L’origine de ce livre est indiquée dès sa première page. Dans le courant de l’hiver de 1856-1857, je me conformai à un usage qui s’est introduit chez nous depuis assez longtemps, en faisant une série de leçons devant un auditoire mélangé. Plusieurs personnes m’ayant exprimé le désir de les voir imprimées, je crus devoir en conserver la forme primitive, tout en y apportant quelques changements. L’un d’eux consiste à donner dans ce volume les leçons complètes, tandis qu’en les faisant oralement, je dus me résigner à quelques omissions, pour ne pas dépasser le temps dont je pouvais disposer. En outre, diverses parties de mon travail ont été remaniées et par là, je l’espère, améliorées. Il est une chose surtout que j’ai eu constamment en vue : c’est de rendre mon livre plus profitable à une classe de lecteurs que je lui souhaite, tout en évitant de le rendre inintelligible pour d’autres lecteurs. Sans vouloir refondre mes leçons en une œuvre de science, exclusivement destinée aux théologiens, je compris que les jeunes théologiens surtout étaient en droit de chercher dans un livre imprimé une plus ample satisfaction de leurs besoins, que celle que j’avais pu leur accorder dans des leçons faites devant un auditoire mélangé. C’est là le service que je me suis efforcé de leur rendre, en approfondissant dans un certain nombre d’appendices quelques questions de critique, de chronologie, etc., et en indiquant les moyens, à l’aide desquels celui qui se livre à ces recherches, peut atteindre son but. Toutefois mon livre s’adresse, non seulement aux jeunes théologiens, mais en général à tout lecteur ayant quelque instruction : c’est là ce qui m’a obligé à éviter autant que possible le langage de l’école. Ce n’est pas que je méconnaisse ce qu’il y a de scabreux dans la manie de populariser, quand elle devient affaire de mode, ou que je ne sache apprécier l’avantage d’une terminologie scientifique rigoureuse ; mais, d’un autre côté, la tâche que m’assignait la nature même de mon entreprise a certainement son bon droit. Pour la remplir, j’ai dû m’abstenir autant que possible du langage de l’école, qui ressemble à une monnaie frappée depuis longtemps et qui souvent est usée à force d’avoir circulé. J’ai dû, au contraire, méditer de nouveau les pensées pour arriver à les exprimer d’une manière généralement intelligible. Cela m’a fait sentir une fois de plus que beaucoup de nos terminologies ne sont autre chose que des feuilles de figuier grecques ou latines servant à cacher l’insuffisance de notre savoir.
Jusqu’à quel point ai-je atteint ce but excellent ? Ce n’est pas à moi qu’il appartient de résoudre cette question. Ce que je crains, c’est d’avoir été parfois trop peu populaire. Il arrivera aussi que souvent ceux à qui la Bible est peu familière, auront quelque peine à me comprendre. Je m’en fais à peine un reproche, pourvu qu’il y ait quelque chose dans mon livre qui engage ces lecteurs à persévérer. Tout mon désir est de les stimuler à mieux approfondir le Livre des livres.
Je n’ai point évité la discussion des principes vis-à-vis des adversaires de la foi biblique, et l’on me rendra la justice d’avoir abordé cette tâche toutes les fois qu’ils me rendaient attentif à ce qui est de nature à faire avancer la connaissance, et qu’ils objectaient des difficultés, non pas factices, mais réelles. Mais une lutte continuelle, qui aborde tous les points, est à la fois stérile, ennuyeuse et inutile. Aucune guerre ne se décide par des combats livrés à chaque sentinelle. Au surplus, quand il s’agit de parler de la vie du Seigneur Jésus, nous avons mieux à faire que d’écouter les voix de tous les adversaires dont beaucoup montrent jusqu’à l’évidence qu’ils ne connaissent ni le Fils, ni le Père.
Puisse ce livre contribuer aux progrès de la connaissance de notre Dieu - Sauveur ! Voilà mon vœu et ma prière. Or, le Seigneur Jésus dit, en parlant de sa doctrine : « Si quelqu’un veut faire la volonté de Celui qui m’a envoyé, celui-là connaîtra si cette doctrine est de Dieu ou si je parle par moi-même. » Etudions d’après cette règle.
Bâle, au temps de l’avent 1857.