Entière consécration

V. LA REPENTANCE DE PIERRE

« Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement. ». {Lu 22.61,62}

Ceci marque un tournant dans l’histoire de Pierre. Christ lui avait dit : « Tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard. » Pierre n’était pas dans l’état voulu pour suivre Christ, parce qu’il n’avait pas renoncé à lui-même ; il ne se connaissait pas lui-même, et c’est pourquoi il ne pouvait suivre Christ. Mais quand il sortit et pleura amèrement, un grand changement se produisit dans sa vie. Christ lui avait dit précédemment : « Quand tu seras converti, affermis tes frères. » C’est au moment dont nous parlons que Pierre fut converti.

Je remercie Dieu pour l’histoire de Pierre. Je ne connais aucun personnage de la Bible dont l’histoire me procure un tel réconfort. Quand nous considérons son caractère, sujet à tant de défaillances, et quand nous considérons ce que Christ a fait de lui par la puissance du Saint-Esprit, nous nous disons qu’il y a de l’espoir pour chacun de nous. Mais rappelez-vous que Pierre, avant de pouvoir être rempli du Saint-Esprit et devenir un homme nouveau, dut sortir et pleurer amèrement; il dut être humilié. Si nous voulons comprendre cela, je crois que nous devons considérer quatre choses. Tout d’abord, nous devons considérer Pierre, le fidèle disciple de Jésus ; ensuite, Pierre quand, il vivait pour lui-même ; après cela, Pierre se repentant ; et enfin, ce que Christ a fait de Pierre par le Saint-Esprit.

Voyons, tout d’abord, Pierre, le fidèle disciple de Jésus.

Jésus appela Pierre à laisser ses filets et à le suivre. Pierre obéit immédiatement, et il put déclarer par la suite : « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi. » Pierre avait renoncé à tout pour suivre Jésus. Pierre avait fidèlement obéi à Jésus. Rappelez-vous, quand Jésus lui dit : « Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez du poisson » ; Pierre, le pêcheur, savait qu’il n’y avait pas de poisson à cet endroit-là, car il avait travaillé toute la nuit sans rien prendre ; mais il répandit : « Sur ta parole, je jetterai le filet. » Il se soumit à la parole de Dieu. Pierre avait une grande foi. Quand il vit Jésus marcher sur la mer, il s’écria : « Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux », et à la voix de Christ, il sortit de la barque et marcha sur les eaux. Jésus parle de Pierre comme de la pierre sur laquelle il bâtira, son Eglise et Il dit qu’il lui donnera les clefs du royaume des cieux. Pierre était un homme remarquable, un fidèle disciple de Jésus. Et pourtant, il lui manquait bien des choses.

Maintenant, considérons Pierre alors qu’il vivait pour lui-même, et se confiait en lui-même et cherchait sa propre gloire. Vous vous rappelez qu’aussitôt après lui avoir dit : « Ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé ces choses, mais c’est mon Père qui est dans les cieux », Jésus commença à parler de ses souffrances à ses disciples, et Pierre osa lui dire : « A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela nie t’arrivera pas », {Mt 16.22} et Jésus fut obligé de lui dire : « Arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale ! Car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes. » Pierre, avec sa volonté propre et se fiant à sa propre sagesse, défendait à Christ de souffrir et de mourir. D’où cela venait-Il ? De ce que Pierre se confiait en lui-même et en son opinion personnelle au sujet des choses divines. Nous voyons que plus tard, à plusieurs reprises, la question de savoir qui était le plus grand fut discutée par les disciples, et Pierre était l’un d’entre eux, et il pensait qu’il avait vraiment droit à la première place. Il cherchait sa propre gloire. Pierre vivait pour lui-même.

Quand Christ lui avait parlé de ses souffrances et avait dû lui dire : « Arrière de moi, Satan », Christ avait ajouté : « Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. » Nul ne peut suivre Christ s’il n’a fait cela. Il faut d’abord renoncer à soi-même. C’est là la première condition pour devenir un disciple de Christ ; mais Pierre ne comprenait pas cela et ne pouvait obéir à cet ordre. Et qu’arriva-t-il ? Lors de la dernière nuit, Jésus lui dit : « Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. » Mais Pierre, qui avait confiance en lui-même, déclara : « Quand tous t’abandonneraient, moi je ne t’abandonnerai pas ! Je suis prêt à aller avec toi en prison et à la mort. » Pierre disait cela sincèrement, et il avait réellement l’intention de le faire ; mais Pierre ne se connaissait pas vraiment.

Nous chantons dans un de nos cantiques : « Pur comme Toi ! », et nous pensons sans doute aux péchés individuels qui nous séparent de Dieu. Mais pensons-nous également à, notre « moi » qui est notre nature même et qui est impur ? Pensons-nous à la chair qui est entièrement sous la puissance du péché ? Nous avons besoin d’en être délivrés. Pierre ne le savait pas, et c’est pourquoi, plaçant sa confiance en lui-même, il en vint à renier Jésus.

Considérons maintenant la repentance de Pierre. Pierre avait renié Jésus trois fois, et Jésus se retourna et regarda Pierre ; et ce regard de Jésus brisa le cœur de Pierre, et aussitôt il réalisa l’étendue du péché qu’il venait de commettre, la terrible chute qu’il avait faite, et « Pierre sortit et pleura amèrement ».

Oh ! qui pourrait nous dire la profondeur de ce repentir ! Durant les heures qui suivirent, cette nuit-là, le lendemain, quand il vit Jésus crucifié et enseveli, et le jour suivant, le jour du sabbat,—oh ! dans quelle honte, dans quel désespoir, il doit avoir passé ce jour ! Mon Seigneur est mort, mon espérance est morte et j’ai renié mon Seigneur ! Après cette vie d’amour, après ces trois années de communion spirituelle, j’ai renié mon Seigneur ! O Dieu, aie pitié de moi ! Je ne pense pas que nous puissions réaliser la profondeur de l’humiliation dans laquelle sombra Pierre à ce moment-là. Mais nous arrivons maintenant à an tournant dans la vie de Pierre ; le premier jour de la semaine, Jésus apparut à Pierre {1}, et dans la soirée, Il apparut aux onze disciples. Plus tard, sur les bords du Lac de Galilée, Il lui demanda trois fois : « M’aimes-tu ? », et Pierre fut attristé parce que le Seigneur lui rappelait ainsi qu’il l’avait renié trois fois ; et il répondit tristement, mais avec droiture : « Seigneur, tu sais toutes choses; tu sais que je t’aime. »

Pierre fut ainsi préparé à être délivré de son moi. Christ le conduisit avec les autres disciples jusqu’au marchepied du trône, et Il lui dit d’attendre là ; puis, le jour de la Pentecôte le Saint-Esprit descendit et Pierre fut transformé. Il ne faut pas que vous pensiez seulement : « Je puis constater le changement qui s’est produit en lui, sa hardiesse, sa puissance, sa connaissance des Saintes-Ecritures, et les résultats bénis de sa prédication le jour de la Pentecôte. » Nous devons remercier Dieu pour tout cela. Mais il se produisit, dans le cœur de Pierre, un changement plus profond et plus important que celui-là. La nature même de Pierre fut changée.

Pour nous en rendre compte, lisons la première épître de Pierre. Vous savez en quoi consistait l’erreur de Pierre: il avait déclaré à Christ qu’il ne pouvait souffrir et mourir. « Cela ne t’arrivera pas », avait-il dit. Nous voyons par là qu’il ne savait pas ce que c’était que de passer de la mort à la vie. Quand Christ l’avertit en lui disant : « Tu me renieras », Pierre proteste en disant qu’il ne le fera pas ; cela nous montre combien peu il connaissait ce qu’il y avait dans son cœur. Mais quand nous lisons l’épître de Pierre, nous voyons qu’il déclare : « Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. » {1Pi 4.14} Ces paroles ne sont pas de l’ancien Pierre, elles sont inspirées par l’Esprit de Christ. Quand Pierre déclare : « Ainsi donc, Christ ayant souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée», nous comprenons quelle transformation Pierre a subie. Au lieu de renier Christ, il trouve de la joie à renoncer à lui-même, à mourir à lui-même. Et c’est ce que nous voyons dans le livre des Actes quand, convoqué devant le Sanhédrin, il déclare hardiment : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » ; {Ac 5.29} et nous le voyons, ainsi que les autres apôtres, se retirer joyeux d’avoir été jugé digne de subir des outrages pour le nom de Christ. Considérons le changement profond qui s’est produit dans le cœur de l’apôtre Pierre, ce Pierre qui vivait pour lui-même, qui se confiait en lui-même, qui cherchait sa propre gloire. Cette transformation, c’est l’œuvre de Christ en lui par le Saint-Esprit.

Cette histoire de Pierre doit être celle de chaque enfant de Dieu. Cette histoire nous montre ce que le Saint-Esprit peut faire en chacun de nous. Il ne suffit pas de prier pour l’œuvre de Dieu, de prier pour une effusion du Saint-Esprit ; pour que l’œuvre de Dieu puisse prospérer, il faut que chacun de nous, individuellement, reçoive la bénédiction divine.

Examinons maintenant quelles leçons nous pouvons tirer de l’histoire de Pierre.

La première leçon, la voici : on peut être très zélé, très dévoué pour le service de Dieu, et même obtenir des résultats bénis, et cependant être encore sous le pouvoir de la chair.

C’est une vérité solennelle; Dieu seul connaît quels sont ceux qui sont dans ce cas, et qui ont peut-être travaillé pour Lui pendant cinq, dix ou vingt ans. Pierre, avant de renier Christ, avait chassé des démons et guéri des malades. Et certains peuvent avoir obtenu des résultats en prêchant l’Evangile, et pourtant se trouver encore, comme Pierre, sous le pouvoir de la chair. Il faut que nous réalisions que c’est justement à cause de cela que la puissance de l’Esprit de Dieu ne peut agir par nous comme Dieu voudrait qu’elle puisse agir.

Réalisez-vous que le Dieu Tout-Puissant désire vous accorder une bénédiction deux fois plus grande et accorder aux autres, par votre moyen, dix fois plus de bénédictions ? Mais il y a quelque chose qui l’en empêche, et ce qui l’en empêche, c’est notre « moi ». Nous parlons de l’orgueil de Pierre, de l’impétuosité de Pierre, de sa confiance en lui-même. Tout cela vient d’une seule cause : le moi. Christ avait dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même », et Pierre n’avait jamais compris ces paroles, il n’avait jamais obéi à cet ordre. De là venaient ses défaillances.

Et il y a beaucoup d’enfants de Dieu, et même de serviteurs de Dieu, qui vivent pour eux-mêmes. Quelle pensée solennelle et quel sujet de prière urgent ! O Dieu, révèle-le nous, afin qu’aucun de nous ne vive pour lui-même ! Il est arrivé à des gens qui avaient travaillé pour Dieu pendant vingt ans, qui avaient peut-être occupé une position importante, de recevoir de Dieu cette révélation et d’en être écrasés de honte. Quelle tristesse, quelle souffrance, quelle agonie jusqu’à ce qu’ils aient obtenu la délivrance! Pierre sortit et pleura amèrement, nous est-il dit.

Et voici maintenant la seconde leçon : c’est le Seigneur Jésus lui-même qui nous montre la puissance du « moi ».

Comment Pierre, ce Pierre charnel, ce Pierre qui accomplissait sa volonté propre, est-il devenu, l’homme de la Pentecôte et l’auteur de deux épîtres ? C’est parce que Christ s’est chargé de lui, Christ a veillé sur lui, Christ l’a enseigné et l’a béni. Les avertissements que Christ lui a donnés faisaient partie de son éducation ; et, à la fin, il y eut ce regard d’amour. Dans sa souffrance, Christ n’a pas oublié Pierre, mais il s’est tourné vers lui et l’a regardé. Et « Pierre sortit et pleura amèrement ». Le Christ qui conduisit Pierre à la Pentecôte est encore parmi nous, et Il attend pour se charger de ceux qui veulent se consacrer à Lui.

Peut-être pensez-vous : Ah ! voilà bien le malheur ! Je vis pour moi-même, je cherche ma propre volonté et mon propre plaisir ; comment puis-je être délivré de moi-même ? Voici ma réponse: Seul le Seigneur Jésus peut vous délivrer ; nul autre ne peut vous libérer de la puissance du « moi ». Et que vous demande-t-il de faire ? Il vous demande simplement de vous humilier devant Lui.

{1} Cette apparition de Christ à Pierre est mentionnée dans les Evangiles {Lu 24.34} ; l’apôtre Paul en fait mention dans l’Epître aux Corinthiens. {1Co 15.5}

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