Dans l’expression « ce si grand salut » d’Hébreux 2.3, est rassemblée la multiplicité du Salut :
La meilleure manière de comprendre le sens et la valeur de chacun de ces mots ou de ces actes est de se poser cette simple question : si ce mot a été utilisé, quel état ou quelle situation de l’homme indique-t-il ?
Il n’y a pas de difficulté à considérer que l’homme est totalement incapable de satisfaire aux exigences divines. Ces exigences pourraient même le détruire et ne lui laisser aucun espoir : il est jugé et condamné, il doit mourir. Mais cette mort est bien plus que physique, c’est un état conscient d’abandon, une prise de conscience par laquelle l’être humain doit s’éveiller tôt ou tard s’il n’est pas sauvé – c’est l’Enfer !
Même si pour quelques-uns seulement l’Enfer a déjà commencé dans cette vie, les hommes vivent sous une protection de miséricorde et de grâce. Mais, « après la mort, vient le jugement » (Hébreux 9.27). La grâce et le jugement appartiennent à deux dispensations (ou périodes de l’histoire du monde) différentes. C’est pourquoi les hommes bénéficient de la grâce de Dieu. En effet, Dieu a, en la personne de Son Fils Jésus-Christ, pourvu à un Substitut, qui a pris la place de l’homme en étant « fait péché à notre place » (2 Corinthiens 5.21) ; Il a passé par « cette heure » (qui représenta une éternité) où Il a été abandonné par Dieu (Marc 15.34).
Ce Substitut est offert aux hommes, s’ils L’acceptent par la foi : « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29). Cela signifie que lorsqu’Il est mort, Il a été compté par Dieu comme leur péché, leur jugement, leur transgression, leur mort, leur enfer. Il a fallu un Substitut qui était sans péché, afin que le jugement, la mort et l’enfer n’aient plus ni droit ni pouvoir. Aucun, à part Jésus, n’était suffisamment bon pour payer le prix du péché.
C’est pour cette raison que Dieu a pu Le relever d’entre les morts, à cause de son absence totale de péché. Cela aurait été impossible avec nous. Tout ce que j’étais, Christ l’a été et l’a fait pour moi sur la Croix. Tout ce qui ne correspondait pas à l’exigence de Dieu, Christ l’est pour moi par la Résurrection.
Voila ce qu’est brièvement la Substitution.
Mais le fait que ce soit accompli par un Autre n’est qu’un aspect de l’œuvre de la Croix, et aurait pu, en l’état, ouvrir la porte à de nombreuses faiblesses.
Un aspect complémentaire, c’est la Représentation : « Un est mort pour tous, c’est pourquoi tous sont morts » (2 Corinthiens 5.14).
En Substitution, Christ est mort pour nous.
En Représentation, Christ est mort comme nous.
Ce qui veut dire, dans la Pensée de Dieu, que, comme nous appartenons à l’ancienne création, Dieu nous a perdus de vue. Si on accepte Christ comme notre substitut et notre représentant, Dieu nous voit uniquement au travers de Christ. Lorsque l’Apôtre Paul dit : « Un est mort pour tous, c’est pourquoi tous sont morts… », il continue en disant : « que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Corinthiens 5.14-15).
Jésus n’a pas pris seulement notre péché sur la Croix, Il nous a pris nous-mêmes ; pas seulement ce qu’on appelle « le mauvais en nous », mais nous tout entier. Paul a compris que cela s’appliquait à lui totalement, un homme religieux, consumé par le feu de la passion religieuse et du fanatisme.
La Croix représente le degré 0 de la vieille création dans tous ses aspects, dans toute sa nature et son potentiel ; elle est le tout nouveau commencement par la résurrection de la mort. Il est frappant et surprenant de constater que c’est à des chrétiens que Paul exposait cette vérité, dans la Lettre aux Romains.
L’homme s’est vendu lui-même à Satan, qui a offert à Adam un marché, en l’aveuglant sur les problèmes qui allaient en découler. Dans son incrédulité et sa désobéissance par rapport à l’instruction divine, Adam a vendu son âme contre la promesse de certains avantages. Il s’est vendu lui-même à Satan et au péché, et a vendu sa race avec lui. Dans cette situation, Dieu a épargné l’homme, mais Satan a eu des droits sur lui en trouvant le terrain de sa propre nature.
Ces droits ont été rachetés à la Croix et sont à nouveau disponibles : c’est la Rédemption, accomplie dans la Personne et l’œuvre du Seigneur Jésus sur la Croix. En Jésus-Christ, Satan n’a aucune autorité sur nous, car Il n’a plus aucune prise sur nous. Il est « chassé » (Jean 12.31). Le pouvoir et l’autorité de Satan, c’est la mort.
Jésus-Christ « a goûté à la mort pour notre cause » (Hébreux 2.9) : Il a fait face au pouvoir de Satan, afin que « par la mort, Il puisse réduire à néant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Hébreux 2.14). C’est pourquoi l’homme est racheté par Dieu et Satan n’y peut plus rien. Paul fait référence à une procédure bien connue à cette époque, celle de l’esclave grec qui a obtenu et préservé sa liberté (Galates 6.17).
Lorsqu’il voulait retrouver sa liberté, l’esclave grec ne remettait pas à son maître ses salaires pour s’acquitter d’une dette envers lui ; il se rendait au temple du dieu et remettait son argent au prêtre, qui ensuite achetait l’esclave avec cet argent au nom du dieu en question, et il devenait l’esclave du dieu jusqu’à la fin de sa vie – ce qui voulait dire la liberté, conditionnée à certains devoirs religieux. Si par hasard son maître ou l’héritier de son maître le réclamait, il avait la preuve de la transaction faite au temple. Mais quand il voyageait au loin et s’éloignait du temple et qu’on le considérait comme un esclave en fuite, quelle pouvait être sa sécurité ?
Paul nous donne la réponse : lors de sa libération au temple, le prêtre lui gravait les marques de son nouveau maître. Ainsi, les paroles de Paul prennent un autre relief : l’homme était esclave du péché et de Satan, mais il a été racheté par Christ et sa liberté nouvelle consistait à devenir l’esclave de Christ. Il pouvait dire : « Que personne ne cherche à me réclamer ; j’ai été marqué sur mon corps de la marque de mon Nouveau Maître, Jésus-Christ ».
Le revers de la médaille, c’est que, bien sûr, aucun être humain n’a les moyens de sa propre rédemption. Seul Christ peut l’obtenir.
La justification met le croyant dans une position. Toutes les étapes précédentes ont une relation avec la justification et conduisent à la justification :
Lorsque ces trois étapes sont franchies, alors on a la réponse à la question : « Comment l’être humain peut-il être juste devant Dieu ? » (Job 9.2). En d’autres termes, comment un homme peut-il se considérer comme juste devant Dieu ?
La réponse est : nous sommes justifiés en Christ Jésus.
En acceptant par la foi Son œuvre substitutive, représentative et rédemptrice, nous sommes alors acceptés en Lui et nous avons le merveilleux privilège d’être considérés à la lumière de Sa Perfection. Il a été fait pour nous justice de Dieu : c’est « la justice de Dieu par la foi » (Romains 3.22). C’est une position à prendre pleinement par la foi : « le juste vivra par la foi » (Galates 3.11 ; Hébreux 10.38).
Satan ne cessera jamais de nous ramener sur le terrain de l’ancienne vie : Il le fera toujours en nous amenant à ce que nous sommes nous-mêmes et en détournant nos yeux de Christ. Ses méthodes sont très variées, mais la réponse sera toujours la même : « Pas ce que je suis, Seigneur, mais ce que Tu es ! Fixer fortement mes regards sur Jésus, l’Auteur de la foi et Celui qui la rend parfaite ».
Celui qui est justifié est aussi réconcilié. Dans notre état naturel, on était séparé de Dieu et même en rébellion contre Dieu.
Dans certaines situations particulières, on peut être animé d’une rébellion positive, mais en Jésus-Christ et par Son œuvre puissante de réconciliation à la Croix, « nous qui étions autrefois éloignés de Lui, nous avons été rapprochés par le sang de Christ » (Éphésiens 2.13).
Nous qui étions dans un état de rébellion, nous sommes dans la paix, parce que entraînés dans la communion bénie d’une vie nouvelle et d’un esprit nouveau.
La régénération n’est pas quelque chose de plus, mais c’est une caractéristique du salut à part entière. Elle met le doigt sur ce qui s’est produit en nous.
Quelque chose est présent en nous qui n’y était pas avant, une vie provenant de Dieu que seul le « nouveau-né » possède : la présence du Saint-Esprit, absente chez les autres. L’Esprit de vie en Jésus-Christ a en celui qui est né de nouveau, toutes les potentialités de la nouvelle création : une conscience nouvelle, une capacité nouvelle, un sens nouveau des relations, une direction nouvelle, un modèle nouveau, une vocation nouvelle.
C’est la naissance d’un enfant spirituel. Tout est nouveau et doit être réappris depuis le commencement. Tant qu’on n’est pas régénéré, on ne connaît rien des pensées de Dieu, des valeurs divines et des plans divins. L’expérience de la liberté et de la plénitude dans cette vie nouvelle et tout ce que cela implique, dépendra largement de l’œuvre qui s’est faite en nous auparavant, en particulier celle de notre union avec la mort et la résurrection avec Christ.
Parce que dans cette création nouvelle, il n’y a plus de place pour la vieille mentalité. Persister à garder nos idées, nos désirs, nos jugements et nos choix, ne fera que ralentir et freiner le travail du Saint-Esprit, même si on pense que ces idées, ces désirs, ces choix et ces jugements servent les intérêts du Seigneur.
Il nous faudra bien apprendre et comprendre que le meilleur de nos habitudes et de nos conceptions peut être totalement hors sujet, si on le compare aux choses les plus simples de l’Esprit de Dieu.
La régénération est une création, par essence, nouvelle.
La filiation va bien au-delà de la nouvelle naissance. Elle représente la croissance jusqu’à l’accomplissement et la plénitude. C’est bien d’être un bébé tant que l’état de bébé dure, mais c’est mauvais de rester bébé lorsque le temps est révolu.
Ainsi en est-il de la condition de beaucoup de chrétiens. Le Nouveau Testament fait une nette distinction entre l’enfant et le fils. Bien que la filiation soit liée à la naissance, dans le sens du Nouveau Testament, elle est surtout la réalisation des possibilités données par la naissance, du potentiel renfermé dans le nouveau né. La filiation, c’est la croissance vers la maturité et la stature d’être humain. Le Nouveau Testament a beaucoup à dire sur ce sujet.
Par cette croissance, on arrive à une plus grande plénitude de Christ, l’abondante richesse de notre salut. Ce « si grand Salut » trouve toute sa dimension quand on entre dans la maturité. Autrement dit : c’est pas tellement de quoi on est sauvé, que ce pour quoi on est sauvé !
Le stade ultime de la nouvelle création, c’est « la révélation des fils de Dieu » (Romains 8.19).
La sanctification est encore un autre aspect de « ce si grand Salut », qui indique une action et une progression.
Sanctification et consécration sont synonymes, ils impliquent d’abord une mise à part pour Dieu. De la même manière qu’on est justifié en Christ par la foi, on est aussi sanctifié intérieurement. Ainsi aux croyants qui sont remplis d’imperfections, l’Apôtre adresse cette lettre en disant « À ceux qui sont sanctifiés en Christ Jésus » (1 Corinthiens 1.2).
Quand nous sommes en Christ, la pensée de Dieu à notre sujet est que nous sommes totalement mis à part pour le Seigneur, et donc consacrés dans cet état de séparation. Mais, le même Apôtre, qui parle des croyants déjà sanctifiés en Jésus-Christ, écrit qu’ils doivent être entièrement sanctifiés esprit, âme et corps (1 Thessaloniciens 5.23).
Ce qui veut tout simplement dire que ce qu’on est de par notre position, doit aussi l’être dans notre état et dans notre vie quotidienne. La sanctification (ou consécration) est fondamentalement une question de séparation.
La Croix de Jésus établit une séparation entre le système hérité de la Chute, et quelque chose de radicalement différent, représenté par Christ. La sanctification est l’œuvre de la Croix en nous pour confirmer et valider l’annulation de cette nature qui nous a tant influencés, et pour témoigner toujours davantage que Christ est radicalement Autre.
La sanctification, c’est prendre sa croix chaque jour et renoncer à soi-même (Matthieu 16.24). L’œuvre de la Croix en nous a surtout comme objectif de mettre fin à une vie égoïste inextricablement liée au système du mal. C’est pourquoi, étant considérés comme sanctifiés par la foi en Christ, le processus de sanctification est notre fonction d’encadrement dans la position dans laquelle la grâce de Dieu nous a placés.
La sanctification est donc une progression basée sur la substitution, la rédemption, la justification, la réconciliation, la régénération et la filiation.
Le Seigneur Jésus nous a montré que souffrance et gloire vont toujours ensemble : la souffrance est le fondement, la gloire est le toit. La glorification est le résultat de l’œuvre de la vie divine en nous, de Sa vie incorruptible.
Cette vie a en elle tout le potentiel de la glorification ; elle exerce deux types d’action :
Cette double activité de l’œuvre de la Croix conduit à la glorification :
À la lumière de tout ce qui précède, on saisit mieux l’expression « Ce si grand Salut ». Mais prenons garde à cet avertissement : « Comment échapperons-nous si nous négligeons ce si grand Salut ? » (Hébreux 2.3).
Dieu a préparé le terrain de A à Z en la Personne de Son Fils et en l’œuvre de la Croix.