Afin de démontrer d'une manière encore plus éclatante que l'amour chrétien est le don suprême, l'apôtre Paul résume le magnifique éloge qu'il en fait par une considération digne de toute notre attention. C'est que ce bien est durable. « L'amour ne périt jamais ». Saint Paul passe en revue tout ce qui est tenu en plus haute estime parmi les hommes et mérite le plus de l'être, tout ce qu'ils regardent comme le moins sujet à disparaître, et il montre qu'il n'y a pas une seule de ces choses qui ne soit éphémère, sans stabilité, vouée à la destruction.
D'abord il parle des prophéties, qui sont ce qui touche de plus près à la foi : « Pour ce qui est des prophéties, elles seront abolies. » Il est vrai que les Saintes Écritures, « les oracles de Dieu, » en sont remplies ; toutefois, pour beaucoup d'entre elles, nous pouvons dire que, l'une après l'autre, elles ont été abolies. Elles avaient atteint le but pour lequel elles avaient été données. Ayant donc reçu leur accomplissement, elles n'ont eu plus rien à faire dans le monde, que de servir d'aliment à la foi et à la piété. Les années qui se suivent amèneront également l'accomplissement de celles qui restent jusqu'à ce que, dans la consommation des siècles, la prophétie elle-même aura cessé d'exister. Cependant, ces prophéties regardent pour la plupart celui qui était « le Désiré des nations, » celui qui, après de longs siècles de silence pendant lesquels l'Éternel avait cessé d'adresser la parole directement à son peuple par la bouche de ses serviteurs, est venu manifester aux hommes l'amour de leur Père céleste et mettre en évidence la vie et l'immortalité.
Néanmoins, saint Paul nous démontre que la prophétie, donnée dans un but déterminé, n'était que pour un temps et qu'elle n'avait pas et ne pouvait avoir de caractère durable. C'était pourtant une grande chose que d'être prophète ! Celui qui était ainsi chargé par le Tout-Puissant de porter son message aux hommes, d'être l'ambassadeur de Dieu, marchait sur la terre à l'égal des potentats les plus superbes, — que dis-je ? — il les dominait autant que le juge est élevé au-dessus du criminel traduit à sa barre. Aussi l'ambition de toutes les mères en Israël était-elle de voir leurs fils investis d'un pouvoir aussi envié. Cependant, saint Paul l'inscrit le premier parmi les choses qui sont appelées à disparaître. « Pour ce qui est des prophéties, elles seront abolies ».
Paul parle ensuite du don des langues, alors assez commun dans l'Eglise, et qui parait avoir duré pendant la plus grande partie du premier siècle. C'était là un privilège fort ambitionné parmi les chrétiens, mais l'apôtre en prédit la courte durée, « le don des langues cessera. » Or, nous le savons, bien des centaines d'années se sont écoulées depuis que la faculté de parler des langues étrangères sans les avoir péniblement apprises a cessé dans l'église chrétienne. Remarquez toutefois que le mot « don », se trouvant en lettres italiques dans nos versions, n'existe pas dans le texte original, et quoique ce soit certainement ce « don » que l'apôtre avait en vue, on peut, si vous voulez, laisser de côté ce sens littéral et limité, et prendre cette affirmation dans son application aux langues en général, même alors, quoiqu'il ne soit plus question d'une intervention miraculeuse de la puissance divine, le fait demeure vrai. « Les langues cesseront ».
Beaucoup d'entre elles ont déjà cessé. Pensez seulement à celle que saint Paul lui-même employait pour écrire ces mots. C'est le grec. Or, comme langue vivante, elle n'existe plus, celle qui porte de nos jours ce nom n'ayant que de lointains rapports avec la langue d'Homère, et cette autre langue, — le latin, — parlée presque partout dans le monde alors connu, qu'est-elle devenue ? Morte aussi, et depuis longtemps. Et la langue celtique, celle des fiers guerriers qui ont abaissé les aigles romaines et rançonné la ville elle-même qui se disait éternelle ? Elle n'est plus parlée que dans quelques coins reculés de ta terre, dans les montagnes d'Écosse, dans ces coins perdus de l'Irlande qui sont demeurés presque en dehors de la civilisation moderne, ou par les Bretons de France, qui sont parmi les plus incultes de ses paysans. Même là où elle existe encore, elle se meurt rapidement, et l'heure n'est pas éloignée où elle aussi elle appartiendra au passé. Mais il y a plus.
Notre langue française et la langue anglaise, telles qu'on les parle aujourd'hui, tout en portant le même nom, ont si peu de rapports avec les dialectes qu'on parlait autrefois, qu'il faut des études spéciales presque aussi difficiles que pour une langue étrangère pour se mettre à même de comprendre, je pourrais presque dire de traduire, la littérature des siècles antérieurs.
Mais l'apôtre dit une chose qui peut paraître encore plus étonnante : « La connaissance (autrement dit la science) sera anéantie. »
En effet, que sont devenues les connaissances, la science du temps de Paul ? L'élève d'une école primaire en sait plus aujourd'hui que les plus sages d'entre les anciens, et même, tellement vite vont les choses de nos jours, il est plus avancé que Newton, celui dont le magnifique génie a découvert la grande loi qui régit l'univers matériel, la gravitation des mondes. La vaste science de cette intelligence hors ligne a été dépassée. On peut dire qu'elle est disparue. Comme le journal d'hier qu'on jette au feu quand la connaissance des événements qu'il vous a apportée est du passé, vous pouvez acheter pour quelques sous les anciennes éditions des meilleures encyclopédies, car leur science a vieilli. Dans un autre ordre, d'idées, voyez comme la diligence a été remplacée par le chemin de fer, et comment l'emploi moderne de l'électricité a relégué dans l'oubli une multitude d'inventions presque contemporaines. Un homme d'une grande autorité scientifique, sir William Thompson disait dernièrement : « La machine à vapeur a fait son temps ! »
Vous ne sauriez visiter un atelier sans voir dans quelque coin ou sous quelque hangar un amas de vieilles ferrailles, des roues, des leviers, des manivelles, brisés et mangés de rouille. Ce sont les débris de machines qui, il n'y a peut-être pas vingt ans, étaient l'orgueil de la ville. On arrivait de loin pour voir fonctionner la belle invention, et maintenant c'est chose finie, on a trouvé mieux. De même, toute la science, toute la philosophie de ce siècle dont nous sommes si fiers, ne tardera pas à vieillir. Naguère vivait encore l'homme le plus éminent de l'université d'Edimbourg, sir James Simpson, celui qui a découvert le chloroforme. Eh bien, tout dernièrement, son neveu et successeur, le professeur Simpson, répondant au libraire de l'université, qui lui demandait de faire un choix entre les livres traitant de sujets de la spécialité de son oncle, afin de mettre de côté ceux qui étaient devenus inutiles, lui dit : « Vous pouvez laisser tout ce qui date de plus de dix ans ! » Cependant, comme vous le savez, il n'y a que peu d'années, sir James Simpson était regardé comme l'un des princes de la science médicale, on venait le consulter des endroits les plus reculés de la terre, et voilà que la presque totalité de la science de son temps se trouve vouée à l'oubli par la science d'aujourd'hui. Il en est de même pour toutes les autres branches des connaissances humaines. Maintenant « nous ne connaissons qu'imparfaitement..., nous voyons confusément, comme dans un miroir. »
Pouvez-vous indiquer quelque avantage dont la durée soit certaine ? Il y a bien des choses qui sont fort estimées dans le monde, et que Paul n'a seulement pas daigné mentionner. Il y a l'argent, la fortune, la renommée. Les biens qu'il indique sont ceux que les hommes les plus sages et les meilleurs de son temps regardaient comme les plus désirables, et il n'hésite pas à les écarter avec autorité. Paul ne dit rien contre ces choses en soi. Ce qu'il affirme, c'est qu'elles ne peuvent durer. Ce sont des biens magnifiques, mais non pas suprêmes. Il existe d'autres biens plus précieux, car ce que nous sommes, ce qui constitue notre être, est incontestablement supérieur à ce que nous faisons et à ce que nous possédons. Bien des choses que des hommes pieux ont traitées de péché sur l'autorité de textes de l'Évangile isolés ou mal compris, ne le sont pas réellement en soi, et ne le deviennent que lorsque nous leur donnons, dans notre vie, une place qui ne doit appartenir qu'au bien suprême ; mais toutes sont passagères, toutes sont de courte durée.
C'est là un argument souvent employé dans l'Écriture. Saint-Jean, en parlant du monde, ne dit pas que le monde soit synonyme du mal, mais il dit qu'il passe. Il y a, dans le monde, beaucoup de beauté et de charme, bien des choses magnifiques et attrayantes, mais tout cela est éphémère. Ce qui domine en lui, la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l'orgueil de la vie, ne subsiste que pour un peu de temps. Par conséquent, n'aimez pas le monde. Rien de ce qu'il contient ne vaut que la vie d'une âme immortelle lui soit sacrifiée. L'âme ne doit se donner qu'à ce qui est immortel comme elle. Or les seuls biens immortels sont ceux-ci : « maintenant ces trois choses demeurent, la foi, l'espérance et la charité ; mais la plus grande des trois est la charité. »
Certains chrétiens pensent que le moment viendra où la foi et l'espérance elles-mêmes devront disparaître ; la foi s'évanouirait devant l'évidence, et l'espérance devant la réalisation. Paul, à vrai dire, ne l'affirme pas. Nous savons peu de chose par rapport aux conditions de la vie future, mais une chose est certaine : c'est que l'amour doit durer. Dieu, le Dieu de l'éternité, est amour. Désirez alors ce don qui ne passera jamais, cette seule chose qui, certainement, existera toujours, cette unique richesse qui aura cours dans l'univers, alors que tout autre possession deviendra inutile et méprisable. Vous vous occupez de beaucoup de choses, préoccupez-vous tout d'abord de l'amour chrétien, mettez chaque chose à sa place. Que votre premier objectif dans la vie soit d'acquérir cette vertu que l'apôtre vous recommande avec tant d'insistance, vertu qui fut la vie même du Christ, et qui a sa source et sa raison d'être dans l'amour que notre Père céleste nous a témoigné en Jésus-Christ.
J'ai dit que l'amour est éternel par sa nature. N'avez-vous jamais remarqué que saint Jean associe constamment l'amour et la vie éternelle ?
Quand j'étais enfant, on me disait bien que « Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point. » On m'a fait comprendre que la confiance en Lui me procurerait la paix, le repos de l'âme, la joie, la sécurité, mais on a négligé d'insister sur ce point que la confiance, qui n'est autre chose que l'amour, ou qui du moins y conduit directement, est la source même de la vie éternelle. C'est ce que j'ai dû découvrir seul, et c'est là cependant ce que l'Évangile nous offre : la vie ! La vie déjà ici-bas, et la vie pendant l'éternité !
Ne présentons jamais aux hommes un Évangile diminué. À quoi servirait-il de leur offrir les meilleurs biens spirituels si vous ne leur dites que Jésus est venu leur apporter non seulement le salut, en tant que cela veut dire la délivrance de la condamnation, mais encore, mais surtout la vie, une vie plus large que celle qu'ils possèdent, une vie débordant d'amour qui les remplira de puissance et d'énergie pour alléger les souffrances de ce monde présent et travailler à l'oeuvre de sa rédemption ? C'est ainsi seulement que l'Évangile s'emparera de l'homme tout entier, corps, âme, esprit, donnant à chaque partie de notre être la nourriture et le développement qu'elle réclame.
Beaucoup d'entre ceux qui croient annoncer l'Évangile ne s'adressent qu'à un côté de la nature humaine. Ils offrent la paix mais non la vie, la foi mais non l'amour, la justification mais non la régénération. Or, de la religion ainsi comprise les hommes retombent facilement dans leur état premier, car cette religion-là n'aura jamais de véritable prise sur eux. Elle ne les enveloppera jamais tout entiers. Le cours de leur nouvelle vie n'est ni plus profond, ni plus plein de joie que celui de la vie qu'ils menaient auparavant, et la raison elle-même nous démontre qu'on ne combattra l'amour du monde qu'en y substituant un amour plus noble, plus élevé, plus puissant.
Aimer largement, c'est vivre largement, et aimer pour l'éternité, c'est vivre éternellement ; en sorte que la vie éternelle se trouve liée à l'amour d'une manière indissoluble. En réalité, nous voulons vivre éternellement, pour le même motif qui nous fait désirer de vivre demain. Et pourquoi désirez-vous vivre demain ? Parce que vous avez quelqu'un qui vous aime et que vous voulez revoir, auprès duquel vous désirez être et à qui vous voulez témoigner votre affection en retour de la sienne. C'est la seule raison pour laquelle la vie est désirable.
Aimer et être aimé, là seulement est le bonheur.
Malgré les afflictions et les souffrances, il est rare qu'un homme attente à ses jours tant qu'il se rend compte qu'il y a quelqu'un qui l'aime. Aussi longtemps qu'il aura des amis dont il se sentira aimé et qu'il aimera, il voudra vivre, car vivre, c'est aimer. Quand ce ne serait que l'amour d'un chien, cela suffira la plupart du temps pour réconcilier l'homme avec la vie ; mais que l'amour vienne à lui manquer, rien ne le retient plus ; sa vie n'a plus de but, et il se pourrait même qu'il meure de sa propre main. Il n'y a pas d'état qu'on puisse concevoir plus misérable que celui d'un homme qui vivrait et vieillirait seul, sans affections, sans un être pour l'aimer. Vivre dans de telles conditions et arriver ainsi à la fin de sa carrière, ce serait, dans toute la force du terme, être perdu ; aussi la vie éternelle, est-ce connaître Dieu, le Dieu qui est amour. Réfléchissez aux paroles que le Christ lui-même nous adresse : « C'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent, toi qui es le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que tu as envoyé. » Donc, comme nous l'avons vu, l'amour doit forcément être éternel, puisque c'est l'essence même du Dieu éternel, et ainsi, en dernière analyse, aimer, c'est vivre ! L'amour ne périt jamais ni la vie non plus, tant que nous continuons à aimer. Voilà la philosophie que Paul nous enseigne, et voilà aussi pourquoi, par sa nature même, l'amour est la chose suprême, car il doit durer, car il est la vie, la vie à jamais.
Je n'ai plus que quelques mots à ajouter, et c'est pour demander combien de mes lecteurs voudraient se joindre à moi pour lire une fois par semaine, pendant trois mois, le chapitre que nous venons de méditer. Un homme de ma connaissance a consenti à faire cela, et toute sa vie en a été changée. Voulez-vous en faire autant ? C'est peu de chose, pour acquérir ce qu'il y a de plus grand au monde. Vous feriez encore mieux peut-être, en commençant, de le lire une fois par jour, surtout les versets qui se rapportent spécialement aux qualités morales de la nature parfaite : « La charité est patiente ; elle est pleine de bonté ; elle n'est point envieuse ; elle ne s'enfle point d'orgueil, » et les deux versets suivants.
Faites entrer ces vertus dans votre vie, et vous ferez là une oeuvre qui durera pendant toute l'éternité. La chose en vaut la peine ; elle mérite qu'on y consacre son temps et ses efforts. Ce n'est pas en dormant qu'on peut devenir saint, et pour y réussir, pour remplir les conditions requises, il faut donner une certaine part de son temps à la prière et à la méditation, justement comme, pour obtenir un progrès quelconque soit sous le rapport physique, soit sous le rapport intellectuel, il faut du travail et du soin. Que le but principal de votre vie soit d'acquérir cette chose seule nécessaire. Coûte que coûte, faites en sorte d'échanger votre égoïsme contre la nature divine. En jetant un regard en arrière, vous reconnaîtrez bien que les heures qui ont laissé dans votre vie les traces les plus profondes, les plus lumineuses, les moments où vous avez vraiment vécu, sont ceux où vos actions ont été dictées par un esprit d'amour. Ces moments bénis, vous les verrez resplendir bien au-dessus de tous les souvenirs que vous avez gardés des plaisirs transitoires de la terre. Ce sera peut-être quelque acte de bonté envers ceux qui vous entourent, acte ignoré de tous et se rapportant même à des choses trop triviales pour qu'on en parle ; et cependant, vous le sentez bien, ce sont ces choses-là qui constituent ce qu'il y a de meilleur dans votre existence.
Il m'a été donné de voir presque toutes les beautés de la création ; j'ai joui de presque tous les plaisirs que le Seigneur, dans sa bonté infinie, a offert à ses créatures, et cependant, quand je songe au passé, je vois se profiler clairement, bien au-dessus de toutes ces joies, quelque légitimes qu'elles aient pu être, quatre ou cinq petites expériences où l'amour de Dieu s'est trouvé reflété, en une faible lueur, dans certaines actions peu importantes de ma vie de tous les jours, et celles-là me semblent les seules choses qui vaillent la peine qu'on en garde le souvenir. Tout le reste n'est que vanité ; toute autre chose n'est qu'illusion ; seuls les actes d'amour, ignorés de tous et que les hommes ignoreront toujours, ne disparaissent jamais.
Dans l'évangile selon saint Matthieu, où le jour du jugement dernier nous est dépeint sous l'image du Juge suprême assis sur son trône et séparant les brebis d'avec les boucs, la pierre de touche qui révèle le caractère des hommes n'est pas ce qu'ils ont cru, mais comment ils ont aimé. Aussi quand viendra ce jour grand et redoutable, les preuves qui nous seront demandées de la sincérité de notre religion, ce ne seront pas des paroles, mais des actes d'amour. Il ne sera même pas question de ce que nous aurons cru mais de la façon dont nous aurons accompli les petites charités ordinaires de la vie. Il est même à remarquer que, dans l'effrayant acte d'accusation dressé contre les condamnés, il n'est pas question de péchés commis. Nous serons jugés non d'après ce que nous aurons fait, niais d'après ce que nous aurons négligé de faire. Il ne pouvait en être autrement ; car ne pas savoir aimer, c'est renier l'esprit de Christ ; c'est la preuve que nous ne l'avons jamais connu, que pour nous, il a vécu en vain et qu'il est mort en vain. Cela prouverait qu'il n'a été pour rien dans toutes nos pensées : qu'il n'a inspiré aucune de nos actions ; que nous ne nous sommes pas une seule fois approchés assez près de lui pour avoir été saisis par le doux charme de sa compassion envers les hommes. Cela justifierait, en un mot, la parole du poète
De vivre pour moi seul jusqu'ici j'ai tenté,
Isolé sur la terre,
Comme si mon Sauveur ne fût jamais monté
Sur la croix du Calvaire.
C'est devant le Fils de l'homme que les nations seront assemblées ; c'est en présence de l'humanité que nous serons jugés. La vue seule de ces solennelles assises suffira sans qu'une parole soit prononcée pour que chacun se rende compte du verdict qui l'attend. Ils seront là, ceux que nous aurons rencontrés sur cette terre et que nous aurons aidés et soulagés. Mais elle y sera aussi, la multitude de ceux pour qui nous aurons été sans pitié, de ceux que nous aurons négligés ou méprisés. Il n'y sera besoin d'aucun autre témoignage, aucune accusation ne s'élèvera contre nous, sinon celle d'avoir manqué d'amour. Ne vous y trompez pas, les paroles que chacun de nous entendra un jour ne se rapporteront pas à la théologie, mais à la vie, ne regarderont ni les diverses églises, ni le fait d'en être membre. Il ne sera question que des pauvres et des misérables. Ces paroles ne viseront ni des formules, ni des doctrines, mais des actes de miséricorde envers ceux qui étaient nus et sans abri. Il n'y est pas même question de la Bible elle-même, encore moins d'aucun formulaire de prières, mais d'un verre d'eau froide donné au nom du Seigneur !
Béni soit Dieu ! on commence à mieux percevoir cette vérité et à mieux comprendre combien le christianisme réel s'adapte aux besoins de l'humanité. Vivez de manière à aider le mouvement qui se fait dans cette direction. Béni soit Dieu ! les hommes pieux de notre temps commencent à voir plus clairement en quoi consiste la vraie religion, je veux dire à mieux réaliser la beauté transcendante de cet enseignement divin, « Dieu est amour ! » à mieux se rendre compte que le Seigneur Jésus est venu, non seulement pour sauver les âmes, mais aussi pour nous offrir un exemple et nous montrer la puissance active de l'amour. Or, ce divin Sauveur, dont le saint nom a été invoqué sur nous qui nous appelons chrétiens, qu'a-t-il fait, et qui était-il ? Celui qui nourrissait ceux qui avaient faim, qui venait au secours de toutes les souffrances, de toutes les infirmités, de toutes les misères. Et où faut-il le chercher ? Il nous le dit : « Quiconque reçoit un enfant en mon nom, il me reçoit. » Finalement, qui sont ceux qui sont à Christ ? « Quiconque aime les autres est né de Dieu et il connaît Dieu. »