Lorsqu’un homme a besoin de retrouver les bases de la foi chrétienne, il est amené à regarder au passé, et à sonder les Évangiles et tout ce que les Écritures lui apprennent sur le Christ: Sa naissance, Ses actes, Ses paroles, Son amour, Ses souffrances, Sa mort et Sa résurrection.
En revanche, si les fondements de sa foi sont solides et s’il ne remet pas en cause ce qu’il croit être "un donné révélé", sa préoccupation essentielle de chrétien l’orientera vers la vie présente. Né de l’Esprit, l’amour de Dieu est dans son cœur et influence tout son comportement quotidien vis-à-vis de son prochain. Marchant par la foi, il est rendu conscient par le Saint-Esprit des tâches terrestres auxquelles sa vocation céleste l’appelle. Pour les accomplir, son secours lui vient de l’actuelle intercession du Christ glorifié, assis à la droite de Dieu.
Mais, tout en travaillant aujourd’hui au bonheur de l’homme, le disciple du Christ ne peut ignorer les événements prédits pour demain. C’est ici que prend place l’Espérance de la foi, qui le conduit à fixer ses yeux vers l’avenir, sur ce Jésus qui est venu et qui reviendra!
Dans son sens général, l’espérance est l’attente d’un bien qu’on désire.
Dans le langage de la Bible, ce terme est employé pour désigner le désir et l’attente des biens que Dieu nous a promis, Psaume 119.74.
L’Espérance occupe une grande place dans les Saintes Écritures. Elle est commune à l’Ancienne et à la Nouvelle Alliance. Cependant dans l’Ancien Testament, en dehors de la venue d’un Libérateur, l’espérance ne s’élevait pas beaucoup plus haut que l’attente des biens temporels, tandis que dans le Nouveau Testament, ceux-ci s’estompent pour faire place aux biens spirituels impérissables, source de tous les autres biens, Luc 12.31.
L’espérance néotestamentaire désigne le plus souvent le Retour de Christ, Tite 2.13, et tout ce que Son avènement apportera aux croyants et à la création tout entière, Romains 8.20-23.
L’espérance est un élément si essentiel à la vie chrétienne que ce terme est quelquefois substitué à celui de Foi, pour désigner l’ensemble des vérités du christianisme, parce que l’espérance renferme tout ce qui concerne notre salut, la réalisation totale du plan de Dieu à notre égard, 1 Pierre 3.15; Heb 10.23.
Si les espérances qui naissent dans ce monde sont éphémères et incertaines, parce que souvent mal fondées, l’espérance chrétienne est une glorieuse assurance qui s’appuie sur les promesses divines et qui équivaut par conséquent à la certitude de la foi.
L’espérance qui est tournée vers l’avenir ne pourrait être une certitude, si elle ne s’appuyait pas sur la foi qui, elle, regarde au passé et au présent, c’est-à-dire qui repose d’une part sur la Croix du calvaire et sur le tombeau vide, faits historiques, et sur le fait présent de la souveraineté invisible de Jésus-Christ assis à la droite de Dieu.
La foi rend certaines les choses qu’on espère et est, pour l’âme, la démonstration des choses qu’on ne voit pas, Heb 11.1.
L’espérance constitue avec la foi et la charité les bases essentielles de la vie du chrétien, les trois choses qui demeurent dans un monde où tout est vanité, 1 Corinthiens 13.13.
Sœur de la foi et de la charité, l’espérance ne peut en être séparée. On ne saurait l’isoler car, sans la foi, l’espérance n’a pas de fondement et, sans l’amour, elle est sans rayonnement.
De même ici-bas, la foi et la charité ne sauraient éliminer l’espérance, qui est la joie de la foi, ou, selon Calvin, "la persévérance de la foi", et la puissance de l’amour.
L’espérance est un casque qui orne et protège notre tête, 1 Thessaloniciens 5.8.
Elle est encore une ancre de notre âme, sûre et solide, qui pénètre jusqu’au dedans du voile, là où Jésus est entré pour nous en précurseur, Heb 6.18-20.
Elle est la porte qui nous fait sortir de nos difficultés les plus profondes, Os 2.17.
Par son principe, son objet et son motif, l’espérance est une vertu surnaturelle, une force spirituelle puissante.
L’espérance a sa source dans la grâce de Dieu. Elle est un don de Dieu, 2 Thessaloniciens 2.16. Elle fut placée dans le cœur de l’homme dès que celui-ci eut perdu par le péché la possession de ce que Dieu lui avait confié. Dès la chute, le Dieu Saint et Juste se manifeste à Adam et Ève comme le Dieu de l’espérance, Romains 15.13, faisant au couple pécheur une promesse de miséricorde. L’humanité ne serait pas pour toujours asservie à Satan, car la postérité de la femme, le Christ, né de la Vierge Marie, briserait son pouvoir, Gen 3.15. Tout l’Ancien Testament est orienté vers la réalisation de cette espérance. Les patriarches, Moïse, les juges, les rois et les prophètes vécurent dans cette attente. Quand enfin le Christ parut, Il fut pour ceux qui croyaient en Lui, le Centre de leur espérance, Luc 24.21.
Tout le Nouveau Testament nous prépare au Retour du Christ et à l’accomplissement littéral de tout ce qui a été prédit par les prophètes. Ainsi l’objet de l’espérance de la foi est avant tout une personne, le Christ, qui est la Vie éternelle.
L’espérance chrétienne n’est donc pas une conception vague de l’autre vie, accompagnée de la conviction philosophique que nous sommes destinés à une existence ultérieure. Elle n’est pas non plus cette aspiration innée à toute créature de secouer le joug de la servitude pour arriver à la liberté.
Elle est la certitude fondée sur les promesses divines que nous sommes appelés à la vie éternelle, que tout a été accompli pour cela, et que dès ici-bas, par Son Esprit, Dieu nous donne les arrhes de notre héritage, Eph 1.11-14.
L’espérance n’est donc pas opposée à une entière et paisible assurance, mais à la possession actuelle et complète du salut, Romains 8.24-25.
Loin d’être accompagnée de crainte et de souffrance, comme l’est toujours l’incertitude, l’espérance rend joyeux, car elle a pour motif les attributs de Dieu. Elle se fonde sur la puissance, la bonté et la fidélité d’un Dieu qui ne saurait mentir, Tite 1.1-2.
L’espérance couronne donc la foi qui demeure la condition unique du salut. Sans foi, pas d’espérance possible, Romains 4.13-22.
Jésus-Christ est venu et a tout accompli pour rendre possible l’œuvre de notre salut. Mais si la source du salut est dans la grâce de Dieu, il faut que par une foi vivante, l’homme reçoive le témoignage que Dieu a rendu au sujet de Son Fils. Alors le Saint-Esprit nous applique les résultats de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Cette œuvre du Saint-Esprit a pour début visible la conversion du pécheur et se poursuit quotidiennement par la mort à soi-même et par une vie de foi sans cesse renouvelée en Celui qui rendra Son œuvre parfaite en nous, lors de son avènement, Philippiens 1.6.
Comparée à la Loi de Moïse qui n’a rien amené à la perfection, la venue de Jésus-Christ a introduit dans ce monde une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu, Heb 7.19.
C’est une espérance qui ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné, Romains 5.5.
L’apôtre Paul désirait que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, donne aux chrétiens d’Éphèse, un esprit de sagesse, et de révélation dans Sa connaissance, et qu’Il illumine les yeux de leur cœur, pour qu’ils sachent quelle est l’espérance qui s’attache à Son appel.
Aux Colossiens, le même apôtre souligne que le mystère glorieux caché de tout temps et dans tous les âges, mais révélé maintenant à ses saints, c’est "Christ en nous, l’espérance de la gloire".
Aux Thessaloniciens, Paul dira que "Dieu nous a donné une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce".
À Tite, l’apôtre parlera de "la bienheureuse espérance et de la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ".
L’apôtre Pierre écrira dans sa première épître que "Dieu nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts". Aussi veut-il que ses lecteurs aient une entière espérance dans la grâce qui leur sera apportée, lorsque Jésus-Christ apparaîtra.
Si la possession de Dieu dans la béatitude éternelle est évidemment l’objet suprême de notre espérance, une question se pose. Comment allons-nous entrer dans cette béatitude?
Serait-ce par la mort? Impossible, puisque la mort ne fait pas partie de l’espérance chrétienne. Jamais l’Écriture ne nous fait voir la mort comme une espérance heureuse. Même vaincue, la mort reste le salaire du péché.
Serait-ce alors par la résurrection? Certes, la résurrection nous est présentée plusieurs fois dans les Actes des apôtres, comme l’espérance même d’Israël, espérance pour laquelle Paul fut mis en jugement, Actes 23.6; 24.15; 26.6; 28.20.
Mais la résurrection présuppose toujours la mort. Et c’est ici que nous arrivons au point capital de tout ce que nous développons dans ce livre.
L’espérance spécifiquement chrétienne, la bienheureuse espérance, l’espérance vivante, c’est le Retour de Jésus-Christ, tel qu’il nous est présenté dans les Écritures et spécialement dans le Nouveau Testament.
"Nous ne mourrons pas tous", s’écrie saint Paul, écrivant aux Corinthiens, "mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette", 1 Corinthiens 15.51-55. Aux Thessaloniciens, l’apôtre décrit cet événement avec plus de détails encore et affirme que les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, seront tous enlevés avec les morts en Christ, ressuscités, et s’en iront ensemble sur les nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, 1 Thessaloniciens 4.13-18.
Donc, la résurrection d’entre les morts, la première résurrection est un des actes qui accompagneront la venue de Jésus sur les nuées du ciel pour enlever auprès de Lui Son Église. Alors se réalisera la Parole que Jésus avait dite au tombeau de Lazare: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort: Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais", Jean 11.25-26.
"Nous ne mourrons pas tous"! L’espérance de la foi n’est pas la mort, mais la venue de Jésus comme Sauveur, "qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de Sa gloire, par le pouvoir qu’Il a de s’assujettir toutes choses", Philippiens 3.20-21.
Jésus revient d’abord pour les Siens qu’Il enlève auprès de Lui, afin de revenir avec eux pour établir Son règne en puissance et en gloire.
Nous n’allons pas considérer tous les événements qui forment l’eschatologie biblique. Mais nous disons simplement que nous croyons à l’accomplissement littéral de tout ce qui est écrit à ce sujet, et ceci, pour la bonne raison que les prophéties annonçant la première venue du Seigneur ont eu un accomplissement littéral, Luc 24.44. De quel droit pourrions-nous prétendre que les événements concernant le Retour du Christ devraient être l’objet d’une interprétation particulière? Ce serait se dresser ouvertement contre l’enseignement apostolique, 2 Pierre 1.20.
Nous croyons donc à la vocation distincte du peuple d’Israël dans le temps, en vue de l’accomplissement des desseins bienveillants de Dieu pour le monde entier. S’il n’en est pas ainsi, toute une partie de la Bible perd de son actualité, et son autorité réelle est compromise. D’autre part, en voulant à tout prix appliquer à l’Église ce qui concerne directement le peuple juif, le peuple témoin de la bonté et de la sévérité de Dieu, nous tombons dans la confusion et favorisons chez les chrétiens un antisémitisme intellectuel.
Si l’Église veut avoir un message clair à apporter au monde, une espérance vivante à présenter aux chrétiens, il est urgent que les théologiens et tous ceux qui prêchent au nom du Seigneur, reconsidèrent leur position à l’égard de l’évolution du monde, de l’Église et d’Israël.
Aucune vérité scripturaire ne peut stimuler autant le zèle pour l’évangélisation que l’attente actuelle du retour du Christ. L’Église primitive est la démonstration de notre affirmation. Il faut être prêt, non parce que la maladie ou la vieillesse sont là, et que la mort se fait menaçante, mais parce que Jésus vient bientôt, pour rendre à chacun selon ce qu’est son œuvre, Apocalypse 22.12.
Cette vérité a également un effet sanctifiant sur la vie des chrétiens. L’apôtre Jean affirme que "quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme Dieu Lui-même est pur".
C’est aussi par cet enseignement que l’apôtre Paul encourageait les croyants passant par le deuil. "Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles", écrivait-il aux Thessaloniciens.
À l’heure actuelle, rien ne saurait unir davantage les chrétiens que la pensée du prochain retour du Christ. Puisqu’Il revient et va ravir les Siens auprès de Lui, pour les amener là où Il est Lui-même, et les associer à Son règne glorieux, aimons-nous les uns les autres, et montrons au monde que, malgré nos divergences de vues sur des points secondaires, un même sentiment, un même amour, une même pensée nous poussent à marcher à la rencontre de Celui qui revient!
Si l’Église de Jésus-Christ ne croit plus au retour de Celui qu’elle prêche encore, et si au lieu de se préparer, elle croit pouvoir s’installer dans ce monde afin de régner sur la terre où son Maître fut crucifié, elle a perdu de vue sa vocation véritable et son témoignage est près de sa fin.
Parce que l’espérance de la foi n’est plus vivante chez beaucoup de chrétiens, leur vue spirituelle a baissé. Les vérités les plus claires et les plus élémentaires leur sont obscures. Les notions les plus précises leur sont devenues vagues. Il n’y a plus alors qu’un pas pour que le doute envahisse les cœurs. Le découragement et la dépression ravagent les âmes. Et, délaissant les conducteurs spirituels, les gens courent chez le psychiatre.
Pour avoir négligé l’espérance, pour l’avoir amoindrie ou dénaturée, l’Église et beaucoup de chrétiens sont tombés dans le sommeil spirituel et des foules de baptisés sont devenus athées ou agnostiques.
Que le Saint-Esprit qui souffle où il veut, réveille nos consciences et nos cœurs, afin que nous retrouvions l’espérance qui animait les saints de l’Église primitive, et que dans ce monde, tournant le dos aux idoles du présent siècle, nous servions le Dieu vivant et vrai en attendant des cieux Son Fils, qu’Il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir, 1 Thessaloniciens 1.9-10.
Alors nous ferons connaître parmi les païens du vingtième siècle, la glorieuse richesse de ce mystère "Christ en nous, l’espérance de la gloire"!