Le disciple :
O Seigneur, Fontaine de vie, pourquoi te caches-tu aux yeux de tes serviteurs fidèles ? Pourquoi ne les réjouis-tu pas par la vue de ta personne ?
Le Seigneur :
1. Mon fils, le vrai bonheur ne dépend pas de la perception des choses avec nos yeux : le bonheur dépend de notre perception spirituelle et de notre cœur. Des milliers de gens me virent de leurs yeux en Palestine, mais tous n'en furent pas plus heureux pour cela ; ils saisirent seulement les apparences passagères, celles qui pouvaient être vues par les yeux de la chair. Le Dieu immortel et les esprits célestes ne peuvent pas être discernés par les yeux de la chair. Par exemple, ne pouvant pas voir votre âme, comment pourriez-vous voir son Créateur ? Lorsque les yeux de l'esprit sont ouverts, alors, mais alors seulement, vous pouvez voir Celui qui est Esprit (Jean 4.24). En ce moment-même, tu me vois, mais c'est uniquement grâce aux yeux de l'esprit et non à ceux de la chair. Si tu dis que des milliers de gens me virent en Palestine, penses-tu que leur perception spirituelle était éveillée ou que j'étais moi-même devenu mortel ? Je suis né homme afin de m'offrir en rançon pour les péchés du monde ; et lorsque l'œuvre de la rédemption des pécheurs fut achevée (Jean 19.30), ce qui était corruptible en moi fut transformé en vie éternelle. C'est ainsi qu'après ma résurrection ceux-là seuls qui avaient une perception spirituelle purent me voir (Actes 10.40-41).
2. Dans le monde, il y a des hommes qui savent beaucoup de choses sur moi, mais qui ne me connaissent pas, c'est-à-dire qui n'ont aucun rapport personnel avec moi ; ils n'ont pas la vraie foi en moi et ne me prennent pas comme Seigneur et Sauveur. Il en est d'eux comme d'un aveugle-né ; si vous lui parlez de certaines couleurs, du rouge, du bleu ou du jaune, par exemple, et de leurs différences, il est incapable de se rendre compte de leur beauté, de les apprécier à leur juste valeur. Il sait beaucoup de choses se rapportant à elles, tous leurs noms, mais il ne pourra avoir une idée exacte de ce qu'elles sont, que le jour où ses yeux s'ouvriront. Jusque-là, il leur est étranger. Ainsi, quelque cultivé que soit un homme, ce n'est qu'à condition d'avoir une vision spirituelle qu'il peut me connaître, voir ma gloire et comprendre que je suis le Dieu incarné.
3. Il y a beaucoup de croyants qui sentent ma présence dans leurs cœurs et acquièrent ainsi la vie et la paix intérieure ; mais quant à me voir directement, ils ne le peuvent pas. Il en est d'eux comme de l'œil, impuissant à voir ce qui l'entoure, quand un remède, du collyre par exemple, y a été introduit. Alors même que l'œil ne peut voir le remède, il sent bien que ce remède agit intérieurement et améliore sa vue.
4. Mes serviteurs fidèles acquièrent la vraie paix par ma présence qu'ils ne peuvent voir, mais ils n'en jouissent pas moins lorsqu'ils en sentent l'action en eux. De même, ils ne peuvent voir le sentiment de leur cœur ni la voix de leur conscience, moyens par lesquels ils arrivent à goûter la paix que donne ma présence.
La langue et les aliments sucrés nous fournissent un autre exemple. Ni la douceur des mets, ni le sens exercé de la langue par lequel cette saveur est reconnue, ne sont choses visibles. De même je donne à mes enfants la manne cachée (Apoc. 2.17 ) qui leur procure vie et joie. Ceci est un secret que ni le monde ni les philosophes ne connaissent.
5. Parfois, la maladie altère le sens du goût. Alors, quelque succulente qu'elle soit, la nourriture répugne au malade. De même, la maladie du péché produit un changement dans l'homme dont le cœur et l'esprit tombent malades. Tant qu'il se trouve dans cette condition, ma parole, mon adoration et ma présence perdent leur charme pour lui. Alors, au lieu d'en retirer la bénédiction, il critique et voit des défauts partout.
6. Ainsi que l'aveugle-né, beaucoup de croyants sont capables de voir en Jésus un prophète et un fils d'homme, mais ils ne voient en lui le Christ et le Fils de Dieu que lorsque mon pouvoir se fait sentir en eux une seconde fois (Jean 9.17, 35-38).
7. Une femme se cacha dans son jardin, au milieu d'arbres touffus, et son enfant la chercha en pleurant. Il parcourut tout le jardin sans retrouver ses traces. Un serviteur encouragea l'enfant à ne plus pleurer et à abandonner ses recherches ; il essaya de le distraire en attirant son attention sur les fruits délicieux d'un manguier, sur d'autres fruits encore, et sur les plus belles fleurs ; il lui offrit de lui en cueillir. Mais l'enfant criait toujours plus fort : « Non ! non ! je veux ma mère. Sa présence est plus douce que ces mangues et son amour meilleur que le parfum de ces fleurs ; d'ailleurs, le jardin, avec tout ce que tu m'offres est à moi, car ce qui est à ma mère, m'appartient aussi. Je veux ma mère ! » La mère entendait tout cela dans sa cachette ; elle en sortit immédiatement, prit l'enfant dans ses bras, se mit à l'embrasser, et le jardin devint pour l'enfant un véritable paradis. De même, mes enfants ne peuvent être satisfaits par aucune des attractions ou des fruits que leur offre le jardin du monde ; il faut qu'ils me trouvent moi-même. Et moi, Emmanuel, je suis toujours avec eux et je me révèle à eux (Jean 14.20).
8. L'éponge est dans l'eau et l'eau est dans l'éponge. Ce sont deux choses différentes. Ainsi, mes enfants demeurent en moi, et moi en eux. Ce n'est pas du panthéisme car le Royaume de Dieu peut se trouver dans le cœur de quiconque demeure dans le monde (Luc 17.21). Comme l'eau est dans l'éponge, ainsi je suis partout, dans chaque chose, mais je ne suis pas les choses de ce monde.
9. Lavez un morceau de charbon de bois : sa noirceur ne s'en ira pas ; mais qu'il prenne feu et sa noirceur disparaîtra. Ainsi le baptême de l'Esprit qui vient du Père et de moi (car le Père et moi nous sommes un) lave le pécheur de la noirceur du péché et le transforme en lumière du monde. (Matth. 3.11 et 5.14). Comme le feu est dans le charbon et le charbon dans le feu, ainsi je demeure en mes enfants et eux en moi, et par eux je me révèle à d'autres.
Le disciple :
Seigneur, si tu te montrais aux hommes d'une manière évidente, ceux-ci n'auraient plus de doute au sujet de ta divinité et de l'existence du Père ; tous croiraient et entreraient dans le vrai chemin.
Le Seigneur :
1. Mon enfant, je connais l'état d'âme des hommes et je me révèle à chacun dans la mesure où il en a besoin. Pour conduire les hommes à la vraie vie, je ne pouvais employer de meilleur moyen que de devenir homme comme eux. Ainsi, les hommes purent comprendre que le Père n'est pas un être étrange et terrible, mais qu'il est amour, et qu'il est comme eux, car ils furent créés à son image et ils lui ressemblent.
C'est pour l'homme un désir naturel que de contempler celui en qui il croit, et qu'il aime. Mais il est impossible de voir le Père, car sa nature dépasse l'intelligence humaine, et celui qui désire voir l'insaisissable doit être insaisissable lui-même. L'homme est limité, compréhensible et créé ; il ne peut voir Dieu.
Dieu qui est amour, a créé dans l'homme une nature faite pour aimer, identique à la sienne ; il voulut se faire homme pour répondre au besoin d'amour du cœur humain. Dieu s'incarna afin que son enfant, créature limitée, perceptible, et tous les anges, puissent le contempler dans sa gloire céleste, et éprouver une grande joie.
Je suis l'image du Dieu invisible en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col. 1.15 ; 2.9).
Celui qui m'a vu a vu le Père (Jean 14.9). Ainsi, dans ma chair, je suis appelé le Fils, mais en réalité je suis le Père éternel (Es. 9.6).
2. Le Père, l'Esprit et moi, nous sommes un. Ainsi, dans le soleil se trouvent réunies et la chaleur et la lumière, bien que la lumière ne soit pas la chaleur, et qu'inversement la chaleur ne soit pas la lumière ; toutes deux ne forment qu'une seule et même chose, mais ces phénomènes, en dehors du soleil, se traduisent de manières différentes. Ainsi, le Saint Esprit et moi, venant du Père, nous donnons lumière et chaleur au monde. Comme le feu, le baptême du Saint Esprit consume toute espèce de péché et de mal dans le cœur des disciples, les préparant pour le ciel, de par la purification et la sanctification. Moi, qui suis la vraie lumière (Jean 1.9 ; 8.12 ), j'arrache les pécheurs à l'abîme des ténèbres et les conduis à la vraie vie, leur apportant l'éternelle félicité du ciel.
De même que la lumière et la chaleur ne sont pas séparées du soleil, nous ne formons pas trois personnes, mais une seule.
3. Quels que soient les talents, les qualités, ou les dons que Dieu a déposés dans l'homme, ils deviennent inutiles si l'homme ne les met pas en œuvre. Il en est de même de la foi au Dieu vivant ; si elle ne se maintient pas en santé, elle peut être détruite par les attaques du péché et se changer en doute. Nous entendons dire souvent : « Si mes doutes sur tel ou tel point étaient dissipés, je serais prêt à croire ». Ce raisonnement est semblable à celui que tiendrait un homme qui, s'étant cassé un membre dans un accident, demanderait au médecin de le soulager d'abord de sa souffrance et de remettre ensuite le membre cassé. Un tel raisonnement est absurde, vu que la douleur est due à la fracture des os. Il est donc nécessaire de remettre l'os en premier lieu ; la douleur disparaîtra d'elle-même ensuite. Le péché brise la communion entre Dieu et l'homme, et fait naître le doute qui est une maladie spirituelle. Il est donc nécessaire de procurer en premier lieu la réconciliation avec Dieu ; les doutes sur ma divinité, sur l'existence de Dieu ou d'autres points disparaîtront d'eux-mêmes, et une paix dépassant toute intelligence, une paix que le monde ne peut ni donner ni ôter, leur succédera dans le cœur de l'homme.
Je suis devenu homme pour réconcilier la créature avec le Père, afin qu'elle connût la joie éternelle du ciel.
4. Dieu est amour. Dans tout être vivant et tout spécialement dans l'homme, Dieu a déposé le germe de l'amour. Ainsi, il est nécessaire que le Dieu qui aime reçoive la part d'amour qui lui est due, et que l'homme aime Celui qui créa le cœur, l'âme et l'intelligence ; il est nécessaire que l'homme aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée, ainsi que tout ce que Dieu a créé. Il aimera toute la création pour l'amour de Dieu.
Si cet amour n'a pas comme but d'aimer Celui qui créa en l'homme le pouvoir d'aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée, il est détourné de son véritable but, et changé en égoïsme. L'amour devient ainsi son propre ennemi et l'ennemi de la création. Tout homme égoïste commet un vrai suicide.
Je vous ai dit aussi : Aime ton prochain comme toi-même. Bien qu'en un sens tout général l'humanité constitue notre prochain, ce commandement s'applique plus spécialement à ceux qui vivent près de vous. Il est aisé d'être bon pour un étranger, même s'il est votre ennemi, lorsqu'il n'est avec vous que deux ou trois jours seulement. Mais arriver à supporter et à aimer comme soi-même un homme qui, vivant toujours avec vous, vous occasionne ennuis et dérangements perpétuels, c'est une réelle difficulté. Lorsque vous aurez remporté cette grande victoire, il vous sera aisé d'aimer tout homme comme vous-même.
Lorsqu'un homme aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée, et son prochain comme lui-même, il n'y a plus de place pour le doute en son cœur. Le Royaume de Dieu est au-dedans de lui et ce Royaume est éternel. Purifié par le feu de l'amour, cet homme se transforme à l'image du Père qui est dans les cieux et qui le créa jadis à sa propre image.
5. Je me révèle continuellement par mes paroles, c'est-à-dire par la Bible, à ceux qui me cherchent d'un cœur pur. Tout comme je suis devenu homme pour sauver l'humanité, de même ma parole, qui est esprit et vie (Jean 6.63), est écrite par des hommes en un langage humain ; elle contient à la fois un élément humain et un élément divin qui sont intimement unis en elle.
Quelques-uns ne peuvent pas me comprendre, mais ils ne peuvent pas non plus saisir le sens de ma parole. Pour la comprendre, il n'est besoin ni d'hébreu, ni de grec, mais de communion avec l'Esprit, car c'est inspirés par le Saint-Esprit que prophètes et apôtres ont écrit.
L'Ecriture est divinement inspirée et ceux-là seuls qui sont nés de l'Esprit peuvent la comprendre entièrement, quand bien même aux yeux du monde ils ne seraient que des enfants ignorants. Ils comprennent le langage spirituel, car il est leur langue maternelle. Les sages de ce monde ne peuvent le comprendre parce qu'ils ne sont pas sous l'influence de l'Esprit.
6. Je désire me révéler dans le livre de la nature dont je suis l'auteur. La perception spirituelle est essentielle pour me voir et me trouver dans ce livre ; sans cette vue spirituelle, vous vous égarerez et ne me trouverez pas. Un aveugle peut lire en se servant du bout de ses doigts à la place de ses yeux. Mais nous ne pouvons trouver la vérité en usant d'une méthode analogue. Les sceptiques et les agnostiques nous l'ont bien montré. Au lieu de la vraie compréhension, c'est la critique qui l'emporte chez eux. Ils disent : « S'il y a un Dieu tout puissant, pourquoi y a-t-il des orages, des tremblements de terre, la souffrance, le mal et la mort ? » Ceux qui raisonnent ainsi montrent leur ignorance ; ils ressemblent à un sot qui commencerait à critiquer un monument inachevé, ou les ébauches imparfaites d'un bon artiste. Quand il verra son erreur, il sera honteux de ses premières critiques et entonnera des cantiques de louange. Dieu ne créa pas, en un seul jour, le monde, tel que nous le voyons maintenant ; de même, le monde n'atteindra pas la perfection en un jour non plus. Le monde s'achemine vers la perfection. S'il était possible à l'homme de ce monde de voir et de comprendre comme Dieu voit et comprend, il se rendrait compte de la perfection des choses créées, il se prosternerait et déclarerait lui aussi que « tout cela est très bon. » (Gen. 1.31).
7. L'âme, à l'intérieur du corps humain, est semblable à l'oiseau caché dans la coquille de l'œuf. Si, par un moyen quelconque, le petit poussin apprenait qu'à l'extérieur de sa coquille se trouve un vaste monde rempli de fleurs de toutes sortes, de rivières et de ravissantes collines ; si on lui disait que tout cela est très beau et que ses parents vivent dans ce monde, et qu'il sera lui-même appelé à voir tout cela à peine sorti de sa prison, il n'y comprendrait rien et ne croirait pas à ce qu'on lui raconterait. Si vous lui disiez qu'il verra un jour tout cela de ses petits yeux, et qu'il volera de ses ailes encore imparfaites, il n'en croirait rien non plus ; aucune preuve ne le convaincrait. Ainsi, beaucoup de gens ne croient pas à la vie future et à l'existence de Dieu, parce qu'ils ne peuvent les voir tant qu'ils sont dans leur enveloppe terrestre. Leur imagination, semblable à des ailes trop faibles, ne peut s'envoler au-delà des limites de leur raison ; ils ne peuvent voir avec leurs yeux de chair les choses éternelles et incorruptibles que Dieu prépare pour ses bien-aimés (Es. 64.3 et 65.17).
La condition de l'âme dans le corps est encore semblable sur un autre point à celle du poussin dans sa coquille : pour éclore à la vie éternelle, l'âme doit être réchauffée par le Saint-Esprit comme le poussin est réchauffé par sa mère, et s'il n'en était pas ainsi, l'âme courrait le danger d'être anéantie pour toujours.
L'homme, créature bornée, a besoin de la foi pour s'élever aux mystères du Dieu infini. Il est impossible à l'intelligence limitée de la créature de pénétrer dans les profondeurs des mystères de Dieu avec les faibles données qu'elle possède, de même qu'il est impossible à une fourmi de pousser le verrou d'une porte de fer avec ses faibles pattes.
Bien des gens disent que si les choses ont eu un commencement elles doivent aussi avoir une fin. Mais ce raisonnement n'est pas probant, car le Tout Puissant peut parfaitement engendrer l'immortalité par la puissance de sa parole.
La vie est soumise ici-bas à la destruction et à la mort, parce qu'elle dépend de circonstances où la mort et la destruction ont leur place ; mais, quand elle sera débarrassée de tout ce qui change et périt, cette vie échappera à la mort ; au contact du Dieu immortel, Fontaine de vie éternelle, cette vie devient elle-même éternelle.
« Je donne la vie éternelle à ceux qui croient en moi ; ils ne périront jamais et nul ne les ravira de ma main. » (Jean 10.28).
« Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin, a dit le Seigneur, qui est, qui était et qui vient, le Tout Puissant. » (Apoc. 1.8).