Médecines parallèles : oui ou non ?

III
Quelle “énergie” ?

Précisons d’emblée que nous opérons une claire distinction entre l’énergie physiologique ou encore biochimique (caractéristiques de la vie) et l’énergie cosmique. Alors, une première question ressort de l’information que nous proposait le chapitre précédent. Y a-t-il réellement une “énergie cosmique” ou bien la référence à cette “énergie” est-elle une fiction ?

La réponse est claire, même si elle nous oblige à poser encore d’autres questions importantes : Il y a énergie !

Elle est démontrée par ses effets. Il faudrait être de mauvaise foi pour les nier. L’acupuncteur guérit. Le sophrologue agit. Les performances des yogis sont démontrées. Les prédictions des astrologues ne sont pas simplement dues au hasard. Et ce serait s’illusionner volontairement que de ranger à l’enseigne de l’imaginaire les performances de la Méditation Transcendantale.

Osons le dire aussitôt : Les résultats incontestablement obtenus ne sont pas pour autant la garantie de l’explication qu’on nous en donne. Et nous sommes d’autant mieux autorisés à la contester que cette explication n’a aucun des caractères d’une démonstration dite scientifique.

Dans tout ce que nous avons lu, c’est toujours par comparaison que cette énergie nous est présentée. Elle est dite vibratoire, telles les ondes de la lumière ou du son. Comme ces dernières, elle aurait de basses ou de hautes fréquences, de grandes ou de faibles amplitudes ; elle opérerait dans un espace limité appelé champ. Mais on nous avoue en même temps que cette énergie ne peut être ni maîtrisée, ni condensée, ni contenue, ni mesurée.

La lumière ou le son font partie du monde physique, sont régis par des lois connues permettant leur utilisation assurée. Or, on nous apprend que cette énergie cosmique transcende le monde physique. Ce qui fait dire à D. Clabaïine, non sans humour : “Il s’agit, en réalité, d’une sorte d’hyper-physique : un système mi-métaphysique… mi-scientifique, l’autre “mi” touchant aux principes souverains mais cachés du monde matériel !”

En d’autres termes : dans ce type d’expériences, le scientifique qui refuse de franchir la frontière séparant la physique de… cette métaphysique reste devant une totale inconnue. Et notre information objective aboutit à ce constat peu satisfaisant : Quand on interroge les tenants de ces médecines parallèles sur le bienfondé scientifique de leurs explications, ils ont la loyauté ou la prudence de répondre qu’en vérité il leur échappe encore. Mais, c’est là l’exception ! Car dans la règle la pertinence de leurs propos consiste surtout à habiller d’un vocabulaire pseudo-scientifique ce qu’ils tentent de faire reconnaître pour une science.

Une remarque complémentaire peut être faite ici : Si l’on reconnaît que ce type d’énergie échappe à la maîtrise réelle ou au contrôle strict de son utilisateur, on doit admettre, ipso facto, que ses effets ne sauraient être entièrement ni maîtrisés, ni contrôlés. Cela nous paraît inquiétant ! La science elle-même, qui se veut maître des causes et des effets, a de singuliers méfaits à son actif ! Voir certains désastres écologiques actuels. En opposant aux médecines parallèles la vérité scientifique, nous ne faisons pas pour autant l’apologie de cette dernière. Elle procède, elle aussi, d’une certaine vision du monde, non nécessairement chrétienne. De plus, ce qui n’est pas reconnu scientifique aujourd’hui pourrait l’être demain ; ce qui n’est pas explicable aujourd’hui pourrait l’être demain.

Ainsi sommes-nous devant une seconde importante question. Quel crédit pouvons-nous accorder à la métaphysique, à sa recherche visant à éclairer notre connaissance et notre compréhension du “vécu” de toutes 1 les pratiques ici en cause ?

1 Nous découvrirons plus loin que si certaines d’entre ces “médecines” disent ouvertement leur recours à la métaphysique, d’autres s’en défendent. Nous aurons alors à examiner la teneur “scientifique” de leurs explications.

L’information transmise par le chapitre précédent nous l’a déjà appris : Tout en se réclamant de principes dits scientifiques — encore que de nombreux praticiens soient sans connaissance réelle en ce domaine et soient, de ce fait, plus pragmatistes qu’hommes de sciences — l’origine et la nature de cette énergie sont communément expliquées par les données des religions orientales. Elles sont diverses dans leur expression. Cependant, une étude comparative les ramène toutes à un Dieu qui serait la somme de tout ce qui existe, ce Dieu étant tenu par la majorité d’entre elles pour un Absolu impersonnel. D’où la démarche maintenant connue par l’information qui précède : retrouver la santé physique, psychique et spirituelle, garder son équilibre, éviter l’accident, triompher de la mort et même du risque d’une réincarnation, c’est prendre rang sans plus attendre dans un destin dont le nec plus ultra est de rejoindre l’état divin dont je suis une émanation. Car ma substance humaine, momentanément fixée à ma personne et au monde dans lequel je vis, n’est qu’une apparence. A preuve, dit-on, le caractère limité, mesuré, momentané, fini, de toutes les manifestations de mon être. Ma vraie destinée serait l’Illimité, le Non Mesuré, le Permanent et l’Infini, donc l’éternité de mon Etre. Ce qui revient à dire : moins je serai “moi”, plus je hâterai ma fusion avec le grand Moi Divin, ou encore mon retour ou mon ascension vers l’Absolu, le Un, l’Essence divine et créatrice, Dieu lui-même.

Le vocabulaire par lequel s’exprime cette métaphysique emprunte, en Orient, d’autres mots ou d’autres démarches. Cependant l’intention et la finalité des expériences proposées restent les mêmes. On est un “dieu” qui doit redevenir Dieu.

Nous parlons du vocabulaire. Celui communément utilisé par les médecines parallèles pourrait intriguer ou même immédiatement séduire. En effet, le chrétien prête volontiers attention à toute démarche qui l’oriente vers une autre forme d’existence. La transcendance, la connaissance, le retour à Dieu, la guérison, le repos, le moi à combattre, la dévotion religieuse, la méditation, l’homme nouveau, l’état d’âme, la “conscientisation”, la réalisation de sa destinée, les miracles, l’Esprit, voilà plus qu’il n’en faut pour laisser entendre à quiconque, tant soit peu “christianisé” ou traditionnellement “églisé”, que nous sommes en pays de connaissances, en terre d’amis. Ces “religieux” ne nous disent-ils pas qu’ils sont adorateurs de Dieu, que notre Occident est malade de matérialisme, que nous aurions à retrouver la part de l’Esprit que nous avons effectivement perdue ?

La charité n’étant pas soupçonneuse (mais est-ce manquer à la charité que de discerner entre les vessies et les lanternes ?), les “christianisés” en grand nombre adoptent ou même recommandent l’une ou l’autre de ces pratiques. En vérité, ils restent parfois intrigués. Ils se posent des questions. Dans le doute, certains s’abstiennent ou alors opèrent un choix en soi arbitraire.

C’est ainsi qu’ils redoutent l’acupuncture, mais admettent la réflexologie. Ils rient de la méthode Coué, ont peur de l’hypnose, mais prônent les vertus de la sophrologie. Ils suspectent l’homéopathie, mais suivent sans l’ombre d’une hésitation un cours de yoga. Dans ce dernier cas, ils sont quelquefois encouragés par le fait que ce cours est donné dans des locaux paroissiaux ! Ou bien — et c’est une attitude également répandue — par ignorance ou par suite d’une fausse information, ils tiennent pour diaboliques toutes les formes d’intervention ou de guérison se réclamant d’une autre source que celle de la médecine officielle et son recours à la pharmacopée médicamenteuse.

Avouons-le : ce simplisme est aussi mal venu que le crédit naïf évoqué plus haut. D’une part, si “diablerie” il y a — nous y reviendrons plus loin — l’intoxication due à l’absorption surabondante de remèdes allopathiques — une des formes actuelles de la toxicomanie — ne pourrait-elle pas aussi être attribuée au diable ? Par ailleurs, cette hégémonie accordée au diable, sitôt franchie la limite du rationnel, non seulement est sans fondement biblique mais contribue regrettablement à laisser entendre que les chrétiens sont ignares, calfeutrés ou barricadés dans leurs idées bornées et préconçues.

Il nous faut donc revenir à la deuxième question posée et, cette fois, interroger non pas les philosophes ou les religions orientales, mais la sagesse du Christ. En précisant d’emblée que nous ne l’écoutons pas comme un complément aux autres sagesses évoquées, encore moins comme un perfectionnement ou une quintessence de ces dernières, car ce serait une grave falsification de la vérité évangélique. Jésus, le Messie, n’est pas à mettre au rang des “initiés” au sens usuel de ce terme. Non, il n’est pas — avant Mahomet ou Monsieur Maharischi, ou à côté de Confucius, de Bouddha ou de Zoroastre — un connaisseur des secrets de l’invisible ou de l’irrationnel, un fondateur de religion ou l’une des manifestations d’un Dieu à la fois unique et multiple.

Citons les premiers mots de l’apôtre Jean : “Aux origines, avant que rien n’existât, le Fils, expression de Dieu, était. Il était face à face avec Dieu, étant lui-même Dieu. De toute éternité donc, il était là, face à face avec Dieu. Tout ce qui existe a été créé par lui. Le monde a été créé par lui et pourtant le monde ne l’a pas reconnu… Expression de Dieu, il s’est incarné, il est devenu homme et a vécu parmi nous… Personne n’a jamais vu Dieu, mais quelqu’un nous l’a révélé : le Fils unique, qui est lui-même Dieu et qui vit dans l’intimité du Père…” (Jean 1 ; version A. Kuen).

Nous ne parlons donc plus de “religion” et de volonté de l’homme religieux de parvenir jusqu’à Dieu, voire de lui ressembler. L’apôtre Paul était fils d’Israël, peuple unique appelé par Dieu à être historiquement et dès Abraham le serviteur par qui Dieu se fait connaître. S’adressant aux Athéniens 2 et par eux à toutes les nations, Paul leur explique que les religions, louables dans leurs efforts et respectables dans leurs intentions, participent d’un aveuglement généralisé. En conséquence, toutes tâtonnent et s’égarent dans leurs recherches. Les gens religieux ne se trompent pas en croyant que Dieu est à l’origine de leur existence et qu’ils lui doivent tout ce qu’ils ont en partage. Mais au-delà de cette juste conviction, tout ce qu’ils imaginent, toutes leurs spéculations métaphysiques et leurs pratiques contribuent à leur égarement. A preuve, cette pensée commune aux religions : Dieu est l’animateur de tout l’univers comme je suis l’animateur de tout mon être. En bonne logique, cela revient à dire que tout ce qui existe dans cet univers est une partie ou une expression de Dieu. Toucher ma main, c’est me toucher. Donc me toucher, c’est toucher Dieu car je suis un être divin dans mon origine…

2 Actes 17.29-31.

Cette confusion entre le Créateur et la création est refusée par la révélation chrétienne. Ajoutons que ce refus porte sur un autre point fondamental. Les religions font de Dieu celui qui se situe au-delà du Bien et du Mal. Or, disent-elles, ces notions morales ne sont qu’apparence, dissipée dès l’instant où nous nous élevons jusqu’à la pensée de Dieu. Ce que nous considérons comme un mal ou un bien ne recevrait plus de notre part ces qualifications si nous savions mieux ce que Dieu sait. Car, en Dieu, il y a l’être et la vie dans ses diverses manifestations, et aucune d’elles n’est mauvaise en soi.

Cette conception panthéiste s’oppose fondamentalement à la révélation chrétienne, liée au judaïsme. 3

3 Elle s’oppose aussi à l’Islam si on tient compte du fait que Mahomet, six siècles après Jésus-Christ, reconnaissait une certaine valeur à l’Ancien et au Nouveau Testament qu’il accommoda et transforma selon sa propre inspiration.

Soulignons-le ici avec force : Toute la sagesse des religions laisse l’homme sans réponse et sans moyens devant l’esclavage du mal et de la mort. D’où l’intervention divine, salutaire et universelle dont l’histoire d’Israël et de Jésus le Messie, sont la révélation. Sans elle, nous serions à toujours ignorants et affligés, dans une existence plus riche de questions que de réponses. Dans l’Ecriture sainte, dans l’Evangile en particulier, nous trouvons tout ce qui est nécessaire à notre réconciliation avec Dieu et avec sa création, tout ce qui est nécessaire aussi à notre vie selon Dieu et notre marche selon sa volonté. Par Jésus-Christ — sa Parole, sa vie, son œuvre, sa mort et sa résurrection, sa souveraineté dans le ciel et sur la terre — les questions fondamentales de l’existence présente et à venir de l’homme trouvent leur réponse. Au niveau de l’entendement, certes ! Mais l’homme n’est pas que pensée et raisonnement. Par l’Evangile, le cœur, l’esprit, la conscience, le corps, notre relation avec la création et avec les créatures, leur devenir et le nôtre, trouvent enfin leur véritable sens, leur juste perspective, leur heureux aboutissement. Cette connaissance parfaite et exaltante n’a pas encore atteint la plénitude de sa mesure. Mais la part actuelle qui nous est assurée et renouvelée suffit à notre paisible attente de la totalité à venir.

En rapport avec ce qui précède et avec l’interrogation laissée sans réponse, il nous faut dire maintenant ce que l’Evangile de Jésus-Christ nous permet de connaître quant au cosmos et à l’énergie qui y est active, également quant à l’homme et à sa dépendance de cette énergie.

Afin qu’on ne nous prête pas une conception “dualiste” du monde, conception attribuant l’existence de toute chose et de tout événement à l’action de deux puissances égales et opposées l’une à l’autre, nous soulignons préalablement ce qui suit :

Nous croyons, selon l’Ecriture, que Dieu est l’auteur d’une création originellement bonne, “très bonne” même (selon le premier chapitre de la Genèse), c’est-à-dire conforme au dessein que Dieu lui assignait en l’appelant à l’existence. Dans la destinée de tout être et de toute chose, le bien est donc la conformité à la volonté du Créateur, tandis que le mal est :

  1. la perversion de cette volonté,
  2. le refus de cette volonté et son remplacement par une volonté autonome conduisant à un mauvais usage des choses bonnes laissées à notre libre disposition.

Remarque importante : L’intelligence ou la connaissance des choses, le fait de vivre et de vouloir, appartiennent à notre condition humaine arrêtée par Dieu. L’égarement n’est jamais dans le vouloir ou le connaître ou le vivre : il est dans un vouloir ou un connaître ou un vivre qui ne tiennent plus compte de la volonté du Créateur, qui ne reçoivent plus de lui sagesse et directives pour que le bien arrive.

Le mal est donc essentiellement une existence qui ignore Dieu, sa volonté et son dessein ; c’est aussi une connaissance, une manière d’être et de faire sans l’accord du Créateur.

On peut reprendre ici l’enseignement clair et simple de C.S. Lewis : “Un des traits qui m’a surpris quand, pour la première fois, j’ai lu sérieusement le Nouveau Testament fut qu’à maintes reprises il parlait d’une puissance des ténèbres agissant dans l’univers. Un esprit mauvais d’où émanaient la mort, la maladie et le péché. Le christianisme affirme, et c’est là son originalité, que cette puissance des ténèbres fut créée par Dieu, qu’elle était bonne lors de sa création mais qu’elle s’est dévoyée. Le christianisme reconnaît avec le dualisme que la lutte sévit dans cet univers. Mais il ne croit pas que c’est une guerre entre puissances indépendantes. Il estime que c’est une guerre civile, une rébellion et que nous vivons dans une partie de l’univers occupée par l’adversaire.” 4

4 “Voilà pourquoi je suis chrétien” Ed. Ligue pour la lecture de la Bible, p. 58.

En effet, la création tout entière, tombée aux mains de cet adversaire, souffre de ce dévoiement. Mais quand nous disons création, il faut entendre non seulement la terre et tout ce qu’elle renferme, non seulement l’espace et ce que l’astronomie y reconnaît, mais aussi tout ce que la révélation scripturaire nous en dit.

Ce n’est pas ici le lieu d’épiloguer sur l’ensemble de ces données. Par contre, il faut entendre ce qu’elles nous apprennent en rapport avec notre sujet.

Le monde visible ne constitue qu’une partie de la création. La partie invisible, “céleste”, échappe à notre connaissance scientifique mais laisse percevoir quelques-unes de ses manifestations. Quand les hommes cherchent à les expliquer, ils font trois hypothèses :

  1. Celle du matérialisme, pour qui l’énergie, encore inexplicable quant à son origine, reste d’ordre électrique, chimique, thermique, mécanique, etc.
  2. Celle d’un animisme, matérialiste lui aussi, ramenant tous les phénomènes, y compris celui de la pensée, à un principe universel et immortel encore inexpliqué quant à son origine. Les trois mots de Virgile: mens agitat molem = l’esprit anime la matière, en seraient l’expression.
  3. Celle des religions qui font de Dieu tantôt un Principe impersonnel — le Un, le Tout, l’Absolu, l’Incréé, etc. — tantôt une Ame pensante, une Intelligence supérieure, grâce à laquelle nous avons nous-mêmes de la connaissance. Cette Intelligence “crée l’univers mentalement par le même procédé que l’homme crée des images mentales”. Elle est manifeste dans la création visible, par la puissance de sa vitalité et selon diverses modalités d’expression : le magnétisme cosmique, le magnétisme humain, le prana lié à la respiration, les subtiles vibrations ordonnatrices du yoga, le fluide dans la main du guérisseur, etc.

Dans ce contexte, la maladie est une déficience de vitalité, déficience répercutée au niveau des organes. Soigner, c’est redonner au patient la vitalité ou l’énergie qui lui fait défaut, c’est rétablir en lui la circulation perturbée de ces effluves cosmiques.

En comparant ces enseignements de la métaphysique religieuse et ceux de l’Ecriture sainte, nous devons être attentifs à leurs analogies mais aussi à leurs différences fondamentales.

Un médecin écrit avec raison : “une certaine conception de l’homme et du monde engendre fatalement une certaine théorie médicale.” 5

5 “La Biothérapie”, Ed. Albin Michel, Claudine Brélet-Rueff, p. 29.

Comme nous allons le découvrir, la révélation chrétienne ne nie pas la réalité d’“énergies” particulières à l’œuvre dans le monde. Sous une terminologie précise, elle leur accorde même des pouvoirs étendus et providentiels. Ils servent les desseins du Créateur, certes, mais non entièrement. Les désordres de notre création, ceux de nos vies également, leur sont imputables en partie. Nous avons donc à nous intéresser à leur action.

Pour sa part, la science connaît les ‘forces naturelles” qu’elle a cataloguées. La science médicale agit de même. Elle met au bénéfice des patients sa connaissance de la physique, de la biologie, de la chimie, de l’anatomie,6 de la physiologie, de la prophylaxie, etc.

6 Par souci d’objectivité, reconnaissons aux acupuncteurs chinois d’excellentes connaissances en anatomie — à la manière de la médecine classique — leur recours. au “bon sens” humain et leur attention à des découvertes empiriques.

Plusieurs médecines parallèles font intervenir, elles, un autre type de “forces” qu’elles désignent du nom d’“énergie cosmique” ou “énergie céleste”. Quelle relation faut-il établir entre cette “énergie” et “celles” que l’Ecriture sainte situe également dans le cosmos ?

A la lumière de cette Ecriture, nous apprenons qu’une relation profonde existe entre le monde physique et les Forces naturelles qui l’animent, mais aussi entre certains phénomènes terrestres, humains, sociaux, même cosmiques, et ces Forces célestes. Exemple : l’or et l’argent sont des métaux reconnus comme valeurs d’échange. La Puissance céleste Mamon n’est pas étrangère au trafic né de leur emploi. On peut maîtriser l’or ou l’argent. Mais Mamon, qui le maîtrise ? C’est jusqu’à la médecine scientifique qui peut devenir une puissance échappant à ceux qui prétendent la maîtriser !

Quand la science a une conscience, elle reconnaît ses limites et refuse de s’aventurer sur un terrain ou dans un domaine précis sans avoir la garantie qu’elle restera maître de ses interventions. 7

7 Avec les exceptions et les graves accidents qui confirment cette règle. Pour mémoire, certains méfaits de la thalidomide, du stalinon, lesleucémies dues à la méconnaissance des rayons X.

C’est ici que se sépare la médecine scientifique des médecines dites parallèles. C’est ici également qu’une démarche objective nous conduit à un examen critique des affirmations de ces dernières, examen portant en particulier sur l’Energie cosmique dont elles se réclament.

♦ ♦ ♦

Il faut le dire d’emblée : l’appellation ‘médecines parallèles” est en soi une tromperie, aussi bien au niveau du vocabulaire qu’à celui de son champ d’action. Je ne suis pas le seul à le constater. Le Dr M. Mamie écrit.

“Les médecines parallèles sont innombrables et parfois des plus fantaisistes : la gelée royale, le gui, la betterave rouge, que sais-je encore, seraient capables de guérir le cancer. En général, ces théories disparaissent aussi rapidement qu’elles sont apparues, sans tambour ni trompette. C’est vraiment du folklore. Plus redoutables sont les autres démarches, qui sont le fait souvent de médecins, de diététiciens, qui ayant abandonné la médecine officielle se sont enrôlés sous d’autres bannières: modes alimentaires d’Extrême-Orient, phytothérapies diverses, traitements par les cellules fraîches, par les anticorps, par les oligoéléments, et j’en passe. Les partisans de ces méthodes se plaignent souvent de l’attitude à leur égard plus que réservée de la médecine officielle. Ils donnent l’impression de craindre que leurs “panacées”’ soient soumises à des contrôles scientifiques rigoureux et ne veulent pas révéler leurs “secrets de fabrication”. Sans ce côté ésotérique, voire magique, leur impact s’en trouverait amoindri. La revendication au droit de cité à part entière de ces pratiques parallèles devient de plus en plus évidente. On parle pompeusement de retour aux sources (quelles sources ? à quelle époque de l’histoire de l’humanité se réfère-t-on ?), de retour à la nature (oublie-t-on qu’il existe une marâtre nature et que tout n’y est pas obligatoirement bon ?). Ce néorousseauisme entre dans le cadre d’une certaine contestation de la société occidentale actuelle, venant s’ajouter aux critiques des écologistes, des pacifistes, des antinucléaires, exprimant ainsi le rejet d’un monde trop technique, considéré comme menaçant. Cette attitude de crainte, ce besoin d’un monde plus chaleureux, donnent à la contestation de la médecine officielle qui est censée représenter l’autorité et ses contraintes, qui est ressentie comme totalitaire et aliénante, une connotation politique de révolution culturelle que n’avaient certainement pas les prétentions de guérisseurs d’autrefois. Ce problème est complexe.” 8.

8 Dr Maurice Mamie, Journal des aînés, n° 9/1982.

La médecine a pour objet le maintien ou le rétablissement de la santé ou la diminution des souffrances. C’est une science, c’est-à-dire non seulement un savoir-faire visant à des résultats plus ou moins certains, mais à un ensemble de connaissances énoncées par des lois vérifiables. Leur mise en pratique peut certes pâtir d’un enseignement ou d’une formation insuffisants, voire de négligences du praticien ; mais pour autant cette médecine reste une science “fiable”, qui accepte la remise en question au gré de nouvelles acquisitions. Ajoutons que la médecine est aussi un art !

Une telle définition s’applique parfois difficilement aux “médecines” dont nous parlons.

♦ ♦ ♦

Quant au terme “parallèle” il est trompeur lui aussi. En effet, si cette médecine est parallèle par référence à la médecine scientifique, il s’agit d’un langage hyperbolique, puisqu’en de nombreux aspects de la connaissance dont elle se réclame et des pratiques qu’elle accepte, elle diffère d’une telle médecine. Tout au plus, une similitude d’intentions pourrait-elle les associer. Mais cette similitude-là suffit-elle à justifier son appellation ? 9

9 A moins qu’avec un brin d’humour nous remarquions justement qu’elles sont “parallèles” puisque, hors l’infini, elles n’ont pas de réels points de rencontre avec ce que nous rangeons habituellement sous le terme de médecine !

Ce leurre au niveau de l’appellation se retrouve au niveau des sources et de leurs implications. Nous serions certes mal venus d’objecter à une thérapie qui se réclame de conceptions religieuses et non de la médecine d’abord. Mais il importe alors d’être loyal et de dire ouvertement aux patients qu’il ne s’agit plus d’une médecine au sens précis et scientifique qu’ils attribuent encore à ce terme, mais d’une thérapie inspirée de l’ésotérisme.

Il est un autre leurre encore. Les guérisseurs sont cohortes. Ils sont souvent de bonne foi, sincères dans leurs intentions. Leur réputation et leur crédit tiennent sans doute en partie à leur intérêt compatissant pour leurs patients mais aussi à leur usage intelligent d’une psychologie élémentaire et reconnue efficace : les vertus étonnantes du placebo. N’en déplaise aux tenants de la méthode Coué, aux sophrologues et aux réflexologues formés en l’espace de quelques semaines et, eux les premiers, émerveillés de leurs réussites, celles-ci sont d’abord la démonstration du pouvoir de l’auto-suggestion.

Cependant, cette dernière a ses limites et nous nous garderons de prétendre que le pouvoir de la suggestion est l’énergie numéro un de ces thérapies.

Certaines disent ouvertement puiser leur dynamisme à des sources cosmiques. Devons-nous, pour cette raison, nous en défier ?

Cette énergie serait d’un usage délicat, même dangereux. Cela suffit-il pour la décrier ?

L’Ecriture sainte apporte-t-elle une réponse à de telles questions ? Voilà ce qu’il nous faut maintenant examiner.

♦ ♦ ♦

Trois épîtres de Paul 10 — Galates, Ephésiens, Colossiens — nous apportent un enseignement qui, pour être partiel, n’en est pas moins éclairant. Notre propos n’est pas d’en faire ici l’exégèse, mais d’en retenir ce qui répond à notre préoccupation.

10 Galates 4.3-9 ; Ephésiens 1.20-23 ; 6.10-14 ; Colossiens 2.8-9, 15, 20.

Sous la souveraineté de Dieu et à partir de la chute, deux étapes résument l’Histoire.

Dans la première, l’univers vit dans un état généralisé de rébellion. Dans cet univers, il y a ce que reconnaît la science objective, et il y a “ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu”, 11 mais que l’Ecriture révèle et caractérise comme l’action des “Rudiments” ou “Eléments du monde”.

11 1 Corinthiens 2.9.

Dans cette étape, en effet, la création tout entière, terrestre etcéleste, connaît une économie dont l’armature et le fonctionnement dépendent de la tutelle ou curatelle de ces “Eléments”. Leurs noms augustes disent leur empire sur la création et sur la destinée des humains : Puissances célestes, Trônes, Dignités, Seigneuries, Dominations, Principautés, Autorités. Ces appellations caractérisent non des forces neutres mais des créatures personnifiées (faute d’un vocabulaire adéquat, nous usons de ces anthropomorphismes). Leur intelligence est capable à la fois de logique, de volonté propre, d’hégémonie directive et opérationnelle jusqu’à faire servir à leurs propres fins les pouvoirs surnaturels dont elles disposent. Encore ne faudrait-il pas leur prêter indistinctement toutes ces possibilités. Il y a entre elles, créatures célestes, des différences essentielles qu’on trouve également entre les créatures terrestres. Le végétal n’est pas l’animal, et le minéral ne se confond pas avec l’homme. Le Temps (en tant que durée) est une créature céleste. Mais dans son être, il apparaît fort différent de cette autre créature céleste qu’est Mamon. De même, les Puissances rythmant les saisons et qu’interpella le prophète Elie. Comparées par exemple à l’étendue du pouvoir de Satan, elles ne disposent pas des mêmes possibilités. La dynamique des Eléments est donc active dans notre monde. Mais l’Ecriture nous enseigne qu’un grand nombre de ces Puissances appelées aussi angéliques, bien avant l’homme et comme lui, se sont dévoyées dans leur liberté d’action. Tout en restant par leur vocation dans une activité permanente conforme à la volonté du Créateur, elles sont en rébellion contre lui et entraînent toute la création dans leur égarement corrupteur et mortel.

Leur nature céleste et spirituelle les rend invisibles à nos yeux. En revanche, leur activité se révèle à tout observateur averti. Citons Jacques Ellul : “Elles interviennent à l’occasion de ce que l’homme fait et décide… Leur action a pour effet de transformer une réalité naturelle, sociale, intellectuelle, économique, en une Force excédant les capacités humaines de résistance ou de contrôle12 (C’est nous qui soulignons).

12 “Ethique de la liberté”, Labor et Fides, Tome 1, p. 174-175.

Soit dit en passant, il est vraisemblable que cette activité prédominante aura conduit l’apôtre Paul à les appeler “Eléments du monde”.

♦ ♦ ♦

Selon l’Ecriture, la deuxième étape de l’histoire du monde est inaugurée par la venue du Christ. Il établit sur la terre et dans le ciel un nouvel ordre des choses. Selon la prophétie d’Aggée (2.22) : “J’ébranlerai les cieux et la terre, Je renverserai le trône des royaumes” — ce qu’à sa manière chante le magnificat de Marie : “Il a déployé la force de son bras… il a renversé les puissants de leurs trônes”13 — le Christ triomphe non seulement du péché et de la mort, mais de toutes les Forces célestes dévoyées et acharnées à maintenir la création, l’homme en particulier, en état d’asservissement. Accomplissant toute la volonté divine, Jésus dépouille les Dominations, triomphe d’elles par la croix. Par son ascension à la droite de Dieu, il règne au-dessus de toute Autorité, non seulement dans le siècle présent mais dans le siècle à venir.

13 Luc 1.51.

Cette économie nouvelle, liée à la personne et à l’action du Seigneur Jésus-Christ, garde encore cachée l’essentiel de sa potentialité. C’est à l’avènement du royaume qu’elle sera entièrement manifestée. Cependant et présentement, l’homme se voit offrir par le Christ une libération et une liberté qui le soustraient à toute emprise néfaste des Puissances angéliques. Car dans cette nouvelle économie, l’aspect “rébellion” de leur activité se heurte à la souveraineté du Christ. Quand il l’ordonne, elles doivent même se ranger à sa volonté. Pour mémoire, l’épisode du lac de Génésareth. La barque transportant Jésus et ses disciples allait être engloutie par les flots déchaînés : “Jésus dormait. Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : Silence ! Tais-toi. Et le vent cessa, et il y eut un grand calme. Saisis d’une grande frayeur, les disciples se dirent les uns aux autres : Quel est donc celui à qui obéissent même le vent et la mer ?” 14

14 Marc 4.35-41.

Paul rend témoignage de cette souveraineté du Christ sur les Puissances célestes. Il écrit aux Colossiens : “Il a dépouillé les Dominations et les Autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix”. Il avait dit auparavant : “Veillez à ce que nul ne vous prenne au piège de la philosophie, cette creuse duperie à l’enseigne de la tradition des hommes, des Eléments du monde et non plus du Christ”. 15

15 Colossiens 2.8, 15.

Par ces mots, il ne s’en prend pas aux divers systèmes de la pensée humaine enseignés dans les écoles aujourd’hui encore. Sa véhémence prend à partie les laudateurs des théories religieuses sur Dieu, sur le monde, sur la vie, qui ignorent ou veulent ignorer le rétablissement des choses opéré par le Christ, et par là même s’exposent à rester asservis aux Puissances qui les dominent.

Or, de toute évidence, la plupart des doctrines sous-jacentes aux médecines parallèles d’aujourd’hui ont leur source dans ces théories. Elles empruntent à la science son vocabulaire et ses méthodes, alors qu’en vérité, sous cet habit trompeur, elles font bon ménage avec les spéculations religieuses, même astrologiques et mythiques.

Cela nous ramène à l’importante question débattue : Faut-il se défier totalement d’une Energie provenant d’une source cosmique et non du Seigneur lui-même ?

Tout pragmatiste faisant appel à cette Energie admet qu’elle échappe au contrôle assuré de sa science. Celle-ci maîtrise les techniques d’application mais non leurs effets. Soit dit en passant, cela explique les interdictions de l’Ecriture à l’égard de l’occultisme et, en particulier, la véhémence de l’apôtre Paul envers ceux qui se laisseraient “prendre au piège de ces duperies” ou, selon une autre version, “deviendraient leurs proies”. Car, à cet état d’assujettissement, à lui seul déjà inquiétant, s’ajouterait le risque certain d’entrer, volontairement cette fois, en rébellion contre Dieu.

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Mais un autre risque doit encore être ici dénoncé. Lorsque les tenants des médecines parallèles cherchent dans les philosophies religieuses non chrétiennes les sources et la justification de leurs “pouvoirs”, ils s’allient à ce qui, dès la chute, a tenu lieu de manifestations intermédiaires de la divinité, manifestations usurpées et en dénégation du Dieu unique et trois fois saint : “Idées” des néo-platoniciens, “Logoi” des stoiciens, “Démons” de Plutarque ou de Lucien, “Anges” de Philon, “Eons” des gnostiques, “Eléments” ou “Rudiments” des hérétiques, “Trônes, Seigneuries, Dignités, Puissances” selon saint Paul. 16

16 “Epître aux Colossiens”, N. Hugedé, Labor et Fides, p. 119.

Ces Forces ou agents cosmiques, en accord avec leur maître Lucifer, se prétendent d’essence divine, alors qu’elles ne sont que des créatures célestes, leur habitat ne changeant rien à leur nature et à leur titre de créatures. Tel est leur dévoiement. Il s’y ajoute celui de leur prétention d’être des agents de rédemption au bénéfice de l’homme, pour le moins des agents de guérison.

Si ces prétentions étaient pur mensonge, les hommes ne tarderaient pas à s’en apercevoir. En fait, le pouvoir des Eléments garde partiellement des vertus bénéfiques. Ils s’en servent pour faire de l’homme l’allié et l’instrument de leur volonté d’hégémonie. Si l’occultisme aux nombreuses facettes est l’instrument premier de leur action, ils ont trois autres claviers à disposition pour se faire entendre et obéir.

Leur premier clavier, à notre étonnement peut-être, est une certaine science qu’ils marquent de leur empreinte. Dans “Mythes modernes et création”, Jean Brun démontre le processus : “L’astronomie, la géologie, la physique, la chimie, etc… (sont) mobilisés pour nous faire comprendre et saisir la genèse des structures du monde. Ainsi sont nées de nombreuses cosmogonies auxquelles on a accolé l’imposant adjectif de scientifique. Or si l’on veut bien faire preuve d’esprit critique et non d’aveuglement positiviste, il importe de faire plusieurs constatations.

Tout d’abord les disciplines que nous venons de citer ne se contentent nullement de faire des observations et des expériences rationnellement irréfutables; elle les utilisent. comme base d’extrapolation continues et permanentes. Si bien que finalement et malgré qu’on en ait, on invoque sans cesse l’expérience pour pouvoir mieux se passer d’elle, en croyant aller au-delà. Bref, on n’explique plus : on raconte ; on ne raisonne plus : on affirme… Si bien que la science a fini par devenir une gigantesque machine à fabriquer des mythes… qui manient une terminologie impressionnante pour le profane, terminologie à laquelle on demande inconsciemment non pas d’expliquer les faits, mais de les remplacer. Il s’agit là d’un véritable procédé d’intimidation intellectuelle et de manipulation de la raison.” 17

17 Revue Réformée, n° 105/1976/1.

On s’en doute, l’évolutionisme est ici particulièrement visé par M. Jean Brun. Cependant sa constatation nous semble applicable à beaucoup de raisonnements des partisans des médecines parallèles. En apparence, leurs démonstrations tiennent à la fois de l’imaginaire et de cette énergie baptisée cosmique, ce mot servant à pallier l’absence d’explication. Les Forces célestes n’en ont cure, puisque l’important c’est que leur pouvoir soit reconnu et servi. Et il l’est de toute évidence.

Deuxième clavier. Aux fins d’établir leur hégémonie, les religions apportent tout le poids de leurs aliénations. Rien n’est plus trompeur, rien n’est plus asservissant que la superstition et les cultes nombreux que les hommes de tous les temps, dans leur ignorance du vrai Dieu, ont cru devoir rendre aux divinités.

Au cœur de l’homme pécheur, la peur instinctive a naturellement partie liée avec la mauvaise conscience et les culpabilités qu’elle engendre. L’homme en conclut : ‘Mon sort ne saurait être que malheureux. La divinité ne saurait être animée envers moi que de réprobation”.

Usant de ce poids d’insécurité et de menace, la divinité invoquée — autrement dit: les Puissances célestes — mène le double jeu d’une offre d’interventions bénéfiques assorties d’exigences qui servent une fois de plus leur hégémonie. En pratique, cela se traduit par le schéma bien connu : l’homme religieux se soumet à des règles, à des observations, à des abstinences, à des gestes, à des sacrifices, à des œuvres, à des rites, qui appellent en retour l’intervention des Forces célestes bénéfiques mais qui maintiennent l’homme dans leur dépendance. Une guérison progressive ou même miraculeuse peut s’inscrire à la clef de cette musique des Puissances angéliques. Elles y consentent volontiers et elles en ont le pouvoir. (L’Ecriture nous le dit clairement, cf. Matthieu 24.24 ; 2 Thessaloniens 2.9). Car comme au temps de pharaon, ce qui importe encore aujourd’hui aux Princes du cosmos, c’est qu’ils se sachent servis, craints, recherchés, même adorés par le grand nombre, alors que le vrai Dieu lui-même est ignoré et rejeté.

On aimerait pouvoir écrire ici que l’Evangile du Seigneur Jésus-Christ, cette bonne nouvelle de la grâce et de l’amour de Dieu, a libéré l’homme de ces tabous et des légalismes qui leur servent de support. Ce serait mal connaître les ruses de l’Adversaire. Il joue ici sur un :

Troisième clavier. Quand il ne peut plus contrer l’Evangile, il s’en sert en le déformant. Les moyens de le faire ne lui manquent pas et il trouve toujours nombre d’ouvriers, théologiens lorsque c’est possible, pour mener à bien cette besogne. De tout temps, elle fut florissante avec des réussites et des échecs. A l’heure actuelle, même si le procédé est ancien, il connaît un regain de fortune.

Il prend prétexte de certaines paroles de l’Ecriture (exemples : “Nous sommes ouvriers avec Dieu”, ou bien ‘Nous travaillons avec Dieu”, paroles sorties de leur contexte) pour faire entendre un nouvel Evangile. Dans la grâce de Dieu — ( il serait difficile de passer cette dernière sous silence ; mais sans la repentance à laquelle elle conduit, elle n’est plus véritablement une grâce salutaire) — il appelle les hommes à imiter Jésus-Christ présenté comme l’Homme idéal, l’Homme exemplaire, l’Homme social, l’Homme révolutionnaire, en bref l’Homme religieux s’il en fut. Sous l’égide de cet Homme modèle, au gré des idéologies en cours, avec le concours de toutes les forces que le ciel peut mettre à notre disposition, nous sommes appelés à défaire le monde et à le refaire. A cette fin nous sont offertes toutes les techniques spirituelles, toutes les sciences secrètes, toutes les panacées orientales, occidentales, transcendantales, efficaces et salvatrices, qui constituent l’éventail des médecines parallèles.

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Comme nous l’avons déjà relevé plus haut, dans la dépendance du Dieu créateur et de la Seigneurie du Christ, les Puissances célestes gardent leur rôle éminent au service de la création tout entière.

Pour exemple : le Temps. Il préside au déroulement des saisons, il marque de son empreinte les étapes de l’Histoire de l’humanité, y compris les étapes de l’Histoire du salut souverainement ordonnée par Dieu. Il imprime dans nos vies un “aujourd’hui” et un “demain”, un “maintenant” et un “après” qui, dans la dépendance de Dieu, sont riches de sens, mais qui, hors du Seigneur et sous l’hégémonie de la seule Puissance du Temps, peuvent paraître simplement oppresseurs et l’être en vérité.

Autre exemple encore : Nous récusons toute prétention de l’astrologie à vouloir nous donner connaissance de notre sort présent et à venir. Au reste, compte tenu de ce que l’on sait aujourd’hui de la génétique, si les astres devaient influencer notre destinée, le jour et l’heure de notre conception seraient à retenir et non ceux de notre venue au monde. Cela dit, il serait difficile de nier que les Puissances angéliques, dans la main du Créateur, participent à la formation de nos personnes, de nos caractères particuliers. Comme l’écrit le Dr André Schlemmer : “La connaissance de l’être humain par l’étude de son visage, de ses formes, de ses mains et de son écriture, donne au public l’impression d’une divination prodigieuse. Or, il n’y a là aucun mystère ; il y a une loi de la nature vivante qui fait que les tendances de l’esprit et de l’instinct, pour chacun, s’expriment dans les gestes et les formes de son être corporel. Ce qui est immatériel s’inscrit dans la matière en le modelant.” 18

18 Revue naturiste, 23e année, 1/1952.

Cette vérité est applicable à la création tout entière. Mais hors la lune et le soleil aux influences réelles et bien connues, les astres en tant que tels ne sont pas des instruments qui modèlent nos personnes. La croyance populaire, égarée par l’astrologie, leur attribue ce pouvoir déterminant et même fatal : elle veut en conjurer les effets ou en corriger le cours par les pratiques dont se réclament quelques-unes des médecines parallèles. Mais ce n’est qu’une distorsion supplémentaire de la vérité. Sous couvert de l’astrologie, les Puissances angéliques en rébellion contre Dieu gardent l’homme dans leur stricte sphère d’influence, font servir à leurs propres fins son ascendance sur la création, le soustraient à la Seigneurie du Christ et à la libération qu’il nous apporte. Ce qui justifie en les explicitant les nombreuses interdictions formelles de l’Ecriture à l’égard de toute pratique qui nous rendrait volontairement dépendants des Forces célestes ou nous ferait rechercher leur concours. Si nous nous réclamons de la souveraineté du Christ, c’est une folie de recourir parallèlement à des Forces déclarées ennemies.

Le mystère de leur nature, de leur pouvoir réel et de l’étendue de leur action, ne nous est pas entièrement dévoilé. Mais ce que nous en avons appris suffit à notre connaissance et nous permet de donner maintenant une réponse aux questions posées au début de ce chapitre.

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Dans l’exposé de leurs théories et de leurs pratiques, quelques-uns des protagonistes des médecines parallèles reconnaissent plus ou moins ouvertement leur recours à une “énergie cosmique”. Ils ne sont pas unanimes dans les définitions de cette “énergie”. Certains la tiennent pour un influx en rapport avec le champ magnétique et notre propre magnétisme humain. D’autres lui reconnaissent une origine divine sans la confondre pour autant avec le Saint-Esprit, et pour cause ! D’autres encore, incertains quant à cette origine divine, l’assortissent d’éléments propres à la biophysique.

Devant le flou de ces explications, comment discerner si, peu ou prou, cette “énergie”” participe de l’étendue du champ magnétique, emprunte des éléments à la biophysique, ou fait appel à une autre “énergie” ? Pour notre part, jusqu’à plus ample informé, nous attribuons une part de son dynamisme aux Forces célestes, à ces Eléments du monde dont le Christ a triomphé. Une parole de l’apôtre Paul, non encore citée, nous en apporte la confirmation. Il écrit aux Ephésiens (2.1) : “Vous étiez morts par vos offenses et selon le Prince de la puissance de l’air qui agit maintenant dans les fils de la rébellion”.

L’espace céleste ou cosmique est déterminé dans l’Ecriture comme le lieu où, certes, Dieu est à l’œuvre. Mais non pas seul. Cet espace est également animé par des Forces spirituelles, invisibles à nos yeux et non décelables par la science. C’est elles, nous le croyons, qui prêtent à ceux qui y font appel, l’énergie dont elles disposent.

Comme l’écrit Charles Masson à propos du texte des Ephésiens traitant du ‘train de ce monde” et de son “Prince” : “Il est peu de passages du Nouveau Testament qui laissent affleurer à ce point l’arrière-fond démoniaque de l’existence et qui portent sur la condition de l’homme non-chrétien un jugement aussi pessimiste. L’auteur en parle sans crainte parce qu’il lui oppose l’acte rédempteur de Dieu en Jésus-Christ.” 19

19 “Commentaire du N.T. Epître de Paul aux Ephésiens” de Ch. Masson, Ed. Delachaux Niestlé, p. 158.

Hors cet acte rédempteur, la réalité demeure sous la grâce permanente de Dieu. Déjà dans la nature, l’homme trouve ce qui est nécessaire à sa subsistance et, quand il le faudrait, à sa guérison momentanée. Dieu nous a donné l’intelligence. Les sciences auxquelles elle a accès lui permettent de travailler lui-même à son maintien, à son développement et à sa sauvegarde. La science médicale s’inscrit dans cette providence. Et Dieu met le comble à son amour pour l’homme et la création en lui révélant l’Evangile de Jésus-Christ.

Or, dans sa volonté d’autonomie, l’homme préfère aux lois divines ses propres lois. Il refuse l’Esprit saint et la Parole du Seigneur. Il idolâtre l’Esprit de rébellion et ses fausses doctrines. Il se détourne de la puissance de l’Evangile pour accorder son crédit entier à la science (divinisée, allo- ou homéo-pathique), aux Energies Cosmiques, certes présentes et agissantes, mais dévoyées et passagères comme le monde auquel elles sont liées.

Lorsque dans la dépendance de Dieu et notre soumission à sa sainte volonté ces Forces œuvrent sur la terre, leur énergie active ne saurait être néfaste dans ses effets. Le Seigneur y veille.

Mais lorsqu’en dehors de la médiation de Jésus-Christ et sans l’accord de la volonté divine, cette même “énergie”, fût-ce dans de bonnes intentions, est sollicitée par l’homme, les Eléments libres d’agir à leur guise répondent volontiers à la demande, mais ils deviennent maîtres du champ où ils opèrent, maîtres aussi de ceux qui se soumettent à leur action.

Notre conclusion : Cette action peut avoir des apparences bénéfiques. Mais nous sommes fondés à craindre qu’il en résulte finalement un asservissement renouvelé à celui qui mène le train de ce monde et se fait volontiers ermite ou samaritain pour mieux le dévoyer.

La question fondamentale reste celle de “l’énergie” à laquelle recourent beaucoup de médecines parallèles. L’aspect “inexpliqué’, “non scientifique” de cette énergie ne la range pas d’office sous le terme “occulte” ou ‘Puissance dévoyée”.

A la lumière de l’Ecriture, en soi l’action de cette énergie n’est pas néfaste. Ce qui est condamnable, c’est de la diviniser, c’est de diviniser les Puissances qui s’en emparent ou la régissent. C’est de leur laisser la liberté et le pouvoir de déterminer nos choix, d’ordonner notre vie et notre santé, alors que le seul droit en revient au Seigneur notre Dieu.

Cela est certes applicable à la médecine allopathique. Mais cela concerne au premier chef les médecines parallèles parce que chacune d’elles, peu ou prou, à un moment donné ou à un autre, selon l’expression de J. Ellul, laisse l’action de cette énergie, “excéder les capacités humaines de résistance et de contrôle”.

Ce que nous constaterons dans le chapitre suivant.

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