Constantin fait des largesses et donne des charges.
L’Empereur ne négligeait pas le gouvernement de l’État pendant qu’il travaillait avec tant d’application à l’agrandissement de l’Église et à la propagation de l’Évangile. Il donnait sans cesse aux habitants des provinces des marques de son affection, soit par le soin paternel qu’il prenait en général de leurs intérêts ou par les libéralités qu’il exerçait envers chaque particulier. Il n’a jamais trompé l’espérance de personne, qui ait eu recours à sa bonté. Et jamais il ne lui a refusé sa demande. Il a donné aux uns de l’argent, aux autres des terres, aux autres des charges de consul, de sénateur, de gouverneur de province, de comte du premier, du second ou du troisième ordre. Il a donné à plusieurs autres le titre de perfectissime ; il inventa un grand nombre de nouvelles dignités.
Remise de la quatrième partie des impositions.
La passion qu’il avait de rendre la vie à tous ses sujets non seulement tranquille, mais agréable, paraît par l’exemple rare d’une générosité qui s’étendra au-delà de son siècle et qui est louée chaque jour par la foi publique. Il déchargea les propriétaires des levées de la quatrième partie du tribut qu’ils avaient coutume de payer de sorte qu’aux quatre années ils en avaient une libre, où ils jouissaient de tous leurs fruits. Cette grâce a été accordée pour toujours et doit se répandre sur la postérité la plus éloignée.
Également des impositions.
Quelques-uns s’étant plaints de ce que l’on n’avait observé aucune équité, lorsque l’on avait imposé les tributs sous les règnes précédents et que l’on les avait extraordinairement surchargés, l’empereur donna ordre qu’on leur fit justice et qu’on n’exigea d’eux l’imposition qu’à proportion de la valeur de leurs terres.
Libéralité exercée par Constantin envers les plaideurs qui avaient perdu leur cause.
Lorsqu’il avait jugé une cause, il donnait ou de l’argent ou des héritages à celui qui l’avait perdue pour le consoler de sa perte et pour le renvoyer aussi satisfait que celui en faveur duquel il venait de prononcer. Il croyait que personne ne devait se retirer triste de sa présence. Ainsi il renvoyait les deux parties fort contentes et faisait autant admirer sa libéralité que sa justice.
Défaite des Scythes.
Est-il besoin que je parle des nations barbares qu’il a réduites à l’obéissance de l’empire ? Il a accoutumé les Scythes et les Sarmates au joug de la domination romaine qu’ils avaient toujours secoué. Les empereurs, ses prédécesseurs, payaient un tribut annuel aux premiers de ces peuples. Mais Constantin ne pouvant se soumettre à une si basse servitude, il marcha contre eux sous l’étendard de son Sauveur, dompta par la force de ses armes ceux qui osèrent faire résistance et adoucit le naturel farouche des autres par l’entremise de ses ambassadeurs.
Réduction des Sarmates à l’obéissance des Romains.
Dieu réprima lui-même l’orgueil des Sarmates et les abaissa sous les pieds de Constantin. Ils avaient donné des armes à leurs esclaves pour combattre les Scythes qui leur avaient déclaré la guerre. Quand ces esclaves eurent remporté la victoire, ils se soulevèrent contre leurs maîtres et les chassèrent de leur pays. Ces fugitifs ne trouvèrent pas d’autre asile que la clémence de Constantin qui les reçut très civilement, mit dans ses troupes ceux qui étaient propres à porter les armes et assigna aux autres des terres pour leur subsistance. Ils avouaient eux-mêmes que leur disgrâce s’était changée en un singulier bonheur, puisqu’ils s’étaient défaits de la barbarie de leur nation et avaient appris la liberté des Romains. Ainsi Dieu lui accordait la victoire sur toutes les nations de façon à ce que, comme il le voulait, toutes les tribus barbares se soumettaient à lui.
Ambassades de diverses nations. Présents faits par l’empereur.
Dieu soumit de cette façon plusieurs peuples à la puissance de Constantin. Il recevait sans cesse des ambassadeurs chargés de riches présents. J’ai vu souvent à la porte de son palais des étrangers qui avaient des habits d’une mode fort différente de la nôtre, et les cheveux et la barbe d’une autre façon. Ils étaient terribles à voir, leur regard farouche, et leur taille monstrueuse. Les uns avaient le visage fort rouge, les autres l’avaient plus blanc que la neige, et les autres d’une couleur mêlée. On voyait parmi ces étrangers des Indiens, et des Éthiopiens, qui, comme dit Homère, « étant divisés en deux peuples, habitent à l’extrémité du monde. » Ils apportaient, comme on le voit représenté dans les tableaux, ce qu’ils avaient de plus excellent dans leur pays. Les uns offraient à Constantin des couronnes d’or, les autres des diadèmes semé de perles, les autres de jeunes garçons qui avaient de blondes chevelures, les autres des vestes à fleurs relevées d’or à la façon de leur pays, les autres des chevaux, les autres des boucliers, des lances, des arcs, et des flèches. Ces présents étaient non seulement une marque de leur soumission et de leur respect, mais aussi un gage de leur alliance et de leurs services. L’empereur les recevait très volontiers et leur en faisait à l’heure même de plus riches. Il gratifia les plus considérables de ces ambassadeurs de quelques dignités de l’empire et la plupart s’en trouvèrent si sensiblement obligés qu’ils aimèrent mieux demeurer à sa cour que de retourner en leur pays.
Constantin écrit au roi de Perse en faveur des chrétiens.
Le roi de Perse ayant recherché l’alliance de l’empereur aussi bien que les autres étrangers et lui ayant envoyé pour cet effet des ambassadeurs avec des présents, ce prince usant d’une magnificence extraordinaire lui envoya de son côté des présents beaucoup plus riches que ceux qu’il avait reçus. Ayant appris avec joie qu’il y avait dans ce royaume quantité de personnes qui faisaient profession de la foi, il crut devoir leur faire sentir les effets de la protection et écrivit en leur faveur en ces termes.
Lettre de Constantin à Shapur, roi des Perses.
« En gardant la foi, je suis éclairé de la lumière de la vérité et, en suivant cette lumière, je pénètre de plus en plus la sainte obscurité de la foi. Je fais profession de la religion qui m’enseigne à adorer un seul Dieu à la faveur duquel je suis parti des bords de l’Océan, et j’ai donné espérance à l’empire de se voir bientôt délivré de ses disgrâces. Les provinces qui gémissaient sous la domination des tyrans ont trouvé un libérateur. Je publie la grandeur de ce Dieu qui les a secourues. Je fais porter Son étendard par mes soldats qui l’adorent et qui, par Son moyen, remportent des victoires très signalées.
Détestation des idoles.
« J’avoue que j’ai toujours Sa grandeur présente à l’esprit, que je Le regarde avec les yeux de l’âme dans l’élévation de Sa gloire et que je L’invoque à genoux. Je déteste l’effusion du sang, la mauvaise odeur qui sort des entrailles des victimes, la lumière qui est entretenue par des matières tirées de la terre, et toutes les choses dont l’erreur et la superstition se servent pour perdre les païens. Dieu ne saurait souffrir que les hommes abusent des biens qu’il leur a accordés pour leur usage. Il ne demande qu’une âme pure et une confiance irrépréhensible dont il pèse les actions. Il Se plaît à la modestie et à la douceur. Il aime les personnes paisibles, alors qu’Il déteste ceux qui excitent les troubles. Il chérit la foi et punit l’infidélité. Il réprime l’orgueil, abaisse ceux qui s’élèvent et élève ceux qui s’abaissent. Il protège les princes qui gouvernent avec justice, affermit leur puissance et leur donne la paix.
De la prise de Valérien.
« Je ne me trompe pas, mon frère, quand je reconnais que ce Dieu est le Seigneur et le Père de tous les hommes. Plusieurs de ceux qui m’ont précédé ont été assez aveugles pour le nier. Mais leur fin a été si malheureuse qu’elle a été proposée depuis comme un exemple funeste qui devait détourner les autres de l’impiété. Celui que la justice divine, comme la foudre, a chassé d’ici jusqu’en votre pays et dont le sort honteux a été un trophée pour vous, celui-là a été un d’eux.
Ruine des persécuteurs de l’Église.
« Le châtiment public que les autres ont souffert fait une partie de la gloire de notre siècle. J’ai été témoin de la mort déplorable de ceux qui avaient fait des lois très injustes contre les peuples qui font profession du culte de Dieu. C’est pourquoi je Le remercie d’avoir par un ordre particulier de sa Providence rendu la paix à ceux qui observent sa loi. La bonté qu’Il a de réunir tous les peuples dans l’exercice de la même religion me fait espérer que notre siècle sera comblé de prospérité et de bonheur.
Prière en faveur des chrétiens.
« Quelle joie croyez-vous que je sente, quand j’apprends que les plus belles provinces de la Perse sont remplies de chrétiens ? Je souhaite que leurs affaires et les vôtres soient dans un état florissant et que le souverain Seigneur de l’univers vous soit favorable. Je mets les chrétiens sous la protection de votre clémence. Je vous les laisse entre les mains et vous supplie de leur faire sentir les effets de votre douceur et de votre bonté, qui ne vous feront pas moins glorieux qu’ils vous feront utiles. »
Paix accordée aux prières de Constantin.
Ainsi le reste des nations étaient dirigées comme par un savant pilote et se réjouissaient d’être conservées par le serviteur de Dieu. Personne ne dérangeait l’Empire romain ; tous passaient leur vie dans la stabilité et sans dérangement. Comme il était persuadé que les prières contribuaient notablement au bien de l’État, il en fit de très humbles et de très ardentes et exhorta les saints pasteurs de l’Église à en faire en sa faveur.
Image de Constantin représenté en train de prier Dieu.
La pureté et l’ardeur de sa foi paraissent sur les pièces d’or où il est gravé en même posture en laquelle il avait coutume de prier Dieu, les yeux levés vers le Ciel et les mains étendues. Il n’y a pas de province où l’on ne voit de ces pièces-là. Il y a quelques tableaux à l’entrée du palais où il est peint debout priant les mains étendues et les yeux levés vers le Ciel.
Défense de mettre le portrait de Constantin dans les temples païens.
Que si Constantin tint à l’honneur d’être peint en posture de suppliant devant le trône de la Majesté éternelle, il ne voulut jamais que ses portraits fussent mis dans les temples, où les païens s’assemblent pour adorer les faux dieux, de peur d’être souillé par l’ombre et par la moindre apparence de cette damnable superstition.
Prières faites dans le palais.
Quiconque prendra la peine de considérer le soin que Constantin eut de faire comme une église de son palais reconnaîtra clairement de plus éclatantes marques de sa piété que celle qui nous ont paru jusqu’ici. Il y donnait à tout le monde un exemple public de dévotion. Il y tenait entre ses mains les livres de l’Écriture et méditait les vérités saintes qu’ils renferment. Après la méditation, il faisait des prières publiques avec toute sa cour.
Loi pour l’observation du dimanche.
Constantin ordonna que le jour du Seigneur, qui est le jour du salut et le premier de tous les jours, serait destiné à la prière. Il donna le soin de son palais aux diacres et aux autres ministres consacrés au service de Dieu. Il enseigna à ses gardes et aux officiers de la cour à observer le même jour et à faire des prières agréables à Dieu. Il excita, autant qu’il lui sut possible, le reste de ses sujets à s’adonner aux mêmes exercices de piété. Il ordonna que le samedi et le dimanche seraient fêtés en l’honneur, comme il est probable, des mystères que Dieu a eu agréable d’accomplir en ces jours-là. Il enseigna généralement à tous ses soldats à observer avec respect le jour du dimanche, que l’on appelle aussi le jour du Soleil et de la lumière. Il le donna tout entier à ceux qui avaient embrassé la foi, pour vaquer sans interruption à la prière dans les lieux saints, où les fidèles s’assemblent.
Prière faite par les soldats païens le dimanche.
À l’égard de ceux qui n’ont pas encore reçu la parole de Dieu, il leur ordonna par une constitution particulière de s’assembler dans une belle campagne et d’y réciter tous ensemble, au signal qui leur serait donné, une prière qu’ils auraient auparavant apprise par cœur. Il leur apprit qu’ils ne devaient mettre leur confiance, ni dans la force de leur corps, ni dans la trempe de leurs armes, mais dans le secours de Dieu, qui est le Seigneur absolu de l’univers, l’auteur de tous les biens, et le dispensateur de la victoire, et qu’il la Lui faut demander, en ouvrant les yeux, et en étendant les mains vers Lui. La formule de prière qu’il leur prescrivit, était en latin. En voici une traduction très fidèle.
Prière prescrite par Constantin à ses soldats.
« Nous reconnaissons que vous êtes le seul Dieu ; nous avouons que Vous êtes notre Seigneur et nous implorons Votre secours. C’est par Votre aide que nous avons remporté la victoire et défait nos ennemis. Nous Vous remercions des faveurs que Vous nous avez accordées par le passé, et nous en espérons la continuation à l’avenir. Nous Vous supplions tous de nous conserver longtemps Constantin notre empereur en possession de la santé et de la victoire avec les très pieux princes ses enfants. »
Croix gravées sur les armes des soldats.
Constantin ne se contenta pas de prescrire cette prière aux gens de guerre et de les obliger à la réciter publiquement le jour du Soleil. Il commanda que l’on gravât sur leurs armes les trophées de notre salut et qu’au lieu des étendards d’or que l’on avait coutume de porter à la tête des armées, on n’y portât plus que l’étendard de la croix.
Assiduité de Constantin à la prière.
Ce pieux prince, étant très instruit de nos mystères, s’enfermait à certaines heures de chaque jour dans son cabinet pour se prosterner devant Dieu et lui demander très humblement les grâces qui lui étaient nécessaires. Il rassemblait aux jours de fêtes, toutes les forces de son corps et de son esprit pour vaquer aux exercices de la piété avec une ardeur nouvelle, et il en donnait l’exemple aux autres comme s’il eût été leur pasteur et leur évêque. Le soir du jour qui précédait la fête, il faisait allumer par toute la ville une si grande quantité de cierges et de lampes que la nuit où les fidèles veillaient pour prier était plus éclatante que le jour même. Dès que l’aurore paraissait, il faisait des largesses à ses sujets pour imiter la libéralité avec laquelle le Seigneur répand la lumière.
Culte des idoles aboli.
Le même empereur ferma les temples des idoles à tous ses sujets et leur défendit les sacrifices. Il envoya aussi une loi dans ses provinces par laquelle il obligea les gouverneurs à observer le dimanche et les fêtes des martyrs.
Constantin s’appelle lui-même évêque établi pour ce qui est du dehors de l’Église.
Faisant un jour un festin pour les évêques, du nombre desquels j’avais l’honneur d’être, il leur dit avec un fondement fort légitime qu’il était aussi évêque et se servit à peu près de ces paroles : « Vous avez été établis évêques de Dieu pour le dedans de l’Église, et moi, je l’ai été pour le dehors. » Il s’acquittait aussi très exactement de cette charge et excitait tous ses sujets à la piété avec la vigilance et le zèle d’un véritable pasteur.
Idolâtrie abolie. Spectacle des gladiateurs défendus.
Ce fut par un effet de ce zèle qu’il défendit absolument de sacrifier aux idoles, de consulter les devins, d’élever des statues, de faire des cérémonies abominables et des combats de gladiateurs. Les habitants d’Égypte et d’Alexandrie ayant consacré au culte du Nil certains hommes efféminés, Constantin fit une loi par laquelle il défendit absolument cette profanation de la nature. Comme des peuples superstitieux se figuraient que le Nil n’inonderait plus leurs terres lorsque son culte serait négligé, Dieu fit voir tout le contraire en faveur de notre religion. Car aussitôt que ces hommes impurs eurent été exterminés de toutes les villes qu’ils avaient souillées par l’impiété de leur ministère, le Nil sembla témoigner la joie qu’il avait de leur éloignement par l’abondance avec laquelle il répandit ses eaux et enseigner par cela même à ces peuples insensés à n’attribuer leur prospérité à aucun autre qu’à Dieu.
Réforme des lois qui regardaient ceux qui n’avaient pas d’enfants et l’exécution des testaments.
Quiconque voudrait chercher avec soin les autres abus que notre empereur a réformés trouverait une ample matière pour faire plusieurs volumes. Je ne marquerai ici qu’une ou deux lois qu’il a changées. Il y avait une ancienne disposition qui privait ceux qui n’avaient pas d’enfants, des successions, qui sans cela leur auraient appartenu. L’empereur crut la devoir corriger. Il jugeait très sagement qu’il n’y a que les fautes volontaires qui méritent d’être punies. Or plusieurs manquent d’enfants sans qu’il y ait de leur faute. Il y en a qui en désirent et qui n’en peuvent obtenir de la nature. Il y en a d’autres qui ne seraient pas fâchés d’avoir leurs enfants pour héritiers, mais ne veulent pas en mettre au monde parce qu’ils ont tant d’aversion pour les femmes que d’inclinaison à la vertu. Il y a des femmes qui se consacrent toutes entières au service de Dieu et qui lui offrent la pureté de leur corps aussi bien que celle de leur cœur. Pour avoir fait à Dieu un sacrifice aussi agréable, en seront-elles plus maltraités ? Leur résolution mérite d’être admirée et leur persévérance surpasse les forces de la nature. Ceux qui, ayant désiré des enfants, n’en ont pu avoir sont plus dignes de compassion que de châtiment. Ceux qui ne veulent pas en avoir pour arriver à une plus haute perfection méritent d’être admirés. Voilà les motifs qui portèrent l’empereur à réformer cette loi. Le même prince ayant remarqué que les formalités prescrites par l’ancien droit pour la validité des testaments éludaient très souvent l’effet de la dernière volonté des mourants, il ordonna qu’en quelque manière qu’un testament fut conçu, il serait valable et que ceux qui ne le voudraient pas faire par écrit, le pourraient faire de vive voix en présence de témoins capables d’en attester la vérité.
Lois contre les Juifs et en faveur des évêques.
Le même empereur défendit aux Juifs d’avoir des esclaves chrétiens dans l’opinion qu’il n’était pas juste que ceux qui avaient été rachetés par le Sauveur demeurent sous la puissance de ceux qui l’avaient tué, comme ils avaient auparavant tué les prophètes. Il ordonna que le chrétien serait mis en liberté et que le Juif serait condamné à une amende. Il confirma les décrets que les évêques avaient faits dans les conciles de sorte qu’il n’était plus permis aux gouverneurs des provinces d’en empêcher l’exécution. Cette foi était fondée sur l’opinion qu’il avait qu’il faut préférer les ministres de Dieu aux juges du siècle. Il publia un grand nombre de lois semblables qui mériteraient d’être recueillies et renfermées dans un volume, pour faire voir la sagesse et l’étendue de sa prévoyance. Que dirai-je du soin qu’il prenait de chercher depuis le matin jusqu’au soir ceux qui avaient besoin de son assistance ?
Biens donnés aux églises par Constantin.
Il exerçait principalement sa libéralité envers les églises, leur donnant tantôt des terres, tantôt des rentes pour la nourriture des indigents, des orphelins et des femmes dans la misère. Il avait soin de vêtir les pauvres et honorait particulièrement ceux qui avaient consacré leur vie à la philosophie selon Dieu. Il avait un respect singulier pour l’assemblée des filles qui avaient résolu de garder toute leur vie leur virginité, et il ne doutait pas que leurs corps ne fussent des temples où habitait l’Esprit Saint.
Harangues composées par Constantin.
Le prince dont j’écris la vie passait quelques fois les nuits entières dans la méditation de la loi de Dieu. Aux heures de son loisir, il composait des harangues pour l’instruction de ses peuples dans l’opinion qu’il ne les devait conduire que par la raison. Ils accouraient en foule pour l’écouter. Quand il se trouvait engagé par occasion à parler de nos mystères, il se levait et les expliquait avec une modestie sans pareil. Que si ses auditeurs lui applaudissaient, il les avertissaient par ses gestes à réserver leur admiration pour le Roi qui est dans le Ciel. L’ordre qu’il tenait le plus souvent dans ses discours était de les commencer par la réfutation de l’erreur des païens qui adoraient plusieurs dieux. Il s’étendait ensuite sur les preuves de l’unité de Dieu et de la Providence par laquelle Il gouverne l’Univers. Il expliquait après cela les motifs qui L’ont porté à descendre sur la Terre et les circonstances de la vie qu’Il y a menée. Il passait de là à la description du jugement et épouvantait ses auditeurs par la véhémence des invectives qu’il faisait contre les avares, les injustes et les violents. Reprenant quelques fois avec force les vices dont les principaux de sa cour se sentaient coupables, il les obligeait à baisser les yeux. Il leur déclarait hautement qu’ils rendraient un jour compte à Dieu de toutes leurs œuvres ; que pour lui, il leur avait confié le gouvernement des villes et des provinces, comme il avait reçu celui de l’Empire ; que le souverain Seigneur dont ils relèvent tous également leur demanderait raison de la manière dont ils se seraient acquittés de leurs charges. Voilà les salutaires instructions que l’ardeur et la pureté de sa foi lui mettaient continuellement dans la bouche. Mais elles tombaient sur des cœurs durs et insensibles, qui, étant remplis de l’amour des choses visibles, applaudissaient à la vérité, sans suivre les maximes qu’elle leur prescrivait.
Avidité d’un avare confondue par la prédication de Constantin.
Un jour, ayant pris par la main un des principaux de la cour, il lui dit : « Ne mettons pas de bornes à notre cupidité. » Puis ayant décrit avec sa lance sur la terre un espace à peu près égal à la grandeur du corps humain, il ajouta : « Quand vous auriez amassé toutes les richesses de l’univers, vous ne posséderez après qu’un espace comme celui que je viens de vous marquer. » Mais quelque soin qu’il prît de donner des avis aussi importants au salut, ils ne servirent à personne. Mais les faits prouvèrent que les prédictions impériales étaient comme des prophéties divines plutôt que des simples mots [d’homme].
Clémence de Constantin méprisée.
La trop grande inclination que Constantin avait à la clémence ayant fait cesser les châtiments dans presque tout l’Empire, il n’y avait plus de barrière pour arrêter le cours des crimes. Plusieurs prirent l’occasion de cette licence pour blâmer le gouvernement. Je n’entreprendrai pas de décider s’ils avaient raison ou non. Je me contente d’avoir rapporté la vérité du fait.
Discours adressé par Constantin à l’assemblée des fidèles.
L’empereur composait ses discours en latin et ensuite les traduisait en grec. Je mettrai à la fin de cette vie celui qu’il adressa à l’assemblée des fidèles, de peur que ce que j’en raconte ne passe pour une fable.
Constantin écoute debout le discours que fit Eusèbe en l’honneur du Saint-Sépulcre.
Je n’ai garde de passer sous silence une action que ce merveilleux prince fit un jour en ma présence. La connaissance que j’avais de sa piété m’ayant donné la hardiesse de le prier d’assister à un discours que j’avais dessein de faire en l’honneur du tombeau de notre Sauveur, il y consentit avec joie. Je prononçai ce discours dans son palais en présence d’un auditoire composé d’un nombre innombrable de personnes de la cour et de la ville. L’empereur l’écouta debout au milieu de l’assemblée et quelque instance que je lui fisse de s’asseoir sur le trône qui lui avait été préparé, il n’en voulut rien faire. Il examinait avec attention les maximes que j’avançais et en confirmait la vérité par son témoignage. Comme j’avais médité un fort long discours, je voulais me taire sans l’avoir prononcé en entier. Mais il m’exhorta à l’achever, et sur ce que je le suppliai encore de s’asseoir, il s’en excusa très civilement en me représentant, d’un côté, que l’on ne saurait écouter la parole de Dieu avec assez d’application ni avec assez de respect et en m’assurant, de l’autre, qu’il se trouvait très commodément debout. Lorsque j’eus achevé mon discours, je m’en retournai et m’appliquai à mes occupations ordinaires.
Constantin écrit à Eusèbe.
Comme ce religieux prince ne cessait jamais de veiller aux nécessités de l’Église, il me fit l’honneur de m’écrire deux lettres par l’une desquelles il m’ordonnait de faire transcrire les livres de l’écriture et par l’autre il me faisait réponse touchant un livre que j’avais eu l’honneur de lui adresser sur la manière de célébrer la fête de Pâques.
Lettre de Constantin à Eusèbe touchant le discours que cet évêque avait composé sur la célébration de la fête de Pâques.
« Constantin, Vainqueur, très grand Auguste, à Eusèbe. C’est sans doute une entreprise fort difficile et qui est au-dessus de toute sorte d’éloquence que d’exprimer les mystères de Dieu, que de développer la question si importante et en même temps si obscure de la célébration de la fête de Pâques, de découvrir son origine et de trouver les paroles qui répondent à la dignité du sujet. Quand quelqu’un aurait bien conçu les vérités saintes de la religion, il ne serait pas pour cela capable de les énoncer. C’est pourquoi, outre le plaisir singulier que j’ai pris à la lecture de votre livre, j’ai admiré l’ardeur avec laquelle vous vous appliquez à l’étude et la louable émulation de surpasser les autres savants, et j’ai ordonné comme vous le souhaitiez qu’il fût publié et mis entre les mains de toutes les personnes qui ont un zèle sincère pour notre religion. La joie avec laquelle je reçois ces riches productions de votre esprit vous oblige à m’en présenter souvent de nouvelles. Je sais que vous n’avez pas besoin que je vous excite à ce travail et que vous y étiez assez porté de vous-même. Cette estime que je fais de vos ouvrages fait voir que quelque difficulté qu’il y ait à conserver leur beauté en les mettant en une autre langue, celui qui les a mis en latin n’a manqué ni de fidélité, ni d’élégance. Que Dieu vous protège, mon cher frère. » Voilà ce que Constantin écrivit à Eusèbe sur ce sujet. J’ajouterai ce qu’il écrivit touchant les exemplaires de l’écriture.
Lettre de Constantin à Eusèbe touchant les copies qu’il devrait avoir des livres saints.
« Constantin, Vainqueur, très grand Auguste, à Eusèbe. La Providence de notre Sauveur ayant attiré une multitude incroyable de personnes à la religion chrétienne dans la nouvelle ville, à laquelle j’ai donné mon nom, il est juste de l’agrandir et d’y bâtir des églises. Je vous dirai la pensée que j’ai eue sur ce sujet. Je suis d’avis que vous fassiez écrire en beau parchemin cinquante exemplaires de l’Écriture, dont vous savez que la lecture est très nécessaire dans l’Église, et que vous choisissez des personnes capables, de sorte que ces exemplaires-là soient aisés à lire et qu’ils puissent être transportés commodément. J’ai mandé au logothète du diocèse, qu’il ait soin de fournir ce qui sera nécessaire pour cette dépense ; il sera de votre diligence de pourvoir à ce que ces copies soient achevées en peu de temps. Lorsqu’elles le seront, prenez en vertu de cette lettre deux voitures publiques pour me les envoyer par un de vos diacres que je recevrai favorablement. Que Dieu vous protège, mon cher frère. »
Diligence apportée par Eusèbe à l’exécution de l’ordre de l’empereur.
Je m’acquittai incessamment de cette charge que l’empereur m’avait donnée et lui envoyai bientôt après de magnifiques exemplaires, comme il était indiqué, par une autre lettre qu’il me fit l’honneur de m’écrire pour me témoigner sa joie de ce que la ville de Constantia, autrefois attachée au culte des idoles, y avait renoncé.
Privilèges accordés à cette ville.
En recevant la foi, la ville de Constantia dans la province de Palestine reçut les faveurs du prince de la Terre aussi bien que les grâces de Celui du Ciel. Elle fut mise au rang des villes au lieu qu’elle n’était autrefois qu’un bourg de Palestine et changea son ancien nom pour celui de Constantia, sœur de l’empereur.
Conversion d’autre villes à la foi.
Plusieurs autres villes donnèrent un pareil exemple d’un si heureux changement. Celle qui dans la Phénicie porte le nom de l’empereur, brûla ses dieux et embrassa la foi. Il y eut quantité de peuples dans les villes et à la campagne, qui brisèrent les statues qu’ils avaient adorés comme des divinités, qui démolirent d’eux-mêmes les temples qu’ils avaient autrefois élevés en leur honneur et qui bâtirent des églises. Il ne m’est pas possible de représenter en détail les actions de notre prince dans le sein duquel Dieu avait versé les précieux trésors de ses grâces. L’exécution d’une si haute entreprise est réservée à ceux qui ont l’honneur de jouir continuellement de sa présence. Je me contenterai, avant que de parler de sa mort, d’en marquer ce que j’en ai pu apprendre.
Trois fils de Constantin élevés en divers temps à la dignité de Césars.
À l’époque dont je parle ici, il y avait déjà trente ans qu’il était parvenu à l’Empire. Il y associa ses trois fils en trois occasions. Il fit cet honneur en la dixième année de son règne au premier qui avait le même nom que lui. Il le fit en la vingtième au second qui avait le nom de aïeul. Et il le fit en la trentième au troisième qui, par son nom de Constant, exprime parfaitement la fermeté et la constance de son âme. Après avoir élevé à ce comble de la grandeur humaine ses fils, dont le nombre était comme une image, quoique faible et imparfaite, de celui des personnes que nous adorons dans la nature divine, il crut devoir faire une cérémonie magnifique dans la trentième année de son empire pour remercier Dieu de la prospérité, dont il avait rempli le cours, et jugea que la dédicace de l’église qu’il avait élevée à Jérusalem serait fort convenable à cet effet.
Convocation d’un concile à Tyr.
L’Envie tâcha de troubler la joie de cette fête comme un nuage ténébreux s’oppose aux rayons du Soleil. Elle ébranla les églises d’Égypte par la violence des contestations qu’elle y excita. L’empereur convoqua à l’heure même les évêques d’Égypte, de Libye, d’Asie et d’Europe, pour les opposer comme une armée invincible à la jalousie et à la malignité du démon. Il souhaita qu’ils décident premièrement les questions contestées et qu’ensuite ils célèbrent la dédicace de l’église de Jérusalem. Il leur ordonna pour cela de se rendre avec toute la diligence qu’il leur serait possible à Tyr, ville capitale de Phénicie, pour y terminer leurs différends, la loi de Dieu ne permettant pas que ceux qui sont animés de haine contre leurs frères entreprennent de lui offrir des sacrifices. L’empereur ayant toujours les préceptes de cette loi devant les yeux, il les représentait aux saints ministres de l’Église. Et c’est pour cela qu’il écrivit la lettre qui suit à ceux qui, selon ses ordres, s’étaient assemblés à Tyr.
Lettre de l’empereur Constantin au Concile de Tyr.
« Constantin, vainqueur, très grand Auguste, au saint Concile de Tyr. La prospérité dont notre siècle jouit semblait désirer que l’Église catholique fût exempte de troubles et que les serviteurs de Dieu fussent au-dessus des affronts et des insultes. Mais puisque quelques-uns, étant agités par un violent désir de contester et menant une vie, s’il est permis de le dire, indigne de la sainteté de leur profession, s’efforcent de nous remplir de confusion et de désordre, ce que je regarde comme le plus funeste malheur qui pût jamais arriver, je vous exhorte de vous assembler promptement, comme je sais que vous le désirez, de soutenir ceux qui ont besoin de votre appui, de guérir par des remèdes convenables les maladies spirituelles de vos frères, de réunir les membres divisés du corps de l’Église, de corriger les désordres, pendant que le temps vous le permet, et de rendre à tant de provinces la paix que l’orgueil et l’insolence d’un petit nombre de personnes leur a ôtée. Tout le monde demeurera aisément d’accord que vous ne sauriez jamais rien faire qui soit si agréable à Dieu, si conforme à mes intentions et si glorieux pour vous-mêmes. Ne différez pas. Redoublez, s’il est possible, votre ardeur et terminez vos différends avec la sincérité et la bonne foi que le Sauveur nous recommande si fort de garder dans toutes nos actons. Je ne manquerai à rien de ce que je pourrai faire à l’avantage de notre religion. J’ai déjà satisfait à tout ce que vous avez demandé par vos lettres. J’ai écrit aux évêques, comme vous l’avez souhaité, pour les avertir de s’assembler et de partager avec vous le soin des affaires de l’Église. J’ai aussi envoyé Denis qui a été autrefois consul pour remontrer aux évêques qui se doivent trouver avec vous quels sont leurs devoirs, pour voir ce qui se passera et pour prendre garde qu’il ne se passe rien contre l’ordre ni contre la modestie. Que si quelqu’un est assez hardi pour mépriser mes ordres, ce que je ne crois pas devoir arriver, et de refuser d’assister au concile, j’enverrai des officiers qui le conduiront en exil et lui apprendront à ne plus désobéir aux ordres que l’empereur donne pour l’intérêt de la vérité. Il ne reste plus rien à faire à votre sainteté que d’apporter des remèdes convenables aux fautes qui ont été commises par ignorance que de suivre les règles que les apôtres vous ont laissées, sans juger ni par haine ni par faveur, afin que vous effaciez la honte de l’Église que vous me délivriez de mes plus cuisantes inquiétudes et que vous releviez vous-mêmes votre propre réputation. Que Dieu vous protège, mes chers frères. »
Assemblée des évêques à Jérusalem.
Les évêques étaient occupés à l’exécution de ce qui leur était prescrit par cette lettre, lorsqu’ils reçurent ordre de la part de l’empereur de se rendre promptement à Jérusalem. Ils partirent à l’heure de la capitale de Phénicie et firent le voyage avec des voitures publiques. La ville de Jérusalem fut bientôt remplie des plus célèbres évêques des principales provinces de l’Empire. La Macédoine y avait envoyé le pasteur de sa métropole. La Pannonie et la Moésie avaient choisi la fleur du troupeau. La Perse avait député l’ornement de son clergé, un homme qui avait joint une profonde doctrine à une éminente sainteté. Les pasteurs des églises de Bithynie et de Thrace honorèrent l’assemblée par leur présence. Les plus illustres de Cilicie s’y trouvèrent. Ceux qui dans la Cappadoce surpassaient ceux de leur province en science ou en éloquence y parurent avec beaucoup d’éclat. Enfin, ceux de Syrie, de Mésopotamie, de Phénicie, d’Arabie, de Palestine, d’Égypte, de Lybie et de la Thébaïde, achevèrent de remplir le lieu qui leur avait été préparé. Il n’y avait aucun de ces évêques qui n’eût été suivi par une grande multitude du peuple de son diocèse. Il y avait des officiers de la cour, qui avaient charge de les recevoir et de faire toutes les dépenses nécessaires pour faire de la cérémonie une des plus belles qui eût jamais été.
Accueil fait aux évêques. Aumônes distribuées aux pauvres. Présents offerts à l’Église.
Marien, homme très affectionné au service de l’empereur, très recommandable par l’ardeur de sa piété et par la connaissance qu’il avait acquise de l’Écriture, et encore plus par la générosité avec laquelle il avait soutenu la foi durant la rigueur des persécutions, reçut très civilement les évêques, les traita magnifiquement. Il subvint aux besoins d’un grand nombre de pauvres, tant hommes que femmes, et leur fournit des vêtements et des vivres. Il para aussi l’église de toute sorte de riches ornements.
Discours prononcés par les évêques. Autres fonctions exercées par ceux qui n’étaient pas accoutumés à parler en public.
Les sacrés ministres de Dieu contribuèrent chacun à l’envi, les uns par l’assiduité de leurs prières, les autres par l’élégance de leurs discours à accroître la solennité de la fête. Il y en eut qui relevèrent par leurs louanges la piété que l’empereur faisait paraître envers le Sauveur. Il y en eut qui décrivirent la beauté et la magnificence de l’église qu’il avait élevée en son honneur. Les autres expliquèrent la doctrine de notre religion en un sens qui avait rapport avec la cérémonie du jour. Les autres interprétèrent l’écriture et en découvrirent les mystères les plus cachés. Ceux qui n’avaient pas les talents nécessaires pour s’acquitter de ces fonctions éclatantes apaisèrent la colère de Dieu par les sacrifices non sanglants qu’ils lui offrirent pour la paix générale de l’État, pour la tranquillité particulière de l’Église, pour la prospérité de l’empereur qui leur avait procuré tant d’avantages et pour celle de ses enfants aimés de Dieu. Pour moi qui reçus en cette occasion de plus grands honneurs que je ne mérite, je fus employé à publier la dévotion et la libéralité de Constantin, à décrire la variété merveilleuse des ornements dont il avait enrichi l’église, dont nous faisions la dédicace, et à trouver dans les expressions figurées des prophètes un sens qui pût être appliqué avec quelque justesse à la cérémonie qui nous assemblait.
Description de l’église de Jérusalem faite par Eusèbe.
J’ai représenté dans un autre ouvrage la structure de l’église consacrée à l’honneur du Sauveur, la figure de la sainte caverne, la beauté de ses ouvrages et la multitude des présents, soit en or, en argent ou en pierreries. Je le dédiai à l’empereur et je le mettrai à la fin de ce livre avec la harangue que je prononçai bientôt après à Constantinople dans la trentième année du règne de Constantin. Ce fut la seconde fois que j’eus l’honneur de publier les louanges de Dieu dans le palais de ce prince. Il m’écouta avec une satisfaction sans pareil, comme il le témoigna durant le festin qu’il fit le même jour aux évêques.
Temps de la célébration du Concile de Nicée et de la dédicace de l’église de Jérusalem.
Ce deuxième concile, que l’empereur avait convoqué dans la ville de Jérusalem, fut le plus nombreux de tous ceux dont j’aie eu connaissance, après cet autre si célèbre qui avait été à Nicée, ville fameuse de Bithynie. Celui-ci avait été tenu en la vingtième année de son règne comme pour rendre grâces à Dieu des victoires qu’il lui avait accordées et l’autre dans le trentième pour célébrer la dédicace de l’église de Jérusalem qui était comme un présent qu’il offrait au Sauveur en reconnaissance de la paix dont jouissait tout l’empire.
Modestie de Constantin.
Après la cérémonie, comme il n’y avait personne qui ne s’efforçât de relever par des éloges extraordinaires la vertu incomparable de l’empereur, il y eut un évêque qui eut la hardiesse de lui dire qu’il était très heureux, puisqu’il jouissait en cette vie de l’empire de l’Univers et qu’il posséderait en l’autre avec le fils de Dieu un empire qui n’a pas de fin. Constantin rejeta cette louange et exhorta celui qui la lui avait faite de prier Dieu pour lui qu’Il lui fît la grâce de l’admettre dans ce monde et dans l’autre au nombre de ses serviteurs.
Mariage de Constance.
Lorsque la trentième année de son règne fut achevée, il fit la cérémonie des noces de Constance, son deuxième fils. Il avait fait avant celles de l’aîné. Il fit de magnifiques festins, conduisit lui-même son fils, reçut d’un côté les hommes et de l’autre les dames de la première qualité et distribua de riches présents aux peuples.
Ambassadeurs envoyés par les Indiens.
Les ambassadeurs des Indiens arrivèrent au même moment avec des pierreries de grand prix et des animaux d’une espèce différente de ces pays-ci pour témoigner à l’empereur le respect que les princes de leur nation avaient pour lui et dont ils donnaient des marques publiques par le soin qu’ils prenaient de graver son image et d’élever en divers endroits sa statue. Ainsi les peuples d’Orient se soumirent alors à sa puissance comme ceux d’Occident s’y étaient soumis dès le commencement de son règne.
Partage de l’Empire.
Constantin ayant réduit ainsi à son obéissance les extrémités de l’Univers, il partagea l’empire entre ses fils. Il donna la part qu’il avait reçue de ses ancêtres à l’aîné, l’Orient au deuxième et les pays qui s’étendent entre les deux au troisième. Il leur laissa une autre succession beaucoup plus excellente et plus avantageuse qui fut celle de la piété dont il leur inspira les sentiments et par lui-même et par les gouverneurs et les précepteurs qu’il mit auprès d’eux. Il eut soin aussi de leur faire apprendre les belles-lettres, la jurisprudence, la politique et les exercices du corps. Ils avaient tous un grand nombre d’officiers pour les garder et les servir et l’empereur les avait lui-même choisis selon la connaissance qu’il avait de leur fidélité.
Sages conseils donnés par Constantin à ses enfants.
Les Césars avaient, pendant leur jeunesse, des officiers qui prenaient soin de leurs affaires. Mais lorsqu’ils furent parvenus à un âge parfait, ils ne se conduisirent plus que par les conseils de l’empereur leur père. Tantôt il leur proposait de vive voix son exemple et tantôt il leur donnait par ses lettres des préceptes de toutes les vérités nécessaires à un prince. Il leur recommandait surtout de préférer la connaissance et le service du Seigneur absolu de l’Univers à toutes les grandeurs du siècle et à la souveraine puissance, de protéger l’Église et de faire profession publique de la religion chrétienne. Ces jeunes princes s’élevèrent d’eux-mêmes et par l’activité de leur vertu à une perfection plus relevée que celle à laquelle l’empereur les excitait. Ils eurent toujours la loi de Dieu devant les yeux et s’acquittèrent dans leur palais de tous les devoirs de la piété. Constantin avait eu soin de ne leur donner aucun officier qui ne fut chrétien, comme il avait observé de n’accorder les principales charges de l’armée qu’à ceux de la même religion. Il était persuadé que ceux qui gardent à Dieu la fidélité qu’ils lui ont promise ne manqueront jamais de la garder aux hommes. Lorsque le bienheureux prince eut achevé d’établir ainsi un ordre très parfait dans son État, Dieu qui dispense les récompenses avec une sagesse et une équité souveraine le retira de cette vie pour lui en donner une meilleure.
Vigoureuse constitution de Constantin.
Constantin régna près de trente-deux ans et en vécut près de soixante-quatre. Il conserva dans cet âge-là une santé plus vigoureuse que celle des jeunes gens, une bonne mine qui le faisait admirer et des forces capables de toute sorte d’exercices et de fatigues. Il montait à cheval, courait et remportait l’avantage dans les jeux et les combats qui n’étaient que pour le divertissement aussi bien qu’il remportait de véritables victoires sur de véritables ennemis.
Avarice et hypocrisie de quelques-uns.
Si Constantin avait tous les avantages du corps, il possédait en un degré plus éminent les vertus de l’esprit. Il avait surtout une douceur sans pareil. Plusieurs l’en blâmèrent parce que les méchants en abusaient pour autoriser leurs crimes. Je suis témoin de l’insolence avec laquelle deux grands désordres régnèrent en son temps, à savoir une insatiable avarice qui enlevait le bien d’autrui avec la dernière violence et une fausse dévotion qui s’introduisit dans l’Église sous l’apparence de la véritable. La bonté naturelle de l’empereur, sa candeur et sa franchise lui faisaient croire que des hommes dont la conduite n’était qu’artifice et imposture avaient une affection sincère à son service et une piété solide envers Dieu. La trop bonne opinion qu’il eut de ces gens-là l’engagea en de grandes fautes et diminua notablement sa réputation.
Application continuelle de Constantin.
La justice divine ne différa pas longtemps le châtiment de ces personnes qui en avaient imposé à la bonté de Constantin. Comme il avait acquis une profonde connaissance des sciences, jusqu’à la fin de sa vie, il composa des harangues pour l’instruction de ses sujets et fit des lois pour la décision des affaires civiles ou pour d’autres nécessités publiques. Sur la fin de sa vie, il prononça une oraison funèbre, où il parla fort au long de l’immortalité de l’âme, des récompenses que Dieu a préparées à ceux qui le servent et de la mort éternelle à laquelle il condamnera les impies. Il prêchait ces importantes vérités avec une véhémence qui étonnait toute sa cour. Il demanda un jour à un homme de qualité dont il connaissait la vanité, quel jugement il faisait de ses discours. Bien que cet homme-là fût encore engagé dans les erreurs du paganisme, il avoua qu’il ne trouvait rien à redire aux raisons que l’empereur avait proposées contre le polythéisme. Il semblait disposé à une sainte mort par ces exercices de piété.
Constantin se prépare à la guerre par des actions de piété.
Je ne dois pas oublier de dire que la nouvelle étant arrivée d’un soulèvement de quelques peuples d’Orient, l’empereur se résolut de prendre les armes contre eux et témoigna qu’il avait encore ces ennemis-là à vaincre. Il leva des troupes pour cet effet, communiqua son dessein à des évêques et les pria de le suivre et combattre pour lui par l’ardeur de leurs prières. Il leur marqua à l’heure même le chemin par où ils devaient aller et fit préparer une tente en forme de chapelle pour implorer avec eux le secours du Dieu des armées et du Dispensateur de la victoire.
Paix accordée aux Perses.
Cependant les Perses, ayant appris que l’empereur avait pris les armes et appréhendant extrêmement d’en venir aux mains avec lui, envoyèrent lui demander la paix. Il la leur accorda très volontiers et renvoya leurs ambassadeurs très satisfaits. Comme c’était alors le temps de la fête de Pâques, il passa la nuit en prière avec les fidèles.
Églises bâties en l’honneur des apôtres dans Constantinople.
L’empereur éleva bientôt après une église dans Constantinople pour honorer la mémoire des apôtres. Les murailles étaient revêtues de marbre depuis le pavé jusqu’à la couverture ; au-dessus était un lambris de menuiserie tout doré. L’église était couverte de cuivre au lieu de tuiles. Il était doré en quelques endroits et jetait un éclat merveilleux qui éblouissait ceux qui le regardaient. Le dôme était couvert de cuivre et d’or ciselé avec beaucoup d’adresse.
Suite de la même description.
Cette église était bâtie au milieu d’une grande place, aux quatre côtés de laquelle il y avait quatre galeries. Il y avait de plus des bains et des maisons pour loger les ministres de l’Église qui étaient d’une étendue égale à celle des galeries.
Tombeau de Constantin.
L’empereur éleva ce magnifique édifice pour honorer la mémoire des apôtres du Sauveur. Mais en cela même il avait un autre dessein, qu’il tint longtemps secret, et qu’il ne découvrit que sur la fin de sa vie. Il souhaitait que son corps y fut mis après sa mort, afin d’avoir part aux prières qui y seraient faites en l’honneur de ces premiers prédicateurs de l’Évangile. Il fit élever son tombeau au milieu de douze autres qu’il avait fait élever en forme de colonnes en l’honneur des douze apôtres. Dieu favorisa ses louables intentions. Car après qu’il eût célébré la fête de Pâques avec les exercices ordinaires de la piété chrétienne et les marques d’une réjouissance publique, Dieu, dont il procurait la gloire par ces devoirs de religion, eut la bonté de l’appeler à une vie plus heureuse que celle qu’il menait sur la terre.
Maladie de Constantin.
Ce prince fut d’abord attaqué d’une légère indisposition et ensuite d’une dangereuse maladie. Il alla aussitôt aux bains chauds. Puis il se rendit à la ville qui porte le nom de sa mère, où il fit de longues prières dans l’église des martyrs. Lorsqu’il se sentit proche de sa fin, il crut devoir expier ses péchés et ne douta pas qu’ils ne dussent être effacés par la force ineffable des paroles du baptême. Il se mit à genoux dans l’église, confessa ses fautes en demanda pardon à Dieu et reçut la première imposition des mains. Étant ensuite allé à un faubourg de Nicomédie, il envoya quérir les évêques et leur parla comme suit.
Discours par lequel Constantin demande le baptême.
« Voici le temps que j’ai désiré avec passion en priant d’être sauvé par Dieu. Voici le temps de recevoir le signe de l’immortalité et le sceau du salut. J’avais autrefois résolu de le recevoir dans le fleuve du Jourdain à l’imitation du Sauveur, qui y reçut le baptême. Mais Dieu, qui fait ce qu’est le plus avantageux, a voulu que je le reçoive en ce lieu-ci. Ne différons plus. Si Dieu, qui est l’arbitre de ma vie et de la mort, me laisse encore ici-bas quelques années pour Le prier au milieu des fidèles, je me prescrirai une manière de vivre tout à fait conforme à la sainteté de ses lois. » Après qu’il eût parlé de la sorte, les évêques firent sur lui les saintes cérémonies, lui conférèrent les sacrés mystères et lui prescrivirent les règles qu’il devait garder. Ainsi il fut le premier de tous les empereurs qui reçut une naissance nouvelle et une vie spirituelle dans l’Église des martyrs, qui fut rempli de l’Esprit saint et éclairé d’une lumière céleste. L’ardeur de sa foi le comblait d’une joie que l’on ne peut exprimer et les miracles que la divine puissance opérait en sa faveur le ravissaient d’admiration. Dès que la cérémonie eut été achevée, il fut revêtu d’une robe, dont la blancheur éclatait comme le Soleil, se coucha et ne voulut jamais depuis sa robe de pourpre.
Actions de grâce rendues à Dieu par Constantin.
Il éleva tout de suite après sa voix pour rendre à Dieu ses actions de grâces et, lorsqu’il les eut achevées, il prononça ces paroles. « Je reconnais maintenant le bonheur que j’ai d’avoir reçu la lumière de la foi et le droit à la vie éternelle. » Il déplorait le malheur de ceux qui étaient exclus de ces biens. Les officiers de son armée étant allés le saluer et lui ayant témoigné combien ils appréhendaient de le perdre, il leur répondit qu’il commençait à jouir de la véritable vie et qu’il connaissait seul la valeur des biens que Dieu venait de lui faire et qu’il souhaitait avec impatience de les posséder. Il disposa ensuite de ses affaires, ordonna que chaque année certains présents seraient donnés en son nom aux habitants de Constantinople, partagea les provinces entre ses enfants et laissa encore d’autres ordres selon qu’il le jugea à propos.
Mort de Constantin.
L’empereur fit tout ce que je viens de dire au temps de la solennité de la Pentecôte, dont la célébration se conforme au jour qui suit les sept semaines d’après la résurrection du Sauveur, et auquel il monta au Ciel et envoya son Esprit Saint sur la Terre selon le témoignage de l’Écriture. Le dernier jour de cette fête que l’on peut appeler la plus grande de toutes, Constantin expira sur le midi, laissant aux hommes son corps et rendant à Dieu son âme, qui était pleine de Sa connaissance et de Son amour. Voilà quelle fut la fin de ce prince. Mais voyons la suite.
Regrets des gens de guerre.
Les gardes déchirèrent à l’heure même leurs vêtements, se prosternèrent, se cognèrent la tête contre le plancher, remplirent le palais de gémissements et de cris et pleurèrent la mort de l’empereur avec la même tendresse que les enfants pleurent la mort de leur père. Les tribus et les centurions publièrent les bienfaits et les faveurs qu’ils avaient reçus de sa bonté. Les soldats le regrettèrent comme un troupeau abandonné regrette son pasteur. Le peuple répandu dans les rues donna toute sorte de marques de sa douleur. Plusieurs étaient pâles et étonnés, et il n’y avait personne qui ne prît part à la perte publique.
Funérailles de Constantin.
Les gens de guerre ôtèrent le corps de dessus le lit pour le mettre dans un cercueil d’or et le portèrent dans une des plus belles chambres du palais de Constantinople. On alluma une si prodigieuse quantité de cierges tout autour que jamais on n’avait vu rien de pareil. Les gardes veillaient jour et nuit autour du corps.
Honneurs rendus à Constantin après la mort.
Les officiers de l’armée, les comtes et les magistrats allaient à certaines heures saluer l’empereur de la même façon qu’ils avaient coutume de le saluer durant sa vie. Les sénateurs y allaient ensuite selon leur rang, et le peuple y accourait en foule pour voir la cérémonie. Elle dura fort longtemps parce que les gens de guerre avaient résolu de garder de la sorte le corps de Constantin jusqu’à ce que les princes ses enfants fussent de retour et qu’ils pussent assister à la pompe funèbre. Ainsi ce célèbre empereur eut seul l’avantage de gouverner après sa mort avec un pouvoir aussi absolu qu’il avait gouverné pendant sa vie. Dieu lui fit cet honneur qu’il n’avait fait à aucun de ses prédécesseurs en récompense des honneurs qu’Il avait reçus de lui et qu’Il n’avait reçus d’aucun autre prince. Il n’y a personne qui, pour peu qu’il ait de lumière, ne juge que l’âme de notre incomparable empereur possède dans le Ciel un royaume éternel puisque son corps a conservé sur la terre après sa mort le même commandement que pendant sa vie.
Proclamation des fils de Constantin.
Les tribuns choisirent parmi les officiers de l’armée ceux qui avaient autrefois paru les plus affectionnés au service du feu empereur et les envoyèrent aux princes ses enfants pour les informer de tout ce qui était arrivé. Mais dès que la nouvelle de la mort de l’empereur eut été portée aux troupes qui étaient dans les provinces, à l’heure même, comme si elles eussent été animées du même esprit, elles ne proclamèrent comme empereurs aucun autre que ses enfants et commencèrent à les appeler empereurs au lieu de les appeler Césars, comme auparavant. Elles s’écrivirent les uns aux autres et ainsi l’intention des gens de guerre fut connue en peu de temps dans toute l’étendue de l’Empire.
Deuil public à Rome.
Dès que la triste nouvelle de la mort de Constantin eut été portée à Rome, le Sénat et le peuple s’abandonnèrent à la douleur. Les bains furent fermés, les marchés interdits, les jeux, les spectacles et les autres divertissements cessèrent. Il n’y avait personne qui ne portât les marques de la tristesse publique et qui ne publiât les louanges du feu empereur. Plusieurs voulurent avoir son portrait et quelques-uns le représentèrent dans le Ciel, où il jouit d’une félicité éternelle. Ils proclamèrent les princes ses enfants seuls empereurs et demandèrent avec des instances très pressantes que le corps fut apporté à leur ville.
Déposition du corps de Constantin.
Constance, second fils de Constantin, étant arrivé à Constantinople, il y fit la cérémonie de la pompe funèbre. Il marchait le premier, avait derrière lui les compagnies des gens de guerre suivis d’une foule innombrable de peuple. Les gardes étaient autour du corps. Il fut déposé dans l’église des Saints-Apôtres.
Prières faites pour Constantin.
Lorsque Constance se fut retiré avec les gens de guerre, les sacrés ministres de l’Église commencèrent les prières avec le peuple et les entrecoupèrent par leurs soupirs et par leurs larmes. Dieu reconnut la fidélité des services de ce prince par la grâce qu’Il lui fit de lui donner ses enfants pour successeurs et de permettre que son corps fut déposé (comme il l’avait souhaité) dans l’église des Saints-Apôtres, qu’il participa aux prières qui y seraient faites par les fidèles et qu’il conserva en quelque sorte après la mort une autorité absolue.
Comparaison du phénix et du froment.
Constantin fut en cela semblable non à cet oiseau d’Égypte que l’on dit se consumer soi-même sur un bucher de parfums et renaître de ses cendres, mais au Sauveur qui, ayant été semé comme un grain de froment, se multiplie par la bénédiction du Ciel et produit des épis qui couvrent toute la Terre. Ainsi donc l’empereur trois fois bienheureux, un qu’il était, vit de la sorte dans ses trois enfants, puisqu’on l’honore dans toutes les provinces par son image avec celle de ses fils, et que son nom de Constantin continue après sa mort.
Image de Constantin gravée sur la monnaie.
On fit des médailles en son honneur, où il était représenté la tête couverte et au revers assis sur un char avec une main qui sortait d’un nuage et qui s’étendait comme pour l’attirer au Ciel.
Piété de Constantin récompensée.
Dieu a marqué très clairement dans les circonstances que je viens de représenter la différence qu’il y a entre les princes qui Le servent et ceux qui se déclarent contre Lui. Il a laissé éclater Sa colère à la mort des empereurs qui Lui avaient fait la guerre au lieu qu’Il n’a donné que des preuves de Sa bonté à la mort de Constantin qui Lui avait toujours été très fidèle.
Suite de la comparaison de Constantin et des autres empereurs.
Comme il avait seul aboli la superstition et autorisé la piété, il reçut seul, et dès cette vie et dans l’autre, une récompense dont nul autre n’a jamais été honoré parmi les Grecs ou parmi les étrangers. Enfin il a été si célèbre que l’ancienne Rome n’a jamais produit de prince qu’on puisse lui comparer.