Comment a commencé le réveil. — Un homme seul, agenouillé. — La première prière. — Qui était-il ? — Première idée d’une réunion journalière de prière. — Première réunion. — L’intérêt augmente. — Christ honoré et aimé. — Nouvelles réunions de prière. — Leur effet sur l’esprit public. — Exemples de foi. — Prédications. — L’œuvre s’étend. — La presse religieuse et autre. — Extension dans le pays.
Dans une salle de lecture située à l’étage supérieur de l’ancienne église hollandaise de Fulton Street (New-York), un homme, tout seul, était agenouillé un jour et priait avec une ardeur intense. C’était un de ces chrétiens si rares qui vivent presque uniquement pour faire le bonheur d’autrui. Il n’avait ni femme, ni enfants ; mais des centaines autour de lui, qui avaient famille et parents, vivaient sans espérance dans le monde, et s’en allaient tête baissée vers l’éternelle condamnation. En qualité de missionnaire laïque de cette ancienne église, il avait parcouru les plus mauvais quartiers de la ville, et il était impatient de faire quelque chose pour le salut de tant d’âmes. Il savait qu’il pouvait tenter plusieurs choses : il pouvait chaque jour remplir ses poches de traités et les distribuer ; il pouvait annoncer l’Evangile de porte en porte. Tout cela, il l’avait déjà fait. Mais, mille vies n’eussent pas suffi pour atteindre par de tels moyens tant de milliers qui périssaient. N’y avait-il rien de plus prompt et de plus efficace à essayer ? Et, sous l’influence de cette préoccupation, cet homme s’agenouillait chaque jour, et plusieurs fois par jour, demandant sans cesse : « Seigneur ! que veux-tu que je fasse ? » Plus il priait, plus sa ferveur augmentait, et il luttait avec Dieu, afin qu’il lui fit connaître ce qu’il devait faire et comment il devait le faire.
En éveillant dans son esprit cette préoccupation pour le salut de tant d’âmes abandonnées, Dieu faisait peser sur lui une lourde responsabilité. Il se trouvait chargé de cette œuvre sans imposition des mains, sans prescriptions particulières des autorités de son église, et il était obligé d’agir, dans la plupart des cas, sous sa seule responsabilité personnelle. Cette prière : « Seigneur ! que veux-tu, oui, que veux-tu que je fasse ? » était continuellement dans son cœur. Ce qu’il demandait, c’était un moyen de faire parvenir les appels de l’Evangile à ces foules plongées dans la mort et vouées à la condamnation éternelle. Plus il priait, plus il s’affermissait dans la joyeuse espérance que Dieu lui révélerait un moyen d’attirer l’attention de ces multitudes innombrables. Mais, quoiqu’il priât avec ardeur et qu’il ne doutât point, il était à cent mille lieues de deviner la méthode que Dieu se préparait à lui révéler ; ce qui n’empêchait pas qu’à mesure qu’il priait, il sentait se fortifier en lui la conviction que Dieu lui indiquerait ce qu’il devait faire.
Il avait demandé avec ferveur la bénédiction et le secours du Seigneur pour l’œuvre en face de laquelle il se trouvait placé ; il avait demandé avec instances ses instructions et ses directions ; il avait demandé surtout un cœur soumis et décidé à suivre les enseignements de l’Esprit-Saint, quels qu’ils fussent. Il se releva de sa prière plein de cette espérance et de ce courage qui descendent d’En Haut.
Veut-on mieux connaître cet homme ? Il approche de la quarantaine ; il est grand, bien fait, d’une physionomie extraordinairement douce et avenante, d’un abord affable, doué d’une énergie et d’une persévérance rares, très sensible aux beautés de l’harmonie musicale et possédant à un degré surprenant le don de la prière ; modeste dans son maintien, fervent d’esprit, d’un jugement sûr, connaissant à fond le cœur humain et richement pourvu de tous les agréments capables de lui concilier les sympathies de toutes sortes de gens. Cette variété de dons, jointe à une intelligence très déliée, le rendaient particulièrement propre à la tâche qui lui était dévolue.
M. Jérémie-Calvin Lamphier était né à Coxsackie, état de New-York. Vers 1837, il était venu se fixer dans cette ville, pour y poursuivre sa carrière commerciale. En 1847, il avait fait profession de foi et était devenu membre de l’église du Tabernacle. Après avoir, pendant huit ou neuf ans, fait partie du troupeau du Rév. D.r James W. Alexander, il s’était joint en 1857 à l’église hollandaise du Nord, où il avait débuté, le 1er juillet de la même année, dans la charge de missionnaire laïque, sous la direction du consistoire.
Il avait commencé ses travaux sans plan préconçu. On lui laissait le soin de faire le plus de bien qu’il pourrait, et l’on se contentait de l’y aider le mieux possible.
Nous avons eu le privilège de pouvoir consulter le journal particulier de cet homme, journal que nul œil humain n’a vu, sauf celui de l’auteur. Il se révèle tout entier dans la première page, dont voici le commencement :
« New-York, 1er juillet 1857
Ne vous lassez point de bien faire. (2 Thessaloniciens 3.13)
Je puis toutes choses par Christ qui me fortifie. (Philippiens 4.13)
Lu le 4e chap. de 2 Timothée. Je crois sentir quelque peu la responsabilité de l’œuvre que j’ai entreprise. Je me sens près de Dieu dans la prière. Je sens que je suis entièrement sous sa dépendance et qu’il est l’unique source de ma force. »
Telles étaient les dispositions avec lesquelles cet homme commençait ses travaux, au sein des quartiers les plus déshérités de New-York.
Voyons maintenant comment lui vint la première pensée d’une réunion de prière de midi. Il dit :
« Un jour, tandis que j’étais en course pour remplir ma mission, et comme je passais dans certaine rue, l’idée me vint qu’une réunion de prière à l’heure de midi pourrait faire du bien aux hommes d’affaires, qui consacrent assez généralement ce temps à se reposer. Mon projet était d’avoir du chant, de la prière, quelques exhortations, et des récits d’expériences chrétiennes, selon le cas. Nul ne serait obligé d’y rester l’heure entière ; mais chacun, au contraire, pourrait entrer et sortir, selon que ses occupations l’exigeraient, ou que son désir l’y pousserait. Je pris aussitôt mes mesures, et le 23 septembre 1857, à midi, les portes de la salle de lecture du troisième étage furent ouvertes. A midi et demi, les pas d’un homme isolé retentirent dans l’escalier. Peu après, un second parut, puis un troisième, puis un quatrième, et enfin un cinquième. Nous fûmes six en tout, et nous eûmes une très bonne réunion. Le Seigneur était au milieu de nous. »
On remarquera que pendant la première demi-heure notre missionnaire était resté seul, occupé à prier.
C’est ainsi qu’a été inaugurée la réunion de prière de midi pour les gens d’affaires, réunion qui dut bientôt se transformer. Force était d’abandonner l’ancienne routine, longue, froide et formaliste. Il fallait tout calculer sur la brièveté du séjour des assistants. Les divers exercices devaient être très courts et très directs, allant droit au but. Cette nécessité résultait nécessairement des occupations de ceux qui les fréquentaient. Ils pouvaient rester l’heure entière, comme ils pouvaient n’y rester parfois que cinq minutes. Il fallait donc que, pendant ces cinq minutes, ils eussent la possibilité de prendre part aux exercices, et de là surgit la règle que personne ne devait prier ou parler plus de cinq minutes.
La seconde réunion de ce genre nouveau eut lieu une semaine après, le vendredi 30 septembre. Vingt personnes s’y présentèrent. L’heure fut une heure bénie ; les prières furent abondantes et les cœurs se fondaient sous l’influence de la prière.
La troisième réunion eut lieu le 7 octobre. Voici en quels termes le journal quotidien en parle :
« Je me suis préparé pour la réunion de midi. J’ai fait des visites pour y inviter plusieurs personnes, et, selon mon habitude, j’en ai parlé à ceux que je rencontrais dans la rue, toutes les fois que j’ai pu m’en faire écouter. J’ai surtout prié le Seigneur d’incliner le cœur d’un grand nombre à se rendre au lieu de prière. J’y suis allé à midi. Environ trente à quarante personnes étaient présentes. — Mon âme, bénis l’Eternel, et que tout ce qui est en moi bénisse le nom de sa sainteté ! »
Cette troisième réunion avait pris un caractère si animé et si encourageant, que l’on fixa la suivante au lendemain. Les assistants n’en furent que plus nombreux encore, et depuis lors les réunions sont restées quotidiennes. On substitua à cette salle celle du second étage, qui était plus vaste et plus commode. Le même journal dit, en parlant de cette quatrième réunion :
« Allé à la réunion de midi. Plus nombreuse que la précédente. Il régnait un besoin profond de se consacrer tout de nouveau au Seigneur et un désir manifeste de vivre près de sa croix. »
Dans cette quatrième réunion, ainsi que l’affirment d’autres témoignages, l’esprit de prière s’était manifesté avec une puissance remarquable, et avait pénétré les assistants d’un sentiment de profonde humiliation et de pénitence, en même temps que d’un ardent désir que Dieu se glorifiât en faisant descendre sur eux son Esprit. Aussi ne sommes-nous pas surpris de trouver la mention suivante en date du lendemain 9 octobre :
« Fait encore des visites pour inviter à la réunion de prière. Allé à midi. Plus de monde encore qu’hier. La réunion gagne en intérêt et en nombre. Quels moments heureux ! C’était vraiment la porte des cieux. »
Si nous sautons maintenant au 13 octobre, nous trouvons des progrès marqués dans l’intensité du sentiment religieux. Nous continuons à en extraire les preuves de ce même journal, qui est le seul document écrit relatif à ces assemblées.
« Allé à la réunion de prière de l’après-midi. Très nombreuse. L’Esprit de Dieu était évidemment sur nous. »
« 14 octobre. — Allé à la réunion de prière. Plus de cent personnes présentes, dont un grand nombre n’ayant fait encore aucune profession de foi et manifestement convaincues de péché, cherchant le Seigneur et demandant ce qu’elles ont à faire pour être sauvées. Puisse Jésus devenir cher à ces âmes ! »
« Le jour, est-il ajouté, était sombre et pluvieux. »
Sur les réunions suivantes, on trouve des notes dans le genre de celle-ci :
« Nombreuse assemblée, animée d’un esprit excellent, pénétrée d’humiliation devant Dieu au souvenir des péchés passés. On sent que l’Esprit de Dieu travaille dans les cœurs. »
Si nous arrivons au 23 octobre, un mois après la première de toutes ces réunions, nous trouvons cette note remarquable :
« J’ai visité les éditeurs de plusieurs journaux religieux, pour les engager à faire mention de l’intérêt que nos réunions journalières commencent à exciter. »
Comme on le voit, les premiers débuts de ce grand réveil s’étaient accomplis dans un tel silence, qu’il avait eu le temps de grandir et de s’étendre considérablement, avant qu’on en eût fait aucune mention publique.
L’intérêt religieux excité par la réunion de prière de Fulton Street (comme on l’appela depuis) s’était graduellement accru, et avait fini par faire puissamment sentir son influence au dehors, et jusque dans les quartiers les plus éloignés. Pendant ce premier mois déjà, beaucoup de pasteurs et de laïques appartenant aux églises de New-York et de Brooklyn avaient assisté à quelques-unes de ces réunions, et avaient été réchauffés par le feu sacré qu’ils y avaient trouvé allumé. Semblables aux étincelles échappées de l’incendie, qui vont au loin allumer de nouvelles flammes, ils avaient, à leur tour, communiqué cette chaleur et cette vie à bien des troupeaux éloignés.
Il est temps de parler maintenant d’une autre partie très intéressante de cette œuvre de prière. La réunion de Fulton Street ne demeura pas longtemps seule. Bientôt plusieurs communautés religieuses instituèrent des réunions du matin. L’église de Broome Street fut l’une des premières, et dans New-York et Brooklyn plusieurs autres l’imitèrent, sans s’être concertées et sans savoir même qu’elles eussent été devancées. Peu avant qu’on eût encore entendu parler d’aucune réunion de prière, et tandis que la réunion de Fulton Street s’ouvrait, une réunion journalière de prière pour le matin avait été instituée par l’église de Plymouth, à Brooklyn. Les autres commencèrent spontanément et sans ostentation, les unes plus tôt, les autres plus tard ; de sorte qu’à l’époque où les réunions de Fulton Street comptaient deux mois d’existence, plusieurs réunions matinales étaient en pleine activité.
La crainte de l’imitation retenait encore bien des gens ; mais, en général, on passait outre. Le lieu de prière était un rendez-vous recherché, et les réunions se multipliaient, parce que tous avaient besoin de prier. Il fallait qu’ils priassent : une puissance inconnue les y poussait, et ils ne pouvaient s’en empêcher. Aussi, dès qu’un nouveau lieu de prière s’ouvrait, des foules s’y précipitaient. Des chrétiens des deux sexes, de tout âge et de toutes dénominations, oubliant entièrement toutes leurs distinctions ecclésiastiques, s’y rendaient et fraternisaient ensemble. Quoiqu’unis par le seul lien d’une même foi au même Sauveur, ils confondaient leurs prières et leurs actions de grâces au pied du trône des miséricordes. Jamais on n’entendit faire cette question : « A quelle Eglise appartient-il ? » Par contre, on entendait toujours celle-ci : « Appartient-il à Christ ? »
Dès sa première œuvre, le réveil a porté l’empreinte de l’amour : amour pour Jésus, amour pour les enfants de Dieu, amour de la prière, amour du dévouement à la cause du salut. Jamais, depuis l’ère apostolique, le Nom de Christ n’avait été aussi honoré, aussi constamment prononcé, aussi précieux pour les âmes. Jamais, amour aussi ardent pour Jésus n’avait été exprimé dans son Eglise. Jamais, zèle plus vivant n’avait été manifesté pour son service. L’air même que l’on respirait était amour. Est-il surprenant, dès-lors, que ceux qui aimaient tant le Seigneur, aimassent aussi son image partout où ils la rencontraient ? C’était une nécessité morale. On sentait se réaliser la communion des Saints, et toute profession de foi était désormais superflue.
Par suite, il n’y avait plus de place pour les rivalités de dénominations. On comprenait que tout chrétien a le droit de prier, que ce devoir incombe à tous et que tous doivent s’en acquitter. Et puisque tous voulaient prier, et prier ensemble, qui pouvait s’y opposer ?
Cette union de tous les chrétiens sur le terrain de la prière frappait le monde d’étonnement. On sentait que c’était là de la vraie prière. Cet amour des chrétiens les uns pour les autres, cet amour commun pour Christ, cet amour de la prière et cet amour pour les âmes, indépendamment de toute distinction humaine, voilà ce qui désarmait toute opposition et ce qui est cause que personne n’a jamais ouvert la bouche pour blâmer cet immense mouvement.
Au contraire, chacun était involontairement convaincu que cette œuvre était bien de Dieu. Les impénitents se sentaient réellement aimés des croyants, et comprenaient que leur amour pour les âmes était sincère. La vérité se recommandait ainsi à la conscience de tout homme. Ils voyaient clairement que cette œuvre n’était pas humaine, mais qu’elle procédait de Dieu. Dans les réunions de prière, ils étaient saisis du sentiment de la présence du Seigneur, et ils sentaient que la terre qu’ils foulaient était une terre sainte. En voyant les chrétiens s’humilier jusque dans la poussière, les incrédules étaient frappés ; ils avaient l’instinct que c’eût été un sacrilège que de traiter légèrement ce lieu de prière, ou de révoquer en doute la sincérité ou l’efficacité de la prière. On s’était aussi aperçu que les chrétiens étaient exaucés dans leurs prières, et que s’ils s’entendaient, par exemple, pour demander la conversion d’un homme, cet homme était infailliblement converti. Les incrédules eux-mêmes s’attendaient à ces conversions et étaient des premiers à prédire que tel ou tel serait bientôt chrétien, uniquement parce qu’on avait prié pour lui. Quant à ceux qui priaient, on comprend qu’ils le faisaient toujours avec la certitude que Dieu entendait la prière et qu’il l’exaucerait.
Ces convictions nouvelles rendaient abordables toutes classes de personnes sur le terrain religieux. Il était facile de parvenir aux consciences, et c’est ainsi que se préparait la conversion des gens du monde.
Notre histoire précédente des réunions de prière de midi nous a conduits jusqu’au second mois de leur existence. Voici ce que nous trouvons dans le journal de M. Lamphier :
« Allé à la réunion de midi. Beaucoup de monde. Il règne un excellent esprit, car Dieu est évidemment dans ce grand mouvement. J’ai eu quelques conversations avec des pécheurs réveillés. Un jeune homme s’est levé et a rendu témoignage du bien qu’il avait reçu dans la réunion de prière. »
Au point où en est notre récit, il sera intéressant de remarquer, en passant, le caractère qu’affectait particulièrement la prédication, et d’observer quels étaient les sujets qu’elle affectionnait le plus. L’Esprit de Dieu semble avoir fourni aux pasteurs les portions de la parole divine dont il veut se servir pour briser les cœurs de pierre.
Si nous considérons les textes reproduits par la prédication pendant cette période, nous sommes frappés de leur beauté et de leur à-propos. Ceux que nous allons citer se trouvent avoir été traités à la fois par un très grand nombre de prédicateurs, qui ne s’étaient nullement concertés ; ce qui démontre jusqu’à l’évidence que les ambassadeurs de Christ étaient dirigés en ce moment par une puissance supérieure. Voici les textes des sermons prêchés dans l’ancienne église hollandaise, mais qui n’ont jamais été publiés :
1 Corinthiens 1.30-31 Or, c’est par Lui que vous êtes en Jésus- Christ, qui vous a été fait, de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ; afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie au Seigneur.
1 Corinthiens 10.15 Je vous parle comme à des personnes intelligentes. Jugez vous-mêmes de ce que je dis.
Psaumes 30.6-7 Quand j’étais en ma prospérité, je disais : Je ne serai jamais ébranlé. Eternel, par ta faveur tu avais fait que la force se tenait en ma montagne. As-tu caché ta face ? J’ai été tout effrayé.
Psaumes 17.6 Affermis mes pas dans tes sentiers, afin que les plantes de mes pieds ne chancellent point.
Jérémie 8.22 N’y a-t-il point de baume en Galaad ? N’y a-t-il point là de médecin ?
Hébreux 10.34 … sachant en vous-mêmes que vous avez dans les cieux des biens meilleurs et permanents.
Matthieu 16.9 … Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux.
Ephés.4.30 N’attristez point le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption.
Tite 3.8 Qu’ils aient soin de s’appliquer aux bonnes œuvres. Voilà les choses qui sont bonnes et utiles aux hommes.
Malachie 3.16-17 Alors ceux qui craignent l’Eternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Eternel y a été attentif et l’a entendu ; et on a écrit un livre de mémoires devant Lui, pour ceux qui craignent l’Eternel et qui pensent à son Nom. Et ils seront miens, a dit l’Eternel des armées, lorsque je mettrai à part mes plus précieux joyaux ; et je leur pardonnerai, ainsi que chacun pardonne à son fils qui le sert.
Psaumes 4.7-8 Tu as mis plus de joie dans mon cœur qu’ils n’en ont lorsque leur froment et leur meilleur vin ont été abondants.
1 Samuel 16.7 L’Eternel n’a point égard aux choses auxquelles l’homme a égard : l’homme a égard à ce qui parait à ses yeux ; mais l’Eternel a égard au cœur.
2 Corinthiens 5.20 Nous faisons donc la fonction d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; et nous vous supplions, au nom de Christ, que vous soyez réconciliés avec Dieu.
Romains 8.1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent non selon la chair, mais selon l’Esprit.
Psaumes 84.12 Car l’Eternel notre Dieu nous est un soleil et un bouclier ; l’Eternel donne la grâce et la gloire, et il n’épargne aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité.
Marc 3.3 Alors il dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi et tiens-toi là, au milieu.
Ephés.5.25 Christ a aussi aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même pour elle.
1 Timothée 1.11 Laquelle est conforme au glorieux Evangile de Dieu souverainement heureux, dont la dispensation m’a été confiée.
Job 23.3 Que je souhaiterais de savoir où je pourrais trouver Dieu !
Luc 19.10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Nous citons ces passages dans leur ordre, tels que les a notés à mesure une personne qui a suivi ces prédications. Cet ordre même indique donc le genre de vérité qui répondait aux besoins du moment. Les passages sont réellement remarquables, et quiconque les méditera, en découvrira la portée. Nul doute que ces discours n’aient été préparés et prêchés avec le concours de beaucoup de prières. Quelle effusion d’amour chrétien n’ont-ils pas dû contenir ! Avec quelles douleurs d’enfantement ces prédicateurs n’ont-ils pas dû combattre, afin de gagner des âmes à Christ ! Nous recommandons au lecteur de peser ces textes, qui sont comme le reflet du réveil, et de se souvenir qu’ils ont été produits et dirigés par cet esprit d’amour infini qui a été le caractère fondamental des réunions de prière. L’amour a commencé le réveil : l’amour a dicté ces prédications.
Avant la fin du second mois, les deux salles de lecture des étages inférieurs de Fulton Street avaient dû être ouvertes au public et s’étaient aussitôt remplies. D’autre part, ce mouvement s’était opéré d’une manière si simultanée de tous côtés, qu’à peine savait-on dans une réunion de prière ce qui se passait dans les autres. L’intérêt religieux commençait à se répandre en tous sens dans le pays. Bien des commerçants, venus à New-York pour leurs affaires, se rendaient dans les réunions de prière, y recevaient de profondes impressions, et s’en retournaient chez eux, racontant les grandes choses qui se passaient dans cette ville.
Si nous jetons maintenant un regard sur l’histoire du troisième mois, nous trouvons un nouveau progrès. Un changement réel s’est opéré dans la ville et dans toute la contrée ; le mouvement de prière se manifeste partout. Ce n’est point par esprit d’imitation que l’on ouvre de nouvelles réunions : ceux qui l’ont pensé et qui l’ont dit sont dans une grave erreur. C’était Dieu seul qui préparait la nation selon ses vues glorieuses, et qui répandait en tous lieux le besoin de prier. La même puissance qui avait enfanté les prières de Fulton Street agissait également ailleurs, et toutes les autres réunions, même les plus éloignées et les plus étrangères à cette dernière, en reproduisaient spontanément les caractères distinctifs. C’était le même Esprit du Seigneur qui descendait sur toutes ces réunions, et qui leur communiquait une solennité extraordinaire. Personne ne pouvait ni n’osait nier que Dieu ne répondît aux prières et ne les exauçât. C’était cette conviction solennelle qui, tout en fermant la bouche aux contredisants, réveillait les âmes inattentives et matérialisées, réjouissait et encourageait les cœurs chrétiens et produisait ce retour universel de tous les esprits vers le Seigneur.
Jamais l’Esprit-Saint n’avait produit pareil déploiement d’amour et de miséricorde. La presse religieuse proclamait au loin la bonne nouvelle des œuvres magnifiques que l’Eternel opérait en plusieurs lieux, et elle poussait de la sorte les populations lointaines à produire des œuvres semblables. Qui comptera les milliers d’âmes répandues par toute la contrée, qui, dans leurs prières solitaires, criaient à Jésus avec larmes, à l’ouïe des prodiges de sa grâce, et qui, apprenant qu’il passait si près d’elles, le suppliaient de s’arrêter et de les bénir à leur tour !
Vers les premiers jours de 1858, la presse séculière de New-York commençait, elle aussi, à publier les détails de ce grand réveil, et l’on peut dire que le ton de ces communications a toujours été celui du respect et de l’approbation la plus sincère. La plupart des organes quotidiens de l’opinion publique, étrangers d’ordinaire aux questions religieuses, étaient obligés de rendre compte des progrès de cette œuvre ; et il le fallait bien, puisque le public le leur demandait. L’article Réveil était dévoré en tous lieux par des milliers de lecteurs, qui auparavant ne jetaient jamais les yeux sur aucune publication religieuse, et qui, par ce moyen, recevaient de salutaires impressions. La main de Dieu était dans tout cela.
Les nouveaux emprunts que nous allons faire au journal de M. Lamphier montrent quels sont les moyens que l’on mettait en œuvre.
« Grande affluence à la réunion de prière de midi. Nous avons distribué le traité intitulé : Trois mots, et chacun des assistants s’est chargé de le donner à l’un de ses amis, après de ferventes prières pour que Dieu en bénisse la lecture. »
Tout se faisait avec prière.
« La salle de la réunion était comble à midi. Le traité distribué aujourd’hui était Un effort consciencieux. On devait prier sur le traité avant de le donner, et demander à Dieu de le bénir dans sa mission pour le salut des pécheurs. J’ai distribué plusieurs traités ; j’ai visité plusieurs jeunes gens, et j’ai conversé avec eux sur le salut de leur âme.
A la réunion de ce jour, un jeune homme, entr’autres, a raconté ce que le Seigneur avait fait à son âme par le moyen de ces réunions. Cette communication a causé une émotion générale. On s’en souviendra longtemps avec joie. »
(5 janvier 1858.)
« J’ai visité les éditeurs de certains journaux quotidiens séculiers, et j’ai raisonné avec eux sur l’opportunité de mentionner quelques-uns des incidents qui se produisent chaque jour aux réunions de prière. »
C’est ainsi, probablement, que la presse séculière a été amenée à donner les premiers comptes-rendus du réveil.
A la fin du quatrième mois, les trois salles de lecture de l’édifice consistorial de Fulton Street pouvaient à peine contenir la foule qui s’y rendait. Tous les lieux de prière de New-York, Brooklyn, Jersey, Newark, etc., regorgeaient également d’auditeurs.
Mais, si l’on veut constater la présence du doigt de Dieu dans l’extension des réunions de prière, il faut la suivre attentivement dans tous ses détails. Les trois salles de lecture de l’ancienne église hollandaise s’étaient remplies successivement, au point qu’il n’y restait plus de place, pas même pour se tenir debout. Les corridors et les escaliers étaient tellement encombrés, que des centaines d’individus n’y pouvaient pas pénétrer. Et qu’on remarque ici quelque chose de très frappant, quelque chose qui montre la merveilleuse puissance de Dieu, à savoir : qu’il n’y a jamais eu ni prédications éloquentes, ni appels enthousiastes, ni rien de calculé pour exalter le sentiment religieux. Ces séances ont toujours été simples, calmes et solennelles. Le fait est que les gens étaient poussés à la prière, et qu’ils cherchaient un lieu pour prier.
Cette œuvre de la grâce se faisait si tranquillement, qu’une partie du même troupeau ignorait ce qui s’opérait dans l’autre. Point de plan préconçu, point d’entente ni de tentatives organisées en vue de réveiller ; et néanmoins les troupeaux se levaient comme un seul homme, et le réveil était accompli. Ce n’étaient pas les réunions de prière qui créaient ce mouvement ; elles n’en étaient que l’expression et la conséquence. Jamais, depuis la Pentecôte, l’on n’avait vu pareille démonstration de l’esprit chrétien ; et l’on peut bien ajouter que, depuis la création, aucune époque de l’histoire n’a été aussi remarquable que celle-ci. Plus on entre dans l’examen de ce qui s’est passé et de ce qui se passe encore, plus on se sent pénétré de surprise et d’adoration, en présence de l’étendue et de l’importance de ce travail de l’Esprit-Saint. Chaque détail s’y présente comme étant la conséquence de quelque chose d’autre, comme résultant et comme faisant partie d’un vaste plan que l’on ne comprend qu’à mesure qu’il se déroule, et que le Souverain Ordonnateur connaît seul dans son ensemble et dans ses manifestations diverses.
Qui aurait jamais pu se douter, en effet, que de cette première réunion de six personnes dans la chambre haute de Fulton Street, parmi lesquelles se trouvaient un presbytérien, un baptiste, un congrégationaliste et un ancien réformé hollandais, sortiraient tant de choses étonnantes et d’une si immense portée ! Quand y eut-il jamais semblable réunion ? formée de semblables éléments ? faite en vue d’un but aussi humble ? à pareille heure ? produisant si rapidement des résultats si imprévus et si inespérés, et finissant par remuer de fond en comble toute une grande nation ? Personne ne savait qui se rendrait à cette première réunion. Personne ne pouvait même savoir d’avance si quelqu’un s’y rendrait. Et cependant nous y voyons déjà poindre les éléments de cette touchante union chrétienne, de cette chaîne d’or qui devait bientôt lier ensemble des millions de cœurs chrétiens dans un amour encore inconnu jusqu’ici, et qui devait manifester au monde l’unité profonde du Corps de Christ. Quelle autre main que la main de Dieu seul a été dans cette affaire ? Cette première réunion était déjà une union de toutes les dénominations sur le terrain béni de la prière en commun. Oh ! qui ne voit qu’à Dieu seul doit revenir la gloire de cette œuvre ! Sa main l’a faite : que son Saint Nom en soit béni !
La suite va nous montrer combien les progrès ultérieurs du réveil furent prompts.
Dieu avait une œuvre à faire, et son Esprit préparait les voies. Lors de la première réunion de prière de midi, on n’aurait jamais pu prévoir qu’elle deviendrait le début d’un mouvement si considérable ; mais aujourd’hui on comprend que cette immense transformation n’est que le prélude d’événements plus grands et plus surprenants encore ; événements que Dieu révélera plus tard par sa providence rédemptrice. Quels seront ces événements ? c’est ce que nous ignorons. Mais l’avenir projette déjà ses ombres sur le présent, et, d’après cette loi qui régit l’ordre naturel, aussi bien que celui de la Providence et de la grâce, nous pouvons conclure sans hésitation que quelque grands que soient déjà les résultats de cette révolution religieuse, ils ne sont rien en comparaison de ceux que cet avenir nous réserve.
Une vue d’ensemble devait, avec le temps, éveiller des ambitions plus grandioses, enfanter des plans de conquête chrétienne plus étendus, provoquer des sacrifices plus considérables et hâter par tous ces moyens l’avènement de cette ère nouvelle et glorieuse.
La presse religieuse, s’inspirant de l’Esprit qui soufflait, se mit à parler des préoccupations qui agitaient les esprits, en des termes qui devaient concourir pour leur part au développement de la vie spirituelle.
« Nous ne faisons présentement disait un journal, que ce que nous devrions toujours faire, ce que nous pouvons faire facilement, sans nuire le moins du monde à l’accomplissement de nos autres devoirs. Quelques faibles prières auraient-elles produit de si grandes bénédictions, pour que nous cessions de prier ? Nous lasserions-nous de crier à l’Eternel, tandis que la promesse demeure : « Demandez, et il vous sera donné ? » — tandis que nous savons que Dieu ne se lasse jamais d’exaucer, et tandis que les campagnes sont blanches et prêtes pour une moisson d’âmes immortelles ? »
Un autre journal dit :
« Cette œuvre s’arrêtera-t-elle ? De ce que l’été a succédé à l’hiver, s’ensuivra-t-il que le réveil le plus remarquable que l’Eglise ait jamais vu doive cesser ? La grâce de Dieu serait-elle semblable à certaines matières chimiques qui ne peuvent se conserver à la chaleur ? Jamais personne n’osera dire que telle puisse être la volonté de Dieu.
L’Eglise ou, pour mieux dire, certaines Eglises ont fait parfois de gigantesques efforts pour la conversion des pécheurs. Dans ce but, elles ont mis à rude contribution le corps et l’âme de tous les chrétiens dont elles disposaient. Des efforts aussi factices doivent nécessairement, tôt ou tard, céder la place au relâchement, attendu que la chair et le sang ne sauraient les prolonger. Mais le réveil actuel n’a pas pris naissance ainsi. L’Eglise n’en est nullement épuisée ; elle peut y travailler indéfiniment, comme par le passé, sans violer aucune des lois naturelles et sans compromettre ni la santé intellectuelle ni la santé physique de ses membres. Ce réveil ne nous a pas fatigués ; il n’a fait, au contraire, que vivifier tout notre être. Il a réconcilié la foi avec toutes les occupations journalières, et il a complété notre vie sociale, en la mettant dans un équilibre qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Au point où nous en sommes, nous n’avons fait que gagner en force et en solidité de jugement, et un recul ne serait pas un repos après le labeur, mais une véritable paralysie. »
Et un autre :
« Non seulement le réveil, dans son ensemble, se propage dans tout le pays avec une énergie ininterrompue, conquérant sans cesse de nouvelles contrées ; mais, dans cette ville même (à moins que nous ne soyons grandement dans l’erreur), le zèle toujours croissant des Eglises pour l’avancement de cette grande œuvre se manifeste par des efforts de plus en plus décidés et par des plans d’action de plus en plus étendus, en vue d’organiser et de rendre permanents les travaux que de si précieuses bénédictions ont accompagnés jusqu’ici.
Laissons là nos vieilles habitudes et tâchons sérieusement de répondre aux exigences des temps actuels. Jamais aucune génération d’hommes ne fut appelée de Dieu comme l’est celle à laquelle nous appartenons. »
L’œuvre de préparation se trouvait faite dans toute la ville et dans toute la contrée. C’était Dieu qui l’avait accomplie. Les hommes commençaient à s’en apercevoir et à regarder En Haut.
Ce ne fut que vers les premiers jours de février que l’on commença à sentir la nécessité d’accueillir dans de nouveaux lieux de culte ces centaines de personnes que Fulton Street ne pouvait plus contenir, et qui s’en retournaient chaque jour sans y avoir trouvé place. L’ancienne église méthodiste de John Street, qui n’était qu’à quelques pas, fut ouverte par nos frères wesleyens pour des réunions de prière de midi. En peu de jours, cet édifice se trouva rempli d’hommes d’affaires, qui venaient pour prier et qui priaient. Les galeries même étaient encombrées dans toute leur étendue, et principalement remplies de dames. Le caractère wesleyen avait complètement disparu, tellement qu’à voir la nature de la réunion, un étranger n’aurait pas pu dire à quelle dénomination appartenait ce lieu de culte. A peine ouvert au public, il se trouva insuffisant, et l’on dut y ajouter une salle de lecture du rez-de-chaussée, qui ne tarda pas non plus à regorger. On estimait à deux mille le nombre des personnes qui assistaient à ces services journaliers.
Il y avait en ce moment cinq services réguliers à l’heure de midi, trois dans Fulton Street et deux dans John Street ; et, malgré cela, des foules étaient encore obligées, chaque jour, de s’en retourner, faute de place. Les réponses aux prières ne se faisaient pas attendre, et les multitudes se tournaient vers Dieu et le cherchaient de tout leur cœur.
Le 17 mars, un certain nombre de négociants obtinrent de consacrer le vieux théâtre de Burton (dans Chambers Street) à des réunions de prière de midi. Après la première réunion, on se foulait dans ce nouveau local. Une demi-heure avant l’ouverture du service, personne ne pouvait plus y pénétrer, et l’attitude de l’auditoire prouvait que tout le monde se sentait sous une impression solennelle et profonde. Les rues avoisinantes et tous les aboutissants étaient obstrués une heure à l’avance, et, pendant le culte même, les masses compactes qui n’avaient pu entrer ne savaient se résoudre à s’éloigner. Ceci continua jusqu’au moment où il fallut restituer le local à la cour de justice des Etats-Unis, qui l’avait prêté.
Aussitôt, un magasin (Broadway, 69), au second étage, fut préparé convenablement. Ce nouveau local avait 100 pieds de long sur 25 de large. A peine ouvert au public, même affluence, même solennité et mêmes fruits. La place venant à manquer, cette réunion dut bientôt se transporter au N.° 175 de la même rue, où elle continua à être dirigée par les chrétiens de ce quartier, sans distinction de dénomination.
Jamais nous n’oublierons l’une de ces séances, à laquelle nous avons assisté, et qui était dirigée, selon le mode ordinaire, par le très rév.d évêque McIlvaine de l’Ohio. Jamais nous n’oublierons la ferveur de sa prière d’ouverture. Nous le voyons encore s’agenouillant sur le plancher et conduisant les exercices avec une humilité, une ardeur, une insistance et une foi remarquables. Jamais nous n’oublierons surtout ses dernières paroles, si brèves et si éloquentes, si émues, si pleines d’amour fraternel, de reconnaissance et de joie. Il décrivait l’œuvre que la grâce avait opérée en lui, reconnaissant en toutes choses la main de Dieu, et manifestant sa gratitude de ce que l’esprit de prière et de supplication était répandu d’une manière si abondante sur tous les chrétiens. Cette allocution vivra longtemps dans la mémoire de ceux qui l’ont entendue.
Voici les réunions de prière qui se trouvèrent bientôt instituées dans la ville de New-York :
- 1 à 6 heures du matin.
- 1 à 7 h. 3/4
- 4 à 8 h.
- 1 à 9 h. 1/2
- 1 à 10 h. 3/4 (pour les femmes seulement)
- 9 à midi.
- 2 à 3 h. 1/2 de l’après-midi.
- 4 à 4 h.
- 2 à 5 h.
En tout, 25 par jour.
Outre ces réunions, il s’en ouvrit d’autres dans presque tous les quartiers de New-York et dans toutes les villes voisines. Le caractère constant de ces exercices était la prière, l’union et l’accord le plus unanime sur les efforts à faire en commun.
D’après des renseignements pris expressément pour connaître, d’une manière approximative le nombre total des réunions de prière dans New-York et dans Brooklyn, nous avons eu lieu de nous convaincre qu’à l’époque dont nous parlons il s’en tenait journellement au moins cent cinquante, toutes animées du même esprit, et présentant les mêmes caractères.
En février, une première réunion de prière de midi fut ouverte à Philadelphie, d’abord dans une église, puis dans une immense salle publique. Bientôt, toutes les parties accessibles de l’édifice se trouvèrent envahies. Jamais, peut-être, dans le monde entier, il n’y avait eu d’assemblées pareilles à celles-là. La mort du rév. Dudley A. Tying, de l’église épiscopale, l’un des directeurs principaux de cette œuvre, lui donna une impulsion plus grande encore. Nous y retrouvons l’évêque Macilvaine, apportant le tribut de sa présence, de son influence, de ses prières et de sa prédication.
De ce premier point, l’œuvre s’étendit bientôt dans tous les quartiers de cette grande cité. D’autres réunions s’ouvrirent partout, dans des salles publiques, des salles de concert, des magasins, des tentes en plein air, à tel point que la ville entière semblait entraînée par l’esprit de prière.
Presque en même temps, des réunions semblables s’ouvraient dans les autres grandes villes des Etats-Unis, à Boston, à Baltimore, à Washington, à Richemond, à Charleston, à Savannah, à Mobile, à la Nouvelle-Orléans, à Vicksburg, à Memphis, à Saint-Louis, à Pittsburg, à Cincinnati, à Chicago, etc., etc., etc. Les petites villes, les villages et les hameaux ne tardaient pas à en instituer à leur tour, et l’on peut dire que la terre américaine tout entière avait part à cette pluie de bénédictions.
La ferveur du mouvement religieux était déjà intense quatre mois après la première de ces réunions, et vers la fin de janvier, les journaux, tant séculiers que religieux, nous apportaient, de tous les points de l’extérieur, des nouvelles de ce vaste incendie qui se propageait avec la rapidité de l’éclair. Partout, les foules accouraient dans les lieux de prière, poussées par la même préoccupation de salut et par le même besoin de chercher Dieu. Les Etats du Centre, de l’Ouest et du Midi, aussi bien que ceux du Nord, étaient tous travaillés simultanément par cette puissance irrésistible. L’esprit de réveil pénétrait dans les localités les plus reculées et les plus isolées. Des gens de toutes les classes de la société, grands et petits, riches et pauvres, savants et ignorants, prenaient part au mouvement. Les caractères les plus dépravés et les plus désespérément corrompus étaient atteints comme les autres. Dans les rangs les plus élevés comme dans les plus infimes, et même au sein des catégories les plus dégradées, le Seigneur se suscitait des témoins et en faisait de glorieux monuments de sa grâce toute-puissante. Des hommes plongés dans les vices les plus repoussants, des hommes perdus et qu’on avait cru à jamais inaccessibles à la moindre pensée sérieuse, étaient transformés et venaient se prosterner au pied de la Croix comme d’humbles petits enfants. Les chrétiens même étaient stupéfaits et confondus à la vue de pareilles manifestations de la miséricorde divine. Une voix de Dieu semblait, par ces révélations extraordinaires, leur répéter ces paroles déjà révélées : « Avant qu’ils appellent, je répondrai ; et tandis qu’ils parleront encore, j’entendrai. — « Ouvre ta bouche grande ouverte, et je la remplirai. » Aussi, osaient-ils demander et attendre de grandes choses, et jamais on n’avait vu des demandes si hardies, une foi si tenace dans la prière, ni des réponses aussi éclatantes.
Cette confiance universelle en Dieu offrait un spectacle dont rien ne peut donner une idée. Elle se montrait dans toutes les prières, dans toutes les allocutions, dans toutes les conversations ; elle était contagieuse. Au sentiment d’humilité s’alliait toujours une joyeuse et sainte audace, qui faisait tout entreprendre avec la certitude du succès. On semblait lire dans tous les cœurs ces paroles : « Mon âme, tiens-toi près du Seigneur, car mon attente est en Lui. »
Est-il surprenant, dès-lors, que, dans une semblable disposition de l’âme et du cœur, ces requêtes si persévérantes, cette confiance si humble, cette foi si énergique, cette attente si inébranlable, qui se manifestaient dans toutes les réunions de prière, fussent accompagnées d’une œuvre de la grâce telle que le monde chrétien n’en avait jamais vu de pareille !
Les enfants de Dieu sentaient qu’ils entraient dans une ère entièrement nouvelle, ère de prière et de foi, et l’on comprend dès-lors que cette joie et cette espérance si extraordinaires se soient propagées avec une rapidité inouïe. Le nombre des conversions dépassait tout ce qu’on avait jamais vu. Le grand réveil de Wesley, de Whitefield et d’Edwards avait été caractérisé par la puissance des prédications ; mais ce qui caractérisait celui-ci, c’était la puissance de la foi et de la prière.
Dans la Nouvelle-Angleterre, le réveil avait atteint presque simultanément beaucoup de villes, de villages et de hameaux. Depuis le « grand réveil », comme on l’appelait (celui dont nous venons de parler), jamais semblable intérêt pour les choses religieuses ne s’était manifesté. Ce réveil surpassait même les précédents de toutes manières ; il pénétrait en même temps dans toutes les sphères de la vie sociale. Les chrétiens s’assemblaient pour prier et pour demander d’abondantes effusions de l’Esprit-Saint, et, en réponse à leur demande, de nombreuses Pentecôtes avaient lieu. Les réunions de prière commençaient d’ordinaire dans les salles de lecture ou dans les sacristies annexées aux églises ; et bientôt l’église elle-même n’y suffisait plus, quelque vaste que fût son enceinte. Tout ce qu’on désirait, tout ce qu’on demandait, c’était une place pour prier. Les conversions se multipliaient tellement, qu’on renonçait bientôt à les compter. Il y avait des villes entières dont on pouvait dire que tous les habitants étaient devenus de fidèles disciples du Seigneur. Ces masses chrétiennes, tout récemment enfantées à la foi, devenaient une espèce de pouvoir. Chaque jour, de nouvelles voix venaient implorer la bénédiction divine sur cette œuvre de grâce, et demander à leur tour la conversion de ceux qui n’y avaient encore point de part. L’aurore d’un jour nouveau, plus radieux que les plus radieux jours de l’histoire religieuse, resplendissait déjà sur le monde, et non seulement tous en avaient clairement conscience alors, mais aujourd’hui tous l’admettent comme un fait parfaitement incontestable.
Le même esprit qui s’était manifesté à New-York se manifestait également dans toutes les contrées de l’Ouest et du Midi, partout où le réveil avait pénétré, et il avait pénétré presque partout. Cet esprit, c’était l’esprit de prière. Toute confiance dans l’emploi des autres moyens avait disparu, et, à vrai dire, jamais dans aucun autre réveil les chrétiens ne s’étaient si complètement effacés, jamais on n’avait ressenti une méfiance aussi parfaite à l’égard de tous moyens et de tous efforts purement humains, ni une tendance si unanime et si marquée à regarder simplement En Haut, à Celui d’où vient le secours. On employait pourtant quelques moyens humains, parce qu’il faut en employer, mais sans se confier ni dans le moyen ni dans celui qui l’emploie. On usait même de ces moyens avec tout le zèle et la fidélité possibles, mais avec la plus intime conviction qu’à Dieu seul appartient la puissance.
On ne saurait s’étonner, dès-lors, que la main de Dieu fût reconnue partout comme seule directrice du mouvement, et qu’en dépit des plus grands efforts humains la gloire en fût attribuée à Dieu seul. On savait bien, généralement, que la simple proposition d’instituer une réunion telle qu’il s’en formait alors de toutes parts par milliers, et jusqu’au centre des populations les plus denses, eût paru, six mois auparavant, de la plus complète absurdité, et eût été rejetée comme ne pouvant produire aucun bien. Alors, l’institution de semblables réunions eût immanquablement échoué ; aujourd’hui, cette institution était demandée et obtenait un plein succès. On déplorait alors, comme un grand mal, la négligence que la majorité des membres des églises mettaient à assister aux cultes, négligence qui paralysait à la fois le zèle des pasteurs et celui des chrétiens actifs. Ils étaient paresseux ; ils étaient comme un fardeau que l’Eglise était obligée de traîner après elle, comme une véritable entrave qui lui rendait tout progrès impossible, qui neutralisait son énergie et qui l’épuisait en vains efforts pour se vivifier, elle-même. Tout pasteur connaît cette torpeur déplorable dont nous parlons.
Aussi, l’ère nouvelle fut-elle saluée avec jubilation par toute l’Eglise ! Quand la majeure partie des membres de chaque communauté se trouvèrent transformés en Nathanaëls, c’est alors qu’on commença à ressentir et à comprendre la véritable puissance de l’Eglise. Oh ! quel spectacle pour le monde qu’une Eglise vivante, une Eglise qui travaille de tous ses membres, une Eglise qui prie ! Quel spectacle que ce vaste ensemble d’églises, et non plus de quelques églises, — en tous lieux et non plus en certains lieux, — que cette existence, cette activité et cette saveur de sainteté se révélant à la fois de toutes parts, et se réalisant comme par une impulsion unique et universelle ! On conçoit qu’ayant pris conscience de cette puissance nouvelle et de ce nouveau moyen d’action (la prière), les chrétiens fissent éclater leur joie dans le Seigneur avec une exultation inénarrable.