LA JUDÉE — JÉRUSALEM : Jérusalem. — Son nom. — Vue générale. — Les murs d'enceinte. — Le chiffre de la population. — Les portes. — Les quatre collines. — Les places. — Les rues. — Les synagogues. — Les monuments. — Les tours. — Le palais d'Hérode. — La tour Antonia. — Les réservoirs. — Le mont des Oliviers. — Les bazars de Hallali. — Gethsémané. — Béthanie. — Jéricho. — Le Jourdain. — La mer Morte. — Bethléem. — Jaffa.
ENVIRONS DE JÉRUSALEM
L'aspect général de la Judée est celui d'un pays de montagnes.
Le sol est rocailleux, la terre aride et desséchée, et si le contraste de la Judée et de la Galilée est encore frappant aujourd'hui, il devait certainement l'être plus encore au premier siècle. En Galilée la nature était tour à tour riante ou grandiose, partout riche et luxuriante, la terre d'une admirable fertilité, l'eau abondante, les champs bien cultivés, le pays tout entier très boisé. En Judée les montagnes dominaient, abruptes, arides, incultes[1] et l'impression générale était celle de la sécheresse et de la désolation.
La capitale était Jérusalem, la plus grande cité de la Palestine, le siège des autorités religieuses, le centre du culte et de la vie publique, la ville qui attirait immédiatement les regards. Elle est située à douze heures de la Méditerranée et à huit heures du Jourdain. Dans la Genèse elle est appelée Salem[2], et voici comment la tradition juive expliquait le changement de son nom[3] :
« Abraham a appelé cet endroit Jireh et Sem l'a appelé Salem. Et Dieu dit : Si je l'appelle Jireh, cela déplaira au juste Sem, et si je l'appelle Salem, cela déplaira au juste Abraham. Je lui donnerai donc à la fois les noms que chacun lui a donnés. »
Nous commencerons par chercher une vue d'ensemble de la ville au premier siècle et, pour cela, nous monterons sur la colline des Oliviers, nous prendrons le chemin qui mène à Béthanie et nous regarderons Jérusalem telle qu'elle nous apparaît à l'endroit précis où Jésus la vit le jour des Rameaux et pleura sur elle. La première impression est celle d'une ville forte presque imprenable. Une épaisse et haute muraille se dresse au delà du torrent de Cédron, elle est garnie de tours et s'éloigne à droite et à gauche en remontant vers l'Est et l'Ouest pour entourer toute la ville. Quelques-unes des tours dépassent les autres en hauteur. Il y en a surtout trois énormes que l'on aperçoit de l'autre côté de la ville dans l'éloignement. Dans l'enceinte apparaît la masse des maisons groupées, serrées les unes contre les autres ; elles n'ont point de toits mais des terrasses et forment autant de petits cubes de pierres blanches qui se détachent sur le ciel bleu. Elles apparaissent à inégales hauteurs, suivant qu'elles sont ou non sur des collines. Enfin deux édifices gigantesques dominent la cité : le Temple[4] et le palais d'Hérode. Le Temple apparaît comme une forteresse ou plutôt comme une ville fortifiée dans la ville. On distingue à peine au delà des formidables murailles qui l'entourent plusieurs enceintes successives entourées de portiques et à l'extrémité nord, à droite du spectateur, le sanctuaire lui-même, dont le toit très élevé est tout entier garni d'aiguilles dorées. Enfin, derrière le sanctuaire, séparé du Temple mais, à cette distance, paraissant faire corps avec lui, se dresse un cube monstrueux dont la plate-forme supérieure domine toutes les cours intérieures de l'édifice sacré. C'est la tour Antonia. « Celui qui n'a pas vu Jérusalem, disent les Talmudistes, n'a jamais vu une belle ville[5]. »
Descendons maintenant le mont des Oliviers, approchons-nous de la ville, et, avant d'y entrer, examinons-en l'enceinte. Un mur énorme percé de portes en fait tout le tour ; il environne la colline sur laquelle le Temple est bâti, ferme Jérusalem au Midi entoure aussi la colline de Sion qui est au Sud Ouest, remonte vers le Nord, et faisant un angle droit au sommet duquel est bâtie la tour Hippicus, il semble entrer en ville et va en ligne droite rejoindre le mur occidental du Temple. C'est une ancienne enceinte, dont la dernière partie est maintenant inutile, car la cité s'est étendue au Nord dans un quartier appelé Acra ou la ville basse. Ce quartier est lui-même environné d'un mur qui l'enferme et, avec lui, le palais du procurateur et la tour Antonia ; enfin, au delà, toujours au Nord, la ville s'étend encore ; des maisons éparses et déjà nombreuses couvrent une colline appelée Bézétha, et, dans quelques années, Hérode Agrippa[6] bâtira une troisième muraille qui, continuant la première enceinte à partir de la tour Hippicus, enfermera un grand espace de terrain, entre autres celui où se trouve le Calvaire, et rejoindra la première enceinte non loin de la piscine de Béthesda et tout près du Temple.
Pendant la vie du Christ, cette enceinte n'est pas faite et l'emplacement du Calvaire est encore hors des portes. Nous empruntons à Josèphe cette distinction très nette des trois murailles. La troisième n'existait pas au temps de Jésus, la première seule servait à la seconde là où la première était devenue inutile.
Les enceintes sont admirablement construites. Les murs sont « pleins de saillies et d'enfoncements ». Le premier est garni de créneaux et fortifié par soixante tours qui sont séparées les unes des autres par un espace de deux cents coudées (90 mètres). Le deuxième mur a quatorze de ces tours et plus tard le mur d'Agrippa en aura quatre-vingt-dix. La ville, dit Josèphe, a trente-trois stades de circonférence, ce qui fait sept kilomètres environ, mais il ne faut pas oublier qu'il comprend dans cette mesure la muraille d'Agrippa qui ne fut élevée qu'au milieu du premier siècle.
Quel pouvait être le nombre des habitants de la ville pendant la vie de Jésus ? Il est très difficile de le dire. Les recensements de population sont presque impossibles en Orient, même aujourd'hui. Pour la population actuelle du Caire, par exemple, on hésite entre un minimum de deux cent mille et un maximum de six à sept cent mille. Les témoignages antiques font, pour Jérusalem, presque entièrement défaut. Cicéron, dans une de ses lettres, appelle Jérusalem « une bicoque »[7]. Par contre, Hécathée d'Abdère, cité par Josèphe[8] évaluait le nombre des habitants sous Alexandre le Grand à cent vingt mille. Nous sommes disposé à croire ce chiffre très peu exagéré. Il nous donne un maximum ; quant au minimum on petit le trouver ainsi : la ville actuelle a à peine quinze mille habitants ; si l'on tient compte de ce chiffre et de la place qu'occupaient les anciennes enceintes, ont peut donner à la ville antique un minimum de quatre fois quinze mille habitants, c'est-à-dire de soixante mille environ. Jérusalem avait donc au moins soixante mille habitant et au plus cent vingt mille. M. Renan parle de cinquante mille seulement ; ce chiffre est bien faible. Cet auteur ne tient pas compte de l'extrême facilité des orientaux à s'entasser sur un étroit espace. M. Chauvet[9] suppose quatre-vingt à cent mille âmes, ce qui nous semble beaucoup plus près de la vérité.
Au moment des grandes fêtes, le chiffre de la population augmentait dans une proportion énorme. M. Hausrath[10] va jusqu'à parler de trois millions pour la fête de Pâque. Il est certain que la foule affluait, à ce moment, de tous les points du territoire. On dressait des tentes dans les rues, dans la campagne, les environs immédiats étaient encombrés. Ce détail nous explique pourquoi Jésus, dans les derniers temps de sa vie, sortait de la ville tous les soirs et allait passer la nuit à Béthanie ou dans une ferme du mont des Oliviers. Il ne trouvait pas à se loger à Jérusalem. Nous comprenons aussi qu'autour de la croix, dressée aux portes mêmes, il y eut une véritable foule. Pendant le siège, la population de l'inférieur de Jérusalem fat au moins d'un million.
Nous n'avons encore parlé que de l'enceinte ; avant d'entrer dans la ville, examinons les portes. Chacune d'elles forme dans l'épaisseur de la muraille une allée voûtées d'une certaine profondeur et fermée par des battants à ses deux extrémités. C'est ainsi qu'étaient faites aussi toutes les portes du Temple. Au dessus de la voûte était une chambre spacieuse où pouvaient se tenir ceux qui défendaient l'entrée. Nous ne savons rien de positif sur le nombre des portes et sur l'ordre dans lequel elles étaient placées. Reland, dans son fameux ouvrage sur la Palestine[11], en nomme plusieurs, mais se borne à une simple nomenclature :
Nous ne reconnaissons qu'une seule de ces portes, celle du Fumier ou des Egouts ; elle est indiquée par Néhémie[12] et était près de l'emplacement actuel de la porte. Elle fut appelée aussi porte des Esséniens. Mais il y en avait d'autres que Reland ne nomme pas ; par exemple la porte des Jardins, à l'Est près de laquelle était le Calvaire[13]. Le deuxième mur destiné à entourer l'Acra ou la ville basse commençait à cette porte. Elle tirait son nom de plantations d'arbres fruitiers, nombreuses de ce côté de Jérusalem. Au premier siècle ces jardins tendaient à disparaître et étaient remplacés par des maisons. Quelques années plus tard Agrippa fera entrer ces maisons dans la ville en bâtissant le troisième mur. Ces jardins se trouvaient placés sur des terrains très accidentés ; les grottes et les rochers y étaient nombreux ; quelques-uns appartenaient à de riches personnages. Joseph d'Arimathée, membre du Sanhédrin, en possédait un et y avait fait creuser dans le roc un tombeau pour lui et les siens ; le Calvaire était précisément là, dans l'angle formé par le premier et le second mur d'enceinte, au carrefour des routes de la vieille et de la nouvelle ville et à quelque pas de cette porte des Jardins qui fut certainement celle par laquelle Jésus sortit accompagné de Simon de Cyrène portant la croix.
Nous savons aussi l'existence d'une certaine porte des Poissons[14], mais sans pouvoir en indiquer l'emplacement[15] ; à côté d'elle se trouvait le marché aux poissons tenu par des Tyriens et alimenté par les pêcheurs du lac Tibériade[16].
A l'Est, derrière le Temple, une porte appelée aujourd'hui porte Saint-Etienne[17] était nommée autrefois porte des Brebis ; le réservoir de Béthesda était tout auprès, et c'est par elle que passaient les brebis destinées aux sacrifices. On aime à se représenter que la scène du chapitre X de l'évangile de saint-Jean s'est passée près de cette porte. Jésus voyait entrer et sortir les brebis et, suivant sa méthode constante, faisait simplement allusion à ce qui se passait sous ses yeux en disant : « Je suis, moi, la porte des brebis. » Elle était la principale sortie de la ville à l'Est, elle touchait le Temple. Jésus dut sans cesse entrer dans la ville et en sortir par cette porte. C'est par elle qu'il passa le jeudi soir 6 avril 30[18], quand il sortit de Jérusalem pour aller au jardin des Oliviers où il fut arrêté. Plus loin que l'emplacement de la porte des Brebis et du même côté on voit aujourd'hui un reste de temple d'Hérode[19], une entrée aujourd'hui murée appelée porte d'or[20]. Par elle on pénétrait dans les cours intérieures du Temple, et comme elle s'ouvrait sur la vallée de Cédron et le mont des Oliviers, c'est probablement par elle que Jésus passa le dimanche des Rameaux. Nous ne pouvons parler avec précision d'aucune des autres portes de Jérusalem dont Néhémie et d'autres écrivains de l'Ancien Testament nous donnent les noms. Au midi, du reste, il n'y en avait pas[21], le mont Sion était par là inaccessible.
Entrons maintenant dans la ville. Nous avons nommé déjà les quatre collines sur lesquelles elle était bâtie : Sion, Morijah, Bézétha et Acra. Nous savons déjà que Bézétha, couvert de maisons au temps du Christ, était cependant encore en dehors des enceintes.
Il reste Sion ou la ville haute, Morijah ou la colline du Temple, et Acra ou la ville basse. Josèphe place Sion au S.-O., séparant entièrement cette montagne de celle du Temple (Morijah), à l'Est. Cette affirmation ne s'accorde pas avec les données bibliques qui parlent toujours de Sion comme de la montagne sainte[22], celle sur laquelle s'élevait le sanctuaire, et les archéologues modernes s'accordent à rectifier sur ce point les données de l'historien juif. Sion n'est pas la colline S.-O. mais la colline orientale, y compris l'éminence sur laquelle était le Temple.
Sion est la vieille ville, celle de David qui, au temps de Jésus, occupait toute la partie sud de Jérusalem. Le nom primitif d'une colline s'était étendu à plusieurs quartiers, les plus élevés de la cité. Puis Jérusalem avait grandi au Nord et grandissait encore au premier siècle. Une vallée profonde séparait là ville haute de la colline du Temple d'une part et de la ville basse de l'autre. Cette vallée, appelée vallée des fromagers ou du Tyropoeon, a disparu presque entièrement aujourd'hui. Elle est comblée par les décombres et les détritus amassés depuis dix-huit siècles. Le nom de vallée des fromagers lui était donné au premier siècle et il datait sans doute des origines de la ville.
La place principale de Jérusalem était au fond de cette vallée, elle s'appelait Xystus et, au dire de Josèphe, aurait été le forum de la ville, le lieu des assemblées populaires, le Pnyx de la cité. Sur cette place était le palais du conseil. Enfin au-dessus passait un pont[23] reliant la colline du Temple à la ville haute. Si nous nous plaçons sur cette colline du Temple, nous voyons à nos pieds Jérusalem tout entière. Elle nous apparaît comme formée de deux villes distinctes, la haute et la basse. La ville haute est à notre gauche, la ville basse à notre droite et, devant nous, séparant ces deux moitiés de la cité, le vieux mur de la première enceinte avec le Tyropoeon et la grande place du Xystus.
Le second mur (qui sera plus tard dans l'intérieur) entoure au Nord toute la ville basse.
Si nous parcourons l'intérieur de Jérusalem, nous y trouvons quelques places publiques outre celle que nous venons de nommer : la place des Bouchers[24], la place des Ouvriers en laine[25], le marché des Engraisseurs, celui des Lainiers (habité par des foulons païens) appelé aussi marché supérieur[26]>. Il y avait encore une place dont le nom nous est inconnu[17] et qui devait être sur la plate-forme du Temple ; Jésus dut bien souvent la traverser.
Ces places sont balayées tous les jours[28], détail qui contraste avec la malpropreté des villes de l'Orient moderne. Il n'y a point de jardins, car on craint l'odeur de l'engrais[29], sauf cependant un jardin de roses qui date du temps des prophètes[30]. Les fourneaux sont interdits à cause de la fumée[31]. Les rues sont étroites, mais les plus importantes ont été dernièrement pavées par Hérode le Grand. Çà et là apparaît une voie plus large que les autres et dans celles-ci des boutiques, des bazars, mais c'est toujours près des portes qu'il y a le plus de mouvement et que sont ménagés les plus larges espaces. Nous ne connaissons les noms que de deux rues, celle des Boulangers[32] et celle du Temple, qui longeait le mur occidental de la montagne sainte. La ville est tout entière en montées et en descentes ; nous savons que la montée qui donnait accès au Temple n'était pas très rapide. Les bœufs et les brebis la gravissaient aisément. L'enfant était dispensé de se présenter au Sanctuaire pour les trois grandes fêtes, jusqu'au jour où, d'après l'école de Hillel, « il pouvait monter seul la montagne du Temple en donnant la main a son père[33]. »
Le mouvement des rues dans nos grandes villes modernes ne saurait nous donner aucune idée de la vie journalière dans les grandes cités du monde antique. A Paris, à Londres, ce qui frappe avant tout, c'est le grand nombre des voitures. Or, à Rome, les chars ne circulaient que la nuit. Le jour, les trottoirs étaient envahis par les étalages des marchands qui n'avaient point de boutiques fermées comme de nos jours, et sur la chaussée circulaient les piétons et les litières. Quant aux chevaux, aux chars, aux voitures, ils ne passaient qu'après la chute du jour et lorsque les boutiques étaient fermées. Il en était de même à Jérusalem. On ne voyait aucune voiture dans les rues ; quant aux litières, elles étaient rares et d'ordinaire remplacées par des chameaux ou des ânes. Du reste, la plupart des rues étaient si étroites, que jamais voiture au monde n'aurait pu y pénétrer. C'est à peine si deux ânes chargés pouvaient y marcher de front.
Le lecteur aura remarqué que les noms des rues et des places qui nous ont été conservés, indiquent toujours quelque métier : les bouchers, les chaudronniers, les boulangers ; ces noms nous portent à croire que les divers métiers étaient groupés par quartier dans l'intérieur de Jérusalem, occupant qui une rue, qui une place, qui un carrefour. Cette opinion se confirme quand nous savons le nombre incroyable de synagogues que possédait Jérusalem. Il y en avait 480[34]. On comprend ce chiffre exorbitant, lorsqu'on sait qu'aujourd'hui, dans les villes musulmanes, le nombre des mosquées n'est pas moins considérable. Chaque famille a pour ainsi dire la sienne. Les synagogues de Jérusalem étaient certainement la propriété exclusive des grandes familles et surtout des corporations. Il y en avait une, par exemple, appelée synagogue des chaudronniers. De plus, les étrangers de passage dans la ville avaient à leur usage la synagogue spéciale de la contrée d'où ils venaient ; il y avait les synagogues des Cyrénéens, des Ciliciens, des Asiatiques, des Alexandrins[25]. Dans celle-ci on employait la langue grecque et on lisait la traduction des Septante. Toutes ces synagogues étaient très fréquentées et chaque matin, au lever du jour, les rues se remplissaient de femmes, de scribes, de Pharisiens, leurs Tefillin attachés sur le bras, se rendant à leur synagogue préférée.
Parlons maintenant des monuments que nous avons aperçus dit haut du Mont des Oliviers : les tours d'enceinte, le palais d'Hérode et la tour Antonia.
Nous décrirons le Temple dans des chapitres spéciaux de notre second livre auxquels nous renvoyons le lecteur. Les tours d'enceinte étaient nombreuses, nous en distinguons trois, les tours Hippicus, Phasaël et de Mariamne. Elles sont toutes neuves, ayant été construites ou plutôt surélevées par Hérode le Grand. La tour Hippicus (nom d'un ami d'Hérode) était quadrangulaire[36]. Elle avait vingt-cinq coudées (11 m. 25) de côté, trente coudées (13 m. 50) de hauteur, à partir de l'endroit où elle cessait d'être intérieurement massive (nullement creuse )à l'intérieur on avait creusé une citerne de vingt coudées (9 m.) de profondeur. Elle avait deux étages, plusieurs chambres et au sommet était garnie de créneaux de trois coudées. Le parapet avait deux coudées. Sa hauteur totale était de quatre-vingts coudées (36 m.).
La tour Phasaël (nom d'un frère d'Hérode) avait quarante coudées (18 m.) de côté. C'était un cube régulier, à partir de l'endroit où elle cessait d'être intérieurement massive. Elle était assez luxueusement arrangée, avait un portique intérieur et une salle de bains. Sa hauteur totale à partir du sol était de quatre-vingt dix coudées (40 m. 50). On dit qu'elle ressemblait assez au phare d'Alexandrie.
La tour de Mariamne (nom d'une des femmes d'Hérode) était massive jusqu'à la hauteur de vingt coudées (9 m.). Elle formait aussi un carré de vingt coudés (9 m.) et avait au total cinquante-cinq coudées (27 m. 75). L'intérieur était encore plus luxueux que celui de la tour Phasaël. Ces trois tours déjà fort hautes, surtout les deux premières, paraissaient plus élevées encore parce qu'elles étaient bâties sur des collines. Titus laissa ces tours debout. Elles étaient au nord du palais royal et la tour Phasaël subsiste encore en partie sous le nom de tour de David.
La tour Hippicus était exactement où est aujourd'hui le château de Jérusalem, qui a été bâti par les Sarrazins sur ses fondements, à l'angle nord ouest du premier mur d'enceinte.
Le palais d'Hérode le Grand était un admirable monument. Il s'élevait derrière les trois tours que nous venons de décrire et occupait le nord-est et l'est de la ville haute[37]. Il fut encore embelli par Agrippa II, et Josèphe nous en a laissé une description enthousiaste. Il était magnifique, dit-il, au-delà de toute description ***[38]. « Il dépasse le Temple en magnificence », disait-on encore. Ce palais, bâti en marbre blanc, était entouré d'un mur de trente coudées (13 m. 50) ; à l'intérieur, on voyait des salles de festin garnies de cent lits pour les convives ; pierres rares et variées, toits et plafonds admirables, chambres en grand nombre, ameublements précieux, rien n'y manquait. Les jardins, les bassins, les aqueducs étaient plus surprenants encore.
De toutes ces splendeurs, il n'est pas resté le moindre vestige. Etait ce au palais de son père que demeurait Antipas, lorsque par hasard il venait à Jérusalem ? Jésus entra-t-il dans cette magnifique demeure, lorsque, le matin de sa mort, Pilate l'envoya au tétrarque ? Nous n'en savons rien.
Hérode le Grand avait encore construit dans la ville haute deux autres palais : Cesareion et Agrippeion. Il avait, on le sait, le goût des constructions. Josèphe dit qu'il avait fait élever un théâtre à Jérusalem et un amphithéâtre ou hippodrome près de Jéricho[39]. Il avait aussi fait faire à soixante stades des murs, à l'est de Jérusalem, du côté de l'Arabie et à l'endroit même où il avait repoussé les partisans d'Antigone, quand il avait dû s'enfuir de Jérusalem, un monument appelé Hérodion. C'était un énorme tumulus surmonté de tours rondes avec un palais à l'intérieur, et des aqueducs y amenant l'eau en abondance.
L'emplacement de ce tumulus est connu. La colline près de Beit-Lehm, appelée « mont des Français » ou « mont du petit paradis », n'est autre que l'Hérodion[40]. M. de Vogüé en a étudié les ruines.
La tour Antonia était une gigantesque forteresse située à soixante mètres de l'angle nord-ouest du Temple[41]. Elle avait été élevée sur un rocher de cinquante coudées (22 m. 50) à pierre de tous côtés et garni du haut en bas de pierres polies qui en rendaient l'ascension impossible. Ce rocher ou cube de pierres avait un demi-stade (95 m.) de côté. Le sommet formait une plate-forme carrée de 40 coudées de côté (18 m.) et par conséquent de 304 mètres carrés. Cette plate-forme était entourée d'un parapet de trois coudées (1 m. 35). Aux quatre angles s'élevaient des tours et sur la partie centrale de la plate-forme était construit un palais entouré d'un mur et composé de plusieurs pièces avec portiques et salles de bain, sans parler du logement nécessaire aux troupes. Trois des tours avaient cinquante coudées (212 m. 50), la quatrième, celle qui était à l'angle sud-est et par conséquent la plus rapprochée du Temple, avait soixante-dix coudées (31 m. 50) ; les Romains tenaient à ce qu'elle conservât cette hauteur pour pouvoir surveiller les prêtres dans les cours intérieures du Temple. Ils consentaient à n'y point pénétrer par respect pour la religion juive, mais ils voulaient voir tout ce qui s'y passait. De plus, deux escaliers conduisaient de la tour aux portiques du parvis des Gentils et les jours de fête les soldats de la garnison romaine venaient monter la garde dans cette tour[42]. Le rocher sur lequel Antonia était bâtie a été mesuré de nos jours, il a bien de 22 à 25 mètres de hauteur ; le sommet de la tour sud-est se trouvait ainsi être à 63 mètres au-dessus du payé des cours du Temple ; c'est, à peu de chose près, la hauteur des tours de Notre-Dame de Paris.
Cette forteresse avait été bâtie par les princes Macchabéens. Elle fut appelée Bâris. Ce mot, prononcé par les juifs Birah et qu'ils empruntèrent probablement aux Perses, car il ne se rencontre que chez les écrivains postérieurs à l'exil, signifie tout simplement château-fort, citadelle ; Hérode le Grand, pour flatter Antoine son maître, changea son nom en celui d'Antonia.
C'est dans cette forteresse que fut conduit saint Paul lors de son arrestation[43] ; mais ce n'est pas là que se trouvait le prétoire où Jésus fut jugé. Il était tout à côté, dans l'ancien palais d'Hérode, et touchait la tour Antonia. Le sérail du pacha de Jérusalem se trouve aujourd'hui sur l'emplacement du prétoire.
Les citernes et les réservoirs paraissent avoir été assez nombreux à Jérusalem. Il y avait un réservoir devant la tour Antonia et un autre au nord de la ville[44]. Quant à celui de Béthesda, il était le même que celui de Siloé. Tout le quartier où il se trouvait s'appelait quartier de Siloé. On ne sait donc pas si la tour dont parle l'Evangile[45] était à la piscine même et contiguë à ses portiques ou seulement dans le quartier et à une certaine distance.
Nous n'avons plus qu'à mentionner les excavations et les souterrains nombreux creusés sous la ville et sous le Temple. Toutes les cités bâties sur des carrières, dont on a extrait la pierre destinée aux constructions, ont ces sortes de catacombes. Les souterrains de Jérusalem sont en partie bouchés aujourd'hui. Ceux, que l'on peut visiter sont assez étendus et le voyageur voit au fond des blocs énormes, des pierres gigantesques, toutes taillées et semblables à celles qui forment la muraille du Temple et ses fondations à l'angle sud-est de la ville. Ce sont des pierres taillées du temps de Salomon, dont on n'eut pas besoin pour le sanctuaire, et qui sont restées en place depuis trois mille ans[46].
Et maintenant si l'on veut se faire aujourd'hui, dans notre dix-neuvième siècle, quelque idée de la Jérusalem du premier, ce n'est pas en Palestine, dans la ville de ce nom, qu'il faut la chercher, c'est plutôt dans les villes musulmanes et arabes de l'Algérie, de l'Égypte, de l'Asie-Mineure. Le voyageur qui visite une de ces grandes cités orientales, y retrouve les rues étroites encombrées d'ânes et de chameaux, les maisons blanches en forme de cube, les bazars tumultueux et bruyants que Jérusalem offrait autrefois aux regards. S'il est dans une ville sainte, il y rencontre le mépris et la haine que le païen rencontrait certainement à Jérusalem, il y trouve aussi une dévotion et des rites semblables à ceux des Juifs, il y croise des scribes portant leur encrier à leur ceinture et y entend des prédicateurs à la parole ardente comme il s'en trouvait dans la cité sainte d'autrefois.L'est de la ville était le seul côté qui présentât quelque agrément. C'est le seul aussi dont nous parlerons, puisqu'il ne s'agit pour nous que de chercher les traces du passage de Jésus et de jeter quelque lumière sur les pages principales de l'Evangile[47].
A l'Est, en effet, se dressait la colline appelée « Mont des Oliviers ». Les Talmuds l'appellent quelquefois, Mont Mischha[48]. Josèphe le place à cinq stades (950 m.) du mur d'enceinte[49]. En deux minutes on descendait au fond de la vallée du Cédron, puis, le ruisseau passé, on montait la colline, car la vallée n'occupait que la largeur même du ruisseau. Avant d'arriver au torrent ou traversait Bethphagé, ainsi nommée à cause de ses figuiers. Bethphagé n'était pas un village mais un faubourg de Jérusalem[50], car tout l'espace contigu au mur oriental de la ville portait ce nom. Toute la colline des Oliviers, le nom l'indique, était très boisée et on remarquait, sur le versant qui regardait le Temple, les tombeaux des prophètes et autres grands personnages de l'Ancien Testament. Jésus les voyait et sans doute les désignait du doigt lorsque, sous le portique de Salomon, il disait aux Pharisiens : « Vous ressemblez à ces sépulcres blanchis[51]. » Quelques-uns de ces monuments funéraires ont traversé les siècles et se voient encore, entre autres celui d'Absalon, que plusieurs voyageurs croient authentique.
On pouvait passer le Cédron sur un pont qui reliait le Temple au Mont des Oliviers. Le sanctuaire se trouvait ainsi réuni à cette colline, et ce voisinage immédiat donnait à celle-ci un caractère sacré. On la considérait parfois comme faisant partie de « l'aire du Temple ». Aussi les prêtres y avaient-ils établi quatre boutiques qu'ils tenaient eux-mêmes et dont le revenu appartenait à la puissante famille du saducéen Hanan. Ce petit bazar était installé sous deux cèdres magnifiques[52], qui donnaient asile à des nuées de colombes. Celles-ci étaient à vendre, et chaque mois on retirait quarante sait de la vente des colombes pour les cérémonies de purification imposées aux femmes[53]. Il est vraisemblable que Marie alla acheter sous ces cèdres les colombes qu'elle offrit pour sa purification[54] ; car, dit un des Talmuds, ces oiseaux « suffisaient pour les sacrifices de pigeons de tout Israël. » C'est aussi là, dans la maison d'habitation de Hanan, attenante au bazar, que Jésus fut conduit immédiatement après son arrestation[55].
L'Evangile de Jean parle d'un « jardin » d'oliviers[56] dans lequel Jésus « entra. » Il est évident pour nous qu'il s'agit ici d'un enclos planté d'oliviers et où se trouvait un pressoir (Gethsémané signifie pressoir à huile), et par conséquent d'une propriété de rapport appartenant à un ami de Jésus, qui, sans doute, demeurait à Jérusalem, car les jardins, nous l'avons dit, étaient interdits dans l'intérieur de la ville. Tous les jardins étaient donc en dehors des murailles « surtout au pied du Mont des Oliviers »[57].
Jésus, en quittant Jérusalem le jeudi soir 6 avril 30, se rendit donc dans l'enclos du « pressoir à huile. » Il s'y était souvent réuni avec ses disciples ; Judas le savait. Il y conduit la troupe, on arrête Jésus et on l'emmène aussitôt à la maison de Hanan dont nous venons de parler, contiguë au bazar et à côté des deux cèdres ; c'était une propriété de l'ancien grand-prêtre.
Il fallait vingt minutes à peine pour aller de la porte de la ville jusqu'au sommet de la colline des Oliviers, puis on descendait et, après vingt minutes encore de marche, on arrivait à Béthanie (maison des dattes), (aujourd'hui El-Azirié)[58]. Ce chemin, que Jésus parcourut le jour des Rameaux, existe encore avec ce détour de la route où la ville sainte, cachée jusque-là, apparaît tout à coup[59]. Béthanie, au milieu des fermes et des villages, tout entourée de palmiers et comme dans les bois, était sur le versant qui regarde le Jourdain et la Mer Morte. C'est là que Jésus trouvait un peu de calme après les discussions du parvis des Gentils. Le contraste entre la capitale et le village était bien tranché ; Jérusalem, c'était la ville, la foule, la fatigue physique et morale, les disputes et la haine des Pharisiens, des Saducéens, de tous ceux qui voulaient la mort de Jésus. Béthanie, c'était la campagne, la solitude, le repos du corps et de l'âme, l'hospitalité de Marie, de Marthe, de Lazare, de ceux que Jésus aimait.
Béthanie était le premier village que l'on rencontrait sur la route de Jérusalem à Jéricho, et, à partir de cet endroit, le chemin n'offrait plus aucune sécurité ; aussi Jésus y a-t-il prononcé la parabole du bon Samaritain[60]. Cette histoire, placée là, était admirable de vérité et d'à-propos. Les prêtres et les lévites étaient souvent appelés à parcourir ce chemin ; nous savons, en effet, par les Talmuds[61] que, des vingt-quatre classes de prêtres et de lévites, plusieurs résidaient à Jéricho et il y avait une lutte constante de prééminence entre les prêtres de cette ville et ceux de Jérusalem. Quant au fait lui-même d'une attaque de brigands dans les massifs de montagnes qui séparent Béthanie du Jourdain, il se présentait sans cesse. En plein gouvernement romain, la police des grandes routes était fort mal faite, les Romains se reposaient sans doute sur les Juifs du soin de garder leurs chemins, et les Juifs, de leur côté, se reposaient sur les Romains. Les chemins n'étaient alors surveillés par personne, et saint Jérôme[§2] raconte que, de son temps, la route était infestée de hordes de brigands.
Avant de quitter les environs immédiats de Jérusalem, rappelons que Salomon avait fait construire trois grands réservoirs taillés dans le roc et placés l'un au-dessus de l'autre : on les appelait « les étangs de Salomon », et ils servaient à alimenter d'eau les jardins du roi qui étaient tout près. Ces jardins avaient disparu depuis longtemps et les réservoirs ne servaient plus à rien. Lorsque les Romains réduisirent la Judée en province, ils voulurent les utiliser, et Ponce-Pilate fit construire un aqueduc amenant leurs eaux à Jérusalem. Il prit l'argent nécessaire à cette construction dans le trésor du Temple. C'était l'argent sacré, le Corban, aussi les Juifs ne lui pardonnèrent-ils jamais[63]. Ce vol du Corban fut un des griefs sans nombre soulevés par l'administration de Pilate. Les « étangs de Salomon » subsistent encore, ainsi que l'aqueduc de Pilate. On les appelle étangs d'Ourtas et ils fournissent d'eau le Haram de Jérusalem.
A Jéricho, nous sommes au bord du Jourdain. Cette ville, au nord-est de Jérusalem, n'en était séparée que par une distance de vingt sept kilomètres environ, dix Parsa d'après les Talmuds[64]. Elle n'en était guère plus éloignée que Versailles de Paris. Elle était et elle est restée aujourd'hui un des plus ravissants endroits de la Syrie. Josèphe dit de cette ville comme de la Galilée : « C'est un pays divin[65]. » Nulle part les palmiers n'y étaient aussi beaux et aussi nombreux. Ils formaient une véritable forêt entourant la ville de tous côtés, sans parler des jardins et des cultures dont la richesse et l'abondance ont fait l'admiration de l'antiquité[66]. « La plaine de Jéricho est couverte de blés[67] ». Comme elle formait une tète de route, elle avait une douane importante. Aussi l'épisode de Zachée[68], s'y trouve-t-il très naturellement placé.
Le Jourdain y passe, encaissé entre les rochers nus. Toute sa vallée ainsi que la plaine de Jéricho ont le climat des tropiques, et la ville, placée très au dessous du niveau de la Méditerranée, jouit d'un printemps perpétuel[69]. Le froid des hauteurs qui l'environnent y est inconnu.
Si, en partant de Jéricho, nous descendons le Jourdain, nous arrivons à l'oasis d'En-Gaddi, qui est à treize lieues de Jérusalem, non loin de la Mer Morte, dans laquelle se jette le fleuve[70]. C'est là que demeuraient, au premier siècle, les solitaires esséniens, entièrement séparés du monde, véritables moines dans leurs couvents.
La Mer Morte, sur la rive occidentale de laquelle ils avaient bâti leur monastère, est immense, elle a dix-neuf lieues de long sur cinq de large[71], les Talmuds l'appellent « mer salée » ou « mer de Sodome ». Son eau a un goût détestable et sa pesanteur spécifique est telle que l'on peut fort bien s'y soutenir sans savoir nager[72]. « Jamais un homme ne s'est noyé dans la mer salée[73] ». Les poissons ne peuvent y vivre et on n'y trouve aucune plante aquatique. Le rivage cependant est parsemé de coquillages. Les Arabes de nos jours l'appellent le lac de Loth (Bakret Louth).
Remontons maintenant du côté de Jérusalem. A deux lieues de cette ville et à trois cents pieds au-dessus d'elle nous rencontrons le village de Bethléem. Jésus y est né d'après les Evangélistes Matthieu et Luc, et ce petit bourg a certainement conservé, comme celui de Nazareth, la physionomie qu'il avait au premier siècle. Bethléem forme, comme Jérusalem, une sorte de presqu'île tenant d'un côté aux montagnes qui l'entourent et inaccessible de tous les autres côtés. La porte regarde Jérusalem, c'est encore celle par laquelle entrèrent Joseph et Marie la veille de la naissance de Jésus. Le puits, certainement antique, est à côté, et c'est là que se passait toute la vie publique. Autour du puits et devant la porte était le forum, le foyer de la vie sociale. Chaque soir et chaque matin les habitants s'y rencontrent, les troupeaux y vont boire, conduits par les bergers[74], et les jeunes filles, la cruche sur l'épaule, viennent puiser l'eau dont on a besoin à la maison. Les voyageurs s'y arrêtent aussi, ils y dressent leurs tentes et y préparent leurs repas. Justin Martyr, écrivant dans la première moitié du second siècle, nous parle de « la grotte de la nativité ». L'Evangile, il est vrai, ne dit pas que Jésus soit né dans une grotte, mais les excavations de Bethléem servaient d'étables autrefois comme aujourd'hui et, sans croire nécessairement à l'authenticité de celle que l'on montre maintenant aux voyageurs en lui donnant le nom de « grotte de la nativité », il est fort possible que l'étable dans laquelle est né le Christ fût effectivement une grotte.
La dernière ville de Judée, mentionnée dans le Nouveau Testament[75], est Joppe (aujourd'hui Jaffa) (Jafo chez les anciens Hébreux). Les Israélites n'avaient point d'autre port ou plutôt d'autre ville maritime, car de port il n'y en avait point ; il ne peut pas y en avoir. Le rivage est pour ainsi dire inaccessible. Les bâtiments restent au large, on ne peut aborder qu'en canot. Jaffa rendit de grands services lors de la construction du Temple de Salomon. Les cèdres abattus sur le Liban y arrivaient sur des radeaux et de là étaient transportés à Jérusalem[76].
[1] « Incultes », on trouve cependant en quelques endroits des traces d'un système de culture en terrasses et le grand nombre de ruines, de villes et de villages supposent une certaine fécondité du sol.
[2] Genèse, XIV, 18.
[3] Beresch. Rabb., sect. 9.
[4] Moria, ou mosquée d'Omar sur notre plan.
[5] Babyl. Souhah, 51 b.
[6] Tacite, Hist., V, 11 : « Muri per artem obliquiautiatrorsus sinuati ».
[7] Ad. Atticum, II, 9.
[8] Contre Appion, 1, 22.
[9] Encycl. des Sciences relig. Art. Jérusalem et Collect. les Guides Joanne : l'Orient.
[10] Dans son ouvrage Die Zeit Christi.
[11] Relandi Palaestina, livre III, p. 855.
[12 II, 13.
[13] Nous acceptons comme authentique l'emplacement traditionnel du Calvaire et du Saint-Sépulcre. Cette opinion est générale aujourd'hui parmi les savants. Voir Voy. en Terre-Sainte, par F. Bovet.
[14] II Chron., XXXIII, 14.
[15] M. Walther, Etude historique de la topographie de Jérusalem, croit pouvoir la placer au Nord de la ville.
[16] Néhémie, XIII, 16. L'alimentation par le lac devait être rendue difficile par la distance, le Jourdain n'était pas navigable et le chemin par terre était d'une centaine de kilomètres, Il est probable que ce marché était alimenté aussi par Jaffa et d'autres points de la côte. Le fait qu'il était tenu par des Tyriens semble le prouver.
[17] Ou porte Stéphan, voir notre Plan.
[18] Voir Les Dates principales de la vie de Jésus, livre II, chapitre XV.
[19] C'était l'opinion de M. Saulcy. D'autres archéologues ne croient pas les restes de cette porte antérieurs à l'empereur Hadrien (117-138 ap. J.-C.)
[20] Ou porte Dorée, voir notre Plan.
[21] Sauf les portes du temple dont nous parlerons plus loin dans notre description de cet édifice.
[22] Psaume II, 6, etc.
[23] Voir sur notre Plan n° 16 : ancien pont.
[24] Michna Erubhin, ch. X hal. 9.
[25] Jos., D. B. J., V, 24.
[26] Mischna Erubhin, ch, X, hal. 9.
[27] Esdras, X, 9.
[28] Babyl., Baba, Metsia, 26 a.
[29] Babyl., Baba Kama, 82 b.
[30] Babyl., Baba Kama, 82 b.
[31] Babyl., Zebahim, 96 a.
[32] Jérémie, XXXVII, 21.
[33] Chagig, ch. I, hal. I. Voir aussi D. B. J. 1 V, 13.
[34] Jérus., Megillah, fol. 73 b. - 460 seulement d'après Jérus. Ketuboth, 35 b.
[35] Actes des Ap., VI, 9. Jérus. Sota, 21 b.
[36] Jos., D. B. J., V, 4, 3.
[37] L'emplacement du palais d'Hérode doit être marqué sur notre plan entre la rue de Sion et la tour Hippicus.
[38] D. B. J. I. 21.
[39] Ant. Jud., XV, 8, 1.
[40] Sur notre carte de la Palestine : Hérodion ou Mont des Francs.
[41] Jog., D. B. J., V, 5, 8. La tour Antonia doit être marquée sur notre plan à côté de la résidence du pacha de Jérusalem, n° 14.
[42] La tour Antonia communiquait aussi avec le Temple par une allée souterraine.
[43] Actes des Ap., ch. XXI, v. 34.
[44] D. B. J.. V. 30.
[45] Ev. de Luc XIII, 4. L'emplacement de Béthesda est controversé. L'opinion la plus répandue le place là où est aujourd'hui le Birket Israël ou dans le voisinage immédiat.
[46] Ce qui explique le passage 1 Rois, VI, 7, disant que les pierres étaient amenées toutes taillées et prêtes à être mises en place.
[47] Mentionnons aussi, au sud de la ville et du côté où la muraille était inaccessible, la profonde vallée de Gehinnom (Géhenne). On y jetait les immondices de Jérusalem qu'un feu perpétuel consumait lentement ; c'était un de ces espaces vides et désolés comme on en voit dans les environs des grandes villes. Elle avait une réputation détestable et son séjour était souvent cité comme l'image du feu éternel de l'enfer.
[48] Jérus. Taanith, IV, 8.
[49] Ant. Jud., XX, 8, 6.
[50] Babyl., Pesachim, 53 a et 63 b. Quelques archéologues placent au contraire Bethphagé près de Béthanie, se fondant principalement sur ce fait qu'il n'y a pas, à l'est de Jérusalem et entre le Cédron et la ville, la place d'un faubourg.
[51] Ev. de Matth., chap. XXIII, v. 27.
[52] Jérus., Taanith, IV, 8.
[53] Jérus., Taanith, fol. 69, 2.
[54] Ev. de Luc, II, 22, 23, 24.
[55] Voir notre chapitre IV, le Sanhédrin.
[56] Ev. de Jean, XVIII, v. 27.
[57] Talmud, Bava Kama, ch. VII. Les jardins étaient autrefois, ce qu'ils sont encore dans l'Orient moderne, un luxe très apprécié.
[58] Il nous est impossible de voir Béthanie dans le Beth Hini dont le Talmud de Jérusalem dit : « Les boutiques de Beth Hini furent détruites trois ans avant Jérusalem » (Jérus., Péah., 1, 3), car Beth Hini désigne ici les boutiques des fils de Hanan auprès des cèdres. Le Béthanie des Evangiles était plus éloigné de Jérusalem et de l'autre côté de la colline.
[59] C'est à ce détour de la route qu'il faut placer la scène rapportée, Ev. de Luc, XIX, 41 et suiv.
[60] Ev. de Luc, X, 30 et suiv. Si Jésus n'a pas prononcé cette parabole à Béthanie même, ce fut sans doute dans les environs immédiats, car il nous est dit aussitôt après qu'étant en voyage, « il entra dans un village et une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. » Ce village était donc Béthanie.
[61] Taanith, fol. 67 4.
[62] Ad. Jerem, III, 2.
[63] Voir le chapitre suivant, Ponce-Pilate.
[64] Babyl., Joma, 20 b.
[65] Jos.. D. B, J., IV, 8, 3 ; 1, 6, 6 ; 1, 18, 5 ; Ant. Jud., XV, 4, 2 ; IV, 6, 1 XIV, 4, 1.
[66] Eccl., XXIV, 18 ; Strabon, XVI, 2, 41.
[67] Mehhilta, sect. Beschalah, 1.
[68] Ev. de Luc, XIX, 1 et suiv.
[69] Cependant la chaleur peut y être très forte en été.
[70] En-Gaddi est exactement à 40 kilomètres de l'embouchure du Jourdain.
[71] Exactement 74 kilomètres de long sur 17 à 18 de large.
[72] Jos., D. B. J., IV, 8 ; Tacite, Hist., V, 6.
[73] Parole de Rabbi Dini citée Bab., Schabbath, 108 b. Elle est exacte. On peut se soutenir dans l'eau de la Mer Morte sans savoir nager, à cause de son extrême densité, mais le baigneur est contraint à un effort continuel pour maintenir sa tête hors de l'eau.
[74] Genèse, XXIV, 11.
[75] Actes des Apôtres, chap. IX, 36 et 43.
[76] II Chron., II, 16 ; Esdras, III, 7.