Il y avait alors dans le village voisin un vieillard qui, dès sa jeunesse, avait embrassé la vie solitaire. Antoine alla le voir et rivalisa de vertu avec lui ; il se fixa d’abord dans un endroit qui était en face de son village, et là, s’il venait à entendre parler de quelque homme vertueux, tel qu’une industrieuse abeille, il se mettait à sa recherche, ne revenait point chez lui sans l’avoir vu et ne le quittait qu’après avoir reçu de lui, pour ainsi dire, un secours de voyage pour marcher dans le chemin de la vertu. Il demeura là dans les commencements, se fortifiant dans la résolution de ne plus retourner dans les possessions de ses pères et d’oublier ses parents. Tout son désir, toute son ardeur, tendaient à la perfection ascétique ; il travaillait de ses mains, se souvenant de cette parole de l’apôtre : « Que celui qui ne travaille pas ne mange pas. (I. Thess., 3-10.) » Ce qu’il gagnait, il l’employait à ses besoins et au soulagement des indigents ; il priait continuellement, car il avait appris qu’on doit prier en particulier sans interruption. (Thess., 5-17.) Il s’appliquait tellement à la lecture des livres saints qu’il n’en laissait rien échapper ; il retenait tout ce qu’il lisait au point que sa mémoire dans la suite lui tenait lieu de livre.