Passage : Jean 21.15-17 – « M’aimes-tu ? », verset 17.
En lisant ce passage il semble évident que le Seigneur avait en pensée un incident qui s’était passé précédemment. Il faisait sans doute référence à Matthieu 26.33 « Pierre, répondant, lui dit : Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi » ; « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? ».
Il y a quatre aspects principaux de la vie chrétienne, qui comprennent eux-mêmes d’autres aspects subsidiaires. Nous en avons déjà considéré trois, nous reviendrons sur ceux-ci dans quelques instants. Ces trois premiers aspects nous mènent au dernier et celui-ci est l’expression de ce qui précède ; ce dernier aspect est le service. Le service est l’issue de tous les agissements divins. Nous remarquons, par exemple, que les quatre évangiles se concluent par un appel au service. Le service est donc l’apogée des quelques trois ans et demi du ministère du Seigneur Jésus Christ. Tout ce que le Seigneur enseigna à ses disciples et tout ce qu’Il leur montra avait pour but le service. Il œuvrait en sachant qu’un jour Il ne serait plus avec eux et qu’Il devra continuer son œuvre à travers eux. Il posait la fondation pour ce service, tout était fait pour porter le témoignage dans le monde.
Reconnaissons que ce mot « service » (ou ministère) est très souvent mal compris et mal interprété. Il est le plus souvent cantonné à une certaine forme de ministère. Les chrétiens parlent « d’entrer dans le service », « d’exercer un ministère », « de s’engager dans l’œuvre du Seigneur », et d’autres expressions similaires, par lesquelles ils indiquent une activité bien spécifique qui se résume principalement à être missionnaire ou pasteur. Mais ces choses sont une interprétation erronée du mot « service » au sens spirituel.
Dans le Nouveau Testament, le service est toujours intimement lié à l’Église. Le service individuel est toujours en relation avec une entité collective. C’est l’Église qui doit accomplir le service, les personnes individuelles ne sont jamais considérées dans le Nouveau Testament comme ayant un service personnel, détaché des assemblées. Ce qui domine cet aspect du service dans le Nouveau Testament est l’Église qui est le corps de Christ. Dès que nous prenons ce principe en compte, notre compréhension du service est changée. Dans notre corps physique la grande majorité des diverses fonctions sont en relation avec un tout. Le bien-être du corps tout entier dépend de ses diverses fonctions, et si une fonction mineure est nécessaire elle contribue néanmoins au bon fonctionnement du reste du corps. Il en est de même des assemblées du Nouveau Testament et de leurs vocations.
Aussi est-il nécessaire de considérer cette question du service. Car lorsque nous circonscrivons l’œuvre à quelques personnes ou une seule, nous oublions ou nous laissons échapper le fait qu’il est impossible d’être dans le corps de Christ et de ne pas y avoir de fonction. Tous les membres sont supposés être fonctionnels dans l’assemblée. Rien ne peut être indépendant, séparé ou autonome.
Considérons maintenant le fondement, le caractère et la dynamique du service ; dans cette considération Pierre nous sera d’une grande aide. Nous savons que la fin de l’évangile selon Jean retrace un incident où Pierre est associé à cette question du service. Pierre est représentatif de tous les serviteurs, il incarne tous les aspects essentiels d’un véritable serviteur de Jésus Christ et dans un certain sens Pierre représente l’Église. En considérant donc l’homme, le disciple et son activité, nous allons voir ce qu’est vraiment le service.
Bien entendu il est possible de laisser Pierre être totalement éclipsé par Paul. Si c’est le cas, il serait utile de collecter tous les passages du Nouveau Testament où il est question de Pierre. Une fois ce travail accompli, nous aurons une biographie assez complète ; et surtout beaucoup d’indices quant au service chrétien. Pierre fut le premier à être appelé par le Seigneur, ensuite il fut très souvent le premier mentionné parmi les disciples ; et il est le dernier à être mentionné dans ce passage de Jean. Il est évident que Pierre tient une place prépondérante dans le Nouveau Testament. Il est à la source même de plusieurs des plus grands événements touchant l’histoire de l’Église apostolique.
Nous devons regarder à Pierre lui-même car nous ne pouvons reconnaître les principes spirituels du service que lorsque nous observons l’homme. Si nous avons une bonne appréciation de Pierre et que nous l’observons dans les évangiles, nous apprendrons alors beaucoup de choses quant au service.
Simon Pierre ne pouvait être nulle part sans que son entourage le sache, il saisissait toujours la moindre opportunité pour parler ou agir. Sa langue, ses mains et ses pieds devançaient toujours le bon sens. Le coté émotionnel et décideur de son âme dominait, laissant son bon sens s’affirmer plus tard, bien souvent à ses dépens ! Pierre était d’humeur changeante, il passait facilement d’un sommet exubérant à une sombre vallée de désespoir ; mais il n’était jamais neutre. De par son caractère il était reconnaissable entre tous. Personne d’autre que lui ne fut aussi souvent réprimandé par le Seigneur, tout en demeurant irrépressible. Ses motivations étaient justes, ses intentions bonnes, mais il disait toujours ce qu’il ne fallait pas dire et faisait sans cesse ce qu’il ne fallait pas faire.
En ce qui concernait Simon Pierre, les pronoms personnels étaient souvent utilisés, malgré cela nous ne décelons aucune inconduite. Lorsque nous essayons de résumer, peut être avons-nous peu de bonnes choses à dire au sujet de Pierre ; c’est justement ici que nous sommes sur le point de comprendre ce qu’est vraiment le service chrétien. Ce qui ressort de Pierre, sa confiance en lui-même, sa pleine suffisance, son aplomb, ne sont dus qu’à son ignorance. Le Seigneur Jésus, à la fin du chapitre dans lequel nous avons cette question, résume la situation en trois mots : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ». Ces trois derniers mots résument Simon Pierre : « où tu voulais ». Si un tel homme était appelé à devenir utile au Seigneur, il devait s’attendre à passer par bien des épreuves. S’il était destiné à ressembler au grand Serviteur, quelque chose de dramatique devait arriver dans sa vie.
Quel était donc le plus grand besoin de Pierre ? Tout d’abord, il avait besoin de se découvrir lui-même et ensuite il devait abandonner la confiance qu’il avait en lui-même. C’est précisément ce qui s’est passé lorsque le Seigneur mit Simon Pierre à l’épreuve. C’est l’un des principes fondamentaux du service : tous ceux qui Lui seront vraiment utiles devront abandonner leur confiance en eux-mêmes. Avant qu’ils ne se lancent dans l’œuvre dans laquelle ils ont été appelés, l’œuvre de Dieu et l’œuvre pour Dieu, ils devront commencer par abandonner toute confiance en eux-mêmes. C’est cette leçon, plus que toute autre, que Pierre nous enseigne quant au service.
Considérons cet homme le jour de la Pentecôte. Est-il maintenant un serviteur du Seigneur Jésus Christ ? Observons-le dans la maison de Corneille — qui est un autre tournant majeur de l’histoire de l’Église. Examinons-le à Jérusalem, lors du grand débat du chapitre quinze, écoutons ce qu’il dit et voyons combien il est respecté. « Simon a dit… », cet homme est devenu un grand serviteur du Seigneur. Mais ceci est dû aux épreuves profondes et difficiles dans lesquelles il a perdu toute confiance en lui-même.
Il est important de noter un détail qui se trouve dans ce dernier chapitre de l’évangile selon Jean, mais qui n’apparaît pas dans nos traductions. Les verbes « aimer » utilisés par le Seigneur et Simon Pierre ne sont pas les mêmes dans l’original grec. Lorsque le Seigneur lui demande « M’aimes-tu ?, Il utilise le mot grec « agape » qui est le mot le plus fort pour exprimer le fait d’aimer ; c’est l’amour divin. Mais quand Pierre répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime », il utilise un mot plus faible « phileo », qui parle d’amour fraternel. Pourquoi ne voulait-il pas s’élever jusqu’au mot utilisé par le Seigneur ? Je pense qu’il avait alors perdu toute confiance en lui-même, qu’il s’était souvenu : « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi. », (Matthieu 26.33) ; et qu’ensuite il avait renié le Seigneur. Il semble que quelque chose en lui fut touché, affaibli et brisé et qu’il n’osa pas déclarer son amour parfait au Seigneur. De toute façon le Seigneur semble rempli de compréhension et de compassion envers Pierre, et accepte son propos. Simon Pierre a dû faire face à sa trop grande confiance en lui-même, il était maintenant un homme brisé dans ce domaine. Aussi, étant devenu un serviteur utile au Seigneur, il nous dit : « C’est ici la voie du service, c’en est le premier principe. »
Ceci nous semble peut-être difficile, éprouvons-nous quelque difficulté à ce sujet ? Si vous aspirez à être utile au Seigneur et si vous vous retrouvez vidé de vous-même et brisé, si les épreuves sont difficiles à supporter, souvenez-vous que c’est la voie du service. Si nous entretenons quelque mesure de confiance en nous-mêmes, si nous pensons que nous « pouvons le faire », si nous pouvons tenir le rang, si nous sommes les premiers à nous avancer et à prendre les choses en main, alors nous ne serons d’aucune utilité pour le Seigneur — jusqu’à ce que ces choses soient réglées. Nous devons parvenir à une position spirituelle où nous ne pouvons plus dire : « Je peux le faire… Je veux le faire » ; mais où c’est quelqu’un d’autre qui décide pour nous — en l’occurrence le Seigneur Lui-même.
Le grand besoin de Pierre était d’avoir un Maître. Mais afin d’avoir un Maître, un homme comme Pierre doit être préalablement brisé, c’est ce qui se passa avec lui. Nous nous souvenons comment, après son reniement du Seigneur, il sortit dehors et pleura amèrement. Mais après la résurrection, un messager donna cette instruction précise : « Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre… », (Marc 16.7). Une des choses qui nous impressionne de la part du Seigneur après sa résurrection est qu’Il savait parfaitement ce qu’il se passait. Par exemple, Il savait comment Thomas avait réagi à l’annonce de la résurrection ; alors-même qu’Il n’avait pas été présent. Il pouvait leur dire ce qu’ils pensaient et ce qu’ils avaient fait, aussi, Il savait tout de Pierre. Quelque part Pierre était dans son brisement, son humiliation et son désespoir, il avait besoin d’une parole de réconfort : « Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre… ». Pierre était bien un des disciples, alors pourquoi le nommer ? Simplement parce que le Seigneur savait qu’il avait besoin de réconfort, il était désespéré, et donc le Seigneur envoie un message qui le nomme personnellement.
Alors que Pierre devait se sentir très seul, le Seigneur lui envoie ce message personnel. La dernière fois qu’il avait vu Jésus était lorsqu’Il le regarda quand il le renia, ce regard l’abattit complètement ; le brisa totalement. C’est un regard que Pierre n’oublia jamais. Le mot original grec pour regarder, « le Seigneur, se tournant, regarda Pierre » (Luc 22.61), est un mot très fort ; il veut littéralement dire « regarder attentivement, fixement ». Son regard fixa les yeux de Pierre et pénétra jusqu’au-dedans de sa personne. Ce fut la dernière fois que Pierre vit le Seigneur, et ce regard fit son œuvre. Ce regard connaissait Pierre, et maintenant Pierre se connaissait comme le connaissait le Seigneur ; c’est une très grande épreuve lorsque cela arrive. Alors, lorsque le Ressuscité mentionna son nom, Pierre fut atterré : « Comment pouvait-Il encore penser à moi ? Comment pourrait-Il encore me faire confiance ? Ai-je encore une place parmi ses disciples ? »
Ce sur quoi nous voulons insister est que ce qui précède est la façon dont est forgé un serviteur, c’est ainsi qu’il est enseigné. Une fois ces incidents passés, nous constatons deux choses. Tout d’abord, nous remarquons que la maîtrise de Christ, bien que nous l’appelions Maître et Seigneur, n’est pas pleinement établie tant que la maîtrise de nous-mêmes n’a pas été brisée et anéantie. Combien de fois Pierre n’a-t-il pas tenté de dire au Seigneur ce qu’il fallait qu’Il fasse ou pas, alors-même qu’il l’appelait « Seigneur » et « Maître » ? Il est possible de l’appeler Seigneur et Maître, mais la voie du vrai service est qu’Il devienne en réalité Maître ; et ceci demande le brisement de l’homme naturel.
Observons Pierre le jour de la Pentecôte, dans ses lettres, dans ses discours : Jésus est le Maître de cet homme maintenant. C’est une loi spirituelle en vue du service ; soyons-en assurés, il n’y a pas d’autre moyen de devenir utile au Seigneur — Pierre en est la démonstration. Nous voyons qu’il est devenu « une colonne » pour le témoignage du Seigneur, parce que Jésus est devenu vraiment le Maître dans sa vie. Simon Pierre est la preuve que l’entière soumission au Seigneur est le chemin par lequel il faut passer pour Lui être utile. Notre estimation de Jésus Christ commence, non pas lorsqu’Il est notre Sauveur, mais quand Il devient notre Seigneur. Ces deux aspects peuvent se produire en même temps, mais pour beaucoup ce sont deux choses bien séparées.
La seconde chose qui ressort de cet anéantissement de Pierre est son énorme appréciation de la grâce de Dieu. Nous nous souvenons de cet épisode où quelqu’un déversa son adoration aux pieds du Seigneur et Il dit : « C’est pourquoi je te dis : Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé; mais celui à qui il est peu pardonné, aime peu », (Luc 7.47). Ce que le Seigneur dit ce jour-là s’appliqua plus tard à Pierre. Dans sa première lettre, que nous pouvons lire en un quart d’heure, il parle de la grâce une dizaine de fois — la grâce de Dieu l’a profondément touché et changé ! Il parle de « la grâce variée de Dieu », (1 Pierre 4.10), la grâce est le thème principal de cette lettre.
Pierre savait parfaitement de quoi il parlait car il l’avait vécu. C’était son extraordinaire appréciation de la grâce qui fit de lui un serviteur utile au Seigneur. Mais il dut passer par bien des épreuves, être en quelque sorte baptisé dans la détresse la plus profonde, afin qu’il puisse réaliser qui il était vraiment : indigne, faible et peu fiable. Il dut traverser des vagues de désespoir avant qu’il ne puisse comprendre ce qu’était la grâce. C’est par la grâce qu’il fut réhabilité, c’est donc à la grâce de Dieu qu’il devait tout ; elle devint le moteur de son service pour le Seigneur.
Un homme ne peut pas vivre une telle expérience, ne peut pas traverser de telles épreuves, ne peut pas explorer de telles profondeurs, sans qu’il ne s’examine foncièrement. Tout ceci transparaît à travers les Écritures, lorsque Pierre fut restauré, relevé et ramené dans la communion avec le Seigneur, et lorsqu’il reçut l’appel de Jésus pour le service, il a dû se dire : « Combien il est impensable qu’un homme comme moi, qui ai été vu pour ce qu’il est vraiment, dont tous ont pu observer ce que j’ai fait ; puisse être rétabli de la sorte. Un homme pouvait-il s’effondrer autant, toucher le fond du déshonneur, atteindre une telle honte, et être ensuite appelé par le Seigneur ? Le jour où il m’a appelé le long du rivage, ce même jour Il savait déjà tout de moi. Il n’était pas nécessaire d’attendre plus de trois ans pour qu’Il me connaisse. Il n’avait pas besoin de patienter jusqu’au terrible reniement ; Il savait et malgré tout Il m’a appelé ! » Pierre pouvait dire comme Paul : « Dieu… qui m’a appelé par sa grâce », (Galates 1.15). Nous avons dans tout ceci une grande source de consolation, de réconfort ; la grâce rend le service possible pour tous.
Toute autre personne, à part Jésus, se serait désintéressée de Pierre pensant : « Il n’y a rien à tirer d’un tel homme, il est utile en rien ; il ne peut être changé. » L’Esprit Saint a permis que toutes les fautes de Pierre soient incluses dans la Parole, toutes les fois où il reprit le Seigneur, corrigea le Seigneur, disant au Seigneur : « Tu ne me laveras jamais les pieds ». Toutes ces choses et bien d’autres, mais nous voyons ensuite l’infinie patience du Seigneur envers cet homme. Lorsque Jean écrit : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jean 13.1), ce verset s’applique particulièrement à Pierre, et bien entendu à tous les autres également. Ceci n’est pas anecdotique — c’est le déploiement de la grâce. Nous devons réaliser la grande patience du Seigneur, sa gentillesse, sa débonnaireté et sa persévérance sans limite. C’était l’apprentissage de la grâce : Pierre s’en souvenait-il ? Très certainement il se remémora ses quelques trois années et comment elles culminèrent en son reniement du Seigneur. Pierre était en quelque sorte un miraculé, après tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fit, le Seigneur l’appelle à son service, à une place d’honneur — quelle patience, quelle longanimité, quelle indulgence, quel amour !
Mais encore, comme si ces choses ne suffisaient pas, la grâce apporta son lot d’attributions. Tout d’abord, l’extraordinaire don de l’onction de l’Esprit Saint ; et tout ce que ceci implique ! Nous avons souvent dit que l’onction de l’Esprit Saint dans un domaine particulier signifie que Dieu se donne à cette cause. C’est comme si Il disait : « Je vais me joindre à cet homme ou à cette femme, et je vais persévérer avec lui ou elle par égard à mon Fils. » C’est ici la signification première du don de l’Esprit.
Mais la grâce apporta toutes ces autres choses, toutes ces nouvelles capacités, qui viennent par l’Esprit dans la nouvelle création. Ne sont-elles pas merveilleuses en Pierre ? Rappelons-nous que c’était un pêcheur, bien que ceci n’indique pas obligatoirement qu’il était non-éduqué ; il est dit de lui et de Jean qu’ils étaient : « des hommes illettrés et du commun » (Actes 4.13). N’avez-vous jamais étudié le discours de Pierre le jour de la Pentecôte ? Je l’ai fait en faisant une liste de toutes les choses mentionnées par lui ce jour-là, j’avais été fort surpris de la longue liste. Ce jour-là Pierre évoqua un grand nombre de choses qui démontre qu’il avait une grande connaissance de l’Ancien Testament. Il avait acquis un grand savoir spirituel quant à la Parole de Dieu et au dessein de Dieu. Nous avons déjà évoqué ce moment crucial à Jérusalem, quand sur le conseil de Pierre et l’approbation de Jacques, s’appuyant sur les prophètes de l’Ancien Testament, l’Église fut sauvée d’une catastrophe annoncée.
De surcroît nous avons les lettres de Pierre dans lesquelles il annonce et mentionne des choses que seul l’Esprit Saint a pu lui révéler. Ces attributions de l’Esprit de Dieu incluent l’entendement, l’intelligence et la connaissance, mais aussi la persévérance comme dans le cas de Pierre. Alors qu’il renia le Seigneur par crainte d’une servante, nous le voyons maintenant tout autre : « Et, voyant la hardiesse… ». Il y a bien d’autres attributions de l’Esprit, toutes sont issues de la grâce ; Pierre en fut particulièrement l’objet.
Tout ce qui précède nous amène à la dynamique du service qui n’est autre que la réponse du cœur à une telle grâce, à un tel amour ! C’est ce qui fit de Pierre un serviteur de Jésus Christ. Pour en revenir à notre passage dans Jean 21, peut-être que Pierre n’osait pas faire confiance à son amour et, en conséquence, ne pouvait pas utiliser le même mot utilisé par le Seigneur ; mais néanmoins l’intention est bien là. Il essayait d’aller aussi loin qu’il le pouvait et en un sens alla au-delà de ce qu’il pouvait exprimer. Sa propre réponse le surprit quelque peu, il promit d’aimer et ceci est la dynamique du service.
Réalisons que la grâce qui nous appelle au salut, à la communion avec Jésus Christ, qui est en arrière-plan de tous ses agissements envers nous, la débonnaireté et la patience qu’Il exerce envers nous, cette grâce qui produit le don de l’Esprit Saint ; cette grâce représente les attributions de Dieu envers nous tous. Ce que nous avons évoqué ne se limite pas à Pierre, ni à une certaine classe de chrétiens, la grâce est la même pour tous et en tous temps. Tous ces bénéfices sont pour l’Église, et nous, en tant que parties organiques de cette Église, héritons de ces attributions de Dieu comme nous héritons de l’appel de la grâce. Par cette grâce de Dieu chacun d’entre nous peut être un serviteur de Dieu.
D’être appelé est la chose la plus merveilleuse qui puisse nous arriver — mais le savons-nous ? Il nous appelle nous connaissant mieux que quiconque. Je ne sais pas si vous vous connaissez bien, mais si vous vous connaissiez aussi bien que Lui vous connaît, vous sortiriez en pleurant amèrement ; vous tomberiez dans un gouffre de désespoir. Si ensuite, Il venait à vous dans votre désespoir et votre abattement, s’Il vous appelait par votre nom, démontrant ainsi que vous êtes toujours dans ses pensées et son amour, ne serait-ce pas une énorme démonstration de la grâce ? Ceci vous qualifierait comme témoin de cette grâce. Au demeurant, si malgré sa connaissance de vous et malgré le profond désespoir qui vous remplit quant à vous-mêmes, Il vous lègue le don immense de l’Esprit Saint avec toutes ses merveilleuses capacités ; ne serait-ce pas alors un moment glorieux ? C’est ainsi que sont suscités des témoins, des serviteurs de Dieu. À vrai dire, plus notre reconnaissance de la grâce de Dieu sera grande, plus notre service pour Lui sera riche !
C’est cela la dynamique du service. Le Seigneur peut nous faire passer par bien des épreuves, mais : « la sagesse a été justifiée par tous ses enfants » (Luc 7.35). À la fin nous ne pourrons que confesser « Il avait raison, Il savait ce qu’Il faisait ; Il a fait ce qu’il fallait faire ! ».