— Nous diriez-vous quelques-unes des difficultés que connaît toute vie d’époux ? Quelle est, selon vous, la difficulté majeure, autrement dit la première à surmonter ?
— Ma réponse pourrait étonner. Je crois que la vraie difficulté, chez tous les époux, tient au fait qu’ils ne sa- vent pas, d’emblée, prendre la place que Dieu leur assigne à chacun, c’est-à-dire aussi l’un par rapport à l’autre. Il faut le souligner d’autant plus fortement que le monde moderne et son évolution pousserait à chaque instant l’homme et la femme à quitter cette place que Dieu leur a attribuée.
— Voulez-vous nous expliquer cela ?
— Il est clairement dit à l’homme qu’il est le chef de la femme et qu’il doit l’aimer à la manière de Christ en se donnant pour elle. Cet ordre n’est pas à bien plaire. Il doit trouver son accomplissement, même dans les détails les plus intimes de notre vie d’époux. Il n’y a nulle gêne, ici, à dire ces choses. L’homme est véritablement le chef de la femme et l’aime selon Dieu lorsque, dans l’acte d’amour déjà, il se donne en vue de sa joie à elle. C’est ce que tant d’hommes oublient qui ne recherchent dans la communion physique qu’un plaisir tout personnel, dans l’ignorance de leur vraie vocation d’époux. Lors de la création, cette vocation était on ne peut mieux définie : Dieu n’avait en vue que le bonheur, que la joie de sa créature.
Ainsi, sur le plan de l’amour, il est demandé à l’homme de s’oublier lui-même afin de vouloir d’abord la joie physique de son épouse, cette joie que Dieu a inscrite dans sa chair de femme, mais qu’il appartient à l’homme de lui révéler. Cette joie ainsi donnée et révélée unit l’épouse d’une manière unique à son époux. Lorsque cette joie de l’amour physique est transposée sur le plan de la vie de tous les jours, c’est-à-dire, lorsque l’époux répond à sa vocation de chef, non pour dominer sa femme, mais pour la réjouir, alors il a réellement pris la place que Dieu lui assignait au foyer. Il est vraiment le chef. Liée à un tel mari, aucune épouse sensée ne redoutera cette autorité mise au service de son bonheur. Il faut ajouter que, dans ce bonheur ainsi donné, l’homme se trouve comblé à son tour. Car il n’est pas difficile de comprendre que si l’homme révèle à sa femme la joie physique de l’amour, il est comblé en retour. Et cela reste vrai sur les autres plans de leur vie d’époux. Quand un homme, au foyer, prend véritablement ses responsabilités de chef, non pour dominer mais pour apporter le bonheur aux autres, il y trouve le sien en retour.
— A l’appui de vos dires, on pourrait remarquer qu’il est dans la nature de la femme de chercher un appui dans l’homme. Une femme ne souffrira jamais d’avoir en son époux quelqu’un qui prend, avec elle et pour elle, ses responsabilités. Tandis qu’elle aura à souffrir de ne pas trouver cet appui, ce sens de la responsabilité, cette autorité aimante, chez son mari.
— C’est bien là ce qui fait la souffrance de tant de femmes d’aujourd’hui. Le mari n’est pas un chef — entendons ce mot dans le sens où nous l’avons défini — et il se décharge sur sa femme de presque toutes les responsabilités. Il vit à côté d’elle, en égoïste quand ce n’est pas en antagoniste. Les conséquences en sont très graves pour lui-même, pour son épouse et pour ses enfants. Car l’anarchie dans laquelle vivent tant d’enfants d’aujourd’hui est à chercher précisément dans l’absence d’autorité exercée par le chef de famille. Comment l’homme pourrait-il attendre d’eux le respect dû à son autorité alors qu’il ne l’exerce pas, la laisse à sa femme, ou encore ne l’exerce qu’occasionnellement, souvent sous forme de tyrannie ? Les répercussions de cet état de choses se découvrent jusque dans la vie sociale où l’anarchie établie oblige la société à rechercher un remède dans la tyrannie des lois et de ceux qui les dictent. On a beau jeu, après ça, d’incriminer les autres. On dit communément, lorsque quelque chose ne va pas : Cherchez la femme. Ce slogan a été certainement inventé par les hommes. A la vérité, il faudrait dire plutôt : Cherchez l’homme. Car, bien avant la femme, c’est lui qui n’a pas su prendre sa place, la garder, y exercer avec amour son autorité, sa responsabilité.
— Mais la femme n’aurait-elle pas aussi à en prendre sa part ?
— Certes ! La faillite de l’autorité masculine ne saurait à elle seule expliquer la misère de beaucoup de femmes. Elles aussi avaient une place à tenir, qui était d’être “‘à leur mari comme au Seigneur”, c’est-à-dire, selon l’expression du livre de la Genèse, d’être une aide pour leur époux. La place donnée par Dieu à la femme était une place d’humilité, mais aussi de responsabilité, semblable à celle de l’Eglise vis-à-vis du Christ. Hélas ! Innombrables aujourd’hui sont les femmes qui refusent cette place, parce qu’elles veulent paraître, être admirées, être adulées. L’érotisme est à la ‘‘une” de l’actualité, une actualité organisée pour la mise en évidence de la femme, de ses charmes, de son corps, sans cesse offert, habillé ou déshabillé pour la provocation du regard de l’homme. Et la femme s’y dégrade. Et la femme y consent. Par ailleurs, s’il est vrai que l’égalité de l’homme et de la femme est prônée par l’Ecriture, la parole divine n’exhorte pas pour autant la femme à ressembler à l’homme, à l’imiter jusque dans ses pires défauts. et à refuser son autorité. En d’innombrables domaines, elle se plaît à supplanter l’homme, à lui ravir cette autorité. Or, la tyrannie féminine n’est pas de meilleur aloi que la tyrannie masculine ; loin de là. Il y a des hommes qui en souffrent. Il y a de grands fils et des belles-filles qui savent quelque chose de la tyrannie de leur mère et belle-mère. Et les groupements sociaux ou ecclésiastiques où la femme commande, ne sont pas nécessairement ceux où se manifeste le plus d’amour.
— Mais alors, selon vous, quel devrait être le vrai rôle de la femme ?
— La Parole de Dieu le dit clairement : qu’elle soit une collaboratrice pour l’homme, pour son mari en particulier. Cette aide revêt plusieurs formes.
La femme est douée d’une sensibilité exquise. Elle a des dons d’intuition, une perception des choses et des gens qui complète très heureusement la connaissance que l’homme acquiert surtout par ses facultés d’observation et de raisonnement. En lui apportant la richesse de ses dons nuancés, elle peut aider l’homme à prendre ses responsabilités en meilleure connaissance de cause.
Entraîné par la suffisance de son savoir et la prétention de sa logique, l’homme discerne mal les pièges de son intelligence. La femme a du cœur ; elle aurait à aider l’homme à connaître les limites de son savoir intellectuel, à découvrir une réalité qui, pour n’être point saisissable par la seule intelligence, n’en existe pas moins.
Prenons une image. Dans notre corps, l’œil est un merveilleux moyen de connaissance. C’est la particulière sensibilité de l’organe de la vue qui amena le Créateur à cacher l’œil bien à l’abri derrière l’ossature du visage. Privé de la vue, un homme est singulièrement diminué, alors que, doué d’une vue excellente, il bénéficie d’une grande liberté de mouvements. Appliquons cette image au rôle de la femme. Sa sensibilité, sa faculté intuitive est un merveilleux apport dans la vie du couple. Mais ce même couple est particulièrement en danger quand la femme sort de sa place cachée. Elle fait courir au foyer le danger qui menacerait un homme dont les yeux ne seraient plus abrités, mais littéralement exorbités.
— Si je vous comprends bien, l’anarchie morale et spirituelle dans laquelle nous vivons, les difficultés de nombreux foyers sur le plan des relations entre époux, entre parents et enfants et entre familles, tiendraient pour une bonne part à ce refus des époux de rester à leur place respective et d’exercer là, mutuellement, leur vrai ministère ?
— Je ne saurais dire mieux. Mais je soulignerai encore l’importance de ce partage des responsabilités dans l’éducation des enfants. Ils sont les premiers à souffrir de l’anarchie au foyer. Dieu avait voulu pour eux un père et une mère. C’est pourquoi il a lié l’enfantement au mariage et non pas à l’état de célibat. Car, privé de l’un ou de l’autre des conjoints, l’enfant pâtit. Or, je ne vous apprends rien en disant que la démission de l’homme comme responsable du foyer — cette responsabilité étant rejetée sur les épaules de sa femme — a pour corollaire la démission du père. On ne compte plus aujourd’hui le nombre d’enfants élevés par leur mère seulement, le mari n’étant là que pour apporter la paie et s’aider à la dépenser. Ce triste état de choses a des conséquences lointaines. L’autorité d’une mère ne remplacera jamais celle du père. Il faut appeler les faits par leur nom. Si tant de jeunes filles peuvent admettre d’être aimées par des hommes mariés, c’est inconsciemment qu’il leur a manqué la tendresse d’un père. Autre vérité combien cruelle : si tant de jeunes gens à l’âge de la puberté se fourvoient dans l’homosexualité, c’est qu’il leur a manqué pendant toute leur enfance la tendresse d’un père. On prend à tort ce qu’on n’a pas reçu de droit.
— Diriez-vous la même chose à l’égard des enfants orphelins de père ?
— Pas du tout ! Si je ne craignais pas d’être mal compris, je dirais même au contraire. En effet, un père décédé qui était un père aimé, reste présent au foyer. Il est en tout cas plus présent qu’un père déserteur. Du défunt, on pourrait dire que, “bien que mort, il parle encore”. Et, dans la mesure où la veuve non remariée saura lui garder sa place, ravivant sans cesse son souvenir dans la mémoire des enfants, il exercera sur eux une réelle autorité.
— Beaucoup de femmes ne demanderaient pas mieux que d’avoir un mari conscient de ses responsabilités d’époux et de père. Mais vous admettez qu’elles ne trouvent pas toujours cet appui chez leur mari. En ce cas, quelle doit être leur attitude ?
— Cette question est importante, et en pratique trouve souvent de fausses réponses. Beaucoup de femmes s’imaginent que la démission de l’homme en tant que chef du foyer leur donne liberté de prendre sa place. On ne corrige pas un mal par un autre mal. Quand une femme prend la direction du foyer à la place de son mari, elle ajoute un mal à celui qui existait déjà. C’est pourquoi la Parole de Dieu recommande à la femme dont l’époux ne serait pas un chef, de lui demeurer quand même soumise. Elle le fera sans reproche ni amertume. Au contraire, gardant envers lui un esprit doux et paisible — premier et indispensable témoignage de sa foi — elle sera une aide en lui rappelant sans cesse qu’il est, lui, le chef, et que sa seule possibilité d’épouse n’est pas de prendre sa place, mais de l’aider à tenir la sienne. Cela signifie aussi que, devant les enfants, elle ne se permettra jamais de le critiquer. Elle s’attachera, dans la charité du Christ, à leur faire aimer leur père ; elle leur apprendra à lui obéir. Et si, sur un point ou un autre, elle se trouvait en désaccord avec son mari, ce n’est pas devant les enfants qu’elle le contredira, mais dans un tête à tête, en l’absence des enfants.
— Notre entretien d’aujourd’hui a donné à la psychologie une place dominante ; n’avons-nous pas oublié de nous référer à la Parole de Dieu elle-même ?
— Y a-t-il lieu d’opposer la sagesse fruit d’une saine psychologie à la sagesse de l’Esprit Saint révélée dans l’Ecriture ? Ne demandons-nous pas souvent au psychologue ou au psychiatre ce que le Seigneur donne, gratuitement, à quiconque prend au sérieux ce qu’il dit dans sa Parole ? Pour ma part, je ne connais pas de meilleur psychologue ou de meilleur psychiatre que le Seigneur Jésus-Christ. Si donc vous avez découvert cela dans l’entretien d’aujourd’hui, j’aimerais ajouter que, pour n’en avoir pas nécessairement cité ou lu de grands passages, la Parole biblique était au centre de notre discussion. Vous pouvez le constater vous-mêmes si, prenant une Bible, vous lisez les passages suivants : Genèse, chapitre 2, verset 18 ; l’épître aux Ephésiens, chapitre 5, versets 21-33 ; enfin la première épître de Pierre, chapitre 3, versets 1-7.