Le Chemin du Service

Chapitre 3

La personne du pêcheur

L’équipement spirituel du pêcheur comprend quatre caractéristiques vitales.

1. La pêche doit être sa passion. Le Maître Pêcheur a dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que Je les amène » (Jean 10.16). Que de fois j’ai été arrêté par ce « il faut que ». Chaque mot de ce texte vibre dans mon cœur. Ces autres brebis qui n’ont rien, qui ne savent rien …, celles qui n’ont jamais eu l’occasion d’entrer, ces gens du monde, ces membres d’une humanité blessée … il faut que Je les amène. Lecteurs, on ne peut rien faire sans cette passion de Dieu dans le cœur. Sans elle, toutes vos paroles, vos œuvres et votre activité sont des cymbales retentissantes, de l’airain qui résonne. Le spectacle que nous, chrétiens, offrons au monde est affreux. Quelle froideur glaciale, quel formalisme de cimetière, quel manque terrible de réalité ! L’Eglise a perdu sa passion pour le monde. C’est pourquoi il est écrit : « Tu as abandonné ton premier amour … J’ôterai ton chandelier de sa place … Je Me tiens à la porte » (Apocalypse 2.4, 5 ; 3.20). C’est Lui qui est cette passion. A Gethsémané, Il la manifeste, à Golgotha, Il la consomme, à la Pentecôte, Il nous la communique.

Pêcheurs, sans cette passion, vous ne pouvez pas pêcher les hommes. Ce n’est pas une jouissance, c’est une souffrance ; ce n’est pas de l’enthousiasme, c’est une agonie. Je ne puis vous la communiquer ni vous l’expliquer, mais Il le peut et Il le veut. Voulez-vous recevoir ce don de Lui ? Ecoutez les paroles du Maître à ces mêmes pêcheurs : « Il est vrai que vous boirez la coupe que Je dois boire et que vous serez baptisés du baptême dont Je dois être baptisé » (Marc 10.39).

C’est ainsi que se crée cette passion, c’est à ce prix qu’elle se communique. Pour pouvoir pêcher efficacement, il faut Sa passion brûlant en nous. Sans elle, même notre orthodoxie est comme Lazare qui « sentait mauvais ». Qu’Il nous sauve de notre intellectualisme orthodoxe ! Tout est dans la tête, au bout de la langue, mais le cœur est vide, sans flamme, sans passion !

2. La puissance du pêcheur. Ecoutez ce grand pêcheur d’hommes, le plus grand évangéliste de tous les temps : « Nous cherchons à convaincre les hommes … L’amour de Christ nous presse » (2 Corinthiens 5.11, 14). Ce merveilleux amour de Dieu dont nous ne connaissons qu’à peine le bord, voilà la puissance du pêcheur. De nos jours, on parle beaucoup de l’amour les uns pour les autres. On parle moins de l’amour que nous devons avoir pour Dieu, et encore moins de Son merveilleux amour pour nous. C’est par là qu’il faut commencer notre ministère : être remplis de l’amour de Dieu qui surpasse toute connaissance.

Dans Luc 5, puis dans Jean 21, il est question de pêches miraculeuses. La première fois, il nous est dit que le filet se rompit, tandis que, dans le deuxième cas, le filet a tenu. La première pêche eut lieu avant la résurrection, la seconde après ! C’est ce qui fait toute la différence. De quel côté de la résurrection travaillez-vous ?

Je vous ai parlé du large, de la vision d’océan, ce vaste océan des besoins humains propre à écraser et à effrayer tout pêcheur. Mais c’est ici qu’intervient le Maître Pêcheur. Il nous envoie pêcher en pleine eau, mais pas avec nos propres forces, sans quoi le filet, la ligne, se romprait. Il met à notre disposition toute Sa puissance, toutes Ses grâces. A condition que nous nous mettions sans réserve à Son service, cette puissance nous envahira, nous remplira, l’amour de Dieu sera répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit, et il y aura une pêche miraculeuse.

Il vaut la peine de vous arrêter ici pour vous mettre devant Dieu jusqu’à ce que Sa grâce et Son amour vous aient pénétré comme la rosée, afin que tout ce que vous êtes et tout ce que vous avez, soit rempli de Lui, car Il est amour. Il vous aidera à en payer le prix, car il y a un prix à payer pour avoir cette puissance.

3. La patience du pêcheur. Ne vous hâtez pas. Patientez avec les poissons. Jacques dit : « Le laboureur attend le précieux fruit de la terre avec patience » (Jacques 5.7). Il faut savoir attendre avec patience. Un des attributs de Dieu, c’est Sa longue patience. N’acceptez jamais un refus ; ne vous laissez jamais décourager. Quand on pêche, que d’heures d’attente ! Puis, au moment où on est prêt à abandonner, le premier poisson mord, suivi de plusieurs autres.

Vous qui êtes sur le point de désespérer, qui pensez à rentrer vos lignes, sachez que vous êtes sur le point de prendre cette âme pour laquelle vous avez attendu si longtemps. Mon frère, ma sœur, attendez avec patience, non pas dans la passivité, mais dans la persévérance et dans la puissance de Sa passion. Dieu exauce la prière.

Je me rappelle un incident de pêche sur un lac d’Ecosse. Nous ramions en traînant derrière nous une ligne à amorce tournante. Je regardais quelquefois si un poisson était pris, mais peu à peu, je perdis patience et nous continuâmes à ramer. En arrivant au bord, et en ramenant la ligne, je découvris une magnifique truite morte qui, en effet, avait mordu et avait été traînée tout ce temps. Manque de patience ! Que de cas, que de poissons perdus faute d’avoir eu cette patience de Dieu.

4. La sanctification du pêcheur. Ici, nous avons affaire avec le péché dans toute sa profondeur et sa réalité. Nous avons demandé à Dieu de nous envoyer en plein océan, de nous amener les « Grecs », ceux qui ne sont pas religieux du tout. Il le fera à condition que cette parole de Paul à Timothée soit une réalité pour nous : « Quiconque prononce le Nom du Seigneur, qu’il s’éloigne de l’iniquité » (2 Timothée 2.19). Jude précise pour les pêcheurs : « Reprenez les uns, ceux qui contestent ; sauvez-en d’autres en les arrachant du feu » … ceci concerne la passion du pêcheur pour son ministère « … haïssant jusqu’au vêtement souillé par la chair… », cela, c’est la haine du péché !

Oh ! combien ce point est important. Tout péché en vous donne prise à Satan et c’est un point de contact charnel avec l’âme pécheresse que vous désirez gagner à Christ. Le péché paralyse, estropie le pêcheur, arrête et contriste le Saint-Esprit. Ne pêchez pas si, consciemment, vous péchez. Ces deux mots sont presque homonymes, mais de fait, ils sont aux deux pôles.

N’oubliez pas non plus, pêcheurs d’hommes, que si tout est paix dans les étangs d’agrément, au large, il y a les grandes tempêtes et les dangers de l’abîme. Voilà ce que signifie la parole de Paul : « Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Timothée 3.12). Vous serez mal compris ; les enfants qui jouent près des étangs vous critiqueront ; on vous haïra même et on vous fera toute sorte de mal et de méchancetés. Mais ces persécutions sont une de ces choses qui concourent à votre bien, car cela vous poussera toujours plus loin du rivage, en pleine mer. Pêcheurs, vous êtes à l’école et dans la même barque que le divin Pêcheur. « Il suffit au disciple d’être traité comme son Maître, et au serviteur comme son Seigneur », dit Jésus à ces mêmes pêcheurs (Matthieu 10.25). Cela nécessite une mesure d’obéissance à Dieu jusqu’ici ignorée de vous. Telles sont les exigences de la vie de pêche en pleine mer. Elle vaut mille fois la peine. Oui, la vie sur l’océan demande une consécration tout autre que l’existence au bord des étangs d’agrément. Que Dieu nous donne de vivre des vies sanctifiées, que notre vie parle plus haut que nos paroles … sanctification du pêcheur !

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant