« Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra »
Si vous avez projeté de rencontrer un ami dans un vaste aéroport ou une grande gare aux heures d’affluence sans avoir pris la précaution de fixer avec précision le lieu du rendez-vous, vous risquez d’errer longtemps dans la salle des pas perdus avant d’apercevoir le visage anxieux de votre ami, lui aussi égaré au milieu d’une foule de voyageurs pressés qui le bousculent sans ménagement. Heureusement, un endroit aisément repérable et appelé fort justement « Le point rencontre » a été prévu dans le but de faciliter les retrouvailles. En effet, ceux qui souhaitent se rencontrer n’ont qu’à suivre les flèches placées à l’entrée de chaque allée pour se rendre rapidement en ce lieu bien situé au centre de l’édifice.
N’y aurait-il pas aussi un « point rencontre » où nous serions sûrs de trouver notre Dieu à n’importe quelle heure du jour ? Certainement ! Jésus nous l’indique d’une façon assez insolite dans le sermon sur la montagne lorsqu’il déclare :
1) Entre dans ta chambre… le Père est là, dans le lieu secret… (Matthieu 6.6)
Voilà qui est simple : il me suffit d’entrer dans ma chambre et d’en fermer la porte pour me trouver dans la présence du Père. Cette chambre – la mienne – est le lieu choisi par Dieu où il m’attend et désire me voir. C’est « le point rencontre » que d’aucuns ont appelé le sanctuaire de l’âme ou le refuge intérieur. C’est donc « chez moi » qu’il demeure et non dans un ciel lointain, quelque part dans le cosmos. Il se tient en permanence dans le lieu même de mon intimité (ma chambre) et c’est là, dans mon être intérieur, donc à l’écart et sans témoin, que je dois le chercher. Aurions-nous oublié, nous les enfants de Dieu, que nous sommes le temple de Dieu et que le Saint-Esprit habite dans notre cœur par la foi, même si sa présence ne nous est pas sensible (1 Corinthiens 3.16 ; Galates 3.14) ? L’apôtre affirmait cette chose inouïe à des chrétiens pourtant charnels et querelleurs qui paraissaient ignorer cette grande vérité (1 Corinthiens 3.1-3, 16). Oui, Dieu est présent EN NOUS par le Saint-Esprit. N’est-il pas bouleversant de le savoir, d’apprendre qu’il est là, tout proche ? En tout cas, « proche de ceux qui l’invoquent avec sincérité » (Psaumes 145.18). Ne le cherchons pas ailleurs.
2) Entre dans ta chambre et ferme ta porte (Matthieu 6.6). Établir le contact avec Dieu ne devrait poser aucun problème puisque c’est « chez moi » qu’il me donne rendez-vous, dans la pièce dont je suis le seul à posséder la clé (ma porte). Rencontrer le Père à tout instant est donc à ma portée, lui qui m’invite à « entrer », sans poser de conditions. Par exemple, il ne dit pas : « Examine-toi d’abord ; lis au préalable un long chapitre de la Bible ; sois digne de mon accueil. » Non ! mais seulement : « Entre et ferme la porte ». Approche-toi de Moi avec assurance, rien ne t’en empêche (Hébreux 4.16). Et s’il y avait quelque obstacle à notre communion, le Saint-Esprit ne manquerait pas de nous en convaincre.
Il est bouleversant de savoir que le Père souhaite et réclame avec insistance ma compagnie. C’est le message le plus étonnant que nous transmette l’Écriture. La pensée que Dieu trouve sa joie à m’accueillir en sa présence est au-dessus de mon entendement et pourtant c’est bien une réalité. Donc approchons-nous de lui tout simplement, conscients que nous avons un libre accès auprès du Père par le sacrifice de Jésus. Ne craignons pas de le dire chaque fois que nous venons à lui.
3) Le Père est là dans le lieu secret
N’est-ce pas une façon de me dire : « Viens à l’écart et soyons l’un à l’autre, sans intermédiaire ni témoin ; accordons-nous sans hâte des instants paisibles de face à face ? Oui, sois tout à moi. Que tes pensées se concentrent sur moi et si d’aventure elles ont tendance à vagabonder, demande-moi de les maîtriser. Si tu ouvres ta Bible – ce que je te conseille vivement – relève d’abord ce qui me concerne. Tu trouveras dans ma Parole de quoi alimenter ta louange. Es-tu prédicateur ? Remets à plus tard la recherche d’un thème pour ton prochain message. Si tu dois rendre visite à un malade oublie-le un instant ; ne parcours pas fébrilement ta Bible pour trouver le verset qui lui « fera du bien ». Imite Marie qui laissait momentanément « les pauvres » pour répandre abondamment le parfum de grand prix sur ma tête (Jean 12.3-5). Comme elle, laisse momentanément tes amis en difficultés et lâche tes fardeaux afin de n’avoir d’autre objet que moi. Donne-moi du temps. Du temps pour moi. Entre dans la cohorte des adorateurs qui n’ont de pensées et d’émerveillement que pour leur Roi. Le moment viendra où tu songeras à tes responsabilités et à tes amis. Alors je te rendrai capable de faire beaucoup pour eux et dans un temps record en plus ! Pour l’heure, je te veux tout entier. Tout à moi. Offre « ce sacrifice de louanges » que je réclame et dont tu t’es montré si avare dans le passé… » (Hébreux 13.15)
Voulez-vous « aimer le Seigneur de toute votre âme » ? Alors accordez-lui des moments de retraite pour vous tenir humblement dans sa présence. Il se peut qu’au début vous soyez à court de louange ou que l’adoration vous soit étrangère. Restez assez simples pour lui dire : « Seigneur, ouvre mon esprit afin que je t’exalte et te rende grâces de tout mon cœur. Je voudrais tellement être pour toi un sujet de joie ! » Puis restez silencieux, dans une attente respectueuse, en dirigeant et en maintenant vos pensées sur sa personne. Dieu ne manquera pas de vous fournir des motifs de le louer qui vous surprendront.
4) Le Père nous attend à toute heure du jour, surtout le matin avant de vaquer à nos occupations. C’est le moment favorable pour être tout à lui. S’il en est ainsi, ces instants de communion auront des prolongements heureux dans les heures même où notre esprit sera absorbé par les tracas de la vie.
Bien que les relations avec le Père aient été parfaites et sans ombre, Jésus ne se croyait pas dispensé de lui consacrer chaque jour, et au point du jour, un temps de retraite prolongé pour communier avec lui. A plus forte raison devrions-nous l’imiter pour affermir notre union avec Dieu. Se tenir en sa présence pour l’adorer, telle est la volonté du Père qui « demande des adorateurs » (Jean 4.24). Que cette pensée nous pénètre et nous inspire un désir passionné de rechercher la face de Dieu, en particulier dès le matin, en repoussant toutefois l’idée que nous venons vers lui pour recevoir un bienfait conscient à chaque rencontre. Laissons-nous plutôt obséder jour après jour par cette simple idée : « Dieu me désire. » Il souhaite ma compagnie et grande sera sa joie si je cultive sa présence.
Dans son livre (1), John Brown nous raconte une expérience intéressante : « Je me trouvais il y a un an en Angleterre. Accompagné de mon épouse, je donnais des conférences en divers lieux. Et chaque soir, de retour à l’hôtel, nous passions une heure à prier. J’ai pu constater que nous n’avons jamais demandé à Dieu quoi que ce soit. Essayez à votre tour de passer une heure (voire un quart d’heure pour commencer) avec Dieu dans la louange. Si vous le faites, vous constaterez que le Saint-Esprit vous enveloppera. »
(1) Les lois de la prière percutante, J. Brown (Carnets de Croire et servir).
5) Et ton Père te le rendra (v. 6)
Le chapitre 6 de l’évangile de Matthieu parle des récompenses attribuées dans l’au-delà à tous ceux qui pratiquent « leur justice » dans le secret, donc pour Dieu seul et non pour être encensés par les hommes.
Ton Père te le rendra… Où donc ? Déjà sur la terre puisque le chrétien reçoit de son Dieu des biens incomparables qu’aucune fortune ne peut procurer, par exemple le sentiment bienfaisant de son approbation, la joie ineffable de sa présence, une paix qui surpasse toute intelligence… Bref, l’épanouissement de l’être tout entier, ce qui n’a pas de prix (Psaumes 4.8-9).
Ton Père te le rendra… En prononçant ces paroles, Jésus avait surtout en vue la rémunération à venir. La prière « dans le secret » recevra donc sa récompense dans l’au-delà. Y avez-vous songé ? On objectera sans doute qu’on ne peut servir Dieu pour être payé à la résurrection des morts. Qu’en savez-vous ? Jésus n’a-t-il pas recommandé sous forme impérative : « Amassez-vous des trésors dans le ciel… car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu 6.20-21). Faire fi des rétributions futures est une erreur et plus encore une désobéissance qui attriste le Saint-Esprit. D’ailleurs, l’idée de récompenses stimule plus qu’on ne veut le croire. Les pédagogues le savent bien qui en usent abondamment. Si Moïse avait « les yeux fixés sur la rémunération » à venir (Hébreux 11.26), pourquoi refuserions-nous d’y penser ? Ce serait un puissant motif pour nous adonner plus diligemment à la prière.
Ton Père te le rendra. La récompense promise est la preuve éclatante que le sacrifice de louange lui est particulièrement sensible. Une raison de plus pour Le servir sans cesse de cette manière. Le louer, c’est le réjouir à coup sûr. Ne nous privons pas de lui plaire.
6) Ferme ta porte
Dans son livre (« Simples entretiens sur la prière »), S.J. Gordon commente ainsi le conseil de Jésus. « Un homme, l’écouteur à l’oreille, essayait en vain de saisir une communication pourtant clairement énoncée à l’autre bout du fil. Il entendait mal, perdait un mot sur deux, aussi faisait-il répéter chaque phrase. Après quelques essais infructueux, l’interlocuteur agacé lui cria un peu sèchement : Si vous voulez entendre, fermez donc la porte. »
Celui qui se plaignait ainsi avait, lui, sa porte bien fermée et il entendait fort bien… non seulement la voix de la personne qui lui téléphonait, mais encore les bruits de la rue et des acheteurs qui envahissaient, à cette heure, le magasin où se trouvait la cabine téléphonique.
Certains chrétiens, bien qu’ayant l’ouïe fine, ont de la peine à entendre parce qu’ils n’ont pas bien fermé la porte. La voix de Dieu et la voix de l’homme résonnent dans leurs oreilles : impossible de les distinguer. La faute en est pour une part à la porte : si vous voulez l’entendre et vivre des instants bénis de communion, fermez donc la porte à vos pensées propres, à vos soucis, à vos préoccupations de tous ordres et cherchez à communiquer avec le Seigneur.
Je sais, il n’est pas facile de chasser certaines pensées d’inquiétude pas plus qu’il n’est aisé de se concentrer quand on a la fâcheuse tendance de laisser vagabonder son esprit. Ne nous décourageons pas, mais persévérons, résolus à rencontrer le Seigneur en comptant non sur nos efforts propres mais sur le Saint-Esprit qui « amènera nos pensées captives à l’obéissance de Jésus-Christ » et nous rendra capables de nous tenir vraiment dans Sa présence (La question si importante des pensées sera abordée dans les chapitres suivants).
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