Nous avons cherché à exposer la nature de cette excroissance spirituelle contemporaine qui est venue, comme un châtiment, se greffer sur le corps malade et désemparé de la chrétienté. Nous avons exposé l’erreur doctrinale qui est à sa base et les fausses conceptions qui en sont le point de départ. Nous avons expliqué quelles sont dans leurs grandes lignes les lois psychiques et physiques du Créateur que le Pentecôtisme viole, sans souci, et souvent avec la plus tragique et la plus complète ignorance. Nous avons aussi montré ce qui donne champ libre et ce qui fait même appel à ce mouvement, savoir l’état de mort, d’irréalité, de formalisme et d’apostasie du monde religieux, qui laisse un grand nombre d’âmes dans la disette et le mécontentement spirituels, soupirant après ce que les églises et les assemblées se montrent incapables de leur donner.
L’état de déchéance et le manque de puissance et de vraie vie spirituelle des congrégations et des milieux chrétiens appellent ce jugement ; cette grave lacune excuse dans une certaine mesure les nombreuses âmes non satisfaites qui courent après des citernes crevassées et se laissent entraîner, bercer, dominer, par cette « persuasion » qui « ne vient pas de Celui qui vous a appelés ». Mais l’erreur spirituelle du Pentecôtisme n’excuse en aucune façon les chrétiens qui, voulant éviter l’exagération et les égarements qui caractérisent le Pentecôtisme restent dans un état d’impuissance, de stérilité, de défaite spirituelle, état devant lequel nous sommes les derniers à fermer les yeux.
Le Pentecôtisme subsiste grâce à deux faits : il s’enveloppe de vérités justes empruntées au christianisme, et secondement il se sert de puissances spirituelles et psychiques négatives qui font la force de ses erreurs nombreuses et celle de ses fausses conceptions et fausses interprétations des choses humaines et divines. C’est grâce à ce premier fait que Dieu par pure grâce y agit en salut dans une certaine mesure ; c’est grâce au second fait que l’ennemi réussit à employer la couverture des choses divines et saintes pour séduire les âmes, les exciter afin de les mettre sous servitude avec les tristes résultats que nous avons décrits, et qui sont confirmés par les faits que l’on rencontre dans tous les pays où le Pentecôtisme a passé.
Mais, direz-vous, cet état de mort, d’inertie, de formalisme qui règne dans la chrétienté, est-ce le vrai christianisme ?
Est-ce pour cela que Jésus-Christ est mort et ressuscité ? est-ce pour cela qu’Il vit et intercède à la droite du Père ? est-ce pour en arriver à un tel résultat qu’il a donné Sa Parole et communiqué Son Esprit à Ses enfants ? Non, mille fois non ! En évitant. les deux extrêmes, celui qui consiste à accepter cette déchéance spirituelle comme étant chose reçue et irrémédiable, et celui qui consiste à rechercher le faux remède dans le Pentecôtisme, il s’agit de ne pas ignorer ou négliger ce que Dieu veut pour Son peuple: Exposer ce qu’est le vrai christianisme serait impossible dans les quelques lignes dont nous disposons. Mais nous voulons cependant en tracer les grandes lignes suffisamment clairement pour que celui qui cherche puisse trouver, et que celui qui demande puisse recevoir.
En premier lieu, le christianisme est une création de la puissance de l’Esprit de Dieu, une nouvelle création spirituelle dans la vie humaine de celui qui croit à l’œuvre expiatoire et rédemptrice du Sauveur divin : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Corinthiens 5.17).
Pas une réformation de certaines habitudes, mais une rédemption de l’être tout entier. Pas l’exemple d’un Idéal, mais l’acceptation personnelle, en tant que pécheur perdu, d’un Sauveur divin et vivant. Pas un effort de l’homme, une promesse faite par lui-même, mais une œuvre divine accomplie en lui en réponse à la foi en ce que dit la Parole divine. Cette œuvre est celle du Saint-Esprit qu’Il accomplit en réponse à l’acte de conversion de celui qui se tourne vers Dieu en se détournant des idoles ; le Saint-Esprit commence alors Son œuvre de régénération dans celui qui croit. De même qu’il eût été impossible que l’œuvre de la création se fit sans que l’Esprit de Dieu ne se mût sur la surface des eaux, ouvrant le chemin à la lumière (Genèse 1.1 à 3), de même il est impossible de séparer l’œuvre de la conversion véritable de l’âme à Dieu avec celle de la régénération que Dieu y opère en même temps. L’état de déchéance de l’homme ainsi que les exigences d’un Dieu saint nécessitent que l’homme passe de la mort à la vie par un acte régénérateur et créateur de l’Esprit-Saint : « Jésus répondit : En vérité, en vérité Je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne étonne pas que Je t’ai dit : Il faut que vous naissiez de nouveau ». (Jean 3.5 à 7). « Mais lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et Son amour pour les hommes ont été manifestés, Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon Sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3.4-5).
Cette œuvre créatrice et régénératrice de vie nouvelle dépend entièrement de la foi de celui qui croit et en est la réponse immédiate : « En effet, Moïse définit ainsi la justice qui vient de la loi : l’homme qui mettra ces choses en pratique vivra par elles. Mais voici comment parle la justice qui vient de la foi : Ne dis pas en ton cœur : qui montera au ciel ? c’est en faire descendre Christ ; ou : qui descendra dans l’abîme ? c’est faire remonter Christ d’entre les morts. Que dit-elle donc ? La Parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. Or, c’est la parole de la foi que nous prêchons. Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu L’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture ». (Romains 10.5 à 10.)
La foi dans la Parole Écrite — non pas les sentiments que peuvent avoir les hommes, ni les œuvres qu’ils pensent accomplir. Dieu a parlé et ce qu’Il a dit a été écrit ; il incombe à l’homme d’y croire en toute simplicité : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes Son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance afin que nous y marchions ». (Éphésiens 2.8 à 10.)
Sous la loi il en était autrement : la loi demandait l’effort de l’homme, ses mérites et ses œuvres. Au moment de l’apparition du Messie, dans ce temps spécial de transition décrit dans nos articles précédents « les Juifs demandaient des signes », et ces signes et ces miracles leur furent accordés et cela conformément aux promesses qui leur avaient été faites dans l’Ancien Testament. Mais malgré cela ils ne crurent pas, car les signes et les miracles ne créent point la foi dans l’homme. Il est même utile de remarquer que quand le Seigneur rencontrait en homme une foi inspirée par des miracles, « Il ne s’y fiait pas » (voir Jean 2.23-25). Pendant l’économie actuelle du temps favorable, du jour du salut pour les nations, les voies de Dieu envers l’homme sont celles de la foi et de la grâce. Et seule la Parole Écrite révèle la grâce et communique la foi.
En deuxième lieu, l’œuvre régénératrice qui commence alors dans le cœur de l’homme est soumise comme toute œuvre divine à la loi de la croissance, croissance en cette grâce et en Sa connaissance. La croix de Christ en est la pierre de touche. Car le croyant est amené à réaliser qu’à la Croix il a été crucifié avec Christ, enseveli avec Lui dans Sa mort par le baptême (Romains 6.4), quant à la position nouvelle qui lui est donnée au moment où il accepte Christ. Mais à la Croix, il est aussi ressuscité avec Christ, par la foi, pour marcher en nouveauté de vie. Cette vie nouvelle se manifeste au fur et à mesure que la foi fait sienne les promesses qui la concernent et que le croyant obéit en toute simplicité de fils et d’héritier.
Ainsi la vie nouvelle s’affirme dans la vie toute humaine du croyant qui, devenant toujours plus homme parmi les hommes, peut servir Christ d’une manière « agréable à Dieu et approuvée des hommes » (Romains 14.18). Sa communion personnelle avec le Seigneur glorifié est le secret d’une vie spirituelle qui doit s’épanouir et s’affirmer sans cesse jusqu’au jour où le croyant met définitivement de côté les choses qui appartiennent à l’enfance pour être revêtu de Son image (1 Corinthièns 13.11-12 ; 1 Jean 3.3).
Néanmoins, en troisième lieu, tandis que l’œuvre de croissance qui est celle de la sanctification se poursuit à travers de multiples expériences diverses, disciplines et leçons, le désir du service véritable se manifeste dans le cœur du croyant, et ceci en même temps que la réalisation de sa faiblesse, de son incapacité, expérience tout à fait saine et normale dont voici l’issue :
Quelle est la puissance qui permet de servir Dieu ? Quelle est la vie abondante dont parle le Seigneur dans Jean 10.10 ? Quel est le ministère du Saint-Esprit dans la vie et par la vie du croyant dans les temps présents ?
Nous avons montré plus haut ce qu’il n’est pas, en parlant des contrefaçons au sujet desquelles le Pentecôtisme se trompe si gravement et se fait de telles illusions.
Nous venons de dire que le Saint-Esprit commence Son œuvre dans l’âme humaine en la convainquant du besoin d’un Sauveur (Jean 16.8), en la régénérant, en lui donnant une vie nouvelle, divine, éternelle. Mais le Saint-Esprit qui dès lors habite le cœur du croyant, « car si quelqu’un n’a point l’Esprit de Christ il n’est point à Lui » (Romains 8.11) est aussi là pour les besoins de son service et de son témoignage, L’on ne peut diviser l’Esprit-Saint, et le Seigneur ne donne pas Son Esprit par mesure. D’où vient donc cette anomalie qui fait que tant de croyants possédant l’Esprit-Saint, en ignorent la puissance et la vie abondante dans un service fructueux ? La réponse est simple et nous la donnons en une ligne : manque de contrôle, manque de connaissance. Cela revient à dire que si le croyant possède le Saint-Esprit, le Saint-Esprit par contre ne le possède pas, n’a pas le contrôle de sa vie. Et à son tour le croyant ne connaît pas le Saint-Esprit, faute d’instruction : il ignore quel doit être Son ministère présent dans sa vie et par Sa vie, et son ignorance le livre ainsi aux fausses prétentions du Pentecôtisme.
Une vie entièrement mais intelligemment livrée à Dieu est synonyme d’une vie intelligemment employée et bénie par Dieu : « Je suis le Cep, vous êtes les sarments, Celui qui demeure en Moi et en qui Je demeure porte beaucoup de fruits, car sans Moi vous ne pouvez rien faire… Si vous demeurez en Moi et que Mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. Si vous portez beaucoup de fruits, c’est ainsi que Mon Père sera glorifié et que vous serez Mes disciples » (Jean 15.5, 7, 8).
Dans sa prière pour les Ephésiens (1.15 etc…) l’apôtre demande à Dieu que les croyants puissent expérimenter et vivre la réalité de leur vocation, en connaître la puissance et l’autorité, et qu’elle ne soit pas pour eux comme la lettre morte d’un héritier qui, tout en possédant l’héritage présent de grandes richesses, accepte de vivre dans la pauvreté et la disette comme le font aujourd’hui tant de chrétiens.
La parole du Seigneur dans Actes 1.8 nous dit que la puissance d’En-Haut nous est donnée dans un but précis : celui du témoignage du chrétien auprès des autres. Dans Galates 3.13-14, nous voyons que la promesse de l’Esprit faite à Abraham est réalisée par le racheté afin que cette grâce se répande sur les autres, savoir les païens. La puissance d’En-Haut, nous est donnée pour les affaires et les hommes d’ici-bas, et non pas dans un but égoïste, religieux, une expérience spirituelle malsaine. Elle nous est accordée à une condition toute pratique comme ce fut le cas au début : « Le Saint-Esprit est donné à ceux qui Lui obéissent » (Actes 4.31).
Et non seulement cela, mais nous lisons encore dans Colossiens 1.11-13 : « Que vous soyez fortifiés à tous égards par Sa puissance glorieuse, en sorte que vous soyez toujours et avec joie persévérants et patients. Rendez grâces au Père qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le Royaume du Fils de Son amour. » Le Royaume de Dieu ne vient pas avec un éclat extérieur, « Il ne crie pas dans les rues. » Il est une semence jetée, mais une semence incorruptible et puissante. La puissance du Saint-Esprit magnifie Christ, manifeste dans le croyant une humanité régénérée qui attire les hommes, produit des vies que le monde comprend et par lesquelles il est attiré au Sauveur. Le « signe » qu’il faut aujourd’hui pour amener les multitudes à la foi, c’est précisément de telles vies transformées de façon à faire envie au monde. C’est là le « miracle » combien plus grand que ce qui frappe les yeux, excite la curiosité malsaine au moyen de démonstrations d’ordre spirituel, psychique et physique qui contrefont et violent les lois divines.
La puissance du Saint-Esprit est à vous ; elle est à celui qui croit en toute simplicité ; elle est à celui qui obéit en toute fidélité. C’est alors et c’est ainsi que « des fleuves d’eau vive découleront de vous comme l’Écriture le dit. »
De même l’habitude d’apprendre aux gens à se mettre dans une attitude d’attente du « grand Réveil » dont la venue est, prétend on, imminente, est un fait qui, bien qu’apparemment louable en lui-même n’a nous semble-t-il, aucune base d’autorité dans l’Écriture pour nos temps. Cette attitude d’attente est dangereuse quand on considère que cela rend les gens passifs et réceptifs à ce qui est extraordinaire à ce qui leur semble émaner du Saint Esprit, mais qui, à vrai dire, procède d’un autre esprit tout charnel et terrestre. Cette attitude passive d’attente renforcée par de faux enseignements quant aux choses à venir prépare le chemin à de nombreuses séductions et à de nombreuses illusions et ceci à la place du travail humble, persévérant et sain qui est celui de l’homme cherchant le salut des perdus et se vouant à la diffusion de la Parole divine auprès de toute créature humaine.
Le vrai est une chose permanente, équilibrée et dépend de action individuelle des chrétiens obéissants qui poursuivent le travail que Dieu leur a confié, portant des fruits sans bruit.