1. Un enfant peut lire le mot « Dieu » comme un nom tout ordinaire, sans avoir la moindre idée de la vérité qu'il recouvre. Mais à mesure que son esprit mûrit, il commence à penser et à comprendre au moins quelque chose du sens de ce terme. De même, le novice dans la vie spirituelle, si savant soit-il, se figure le Christ, la Parole faite chair, comme un grand homme ou un prophète, sans pouvoir dépasser cette conception. Mais en croissant en expérience religieuse, et en se rendant toujours mieux compte avec joie de la présence du Sauveur, il réalise graduellement le fait que Christ, c'est Dieu venu en chair, et qu'en lui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité ». (Col. 2.9). « En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1.4).
2. Un homme ne peut pas par des paroles donner une expression parfaitement adéquate de sa personnalité, quoiqu'il forge parfois des termes nouveaux pour exprimer ses idées, et il ne peut pas non plus le faire par des symboles et par des images. Le corps de même est incapable de manifester les qualités et les puissances de l'âme qui constituent la personnalité. En d'autres termes, beaucoup d'éléments de la personnalité humaine restent cachés aussi longtemps que l'homme est dans ce monde, car cette personnalité ne se dévoile que partiellement. Un être spirituel ne peut se développer pleinement que dans un monde spirituel dont toutes les conditions, extérieures aussi bien qu'intérieures, répondront à ses besoins et favoriseront ses progrès.
Ce qui est vrai d'une âme d'homme, l'est à bien plus forte raison du Verbe éternel ; il lui était impossible de révéler entièrement sa divinité par un simple corps mortel, mais il s'est fait connaître lui-même autant que cela était nécessaire pour le salut de l'homme. Sa gloire véritable ne sera manifestée dans sa plénitude que dans le ciel.
3. La question peut se poser : Comment pouvons-nous croire à une réalité dans son essence sans la voir ni la connaître pleinement ? Je ferai remarquer ici qu'il n'est pas indispensable que la réalité se présente à nous sous toutes ses faces pour nous faire croire à cette réalité. Ainsi, il y a dans notre corps des organes dont la vie dépend absolument et qui restent cependant cachés à nos yeux. Personne n'a jamais vu ni son cerveau, ni son cœur, mais pourtant personne n'a jamais eu l'idée de nier leur existence. Si nous sommes incapables de voir des organes aussi nécessaires à notre vie que le cœur et le cerveau dont notre vie dépend pour une large part, combien plus difficile ne sera-ce pas de voir le Créateur de notre cerveau et de notre cœur, dont notre vie tout entière dépend !