Les catholiques, comme les évangéliques, appellent « Rédemption », « Plan du Salut » ou « Salut » le fait que chaque homme peut recevoir la grâce divine qui Le sauve. Tous sont d’accord pour reconnaître que la grâce rédemptrice de Dieu, dépend de l’œuvre de Jésus-Christ, c’est-à-dire de sa vie, de sa mort, et de sa résurrection. Ils se séparent sur les moyens par lesquels cette grâce parvient à l’homme.
La question principale qui les oppose est celle-ci : « Comment sont appliqués au croyant les mérites du Christ ? ou comment l’homme peut-il recevoir le salut que le Christ lui acquit en versant son sang ? »
L’Eglise Catholique enseigne que le salut est reçu par le croyant quand il reçoit les sacrements.
Par le mot sacrement, on entend un signe sensible et efficace de la grâce, instituée par Jésus-Christ pour sanctifier nos âmes.
Ils sont appelés sacrements… « parce que tous les sacrements signifient, par le moyen de choses sensibles, la grâce divine qu’ils produisent dans notre âme ».
… Il y a sept sacrements qui sont : le Baptême, la Confirmation, l’Eucharistie, la Pénitence, l’Extrême-Onction, l’Ordre et le Mariage.
… Pour faire un sacrement, il faut la matière, la forme et un ministre qui ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise.
… La matière des sacrements est la chose sensible qu’on emploie pour les faire, comme par exemple : l’eau naturelle dans le baptême, l’huile et le baume dans la confirmation.
… La forme des sacrements consiste dans les paroles qu’on prononce pour les faire.
De l’effet principal des sacrements qui est la grâce.
La grâce de Dieu est un don intérieur surnaturel qui nous est donné sans aucun mérite de notre part, mais par les mérites de Jésus-Christ, en vue de la vie éternelle.
On divise la grâce en grâce sanctifiante qu’on appelle aussi habituelle et en grâce actuelle.
La grâce sanctifiante est un don surnaturel inhérent à notre âme, qui nous rend justes, enfants adoptifs de Dieu et héritiers du Paradis.
Il y a deux sortes de grâce sanctifiante : la grâce première et la grâce seconde.
La grâce première est celle par laquelle l’homme passe de l’état de péché mortel à l’état de justice.
La grâce seconde est un accroissement de la grâce première.
La grâce actuelle est un don surnaturel qui illumine notre esprit, meut et fortifie notre volonté, pour que nous fassions le bien et évitions le mal…
… Dieu nous communique la grâce principalement par le moyen des sacrements.
… Les sacrements donnent toujours la grâce, pourvu qu’on les reçoive avec les dispositions nécessaires.
C’est Jésus-Christ qui, par sa passion et sa mort, a donné aux sacrements la vertu de conférer la grâce.
Les sacrements qui confèrent la grâce première sont : le Baptême et la Pénitence.
Les sacrements qui confèrent la grâce seconde sont les cinq autres.
Tout sacrement doit être pris en état de grâce, sous peine de sacrilège.
Les sacrements peuvent être diversement divisés.
Le mot sacramentum (de sacer, sacrare) est utilisé seize fois par la version latine de la Bible, la Vulgate, pour traduire le mot grec original musterion, mystère, tandis qu’ailleurs elle se sert du mot mysterium sans qu’on puisse reconnaître dans ce changement de traduction la moindre différence (Mgr Bartmann, PTD II. 230). Ce mot désigne une vérité ou un fait qui étaient cachés auparavant et qui sont dévoilés. Dans son sens profane, il veut dire un dépôt d’argent ou un serment.
Les Pères de l’Eglise utilisent longtemps ce mot dans le sens biblique de « mystère révélé ». Tertullien appelle sacrement toute la doctrine chrétienne, et s’il parle du baptême comme d’un sacrement, ainsi que de la Cène, c’est parce qu’ils sont un acte extérieur correspondant à une réalité intérieure. Il affirme que la vraie foi est nécessaire pour qu’ils soient valides. Cyprien juge comme Tertullien et emploie ce mot pour désigner les institutions les plus diverses de l’Eglise, mais surtout le Baptême, pour lequel il exige aussi la vraie foi (Ep. LXIX, 12). Augustin est celui qui a commencé à préciser la notion de sacrement, dans lequel il reconnaît un moyen objectif de grâce, alors que jusque-là on a surtout insisté sur les dispositions subjectives (PTD II. 231), toutefois il ne donne pas ce nom à la Pénitence ou à l’Extrême Onction. Dans le haut moyen âge, les théologiens précisent trois éléments constitutifs : le signe extérieur, la grâce intérieure, la vertu divine de l’Esprit Saint, et ils y mettent : le Baptême, la Confirmation, l’Eucharistie, et en second rang, l’Incarnation, le Serment, la Rédemption, la Sainte Ecriture.
Les théologiens scolastiques en discutent âprement, et c’est le Concile de Trente qui a définitivement fixé la Doctrine catholique des sacrements.
Quant à la notion de matière et de forme dont nous reparlerons, elle n’est pas encore dogmatisée actuellement, et il existe différentes interprétations et diverses applications du schéma de la matière et de la forme parmi les théologiens catholiques, mais leur désaccord porte sur des points de détail.
En ce qui concerne les effets des sacrements, voici le dogme de foi : Tous les sacrements confèrent à celui qui les reçoit dignement la grâce sanctifiante. (De foi, PTD II. 238).
Et cet effet est objectif, comme l’indiquent ces dogmes : Les sacrements produisent leur effet par eux-mêmes, ils agissent « ex opere operato » (de foi, PTD II. 246).
La validité du sacrement ne dépend pas de l’orthodoxie du ministre. (De foi, PTD II. 252).
Pour la validité de l’administration, la dignité morale du ministre n’est pas requise (de foi, PTD II. 255).
Sans que ce soit un dogme défini, il est admis par les théologiens que pour la réception valide des sacrements, ni la foi orthodoxe, ni les dispositions morales ne sont nécessaires. (PTD II. 261).
Cette doctrine de l’opus operatum, venant de la Scolastique, a fait couler beaucoup d’encre, et a été l’objet de longues discussions théologiques. Elle insiste sur le côté objectif du sacrement qui agit par lui-même. Les catholiques s’élèvent contre les accusations protestantes de considérer les sacrements de l’Eglise comme des actes « magiques », car, disent-ils, il faut que Le sujet qui les reçoit soit dans des dispositions personnelles de foi et de contrition. Mais ils ont du mal à le montrer, en particulier en ce qui concerne le baptême des nouveau-nés. Ces « dispositions » du sujet se réduisent d’ailleurs à peu de chose : il suffit, disent les théologiens, que celui qui reçoit ne mette pas. obstacle (obex), qu’il ne ferme pas la porte à l’entrée de la grâce. Dans la pratique courante le fidèle croit que le sacrement (notamment le Baptême et l’Extrême Onction) agit en lui quelles que soient ses dispositions personnelles.
Les textes bibliques cités à l’appui de la notion des sacrements (Jean 3.5 ; 6.55 ; Actes 8.17 ; 22.16) ne résistent pas à une exégèse rigoureuse. Par contre tout l’enseignement du Nouveau Testament s’oppose à l’idée qu’un rite extérieur puisse conférer une grâce intérieure. Le rite n’est qu’un signe extérieur d’une grâce préexistante ou simultanée, qui est reçue intérieurement. La réception de la grâce, de toute grâce, se fait par la foi, qui est une démarche intérieure.
Avoir la foi, c’est pour les apôtres croire dans son cœur à la personne et à l’œuvre de Jésus-Christ, mort et ressuscité.
Romains 5.1-2 : « Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui nous a donné d’avoir accès par la foi à cette grâce en laquelle nous sommes établis… »
Actes 16.31 : « … Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et Les tiens. »
Tite 2.11 : « … Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s’est manifestée,… »
Ephésiens 2.8 : « Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; il ne vient pas des œuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. »
Et l’objet de la foi est précisé, c’est la foi dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ.
L’Eglise, en faisant dépendre la grâce des sacrements qu’elle dispense, exige pour elle la foi des fidèles et les détourne ainsi de la personne du Sauveur. L’Ecriture enseigne que l’homme peut recevoir la grâce du salut, directement de Dieu, par la foi en Jésus-Christ.
La grâce, pour l’Ecriture, c’est en effet l’amour de Dieu manifesté dans la personne et l’œuvre du Christ. Il faut la recevoir par la foi, qui est un acte intérieur de notre « cœur », de notre volonté, de tout notre être.
L’Ecriture ignore les subtiles distinctions, faites par la Scolastique, entre grâces sanctifiante, première, seconde ou actuelle. Nous en reparlerons.
Pour conclure, nous voyons dans l’Ecriture :
1. Que Dieu ne lie pas sa grâce à l’usage de gestes extérieurs :
Luc 18.14 : « Je vous le dis, ce dernier descendit chez lui justifié, l’autre non. » Or celui qui a pratiqué les gestes de la religion juive est ici condamné par Jésus.
2. Que l’Ecriture fait de la foi le seul instrument du salut :
Jean 5.24 : « Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle et n’est pas soumis au jugement, mais il est passé de la mort à la vie. »
Jean 8.36 : « Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie. »
3. Que les sacrements présupposent la foi chez ceux qui les reçoivent.
Actes 2.41 : « Eux donc, accueillant sa parole, se firent baptiser. »
1 Corinthiens 11.28-29 : « Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’il mange alors de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il n’y discerne le Corps. »
En ce qui concerne le nombre des sacrements, nous n’en trouvons pas sept dans l’Ecriture. Jésus n’a parlé que du Baptême et de la Cène ou Eucharistie.
Après avoir examiné la notion des sacrements en général, voyons chacun des sept qu’établit le dogme de l’Eglise, en réservant un chapitre pour l’Eucharistie (pp. 81-97) et un autre pour la Pénitence (pp. 98-114).
Le Baptême est le sacrement par lequel nous renaissons à la grâce de Dieu et nous devenons chrétiens.
Le sacrement du Baptême confère la première grâce sanctifiante qui efface le péché originel et aussi le péché actuel s’il existe…, nous fait enfants de Dieu, membres de l’Eglise et héritiers du Paradis.
Le Baptême est absolument nécessaire pour être sauvé.
Le Baptême, en cas de nécessité, peut être donné par toute personne, même par un hérétique ou un infidèle, pourvu qu’il ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise…
L’Eglise admet le Baptême sans matière : Baptême de sang (martyrs) ou de désir…
Le Baptême est un vrai miracle, il transforme le caractère de celui qui le reçoit.
Il faut donc administrer le Baptême dès que possible.
Voici les dogmes concernant ce sacrement :
Elle est fixe depuis 1614.
Voici comment on baptise un adulte : Après avoir été examiné par le clergé hors de l’Eglise, le candidat écoute le Psaume 41, puis il s’arrête à la porte, se nomme, déclare renoncer au monde et fait profession de sa foi. On lui souffle trois fois au visage, puis on fait sur lui des signes de croix (exorcisme). Ensuite, une prière est récitée et on fait l’imposition des mains (Saint-Esprit), enfin viennent la bénédiction et l’administration du sel (purification). On le conduit processionnellement aux fonts baptismaux qui se trouvaient jadis à l’entrée. Là, c’est Le baptême, avec les paroles rituelles : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Pour un enfant, ce sont les parrain et marraine qui répondent à sa place, et la confirmation est reportée à l’âge de raison. Le baptême se fait à l’heure actuelle par aspersion, mais parfois encore par immersion (Milan).
Dans l’Eglise primitive. le rite était bien plus simple. Voilà ce que dit sur le baptême la Didachè (début du IIe siècle, paragraphe 7) :
« Pour ce qui est du baptême, voilà comment il faut l’administrer. Après avoir enseigné tous les préceptes ci-dessus, baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint. Esprit dans de l’eau vive. Si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans d’autre eau ; si tu ne peux avoir de l’eau froide, sers-toi d’eau chaude, et si tu n’as ni de l’une ni de l’autre, verse trois fois de l’eau sur la tête, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Qu’avant le baptême on fasse jeûner le baptiseur, le baptisé et quelques autres, s’ils le peuvent. Quant au néophyte, tu lui commanderas de jeûner un jour ou deux avant. »
Pas question de tout ce qui a été rajouté par la suite : sel, salive, huile.
Au temps de Tertullien (200), cela se complique déjà :
« Lorsque nous sortons de la piscine nous sommes, suivant l’antique usage, complètement oints d’une huile sainte. Ainsi les prêtres étaient oints avec l’huile de la corne. Cette onction… profite à notre âme exactement comme le baptême lui-même. On nous impose ensuite les mains en invoquant le Saint-Esprit en notre faveur. »
A propos du baptême de désir les Pères s’indignent maintes fois contre l’abus largement répandu de reculer ce baptême jusqu’au lit de mort. C’est la Scolastique qui développa cette doctrine. Bernard la défendit contre Abélard. Le Concile de Trente l’admet (S. VII. can. 4), mais encore aujourd’hui les théologiens catholiques, s’ils considèrent cette doctrine comme « théologiquement sûre », disent qu’il est difficile d’établir que ce baptême a été reçu.
En ce qui concerne la forme du baptême, le Nouveau Testament ne connaît qu’une immersion dans l’eau. Il est probable qu’une imposition des mains le suivait, mais sans en faire partie.
Quant à la signification de ce rite, jamais nous ne voyons dans l’Écriture le baptême administré pour sauver. C’est parce que les gens sont sauvés qu’ils sont baptisés. Actes 10.47 : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ? » Le texte de Marc 16.16 : « Celui qui croit et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » est souvent invoqué en faveur de la régénération par le baptême. Il ne s’agit pas de cela, comme le montre le second terme ; le rite du baptême est le sceau mis sur la foi : « Celui qui croira… et sera baptisé (comme il est normal) sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas (et non pas celui qui n’aura pas reçu le baptême) sera condamné. » La seule condition c’est de croire.
Quand le geôlier de Philippes demande ce qu’il faut faire pour être sauvé, l’apôtre lui répond : « Crois » et non : « Sois baptisé » ; mais, quand il a cru, le baptême lui est conféré (Actes 16.31, 33 et 34).
Le brigand sur la croix, le premier « chrétien », puisqu’il fut sauvé au moment et en vertu de la mort du Christ, n’a pas été baptisé, et n’a pas subi le martyre (Baptême de sang). Où voit-on dans l’Evangile qu’il ait eu le baptême du désir ? Pourtant Jésus lui a dit « dès aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc 23.43).
L’existence des limbes où vont les enfants morts dans le péché originel, sans baptême, est une conclusion des théologiens, qu’un dogme n’a jamais défini. La croyance aux limbes est totalement inconnue des premiers chrétiens, et s’oppose à de nombreux textes bibliques : en particulier Matthieu 19.14 : « Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi, car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume des Cieux. » Il s’agissait d’enfants juifs non baptisés.
C’est le sacrement qui nous donne le Saint-Esprit, imprime dans notre âme le caractère de soldats du Christ et nous rend parfaitement chrétiens (Il confère les sept dons de l’Esprit).
Voici le dogme :
Il n’y a pas de définition claire en ce qui concerne la matière de la Confirmation, mais on admet généralement que c’est l’imposition des mains et l’onction faite par l’évêque.
Il n’y a pas de définition non plus sur les effets de ce sacrement mais on peut dire que la foi générale de l’Eglise est qu’il confère l’Esprit de Sainteté et de Force (PTD II. 305. 314).
L’évêque, pour administrer ce sacrement, étend d’abord les mains sur les confirmands, en invoquant sur eux le Saint-Esprit ; puis, il fait une onction en forme de croix avec le Saint-Chrême (huile d’olive mêlée de baume et consacrée par l’évêque le Jeudi-Saint) sur le front de chacun, en disant les paroles de la forme (Je te signe de la croix et te confirme avec le chrême du salut, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit). Ensuite, de la main droite, il donne un léger soufflet sur la joue du confirmé en lui disant : « La paix soit avec toi. » Enfin, il bénit solennellement les confirmés. (Le soufflet est un signe des persécutions possibles).
On invoque parfois à l’appui de ce sacrement les promesses faites par Jésus à ses apôtres de leur donner le Saint-Esprit (Luc 24.49 ; Actes 1.5) mais il est évident qu’elles furent accomplies lors de la Pentecôte, et Mgr Bartmann reconnaît que « nous n’avons pas de témoignage formel » en ce qui concerne l’institution par le Christ de la Confirmation (PTD II. 302).
Nous avons certes, dans le Nouveau Testament, de nombreuses allusions à des impositions de mains qui étaient fréquentes dans maintes circonstances, notamment au moment du baptême, dans les cas de maladie grave et lors de la prise en charge de ministères dans l’église locale.
En vérité, les catholiques sont bien en peine de nous dire où et quand ce « sacrement » a été insti- tué. Ce n’est qu’au moyen âge qu’il fut déclaré sacrement, et les théologiens n’étaient pas d’accord sur son origine. On la voyait, soit dans la colombe du baptême, soit dans les langues de la Pentecôte. En fait, c’est une institution tardive. Il s’agit d’une déformation de l’imposition des mains et de l’onction données au moment du baptême et qui furent reportées plus tard lorsque le baptême des enfants se généralisa. C’est, au fond, une phase du baptême remise à l’âge de raison.
A propos de la forme, Mgr Bartmann n’hésite pas à écrire : « La difficulté de retrouver une forme traditionnelle dans la doctrine sacramentelle existe aussi pour la Confirmation. Aussi la Scolastique montre dans cette question une grande hésitation » (PTD II. 307). C’est en face de tout ce sacrement que nous « hésitons », puisqu’il ne se trouve pas dans la Bible.
Voici des extraits du catéchisme :
« L’Extrême-Onction est le sacrement institué pour le soulagement spirituel et même corporel des malades qui sont en danger de mort.
… Le sacrement de l’Extrême-Onction produit les effets suivants :
Il augmente la grâce sanctifiante ; 2° Il efface les péchés véniels et même les péchés mortels que le malade repentant ne pourrait confesser ; 3° Il enlève cette faiblesse et cette langueur pour le bien qui restent même après avoir obtenu le pardon des péchés ; 4° Il donne la force de supporter patiemment le mal, de résister aux tentations et de mourir saintement ; 5° Il aide à recouvrer la santé du corps si c’est utile pour le salut de notre âme. »
« … On doit recevoir l’Extrême-Onction lorsque la maladie est dangereuse et, autant que possible, après avoir reçu les sacrements de Pénitence et d’Eucharistie, et tandis qu’on a encore la connaissance. »
Voici les dogmes concernant ce sacrement :
Les théologiens catholiques ne sont d’accord ni sur la forme de ce sacrement qui a varié considérablement, ni sur ses effets qui sont très diversement interprétés. Le Concile de Trente a cependant précisé qu’il accroît la grâce sanctifiante, remet les péchés et leurs restes et rend la santé corporelle « de temps en temps ». Mais on discute pour savoir s’il s’agit des péchés véniels ou des péchés mortels et s’ils sont effacés directement ou indirectement, et si les peines temporelles sont également supprimées. On admet que ce sacrement, sans être nécessaire au salut, est hautement désirable : le mépriser est un péché. (PTD II. 456-468).
Il est administré avec de l’huile d’olive consacrée par l’évêque (par lui seulement) le Jeudi-Saint et distribuée aux paroisses de son diocèse. Le surplus de l’année est brûlé dans les lampes de l’autel. Seul un prêtre peut l’administrer. L’huile est appliquée sur les yeux, les oreilles, les mains, le nez et la bouche (pieds et poitrine pour hommes seulement). Un mourant qui a reçu l’extrême-onction peut la recevoir une seconde fois s’il retombe malade. En cas de contagion grave, l’onc- tion se fait avec un long roseau qui est ensuite brûlé.
L’Eglise primitive ignore ce « sacrement » ; elle connaît seulement l’onction d’huile. Ainsi, Tertullien raconte que le père de l’empereur Antonin a été guéri par l’onction d’huile. Au Ve siècle, le pape Innocent répond à l’évêque Decentius que les malades peuvent être oints, non seulement par un prêtre, mais par tous les chrétiens, et on peut oindre ainsi son propre corps. Tout ceci. est, il est vrai, anathémisé par le Concile de Trente… En fait, peu à peu, des superstitions se mêlent à l’onction d’huile. Vers le VIIIe siècle, on y attache une idée spirituelle de pardon des péchés : on emploie l’huile des lampes de l’église en croyant qu’elle sera plus efficace. Le moyen âge développa les pratiques superstitieuses et l’on crut alors que l’Extrême-Onction faisait passer directement l’âme dans l’éternité, si bien que lorsqu’un agonisant revenait à la vie après avoir reçu ce sacrement, il était considéré comme déjà mort : il ne devait plus manger de viande, il marchait pieds nus et ne vivait plus dans sa famille. Cette superstition est aujourd’hui complètement abandonnée.
Dans l’Eglise grecque, on ne connaît que l’onction d’huile en vue d’une guérison physique et spirituelle, dans l’église, si possible. C’est une cérémonie compliquée (7 prêtres, 3 au moins), mais on refuse d’y voir un sacrement. Lors du schisme d’Orient, ce n’était encore qu’un acte religieux. En fait, ce n’est un sacrement officiel que depuis 1439.
La base serait biblique (Marc 6.13 et Jacques 5.14). Voyons ces textes. Marc 6.13 : « Ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient. » Ce texte ne parle que d’une onction en vue de la guérison. Quant à Jacques 5.14 : « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les presbytres de l’Eglise et qu’ils prient sur lui après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera », il s’agit de la prière dans l’affliction et particulièrement en cas de maladie. Le patient est au bénéfice des prières de l’église. L’accent est mis sur la prière de la foi qui sauvera le malade et non sur l’huile. Dans l’Ecriture nous trouvons de nombreux exemples d’onction d’huile, en maintes circonstances différentes. L’onction était un geste symbolique. Ainsi l’onction des sacrificateurs était un signe de leur ministère. Quant au mot « sauvera le patient » il peut tout aussi bien signifier « guérira », Le verset 10 nous parle de pardon des péchés si cette maladie est la conséquence d’une faute. Or, les catholiques ne considèrent la guérison que comme tout à fait secondaire et accidentelle. Jacques y voit un moyen de guérir, ils y voient un moyen de bien mourir. Il y a peu d’exemples plus manifestes de la déviation des institutions évangéliques au-cours des siècles.
Voici le catéchisme :
C’est le sacrement qui donne le pouvoir d’exercer les fonctions sacrées qui regarde le culte de Dieu et le salut des âmes et qui imprime, dans l’âme de celui qui le reçoit, le caractère de ministre de Dieu.
On l’appelle l’Ordre parce qu’il comporte plusieurs degrés subordonnés les uns aux autres, d’où il résulte la hiérarchie sacrée.
Le plus élevé est l’épiscopat, qui contient la plénitude du sacerdoce, ensuite le presbytérat, ou le simple sacerdoce, puis le diaconat et les ordres qu’on appelle ordres mineurs (acolytes, exorcistes, lecteurs et portiers). Le sous-diaconat, avec son vœu de chasteté perpétuelle, est le premier degré des ordres sacrés. Le sous-diacre est déjà astreint à l’office canonial.
Jésus-Christ a établi l’Ordre sacerdotal dans la dernière Cène quand il confère aux apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de consacrer la très sainte Eucharistie.
… Ce sacerdoce « à qui Jésus-Christ a conféré la double puissance sur Son corps réel et sur son corps mystique » est « nécessaire dans l’Eglise parce que sans lui les fidèles seraient privés du Saint-Sacrifice de la messe et de la plus grande partie des sacrements ».
C’est l’évêque qui seul peut administrer ce sacrement.
Voici les dogmes sur ce point :
Les théologiens admettent généralement que les ordres mineurs ne sont pas « sacramentels ». La Scolastique ne considérait pas l’épiscopat comme un sacrement ; mais la plupart des docteurs actuels l’affirment, sans être unanimes. On discute pour savoir quelle est la matière du sacrement. L’« opinion la plus fondée » y voit l’imposition des mains de l’évêque. Quant à la forme, elle a beaucoup varié, et n’est toujours pas définie.
L’Eglise Latine compte actuellement 7 degrés plus l’épiscopat, l’Eglise Grecque connaît seulement l’épiscopat, la prêtrise, le diaconat et le sous-diaconat.
L’Ordination confère les pouvoirs suivants : 1° de célébrer la messe, 2° de donner les sacrements, 3° de prêcher, 4° de pardonner les péchés (pouvoir de juridiction), 5° de bénir les personnes, les animaux, les objets, les récoltes, les machines, etc… Le pouvoir d’exorciser est habituellement réservé à un pénitencier par diocèse.
L’évêque met ses mains sur le candidat après avoir mis l’étole sur ses épaules : il oint d’huile ses mains, lui donne la coupe et l’hostie, puis, après une nouvelle imposition des mains, il lui dit : « Recevez le Saint-Esprit ». A ce moment-là, le prêtre reçoit surnaturellement un pouvoir qui ne le quittera jamais, même s’il devient hérétique… Le pape peut toutefois réduire les prêtres à l’état laïc, mais il reste « sacerdos in aelernum ».
Dans l’Eglise primitive du Nouveau Testament, l’organisation de l’Eglise est loin d’être fixe. Ce n’est qu’au IIe siècle qu’on commence à voir une différence entre laïcs et clercs, mais on ne reconnaît aucun privilège spécial aux « prêtres », car on admet que tout chrétien est sacrificateur et prêtre.
Tertullien (IIIe siècle) (Ex Castitatis, VII) dit :
« Tous les laïques ne sont-ils pas prêtres ? »
Puis, petit à petit, le clergé prend de la puissance et l’organisation de l’Eglise, après 313, fut copiée Sur l’administration romaine. L’explication des « clefs » ne fut donnée qu’après coup. Encore aujourd’hui l’Eglise reconnaît que tous les fidèles sont « intérieurement » prêtres, mais que le clergé seul l’est « extérieurement ».
Nous avons déjà parlé de la « puissance » des clefs données à Pierre et aux apôtres, Voyons d’autres aspects de ce problème :
1. Le sacerdoce est général. L’Ecriture et la Tradition l’établissent fortement. L’Eglise ne le conteste pas (PTD IL. 473). Cela ressort particulièrement de : 1 Pierre 2.9 ; Apocalypse 1.6. Tous les fidèles sont prêtres.
Seul Jésus-Christ est le Grand-Prêtre (Hébreux 4.14-15), mais ce sacerdoce-là n’est pas transmissible, il est éternel.
Le Nouveau Testament ne parle en effet que d’un seul Ordre Sacerdotal, c’est celui de Melchisédec, qui s’applique à Jésus seul, dans l’Eternité, et qui n’est absolument pas transmissible (Hébreux 7.24).
2. Les Ministères. Certes il existe dans chaque église locale des ministères particuliers correspondant aux besoins du troupeau et aux dons accordés par l’Esprit-Saint. L’Ecriture mentionne : les épiscopes (ou surveillants) (Actes 20.28-29), qui sont aussi nommés, à la façon des juifs, les presbytres (ou anciens) (Actes 15.2 ; 20.17 ; 1 Timothée 5.17), ou pasteurs (bergers) (Ephésiens 4.11), Nous trouvons aussi les évangélistes, les apôtres ou envoyés, les docteurs, les diacres (Ephésiens 4.11 ; Philippiens 1.1). Ces ministères, reconnus par l’Eglise où ils sont exercés, ne confèrent aucune supériorité à ceux qui les possèdent. Les théologiens catholiques reconnaissent que l’Ecriture n’est pas très claire sur ce point. Nous affirmons que, dans l’Eglise Apostolique, les ministères étaient reconnus par la communauté des fidèles, et fréquemment accompagnés d’une imposition des mains (qui était un simple geste de bénédiction souvent mentionné dans l’Ancien Testament), mais que jamais ils n’étaient présentés comme formant un sacerdoce ou un ordre. Tout au contraire, le Nouveau Testament nous met en garde contre les chrétiens qui veulent s’élever au-dessus de leurs frères. Jésus a dit : « Ne vous faites pas appeler Maître, car vous n’avez qu’un Maître et vous êtes tous frères. N’appelez personne votre « Père » sur La terre, car vous n’en avez qu’un, le Père Céleste » (Matthieu 23.8-9). Le cléricalisme n’est pas évangélique, l’Eglise de Jésus-Christ n’est composée que de « frères » égaux en droit, mais ayant chacun un ministère plus ou moins large à exercer.
Le devoir de célibat est imposé par une loi ecclésiastique au clergé latin, à partir du sous-diaconat. Elle n’est pas une loi apostolique, et s’est imposée progressivement à l’Eglise d’Occident (PTD II. 485).
Le célibat des prêtres est devenu obligatoire au XIe siècle seulement. Cette pratique est née peu à peu, d’abord de l’idée païenne que le célibat est un état supérieur au mariage, puis, parce que le prêtre devait être un homme à part. Mais les prêtres orthodoxes se marient ainsi que certains prêtres du rite oriental et des Eglises uniates. Tout le moyen âge a laissé des exemples de prêtres mariés.
Plusieurs apôtres étaient mariés (Matthieu 8.14 ; 1 Corinthiens 9.5). Il est dit expressément que l’évêque et le diacre peuvent être mariés (1 Timothée 8.2 et 12).
Il ne faut confondre le sacrement de l’Ordre avec les Ordres Monastiques. Les religieux qui font partie des Sociétés de moines n’ont pas tous reçu l’Ordre. Ceux qui l’ont reçu constituent le clergé régulier, différent du clergé séculier, chargé des paroisses.
Les religieux — et les religieuses — appartiennent à une multitude d’Ordres différents. Ils ont tous prononcé des vœux simples ou solennels qui comportent : la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. D’après Les lois ecclésiastiques actuelles, les Ordres ou Congrégations doivent opter pour une des quatre « règles » fondamentales : celle de saint Basile, de saint Augustin, de saint Benoit et de saint François d’Assise.
Voici les principaux Ordres religieux pour hommes : Bénédictins, Chartreux, Trappistes, Cisterciens, Franciscains, Dominicains, Carmes, Augustins, Jésuites, Oratoriens, Lazaristes, Sulpiciens, Frères des Ecoles chrétiennes, Pères Blancs, Maristes, etc. Ils diffèrent entre eux par les rigueurs plus ou moins sévères de la règle, par la claustration plus ou moins grande ou par le but proposé (vie contemplative, active où mixte, enseignement, charité, prédication, défense de la foi, prières, intercession, études…). Il existe aussi un grand nombre d’Ordres pour les femmes (Franciscaines, Dominicaines, Ursulines, Clarisses, Bernardines, Carmélites, Augustines, Sœur de St-Vincent de Paul, Assomptionnistes, etc…).
Les ordonnances d’Ignace de Loyola s’appliquent à tous les Jésuites, qu’ils soient prêtres (les plus nombreux) ou laïcs (les frères coadjuteurs).
En France (et en territoire missionnaire), il y avait en 1958 22 000 religieux dont 11 000 prêtres, 2200 novices, 2300 converts et coadjuteurs, 6500 frères enseignants, et 130 000 religieuses. A côté de centaines de maisons et d’institutions on comptait : 16 monastères bénédictins, 22 cisterciens, 4 cartusiens et 409 monastères de femmes « contemplatives ».
Les premiers moines (de monos, seul) ont existé en Orient, peut-être sous l’influence de bouddhistes venus des Indes. A la fin du IIIe siècle, on en trouve des exemples en Egypte (l’ascétisme de l’Église primitive se développe surtout en Orient) pendant la persécution de Decius ; ce sont souvent des ermites. A mesure que se développe l’idée de la valeur des œuvres, un nombre toujours plus grand de chrétiens ressentent le besoin d’échapper au monde qui envahit même l’Eglise. Un certain Simon le Stylite resta 37 ans au sommet d’une colonne. Sur le Mont Athos, à l’époque byzantine, se créa une république de moines qui existe encore.
En Occident, le mouvement se développe, à la fin du IVe siècle, lentement puis rapidement. En Gaule (Marmoutier et Poitiers), en Ecosse, en Irlande, les moines eurent une grande influence civilisatrice. Leurs couvents, parfois, sont des centres de diffusion évangélique et de conservation de la flamme missionnaire. Mais ces monastères connaissent une rapide déchéance, malgré les « réformes » successives.
Certes, il faut traiter durement son corps (1 Corinthiens 9.27) et veiller, mais les œuvres de la loi ne peuvent en aucune façon justifier (Galates 2.15-16) (voir plus loin toute la discussion du salut par les œuvres). Jésus surtout n’a pas voulu que ses disciples soient hors du monde (Jean 17.15-18) : « Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais… ». Il dit aussi de ne pas mettre la lampe sous le boisseau.
Le système monastique, surtout s’il exige la séparation physique d’avec le monde, paraît contredire le plan du Christ qui veut voir ses disciples « dans le monde sans être du monde » pour être ses témoins auprès de tous les hommes.
Voici ce que dit le Catéchisme :
Revenons aux sacrements, le dernier c’est le Mariage. Le Mariage est un sacrement institué par Jésus-Christ qui établit une union sainte et indissoluble entre l’homme et la femme et leur donne la grâce de s’aimer l’un et l’autre saintement et d’élever chrétiennement leurs enfants.
… Le sacrement du Mariage signifie l’union de Jésus-Christ avec la Sainte Eglise, son épouse et notre mère très-aimante.
… Le seul moyen de contracter validement et licitement le Mariage entre chrétiens est de le célébrer selon les rites de la Sainte Eglise, Les ministres en sont les époux eux-mêmes.
Les dogmes sur ce point sont ainsi formulés :
Il n’y a pas de décision ecclésiastique en ce qui concerne les ministres, et la forme de ce sacrement, et sur ces points les théologiens restent divisés. Pourtant, l’opinion la plus probable, c’est que les deux époux sont les ministres, et que la matière et la forme sont le don réciproque du consentement matrimonial.
Annulation du mariage.
Le mariage valide est indissoluble, le divorce est impossible. Notons que le mariage non catholique ou civil n’est qu’un concubinage dont on peut se délier sans commettre de péché.
Dès les premiers temps, les mariages ont été bénis par l’Eglise, mais c’est après Augustin qu’on voit surgir la notion de sacrement.
Quant à la question du divorce, elle a été très débattue et jugée très différemment. Par exemple, dans les nations germaniques au moyen âge, le divorce était toléré jusque vers le IXe siècle. Tant que l’Eglise n’a pas eu entre ses mains l’état civil, elle a été tolérante, mais ensuite, elle a rigidement maintenu ses doctrines. Elle n’admet, même en cas d’adultère, qu’une séparation de corps temporaire ou définitive, mais il y a possibilité d’annulation en Cour de Rome dans de nombreux cas précis 1. Aujourd’hui, en France, l’Eglise insiste sur la beauté du mariage.
1 L’Eglise a rapidement regardé le mariage d’un œil sévère, en tenant en haute estime le célibat, L’appétit sexuel est considéré comme coupable par Augustin. Le mariage ne peut se concevoir que comme un moyen de procréation. Un remariage est condamné comme une preuve de sensualité. Ainsi, Tertullien jugeait qu’il est absurde pour un chrétien de vouloir des enfants ; « pourquoi ? puisque son vœu est de les voir échapper à ce monde mauvais le plus tôt possible ». Augustin : « Le chrétien pieux doit surtout désirer des enfants spirituels. »… En fait, cette doctrine de l’Eglise et son corollaire, le mépris de la femme, ont abouti, à travers le moyen âge, à l’état de corruption où nous voyons la société vers le XVe et XVIe siècle, et encore aujourd’hui dans certains pays entièrement catholiques (Amérique du Sud). En réalité, le célibat d’une masse considérable de prêtres et de moines était devenu une source d’immoralité au moyen âge car, pour eux, le mariage était encore déclaré inférieur à la débauche, Un casuiste alla jusqu’à dire qu’un prêtre qui se marie est plus coupable qu’un prêtre entretenant chez lui plusieurs femmes débauchées (J.-B. Cotelier, 1627-1686).
Le mariage, institué par Dieu dès l’origine (Genèse 3.18-24) : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair », est exalté dans toute la Bible comme le lien normal entre l’homme et la femme. Il est un lien indissoluble (Matthieu 19.6 ; 1 Corinthiens 7.11). L’apôtre Paul, dans Ephésiens 5.22-23, montre que Jésus se sert de l’amour conjugal pour nous faire comprendre Son amour envers l’Eglise, mais le mariage n’est pas un sacrement, C est-à-dire qu’il ne confère rituellement aucune grâce.
Une mauvaise traduction de Ephésiens 5.32 est parfois invoquée pour trouver une base biblique à ce sacrement. L’apôtre Paul écrit : « Ce mystère est grand, je veux dire par rapport à Christ et à l’Eglise » (traduction Abbé Crampon). Ce mot mystère est traduit en latin par sacramentum, que certains ont traduit simplement sacrement en français. Mais ce n’est pas du tout le même sens. Le mot grec original mysterion, comme le reconnaît l’Abbé Crampon (et tous les catholiques de bonne foi), veut dire simplement : mystère. L’Abbé Crampon ajoute seulement cette note : « Saint Paul y découvre une signification plus profonde, mystérieuse, dans son application aux rapports du Christ avec Son-Eglise. » Ces paroles de l’apôtre, dit le Concile de Trente (Sess. XXIV), insinuent « le caractère sacramentel du mariage chrétien ». C’est une bien faible « insinuation ».
Oui, le mariage est une institution divine, mais ce n’est pas un sacrement.