Le Chemin nouveau et vivant

Chapitre 4

Ce que sont pour la prière les conséquences de la crucifixion

La première des plus grandes œuvres est donc la prière faite dans le Saint-Esprit ; elle est rendue possible par la croix, où Jésus-Christ a remporté la victoire. Pierre de touche de la foi, la croix est le centre des voies de Dieu envers les hommes, une source de grâce pour ceux qui y trouvent leur Sauveur, mais une source de jugement pour ceux qui Le refusent. Elle est aussi le centre de la prière, qui trouve dans les résultats de la crucifixion une source d’inspiration : ces résultats agissent dans deux directions, en rapport avec le monde et en rapport avec le ciel.

A. En rapport avec le monde

Avant de quitter la terre, notre Sauveur fit à Ses disciples trois déclarations qui nous aident à comprendre la valeur et la signification de la prière, tout en soulignant notre responsabilité.

1) « Encore un peu de temps, et le monde ne Me verra plus ; mais vous, vous Me verrez, car Je vis et vous vivrez aussi » (Jean 14.19). « Encore un peu de temps et vous ne Me verrez plus ; et puis encore un peu de temps et vous Me verrez, parce que Je vais au Père » (Jean 16.16).

Depuis la crucifixion, en dehors des disciples spécialement choisis comme témoins et mentionnés dans les Evangiles, les Actes et les Epîtres (1 Corinthiens 15.3-8), personne n’a plus vu le Sauveur.

Ce fait souligne une fois de plus la solennité du crime que les hommes ont commis. Dieu avait envoyé Son Fils pour répandre les trésors de Sa bonté, la lumière de Sa vérité, et donner au monde tous les moyens spirituels propres à assurer le bonheur et la paix de tous les hommes. Mais les hommes n’ont pas voulu venir à Lui pour avoir la vie (Jean 5.40), quoiqu’aucun d’eux n’ait jamais été déçu par Celui dont la vie était parfaite en justice et en droiture, en amour et en grâce. Ils se sont laissé entraîner par leurs chefs religieux dans ce crime odieux. Ils L’ont crucifié comme un malfaiteur, en dehors des portes de la ville, affirmant ainsi devant le monde entier leur décision de Le rejeter.

Aucun homme n’a assisté à la résurrection, mais Dieu a immédiatement suscité des témoins de ce fait glorieux. D’abord les soldats romains durent s’enfuir devant l’éclat de cette manifestation ; puis les femmes, venues pour embaumer Son corps, reçurent la révélation de Sa victoire sur la mort. Pierre, Jean et les deux disciples d’Emmaüs, les disciples réunis dans la chambre haute, les cinq cents en Galilée et, en dernier lieu, Saul de Tarse, L’ont vu, entendu, touché, ils ont mangé et communié avec Lui (Actes 1.22 ; 10.40, 41).

Mais le monde ne L’a pas revu et ne Le reverra plus Jusqu’au jour terrible où Il reviendra comme un éclair dans les flammes du jugement. « Voici, Il vient avec les nuées. Et tout œil Le verra, et ceux qui L’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui. Oui. Amen ! » (Apocalypse 1.7) Ceci doit être prêché dans la puissance du Saint-Esprit qui a été donné pour convaincre le monde du péché de n’avoir pas cru en Lui et de L’avoir crucifié  (Jean 16.9).

Entré dans la gloire, Jésus-Christ ne Se fait plus directement connaître au monde qui L’a rejeté (Jean 14.22-23). Il Se révèle par Sa Parole et par Son Esprit dans la vie de ceux en qui Îl est venu demeurer (1 Jean 4.13), ainsi que par leur témoignage. A la lumière de cette révélation, nous comprenons mieux l’importance de la prière faite en Son Nom en faveur du monde perdu, et l’efficacité que le Saint-Esprit lui donne.

2) « Je ne prie pas pour le monde, maïs pour ceux que Tu M’as donnés » (Jean 17.9).

Cette déclaration est claire ; cependant si Jésus-Christ glorifié ne prie pas pour le monde, Il ne S’en désintéresse pas ! Il intercède en faveur des Siens qu’Il emploie pour Se révéler au monde. « Ce n’est pas pour eux seulement que Je prie, mais encore pour ceux qui croiront en Moi par leur parole » (Jean 17.20).

Dieu a tout accompli pour le salut du monde : Il a envoyé Son Fils pour l’expiation du péché et la justification des pécheurs, et c’est là le seul moyen de salut. Il a envoyé Son Saint-Esprit pour en convaincre les hommes. Le plus vil des pécheurs, le plus ignorant des païens, le plus aveugle des propres-justes, s’il prend sa place de pécheur devant Dieu et accepte ce salut, entre immédiatement dans la famille de Dieu (Jean 1.12). Désormais, il jouit des effets du sacerdoce de Souverain Sacrificateur que Jésus-Christ exerce dans la gloire (Hébreux 3.1, 2, 6 ; 4.14-16).

« Après avoir fait la purification des péchés, Il S’est assis à la droite de la Majesté divine dans les lieux très hauts » (Hébreux 1.3). « C’est aussi pour cela qu’Il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par Lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur » (Hébreux 7.25). Il prie pour ceux qui, par grâce, sont devenus Ses enfants ; Il prie pour leur salut parfait, leur sanctification, leur service dans ce monde (Jean 17). Ainsi Il nous soutient et nous inspire dans notre témoignage auprès du monde, en vue de son salut. Le chrétien, qui vit en Christ, et qui est un même esprit avec Lui (1 Corinthiens 6.17 ; Ephésiens 2.6), est établi au centre même de Sa gloire présente ; il participe à Sa victoire, et ses prières sont revêtues de cette puissance.

3) Au sujet de l’Esprit de Vérité, le Seigneur dit à Ses disciples : « Le monde ne peut Le recevoir, parce qu’il ne Le voit point et ne Le connaît point ; mais vous, vous Le connaissez, car Il demeure avec vous et Il sera en vous » (Jean 14.17).

L’apôtre Paul dit : « Nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par Sa grâce » (1 Corinthiens 2.12)… « Ces choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, ces choses que Dieu a préparées pour ceux qui L’aiment » (1 Corinthiens 2.9).

La chrétienté peut célébrer la fête de la Pentecôte, mais elle ne peut rien changer à l’affirmation divine que le monde ne peut ni connaître, ni recevoir le Saint-Esprit. Il est incapable de Le comprendre. Par sa folie, il a créé l’état de choses que décrivent ces paroles du Sauveur Lui-même.

Mais — et Dieu soit loué pour ce mais ! — si tel est le châtiment que le monde s’est attiré par la crucifixion de Jésus-Christ, Dieu ne l’abandonne pas tant que dure le jour de la grâce. Jésus-Christ a donné à Ses disciples l’ordre réitéré d’aller dans le monde prêcher Son Evangile, afin que tous ceux qui croiront d’entre les Juifs ou les païens deviennent Ses enfants par grâce.

Cependant leur salut dépend de l’obéissance des chrétiens à cet appel. L’homme ne peut Le connaître, ni Le recevoir… il est livré à lui-même et à la puissance du prince de ce monde. Seul le Saint-Esprit peut commencer Son œuvre dans l’homme par le miracle de la nouvelle naissance, quand celui-ci prend sa place de pécheur devant son Sauveur. Notre responsabilité est grande, car il nous faut veiller à ne pas contrister le Saint-Esprit qui habite en nous, afin d’être revêtu de Sa puissance comme témoins (Actes 1.8), et de pouvoir prier dans le Saint-Esprit (Jude 21), en vue du salut des perdus. Dans notre service pour Lui, n’oublions pas qu’une activité qui n’est pas engendrée, inspirée par la prière, est toujours en danger de devenir une œuvre de la chair, « une cymbale retentissante ».

Dans les Epîtres, Dieu ordonne expressément de prier pour tous les hommes, car Il ne veut pas la mort du coupable (1 Timothée 2.1-4). Les Epîtres nous révèlent la prière atteignant sa maturité en Christ glorifié. La solennelle responsabilité du croyant est soulignée. Il est « ouvrier avec Dieu », « ambassadeur pour Christ ». Dieu lui a remis Sa Parole qu’il doit répandre dans ce monde qui L’a rejeté. Il l’a chargé du « ministère de la réconciliation » (2 Corinthiens 5.18-20) ; et en vue de l’accomplissement de la volonté du Père, qui est le salut de tous les hommes, Jésus donne aux Siens le secret de la prière : « Si vous demandez quelque chose en Mon Nom. Je le ferai ».

Le monde ne peut pas prier pour lui-même ; il ne peut pas recevoir le Saint-Esprit ; il ne peut pas voir Christ. Mais nous, enfants de Dieu, qui avons compris le sens de la glorification de notre Sauveur et en même temps les conséquences de la crucifixion, si tragiques pour le monde, nous jouissons d’un privilège et d’une puissance inconcevables, à condition de savoir en user. Inspirées par Son amour, dirigées par Sa Parole et par la vision de l’état des âmes et des besoins de notre service, nos prières si faibles, mais revêtues de Sa puissance, deviennent le moyen d’amener des âmes à Christ, d’ouvrir le ciel sur le monde et d’obtenir, en faveur des plus coupables, l’accomplissement des grandes et nombreuses promesses de grâce et de miséricorde qui traversent la Bible.

Nous pouvons nous poser avec profit la question suivante : Qui est le plus coupable ? Le monde, tenu dans l’esclavage du prince de la puissance de l’air (Ephésiens 2.2), paralysé, aveugle, sourd et lépreux ? Ou bien nous, enfants de Dieu, rachetés, possesseurs d’un tel Sauveur et de Ses richesses incompréhensibles, sachant que la prière au Nom du Seigneur déclenche la puissance de Son salut au milieu des hommes, et qui cependant ne prions pas… ou si peu ? Qui est le plus coupable ? Le monde, victime de la puissance du malin, ou nous, possesseurs de la puissance de la prière, mais qui ne l’employons pas, soit par désobéissance, soit à cause de nos interdits et de nos erreurs ?… C’est nous qui contristons le Saint-Esprit et entravons Son action dans un monde en train de périr !… « Nous n’agissons pas bien ! Cette journée est une journée de bonne nouvelle ; si nous gardons le silence et si nous attendons jusqu’à la lumière du matin, le châtiment nous atteindra » (2 Rois 7.9). « On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné, et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié » (Luc 12.48). Il est bon de nous rappeler les conséquences de la crucifixion pour le monde, avant de considérer celles qui concernent le ciel.

L’œuvre rédemptrice de notre bien-aimé Sauveur doit toujours être l’inspiration et le thème de nos prières. L’intercesseur, comme le sacrificateur de l’ancienne alliance, doit être identifié à l’autel du sacrifice, et oint de l’huile sainte. L’Eglise primitive nous en donne l’exemple : ses ennemis étaient obligés de confesser que les disciples « avaient été avec Jésus » (Actes 4.13). Ils étaient tellement unis à leur Seigneur, remplis de Son feu, emportés par Son amour, leur vie de prière était tellement revêtue de puissance, que le but originel de la présence du Saint-Esprit sur la terre était atteint : le monde était convaincu de péché, de justice et de jugement. Les vérités de l’Ancien Testament devenaient « vérités présentes » (2 Pierre 1.12), et notre Seigneur glorifié était magnifié à un tel point que les multitudes tremblaient sous cette conviction et croyaient au Sauveur ; les villes en étaient secouées, les pays que traversaient les apôtres étaient embrasés d’un feu que rien ne pouvait éteindre… et l’opposition augmentait d’intensité !

Notre responsabilité consiste donc en ceci : après avoir entendu les trois déclarations de Jésus décrivant l’effet de la crucifixion sur le monde coupable, conformons nos vies à cet enseignement afin qu’elles connaissent la puissance de la prière en vue du salut des autres. Personne n’a d’excuse, sinon son ignorance. L’exemple des prophètes, l’enseignement de notre Seigneur, les instructions des apôtres sont parfaitement clairs. L’état du monde a-t-il jamais été aussi désespéré qu’aujourd’hui ? A-t-il jamais eu autant besoin qu’on prie pour lui ? La prière humble, instruite, persévérante des enfants de Dieu peut amener l’intervention du ciel dans le terrible assaut que l’enfer lance contre l’humanité. Telle est la première des « plus grandes œuvres ». « Dieu ne tarde pas dans l’accomplissement de Sa promesse, comme quelques-uns le croient, mais Îl use de patience envers nous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (2 Pierre 3.9).

« Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière fervente du juste a une grande efficace. Elie était un homme de la même nature que nous : il pria avec instance pour qu’il ne plût point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit » (Jacques 5.16-18).

Hélas, combien de « chrétiens » attendent égoïstement « la venue du Seigneur » sans faire aucun effort pour que le plus grand nombre possible d’âmes soient sauvées, avant qu’il ne soit trop tard. Paul déclare quel est le juste équilibre à maintenir dans ce domaine (1 Thessaloniciens 1.9, 10). En priant, nous devons avoir une main sur le monde et l’autre sur le trône de la grâce. Prions comme si tout dépendait de nous ; prions en sachant que tout dépend de Lui, qui nous a ouvert les écluses de Sa grâce, qui nous a établis comme rois et sacrificateurs pour notre Dieu, dans ce monde qu’Il a tellement aimé.

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