Quelles médecines pour quelle santé ?

Chapitre III

Des médecines alternatives marginales

Le Zen

C’est un mysticisme dérivé du bouddhisme et du taoïsme chinois. Il doit ses lettres de crédit à l’éclat que lui a donné « l’intelligentsia » nippone. A l’inverse des philosophies s’attachant à tout ce que l’intelligence peut rationnellement concevoir, à l’inverse également des religions intéressées à des dogmes, le zen, par le biais d’une méditation qui lui est propre, veut aider au dépassement du « moi » conditionné par les limites de la raison, mais aussi libérer et développer en l’homme sa personnalité cachée, lui permettre de retrouver un accord profond avec les « Energies cosmiques » répandues dans l’univers.

Cette perspective visant au bonheur éternel et à la liberté infinie comporte des aspects moraux inspirés de ce que la vie elle-même nous enseigne. Chaque créature, végétale, animale, humaine, porte en elle une parcelle de vie, dans le maintien et le développement de laquelle nous sommes interdépendants. Cette solidarité requiert l’esprit de sacrifice des uns en faveur des autres. La terre se sacrifie pour nourrir les plantes, qui se sacrifient pour nourrir les animaux et les hommes, qui eux-mêmes doivent se sacrifier pour instaurer la vie véritable et à venir. Cette philosophie vise la guérison de la totalité des créatures et de la Création.

L’un de ses promoteurs, Georges Ohsawa, est connu par son livre : Le zen macrobiotique.25 Il enseigne un « régime alimentaire conforme à ses conceptions philosophiques et morales ».

25 Ed. Libr. J. Vrin.

Ayant établi un rapport entre la nourriture et nos modes de vie, il veut corriger le malheur de la civilisation occidentale par une cuisine qui « améliore le jugement. Ce n’est pas une boutade. C’est au contraire une science à l’origine de laquelle se retrouvent les deux forces antagonistes de la philosophie religieuse chinoise : le yin et le yang. Elles sont actives à l’arrière-plan de tout ce qui existe, aussi bien des corps chimiques, des températures, des couleurs, des tendances, des directions, que des goûts, des sexes, des contrées, des saisons. L’équilibre de ces deux forces, c’est la clé de la santé et du bonheur. D’où la cuisine macrobiotique enseignant le dosage et la préparation des éléments yin et yang des nourritures et des boissons, au service de notre vie éternelle.

Le promoteur ne s’en cache pas. Il veut remplacer l’Evangile « impraticable et périmé ».26 Intéressante et lucide intention. Les adeptes du « zen » ont peut-être mieux écouté l’Evangile impraticable… que nombre de christianisés qui, eux, l’ont apprivoisé, domestiqué, églisé, occidentalisé et, sous cette mouture convenable, le trouvent « praticables ».

26 Op. cit. p. 208.

Jésus l’a clairement dit à Nicodème, lui aussi troublé devant les absolus de l’Evangile : « Il faut que vous naissiez de nouveau… » L’Evangile n’est « vivable » qu’à partir de cette surnaturelle régénération.

Il s’agit donc d’une intervention divine et non d’un équilibre à trouver à l’Ecole du yin et du yang.

A la question de savoir pourquoi une telle philosophie et sa spiritualité « macrobiotique », en dépit de leurs exigences et de leurs subtilités, plaisent mieux à certains que le pain ordinaire et quotidien de l’Evangile, il y a lieu de répondre sans ambages :

Pareille à bien d’autres médications, celle du zen permet d’éviter la nécessaire correction d’un « Moi » complexe, égocentrique, prétentieux, souvent désagréable aux autres. La fatuité aidant, on se ménage, on s’épargne, on se tourne autour dans une préoccupation et une recherche de soi valorisante, puisque, selon cette sagesse, l’homme est d’essence divine. C’est encourageant ! Et jusque dans le choix de ses nourritures, l’homme est invité à s’autogénérer et à se promouvoir vers un Tout dont il est déjà une infime partie. C’est éblouissant ! Il n’y a plus à s’encombrer d’humbles repentances et d’humbles services des autres, au nom d’un amour désintéressé. Par les techniques du zen macrobiotique, l’homme une fois de plus s’occupe essentiellement de sa précieuse « divinité », par dosages savants et raffinés. Pour une durée indéterminée, il entre en état progressif de guérison et de divinisation !

En toutes choses, on peut retenir ce qui est bon. Entre le yin de la « bouffe » des uns, et le yang de la « famine » des autres – ce qui les rend tous malades – il y a place pour une alimentation diététique que l’Evangile enseigne. Les recettes abondent. En voilà quatre, ignorées des incrédules, restées théoriques à l’entendement de trop nombreux croyants :

« Ne vous tracassez pas en demandant : Qu’allons-nous manger pour vivre. Dieu pourvoit à la nourriture même des oiseaux. N’avez-vous pas bien plus de valeur à ses yeux ? Préoccupez-vous d’abord de son Règne, alors tout le reste vous sera donné par-dessus. »27

27 Matthieu 6.25-34.

« La vraie piété va de pair avec le contentement d’esprit. Nous n’avons rien apporté dans ce monde… Tant que nous avons nourriture et vêtement, estimons-nous contents. »28

28 1 Timothée 6.6-8.

« Vous avez liberté de manger de tout, car la terre entière appartient au Seigneur avec tout ce qu’elle contient. »29

29 1 Corinthiens 10.25-26.

« L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »30

30 Matthieu 4.4.

Faute de cette diététique, que de gens malades, en effet !

Le Training autogène de Schultz

Par sa technique – elle date de 1912 – Schultz veut former le patient à une autorelaxation conduisant à une autoguérison. On retrouve l’un ou l’autre des principes de sa méthode dans l’autohypnose, plus encore dans la sophrologie.

C’est à la fois une gymnastique mentale, psychique et physique. Le patient, yeux fermés, se voit en imagination dans une situation favorisant sa détente. Il concentre son attention successivement sur l’un ou l’autre de ses membres. Exemple : s’étant répété à lui-même qu’il était parfaitement à l’aise et détendu, il se convainc que sa jambe gauche devient de plus en plus lourde. Elle le deviendra jusqu’au point mort. Après une minute de cette sensation devenue réelle, le sujet ramènera sa jambe à la réalité. Ainsi de suite pour ses différents membres, à une cadence progressive. Cette première action – on devrait plutôt écrire désaction – conduit à cinq autres étapes comprenant le contrôle de la relaxation vasculaire (chaleur ou refroidissement d’un membre), cardiaque (régulation des battements du cœur), respiratoire (amplitude du souffle comparée à celle des vagues de la mer), du plexus solaire (dit « creux de l’estomac » agissant sur les organes abdominaux) ; enfin, une action visant à agir sur les nerfs qui commandent la constriction ou la dilatation des vaisseaux sanguins du cerveau. Après quelques mois de ce travail reconnu de longue haleine, le patient, dit-on, pourra se mettre en état régulier et contrôlé d’antistress, de vie au ralenti, sinon de vie en hibernation.

Elémentaire remarque : l’engouement contemporain pour toute technique de relaxation est souvent lié au stress, à la recherche d’un bien-être physique et moral, mais aussi aux ennuis de santé résultant d’une hypertension nerveuse et musculaire. La contraction puis la relaxation d’un muscle conduisent progressivement à un repos de la zone correspondante du cerveau.

Schultz procède à la relaxation progressive de tous les muscles, celui du cœur compris. Il a frayé la voie qu’élargira et étendra la sophrologie de Caycedo, puis la dianétique de Ron Hubbard dont il va être question.

Il convient préalablement de le souligner : la relaxation participe de la gérance de la santé. Repos et sommeil ont leur place dans notre quotidien. Mais le facteur naturel du bien-être peut artificiellement être provoqué. Somnifères, narcotiques, hypnose sont au nombre des ingrédients de cette détente factice. Comme déjà dit plus haut, à l’insu de celui qui consent à ces dopages s’opère une modification progressive – porosité, vulnérabilité – du terrain psychosomatique de la personne. Elle voit s’ouvrir devant elle, si elle y consent, des perspectives quasi illimitées. En particulier, celle de franchir la barrière du monde visible.

En effet, ce développement de la faculté de concentration puis de contrôle de soi peut aboutir à un stade où l’homme mental, libéré de son être physique et psychique, existe en dehors de lui-même. L’ultime étape de ce processus est connue. Elle est pratiquée sous les noms significatifs de « sortie hors du corps » ou « voyage dans l’astral » ou « processus d’hominisation ».

Trêve de commentaires sur ces sujets, sinon cette sobre déclaration : « Le training autogène est un premier pas d’une pérégrination menant progressivement au royaume de l’Invisible. » Est-ce celui de la lumière et de la vie ? Ses adeptes en sont-ils la démonstration ?

La Scientologie

La scientologie est, elle aussi, une philosophie de l’existence embrassant un vaste champ de connaissances. Sa technologie d’application – elle nous l’assure – opère les changements nécessaires et désirables dans la vie de tout homme. Ron Hubbard, son fondateur, part de deux a priori :

L’homme naît bon. Il dispose d’une intelligence comparable à un ordinateur perfectionné, incapable d’erreurs. Celles qu’il commet tiennent à un dispositif du mental humain composé de deux parties : « d’analytique » et « le réactif ». Le premier perçoit et analyse les données de toute expérience humaine. Le second, au niveau du subconscient, mémorise toute émotion (joie et douleur) accompagnant les faits de notre existence. Or cet enregistrement marque de son empreinte toute expérience nouvelle offrant des similitudes avec celle qui l’avait initialement provoquée. Ce qui fausse et perturbe la santé morale, psychique, physique de l’homme, dans sa vie personnelle, plus encore dans sa vie sociale.

En clair : si vous n’êtes pas malade, en tout cas vous êtes « déréglé ». Exemple simpliste, mais significatif : quand vous dites que la mort existe et qu’il serait insensé d’en nier la réalité, il vous est répondu : étant un dieu en devenir, l’homme ne peut pas mourir. La réalité n’est pas ce que vous voyez ou éprouvez, mais ce que je vous dis !

Il importe de le préciser : la scientologie n’est pas à confondre avec la sophrologie, la méthode Coué ou le training autogène de Schultz. Non sans raison, elle déclare être une Eglise. Elle a un credo, se réclame de Dieu, de Ses Lois, de Sa Sagesse, expressions au contenu sans rapport avec la révélation biblique. Certes, sa philosophie a une connotation religieuse dont on dirait volontiers qu’elle correspond à cette définition : « l’imagination seule est au pouvoir ».31 Voyez plutôt :

31 cf. P. van Eersel : La source notre. Ed. Grasset.

« Vous êtes né bon. » Auriez-vous la simplicité de remarquer que cette bonté est démentie de mille manières, et mille fois plutôt qu’une, il vous est répondu : l’homme dispose d’un « analytique » original de qualité irréprochable, encore actif en lui. S’il est « entaché de vilenies », cela ne tient pas à lui, mais à son « réactif » émotionnellement déréglé. A son insu, en tout cas malgré lui, il marque de son empreinte délétère sa bonté naturelle.

Reconnaître ses torts ? Avouer sa méchanceté ? Confesser un goût inné pour la suffisance ou un penchant naturel pour le mensonge ? Ce serait encore un signe du dérèglement du « réactif ». La scientologie a mieux à vous offrir. Par sa dianétique32, vos états psychiques et leurs douloureuses conséquences seront progressivement apaisés. En d’autres termes, le patient aura une compréhension corrigée de lui-même et ne tardera pas à goûter à la libération attendue.

32 Démarche psychanalytique au moyen de laquelle le thérapeute libère le patient des fausses données du « réactif ».

Il y a mieux encore. Par une erreur imputable au « réactif, l’homme se considère comme une petite lumière sur la terre. Quelle aberration ! Qu’il se soigne. La « dianétique » aura l’effet d’une fulguration de sa pensée et l’amènera à la vérité entière : il est un candélabre dans le ciel !

Parole bien modeste lorsqu’on prend connaissance des résultats assurés auxquels conduit normalement la scientologie. Car sa dianétique a pour vertu première d’abréger le cycle des réincarnations qui guérissent l’homme de son « humanité » et l’intègrent rapidement à son « analytique » d’essence divine. Dorénavant et déjà sur la terre, il aura la maîtrise de son présent et de son avenir. Pour l’en instruire, Ron Hubbard, entre autres écrits, a publié un Chemin du bonheur en vingt et une étapes. Elles comportent des exigences d’une haute moralité, semblables à celles que professent la plupart des religions. Il en donne les prescriptions détaillées, mais lui aussi laisse sans réponse l’objection de l’impossibilité naturelle de l’homme de vivre en conformité avec les exigences et les promesses de ce « bonheur » victorieux du mal, de la maladie, de la mort.

Est-il nécessaire d’épiloguer longuement sur de telles données ? On peut s’étonner qu’une telle philosophie trouve un crédit et des adeptes. Plus encore : que des gens en difficulté usent des ultimes deniers de leur détresse – voire de leur fortune – pour consentir à de tels traitements et s’entraîner à de telles techniques aux effets illusoires.

On le sait : l’Evangile de Jésus-Christ contredit absolument de telles données. Il déclare la créature d’essence humaine et non divine. Il révèle la cassure originelle dont souffrent les créatures et la création tout entière. Il met tout en œuvre pour éclairer et instruire l’homme, pour alerter sa conscience, son intelligence, son cœur, son esprit et même son corps, de l’état mortel qui l’aliène, pour le rendre conscient de sa responsabilité de se saisir du salut gratuit qui lui est offert. Il met tout en œuvre également pour l’entraîner dans ce chemin de guérison.

Est-il besoin de le préciser ? Il dénie absolument à l’homme la propriété d’une vie divine altérée, guérissable par la dianétique et, au besoin, récupérable par des réincarnations successives.

La scientologie se garde du reste bien d’expliquer comment et pourquoi cette essence divine et cette bonté originelle se sont altérées, comment et pourquoi il a fallu attendre le XXe siècle pour que naissent M. Hubbard et la scientologie capables enfin d’inverser le processus !

Cette vision de l’homme et de son histoire est un leurre. Elle est un mythe, paré d’un langage modernisé, à la fois philosophique, religieux et psychanalytique.

Les thérapies de la scientologie usent de techniques sans véritables considérations pour la personne. Elles écartent la relation pourtant primordiale entre le soignant et le patient. Sous prétexte de le rendre autonome, elles le séparent de sa famille. Elles font usage de suggestions manipulatrices et possessives, d’une stratégie rendant la personne dépendante de l’Organisation et à l’avantage financier de cette dernière.

Simple question : la scientologie et sa dianétique ont-elles un quelconque rapport avec une véritable « thérapie » ?

Le Yoga et la Méditation Transcendantale

Ces deux techniques, assorties d’apports spirituels, ont leur place dans l’ensemble des médecines alternatives. Elles assurent conférer à leurs adeptes une guérison qui dépasse de beaucoup la santé physique et psychique. Elles recourent, elles aussi, aux bienfaits de l’Energie cosmique et donnent accès, par promotion, à une existence nouvelle, déclarée divine.

Au premier chef, en effet, le yoga vise à rétablir l’homme dans une profonde communion avec Dieu. Mais il s’agit ici du dieu tel que le conçoit l’hindouisme, d’autant plus difficile à caractériser qu’il est « divin ». A vouloir le nommer par un ou plusieurs termes qui permettraient d’en saisir la véritable essence, on le défigurerait. Car il est « l’Intelligence créatrice », la « Conscience pure », d’Absolu impersonnebh, « le Moi universel et cosmique », « le Pur Esprit incréé ».

Il est bien la source de tout ce qui existe, mais il serait rabaissé au niveau de la créature s’il existait concrètement. Il est donc le Non-Existant. Il est l’Existence même.

Par le yoga, on ne rejoint pas Dieu, on devient dieu. On passe du petit moi humain, individuel et personnel, au grand Moi ultimement impersonnel, universel, cosmique, divin. Dans le nirvana (en sanscrit : extinction), il atteint son état de sérénité suprême, le multiple humain ayant fusionné avec un Tout indistinct, illimité et éternel.

Le yoga est l’un des chemins de cette divinisation, réalisable par de successives réincarnations. Pour y parvenir, il s’agit littéralement de désindividualiser, de dépersonnaliser, de dissoudre l’homme, afin qu’il échappe aux limitations dans lesquelles ce monde et cette vie l’enferment, et qu’il rejoigne ainsi son état d’Absolu divin et impersonnel.

A cette fin travaillent les poses et les exercices respiratoires du hatha-yoga, la répétition des formules du mantra-yoga, l’action du karma-yoga, la méditation du raja-yoga. Et il y a encore d’autres yogas.

Une comparaison peut illustrer cette divinisation par la fusion. La nature humaine en son état précaire, distinct et dissemblable, peut être comparée à un morceau de glace. Celui-ci rejoindra d’autant mieux sa véritable unité impersonnelle et divine qu’il deviendra eau, puis vapeur et gaz.

Les praticiens occidentaux du yoga, dans leur très grande majorité, ignorent volontairement cette visée et ne voient dans le hatha-yoga, communément enseigné, qu’un moyen de relaxation et de guérison.

Sa description est instructive :

« Couché sur le dos, jambes un peu écartées, mâchoires entrouvertes, pensez au mot rien ou au chiffre zéro. Ensuite, passez en revue tout ce qui pourrait être encore crispé, relâchez-le. Lorsque tous vos muscles répondront absents, laissez la torpeur qui surviendra vous envahir pendant quelques minutes. Voilà ce qu’est la décontraction… »33

33 yoga pour soi. E. Longue, M.C.L. Rue Bergières Paris, p.34.

Cette première étape indispensable précède les autres étapes du yoga. Celles-ci conduisent aux poses, elles-mêmes accompagnées d’exercices particuliers de respiration.

Elles sont garanties facteurs de guérison de la personne.

« La respiration oxygène l’organisme mais parallèlement y insuffle le prana, appelé ailleurs l’Energie vitale cosmique… Poses et respiration agissent sur toutes les parties du corps, même sur les battements du cœur, la sécrétion des glandes, l’afflux du sang dans un membre. Elles travaillent donc au rétablissement, au maintien et à l’accroissement de la santé. Cette maîtrise serait de valeur relative si elle devait permettre uniquement de durer… dans l’attente de la mort. Le yoga l’enseigne : la vie de l’univers tout entier est liée au rythme, à l’échange du courant né de la polarité. En l’homme, le pôle positif, résidence de l’esprit, se situe dans la partie élevée du crâne ; le pôle négatif, concentration de la nature divinisée, est à la hauteur de la dernière vertèbre. Elle y est représentée comme un serpent enroulé sur lui-même. Dans leur visée ultime, les exercices de yoga tendent donc à éveiller le pôle négatif et à conduire l’énergie qui s’en dégage vers le positif, en empruntant des condensateurs d’énergie situés le long de la colonne vertébrale. Cette élévation intérieure conduit à la béatitude recherchée, l’extase, l’état de plénitude et de perfection. C’est le plan le plus élevé, celui où la conscience individuelle se fond et ne fait plus qu’un avec Dieu. »34

34 Non au Joga. M. Ray. Ed. Ligue pour la lecture de la Bible. (Epuisé)

Si le hatha-yoga est la base de lancement de cette recherche, le raja-yoga en est l’étape suivante. Au dernier stade de sa démarche, il prétend à la transfiguration de la matière en esprit. Sur le chemin qui mène à l’infini, le yoga devient une technique de salut, un affranchissement du monde physique, une réintégration au monde de l’Absolu.

La Méditation Transcendantale, connue sous l’appellation M.T.

Un Yogi, Maharishi Mahesh, en est le fondateur. La M.T. n’est qu’une variante moderne et occidentale du yoga. Ici encore, il faut rappeler que l’hindouisme dont s’inspire la M.T. ne fait pas de différence essentielle entre matière et esprit. Il n’y en a pas non plus entre la vapeur d’eau et la glace. Ce qui les distingue ne tient pas à la nature (c’est de l’H2O, dans les deux cas), mais à des degrés de condensation ou de dispersion, de solidité ou de fluidité. Donc, ici encore, par une voie appelée « mécanique », le moi est entraîné à rejoindre le Moi divin – il n’en est qu’une émanation matérialisée – par un processus identique à celui du yoga. Avec cette différence – selon les propres termes de Maharishi – que « les approches pour la réalisation du Dieu impersonnel » (c’est-à-dire : la fusion en Lui ou la dissolution en Lui) ajoutent au yoga habituel ou, sous la conduite d’un gourou, lui substituent le mantra-yoga.

Dans une cérémonie d’initiation à laquelle le « maître » préside, le candidat reçoit son « mantra », formule phonétique personnelle qu’il devra répéter chaque jour, si possible durant deux fois vingt minutes.

Cette répétition « est destinée à agir à la manière des techniques de transe. pour rétrécir le champ de conscience… et amener le sujet à un état second… c’est-à-dire à le faire passer progressivement de son état individuel à un état universel, cosmique, divin ».35

35 Le yoga face à la croix. D. Clabaine, auteur et éditeur. M. Sabathier. B.P 1. St-Christol. 34400 Lunel (F).

Donc, par ce type de méditation, la personne, âme et corps, est mise en condition afin de devenir champ opératoire de l’omniprésent Absolu et de son flux vital cosmique. Le caractère « religieux » de cette démarche est évident. L’intermédiaire du gourou communiquant un mantra personnel en est la démonstration.

Cette sommaire présentation du yoga et de la M.T. s’applique à le faire comprendre :

Le yoga n’est pas une gymnastique. Il est un ensemble de postures étudiées et exercées à des fins précises : captation (ou réception des ondes) de l’Energie céleste appelée prana, en concomitance avec une respiration elle aussi captatrice de ce même prana. Sa pratique est réglée de manière à commurniquer cette énergie vivifiante à toutes les parties du corps, à chacun de ses organes en particulier. Parallèlement et par étape, le yoga entraîne le patient vers une extase ultime, sorte d’explosion de soi-même caractérisée comme une fusion de l’être dans l’unique et multiple Dieu Impersonnel qui n’est « ni Dieu ni non-Dieu », mais « l’Eternel Absol » dont l’impassible Bouddha est le reflet pétrifié.

La Bible désigne du nom de « chair » la condition humaine naturelle mais mortelle. Elle l’enseigne clairement : « L’affection de la chair, c’est la mort… La chair a des désirs contraires à l’Esprit. »36 Jésus-Christ n’appelle pas ses disciples à spiritualiser la chair, mais à s’en séparer, à la laisser à la place définitive. qui lui est attribuée : crucifiée avec lui sur la croix. En retour, l’Esprit Saint rend à l’esprit, à l’âme et au corps l’intégrité de santé, de vie, de liberté à laquelle tout homme aspire.

36 Romains 8.6 ; Galates 5.17.

En dénégation à cette révélation de l’Evangile, le yoga comme la M.T. visent la divinisation de la chair. La respiration, les poses, les mantras assujettissent l’esprit, l’âme et le corps à cette visée. L’homme est appelé à devenir un « sur-homme », finalement un petit dieu qui fusionne avec l’impersonnel Dieu.

En réalité, sublimer la chair et la conduire à l’extase, ce n’est pas parvenir à un état de haute spiritualité, c’est au contraire parvenir à cet état de haut angélisme dont Pascal a dit justement qu’il était la fusion avec la Bête, imitation satanique de l’Agneau qu’est le Seigneur.

Le rachat de l’homme et sa réconciliation avec Dieu par le Christ n’opèrent pas une fusion de l’homme avec Dieu. Elle redonne à l’homme sa place de créature, mais ne lui confère aucune divinité. Elle établit une filialité avec un Créateur, révélé dans la richesse de sa personnalité, Père, Fils et Saint-Esprit, et non avec la vacuité silencieuse et éternelle d’une Essence divine et impersonnelle.

Par le yoga et les mantras de la M.T., le patient qui souffre de complexes d’infériorité, de difficultés relationnelles, de faiblesses et d’infirmités physiques et psychiques s’entend promettre, outre la guérison, l’acquisition de pouvoirs supérieurs et l’assurance d’une existence éternelle. Une seule condition : passer d’un état conscient (solide) à un état désintégré (gazeux). Donc parvenir à un état de médiumnité dépersonnalisée. Les exercices « yoguiques » et la répétition des mantras permettent que l’être tout entier entre en extase. Il a passé sous le contrôle non plus de la conscience, mais du subconscient, non plus de la force de la volonté propre, mais de celle de la Volonté énergétique cosmique. Une béatitude relaxée, déstressée, décontractée résulte de cet euphorisant pour un temps limité en tout cas. Les adeptes du yoga et de la M.T. en témoignent et s’en réjouissent. Ils ont part à une nouvelle condition d’existence. Ils ne sont pas encore dans le ciel. Ils sont sur la terre, mais ils baignent dans un état céleste intériorisé. Définitif ou illusoire ?

Les Rose-Croix ou Rosicruciens

Il peut paraître étonnant que ce mouvement soit rangé à l’enseigne d’une médecine. Apparemment il n’en est pas une puisqu’il est, avant tout, une philosophie et une religion.

Les Rosicruciens constituent une fraternité qui situe ses origines au XVIe siècle avant Jésus-Christ. Les textes originaux dont elle s’inspire disent leur intention : travailler à une rédemption du monde et de l’humanité. A cet effet, la primauté est accordée à une recherche englobant philosophies, sciences, religions. La plus large tolérance en est la règle. L’occultisme sous toutes ses formes y est admis. Tout penseur est honoré dans la mesure où sa philosophie et sa spiritualité contribuent à la maîtrise, par l’homme, de son destin. La recherche de la santé inclut le recours aux médecins, y compris les guérisseurs et leurs pratiques magiques. Elle n’ignore pas la morale et l’ascèse, elle porte un intérêt compatissant aux nécessités d’autrui.

La formation est liée à une initiation qui range le Rosicrucien parmi l’élite promise à une communion aux Forces du Cosmos, à une promotion qui, par réincarnations successives, permet à l’homme de fusionner finalement avec l’Absolu cosmique.

Si les Rosicruciens ont un respect des religions des pays où vivent leurs adeptes, c’est qu’ils tiennent ces religions pour une étape primaire. Ils se considèrent comme les Maîtres de connaissances métaphysiques infiniment supérieures. Ils les partagent avec les initiés célèbres de l’antiquité, tels Bouddha, Pythagore ou Mahomet. Jésus est aussi un de leurs Maîtres à penser. Il serait une réincarnation de Zoroastre et, bien sûr, sa biographie n’est pas celle des Ecritures saintes. Essénien zélé, Jésus Joseph de son vrai nom) aurait été initié aux mystères de l’Inde, du Tibet, de Babylone, de la Grèce, enfin de l’Egypte. Il aurait disposé d’une technique spirituelle dont ses miracles sont la démonstration. Ses techniques auraient permis à ses disciples, eux aussi initiés, de le réanimer après Golgotha. Il aurait poursuivi son existence terrestre dans une communauté cachée. Il aurait vécu jusqu’à 70 ans. Il aurait « transité dans le plan cosmique » où il aurait rejoint l’Egrégore, c’est-à-dire « le conclave » des Maîtres invisibles et hiérarchisés qui constitue cette « Conscience pénétrant tout l’espace, vitalisant toutes choses », « ce point focal de toutes les pensées positives transcendantes et de toutes les conceptions des hommes ».37

37 Documents AMORC, 27110 Neubohrg.

L’adhérent connaît un noviciat, puis une initiation, puis une formation de neuf degrés. Les réunions sont réservées aux seuls membres de l’Ordre. Ils ont leur calendrier, leur temple, leurs prières, leurs symboles (y compris la croix), leurs mantras, leurs prédictions quant à la fin des temps.

Plus que l’Europe, le continent noir est partout confronté au mouvement rosicrucien appelé A.M.O.R.C. (Ancien et Mystique Ordre Rosae Crucis). Parmi les chrétiens, beaucoup se sont laissé séduire par ses propositions alléchantes.

Les Africains, semblablement à beaucoup d’Européens, sont intéressés par les pouvoirs de la sorcellerie appelée « magie blanche ». Elle tient une grande place dans la médecine populaire. Les Rosicruciens sont vivement intéressés au développement des pouvoirs parapsychologiques. Ils en usent au service d’une guérison de l’homme, au maintien de sa santé, par le recours simultané d’une part aux Energies cosmiques, d’autre part aux pouvoirs latents qui sont en l’homme.

Dans une époque où le désarroi est la règle générale, il est séduisant de s’intéresser à une métaphysique qui assure :

Une autre raison du succès de ce mouvement : tout adhérent voit sa candidature agréée s’il consent à « l’initiation » préalable. Elle le met au courant de « secrets » révélés aux seuls initiés et le promeut au rang d’une élite. En soi seul, c’est attirant. Pour le moins, l’infantilisme humain le croit, en Afrique comme en Europe. Ce « secret » initiatique est la note générale non seulement de toutes les doctrines, mais de toutes les activités du Mouvement.

Simple question : comment des chrétiens pourraient-ils concilier ce secret avec leur foi en Christ qui, lui, déclare : « J’ai parlé ouvertement au monde, j’ai toujours enseigné. et je n’ai rien dit en secret. »38 Fidèle disciple, l’apôtre Paul s’écrie : « Nous avons dit non aux procédés secrets. Nous ne falsifions point la Parole de Dieu… C’est en manifestant la vérité que nous cherchons à gagner la confiance de tous les hommes…»39

38 Jean 18.20.

39 2 Corinthiens 4.2.

Il n’y a aucune communion entre l’Evangile offert à tous, sans distinction de race, de classe, de titre, de personne, et cette métaphysique « supérieure à tout ce que peuvent enseigner les religions courantes » et accessible à une seule élite d’« initiés ».

Quel rapport des chrétiens pourraient-ils jamais établir entre le Dieu de Jésus-Christ et le « dieu ENERGIE infinie, Conscience universelle qui réside en toutes ces choses » ?

Quelle commune mesure trouveraient-ils entre Jésus-Christ Fils du Dieu vivant et le Jésus rosicrucien « formé aux techniques spirituelles du Tibet, des Indes et de l’Orient en général. réchappé de la croix grâce à l’intervention ultime de Pilate et réanimé grâce aux Forces cosmiques des médecins esséniens » ? (Version rosicrucienne de la résurrection !)

Il y a totale disparité entre l’Evangile de Vendredi saint et de Pâques et la loi rosicrucienne d’illumination et de compensation (appelée Kharma) selon laquelle l’homme pécheur doit se racheter dans cette vie déjà et, s’il le faut, par une ou plusieurs réincarnations où il paiera le solde de ses culpabilités.

La Franc-Maçonnerie

Elle aussi est secrète et ouverte aux seuls initiés ; elle n’a pas la prétention de donner à ses membres « une connaissance métaphysique supérieure à tout ce que peuvent enseigner les religions courantes », ni de leur enseigner que, par cette connaissance, « ils deviendront capables de diriger leur destin ».

Elle reconnaît, dans ses principes, l’existence d’un Dieu « Grand architecte de l’univers ». Cette appellation « religieuse » n’empêche nullement les membres de la franc-maçonnerie de professer à leur gré leur athéisme. Mais, en totale contradiction avec cette prétendue liberté, les signes et les rites cultuels qui accompagnent l’initiation, la vie et les rassemblements des tenants de la confrérie attestent l’ésotérisme idolâtre qui les inspire. Et cela n’est pas sans dommage.

Je pourrais faire état – et avec moi bien d’autres thérapeutes chrétiens – des graves séquelles spirituelles et psychiques héréditaires40 constatées chez les « initiés » et leurs descendants. Le premier et le deuxième commandement du Décalogue est toujours en vigueur ; ses conséquences aussi ! C’est effectivement jusqu’à trois ou quatre générations qui peuvent être affectées par cette idolâtrie secrète et méconnue.

40 cf. Exode 20.36.

Si j’en fais ici la remarque, c’est qu’aucune médecine naturelle, scientifique, alternative, ne découvre ni ne guérit les conséquences des altérations de la personnalité des victimes de ce déisme corrupteur.41 Le Christ en est le seul libérateur. Il confère à ses disciples le ministère de la guérison de ce type de « malades ».

41 L’apôtre Pierre dénonce « les dérèglements associés aux cultes idolâtres » (1 Pierre 4.3).

Par souci de vérité, il convient d’ajouter que la franc-maçonnerie veut orienter ses adeptes vers une fraternité à prétention culturelle et morale, économique et politique. En réalité, sa métaphysique des symboles et ses rites – dont l’observation ne peut être associée à une profession de foi chrétienne – s’inféodent aux « puissances » pernicieuses qui inspirent et finalement régissent la civilisation.

Même si elle s’en défend, la franc-maçonnerie, certes différemment des Rose-Croix, est une des Forces invisibles que l’apôtre Paul rangerait au nombre des éléments ou rudiments du monde.42 Les chapitres suivants en souligneront la nature et l’importance.43

42 Colossiens 2.8, 20, 23.

43 Profitons de ces pages d’information pour dédouaner l’ordre des Bons Templiers de la suspicion que son appellation provoque quelquefois. Les mots « temple », « loge », en usage dans ce mouvement international laisseraient facilement croire que cette société est affiliée à la franc-maçonnerie. Ce n’est pas le cas. Les Bons Templiers ont vu le jour aux USA en 1851 et constituent une société d’abstinence. Intéressés d’abord à la lutte contre l’alcoolisme, mais aussi à toute forme de dépendance – la drogue, le tabac, par exemple – ils contribuent par leurs écrits et leurs interventions publiques à sauvegarder la famille, à lutter pour que soient accordés à chacun de justes moyens d’existence, à rendre conscient tout citoyen ou citoyenne de sa responsabilité dans la défense de la santé publique. A ce titre, les Bons Templiers sont actifs dans l’information prônant une alimentation saine et les boissons non fermentées.

L’Iridologie

Elle n’est pas une thérapie. Elle est un diagnostic par l’observation de l’iris des deux yeux. Tel le cadran d’une horloge, l’iris est considéré comme un champ d’observation dans lequel l’iridologue prétend lire l’état de santé des organes ou de parties précises du corps humain. Cette lecture se fait à partir des taches de couleurs, d’intensité et de formes diverses, repérables dans ce champ. D’autres indications sont données par les anneaux concentriques de l’iris, plus ou moins larges, faibles ou forts. Ce tableau se parachève par le repérage du « centrement », de la dilatation, de la contraction, de la déformation, de l’inégalité des pupilles.

  1. Les iridologues ne s’accordent pas sur le nombre de segments qui partagent la surface de l’iris ni sur la description et l’interprétation des taches et des anneaux qu’il comporte. C’est déjà un indice quant à la fiabilité relative de ce diagnostic. Autre indice à retenir : la technique d’un bilan de santé par l’examen des yeux est contestée par de nombreux médecins. Certes, l’examen de la cornée, de la pupille et de la rétine apporte des informations connues (en rapport avec la jaunisse, le diabète, l’hypertension, certaines affections des reins). Mais au-delà de ces indications usuelles et limitées, ce type de diagnostic est communément déclaré sans aucun fondement scientifique.

  2. Dans un article du Dr U. Senn44, médecin alémanique, on lit cette importante remarque : « Les iridologues n’ont pas le droit de se plaindre si les praticiens de la médecine scientifique les répriment ou les ignorent… Des examens sérieux ont été faits dans les hôpitaux par des hommes de science exempts de préjugés, pour voir s’il n’y avait pas quand même quelque chose là-dedans. Si l’efficacité de cette méthode avait pu être démontrée, il serait du devoir de tous les médecins de l’appliquer à leurs patients. Qui se donnerait la peine de soumettre les malades à des examens longs et pénibles selon les méthodes classiques s’il suffisait, pour arriver au même résultat, de scruter à la loupe la profondeur de leurs yeux ? »

    44 Revue Appel de minuit, Le Locle.

  3. Le Dr Samuel Pfeifer rapporte une autre constatation troublante : « Les iridologues nous assurent constamment qu’il n’y a qu’une seule clé ou tabelle d’interprétation des signes observés dans l’œil. Or un ophtalmologue allemand connu en a compté jusqu’à… dix-neuf ! »45

    45 Op. Cit. p.93. A la p. 98, il rajoute une liste impressionnante d’expériences et conclut que dans aucune d’entre elles, les iridologuces ne purent étayer leurs affirmations de résultats conséquents.

  4. L’iridologue peut être un chercheur et un observateur au service d’un art qu’il veut rigoureusement scientifique, même si des « confrères » se sont détournés de cet art, Convaincus qu’il n’en est pas un. Il est possible que, consciemment ou inconsciemment, ce chercheur, longuement formé à l’observation et à l’expérimentation à laquelle elle le conduit, ait acquis un savoir qui, pour n’être pas scientifiquement « démontrable », n’en est pas moins réel, même s’il doit l’essentiel de sa connaissance à une intuition ou à un don personnel. La sûreté du diagnostic d’un médecin de médecine générale, elle non plus, n’a pas toujours la science pour seul critère. Dans la préface d’un important traité d’irido-diagnostic, le professeur Jean Brossy de la faculté de médecine de Montpellier reconnaît l’effort des iridologues pour « relier les connaissances scientifiques à l’empirisme de la méthode ». Cet empirisme est évident. Il explique donc la suspicion dont l’iridologie est l’objet. Au mieux donc, cette méthode d’examen doit être complétée et contrôlée par telle autre méthode moins empirique.

  5. Il ne faut pas confondre l’iridologue et l’ophtalmancien. Le premier limite son examen clinique à l’établissement d’un bilan de santé, c’est-à-dire des dispositions pathologiques du patient. Il veut donc ainsi prévenir la maladie. Et s’il découvre une anomalie, il établit le diagnostic par d’autres méthodes d’investigation connues de toute médecine. Par contre, hors le bilan de santé ou le discernement des maladies évoqués plus haut, tout diagnostic par les yeux tient de l’ophtalmancie, c’est-à-dire de la divination. En effet, il est des iridologues qui ont constaté les « intéressantes » coïncidences existant entre la carte iridologique d’un œil… et la carte zodiacale. Cette dernière, sous forme d’un cercle semblable à un œil partagé en douze portions ou maisons, dira, elle aussi, que la tête et les pieds sont à midi, les dernières vertèbres à sept heures, etc. Un éminent astrologue, M. Barbault, « a constaté une concordance parfaite d’environ 70% entre la localisation des signes iriens et la position des planètes ».46 Cette voie étant ouverte à l’astro-iridologie, beaucoup d’iridologues, empiristes plus que médecins, l’empruntent avec un grand « intérêt ». Est-il besoin de dire qu’ils ont alors franchi une frontière et qu’ils appartiennent non plus à la confrérie des médecins mais à celle des occultistes... (A ne pas confondre avec celle des... oculistes !)

    46 Traité d’irido-dtagnostic. René J. Bourdio. Ed. Maisonneuve, 78141 Vélizy (F)

La Prière secrète pour le soulagement des brûlures, l’arrêt des hémorragies, la disparition des verrues

Est-il besoin de le préciser ? Cette thérapie n’est enseignée ni dans les facultés de médecine scientifique, ni dans les Ecoles de médecine alternative… ni dans les Ecoles bibliques et Facultés de théologie ! Par ailleurs, l’information sur cette prière peut se résumer en quelques lignes, lignes téléphoniques comprises !

Ce jeu de mots n’est pas fortuit. La douleur d’une brûlure, la menace d’une hémorragie n’ont pas à être décrits. Celui qui en serait victime fera tout pour en être soulagé ou épargné dans le plus bref délai. A défaut de la présence du thérapeute formé à ce type de soins, un coup de fil du patient l’informera de l’urgence de son intervention. A distance et de cette manière littéralement insolite ou stupéfiante, la thérapie s’avérera efficace. Dans les trois minutes, la brûlure ne sera pas guérie et nécessitera les soins habituels, mais la douleur, elle, disparaîtra. Sur-le-champ, de même, l’hémorragie sera stoppée. Quant à la verrue, dans les jours qui suivent, elle se desséchera et disparaîtra.

Explication ? Ainsi que nous le décrivons dans notre dernier chapitre, l’invocation à l’une ou l’autre des Puissances célestes par le thérapeute « initié » appelle la Force céleste invoquée à une action de soulagement. Mais dès lors et à son insu, le patient se découvre progressivement influencé puis asservi par des pouvoirs occultes. Le thérapeute « initié » pâtit lui-même de cet asservissement.

Le Langage du corps

Un titre insolite, adéquat pourtant. Il recouvre l’ensemble des présupposés, puis des techniques au service d’une thérapie très en vogue aujourd’hui.

Ces présupposés n’ont rien d’original. Ils décrivent l’homme aliéné, névrosé, mutilé par la vie étouffante, stressante, opprimante que lui impose la civilisation industrielle et citadine.

Cette civilisation n’est pas seule mise en cause. Ce qui tient lieu de famille, d’éducation, d’organisation socioprofessionnelle, voire de religion, est aussi pris à partie. La guérison proposée emprunte des chemins accessibles à tous. Leur enseigne est indicative. Elle comporte généralement deux mots clés : retour et revanche, accrochés à un anneau : la réhabilitation.

Retour à la nature ; à la liberté ; à soi-même ; parfois retour à Dieu.

Revanche : du droit sur le devoir ; de l’individu sur la masse ; du permis sur le défendu ; du silence sur le bruit ; de l’instinct sur la raison ; parfois de l’enfant sur les parents ; de la femme sur l’homme ; de la spontanéité sur l’ordre. En bref, du corps sur l’âme et l’esprit.

Avec ou sans meneur de jeu, cette science et ses techniques, établies pour résoudre les difficultés relationnelles envers soi-même ou le prochain, veut rendre à la personne sa liberté et son originalité.

Pourquoi le corps est-il, lui, l’objet de cette réhabilitation ? Parce qu’il est la forme et le reflet des particularités de l’être. Parce qu’il est la caisse de résonance des pulsions naturelles. Parce qu’il est le contenant et l’expression de la première identité.

Mais aussi parce qu’au service de la personne, il s’avère atrophié, bridé, entravé par les idéologies, les philosophies, les morales et les spiritualités qui l’animent. Il convient donc de l’entendre, de faire écho à ses remarques, de prendre en compte ses protestations et ses désirs.

« Il s’agit d’une incitation à explorer et à écouter vivre son corps à travers une série d’essais et d’exercices; incitation aussi à exprimer gestuellement et parfois verbalement le vécu de ses sensations internes et externes ainsi que de ses affects envers le corps et le contact d’autrui. Il s’agit d’une attention portée au soi corporel comme lieu et médium de découvertes, émotion, jouissance, et aussi reconnaissance d’autrui par tous les sens (notamment de l’odeur et du goût de la peau de chacun), à travers des expériences différenciatrices. »47

47 Le corps et le corpéisme aujourd’hui. Jean Maisonneuve. Revue française de sociologie, XVII Paris 1976, p.55, cité par Eliane Perrin. Culte du corps, coll. Regards sociologiques.

Les commentaires – pour le moins, le relatif intérêt qu’on peut porter à cette « incitation » – feront place à une constatation suivie de cinq brèves remarques.

La constatation :

La réhabilitation du corps, sa prise en considération et sa remise en valeur, n’est pas née de l’imagination débridée de ses précurseurs. Elle est devenue une nécessité dans une civilisation où, neuf fois sur dix, les prestations de la machine ont remplacé la part du travail physique de l’homme. L’inactivité du muscle, le chômage imposé à la personne naturellement active – alors que le surcroît de tension parallèlement l’épuise – contribuent à un mal-être psychosomatique qu’il faut soigner et guérir.

Une autre motivation doit être invoquée. La spiritualité judéo-chrétienne est la toile de fond de la civilisation occidentale. Pour son malheur, dès le IIe siècle, elle a été coupée de sa racine juive. Ramené à la source gréco-latine, son culte s’est intellectualisé, « cérébralisé », alors que la gestuelle et la danse faisaient partie du culte de la synagogue. Il convient donc de retrouver un style de vie – même une spiritualité – qui redonne au corps la santé que lui fait perdre une civilisation génératrice d’inertie.

Mais ce qui est proposé est-il une thérapie ?

Les remarques :

Dans l’incitation proposée :

  1. L’introspection, l’auto-observation et l’autoguérison par la restauration de la sensibilité et de l’émotion y tiennent large place.

  2. La parole y a droit d’expression seulement si elle traduit les impressions et sensations de ce voyage intérieur. Elle n’est donc pas un instrument d’échange et elle ne requiert aucun commentaire des autres.

  3. La règle du silence observé n’est pas celle d’un repos ou d’un délassement ; elle favorise une auto-analyse, une sorte de psychanalyse personnelle.

  4. La clientèle de ces thérapies provient de classes sociales dont la profession n’autorise pas la libre expression de soi, exige au contraire une constante maîtrise de soi (enseignants, ecclésiastiques, cadres, employés, etc.). Comme par hasard, les ouvriers et les paysans en sont absents. Et les femmes y sont nombreuses…

  5. L’emprunt aux philosophies, aux religions de l’Orient, à leurs thérapies, est patent : immobilité, relaxation, respiration, recueillement, mysticité, recueillement dans la nature ou dans des lieux de silence.

Leurre et contrefaçon

Cette écoute du corps est une vieille histoire. Le Narcisse de la légende grecque, lui déjà, se penchait sur sa propre image avec le fol espoir de se comprendre et de se maîtriser. Au début de ce XXe siècle, la mystique américaine du Nouvel Age a remis en honneur cette illusion. C’est dans son terreau que l’idéologie soixante-huitarde a vu se développer l’introspection « Corporéiste ».

Libérée de préjugés et d’interdits, l’incitation à se connaître soi-même et à découvrir les autres par le toucher et le sentir est la médication, pour ne pas dire la drogue, de la société contemporaine. Les journalistes en parlent plus lucidement que les théologiens. De nombreuses conférences de presse leur en donnent l’occasion.

Quelques citations en rapport avec leur compte rendu des « parades » et autres « festivals » récents :

« Nous assistons à une scène de mutation de notre société. »

« C’est par la musique pop que se préparent les changements de société les plus radicaux de l’Occident. »

« L’organisateur de la Street Parade de Zurich voit dans la techno un mouvement qui changera la société, car elle donne l’expérience de l’extase libératrice. »

Les cours Vivre son corps, leur recherche de silence et de recueillement paraissent aux antipodes de la Techno Street Parade de Zurich avec ses 350’000 participants. Erreur ! Il s’agit bien de la même recherche de soi et des autres. Le journaliste le clame : « C’est un changement vers quelque chose de mieux… C’est la libre affirmation de soi avec, et surtout pas contre, les 349’999 autres qui valent aussi bien ».48

48 Citations tirées de journaux suisses romands : L’Hebdo, Le Nouveau Quotidien, 24 Heures.

On ne saurait faire grief aux journalistes d’être les communicateurs des utopies de ce monde dans la recherche de son identité. C’est leur métier. Quant aux participants à la fois « enfoulés » et défoulés des Street Parades, ils sont les comparses et les acteurs aveuglés (… et assourdis !) du culte rendu aux chimères de ce temps. Mais ose-t-on en faire la remarque ? Que des hommes et des femmes formés à la réflexion et dotés de quelque bon sens, pour se connaître et se guérir, consentent à se regarder dans le miroir aux alouettes qu’est la thérapie « corporéiste », cela pose quelques interrogations sur l’hébétude des adultes d’aujourd’hui.

Mais il y a mieux ou pis! Dans la conclusion de ce chapitre, on ne peut en parler que sobrement.

Evident bon sens : il y a une écoute du corps pleinement justifiée. A l’heure où il se fait l’écho d’un mal, est bouleversé par une émotion, traduit sa faim, sa soif, sa fatigue, son besoin de détente, de repos, de sommeil, il importe de l’écouter. Cependant, la connaissance de l’homme à la lumière de l’Ecriture sainte laisse le croyant sans illusion quant à lui-même. Coupé de la source de vie, son intelligence est obscurcie, son âme est tortueuse plus que toute autre chose, son corps naît mortellement entaché par le mal.49 L’écouter ne lui apprend rien qu’il n’ait déjà appris par l’Ecriture. Et pourtant…

49 Romains 6.12 ; Jérémie 17.9 ; Marc 7.21 ; Ephésiens 4.18.

Au nom d’on ne sait quelle spiritualité additionnée d’on ne sait quelle science psychologique, la thérapie « corporéiste » a trouvé parmi les chrétiens des maîtres et des élèves, assurés de la valeur de la méthode jusqu’à en être colporteurs. Au nom du Saint-Esprit, ils écoutent leurs corps.

Il n’y a pas lieu de s’en inquiéter. L’Ecriture qu’ils ont assurément mal écoutée le leur révélera. On reconnaît l’arbre à ses fruits. Les vrais, savoureux et durables, sont portés par le Christ, sans lequel l’homme ne saurait véritablement vivre ni subsister. A défaut de la Parole mal écoutée, leurs mauvais fruits le leur apprendront. Dieu n’a pas dit: Ecoutez votre corps, mais

« Ecoutez-moi et vous vivrez… »50

50 Esaïe 55.3.

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