Chrétien à plein temps à pleine part

Chapitre 4
Ils persévéraient dans la communion fraternelle

Peut-être connaissez-vous cette phrase célèbre de Billy Graham : « … et quand j’aurais trouvé une Eglise conforme à ce que j’en attends, j’espérerais simplement qu’elle soit assez indulgente pour m’accepter dans sa communion ! ».

La nécessité de l’Eglise locale, de la communauté, échappe à nombre de croyants qui se cantonnent dans une vie spirituelle exclusivement personnelle. Cette tendance trop répandue a inspiré au pasteur J.-P. Perrin cette amusante comparaison du Trombone solitaire (1).

(1) Tiré de « Dossier Dieu », Ed. Librairie de l’Ale.

« Vous n’êtes pas tout seul au monde, encore moins dans le peuple de Dieu. Vous n’êtes pas une plante de serre que Dieu cultive à part, sur une étagère. N’avez-vous jamais pensé à la joie d’être ensemble, à la nécessité de tout laisser et de mettre un moment à part pour Dieu, de se compromettre en allant personnellement à l’église, de se recueillir, de chanter et de prier avec des frères ? N’avez-vous jamais compris comme tout cela prend du poids et de la valeur quand on est deux ou trois à le faire ensemble, au nom du Seigneur, et dans un lieu où tout nous aide à le faire le mieux possible ? C’est vous, n’est-ce pas, qui faites partie de « L’Harmonie » ou de « La Baguette » ? Mais oui, je m’en souviens, vous jouez du trombone. Alors, dites, que penseriez-vous d’un tromboniste qui raisonnerait comme vous ?

» Moi, je joue du trombone pour moi… J’ai tellement de plaisir à souffler tout seul dans mon instrument et à réussir mes pom, pom, pom… Je ne vois pas du tout ce que j’irais faire dans une société…

» C’est bien joli de jouer du trombone en solitaire, c’est même nécessaire de temps en temps, mais ce serait vite lassant si vous n’aviez pas le plaisir de retrouver d’autres voix de la fanfare et de former un ensemble où chacun a sa place et sa raison d’être ; alors seulement le trombone est mis en valeur et prend de l’allure.

» Cher Monsieur, un Chrétien ne peut pas se contenter d’une piété personnelle, pas plus qu’un trombone n’est fait pour « tromboner » tout seul ! »

LA VIE COMMUNAUTAIRE NÉCESSAIRE

1. De même qu’un enfant nouveau-né ne saurait subsister sans famille, un chrétien né de l’Esprit ne saurait croître normalement sans être joint à une église locale. Selon le mot de Moody : « Un tison enflammé s’éteint s’il est sorti du brasier ». Mais il est juste d’ajouter aussi qu’un chrétien né dans le feu de l’Esprit souffrira de la fumée que dégagent certaines paroisses ou communautés moribondes ! Qu’il cherche donc — même si c’est long et difficile — à y ranimer la flamme !

2. Ce qui fait et renouvelle la communion fraternelle, c’est la présence du Christ vivant et l’amour fraternel qu’il suscite. Lui absent, nous ne sommes plus la communauté chrétienne, mais une société religieuse, une amicale, un club, une coterie, un ghetto. C’est notre communion personnelle avec le Christ qui rend possible la communion fraternelle. D’où l’importance de l’exhortation apostolique : « Examinez-vous vous-mêmes pour savoir si vous êtes dans la foi » (2 Corinthiens 13.5).

3. Le culte est la principale expression — mais non la seule — de cette communion fraternelle. Il faut admettre que la forme et le contenu de nos cultes dominicaux perdent de leur valeur dans la mesure où l’on y « assiste » au lieu d’y « prendre part », Il faut admettre que cette participation au culte de certaines églises ou communautés est rendue difficile lorsque le déroulement de ce culte, — son contenu aussi — ont pour seul responsable : le pasteur. Le culte est l’affaire de toute la communauté ; « tous » chantent, louent, s’humilient, intercèdent, écoutent, et tour à tour ont liberté de s’exprimer. Pourvu que cela se fasse dans l’ordre. Ci ou là quelques timides essais sont faits pour rendre tel le culte communautaire. Toutefois, la prédication (enseignement) est de la responsabilité du ou des ministres qui en ont reçu vocation et devront en rendre compte (Jacques 38.1). En marge de cette constatation, il faut noter ce malentendu qui est fréquent : la qualité primordiale d’un prédicateur n’est pas d’être un « orateur », mais un prédicateur fidèle de la Parole de Dieu.

L’ÉGLISE : UNE FAMILLE

4. Ceci nous permet d’ajouter que la communion fraternelle s’incarne aussi dans les multiples rencontres occasionnelles et circonstanciées des membres d’une communauté. Elles ont leur importance, car elles sont la sauvegarde de la vie équilibrée et saine de ses membres et de la communauté elle-même. Par elles, nous sommes :

a) Gardés de l’illuminisme (que ce soit celui d’une interprétation par trop personnelle de l’Ecriture, que ce soit celui d’une « vie dans l’Esprit » par trop individualiste).

b) Fortifiés, encouragés, soutenus dans nos épreuves et dans nos combats. La communion fraternelle devient le lieu de notre réflexion, le centre de notre équipement et de notre réapprovisionnement. Celui-ci peut-être spirituel, moral, mais aussi matériel. La communauté de biens aurait à retrouver là plusieurs modes d’expressions.

c) Entraînés dans le chemin de la sanctification. Car vivre ensemble ne va pas sans humilité, esprit de support, patience, charité.

d) Appelés à un témoignage dont le monde a besoin pour croire, et qu’il s’attend légitimement à trouver. La vie en société a pour conséquences l’incompréhension, l’incompatibilité, l’énervement, la jalousie, l’envie, l’opposition, les querelles, les divorces, la haine, ou alors la complicité, l’entraînement mutuel au mal, l’association dans la vulgarité ou même l’obscénité, le club des ambitieux complotant l’élimination des gêneurs, etc. Dans ce contexte d’une humanité déchue, le support mutuel, l’affection fraternelle, la compréhension réciproque, le soutien et la mise en valeur des autres, l’amour du prochain, sont autant de témoignages impressifs rendus au Christ vivant.

L’ÉGLISE : UN PORT D’ESCALE

5. La moisson est grande. Elle blanchit déjà… dit le Christ. La communion fraternelle à quelques-uns n’aura de « vertu » (puissance) que si elle nous aide à découvrir comment nous pourrions mieux gagner les autres à Christ. Il faut se garder de l’obsession du nombre. La vérité n’est pas plus liée à la notion de « grande église » qu’à la notion « d’église de maison ». Elle est dans l’amour, fruit de l’Esprit qui nous joint aux autres et nous fait agir solidairement à eux.

6. Nous avons tous reçu, avec la vie de l’Esprit, des dons à utiliser pour l’enrichissement de tous, et à la gloire de Dieu. Ce serait de la fausse humilité que de ne pas les reconnaître et une faute de les laisser en friche. Discernez dans quel secteur de la vie communautaire vous avez à être ouvrier avec Dieu.

Textes bibliques

Actes 2.47 ; 4.32-35 ; Romains 16.1-5 ; 1 Corinthiens 12 ; Ephésiens 2.13-22.

QUESTIONS INDISCRÈTES

Sauriez-vous dire pourquoi vous recommanderiez ces activités communautaires :

Savez-vous par cœur quelques cantiques ?

Quelles objections feriez-vous à un voisin qui justifie son absence au culte par l’argument : « J’écoute le culte à la radio, à la TV » ?

Si lors du culte, votre église vous offre de vous exprimer par la prière ou par un témoignage, avez-vous liberté de prendre la parole ? Si non, pourquoi ?

Connaissez-vous des chrétiens de votre immeuble, de votre quartier ? Les avez-vous invités à votre foyer ? De quoi avez-vous parlé ?

Vous êtes-vous préoccupé de vos voisins apparemment indifférents ? Avez-vous cherché à engager un dialogue avec eux au sujet de la foi ?

Dans quelle branche d’activités, enfance, jeunesse, visites aux malades, aux vieillards, visite d’accueil, diaconie, mission, évangélisation, êtes-vous militant (e) ?

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