proprement messianiques, aube de la Parousie. En d'autres termes, eschatologiques ceux-là, et que Jésus fait siens (malgré ce que peuvent en penser ces exégètes que nous avons appelés “dépeceurs” des Textes…), temps où pour la première fois toutes les nations, toute la terre, seront menacées de destruction totale.
Sans doute le texte “sioniste” central dans le Nouveau Testament se trouve-t-il au début du livre des Actes des Apôtres (1.7) “Seigneur est-ce maintenant que tu rétabliras le royaume d'Israël ?”. À quoi Jésus répond, clairement (il est inutile de se pencher sur le sens exact des termes grecs, le Christ n'ayant pas employé cette langue avec les siens) : “Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité”.
Ce qui revient à dire qu'un temps a été fixé par le Maître de l'Histoire, pour la fin du long et sanglant exil d'Israël, et que l'indépendance d'Israël dépend de la seule volonté de Dieu. Telle est la "Magna charta" du sionisme dans le Nouveau Testament, et sa justification. S'il n'y avait que ce texte, nous avons vu qu'il y en a au moins deux autres, et ce texte est une parole du Christ, l'Église devrait saluer dans la résurrection physique du peuple juif qui se rassemble autour de Jérusalem, la main de Dieu dans l'Histoire.
Le psaume de la Pâque juive qui contient cet avertissement : “Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite se dessèche” (137.5), il s'adresse tout autant à l'Église qu'à la Synagogue, puisque oublier Jérusalem, c'est perdre l'espérance messianique et c'est perdre le sens prophétique de l'Histoire.
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Nous allons le voir à présent : chaque génération, depuis ce profond retour aux Écritures qui caractérisa la Réformation, a entendu des voix protestantes rappelant à l'Église qu'Israël devait un jour retrouver sa patrie biblique, qu'il importait de ne pas l'oublier et qu'il convenait de hâter ce grand moment.
La Réformation, par sa prise au sérieux des Écrits bibliques, redécouvre l'histoire d'Israël, et du même coup, le sens prophétique de l'Histoire. Partout où cette véritable Renaissance chrétienne s'implante, des hommes cherchent à interpréter, à comprendre, les destinées du peuple juif et de sa terre livrée aux sables et aux marais pestilentiels. Principalement en Angleterre, où il est étonnant d'observer qu'au moment même où en Europe, s'annonce timidement le mouvement de libéralisation et d'assimilation des masses juives, se propage au contraire un véritable sionisme protestant, enfant légitime de la foi puritaine que l'on peut qualifier sans crainte de “judaïsation réformée”. Un John Knox, un Tyndale, évoquent d'emblée certaines grandes figures de la Bible hébraïque, laquelle se trouve placée à l'honneur, aussi bien dans les études que dans la vie quotidienne, par des gens qui baptisent leurs enfants davantage en mémoire des héros bibliques que des saints du terroir. Le duc de Cleveland, parlant des Puritains, avait cette boutade : “On peut apprendre la généalogie du Christ à la simple lecture des noms que portaient leurs régiments !” Cromwell, malgré de violentes oppositions, rappelle les juifs en Angleterre, persuadé que ce geste est un pas décisif vers leur restauration en terre promise, et que Dieu ne manquera pas de bénir son régime…
Les compagnons du Cromwell ont lancé en Angleterre un mouvement que rien n'arrêtera et qui ne périra pas dans les rangs du protestantisme anglais. Ils n'ont fait que relancer en fait la vieille espérance judéo-chrétienne, que leur grand Milton a gravée dans l'âme anglaise, par ses Chants du retour vers Sion désolée. Depuis ce tournant de l'histoire britannique, on ne comptera plus les hommes de lettres, savants, théologiens et âmes pieuses, et leurs ouvrages, réclamant tous la restauration du peuple juif en terre biblique. Des évêques même prêteront leurs voix, tels Thomas Newton, Samuel Horsby, Robert Lowth. C'est aussi le temps où naît en Angleterre le mouvement dit "New Israel", excroissance du sionisme britannique avant l'heure, et cherchant à prouver les origines juives du peuple anglais. C'est ainsi que le terme “british” devrait se décomposer en “isch-berith”, ce qui signifie en hébreu “homme de l'Alliance” ; de même pour le terme “saxon” qui devient “Itzak-son”, fils d'Isaac. Plus étrange encore : les “marchands de Tarshish” que cite le prophète Ézéchiel (XXVII.25), représenteraient les Iles britanniques et leurs vaillants marchands des Mers ; et dans la fin des temps, le retour d'Israël en terre promise ne manquera pas de s'accomplir avec l'aide des navires anglais de Tarshish ! Lorsque Jérémie annonce la réconciliation des Maisons de Juda et d'Israël, il ne peut qu'évoquer les intérêts communs de Londres et de la nouvelle Jérusalem ! Il n'est pas inutile, pour notre propos, de souligner que la reine Victoria ne doutait pas de ses ascendances royales par David et les rois de Juda ; un petit-fils tristement célèbre, de cette grande souveraine, nourrira de semblables illusions : le Kaiser Guillaume II…
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Aux États-Unis, où la veine puritaine est puissante, le penchant au sionisme se manifeste à l'américaine, c'est-à-dire très pratiquement, sous la forme de pétitions. Le second Président donne l'exemple : “Je souhaite très sincèrement voir les juifs à nouveau en Judée, formant une nation indépendante"”, déclarait John Adams. À la fin du siècle dernier, une pétition était présentée au Président Harrison, au nom de la “Conference for Christians and Jews” et réclamant du Congrès de Berlin, “un second Édit de Cyrus”. La même organisation, dans la personne de son président, le juriste et théologien W. E. Blackstone, estimait que le peuple juif n'avait jamais cessé de posséder la terre promise :
« Les juifs n'ont jamais de plein gré abandonné ce pays, ils ne signèrent 'ni traité ni capitulation, mais succombèrent dans un combat désespéré devant la puissance écrasante de Rome… ils furent vendus comme esclaves… Depuis lors, n'ayant ni souverain ni représentation politique, ils réclament la possession de leur patrie par leurs écrits, leur foi et leurs prières… La violence par laquelle Israël fut maintenu hors de son pays, sans moyens d'appel, est en principe l'équivalent d'un conflit continuel… aucune instance ne saurait s'élever contre cet appel jusqu'à ce qu'il ait eu l'occasion de présenter sa demande devant la seule Autorité compétente, une Conférence Internationale. »
Ainsi le mouvement protestant sioniste, solidement installé en terres de la Réforme, cherche rapidement à s'exprimer sur le plan politique, et va s'étendre à d'autres pays d'Europe.
Dès le premier tiers du XVIIème siècle, le théologien sioniste humaniste huguenot Isaac de la Peyrère introduit en France l'idée sioniste par un appel au roi de France, visant à organiser le retour des Juifs en terre promise. En 1797, le Prince de Ligne fait parvenir un memorandum à l'Empereur Joseph II, demandant une même action. La Révolution française avait suscité dans toute l'Europe des mouvements “cabbalistiques&rdqquo; interprétant une telle catastrophe dans une perspective eschatologique et “sioniste”. En 1799, l'irlandais Thomas Corbet soumet un plan assez semblable à celui du Prince de Ligne, au Directeur Barras. Il n'est pas impossible que Bonaparte en ait connaissance. Quoi qu'il en soit, lors de la campagne d'Orient, tout juif était a priori considéré comme un agent secret du général français.
En 1839, l'Assemblée Générale de l'Église d'Écosse, après avoir envoyé en Palestine une commission d'enquête, adressa aux monarques européens un memorandum :
« … au sujet de la Restauration du peuple juif sur la terre de Palestine… car nous avons la conviction de la vérité de cette promesse divine qui veut que la bénédiction céleste repose sur ceux qui viennent en aide au Peuple de Dieu, à présent affligé… »
De cette date s'ouvre officiellement dans la presse anglaise un véritable “débat sioniste”, nourri par la récente crise du Moyen-Orient, Car la roue de l'histoire tourne rapidement en cette partie du monde quelque peu oubliée depuis l'échec des Croisades. La crise de 1832 va en effet introduire l'Angleterre au cœur de cette région biblique, exciter l'envie d'autres puissances, et fournir au sionisme protestant un remarquable tremplin politique.
Un ancien commerçant de Roumélie, nommé à la tête d'une armée turque au moment de la campagne de Bonaparte en Égypte, Mehetmet Ali, accède à la dignité de Pacha, et transforme rapidement l'Égypte, par l'emploi de techniciens et d'officiers européens, français pour la plupart. En 1832, il s'empare de la Syrie et marche sur Constantinople, mais il sera immobilisé par l'entrée en scène de l'escadre russe. On coupe cependant la poire en deux : le Tsar s'installe dans les Détroits et Ali reçoit la Syrie à titre viager. L'Angleterre, qui soutient le Sultan (la France soutient Ali…) encourage Mahmoud II à reprendre la Syrie, en 1839. Le 24 juin de cette année, avec l'aide française, Ali écrase les Turcs à Nezib, et menace une seconde fois Constantinople. Afin d'éviter la seconde entrée du cousin russe, Londres intervient. Le Tsar Nicolas I n'est pas mécontent de voir se détériorer les relations franco-anglaises. L'Angleterre, la Prusse, l'Autriche et la Russie, inquiètes de l'influence française au Moyen-Orient, forcent Ali à retirer des troupes de Syrie par le traité de Londres du 15 juillet 1840. Les Détroits sont interdits à tout navire de guerre ; néanmoins la diplomatie britannique conduite par Palmerston remporte une belle victoire et tout laisse supposer que le Sultan, reconnaissant, laissera Londres s'installer en Syrie par la petite porte, c'est-à-dire d'une manière sérieuse et durable.
Palmerston ne plaisante pas avec la Bible. Un de ses intimes, lord Shaftesbury (lui même profondément influencé par le célèbre pasteur “sioniste” Mac-Caul), n'a pas de peine à le persuader que les temps messianiques mûrissent à l'horloge d'Israël, et que la Grande-Bretagne, ses intérêts vitaux sur la route des Indes mis à part, doit saisir cette occasion unique de s'aligner sur la volonté divine menant l'Histoire. “Celui qui te bénira, je le bénirai” – Shaftesbury rappelle à son ami le Premier ministre que cette promesse faite à tous les amis d'Abraham (Genèse XII.3) demeure toujours valable… 1
Ce Lord sioniste a si bien plaidé la cause d'Israël auprès de Palmerston, que ce dernier envoie, le 22 janvier 1839, la missive suivante à sa jeune et gracieuse souveraine :
« J'ai le grand honneur de déposer aux pieds de Sa Majesté le memorandum ci-joint au sujet de la présente situation et de l'avenir de l'ancien peuple de Dieu, le peuple juif. Les sentiments pieux de Votre Majesté seront, je n'en doute pas, émus par la possibilité d'accorder votre particulière bienveillance aux espérances bibliques qu'il nourrit, vu l'importante position qu'il a plu à Dieu de donner à ce pays protestant, à votre gracieux Trône, centre de l'Église.
Que, selon les espoirs de ce peuple unique, déposés devant Votre Majesté, durant votre règne, ‘Juda soit sauvé et Israël habite chez lui en paix’ . Telle est la prière du fidèle et dévoué serviteur de Votre Majesté. Palmerston »
Nous savons que la souveraine ne doutait pas de ses ascendances davidiennes ; peut-être cette lettre est-elle un document de l'École “New-Israel” ? Quoi qu'il en soit, l'appel sioniste, par le canal protestant anglais, parvient jusqu'aux oreilles les plus gracieuses et les plus augustes de ce siècle !
1 Extrait du “Journal” de Shaftesbury, en date du 29-9-1838 : “Ai pris congé ce jour de Young, nommé vice-consul de S.M. à Jérusalem ! L'antique cité du peuple de Dieu va reprendre sa place parmi les Nations, et l'Angleterre est le premier pays au sein des Gentils, à cesser de la fouler aux pieds…”
On le voit, ce Lord n'hésite pas à présenter une exégèse audacieuse, à la célèbre parole du Christ citée dans saint Luc, et que nous avons évoquée plus haut. Dans l'humble nomination consulaire Shaftesbury discerne les grands événements de la fin 1917.
2 Il s'agit du mémorandum envoyé par l'Église d'Écosse aux souverains européens, et que nous avons cité.
Résumons.
Deux courants à ce sionisme protestant et biblique. Le premier est clairement spirituel, ne veut que le bien du peuple juif et l'accélération de la Parousie. En fait tout chrétien prenant au sérieux les écrits des Prophètes et cette vision particulière de l'Histoire qui était celle du Christ et des Apôtres, ne peut que partager ces sentiments sionistes.
Le second courant trahit certaines préoccupations, certaines espérances politiques au sein du Cabinet britannique. Mais peut-on sérieusement reprocher à un Palmerston, à un Shaftesbury, et plus tard à un Balfour, d'allier l'amour de la Terre promise à Israël, aux intérêts évidents de la Couronne dans le monde (et sur la route des Indes !) ? C'est de bonne guerre, mais il s'avèrera souvent bien pénible de discerner les deux courants, ou d'affirmer lequel des deux l'emporte par l'élan et l'énergie ; du courant issu des sources prophétiques bibliques, ou de celui capté par ces Messieurs protestants bon-teint du Foreign Office.
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On ne change pas l'Histoire, on la suit, et tout au plus peut-on faiblement incurver son cours de temps en temps. La première moitié du siècle dernier n'est pas achevée que Londres s'introduit en Syrie, laquelle comprend alors une province qui fut le berceau de la Synagogue, de l'Église. Les descendants des farouches puritains, eux-mêmes issus tout droit des pages épiques de la Bible, se retrouvent à Jérusalem, hôtes certes, du Maître Turc, mais hôtes puissants et respectés. Hôtes qui ne vont guère tarder à s'affirmer conquérants et vainqueurs.
Si la nacelle britannique (de Tarshish ?) est bien dirigée, elle a toutes les chances d'accoster prochainement aux rivages mystiques : de la patrie des patriarches, des prophètes et du Christ. Afin d'y déposer dans la joie et dans les larmes, “comme en un rêve"” déclare le psaume des Montées (126.1), les enfants d'Israël arrivés au terme de leur long calvaire.
Les hommes d'État anglais, formés dans les collèges et les Universités, profondément marqués par la Réforme et le Puritanisme tout en ne perdant pas de vue la grandeur de la Couronne, pourront se payer le luxe de promouvoir l'accomplissement de certaines prophéties et, par ricochet, qui sait ?, d'appeler la bénédiction du Maître de l'Histoire sur Sa Majesté très Gracieuse, son peuple et ses ministres… Oui, Londres peut faire revivre la terre promise. Cela sourit aux enfants de Knox et de Cromwell, et ne saurait déplaire aux marchands anglais “des Iles de Tarshish” !
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En 1804, l'évêque de Rochester, dans un ouvrage intitulé “Attempt to remove prejudices concerning the Jewish Nation” annonçait le début de la restauration d'Israël pour les années 1860 ; et l'évêque Thomas Witherby de poursuivre en ces termes :
« Quel anglais lisant les paroles où Ésaïe annonce que les Îles ramèneront de loin les enfants d'Israël, peut ne pas ardemment souhaiter que les Îles britanniques (auxquelles il a plu à Dieu dans Sa Providence d'accorder un telle puissance maritime et commerciale) puissent avoir le grand honneur de contribuer au bonheur et à la prospérité d'Israël ? »
1860 ? En cette même année naît à Budapest un enfant qui portera le nom de Théodore Herzl et qui sera le prince non-couronné de l'extraordinaire épopée sioniste.
En 1845, le pasteur Edward Bickersteth, dans une étude intitulée "Restoration of the Jews to their own land" donnait aux Nations un sage conseil, qui ne sera malheureusement pas suivi :
« Le danger n'est pas léger d'exploiter injustement leur retour chez eux, en profitant de leur restauration à des fins égoïstes. Toute l'aide que nous pourrons apporter sur le plan national à leur paisible retour, sera agréée par le Seigneur et retombera en bénédictions immenses sur le pays concerné… »
1845 ? En cette même année naît un autre enfant qui portera le nom de William Hechler. Bien loin de Londres et de Budapest, bien loin de Jérusalem, mais dans une autre ville sainte : Bénarés. Il prendra sa place, et quelle place d'honneur ! dans la lignée de ces “sionistes” issus de la Réforme, dont ce chapitre a traité. Il sera le prophète du prince juif non-couronné. Le prophète oublié des uns et des autres.
Cet ouvrage veut rappeler ce ministère particulier et cette émouvante amitié judéo-chrétienne édifiée près du berceau de l'État qui, face aux nations et aux Églises, porte le nom lui-même théophore : ISRAEL.
Que le lecteur juif en découvrant cet humble prophète trouve une image de chrétien autre que celle offerte par tant de siècles “d'enseignement du mépris”.
Que le lecteur chrétien en découvrant ce Prince dont le prénom signifie “don de Dieu”, réalise que le Maître de toute Histoire, et singulièrement de l'histoire d'Israël, utilise qui bon lui semble, selon la très glorieuse liberté du Saint-Esprit.