L’histoire de la Bible

LE SOUFFLE DE SA BOUCHE

4. L’INSPIRATION DES SAINTES ÉCRITURES

« Toute Ecriture est inspirée de Dieu… » 1

1 2 Timothée 3.16.

Les écrivains sacrés disposaient donc de l’écrire alphabétique et des rouleaux de papyrus, remplacés dès le 2e siècle avant J.-C. par les parchemins. Mais, ce qui était plus important encore, Dieu disposait des écrivains sacrés.

Il ne faut pas croire que la mission confiée à ces hommes impliquait la neutralisation de leurs facultés ou de leur volonté ; bien entendu, quand Dieu leur communiquait Ses pensées, ils n’avaient guère le loisir de s’y soustraire ; au contraire, ils en étaient pénétrés, au point d’être amenés à transcrire ce qui leur était révélé. Les écrivains sacrés n’étaient jamais passifs en transmettant le message de Dieu aux hommes ; leur rôle n’était pas celui d’un dictaphone ou d’un magnétophone, reproduisant la Parole initiale de Dieu. Cependant, le respect qu’ils portaient au message reçu les empêchait d’y toucher pour le modifier. L’Esprit-Saint était la sauvegarde de leurs écrits, car Il les préservait de toute ingérence propre : Comment leurs conceptions humaines, limitées et profanes, auraient-elles pu s’immiscer dans la Révélation divine, illimitée et sainte ?

L’apôtre Pierre explique le processus de l’inspiration : Les prophètes ont été « poussés par le Saint-Esprit » 2. Dans ce passage, le terme grec évoque l’image de la voile d’un navire gonflée par le vent : effectivement, ce mot du texte original apparaît également dans le récit du naufrage de Paul en Actes 27 : « C’est ainsi qu’on se laissa emporter par le vent » 3. Les écrivains sacrés ont été littéralement emportés par le souffle de l’Esprit. Seul le miracle de l’inspiration plénière des Ecritures pouvait assurer une transmission fidèle, entière et définitive de la Révélation divine aux hommes.

2 2 Pierre 1.21.

3 Actes 27.17.

L’Ecriture nous montre comment, avant leur mission, les auteurs sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été confrontés avec la souveraineté de Dieu. Moïse a rencontré le Tout-Puissant trois fois saint au buisson ardent 4, Josué s’est jeté aux pieds du Chef de l’armée de l’Eternel, avant de conquérir Jéricho 5, Samuel s’est écrié dans son jeune âge : « Parle, car Ton serviteur écoute » 6. Le roi David pouvait dire : « L’Esprit de l’Eternel parle par moi, et Sa Parole est sur ma langue », parce qu’il avait été préalablement mis en face du Rocher d’Israël 7. Esaïe a découvert avec terreur la sainteté de son Seigneur. Jérémie s’est laissé persuader par Dieu 9avant de vouloir persuader les autres. Ezéchiel 10 et Daniel 11 furent jetés par terre par la révélation de la gloire divine, avant d’en devenir les porte-parole. L’ex-péager Matthieu a d’abord reçu Jésus de Nazareth chez lui, ensuite il devint disciple 12. De même Pierre, Jean, Marc, Paul eurent chacun leur rencontre personnelle avec Christ ou leur « chemin de Damas », avant d’être appelés à écrire sous l’impulsion du Saint-Esprit.

4 Exode 3.3-6.

5 Josué 5.13-15.

6 1 Samuel 3.10.

7 2 Samuel 23.3-3

8 Esaïe 6.1-7.

9 Jérémie 20.7.

10 Ezéchiel 1.28.

11 Daniel 10.7-11.

12 Matthieu 9.9.

L’apôtre Paul a précisé : « Toute Ecriture est inspirée de Dieu… » 1 Le souffle de Dieu a engendré l’Ecriture, faisant naître dans les esprits un message vivant et dynamique, auquel quelque 40 serviteurs de Dieu s’identifièrent. Ils avaient été choisis pour cette tâche spéciale. C’étaient des hommes imparfaits, vulnérables au mal et sujets à leurs faiblesses propres ; ils n’étaient pas devenus infaillibles pour remplir leur mission particulière ; mais, en leur confiant Sa Révélation, Dieu les rendit participants de Son message divin, un peu comme sur un autre plan, Il a rendu le croyant participant de la nature divine en vertu de Ses grandes et précieuses promesses 13.

13 cp. 2 Pierre 1.4.

C’est au sein de circonstances les plus diverses que le Seigneur s’est révélé aux auteurs sacrés : dans la solitude ou au sein d’une foule, au temple ou dans la nature, dans les pâturages ou au désert, dans les palais ou en prison. Sous la force de la persuasion divine, ils ont parfois écrit des messages qui ne leur plaisaient pas. Souvent, l’ampleur de la révélation les a dépassés. Mais Dieu leur a toujours accordé une conviction absolue au sujet de la proclamation à faire ou du texte à rédiger. Tous les écrivains sacrés auraient pu dire comme Jérémie :

« Tu m’as persuadé, Eternel, et je me suis laissé persuader ;
Tu m’as saisi, Tu m’as vaincu. » 9

Ils s’adressèrent à leurs auditoires ou aux destinataires de leurs Epîtres avec l’autorité du « ainsi dit l’Eternel », conscients de transmettre pleinement le message de Dieu. L’apôtre Paul le Souligna aux Thessaloniciens : « Nous rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu’en recevant la Parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme là parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la Parole de Dieu, qui agit en vous qui croyez » 14.

14 1 Thessaloniciens 2.13.

Ce n’est pas notre sujet de traiter en détail de l’inspiration verbale des Ecritures, et nous renvoyons volontiers le lecteur aux auteurs fort compétents qui se sont étendus sur cette question 15. Cependant, dans le cadre de notre enquête sur l’histoire de la Bible, il était indiqué de nous arrêter sur cette vérité fondamentale : En effet il ne saurait y avoir une souveraineté divine préservant l’Ecriture au travers des siècles, s’il n’y avait eu au préalable autorité et inspiration divines engendrant cette même Ecriture.

15 Citons en premier lieu L Gaussen : « Le Canon des Saintes Ecritures » (épuisé depuis de nombreuses années) et Dr René Pache : « L’inspiration et l’autorité de la Bible » (éditions Emmaüs).



Panorama du sommet du Djebel Moussa au Sinaï, où Moïse reçut les instructions de son Dieu.

Ecrivains et copistes des temps bibliques ont tour à tour été conscients du miracle de l’inspiration. Moïse, Josué, Samuel, David, Salomon, Esaïe, Jérémie et tous les prophètes s’exprimèrent avec la même autorité de la part de l’Eternel. Leurs écrits furent empreints du souffle de Dieu qui avait premièrement pris possession de leur esprit.



Paysage tourmenté du Sinaï. Dans une caverne de cette région, le prophète Elie entendit la parole de l’Eternel (1 Rois 19.9)

Au 5e siècle avant l’ère chrétienne et en des temps fâcheux, l’Eternel suscita un instrument de choix : « Esdras, sacrificateur et scribe, versé dans la loi du Dieu des cieux » 16. Les captivités avaient gravement perturbé la vie collective d’Israël, au point que les rescapés de l’exil ne connaissaient plus ni la langue ni la religion de leurs ancêtres. Il incomba alors à Esdras de renouer le fil de l’histoire nationale du peuple élu, en instruisant les fils de la captivité dans la connaissance des Ecritures.

16 Esdras 7.12.

Cependant, il est probable qu’Esdras ne se contenta pas d’exposer à la nouvelle génération la loi de Moïse et les récits prophétiques, mais il les rendit accessibles à ses compatriotes. C’est en effet à cette époque que les textes de l’Ancien Testament furent rassemblés, classés et groupés en trois sections littéraires :

  1. La Torah = la loi ou les livres de Moïse 5 livres

  2. Les N’biim = les Prophètes à l’origine 8 livres

  3. Les Kethubim = les Psaumes et autres Ecritures ou Hagiographes à l’origine 9 livres
    au total 22 livres



Plaine au pied du Sinaï, probablement celle où Israël attendit le retour de Moïse (Exode 32).

Après Sa résurrection, le Seigneur Jésus revint à ces trois sections littéraires de l’Ancien Testament, les confirmant ainsi par Son autorité divine : « Il fallait que s’accomplit tout ce qui est écrit de Moi dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes » 17. Il sanctionna même l’ordre dans lequel ces écrits sacrés étaient consignés, ce qui ressort particulièrement d’un passage de l’Evangile selon Matthieu 18, où Christ se réfère au premier et au dernier martyr selon les Ecritures hébraïques : Abel (Genèse 4) et Zacharie (2 Chroniques 24).

17 Luc 24.44.

18 Matthieu 23.35.



Prêtres samaritains avec des rouleaux du Pentateuque.

Au temps d’Esdras, 22 « rouleaux du livre » constituaient l’ensemble de l’Ancien Testament ; aujourd’hui, plusieurs d’entre eux sont dédoublés, et chacun des 12 Prophètes Mineurs constitue un livre particulier. Au gré des événements, les scribes juifs adoptèrent diverses manières de grouper leurs écrits saints. 22, 24, 26 ou 39 livres ? Qu’importe, c’était toujours la même collection, que l’on ne tarda pas à considérer comme complète et définitive. Et lorsque, au 2e siècle avant l’ère chrétienne, l’impudent roi de Lysie, Antiochus Epiphane, profana le temple de Jérusalem et s’en prit violemment au sacerdoce qui s’y exerçait, les héroïques résistants de Judée se retranchèrent derrière l’autorité de leurs écrits saints. Sous les feux de la persécution, ils en reconnurent le caractère unique et exclusif, allant de pair avec leur valeur spirituelle. Pour eux, ce n’était pas simple analogie que la Révélation comptât 22 livres, alors que leur alphabet totalisait 22 lettres. Il y avait là une coïncidence voulue de Dieu, pour démontrer que ces écrits constituaient également une entité soustraction ni addition. L’Eternel n’avait-Il pas dit à Moïse : « Vous n’ajouterez rien à ce que Je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Eternel, votre Dieu, tels que Je vous les prescris » 19 ?

19 Deutéronome 4.2.

Les convictions des Macchabées se concrétisèrent plus tard dans l’expression « canon » où « règle » ; elle signifie, par extension « règle de doctrine ». Le « canon sacré » formait donc la collection d’écrits saints rassemblés par Esdras ou ses successeurs. Par la suite, cette expression s’étendit à l’ensemble des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Mais n’anticipons pas ; il nous faut maintenant revenir à la période suivant l’empire d’Alexandre, où l’Ancien Testament fut à la fois recopié en hébreu et traduit en grec, ce qui contribua largement à sa préservation et à sa communication aux croyants de l’époque gréco-romaine.

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