Ce qui va maintenant nous aider à encore mieux saisir le vrai BUT du don des langues, c’est l’exemple de Jésus, notre Seigneur étant, dans sa personne, l’explication de sa doctrine. Mais ici la démonstration se fait par le vide. Expliquons-nous. Dans le Nouveau Testament, c’est Jésus qui a, le premier, annoncé ce signe : “Voici les signes… ils parleront de nouvelles langues” (Marc 16.17). Mais, fait troublant, Lui-même n’a jamais parlé en langues ! Cette simple constatation sème le désarroi dans les rangs de ceux qui, se réclamant de l’exemple d’un Maître qui reste le même hier, aujourd’hui et éternellement, sont obligés de constater que le vide est total. Comment vont-ils se sortir de ce dilemme ?
Nous livrons ici deux malheureuses explications, diamétralement opposées l’une à l’autre, et qui démontrent à quel point il est impossible d’encore lire la Bible sereinement quand on a mis le doigt dans l’engrenage de l’erreur.
Le premier faux-fuyant vient d’un pasteur de la Pentecôte qui dit ceci : “Si Jésus-Christ n’a jamais parlé en langues, c’est parce qu’il était parfait et qu’Il n’avait donc pas besoin de s’édifier !”. L’apôtre Pierre classerait l’auteur de cette affirmation dans la catégorie des “personnes ignorantes qui tordent les Écritures pour leur propre ruine” (2 Pierre 3.16). Invoquer l’absence de don au nom de la spiritualité, c’est la triste démonstration de la plus flagrante mauvaise foi. À ce qui n’est qu’une échappatoire, nous répondons par une question bien simple : Pourquoi notre Seigneur a-t-Il exigé que Jean-Baptiste lui administre le baptême de repentance, puisqu’il n’avait pas besoin de repentance ? Il l’a fait cependant. Et s’Il l’a fait c’était, comme Il le dit, afin d’accomplir ce qui était juste et utile que nous sachions. Si donc le divin Fils de Dieu n’a jamais parlé en langues, c’est parce qu’il savait que, contrairement à la repentance, la quasi-totalité de son Église n’en aurait jamais besoin. La réalité historique confirme cette assertion.
La deuxième dérobade est presque pire que la première. Faisant fi du silence de l’Écriture, certains osent dire (et ils l’écrivent), à l’inverse de l’autre : “On ne peut pas imaginer un seul instant que Jésus n’ait jamais parlé en langues. Certainement qu’Il l’a fait, car tout ce que Jésus a dit et a fait n’est pas dans la Bible (Jean 21.25). Étions-nous là pour l’entendre parler en langues quand Il priait tout seul, une nuit entière, sur la montagne ? Étions-nous là quand, étant en agonie, Il priait dans le jardin de Gethsémané ? Étions-nous là quand Il présentait avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort ?” (Hébreux 5.7). Inouï ! Pauvres amis, réduits à justifier leur erreur en s’aidant de nouvelles erreurs qui portent en elles le germe de toutes les hérésies : dépasser, aller plus loin que la Parole de Dieu. Dangereuses réflexions que celles-là.
Il suffirait de poursuivre : “Étions-nous là quand Il enseignait à ses disciples la co-rédemption de Marie ? Étions-nous là quand Il leur enseignait le purgatoire ? Étions-nous là quand Il parlait des indulgences ?”, etc. À quels égarements ne se laisse-t-on pas aller, et à quel jugement ne s’expose-t-on pas, quand aux paroles de l’Écriture on y ajoute les nôtres ? Apocalypse 22.18 donne la réponse : “être frappé des fléaux de Dieu.”
Nous y ajoutons une troisième considération. La tactique la plus souvent employée, c’est d’attirer l’attention sur d’autres textes pour mieux ignorer ceux qui gênent, un peu comme le prestidigitateur qui fixe l’attention des spectateurs sur une de ses mains tandis que l’autre escamote prestement l’objet dans l’ombre. La salle n’y voit que du feu et applaudit. Voici ce qu’on lit à la page 20 de Dossier sur le parler en langues sous la plume de T. Brès : “Au nombre des objections faites le plus souvent dans les milieux chrétiens, on entend dire : Le Seigneur, notre divin modèle, n’a jamais parlé en langues, et n’a jamais rien non plus enseigné à ce sujet”. On trouve ici presque toute la dialectique du livre. L’objection est composée de DEUX propositions :
Chacun de nous a appris à l’école primaire qu’on ne peut additionner que des unités d’un même ordre. Un cheval plus un œuf ça ne donnera jamais qu’un œuf et un cheval. On ne peut pas disserter sur les deux comme s’ils ne faisaient qu’un. Or c’est ce que fait T. Brès. Il disserte de la deuxième proposition au nom de la première, ce qui lui permet de l’ignorer superbement et de pousser l’inélégance jusqu’à ne pas lui donner un embryon de réponse. Il focalise les regards sur la deuxième proposition, et ne souffle mot de l’autre, de celle qui dit : “Jésus n’a jamais parlé en langues”. Il met l’une sous le projecteur tandis qu’il met l’autre en poche. Mais il y a plus grave. Tout démontre que la deuxième proposition n’existe pas. Elle a été fabriquée par lui-même pour au moins se donner l’occasion de lui tirer dessus. En effet, jamais, au grand jamais, un chrétien évangélique n’a affirmé que Jésus n’aurait rien dit du parler en langues. Il est connu et même reconnu par de nombreux pentecôtistes, que les évangéliques connaissent leur Bible mieux que quiconque. Ils savent tous que Jésus fut le premier à prophétiser le parler en langues (Marc 16.17). Cela personne parmi eux ne l’a jamais contesté. Cette objection, T. Brès, l’a inventée (ou il la tient par ouï-dire d’un propos isolé) afin de détourner l’attention de la première proposition qui elle est réelle. Cela lui permet, aux yeux du lecteur superficiel, d’esquiver cette redoutable objection soulevée non par les évangéliques, mais par le Saint-Esprit Lui-même : Jésus n’a jamais parlé en langues !
Analysons la situation objectivement et sans passion. Jésus avait la plénitude de l’Esprit et Il avait aussi tous les dons. Mais Il n’avait pas celui-là sans que pour autant cela lui manque. Il n’en parlait pas ; Il ne le recherchait pas ; Il ne l’exerçait pas. Si le parler en langues était tout ce à quoi on nous dit qu’il pouvait servir, Il en aurait eu bien besoin. Lui qui était parfois fatigué jusqu’à l’épuisement, pourquoi n’a-t-Il pas usé des vertus défatigantes dont s’est si souvent servi Thomas Roberts ? (5).
(5) Voir chapitre 14, pages 222-223 et 249.
Si ce don est à exercer chez soi, ou dans le cercle de ses amis, pourquoi ne l’a-t-Il jamais fait dans la compagnie de ses disciples ? Puisqu’Il a chanté avant de se rendre au mont des Oliviers (Marc 14.26), pourquoi n’a-t-Il pas chanté en langue à cette occasion tellement propice à la chose ? Pourquoi n’a-t-Il jamais rejoint les anges dans leur langage céleste, Lui qui les voyait monter et descendre au-dessus de Lui ? (Jean 1.51). Pourquoi, pour le bien de son ministère n’a-t-Il pas recherché ce signe pour l’ajouter aux autres signes ? Ceux qui avaient besoin de voir ces signes, n’avaient-ils pas besoin de voir celui-là ? Et surtout, Jésus pouvait-Il avoir la plénitude des dons sans avoir celui-là ? En 1 Corinthiens 12, on trouve la liste des neuf dons de l’Esprit que voici : SAGESSE, CONNAISSANCE, FOI, GUÉRISON, OPÉRATION DES MIRACLES, PROPHÉTIE, DISCERNEMENT DES ESPRITS, DIVERSITÉ DES LANGUES, INTERPRÉTATION. Notre bien-aimé Seigneur les avait tous et les a tous exercés, sauf le don des langues et son associé naturel : l’interprétation. Donald Gee confirme cela en disant : “Ces dons n’ont pas étés manifestés pendant le ministère terrestre du Seigneur Jésus.” (Les dons spirituels, page 77)
Si donc Jésus n’avait pas ce don c’est qu’il n’y avait pas lieu qu’Il l’ait, mais POURQUOI ?
C’est justement l’absence de ce don dans le ministère de Jésus qui va nous confirmer l’enseignement général de la Bible sur le sujet. Jésus, nous le savons, n’a guère franchi les frontières de la Palestine. Son Évangile, comme il l’avait dit à ses disciples, ne s’étendait qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël (Matthieu 10.6). Il leur avait même défendu d’aller vers les païens et dans les villes des Samaritains (10.5), c’est-à-dire vers les langues étrangères. L’aspect multi-linguistique et mondial de son œuvre rédemptrice restait secret. Il n’était pas encore question de “peuples, tribus, nations et langues”. Rien ou presque rien dans ses paroles ne laissait voir la dimension internationale de son salut. Jusque-là, rien ne pouvait hérisser les Juifs et les rendre jaloux des grâces accordées aux païens puisqu’il n’était pas encore question d’eux. Le don des langues, signe de leur intégration dans le plan de Dieu, n’avait donc pas encore sa raison d’être. Jésus ne dévoilera le parler en langues qu’une seule fois, en Marc 16.17, tout à la fin de son ministère envers Israël. Il est donc hautement significatif de voir QUAND il en parle. Dans la foulée de la phrase qui précède : “Allez par TOUT LE MONDE”. Ce qui déclenche le parler en langues, c’est le fameux : “À toutes créatures”, c’est-à-dire à toute langue, tribu, etc. Les étroites limites d’un nationalisme juif borné vont voler en éclat. Mais Jésus sait que “CE PEUPLE” va tout mettre en œuvre pour que la bonne nouvelle ne soit pas annoncée aux gens d’autres langues. Il va donc donner à ses disciples et pour CE PEUPLE, le signe approprié, le seul que, d’entre tous les autres signes Il n’avait pas eu à exercer. Ce “silence” dans la vie de Jésus, nous instruit mieux que beaucoup de paroles. Il confirme que le but du don des langues était conforme à ce qu’en ont dit Paul et Pierre, à savoir que c’était le signe pour “ce peuple” incrédule, que Dieu, selon Joël 2.28, répandait désormais de son Esprit, non pas sur Israël seulement, mais sur “toute chair” et sur “quiconque”.