La doctrine des anges dans les plus anciens livres de l’Ancien Testament n’offre rien de déterminé. — L’angélologie des Perses. — Celle des Juifs au premier siècle. — Quelles fonctions remplissent les anges dans le ciel et sur la terre. — Il y a des anges gardiens. — Chaque homme a son ange. — Les anges des nations. — Les anges des éléments. — L’angélologie chrétienne.
Une antique croyance, remontant au temps des Hébreux, peuplait les espaces célestes d’esprits et d’anges qui étaient, eux aussi, de véritables médiateurs entre Dieu et les hommes. Ceux des Israélites qui, avant l’exil, croyaient à un Dieu unique, avaient été amenés aussi naturellement que le furent plus tard leurs descendants du premier siècle, à combler l’abîme qui séparait Jahveh de son peuple. Mais comme ils n’étaient point théologiens, aucun d’eux n’avaient formulé de doctrine précise. On croyait aux anges ; mais on ne définissait pas cette croyance ; elle n’était que la conséquence naturelle d’un monothéisme rigoureux. Les espaces célestes, disait-on, sont peuplés d’êtres supérieurs qui vivent parfaitement heureux, à l’abri de la souffrance et du mal, dans l’extase et dans la prière. On rencontre, en effet, dans les Livres de l’Ancien Testament, dont la rédaction est antérieure à la captivité de Babylone, le mot Maleak (envoyé, messager, ange). La Genèse parle souvent de ces Envoyés. C’est un ange qui apparaît à Agar au désert (Genèse 16.17) ; des anges prédisent à Abraham la ruine de Sodome et de Gomorrhe (Genèse 18). Jacob aperçoit en songe des anges remplissant l’espace qui sépare le ciel de la terre (Genèse 28.13). Les anges forment à Dieu une sorte de cour céleste (1 Rois 22.19). Quelquefois on les appelait fils de Dieu (Psaumes 89.7). Le peuple les considérait comme des messagers de Dieu descendant sur la terre pour exécuter ses ordres (Juges 13.15 et suiv.) ; mais, répétons-le, ce n’était là qu’une croyance populaire. Il n’y avait point de doctrine officielle des anges. On n’avait pas encore songé à leur donner des noms.
Josué 5.13-16. « Le chef d’armée de Jahveh. » Cette expression est unique et trop vague pour rien prouver. Il est aussi question çà et là dans « la Loi et les Prophètes » des chérubins (Keroubims) sortes d’animaux fantastiques tenant de l’homme, du bœuf, de l’aigle et du lion. Par ces symboles concrets empruntés à la nature animale, les prophètes représentaient les attributs métaphysiques de Dieu. Ezéchiel ch. 1 et 10. Voir aussi Genèse 3.24, etc., etc.
Si nous lisons les écrits juifs des deux derniers siècles, nous sommes, au contraire, en présence d’une doctrine des anges complète, arrêtée dans ses moindres détails, d’une véritable angélologie savante et compliquée. Elle offre plusieurs traits de ressemblance avec l’angélologie des Perses, que les Juifs avaient appris à connaître pendant leur long séjour à Babylone.
A la tête de l’armée céleste, la religion des Perses plaçait sept amschaspands, princes de lumière ; le premier de tous était Ormuzd. Au-dessous d’eux se trouvait une seconde classe d’anges, les vingt-huit Izeds ; enfin venaient les Ferwers, composant la troisième et dernière classe, et dont le nombre était indéterminé.
Les Juifs crurent aussi à sept esprits supérieurs (Tobie 12.15 ; Apocalypse 1.4 ; Zacharie 3.6-10). Nous savons les noms de six d’entre eux : Gabriel, Michaël, Raphaël, Uriel, Jérémiel, Séalthiel.
[Le nom de Gabriel se trouve : Daniel 8.16 ; 9.21 ; Luc 1.19.26. Orac. Sybill. livre ii, v. 215. La vraie prononciation serait Guibri-el « Dieu est ma force. » — Le nom de Michaël se trouve : Daniel 10.13, 21 ; 12.1 ; Jude 1.9 ; Apocalypse 12.7. Orac. Sybill., livre ii, v. 15. Mi-cha-el « qui est semblable à Dieu ? » — Pour le nom de Raphaël, voir Tobie 12.15 et passim. Orac. Sybill., livre ii, v. 215. Rapha-el. « Dieu est mon salut. » — Il est question d’Uriel dans les passages suivants : 4Esdras.4.1 ; 5.20 ; 10.28. Orac. Sybill. livre ii, v. 215, 230. Ouri-el. « Dieu est ma lumière. » — Jéré-miel est nommé, 4Esdras.4.36. Jérémi-el. « Dieu m’a élevé. » — Enfin Sealthiel Sealthi-el « j’ai demandé Dieu » est mentionné 4Esdras.5.16. Ces noms avaient déjà été donnés à des hommes dans l’Ancien Testament. Michaël se rencontre fréquemment : Nombres 13.12 ; Esdras 8.8 ; 1 Chroniques 5.13 ; 6.24 ; 7.8 ; 8.16 ; 2 Chroniques 21.2. Nous trouvons Raphaël 1 Chroniques 26.7.]
Ces noms, dit le Talmud, ont été apportés de Babylone. Le nom du septième ne nous a pas été conservé. C’était peut-être Jahveh lui-même, et alors le parallélisme de l’angélologie juive et de l’angélologie persane serait parfait.
Ces esprits supérieurs formaient le conseil de Jahveh. On leur donnait quelquefois le nom de princes (Daniel 10.13 ; 12.1), et Jude appelle Michaël, archange. Les autres esprits du même ordre recevaient sans doute aussi ce noma et formaient le premier rang de l’armée céleste. Ils se tenaient devant le trône de l’Éternel.
a – Tobie 12.15, Raphaël apparaît bien ici comme le chef des autres anges, c’est-à-dire archange.
On voit que les Juifs et les Perses se représentaient le ciel comme la salle du trône d’un monarque de l’Orient. Dieu, assis sur le trône, était entouré par les archanges. Plus loin se tenaient les anges du second rang ; plus loin encore ceux du troisième. Lorsque Darius était assis sur son trône, dans son palais de Persépolis, il avait, en effet, autour de lui sept chefs formant une espèce de cour et qui rappellent les sept amschaspands dont Ormuzd est le souverain.
Les anges du second rang n’étaient pas en nombre déterminé chez les Juifs comme chez les Perses et il n’y a plus d’analogie à établir entre les vingt-huit Izeds et les Ferwers d’une part et les anges inférieurs des Juifs de l’autre. Chez ceux-ci le nombre des anges était d’autant plus grand que leur dignité était moindre ; celui des anges ordinaires était illimité. Le Nouveau Testament parle de « plus de douze légions d’anges (Matthieu 26.53 ; Daniel 7.10). » Nous connaissons les noms de quelques-uns de ces esprits d’un rang inférieur : Phalthiel, Raguel, Sarakael, Fanuelb, etc.
b – Livre d’Énoch, ch. 20 et 40.9.
Chaque classe d’anges a diverses fonctions à remplir. Les uns sont occupés dans le ciel à chanter les louanges de Dieu et à contempler sa gloire ; d’autres ont des fonctions importantes auprès des hommes ; ils s’entremettent entre eux et l’Éternel ; intercèdent pour eux et se chargent de porter leurs prières jusqu’au trône de Jahveh. D’autres viennent habiter sur la terre, veillent sur les hommes, se font leurs gardiens. Enfin il est des anges qui non seulement s’occupent des hommes, mais de toutes les créatures, et veillent même sur les éléments.
Ceux qui séjournent habituellement dans le ciel sont au premier rang de la hiérarchie céleste. Ce sont les archanges que nous avons nommés plus haut. Ils ne descendent sur la terre que lorsqu’il s’agit d’une mission exceptionnelle. Dans le livre de Tobie, c’est Raphaël qui conduit le jeune Tobie pendant son voyage, et, dans l’évangile de Luc, c’est Gabriel qui apparaît au prêtre Zaccharie et à la Vierge Marie. Mais Raphaël dit à Tobie que son occupation habituelle est de « présenter les prières des justes et de marcher devant la majesté du Saint (Tobie 12.15). » Gabriel dit aussi à Zaccharie : « Je suis Gabriel qui me tiens devant Dieu (Luc 1.19). » Il est vrai que dans le livre d’Énoch, Raphaël est appelé « l’ange des esprits des hommes (20.3). » Il est le guide du patriarche. Les sept archanges pouvaient sans doute remplir à l’occasion toutes les fonctions des anges. Mais la première et la principale de leurs occupations était, dans le ciel, autour du trône de l’Éternel. Là ils « veillaient » sur le trône de Dieu et formaient sa garde d’honneur.
[« Ceux qui veillent » Énoch ch. 20 ; Daniel 4.10, emploie déjà ce terme. Il paraît que les liturgies syriaques réservaient ce nom à Gabriel. En tout cas les chefs seuls étaient appelés « ceux qui veillent. »]
Les uns se bornaient à contempler la gloire de Dieu et adoraient en silence ; les autres chantaient ses louanges et disaient : Saint, saint, saint est Jahveh. D’autres « servaient devant lui. » Les anges qui priaient se partageaient en deux groupes : ceux qui rendaient grâces et ceux qui intercédaient (pour les hommes, cela va de soi, car les anges n’ont rien à demander pour eux-mêmes). Parmi ces derniers, on en remarquait qui priaient pour les justes tombés par ignorance.
Énoch, 29.5 ; 15.2 ; Testam. Lévi, § 3. Le Targoum de Pseudo-Jonathan indique les heures où les anges prient, et les indique d’après le rite juif où l’on priait à certains moments déterminés. Pseudo-Jonath. sur Genèse 32.26.
Les anges proprement dits (les messagers), c’est-à-dire ceux qui remplissaient des missions auprès des hommes, étaient considérés comme des intermédiaires entre le ciel et la terre. L’idée mère qui a servi à former la doctrine du Verbe se retrouve ici. Dieu qui est pur ne peut se mettre en communication avec le monde que par des messagers. C’est par eux qu’il s’est révélé à son peuple et d’abord à Moïse ; il lui a donné la Loi « par le ministère des anges (Actes 7.38, 53 ; Galates 3.19). »
Saint Paul ajoute « par l’entremise d’un médiateur ». Est-ce la doctrine du Verbe médiateur que la pensée chrétienne confond déjà avec celle des anges médiateurs ? Il est possible que par ce mot un médiateur, saint Paul ne désigne dans ce passage que Moïse, mais bientôt les chrétiens verront le Messie dans l’ange de Jahveh des livres de l’Ancien Testament.
Les « envoyés » étaient de véritables anges gardiens. L’Ancien Testament en avait-il parlé (Genèse 48.16) ? En tout cas, la foi aux anges gardiens était fervente en Palestine au premier siècle. Le livre de Tobie repose tout entier sur cette croyance que les anges viennent au secours des hommes et les délivrent de leurs maux, même de ceux que leur suscitent de mauvais esprits. C’est Raphaël lui-même, nous l’avons dit, qui vient guider Tobie, l’accompagner à l’étranger et le ramener à la maison paternelle. Et dans le testament de Joseph, qui date du commencement du second siècle après Jésus-Christ, le jeune homme résiste aux obsessions de la femme de Putiphar, en invoquant l’ange d’Abraham. C’est toujours la même idée. Si Joseph n’invoque pas son ange mais celui d’Abraham, c’est sans doute parce qu’il le considère comme plus puissant que le sien. Chacun, en effet, avait son ange gardien. Le Nouveau Testament parle de celui de saint Pierrec.
c – Actes 12.15. « C’est « son ange ». Cf. le mot de Jésus : « leurs anges, » dit-il, en parlant des petits enfants. Matthieu 18.10.
Toute œuvre importante était confiée aux anges. C’était un ange qui était préposé à la garde du trésor du temple (2 Maccabées 3.24-25). C’étaient des anges qui avaient construit l’arche de Noé (Énoch.67.2). Ils étaient, d’une manière générale, « ministres et porteurs de l’assistance divined » surtout auprès des hommes « qu’ils servaiente. »
d – Les Targoums passim ; Hébreux 1.14, renferme la même définition des anges ; il sont λειτουργικὰ πνεύματα.
e – « Les anges le servaient ». Marc 1.13. Voir aussi Matthieu 4.11 ; Luc 22.43.
A la mort, ils venaient délivrer l’âme du juste et la portaient dans le sein d’Abraham (Luc 16.22). C’étaient quelquefois les archanges eux-mêmes qui se chargeaient de ces importantes fonctions. Dans « l’histoire du charpentier Joseph, » l’âme de Joseph est entourée, après sa mort, d’une enveloppe lumineuse par Michaël « le prince des anges, » et par Gabriel « le héraut de la puissance (ch. 22 et 23). » Daniel nous montre aussi Michaël qui lutte pour le royaume de Dieu sur la terre, et qui est avocat et protecteur dans le paradis (Daniel 10.13,21 ; 12.1). C’est lui, en particulier, qui est l’adversaire et le vainqueur de Satan (Apocalypse 12.7 ; Jude 1.9). L’apocalypse de Jean lui attribue une grande part dans les derniers événements du monde.
Si chaque homme avait son ange, chaque nation avait aussi le sien. La Perse, la Grèce (Daniel 10.13-20), chaque peuple avait son ange. Michaël était celui des Juifs ; et, prenant dans le ciel le parti des nations qu’ils protégeaient, les anges se livraient entre eux des combats comme les dieux d’Homère.
[Chez les chrétiens, chaque église avait son ange (Apoc. ch. 2). Cependant il est possible que ce mot désigne ici tout simplement le chef visible de l’Église, le président de l’Εκκλησία.]
D’après certains passages des Évangiles, l’homme qui recevait des communications divines les recevait, soit par un ange en songe (Matthieu 1.20), soit en songe seulement (Matthieu 2.22). Mais, dans ce dernier cas, la présence de l’ange est certainement sous-entendue. D’après les deux premiers chapitres de l’évangile de Luc, qui ont une origine hébraïque comme l’évangile de Matthieu, ce n’est pas pendant le sommeil que l’ange apparaît (Luc 1.26 ; 1.2). Quelquefois l’avertissement divin est donné simplement « par le Saint-Esprit (Luc 2.27 ; Actes 12). »
Il nous reste à parler des anges qui commandent aux éléments. Le livre d’Énoch et le Talmud nous parlent de l’ange des vents, de l’ange de la mer, des anges de la pluie, de la grêle, des eaux, du feu, de l’abîme. La gelée, la neige, le brouillard, la rosée avaient aussi leurs anges. Un ange passe dans le vent, un autre dans l’ébranlement qui accompagne la tempête, un autre dans le feuf. Peut-être faut-il reconnaître ici l’influence delà mythologie grecque, qui attribuait à chaque chose son démon ou son génie. Platon parle de δαίμονδες par lesquels le monde a été formé. Philon, toujours occupé de combiner le Platonisme et le Mosaïsme, dit que les δαίμονες des philosophes grecs sont les anges.
f – Targ. Jonath. sur 1 Rois 19.11 et suiv. Saint Augustin exprimera la même idée : Quæst. 83 : 79.
De somnis, i, 22. De Gigant. § 2. Pour Philon, il s’agit avant tout d’expliquer l’apparition du mal dans le monde. Il fait remonter l’origine du mal aux êtres intermédiaires. Dieu lui-même ne peut créer que le bien.
Le livre de Jésus Sirach, sans parler d’anges, suppose que les éléments sont animés par un esprit quand ils viennent à déployer leur activité (Siraride 39.28 et suiv.). Or, dans tout l’Ancien Testament, nous ne rencontrons rien de semblableg ; et il est bien probable que cette idée est empruntée à l’hellénisme.
g – Voir Ézéchiel 10.17 ; Zaccharie 5.9 ; 1 Chroniques 22.15.
[Dans le livre gnostique Pænit. Adami publié par M. Renan, Journal Asiatique (année 1853, p. 453), il est question de Séraphins qui produisent des sons harmonieux par le bruit de leurs ailes et que l’on entend dans le Paradis. Au premier siècle, on avait probablement des idées semblables ; il y avait dans le ciel des concerts d’anges (Luc 2.13). Le Targoum de Jonathan parle d’anges qui se tiennent dans les plus hautes régions.]
On en vint à parler d’anges de la force, de la paix, etc. (ἄγγελος δυνάμεως, Test. Juda § 3 ; ἄγγελος εἰρήνης, Test. Benjamin, § 6.)
On ne se prononçait pas encore sur l’époque de la création des anges. Le Talmud et le Targoum de Pseudo-Jonathan sur le Pentateuque, en parlent pour la première fois.
La doctrine des anges que nous venons d’exposer était la doctrine officielle des Juifs Palestiniens. Quelques-uns d’entre eux, les Esséniens, par exemple, professaient sur les anges des idées particulières dont nous parlerons plus loin.
D’autres, comme les Saducéens, niaient formellement leur existence. Mais ils faisaient exception ; tout le monde y croyait et défendait la notion traditionnelle (Actes 23.8 ; Ant. Jud., xviii, 1, 4). Les Samaritains eux-mêmes semblent avoir été très fervents dans leur foi aux anges. Épiphane l’affirmeh ; et au xiie siècle après Jésus-Christ, ils avaient encore des docteurs qui défendaient les idées pharisiennes du premier siècle sur les esprits célestesi.
h – Epiph. Hær : 14. Les Saducéens, dit-il, οὐ παραδεχόνται δὲ ἀγγέλους, ὅπερ Σαμαρεῖται οὐκ ἀϑετοῦσιν.
i – Sylvestre de Sacy ; Mémoire sur l’état actuel des Samaritains, p. 51.
Il est souvent parlé des anges dans le Nouveau Testament. Les livres qui le composent ayant été écrits dans un siècle où une angélologie complète était universellement admise, leurs auteurs ont naturellement conservé l’écho des croyances répandues de leur temps. Aussi la doctrine juive des anges a-t-elle été adoptée par l’Église ; mais elle n’a jamais revêtu aux yeux des Chrétiens l’importance qu’elle avait aux yeux des Juifs. On a remarqué souvent qu’une religion monothéiste a peine à se garder d’un certain polythéisme.
[On pourrait montrer à l’inverse que les religions polythéistes sont toujours monothéistes par certains côtés. Ainsi les Grecs et les Romains mettaient au-dessus de l’Olympe le destin, fatum et, dans ce sens, ne croyaient qu’à un seul Dieu.]
Les écrivains du Nouveau Testament n’ont certes eu aucune réticence à rapporter des apparitions d’anges puisqu’ils y croyaient déjà, mais leur familiarité avec un concept, est sans rapport aucun avec la question de la réalité objective de ces apparitions. Ainsi quand Pierre, enfermé dans une cellule de prison (Actes 12.1-15), lié par deux chaînes, se fait réveiller par un ange, qui lui dit de mettre sa ceinture, ses sandales et son manteau, puis que les chaînes étant tombées comme toiles d’araignées, les portes s’ouvrent automatiquement devant lui, il faut bien convenir que soit le récit est mensonger, soit les anges existent pour de vrai ! Stapfer, sait tout cela, mais il adopte ce ton supérieur de sceptique, si caractéristique du protestantisme libéral du xixe siècle, et en vérité si malhonnête. (ThéoTEX)
L’Église catholique a donné une grande place dans sa théologie à la doctrine des anges gardiens ; mais c’est plutôt par le développement excessif de ses idées sur les Saints qu’elle s’est rapprochée du polythéisme. Quant aux protestants, désireux de rejeter tout ce qui leur semblait polythéiste et païen dans le catholicisme, ils n’ont, pour ainsi dire, donné aucune place dans leur théologie à la doctrine des anges. La Bible étant leur seule autorité, ils ne pouvaient avoir qu’une angélologie aux contours indécis, les auteurs du Nouveau Testament n’ayant point eu l’occasion d’entrer dans de grands développements sur les esprits célestes ; le théologien catholique, au contraire, a conservé sur les anges des traditions dont la haute antiquité ne saurait être mise en doute.