L’occultisme à la lumière du Christ

II
Le spiritisme

CARACTÉRISTIQUES

Il y a quelque raison à l’intérêt que nous portons d’abord au spiritisme. Ce serait en effet perpétuer une confusion regrettable que de mettre sur le même plan spiritisme et sciences occultes. Spirites et occultistes sont loin d’être toujours d’accord et se défendent eux-mêmes d’avoir quelque ressemblance. Selon les propos de l’un d’eux, il est aussi ridicule de les associer que « de penser d’un garçon du réfectoire de l’école polytechnique qu’il fait des mathématiques supérieures ».

L’essentielle distinction à établir entre eux porte sur la nature et l’objet de leurs recherches.

Le spiritisme est une croyance aux communications possibles entre les vivants et les morts. A cause de cette croyance, il utilise avant tout la méthode expérimentale. En d’autres termes, le spiritisme s’intéresse aux défunts, aux moyens à notre disposition pour entrer en communication avec eux. Par ses expériences, il souhaite accréditer ses croyances et persuader les sceptiques qu’ils ont tort de ne pas essayer à leur tour. Car s’ils essayaient, ils verraient ce que les spirites ont vu, ils entendraient ce que les spirites ont entendu.

L’occultisme a de tout autres prétentions. Il veut percer le mystère de l’origine du monde, celui de l’existence de l’homme et de la personne de Dieu. A cette fin, il s’intéresse à toutes les connaissances que pourraient lui apporter religions et philosophies antiques. Il y ajoute tout ce que les initiés d’hier ou d’aujourd’hui pourraient lui proposer, et qui serait à contrôler par la science ou l’observation. C’est pourquoi, il ne s’intéresse aux phénomènes spirites que dans la mesure où ceux-ci viendraient confirmer ce qu’il sait ou pense déjà savoir. L’occultisme se propose donc comme un système philosophique complet. Il veut être à la fois une science, un art, une philosophie, une religion.

Il était nécessaire d’établir cette importante distinction. Elle nous aide à comprendre pourquoi il serait faux de confondre spiritisme et occultisme. Elle justifie pleinement le refus des occultistes « sérieux » d’être associés à de « vulgaires spirites ».

Il est vrai que la plupart de ces derniers ne connaissent rien à l’occultisme. Leur intérêt pour le spiritisme tient soit à leur curiosité, soit aux expériences qui leur ont paru concluantes. En effet, s’il y a un au-delà, quoi de plus naturel que de chercher à le connaître. S’il est possible d’entrer en communication avec les défunts, pourquoi ne pas tenter cette expérience ? On sait de quelle tristesse, de quel désarroi peut s’accompagner le brusque départ de quelqu’un. Qui ne serait séduit à la pensée de pouvoir garder quelque communion avec des défunts bien-aimés ?

Cette sollicitude pour des disparus se double d’une curiosité, elle aussi, très naturelle. Qu’est-ce que la mort ? Où vont les morts ? Que font-ils ? Que deviennent-ils ? Que savent-ils encore de nous ? Si l’on peut entrer en communion avec eux, ne pourraient-ils pas répondre aux questions que se pose tout homme réfléchi ?

SON HISTOIRE

Il n’est donc pas étonnant que le spiritisme occupe une place de choix et, depuis un siècle environ, suscite un intérêt des plus soutenus dont on ne mesure guère l’importance. Mais avant de raconter son histoire actuelle, il faut rappeler que cette croyance à la communion possible des vivants avec les morts a existé de tous temps. Une citation tirée de « Science et Spiritisme » du Dr Léon Vauthy nous en donnera un aperçu assez complet :

« Le livre le plus ancien, les « Védas », quelques milliers d’années avant notre ère, décrit l’existence des esprits ainsi que leurs rapports avec les êtres humains. En Chine, de temps immémorial, on évoque les trépassés. Le grand philosophe Confucius, au VIe siècle avant Jésus-Christ, certifie que les esprits des défunts peuvent se manifester aux hommes sous des formes corporelles. Les disciples de Bouddha (IVe siècle avant Jésus-Christ). évoquent aussi les êtres de l’au-delà. Les brahmanistes s’adonnent à ces pratiques. Les Egyptiens professent les mêmes doctrines. Dans la Grèce ancienne, les mânes des ancêtres sont invoquées par les pythonisses quand elles rendent des oracles… [Parmi les philosophes], certains enseignent l’existence d’un corps fluidique entourant l’âme après la mort du corps charnel… décrivent la possibilité des communications avec les âmes de ceux qui nous ont précédés sur la terre… Les Hébreux connaissaient le spiritisme plus de dix siècles avant l’ère chrétienne… Les druides, dans la Gaule antique, s’adonnèrent aussi à ces pratiques ; leurs voyantes sont célèbres. Les sybilles romaines sont souvent consultées. Apollonius de Tyane, au premier siècle de l’ère chrétienne, déclare avoir vu, au cours de ses voyages dans l’Inde, les gymnosophistes pratiquer l’évocation au moyen de tables tournantes. Tertullien, au IIe siècle, décrit aussi des phénomènes spirites. Au IIIe siècle, Marcellin cite deux magiciens romains pratiquant l’évocation et obtenant des réponses au moyen d’un anneau sautillant sur un alphabet. Mahomet (570-632), sur le mont Hara, écrit impulsivement, isolé au fond d’une caverne ; de nombreuses feuilles se couvrent d’inspirations subites… ; coordonnées dans la suite, elles forment le Coran actuel… En découvrant l’Amérique, Colomb y trouve les peuples indigènes pratiquant l’évocation des morts, coutume léguée par leurs ancêtres. Le Moyen-Age est l’époque de la grande sorcellerie. Il nous laisse une foule de livres traitant de ce sujet. La Renaissance continue ces croyances. Vers la moitié du XVIIIe siècle, un revirement se produit. En même temps que toutes les idées religieuses, les conceptions spirites sont rejetées par le matérialisme ; mais elles reprennent un essor nouveau, définitif cette fois, vers la moitié du XIXe siècle, quand se produit la grande rénovation du spiritisme moderne… »

Cette rénovation a, dans ses origines, une histoire qui tient à la fois du conte de fées, du roman feuilleton et du cirque à grand spectacle.

En 1847, une famille Fox vint s’installer dans une maison du Comté de Wayne, Etat de New York, au village de Hydesville. Cette maison avait la réputation d’être hantée. De fait, tôt après, des phénomènes insolites attirèrent l’attention de toute la famille. Parois et meubles retentissaient de coups frappés par d’invisibles mains ; objets et meubles étaient déplacés. Persuadé que c’était l’œuvre d’un être invisible, un des membres de la famille lui proposa un langage conventionnel : les coups frappés correspondraient aux diverses lettres de l’alphabet. Le « spiritual telegraph » était né. L’être invisible affirma qu’il était un « esprit » et révéla son identité. Il avait été assassiné quelques années auparavant. Selon ses indications, semble-t-il, le procédé des coups frappés trouva une application meilleure : un trépied autour duquel on prend place, mains à plat sur le meuble, pouces joints et auriculaires touchant ceux du voisin, le trépied se mouvant plus facilement que tout autre table. On s’aperçut bientôt que la présence des sœurs Fox (elles avaient 15 et 12 ans) facilitait la tâche des esprits. D’où le nom de « médium » donné à ceux qui, telles les filles Fox, favorisent par leur présence le commerce avec les esprits.

« Telle est l’origine, le point de départ du spiritisme moderne : une première communication établie par une enfant de 12 ans. Ce phénomène qui devait bientôt envahir l’Amérique et l’Europe, nié par la science, exploité par les charlatans, ridiculisé par les journaux, anathémisé par les religions, condamné par la justice, avait contre lui tout le monde officiel, mais pour lui, cette force plus puissante que tout : l’attrait du merveilleux » (E. Nus : « Choses de l’autre monde »).

Jugez-en plutôt !

DES FAITS

Sept ans plus tard, le spiritisme comptait deux millions d’adeptes et des milliers de médiums. Les polémiques se firent virulentes. Comme le dit un spirite : « Personne ne niait que ces demoiselles américaines ne fissent au propre et au figuré beaucoup de bruit. Partout où elles passaient, le vacarme suintait des murs. »

Ce vacarme, au propre et au figuré, ne tarde pas à gagner l’Europe, où il suscite l’enthousiasme des uns, les railleries des autres. Dans tous les milieux on se passionne pour ou contre. Ecrivains, magistrats, hommes de science, savants de réputation mondiale, s’adonnent à l’étude des phénomènes constatés indéniablement. Des journaux sont lancés, des brochures sont répandues, signés par des personnes jouissant d’une autorité scientifique.

En France, un ouvrage parmi beaucoup d’autres fit grand bruit. Publié en 1857 sous le pseudonyme d’Allan Kardec, le Livre des Esprits apprenait, à l’étonnement du public resté sceptique, « que ce qu’il avait considéré jusque-là comme une distraction renfermait les plus profonds enseignements philosophiques, que du mouvement des tables tournantes se déduisait la preuve de l’immortalité de l’être pensant, et qu’on se trouvait en face d’une nouvelle théorie de l’avenir de l’âme après la mort. »

On comprend que de pareilles affirmations aient remué l’opinion publique et que des hommes désintéressés aient cherché à serrer les faits de plus près pour leur trouver, si cela était possible, des explications rationnelles. C’est ainsi que se fonda en 1875, à Londres, la « Society for Psychical Research » (Société des recherches psychiques) et en 1919 à Paris, l’« Institut métapsychique international ». Les luttes entre partisans et adversaires furent très vives. Des médecins convoquèrent un très grand nombre de personnalités, la plupart sceptiques, sinon complètement incrédules, à des expériences renouvelées. Elles se firent en laboratoire, avec la collaboration de quelques médiums célèbres, dans des conditions excluant toute fraude. Elles furent suivies de la publication de rapports signés par l’ensemble de ces personnalités au nombre desquelles figuraient des hommes de lettres, des médecins, plusieurs membres de l’Institut, des chefs de service, des professeurs, des membres d’Académie. Ces rapports, que ce soit en France, en Allemagne, en Angleterre ou en Amérique, font tous état de phénomènes inexplicables.

On connaît déjà les coups frappés dans les parois, les tables tournantes et parlantes. Mais il y a des phénomènes plus extraordinaires et défiant toutes les lois physiques connues. Le médium en transe est bientôt entouré d’une substance fluide, nuageuse, appelée « ectoplasme », revêtant des formes diverses, particulièrement celles de mains saisissant des objets et les déplaçant, ou alors celles de visages quelque peu caricaturés. Dans la pièce même où se tiennent les séances spirites, des meubles, même parfois très pesants, se mettent à danser, se déplacent seuls et à une certaine hauteur.

Il faut mentionner aussi les manifestations de nature intellectuelle, même spirituelle. Les esprits de morts célèbres, tels Socrate ou Victor Hugo, s’expriment, font connaître des choses nouvelles, annoncent des événements, et enseignent une nouvelle sagesse. Parmi les plus connues de ces œuvres écrites par un médium devenu le scribe docile d’un esprit, il faut citer les « Lettres de Pierre », parues en France, et « Raymond », en Angleterre. Dans les deux cas, l’esprit serait celui d’un fils tombé à la guerre et conversant l’un avec sa mère, l’autre avec son père.

D’autres phénomènes retiennent l’attention. Certains médiums « incorporent » la personnalité d’hommes décédés et rappellent, en les imitant parfaitement, leurs particularités les plus connues. Il y a aussi les médiums « clairvoyants » qui savent reconnaître à l’instant ce que fait une personne se trouvant même à une grande distance, Il y a aussi ceux qui sont capables de dévoiler l’avenir.

SUPERCHERIES ?

Il faut s’empresser de le dire : le spiritisme a connu et connaît encore un grand nombre de fraudeurs. Les conditions mêmes de toute séance spirite — cela se passe dans l’obscurité — permettent de faciles mystifications. L’histoire du spiritisme fait état de nombreuses impostures, accompagnant des expériences tenues pour des manifestations authentiquement spirites. Presque tous les médiums, à commencer par les demoiselles Fox elles-mêmes, ont été surpris à tricher. Cela a grandement contribué à discréditer le spiritisme jusqu’à le confondre avec un jeu de société où se déploieraient les talents de quelque habile prestidigitateur.

Pourtant, il y aurait danger réel à tenir le spiritisme pour une vaste entreprise de mystificateurs. Non seulement ce serait simpliste, mais ce serait laisser croire qu’il s’agit d’un jeu de société auquel on peut se livrer impunément. Cela l’est si peu, que la pratique du spiritisme a conduit un grand nombre de ses adeptes à la folie ou au suicide.

Il vaut donc la peine de réfléchir un peu plus sérieusement à cet ensemble de phénomènes, ne serait-ce que pour comprendre mieux les dangers réels qu’ils nous font courir, et l’interdiction absolue que la bible nous fait d’y prêter la main. Mais il y a d’autres raisons encore à cet intérêt.

Le spiritisme, pour être plus discret aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle, compte encore beaucoup d’adeptes et de propagandistes. De nombreuses sociétés s’intéressant aux sciences psychiques sont des centres d’expériences spirites. Les pays anglo-saxons continuent à porter un grand intérêt à ce « moyen de connaissance des réalités de l’au-delà ». Des grandes villes d’Europe ou d’Amérique accueillent à période fixe des congrès de spirites comprenant des délégations de très nombreux pays. Sans exagérer, on peut parler de plusieurs millions d’adeptes. En dépit de condamnations formelles et répétées du Saint office de l’Eglise catholique romaine, le spiritisme trouve, au Brésil par exemple, un crédit extraordinaire, et cela dans tous les milieux sociaux. Il s’y trouve mêlé à du fétichisme indigène et à du christianisme authentique. Mais le Brésil n’est qu’un exemple, à côté de beaucoup d’autres, de cette collusion entre spiritisme et christianisme. Elle se retrouve ailleurs.

UNE EXPLICATION SCIENTIFIQUE

Dans l’étude qu’il a faite comme thèse de faculté, le pasteur Roger Glardon définit très justement le spiritisme. D’une part, il est la « croyance à l’existence d’esprits », d’autre part, il est « le fait de communiquer avec eux au moyen de certains agents ou procédés ». Cette croyance et les phénomènes qui l’accréditent ont donné naissance à un ensemble de doctrines.

Selon celles-ci, l’homme est un composé de trois éléments : le corps matériel, l’âme spirituelle impérissable par nature, et, entre les deux, un troisième principe qui, durant la vie terrestre, sert d’intermédiaire entre le corps et l’âme.

Ce troisième élément est appelé le périsprit ou corps fluidique ou encore corps astral. Parlant de ce périsprit, le spirite Léon Denis affirme qu’il « enveloppe l’âme, l’accompagne après la mort, dans ses pérégrinations infinies, s’épurant, progressant avec elle, lui constituant une corporéité diaphane vaporeuse. L’âme et le périsprit sont inséparables. C’est par le périsprit aidé du fluide vital d’un médium que l’esprit des morts se manifesterait aux humains.

Allan Kardec précise : « Ces êtres incorporels ou esprits sont les âmes de ceux qui ont vécu sur la terre. Ils nous entourent sans cesse, exercent sur les hommes et à leur insu une grande influence… Toutes nos pensées se répercutent en eux et ils y lisent comme dans un livre ouvert… Ils sont partout, parmi nous, à nos côtés, nous côtoyant sans cesse…

« Comme il y a des hommes de tous les degrés de croyance et de savoir, de bonté et de méchanceté, il en est de même des esprits. Il y en a qui ne sont que légers et espiègles, d’autres sont menteurs, fourbes, hypocrites, méchants, vindicatifs ; d’autres au contraire possèdent les vertus les plus sublimes et le savoir à un degré inconnu sur la terre. Cette diversité dans la qualité des esprits est un des points les plus importants à considérer, car elle explique la nature bonne ou mauvaise des communications que l’on reçoit. Les esprits agissent sur les hommes d’une manière occulte par les pensées qu’ils leur suggèrent et par certaines influences d’une manière patente : par la vue, par l’audition, par le toucher, par des bruits, le mouvement des corps, l’écriture, le dessin, la musique… C’est à l’aide de son périsprit que l’esprit fait écrire, parler ou dessiner les médiums. N’ayant pas de corps tangible pour agir ostensiblement quand il veut se manifester, il se sert du corps du médium dont il emprunte les organes qu’il fait agir comme si c’était son propre corps. C’est par le même moyen que l’esprit agit sur la table. La table n’est ici qu’un instrument dont il se sert, comme il le fait du crayon pour écrire. »

Selon une autre définition : « Le médium est un être humain qui jouit de la singulière faculté d’affranchir, de libérer momentanément son corps fluidique pour le mettre au service des esprits de l’au-delà, sans néanmoins délaisser son corps charnel. » Il est tel un poste récepteur, tel un amplificateur du monde des esprits, « en saillie sur le monde matériel où il demeure enraciné ».

♦ ♦ ♦

Pour extraordinaires qu’ils soient, ces phénomènes trouvent cependant, et pour une partie d’entre eux en tout cas, un essai d’explication dans l’« immense et mystérieux royaume de l’homme inconnu », selon une formule couramment employée dans la littérature s’intéressant au spiritisme.

Cette explication nous est fournie par un médium, lequel avoue : « Je n’ai jamais su avoir dit quoi que ce soit pendant la transe qui ne put être latent dans mon esprit, dans l’esprit des organisateurs de la séance, dans l’esprit de la personne qui tentait d’obtenir la communication ou de quelqu’autre assistant ou enfin dans l’esprit de quelque autre personne absente, mais vivant quelque part dans le monde. »

En d’autres mots, c’est dans le subconscient du médium lui-même et de tous ceux qui l’entourent qu’il faut aller chercher l’explication de ce qu’il sait et dévoile soudain. En effet, l’homme ne se connaît pas lui-même. Au-dessous de sa personnalité consciente vit son second moi que ne contrôle ni sa volonté, ni sa conscience, ni son intelligence. Ce double de l’homme est certes en rapport constant avec l’être conscient. C’est lui qui est à la source de nos intuitions, de nos impulsions, de nos inspirations. C’est lui qui recèle ce que les psychologues ont appelé les refoulements, les atavismes, les complexes, les tendances primitives et ancestrales.

Comme toute séance spirite demande de la part des participants une passivité constante, le subconscient a liberté de se manifester. A l’insu même des participants et selon les lois indéfinies mais pourtant constatées de la transmission de pensées, ce que les spirites attribueraient à l’esprit d’un défunt tiendrait en fait à de purs phénomènes de télépathie. Un exemple le fera comprendre. Il arrive sans cesse que deux personnes dans un même lieu — ou alors distantes l’une de l’autre mais en très grande sympathie l’une avec l’autre — aient en même temps la même pensée, ou le même sentiment ou pressentiment. C’est de la télépathie élémentaire. Cela laisserait supposer, selon certains savants, que les cerveaux des humains émettraient des ondes. L’un fonctionnerait comme émetteur et l’autre comme récepteur. Dans les cas de télépathie ou de clairvoyance, ils fonctionneraient sur la même longueur d’ondes. Le médium irait puiser inconsciemment dans le subconscient des assistants l’essentiel des réponses qu’il apporterait. Les séances spirites seraient donc des occasions de suggestions personnelles, mutuelles, collectives.

Flammarion, astronome qui a été vivement intéressé par le spiritisme, remarque : « Tout se passe comme s’il se formait au milieu d’un cercle, une entité différente de chacun des opérateurs, mais formée d’éléments empruntés à chacun d’eux. »

A ces explications pourraient s’ajouter d’autres constatations qui relèveraient de la science psychiatrique. Les êtres déséquilibrés aiment l’extraordinaire et le recherchent. Le spiritisme en met à leur disposition plus qu’ils n’en peuvent désirer. Leur personne malade psychiquement, donc déjà en partie dédoublée, trouve sous le nom de médium un rôle parfaitement à leur mesure. Le docteur Pierre Janet écrit : « Les médiums, quand ils sont parfaits, sont des types de la division la plus complète dans laquelle les deux personnalités s’ignorent complètement et se développent indépendamment l’une de l’autre. » Un autre médecin constate : « Le médium est un névropathe chez qui les crises de spiritisme alternent parfois avec des crises mentales. Au début, il peut paraître normal, mais il possède une aptitude fâcheuse à la désagrégation, qui peu à peu va s’aggraver jusqu’à provoquer un dédoublement de la personnalité… A mesure qu’il se perfectionne, la désagrégation mentale devient complète, ses mouvements automatiques deviennent plus compliqués, puis son imagination, sa mémoire se libèrent à leur tour du contrôle volontaire ; il parle et compose des messages. De son fond mental, tout un groupe de sensations, de souvenirs, d’idées, de volitions, se détachent et évoluent indépendamment de sa volonté. Il ne tarde pas à conclure qu’une autre volonté que la sienne agit dans sa propre conscience. C’est une sorte de parasite intérieur auquel il donne un nom. Il se croit possédé par un esprit familier qui parle et agit à sa place avec son propre corps. »

L’EXPLICATION BIBLIQUE

Les explications les plus plausibles ou les plus savantes ne suffisent pas à rendre compte de tous les phénomènes du spiritisme. Prendre au sérieux les enseignements de l’Ecriture sainte, c’est découvrir la nature de ces phénomènes inexplicables, c’est constater que les enseignements bibliques ne viennent point contredire ceux de la science, mais les compléter.

Selon la thèse spirite, la cause des phénomènes relatés serait à attribuer aux esprits des défunts. A supposer qu’il en soit ainsi, il faudrait encore prouver que les esprits à l’œuvre sont réellement ceux des défunts. Or, c’est là précisément une des difficultés majeures auxquelles se heurtent les spirites eux-mêmes.

Léon Denis, dans « Spiritisme et Médiumnité », écrit : « Une difficulté subsiste : celle d’obtenir des esprits des preuves d’identité, des indications précises. » Quand il veut expliquer cette extraordinaire réserve des esprits, il a une piquante formule : « Les esprits ne se prêtent pas volontiers à nos exigences. Leur pensée plane trop haut au-dessus des sphères de l’individualité pour qu’il ne leur soit pas pénible d’y redescendre. »

C’est peut-être très touchant, mais cela cache bien mal un aveu d’ignorance.

Finalement, on n’a aucune preuve expérimentale que la communication des morts aux vivants soit possible. Le serait-elle, on s’étonnerait qu’elle soit « si rare, si problématique, si défectueuse », et qu’elle révèle de si effarantes platitudes. Les prétendues révélations de l’au-delà sont un ensemble de formules précises d’une spiritualité singulièrement mièvre quand on la compare à la révélation scripturaire. Les mêmes constatations peuvent être faites du point de vue littéraire.

« Corneille, dit M. Janet, quand il parle par la main des médiums, ne fait plus que des vers de mirlitons, et Bossuet signe des sermons dont un curé de village ne voudrait pas pour son prône. »

Dans une interview accordée à P. Henzé, Flammarion a déclaré : « Un seul point m’apparaît éclairci, c’est que dans la grande majorité des cas, il y a suggestion… Dans certains cas très rares, il semble que cette explication puisse paraître insuffisante ; et alors, quelle autre lui substituer ? Je l’ignore de plus en plus. Est-ce le médium ? Est-ce une cause différente de lui ? Après soixante ans d’études, je ne sais rien, rien, rien. »

Les révélations de l’Ecriture sainte suppléent largement à cette ignorance. Non pas que la bible dise tout ce que nous pourrions souhaiter connaître du sort des défunts. Elle révèle ce qui est indispensable à l’œuvre de notre salut. D’où sa sobriété dans certaines de ses explications.

Elle déclare nettement que les défunts ont une existence propre, mais dans des conditions fort différentes suivant qu’à leur décès ils étaient régénérés par le Christ ou impénitents. La doctrine de certaines sectes ramène cette existence après la mort à un sommeil inconscient dans l’attente de la résurrection. C’est une interprétation arbitraire fondée sur quelques textes des Psaumes et de l’Ecclésiaste en particulier. Leurs auteurs parlant du point de vue de l’existence terrestre, font des défunts ceux qui « ne savent rien… dont la mémoire est oubliée… qui n’auront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil… car il n’y à ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse dans le séjour des morts » 1.

1 Ecclésiaste 9.5, 6, 10.

Mais nombreux sont les autres textes bibliques à nous apporter la certitude qu’après la mort, bien loin de dormir, les âmes connaissent une existence consciente, que ce soit dans l’opprobre comme le mauvais riche 2, ou dans la béatitude comme Lazare ou le larron converti 3.

2 Luc 16.23-31.

3 Luc 23.43.

Christ est ma vie, s’écrie l’apôtre, et la mort m’est un gain… S’il est utile pour mon œuvre que je vive dans la chair, je ne saurais dire ce que je dois préférer. Je suis pressé des deux côtés : j’ai Le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur… 4

4 Philippiens 1.21-23.

Nous savons que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste 5.

5 2 Corinthiens 5.1-2.

Nous qui avons les prémices de l’Esprit… nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance 6.

6 Romains 8.23, 25.

Et Jésus : En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui l’auront entendue vivront 7.

7 Jean 5.24-25.

Cette existence personnelle et consciente n’a plus de commune mesure avec celle des habitants de la terre. Les croyants connaissent auprès du Christ 8 un repos et une félicité caractérisés par les mots « sein d’Abraham » ou « paradis ». Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur. Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent, s’écrie l’évangéliste Jean 9. De quel repos jouiraient les défunts s’ils avaient la possibilité d’intervenir ici-bas ou de communiquer avec les « agités » de ce monde ? Et quel serait ce repos s’il pouvait être troublé au gré des invocations des spirites ?

8 Philippiens 1.23.

9 Apocalypse 14.18.

Il y a une communion des saints. Elle est l’œuvre du Saint-Esprit rassemblant les croyants d’autrefois et d’aujourd’hui dans l’adoration et la contemplation de la personne du Christ 10. Mais cette communion est une grâce accordée par le Christ à ses serviteurs et ses servantes et non un droit ou un privilège que pourrait s’arroger n’importe qui. De plus, si riche soit-elle, cette grâce n’est jamais une communion directe entre les vivants et les morts. Elle passe par le Christ, elle est semblable à celle que trouvent dans l’adoration et l’écoute du Seigneur les membres vivants de toute communauté chrétienne sur la terre.

10 Hébreux 12.1-2.

Quant aux impénitents, le texte le plus explicite à leur sujet — la parabole de Lazare et de l’homme riche 11 — les montre précisément sans possibilité d’intervention auprès de ceux qu’ils ont laissés derrière eux. Et ce serait déformer la Parole de Dieu que de lui prêter d’autres révélations.

11 Luc 16.19-31.

Un seul passage semble contredire cette vérité : le fameux épisode relatant l’évocation de Samuel défunt par le roi Saül. Il vaut la peine de citer ce texte dans ses lignes essentielles :

A la vue des Philistins, Saül fut saisi de crainte, et un violent tremblement s’empara de son cœur. Saül consulta l’Eternel, et l’Eternel ne lui répondit point. Et Saül dit à ses serviteurs : Cherchez une femme qui évoque les morts, et j’irai la consulter. Ses serviteurs lui dirent : Voici, à En-Dor, il y a une femme qui évoque les morts. Alors Saül se déguisa… La femme dit : Qui veux-tu que je te fasse monter ? El il répondit : Fais-moi monter Samuel. Lorsque la femme vit Samuel, elle poussa un grand cri. Je vois un dieu (un être surhumain) qui monte de la terre. Il lui dit : Quel figure a-t-il ? Elle répondit : C’est un vieillard, il est enveloppé d’un manteau… Samuel dit à Saül : Pourquoi m’as-tu troublé en me faisant monter ? Saül répondit : Je suis dans une grande détresse ; les Philistins me font la guerre et Dieu s’est retiré de moi ; Il ne m’a répondu ni par les prophètes, ni par des songes. Et je t’ai appelé pour que tu me fasses connaître ce que je dois faire. Samuel dit : Pourquoi donc me consultes-tu, puisque l’Eternel s’est retiré de toi et qu’il est devenu ton ennemi ? L’Eternel te traite comme je te l’avais annoncé de sa part.

Un tel récit semblerait au premier abord justifier les pratiques spirites. En réalité, il n’est pas de texte qui les condamne davantage.

Le contexte dit clairement qu’en s’adonnant au spiritisme, Saül contrevenait aux lois en vigueur en Israël, lois connues de la magicienne elle-même 12. Conformément à cette loi, dans les années précédentes, le roi avait fait mettre à mort les spirites et les devins du pays 13. Si, maintenant, il consent à ces pratiques alors qu’au temps de sa fidélité, il les interdisait aux autres, c’est qu’il est dans le désarroi. Abandonné de Dieu, endurci, littéralement affolé, son geste est celui d’un insensé. Il le paiera cher. La bible dit clairement que Saül fut frappé de mort, « parce qu’il se rendit coupable d’infidélité envers l’Eternel dont il n’observa point la parole, et parce qu’il interrogea et consulta ceux qui évoquent les morts » 14. Y a-t-il plus claire condamnation du spiritisme ?

12 Lévitique 20.27.

13 1 Samuel 28.3.

14 1 Chroniques 10.13.

Mais ce récit comporte d’autres enseignements.

Si on le compare à l’une ou l’autre relation de séances spirites, il diffère de celles-ci sur plusieurs points précis. Il ne fait aucun doute que Samuel en personne est apparu. Mais cette apparition est si différente de celles que devait connaître la magicienne d’En-Dor qu’elle en est elle-même remplie d’effroi. Devant elle apparaît non plus un esprit comme ceux qu’elle avait sans doute l’habitude de voir, mais quelqu’un dont l’apparence lui fait dire : C’est un dieu. Elle en est si bouleversée qu’elle quitte aussitôt son rôle de médium pour rentrer dans celui de spectatrice. En effet, il n’est plus question de médium. Saül s’entretient directement avec Samuel. Et leur échange de paroles nous dit clairement ce que nous avons à penser du spiritisme.

Samuel reproche à Saül d’avoir troublé son repos. Faut-il en conclure que les vivants de cette terre peuvent troubler le repos des défunts ? Aucun autre texte de l’Ecriture ne vient à l’appui d’une telle interprétation. Cette parole, croyons-nous, a un sens différent :

Dieu est le Maître des vivants et des morts. Il appartient à Lui seul — et non pas aux spirites — de décider où et dans quelles circonstances tel défunt peut être vu des vivants, car Lui seul a autorité sur eux 15. C’est Lui qui tient la clé du sépulcre 16, qui ouvre et qui ferme 17 ; et il n’appartient à personne, et surtout pas aux spirites, de faire monter quelqu’un d’entre les morts au gré d’une invocation.

15 Romains 14.9.

16 Apocalypse 1.18.

17 Apocalypse 3.7.

Sur la montagne de la transfiguration, Il a fait voir aux disciples Moïse et Elie 18. Cette vision était la confirmation d’un enseignement et d’une promesse 19. C’est à cette seule fin qu’Il a fait paraître Moïse et Elie aux yeux des disciples.

18 Matthieu 17.3.

19 Matthieu 16.27-28.

Si Dieu permet que Samuel sorte de son repos et serve une fois de plus d’oracle à sa parole, c’est aussi pour l’enseignement de Saül et le nôtre. Ces choses ont été écrites pour notre instruction. Dieu avait interdit la nécromancie. L’épisode d’En-Dor vient confirmer cette interdiction et la malédiction à laquelle conduit inexorablement cette pratique.

Toute pratique spirite doit être absolument refusée de quiconque prétend vivre dans la communion du Seigneur. En effet, elle équivaudrait à une désobéissance consciente, une volonté arrêtée de devenir l’ennemi de Dieu et d’encourir sa malédiction. L’exemple de Saül en est la démonstration.

Dangereux par ses conséquences, le spiritisme est vanité. En effet, Saül ne sait rien de plus qu’il ne savait déjà ; il a la confirmation que maintenant la grâce lui est ôtée, que l’heure du jugement a sonné.

Ainsi, cet épisode unique dans l’Ecriture est la condamnation même du spiritisme. Il vient à l’appui de la thèse qu’après d’autres nous formulons : lorsque, dans les séances spirites, il y a manifestation surnaturelle, ce ne sont pas les esprits des défunts qui interviennent, mais les démons ou les esprits malins.

Allan Kardec et Léon Denis, les deux plus grands apôtres du spiritisme contemporain, avaient tout à fait raison quand ils reconnaissaient l’existence d’autres esprits que ceux des morts. Pour une fois, ils étaient d’accord avec l’Ecriture, qui nous parle de deux sortes d’esprits ou anges.

Il y a les bons anges, « esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut » 20. Et il y a les mauvais anges, appelés aussi mauvais esprits ou démons, au service de Satan, dont le rôle est de séduire les hommes, de les maintenir dans la dépendance du prince de ce monde.

20 Hébreux 1.14.

Ce n’est pas céder à une facile interprétation que d’attribuer aux démons les phénomènes spirites, ses pratiques et son enseignement. Un spirite convaincu, Oliver Lodge, y songeait lui-même quand il écrivait : « La seule explication qu’on pourrait donner serait d’imaginer une malice supranormale et diabolique qui travaillerait à faire le mal et à nous tromper. »

Des faits évidents et nombreux viennent confirmer la thèse de l’origine diabolique des phénomènes spirites.

QU’ON NE TROUVE CHEZ TOI PERSONNE QUI INTERROGE LES MORTS

La bible dans l’Ancien Testament interdit sous peine capitale la pratique de l’évocation des morts. Plusieurs textes soulignent cette interdiction.

Lévitique 19.31 : « Ne vous tournez point vers ceux qui évoquent les esprits, ni vers les devins ; ne les recherchez point, de peur de vous souiller avec eux. Je suis l’Eternel, votre Dieu. »

Lévitique 20.6 : « Si quelqu’un s’adresse aux morts et aux esprits, pour se prostituer après eux, je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple. »

Lévitique 20.27 : « Si un homme ou une femme ont en eux L’esprit d’un mort ou un esprit de divination, ils seront punis de mort ; on les lapidera : leur sang retombera sur eux. »

Deutéronome 18.10-12 : « Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Eternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. »

1 Chroniques 10.13-14 : « Saül mourut, parce qu’il se rendit coupable d’infidélité envers l’Eternel, dont il n’observa point la parole, et parce qu’il interrogea et consulta ceux qui évoquent les morts. Il ne consulta point l’Eternel ; aussi l’Eternel le fit mourir, et transféra la royauté à David, fils d’Isaï. »

Esaïe 8.19 : « Si l’on vous dit : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs, répondez : Un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu ? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? »

♦ ♦ ♦

Et il y a plusieurs raisons évidentes à cette interdiction.

Premièrement, le spiritisme nous met en communion avec les esprits mauvais. Leurs agissements continuels dans ce monde leur donnent une connaissance exacte de tout ce qui s’y passe. D’où leur information précise quand on les interroge sur la vie terrestre des défunts.

Toute communication volontairement recherchée avec les esprits mauvais nous livre à leur pouvoir.

La biographie de la plupart des spirites, plus éloquemment encore celles de médiums, est là pour le prouver. Dans « Sciences occultes et déséquilibre mental », le Dr Philippe Encausse rapporte l’avis de plus de quatre-vingts médecins, psychologues, psychiatres et professeurs à qui il a demandé s’il pouvait y avoir du danger à pratiquer les sciences occultes. A l’unanimité, ils reconnaissent, sans en discerner la cause première, le grave danger des pratiques spirites. Il serait fastidieux de multiplier les citations. Nous nous en tenons aux plus significatives.

« Les meilleurs, les plus puissants médiums ont tous souffert dans leur corps et dans leur âme. Rappelez-vous la fin déplorable de Ch. Forster, qui est mort de folie furieuse ; souvenez-vous de Slade, qui est épileptique, d’Egliton, le premier médium d’Angleterre en ce moment, qui souffre du même mal. Voyez encore quelle a été la vie de Douglas Home. Pensez au triste sort de Irving Bishop… Voici enfin les sœurs Fox, les plus anciens médiums, les fondatrices du spiritisme moderne ; après plus de quarante ans de rapports avec les « anges », elles sont devenues, grâce à ces derniers, des folles incurables » (Mme H. Blavotsky).

« Le danger est certain ; plusieurs sont devenus fous, dans d’horribles conditions. Ce n’est pas seulement son bon sens qu’on risque, c’est sa raison tout entière, sa santé, sa vie, et quelquefois même son honneur. La pente est glissante : d’un phénomène on passe à un autre, et bientôt, l’on n’est plus maître de s’arrêter » (Marius Decrespe).

« L’action fluidique prolongée des esprits inférieurs peut être funeste au médium, ruiner sa santé, en provoquant des phénomènes d’obsession et de possession » (Léon Denis).

« Des folies causées par le spiritisme, j’en ai vu de près. J’ai pu suivre l’évolution, les progrès, l’horrible paroxysme. L’au-delà s’était pourri… Considérez que ces expérimentateurs, la plupart du temps, ne sont point des prédisposés nerveux, qu’il ne s’agit pas d’anémie par excès de dépense, mais bien de folie ; que la « table » n’agit ni comme un alcool ni comme un stupéfiant ; qu’elle ne détraque pas non plus comme le ferait à la longue une passion (le jeu, par exemple) ; au contraire, la « table » peut rendre fou en quinze jours. Certes, parfois les fous du spiritisme ont été affaiblis par une grande douleur (mort d’une femme, d’un époux, d’un enfant), mais sans le spiritisme, cette douleur ne les aurait pas menés à l’asile d’aliénés » (Fernand Divoire).

« L’expérimentateur téméraire, quand il veut réintégrer son corps, peut le trouver occupé par une larve, qui s’y est installée, à pris possession de ses organes, s’y est fortifiée pour ainsi dire… Ou bien, il rentre sans avoir pu expulser le fantôme ; il doit se résoudre à vivre en partage avec lui, d’où la folie, ou tout au moins la possession » (Stanislas de Guaita).

Allan Kardec lui-même, le grand apôtre du spiritisme, constatait : « L’un des plus grands écueils de la médiumnité, c’est l’obsession, c’est-à-dire l’empire que certains esprits peuvent exercer sur les médiums… »

« Des asiles d’aliénés ont eu, parmi leurs malades, jusqu’à quarante pour cent de spirites » (Marcel Sauvage).

Et voici, pris parmi beaucoup d’autres, un exemple type de possession diabolique.

« M. Leroux s’était beaucoup occupé de spiritisme. Il était médium, écrivain et dessinateur. Son « esprit familier » refuse un beau jour de le quitter. « Vous m’avez permis d’entrer en vous, lui dit-il, maintenant vous êtes à moi. » Or, cet esprit incarné, que Leroux voudrait bien mettre à la porte, se montre de fort mauvais humeur, si l’on s’avise de le disputer Il empêche son possédé d’écrire ses lettres ; il mêle des dessins ridicules à ses dessins scientifiques et souvent se moque de lui. En revanche, il lui donne parfois des conseils, lui fait prendre deux bains par jour, changer de chaussettes toutes les deux heures, fixe ses repas. D’autres esprits viennent parfois à la rescousse, alors Leroux entend des voix, tantôt à droite, tantôt à gauche ; des voix d’homme ou de femme qui critiquent ses actes. S’il s’habille, la voix lui dit : « Tu es sale ». S’il mange, la voix lui fait un sermon sur la sobriété… La voix l’oblige à déchirer des billets de banque et à en semer les morceaux dans la Seine. Enfin un jour, on repêche le pauvre homme dans le fleuve, et il rentre tout mouillé à la maison, ne sachant plus si l’esprit l’avait jeté à l’eau, ou s’il s’y était précipité lui-même pour échapper à ses tourments ». (Citation reproduite par le Dr Boudon dans « Le spiritisme et ses dangers ».)

En interdisant aux Israélites la nécromancie, Dieu voulait leur épargner de graves misères : devenir à toujours des « possédés du malin ».

Les psychiatres n’emploient guère ce langage emprunté à la bible. Ils donnent des noms plus scientifiques à leurs observations. Ils parlent de « dissociations des centres psychiques », « d’altération et de désagrégation de l’individualité », de « troubles graves dans l’économie du système nerveux ». Nous croyons que la vraie guérison de ces « névrosés » du spiritisme ne s’opère que par une intervention du Christ, seul vainqueur des esprits méchants.

♦ ♦ ♦

Secondement, le spiritisme s’oppose formellement à la bible. Par la plume d’Allan Kardec, à la fois connaisseur des Ecritures et des doctrines hindoues de la réincarnation, une « Révélation nouvelle » rendue publique par deux livres célèbres « Le Livre des Esprits » et « L’Evangile selon le spiritisme » a servi de bases à la doctrine spirite. Elle est très séduisante et répond à des désirs très humains.

D’abord, il n’y a plus de péché, mais une perfection progressive de l’homme.

Il n’y a plus ni diable, ni enfer. Il n’y a plus ni repentance, ni grâce, mais un appel au mérite, toujours agréable à l’orgueil humain.

L’homme ne joue plus son salut ou sa perdition éternelle dans le cadre de cette seule vie. Il a devant lui une succession de vies par le moyen de la réincarnation, perspective qui le laisse sans tourment de conscience pendant cette existence.

Naturellement il n’y a plus ni jugement ni mort ; toute souffrance est purificatrice et nous fait avancer dans l’ordre des réincarnations.

C’est la négation de toute la révélation biblique. Il n’y a pas la responsabilité de l’homme, réponse à l’amour du Père. Il n’y a pas la liberté de vivre par la grâce du Christ rédempteur. Il n’y a pas la charité, la joie, la paix, fruits du Saint-Esprit.

Il reste un ciel peuplé de défunts aussi impurs, rusés, moqueurs qu’ils l’étaient sur la terre, et d’esprits dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’ils sont d’essence supérieure et que, parmi eux comme parmi les hommes, il y a des bons et des méchants.

Il reste un Dieu « intelligence suprême, cause première de toutes choses ». L’amour chaleureux du Père a fait place au visage impersonnel du Destin.

En fait de révélation nouvelle, on est retourné à la plus primitive des ignorances, fruit de l’incrédulité.

♦ ♦ ♦

Troisièmement, rangé au nombre des doctrines de l’occultisme, le spiritisme fait partie de ce système anti-biblique, mensonger, illusoire dont parle l’apôtre Paul, lorsqu’il dit : « L’Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns abandonneront la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons » 21.

21 1 Timothée 4.1.

Nous nous intéresserons, dans le chapitre suivant, à quelques-unes de ces doctrines. Pour l’instant et en conclusion à ce chapitre, remarquons que le spiritisme, malgré sa prétention d’être un développement du christianisme, n’en est que la flagrante contradiction. Le plus grave de ses dangers n’est pas la folie qui ne frappe qu’une partie de ses adeptes, mais bien celui qui n’épargne aucun d’eux : l’abandon de la foi, le mépris de la révélation biblique, du Christ sauveur. A ce titre, il fait partie du mystère d’iniquité qui annonce l’apostasie, mais aussi l’avènement du Seigneur 22.

22 2 Thessaloniciens 2.9-12.

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