L’histoire de la Bible

L’ORIGINE DU MOT BIBLE

3. MOÏSE RÉDIGE LE PENTATEUQUE

« L’Eternel dit à Moïse : Ecris cela dans le livre, pour que le souvenir s’en conserve » 1

1 Exode 17.14.

Dj’baal, antique port du Liban, situé au nord de Tripoli. L’attention du visiteur est retenue par les ruines des forteresses datant de l’époque des Croisés. Mais en s’approchant, il découvre aussi un amphithéâtre romain, des colonnades rappelant la domination grecque, et des vestiges de civilisations plus anciennes encore. Diverses époques de l’histoire s’y sont donné rendez-vous. C’est aussi l’antique Guebal, métropole des Phéniciens aux temps bibliques, mentionnée à diverses reprises dans l’Ancien Testament 2.

2 Psaume 83.8 : Ezéchiel 27.9.

Au deuxième millénaire, les Phéniciens étaient maîtres du commerce maritime. Leurs navires sillonnaient la Méditerranée et ralliaient en particulier les ports égyptiens. Or, la terre des pharaons avait été le berceau d’une importante découverte qui remontait à la plus haute antiquité : l’écorce d’une plante aquatique, le papyrus, pouvait être utilisée comme matériel d’écriture ; on la détachait en rubans de 6 ou 7 cm. de largeur sur 30 à 40 cm. de longueur : on les cousait bout à bout, constituant ainsi des rouleaux atteignant 7 à 8 m. Après diverses préparations, les scribes égyptiens y écrivaient, colonne après colonne, leurs textes hiéroglyphiques.



Papyrus sur les rives du Nil.

En leur qualité de commerçants, les Phéniciens étaient à l’affût de toute nouvelle source de gain ; ils s’intéressèrent donc à cette marchandise et l’importèrent. Les papyrus étaient fragiles ; en séchant, ils devenaient cassants ce qui rendait peu à peu illisibles les textes qui y étaient inscrits. Les techniciens de l’époque voulurent remédier à cette lacune en les imbibant d’huiles. Les résultats furent si convaincants que bien vite les Phéniciens se spécialisèrent dans l’art de préparer les papyrus. Guebal, située à proximité de vastes oliveraies et surtout des célèbres forêts de cèdres du Liban, était l’endroit rêvé pour récolter les huiles nécessaires et installer cette industrie. Les navires phéniciens accostaient au port avec leur cargaison, puis en repartaient dans toutes les directions, chargés des fameux rouleaux dûment traités ; le papyrus était alors proposé à tous les peuples civilisés.

Ancêtre lointaine de nos papeteries modernes, cette industrie, première en son genre, fit la célébrité de Guebal, au point que, quelques siècles plus tard, les Grecs la rebaptisèrent Byblos, terme dérivé de biblion qui signifie livre.

Singulier, biblion ; pluriel, biblia. Maintenant nous y sommes ! Lorsque Dieu appela!les écrivains sacrés à transcrire Sa Révélation destinée à tous les hommes, les rouleaux de-papyrus traités à Byblos s’ajoutèrent les uns aux autres, constituant progressivement une collection d’écrits ; on-les-considéra alors avec le respect qu’ils méritent, les désignant de Biblia — ensemble de livres, ou tout simplement « les livres » — pour les différencier des textes profanes et des narrations littéraires de l’époque. Ce terme fut si bien consacré par l’usage qu’il survécut à l’antiquité.



Un papyrus admirablement conservé (Bibliothèque du Vatican).

Par le truchement du latin (Biblia), il passa du grec aux langues modernes (Bible, Biblia, Bibel, Bijbel, etc.), définissant ainsi de façon permanente l’Ecriture sainte dans son caractère particulier : collection d’écrits sacrés ou, par extension, bibliothèque de 66 livres réunis en un volume.

Mais n’anticipons pas. Revenons au 15e siècle précédant l’ère chrétienne. Moïse, le premier instrument que Dieu choisit pour la transcription de Sa révélation, se trouve dans la péninsule du Sinaï, paissant les troupeaux de Jéthro, son beau-père. Brillant en toutes les disciplines scientifiques faisant le renom de l’Egypte 3, il vient encore d’être initié à l’écriture alphabétique. Dieu ne l’appellera cependant pas à une existence sédentaire ; il devra retourner en Egypte, puis en faire sortir ses compatriotes qui, durant 40 ans, voyageront dans le désert avant d’entrer dans le pays promis. Or, Dieu voudra que toute la vie spirituelle du peuple d’Israël dépende de Sa Parole écrite. Si toutes les ordonnances lévitiques communiquées à Moïse dans le désert avaient dû être gravées sur des tablettes d’argile, Israël aurait dû disposer de nombreux véhicules pour les transporter, et la douzaine de chars utilisés par les Lévites pour le déplacement du tabernacle n’y auraient pas suffi.

3 Actes 7.22.



Rephidim. C’est l’une de ces montagnes que Moïse intercéda en faveur d’Israël, lors de la bataille contre Amalek.

Mais Moïse est aussi au bénéfice de la découverte conjointe des Egyptiens et des Phéniciens en matériel d’écriture. Comme l’emploi du papyrus est en train de se généraliser, son utilisation par Moïse ne fait aucun doute, d’autant plus que nous lisons dans l’Exode, dès après la bataille contre Amalek :

« L’Eternel dit à Moïse : Ecris cela dans le livre, pour que le souvenir s’en conserve. » 4

4 Exode 17.14.

Pas un livre, ni n’importe quel livre. Mais le ou les rouleaux du livre, où Moïse avait déjà rédigé, sous l’impulsion du Saint-Esprit, le texte correspondant aux 66 premiers chapitres de notre Bible : la Genèse et le début de l’Exode… Israël se battait dans les plaines de Rephidim, pendant que l’Auteur divin poursuivait ce qu’il avait précédemment entrepris : la communication de Sa sainte Parole, sous forme d’un livre accessible à tous.

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