Médecines parallèles : oui ou non ?

IV
Réflexion critique

A ce stade de notre démarche, je me dois de prévenir un malentendu. Agnostiques ou athées restent sourds lorsque, à l’appui d’une affirmation, d’une argumentation, d’une critique, nous nous en référons à l’autorité de la Parole de Dieu, c’est-à-dire à l’autorité de l’Ecriture sainte. Pour eux, elle n’est pas une autorité.

Quant aux “croyants” certains d’entre eux n’ouvrent jamais leur Bible. Pour autant, ils ne se gênent pas d’affirmer que l’histoire ou les histoires qu’elle raconte, si passionnantes soient-elles, sont d’un autre âge. Ils croient savoir qu’on y trouve des doctrines intéressantes mais dépassées, des personnages plus ou moins inspirés ou inspirants. Et ils laissent aux spécialistes le soin d’en faire le tri et d’en parler, le dimanche en particulier.

Par ailleurs, il est de nombreux lecteurs passés maîtres dans leur manière de ramener la Bible à l’épaisseur de quelques pages choisies à leur convenance. Car pour eux, il y a la vie, la science, les arts, la technique, les sports, l’information tous azimuts, l’histoire contemporaine avec ses heurs et malheurs. Ce qu’ils liraient dans la Bible est en marge de ces réalités importantes. Aussi réservent-ils leurs pages choisies à ce qu’ils reconnaissent être une part occasionnelle ou permanente de leur existence : leurs aspirations religieuses.

C’est là une position dualiste courante. Il n’est pas inutile de dire que nous la récusons absolument.

Disciples du Christ Sauveur et Seigneur, l’Ecriture sainte est pour nous la Parole de Dieu, c’est-à-dire la révélation par Dieu lui-même de sa Personne, Père, Fils et Saint-Esprit; de son dessein créateur et rédempteur ; du passé, du présent et de l’avenir de l’homme et du monde. Pour nous donc, cette Parole fait autorité.

En conséquence, la vérité sur toutes choses n’est pas une théorie, une science, un idéal hors de la vie quotidienne, ou à côté, ou au-dessus, ou malgré elle. Elle n’est pas non plus une réalité ou une existence à venir que Dieu nous promettrait et vers laquelle nous tendrions, tandis que notre aujourd’hui connaîtrait des aléas sous notre seule responsabilité, Dieu y intervenant quand nous ferions appel à lui.

La vérité, c’est l’expression de notre existence d’hier, d’aujourd’hui et de demain, esprit, âme et corps, terre et ciel, dans l’entière dépendance du Dieu révélé en Jésus-Christ, par l’Ecriture précisément, une Ecriture qu’Il a pleinement inspirée.

Son amour nous est assuré. Sa présence nous environne, nous soutient, nous protège. Sa Parole nous éclaire, nous instruit, nous transforme, nous renouvelle, nous guérit.

Nous écartons tout ce qui se déroberait à l’autorité de cette Parole, tout ce qui contreviendrait à ce qu’elle interdit, à ce qu’elle promet, à ce qu’elle ordonne, à ce qu’elle révèle. Non seulement nous l’écartons, mais nous le refusons. Notre amour pour Dieu, notre respect de sa volonté, mais aussi notre liberté et la qualité de nos relations avec lui ou avec le prochain, en seraient altérés.

En d’autres termes, nos choix — en particulier nos refus de ce que d’autres agréent, nos désaccords devant ce que d’autres admettent, nos censures à l’égard de ce que d’autres approuvent — ne tiennent pas à un parti pris, à des préférences personnelles arbitraires, à des vues sectaires, à des craintes imaginaires et encore moins à je ne sais quelle volonté de ne pas faire comme tout le monde.

C’est donc sur le terrain d’une fidélité à Jésus-Christ, d’un accueil à tout ce qu’il inspire et qui porte le sceau de son Esprit, parallèlement, d’un refus de tout ce qui contesterait sa vérité et son autorité, que nous examinerons à nouveau, une à une, les différentes thérapies déjà présentées au chapitre deuxième.

L’acupuncture.

L’acupuncture est donc promue au rang de médecine enseignée dans certaines cliniques universitaires (mais pas en Suisse !), Elle est aussi recommandée par des Revues chrétiennes. 1 On lui attribue de réels succès. Elle guérirait son seulement des maux passagers comme le rhume ou des embarras gastriques, mais des maladies plus graves, comme les maladies du cœur, les allergies, les infections, les “dérèglements glandulaires”, 2 les rhumatismes, etc. Elle libérerait même de la drogue. On nous informe aussi qu’il y a plus de mille acupuncteurs en France, plus de mille cinq cents en Allemagne. La Suisse aurait quelque retard, mais des médecins travaillent à combler ce déficit. Et parallèlement se développent partout les branches annexes que sont la réflexologie, l’acupressure, l’auriculopuncture.

1 Par exemple “Ichthus”, revue réformée évangélique, n° 109/1982.

2 Exemple typique d’un jargon pseudomédical derrière lequel aucune maladie ne se cache !

Ce qu’il faut dire d’abord : Les Chinois font remonter au 30e siècle avant Jésus-Christ l’art médical qui, en occident, a pris le nom d’acupuncture (du latin acus = aiguille et punctus = point).

Cet art était aux mains de prêtres qui, dans leurs pratiques, évoquaient par oracles le secours des divinités et attribuaient une partie des maladies à l’action des dieux et des démons. L’action des aiguilles visait d’abord ces derniers, contribuait à les expulser du corps, croyait-on.

L’évolution de la culture chercha l’explication des principes de l’acupuncture dans l’astrologie, présente également dans l’établissement des diagnostics. Puis se développa la méthode des pouls à la recherche des causes de la maladie et des moyens d’y remédier. Mais la note générale et fondamentale demeure : toute manifestation heureuse (santé) ou mauvaise (maladie) en nos personnes comme en la nature procède de l’énergie cosmique, du rythme qui la caractérise, contrôlé par le yin et le yang de la similitude existant entre le macrocosme (l’univers et ses forces) et le microcosme, l’homme corps, âme, esprit.

Bien évidemment, de telles assertions embarrassent de nombreux médecins qui non seulement ne veulent rien savoir de telles explications mais qui en trouvent de nouvelles dans un vocabulaire dont l’apparence sinon la réalité est scientifique. Ils parlent de “stimulation du système sympathique” commandant la vie organique en général, ou encore de “stimulation du système végétatif” qui innerve les viscères. Ou bien ils expliquent 3 : “que la douleur causée par la piqûre de l’aiguille est supérieure à la douleur interne pathologique et la fait disparaître,” ce qu’Hypocrate avait déjà exprimé : “De deux douleurs simultanées, la plus forte obscurcit la plus faible”. Singulière explication ! Ce n’est pas parce qu’une douleur chasse l’autre que l’organe malade est nécessairement guéri !

3 “La médecine chinoise”, Georges Blau, Ed. du Seuil, 1976, p. 112.

Ils expliquent aussi que la piqûre de l’aiguille libère des substances dont les effets en chaîne “soutiennent et stimulent l’effort de l’organisme dans son auto-défense.” Peut-être !

Autre explication : L’aiguille d’acupuncture cause un stress qui détermine une impulsion électronique… “apportant à l’organisme des ions négatifs dépolarisants et le déchargeant ainsi de ions positifs en excès.”

Que croire ? Qui prendre au sérieux ?

D’abord il faut relever ce fait singulier : les douze méridiens parcourant le corps humain de la tête aux pieds sont tenus pour des lignes de forces… hypothétiques. 4 On est donc bien loin de la science !

4 JAMA Suisse, tome 1, n° 7/81, p. 140.

Ensuite, il apparaît à la lumière de plusieurs études sérieuses : d’une part que l’efficacité de l’acupuncture n’est que légèrement supérieure à celle d’un placebo, 5 d’autre part que cette efficacité la range dans la plupart des cas parmi les analgésiques (supprimant ou atténuant la sensibilité à la douleur) et non parmi les médecines à même de guérir.

5 JAMA Suisse, tome 2, n° 4/82, p. 150.

Enfin, lorsqu’une équipe de chercheurs prétend avoir découvert le mode d’action des aiguilles utilisées en acupuncture, aussitôt d’autres chercheurs contestent la valeur scientifique de cette affirmation.

La simple vérité : les acupuncteurs sont bien loin d’être unanimes quant à leur propre science. Si les uns refusent toute explication hors le vocabulaire scientifique, 6 si d’autres n’ont aucun scrupule à y mêler l’astrologie, d’autres encore s’indignent qu’on puisse s’écarter des principes du Tao en vigueur depuis des milliers d’années. 7 De même, il y a désaccord : quant à l’usage d’aiguilles en acier plutôt qu’en argent ou en or ; quant à leur nombre, à leur grosseur, à leur longueur ; quant à l’usage des unes plutôt que des autres. Ces divergences apparaissent aussi quant à l’étendue de l’impact de l’aiguille, quant à la nature de l’énergie qu’elle met en mouvement. On tend maintenant à donner — sans certitude encore — des explications se réclamant non plus d’une énergie cosmique, mais d’un réflexe de la peau sous l’action des aiguilles. On attribue à une substance connue appelée endorphine, secrétée par le corps, en réaction aux piqûres, les effets bénéfiques de ces dernières. 8 Certains cherchent la solution du côté de l’hypnose, de l’auto-suggestion…

6 “Méthode de guérison ésotérique”, R. Schwarz, Rheinbeck, 1977, p, 36.

7 Cité par S. Pfeifer, “Gesundheit um jeden Preis ?” Brunenverlag 1980, p. 46.

8 Effet prouvé concernant l’analgésie par acupuncture.

Autre constatation embarrassante : l’implantation de l’aiguille, pour la même maladie atteignant le même organe, varie suivant le patient ou encore suivant l’état d’âme de ce patient.

Dernier recours dans l’espoir d’une explication valable : les recherches actuellement en cours permettraient qu’un jour prochain (!), on puisse interpréter scientifiquement les succès ou les échecs (il y en a aussi !) de l’acupuncture.

Après cela, comment ne pas dire avec le Dr Samuel Pfeifer : “Avouons que sur le plan scientifique en tout cas, l’énigme reste entière”. D’aucuns diront qu’elle est partielle !

Remarquons aussi avec lui que les aiguilles de l’acupuncteur sont sans effet dans les cas de maladies graves, telles les affections, les paralysies, les cancers, les scléroses. Au contraire — et là notre attention est éveillée — ces mêmes aiguilles agissent, en tout cas momentanément et à la manière de certains remèdes allopathiques, quand le patient a des troubles fonctionnels, donc en relation avec les tensions ou les perturbations de son psychisme.

Voilà qui oriente partiellement notre conclusion.

D’une manière plus ou moins heureuse dans ses effets, 9 l’acupuncture “scientifique” agit à la fois sur le système nerveux central et sur le système nerveux sympathique, moins peut-être par les aiguilles elles-mêmes que par les effets réactifs ou suggérés que produit leur implantation. Une telle pratique n’a en soi rien de répréhensible, en tout cas rien de diabolique dans la mesure, bien sûr, où celui qui l’exerce est un médecin… et non un praticien auto-didacte qui s’est découvert un don ou s’est trouvé un gagne-pain après quelques mois de formation. Car là nous sommes déjà à la frontière du charlatanisme, ou alors à la frontière de l’occultisme. Tout médecin sérieux le dirait avec nous, même s’il ne partageait pas notre scepticisme quant à l’aspect “scientifique” de l’acupuncture. Mais, en dépit de ces premières remarques positives, je ne saurais pour ma part recommander à qui que ce soit, chrétien ou non, le recours à l’acupuncture. Pourquoi ?

9 Des réussites là où la médecine classique a échoué : certaines allergies, sinusites chroniques, certains cas de tabagisme, etc.

Voilà qui oriente partiellement notre conclusion.

1. Parce qu’en dépit des avis favorables à cette médecine, elle comporte des risques rarement reconnus par ses praticiens. Interrogé par L. Lederrey, 10 le Dr R. Sarrasin, spécialiste ORL mais aussi acupuncteur à ses heures (il se dit en cela faux-frère aussi bien pour les Chinois que pour ses confrères occidentaux !) ne dissimule rien du caractère aventureux de cette médecine.

10 Journal de Pully, n° 43, du 19.11.82.

Il dit ouvertement que beaucoup d’acupuncteurs n’ont aucune formation de base alors que des soins à un malade impliquent un minimum de connaissances anatomiques et logiques dans divers domaines médicaux. Sans quoi on peut faire plus de mal que de bien, même des dégâts qui peuvent être considérables.

Il reconnaît que si l’acupuncteur agit sur trois systèmes différents (le système neurovégétatif, le système du sang, le système de l’énergie), on ne sait pas très bien ce qu’est exactement ce dernier ! Il avoue en parlant de l’acupuncture particulière qu’est la sympathicothérapie (stimulation punctée de la queue du cornet inférieur du nez) : “Ils ne savent pas très bien où ils vont dans ces explorations nasales… ils parlent d’heureux résultats… Qu’ils disent donc aussi un peu leurs échecs !”

Qui s’étonnera de la conclusion de l’interviewer à propos de cette thérapeutique : “Il faudrait aussi tenir compte du psychisme du malade, de l’horaire et de la saison du traitement acupuncteur, du thème astrologique du patient… et donc des cycles qui — selon les Chinois — joueraient un rôle déterminant dans cette pratique millénaire. Pas facile !”

Ces réflexions éclairent et corroborent les nôtres. Nombreux sont les acupuncteurs qui mêlent à leur tâtonnement scientifique des adjuvants occultes. Ils ont du reste de qui tenir ! C’est sous la plume d’une femme médecin qu’on peut lire : ‘De nos jours, le médecin a même perdu les clefs de cette science sacrée qu’est l’astrologie. Devenue “prétendu savoir”, cette grande Dame fait pourtant de plus en plus le trottoir, offrant, dénaturée qu’elle est, plus de maux que de sagesse. Il ne saurait en être autrement tant qu’elle restera complètement détachée des connaissances et du mode de penser qui doivent lui servir de contexte. Paracelse 11 était médecin astrologue accompli…” 12 En d’autres termes, médecine et occultisme ont à retrouver leur heureux compagnonnage.

11 Paracelse (1493-1541) est un des “pères” de la médecine se réclamant de correspondances entre l’organisme humain et le monde extérieur, donc cosmique.

12 “Deux visages de la médecine”, Catherine Monod, Ed. ALS, 1981, p. 60.

On s’étonne que des chrétiens avertis consentent à se soumettre à cette sphère d’action. Car, sous l’étiquette “cosmique”, ne se placent-ils pas dans la dépendance des Forces auxquelles le Christ est venu les soustraire ? Ne se découvriront-ils pas un jour liés par elles ? On reprendrait volontiers à leur adresse, la parole sévère de Paul aux Galates, enclins eux aussi à une telle dépendance : “Insensés, vous vous laissez envoûter”. Autre traduction : “Vous vous laissez ensorceler”. Le Christ et sa révélation sont sans accord possible avec les enseignements religieux de la philosophie orientale ou occulte. Les Eléments du monde usent de cette philosophie et de ses implications dites médicales pour garder ou ramener sous leur dépendance ceux que le Christ vient guérir et libérer.

2. Autre réponse (à supposer que le praticien ne recoure à aucun adjuvant occulte et admette d’user d’une pratique inexplicable scientifiquement) : parce que l’acupuncture n’est qu’un analgésique. A ce titre, elle peut atténuer certes la douleur, voire la supprimer momentanément. Mais c’est un leurre. Tôt ou tard, le patient se retrouvera avec son mal véritable que l’acupuncture aura contribué à masquer… peut-être même dangereusement.

On nous a rétorqué : “Vous traitez de la question avec légèreté et parti pris”.

Nous sommes tenus de répondre que le parti pris est d’abord chez les défenseurs de cette médecine. Ils agréent une théorie — celle du yin et du yang — et s’appliquent à nous persuader qu’elle est la seule à pouvoir expliquer les phénomènes de l’acupuncture. Pour l’accréditer, puisqu’elle est sans fondement scientifique, 13 ils rappellent “que toute connaissance scientifique est faite de vérités historiquement relatives”. Ils pensent démontrer ainsi qu’une hypothèse passagère “peut être satisfaisante pour une conduite thérapeutique”.

13 Leurs pratiques reposant sur les principes “binaire et quinaire” tendent à rééquilibrer le yin et le yang, donc tiennent compte d’une visualisation d’un corps psychique, selon une vision taoïste de l’univers.

Nous reconnaissons à tout “chercheur” entière liberté de faire des hypothèses. Nous nous étonnons par contre qu’elles soient publiquement présentées comme si elles étaient des vérités acquises et démontrées absolument.

Nous nous étonnons aussi qu’au nombre des défenseurs de l’acupuncture, tel docteur fasse confession de sa foi en “l’autorité suprême de la Parole de Dieu inspirée” et trouve parallèlement satisfaisante une conception générale du monde propre au Tao, source connue de la théorie du yin et du yang. 14

14 “Aimer et servir”, Bulletin de l’Union évangélique médicale et paramédicale, F-76230 Bois-Guillaume, 3e trimestre 1980, p. 12-19.

Nous reprenons volontiers à notre compte une remarque conclusive d’un article étudiant les procédés paramédicaux, l’acupuncture en particulier : “Les adeptes de ces méthodes, médecins ou guérisseurs, recherchent de nouveaux procédés ou propagent des notions dépassées de médecine populaire, dans l’espoir de pouvoir surpasser les résultats de la médecine scientifique… Trois faits y jouent leur rôle… et sont appliqués pour guérir des maladies internes : besoin d’aide, désirs pris pour des réalités et auto-suggestion. La référence à des pratiques inspirées de la sagesse orientale… l’invocation de la complexité infinie des processus psychosomatiques universels et de leurs dépendances cosmiques peut amener par suggestion les malades en quête de guérison à une dépendance totale. Inutile de discuter, la foi obnubile la raison.” 15

15 “Médecine et hygiène”, 40.3698-3705, 1982, C, P, 229, 1211 Genève 4.

Ce serait tomber dans la fausse objection que de comparer ces “pratiques médicales” à celles évoquées dans 1 Corinthiens (8.1-13). Dans cette épitre, Paul donne une claire réponse aux chrétiens inquiets à la pensée d’avoir à manger des viandes sacrifiées aux idoles. Cette offrande sacrificielle aux faux-dieux est un signe d’ignorance, leur dit-il, elle ne comporte en soi aucune conséquence. Nous ajoutons ;: il n’en est plus de même si, par le biais d’une “pratique médicale” nous requérons l’aide des Forces célestes. Une telle sollicitation ne reste pas sans effet. C’est pourquoi l’apôtre Paul concède la liberté de manger des viandes sacrifiées mais interdit de participer aux banquets idolâtres au cours desquels ces Forces sont invoquées.

Il y a lieu de relever ici que Paul saisit l’occasion de la question posée par les Corinthiens pour les instruire quant à l’existence réelle d’êtres faussement appelés dieux alors que, même s’ils ont qualité d’habitants célestes, ils ne sont que des créatures.

Dans un commentaire sur ce sujet, J. Ellul 16 écrit : “Ces faux-dieux et seigneurs… existent réellement. Ils font partie de ces puissances qui se prétendent toutes-puissantes ou salvatrices, etc. et qui attirent l’amour et la croyance religieuse des hommes. Ils existent… mais la représentation… sensible de ces puissances n’a aucune valeur. Je pourrais dire par comparaison : l’argent, lui certes existe, mais un billet de banque n’existe pas. Il n’est jamais qu’un morceau de papier. Et voici le paradoxe : Parce que l’idole peut faire entrer une Force spirituelle dans la réalité, dans le visible, dans le concret, elle n’existe précisément pas. Pour avoir tendu à obtenir une existence indiscutable (hors la Parole de Dieu qui la lui donnerait), elle n’a exactement aucune sorte d’existence. Elle n’existe pas, mais elle aliène celui qui la fabrique.”

16 “La Parole humiliée””, Jacques Ellul, Ed. Seuil, p. 100.

Et nous ajoutons : elle aliène celui qui recourt à elle comme à une Force confondue avec celle de Dieu.

Les réflexologies.

Nous l’avons dit, la réflexologie est une forme d’acupuncture, avec cette différence pourtant que les pieds et non pas le corps sont l’objet de massages particuliers. Ces massages s’accompagnent de pressions des doigts du masseur sur des endroits précis des plantes ou des côtés des deux pieds. Cette thérapie a la même origine que l’acupuncture et fonde ses données sur les mêmes principes, valables également en auriculothérapie (utilisation des zones-réflexes des pavillons auriculaires à des fins thérapeutiques). Le refrain est connu : Le microcosme est influencé par le macrocosme et vice versa. Agir sur l’un, c’est agir sur l’autre. Dans une partie de l’être se reflète le tout. Comme le pavillon de l’oreille, les pieds sont un des tableaux de bord de l’ensemble des méridiens sur lesquels circule la Ki énergie. Chaque organe y est inscrit et peut être atteint — littéralement manipulé — à partir de sa zone-réflexe pédieuse ou auriculaire.

De plus, on nous assure que dans la grande circulation universelle d’Energie cosmique, les pieds, par leur contact avec la terre, jouent un rôle à la fois de relais, de condensateur et de diffusion.

Et si vous interrogez pour savoir où se trouvent les canaux et ramifications conduisant des organes jusqu’aux zones-réflexes des pieds, on vous répond que la science matérialiste ne peut les discerner. On vous assure même que ce réseau emprunte parfois d’autres canaux que les méridiens de l’acupuncture.

A croire sur parole !

Comme il faut croire sur parole la déclaration de cette thérapie, savoir : toute maladie ou toute douleur est un appel d’énergie. Le réflexologue est le répondeur.

Fort bien ! Mais nous restons en droit de nous interroger sur les vraies qualifications de ces répondeurs. Surtout lorsqu’on sait que certains ont, pour tout bagage, une connaissance acquise après quelques semaines de cours pratiques en plus des études de médecine classique chez les uns, sans aucune formation médicale réelle chez d’autres. Au sens ambigu du terme, ne sont-ils pas des manipulateurs ? Au service du macrocosme dont ils se réclament, ne sont-ils pas, eux les premiers, les médiateurs manipulés par une Energie cosmique incontrôlée quant à sa nature ou à ses effets ?

Ce n’est pas de l’imagination. Le Dr Samuel Pfeifer, déjà cité, raconte dans son livre 17 que le “cours de massage de zones-réflexes des pieds” auquel il souhaitait participer n’eut pas sa visite. En effet, les deux Instituts auxquels il s’adressa lui offraient, en complément des renseignements donnés, la pratique de moyens occultes.

17 Opus cité, p. 66.

Il est notoire aussi que les guérisseurs recourant à des dons “fluidiques” ou “magnétiques” agissent par passe légère ou appliquées des mains sur le patient. Autre fait intéressant à noter : Certains maîtres réflexologues invitent leurs élèves à ne jamais appliquer la méthode sans une concentration permettant une efficacité agrandie de l’Energie passant au travers d’eux. Cette citation tirée d’un livre d’une célèbre réflexologue allemande dit l’essentiel de ce que nous déplorons : “Nous nous occupons de toute la personne du patient alors que ses pieds sont dans nos mains… C’est à la fois notre dynamique et notre rythme accordés à ceux du cosmos qui contribuent à réordonner le dynamisme et le rythme perturbés du patient… Il est important de savoir que l’attouchement des zones-réflexes des pieds n’est pas une action en réponse à un symptôme ou à une indication, mais une intervention agissant sur la personne tout entière considérée comme une entité énergétique”. 18

18 Marquardt H. “Reflexzone Arbeit am Fuss”, Heidelberg 1, p. 78, 63 et 65.

Certes il serait faux d’appliquer à tous les réflexologues les particularités de quelques-uns. Il n’en reste pas moins vrai que lorsque s’expriment les rares médecins intéressés à la réflexologie ou à l’auriculothérapie, ils nous disent à la fois la complexité, les limites restreintes, le caractère empirique de cette thérapie. Ils en font plus une technique de soulagement de certaines douleurs ou d’action momentanée sur les troubles fonctionnels qu’une véritable thérapie.

En d’autres termes, il est illusoire de compter sur une guérison par la réflexologie. C’est de la naïveté que d’attendre d’un amateur qui s’improvise réflexologue une intervention efficace. Mais quand elle le serait, il y aurait lieu de se demander sérieusement si, par les attouchements pédieux d’un tel thérapeute, nous ne permettons pas à ce dernier d’entraver notre vie spirituelle par des liens occultes. En effet, nous l’avons dit : l’Energie dite cosmique ou céleste n’est pas nécessairement neutre. En aucun cas, elle ne saurait être assimilée au magnétisme humain ou au magnétisme terrestre. Un tel réflexologue prétend conjuguer Energie et magnétisme. Une fois de plus, sous un vocabulaire trompeur, ces praticiens n’allient-ils pas leur activité à celle des Eléments, dominateurs de ceux qui ne reconnaissent pas l’autorité du Seigneur ? Nous pourrions citer ici le témoignage d’un couple chrétien à l’insu duquel un de leurs enfants fut confié au traitement d’une réflexologue. Leur fillette manifesta aussitôt des réactions psychiques et spirituelles qui révélèrent aux parents bouleversés l’action des Eléments manipulateurs. La réflexologue en était le médium inconscient mais efficace.

Les sophrologies, la méthode Coué.

Leur succès et leur crédit peuvent s’expliquer en partie par le besoin auquel elles semblent apporter une réponse heureuse. Ce besoin est à considérer sous son triple aspect :

D’abord un besoin de paix et de sécurité. Dans un monde angoissant à beaucoup d’égards, il est rassurant de se laisser persuader que la santé et le bonheur nous appartiennent, que la réussite est dans notre poche et que nous avons déjà sur le front les palmes de la victoire. Avec un tel billet dans la poche, le train de la vie peut nous emmener loin.

Les sophrologies nous l’affirment du moins.

Ensuite, même si l’expression peut nous étonner, un besoin d’être “materné”. Ce monde est rempli de violence et de mépris ; cette civilisation de fer et de béton nous opprime à peine avons-nous vu le jour. Ces grandes cages que sont tant d’appartements et ces grands couloirs par lesquels on en sort, conduisent à d’autres cages en fer que sont l’auto, ou le métro, ou le bus ; ils nous déversent dans de grandes boîtes que sont l’école, le bureau et l’usine. Dans ces allées et venues, aucune voix ne nous berce ou ne nous réchauffe. Et quand père et mère rentrent et auraient du temps pour nous — s’il leur en reste vraiment — leur voix est elle-même trop fatiguée pour que les mots qu’elle prononce soient communicateurs de la tendresse et de l’amour dont nous avons un besoin jamais assouvi. Dans la peau, dans le cœur, dans l’esprit, nous en sommes malades sans le savoir. Et voici qu’avec une voix douce, presque aimante, accompagnée parfois par une musique qui en accentue les résonances intérieures, quelqu’un nous dit des mots accueillants, des phrases berçantes, des paroles enveloppantes. Peut-être même n’en avons-nous jamais perçu de pareilles. Quel bien-être que de se les répéter, de se laisser convaincre de ce qu’elles disent, de se regarder dans le miroir qu’elles nous tendent et de se reconnaître en cette personne qu’elles nous décrivent et à laquelle nous aurions toujours voulu ressembler… !

Ainsi agissent les sophrologues.

Enfin un besoin de se réinstaller en soi. Si tant est que nous nous y soyons jamais trouvés ! Dans sa création, Dieu avait prévu le couple, la famille, la vie communautaire, sur la base d’un amour qui, ainsi encadré et ordonné, devait nous aider à nous identifier nous-même, à reconnaître notre originalité et à agréer celle des autres. Mais vous connaissez l’histoire de ce siècle qui divise, désunit, désagrège, démolit, nivelle, “matricule”, au point que les mots les plus beaux: père, mère, frère, sœur, ont perdu l’essentiel de leur contenu et de leur saveur ; ils sont remplacés par ceux de crèche, nurse, garde, animateur, technicien, surveillant, pion, et j’en passe… Nous en sommes malades. Et nous voici en compagnie de quelqu’un qui se propose de mettre en valeur nos personnes enfouies et mutilées, qui travaille à nous extirper de notre moi caché ou clair obscur, qui nous fait émerger dans une réalité dont nous apprenons à reconnaître les mouvements et les états jusqu’ici inconscients, à maîtriser sous toutes ses faces extérieures et intérieures notre notabilité. Jusqu’ici — et pour cause — nous l’avions méconnue.

Tels seraient les bienfaits des sophrologues.

Qu’y a-t-il à objecter ? Ne faudrait-il pas applaudir, encourager, développer même… ? C’est bien ce que font toutes les instances qui — devant un tel programme et de telles perspectives — veulent cet “office” et ne savent plus envisager de service public ou privé sans l’apport de la sophrologie !

Dans cette euphorie, au risque de peiner ou d’irriter des hommes ou des femmes que par ailleurs je respecte profondément, je ne sais s’il faut du courage ou du simple bon sens pour oser dire notre désaccord, agrandi à la mesure de tout ce que je lis, entends, constate depuis quelques années. Car ce n’est pas à l’instant d’écrire que, sous l’angle de la vérité et de la charité chrétiennes, m’est apparu à l’évidence le leurre des sophrologues.

Dans les limites de ces pages, je dois resserrer certains développements, condenser les remarques qu’il y aurait lieu non seulement de faire mais d’éclairer, d’étayer, d’illustrer par des exemples nombreux. Je les ramène donc aux quelques aspects que voici :

1. C’est dans un état d’acceptation passive créée par la relaxation, l’ambiance musicale, la tonalité de la voix du thérapeute, que le patient s’approprie des pensées et des sentiments qui, dans la “réussite”, deviendront des certitudes. Son état premier devient donc un état second, auto-suggéré par le patient lui-même ou introjecté par la suggestion de la personne traitante 19. En d’autres termes, le patient reçoit cette sorte de soulagement appelé une prothèse. Bien sûr, on peut agréer qu’à défaut de la guérison d’un membre, on se réjouisse d’avoir une prothèse. Mais, outre le fait qu’elle peut être fragile, provoquer tôt ou tard un phénomène de rejet aggravant l’état du malade, il me paraît nécessaire de remarquer que l’âme de quelqu’un — c’est-à-dire sa vraie personnalité — n’est ni une jambe, ni une dent, ni une rotule. Un psychisme “prothésé” est-il un psychisme guéri ? Et quand le patient le croirait, n’y aurait-il pas lieu de s’interroger et de se demander en particulier dans quelle mesure cette “prothèse” 20 ou “état second” sera l’obstacle majeur à la vraie guérison qui pourrait être proposée à ce “malade” par le Christ ?

19 La psychanalyse reconnaît l’action du psychisme du médecin sur celui du malade par l’intermédiaire du langage.

20 En ce sens également, les médicaments agissant sur le psychisme (psychotropes) sont des prothèses.

2. Parlons à la première personne : dans ce climat d’auto-suggestion ou d’intro-jection apparentée à l’auto-hypnose ou à l’hypnose tout court, j’insensibilise ou laisse insensibiliser progressivement mon état premier, anxieux, apeuré, hésitant, complexé, etc. — par un “nouvel état” que je déclare ou que le sophrologue déclare apaisé, confiant, assuré, libéré. La comparaison peut paraître irrévérencieuse envers les sophrologues : Je connais des patients qui, par nécessité, arrivent à ce “nouvel état” en buvant un ou deux wyskies ou trois verres de rouge ! On me dira que les remèdes sont aussi une drogue et qu’à suivre mon raisonnement, je devrais con- damner également toute forme de pharmacothérapie. Ce serait un sophisme. En effet, quand un patient prend une pastille, il sait — pour le moins devrait savoir — qu’il s’agit d’un adjuvant artificiel et momentané. Il en viendra à s’inquiéter s’il constate qu’il ne peut plus s’en passer. Mais ici, le patient, à longueur de séances, est persuadé que la parole qu’on lui communique n’est pas artificielle mais vraie. Même s’il est déplaisant d’évoquer cette frontière, l’insensibilisation d’un mal premier par une parole persuasive visant le subconscient touche à cette pratique inquiétante et de plus en plus répandue appelée le “lavage de cerveau”.

3. Il y a aurait beaucoup à dire sur l’importance de la douleur accompagnant l’apparition de la maladie. Outre sa gravité, le cancer comporte fréquemment cette traîtrise supplémentaire : il surgit et peut se développer absolument à notre insu. Très souvent, aucune douleur, aucun trouble ne l’a signalé jusqu’à l’heure où son effet est irréversible. Une âme malade, ordinairement, signale ses maux, même s’il arrive qu’elle se les cache à elle-même et en aggrave les effets en les refoulant. Le processus sophronique visant à s’opposer à la douleur, à en éliminer progressivement et volontairement la sensation ne tient-il pas de la médecine antibiotique (ce mot est équivoque, puisqu’en son sens premier il signifie : anti-vie, alors qu’en vérité, c’est la vie des bactéries qu’il s’agit de détruire !). Elle guérit momentanément mais contribue en même temps à modifier le terrain biologique, de manière telle qu’elle le rend parfois plus vulnérable à une nouvelle infection. Il existe aussi le cas bien connu des résistances bactériennes suscitées par les antibiotiques.

4. Cet état “second”, fruit d’une réussite du traitement, établit le patient dans une condition nouvelle qui, artificiellement, lui est devenue personnelle. On l’a même assuré qu’il est maintenant au bénéfice de possibilités qu’il n’avait jamais envisagées jusqu’ici parce que, en son état premier, certains crans d’arrêt propres à son caractère, à son tempérament, à son psychisme le lui avaient interdit. Aurait-il, par bravade ou orgueil, dépassé les limites de sa retenue intérieure, certains clignotants avertisseurs se seraient allumés au tableau de bord de son intuition naturelle. Quel change- ment véritable s’est donc opéré en lui ? Dans le meilleur cas, les troubles de son caractère ou les anxiétés de son âme ont été apaisés, mais par le traitement qu’il a suivi, il se trouve équipé d’un tableau de bord différent, n’enregistrant plus les signaux avertisseurs. La parole entendue l’a établi dans une sécurité et une confiance qui ont progressivement réduit au silence ses appréhensions ou ses réserves initiales. Cette même parole et ses suggestions ont éliminé les freins de sécurité de son être véritable. En apparence, il est en état de marche renouvelé. En fait, il n’y a plus de contrôle assuré. L’usure pourra s’installer à son insu, et la panne suivante sera sans doute sans équivalence jusqu’alors.

5. On doit aussi prêter attention aux remarques instructives du Dr Abrezol. La première : “Le sophrologue doit réaliser qu’il manipule la psyché de ses patients… Il doit être conscient de ses possibilités d’action en profondeur sur l’être humain…” La seconde n’est pas moins inquiétante : “Il se produit entre le sophrologue et son patient un échange énergétique difficilement compréhensible… Quelque chose passe de l’un à l’autre. Le sophrologue est directement investi dans la thérapeutique qu’il dirige… S’il est déséquilibré, l’énergie transmise à son patient est destructurante et nocive.” 21 Il n’est besoin ni de noircir le tableau ni de forcer notre imagination pour percevoir la dépersonnalisation du patient à laquelle peut conduire le traitement manipulateur. Et devant “échange”, voire “l’absorption du mal du patient” par le sophrologue (Dr Abrezol dixit), nous sommes alertés une fois de plus. Quelle peut être la nature de l’énergie transmise du traitant au traité ? Ce que l’homme pourrait insuffler de lui-même à un autre homme ne sera jamais que charnel au sens biblique du terme, c’est-à-dire contaminé ou altéré. Ces modifications de l’un par l’autre sont-elles une guérison ? Sous le couvert de ce mot magique — “la guérison” — ne sont-elles pas plutôt un leurre momentanément efficace, voilant l’aliénation qui en résultera, le sophologue ignorant lui-même la nature de l’Energie dont il est le médiateur ?

21 Bulletin “Sophrologie” n° 5/1980.

J’ai tout lieu de le craindre : A de telles remarques, on me répondra que les pasteurs — dont je suis — par leur parole, dans leur cure d’âme ou relation d’aide, eux aussi affirment, rassurent, certifient, convainquent, apaisent, exhortent, entraînent, soutiennent, persuadent, et je ne sais quoi encore…

Avec fermeté je ne peux que refuser pareille comparaison. Et si un pasteur en venait à donner son accord à la sophrologie, je l’en blâmerais, parce qu’à la faute d’y consentir, il ajouterait le blasphème de laisser croire que cette thérapie est chrétienne.

Qu’on m’entende bien ! Je ne suis le juge de personne. Je m’en prends à des méthodes, à des techniques, à leurs présupposés et à leurs effets, et non à des hommes ou à des femmes qui, de bonne foi et avec de bonnes intentions, se veulent au service des autres. Cette bonne foi, cette intention de servir le prochain, voire l’humanité entière, a été et reste celle du créateur de la sophrologie, le Dr. Caycedo. A Recife (Brésil), en 1977, il a prononcé une solennelle Déclaration des Valeurs de l’homme en 19 points. Il y fait “appel à toutes les personnes responsables qui veulent participer à la lutte pour la sauvegarde des valeurs de l’homme… à la recherche de nouvelles techniques capables d’une action préventive face à la désintégration que vit l’homme de notre temps, tant au niveau individuel que familial, social et collectif.” 22

22 “L’aventure de la sophrologie”, par Alfonso Caycedo, Ed. Retz, p. 204.

Au vu de l’importance que prête à la sophrologie nombre de responsables de nos Hôpitaux, Ecoles, Instituts d’éducation et de formation, il vaut la peine de cerner encore mieux ce qu’est cette technique, son origine et sa visée.

Dans sa biographie, M. Caycedo use d’une comparaison instructive : “Un débutant au jeu des échecs a tout d’abord la préoccupation d’apprendre les règles du jeu… Sa conscience n’a pas encore appris la pluridimensionnalité. Familiarisé avec le jeu, alors, brusquement son mental s’ouvre à la pluridimension, c’est-à-dire à la vision d’une série de coups possibles chez l’adversaire et dans sonpropre jeu…” 23

23 Opus cité, p. 23.

Application : “Les structures de l’individu sont telles que, éveillées, entraînées, développées, elles lui donneront une autre dimension, une possibilité de conscience extraordinaire digne de l’humanisme universel et transcendantal qui est la philosophie de la sophrologie.” 24

24 Opus cité, texte au dos de la couverture de la biographie du Dr. Caycedo.

Cette seule phrase est tout un programme… religieux, même s’il s’en défend !

Pour M. Caycedo, nous ne sommes plus des êtres asservis aux puissances du mal et de la mort. Nous ne sommes plus des “perdus” que par le Christ Dieu libère de leur condition mortelle et aliénée. Non ! A partir de nos possibilités métaphysiques et à condition de les développer, nous pouvons atteindre de nouvelles dimensions et ainsi échapper à celles qui sont présentement les nôtres. En fait, selon une vision hindouiste (donc païenne) de notre être, nous pouvons “conscientiser” les possibilités de notre corps et l’entraîner nous-même vers sa guérison et sa libération, plus encore, promouvoir une libération de l’humanité entière. Citons l’auteur : “La sophrologie considère l’homme comme un être indivisible, original et transcendant, doté dans les bases mêmes de son existence d’une force intégratrice de tous les éléments et structures psycho-physiques que nous appelons conscience… La dite conscience vit deux possibilités existentielles : une première qui est d’altérer ses structures et d’habiter le monde pathologique ; une deuxième qui consiste à développer, à conquérir des structures sous-jacentes pour construire et habiter le monde sophronique.” 25

25 Opus cité, p.48.

Si vous savez bien entendre, vous comprendrez que ce nouveau (?) monde est celui que nous allons construire grâce à la sophrologie. Dépassées et devenues caduques notre attente et notre marche vers le Royaume de Dieu !

Il est significatif du reste que la méthode nous donnant accès à ce monde sophronique soit la résultante d’une lente élaboration à l’école des maîtres qu’a suivis M. Caycedo en personne. Tout à l’origine : Platon ; 26 puis les techniques de l’hypnose, y compris celles d’une auto-anesthésie (par exemple avant l’extraction d’une dent ; soit dit en passant, c’est de là que vient l’intérêt de beaucoup de dentistes pour la sophrologie !) ; puis des techniques yogiques (vibrations, méditations, mantras) apprises aux Indes ; puis celles en relation avec la réincarnation, apprises chez les moines tibétains ; enfin celles du Zen apprises au Japon. M. Caycedo de nous dire : “Tant dans le yoga que dans le Zen, j’ai trouvé certains procédés d’une valeur extraordinaire, capables de développer la personnalité et, avec tout le respect qu’il se doit, je les ai adaptés à ma méthode de relaxation dynamique.” 27

26 Il est considéré comme le précurseur de la sophrologie. Homère déjà nous parle des trois formes de l’épodé (couplet lyrique formé de deux vers inégaux). La première est magique, c’est-à-dire exorcisante ; la deuxième demande l’aide de la divinité ; la troisième est utilisée par Platon dans son dialogue entre Socrate et la jeune Charmides. C’est une parole “beau discours”. M. Caycedo en fera une parole “dirigée” avec une intention curative à cet endroit où se joignent le mental et le corps (cf. opus cité ; p. 94)

27 Opus cité, p. 154.

Quand les sophrologues nous certifient que leurs techniques ne doivent absolument rien à la métaphysique orientale, sont-ils bien informés ?

♦ ♦ ♦

A ce sujet, une question importante doit être posée. La sophrologie a ses larges entrées en obstétrique et y développe différentes “Ecoles” au service de l’accouchement “sans douleurs”. 28 Ce n’est pas le lieu de décrire cet enseignement, mais c’est peut-être l’occasion de s’interroger quant aux risques possibles de la sophro-relaxation obstétricale.

28 “La pratique médicale”, n° 45/1982.

Nous ne mettons en cause ni la respiration contrôlée, ni l’heureuse et intelligente participation de la parturiente à la naissance de son enfant, et encore moins l’atténuation possible des douleurs accompagnant la dilatation et l’expulsion. Par contre, telle Ecole, dans les pratiques qu’elle propose, nous paraît engager ses élèves dans un chemin n’offrant plus les garanties d’une route sûre. Pourquoi ? Parce que ses enseignants ne nous cachent pas qu’ils obéissent à une “certaine mystique”. Ce que recouvre ce mot est assez particulier pour qu’on s’y arrête. On y apprend :

A entrer en “hypovigilance”, c’est-à-dire à entrer et à rester dans cette zone où disparaissent les notions d’espace et de temps qui nous ligotent dans la conscience ordinaire, mais en évitant de tomber dans le sommeil. A cet état sophronisé sera conjointe une représentation mémorisée des organes tels l’utérus et le col. Par une focalisation mentale, la parturiente agit sur ces organes (cette action consciente et dirigée est aussi pratiquée dans le yoga ou dans la méthode de Schultz). Comme le dit l’auteur de la méthode : “La conscience sophronique donne accès aux couches les plus profondes de la personnalité, les barrières deviennent “poreuses”, les cuirasses “vulnérables”. Et il ajoute : “Non seulement l’inconscient personnel, mais aussi l’inconscient collectif peuvent transsuder (faire irruption) dans le subconscient ou le conscient du sujet et intervenir dans les comportements, les symptômes et toutes les manifestations psychosomatiques. C’est un monde fascinant qu’il ne faut aborder qu’avec prudence…” 29

29 “La pratique médicale” n° 45/1982.

Que l’obstétricien lui-même reconnaisse les risques de la “vulnérabilité” qu’il a ainsi créée chez ses particuliers, cela est déjà symptomatique. Il mesure sans doute où peut mener et aboutir en la personne ouverte à cette “transsudation””, telle pensée, telle suggestion ou pression de quelqu’un ou de l’inconscient collectif représenté ici par l’équipe qui entoure l’accouchée au moment décisif. Ce qu’il ne dit pas nécessairement mais qu’il me paraît juste d’ajouter, c’est que cette vulnérabilité peut faire le jeu, combien dangereux lui aussi, des “esprits méchants”.

A cet envahissement possible, séducteur ou corrupteur, il faut ajouter tout ce que ce processus peut opérer au sens d’une modification du terrain psychosomatique de la personne.

En effet, dans cette “mystique, prennent autorité sur la personne, une liturgie de l’image conjointe à une musique appropriée et à une parole enregistrée sur bande (celle du sophrologue ou du mari préparé à ce service). Habituellement la relaxation a pour fin la détente, le repos. Ici, elle devient un moyen.

D’abord elle entraîne la rupture avec le monde extérieur (où la Parole créatrice et rédemptrice du Seigneur est à l’œuvre).

Ensuite, elle installe la personne dans un monde intérieur où l’image (“la représentation des choses”’) mentalement focalisée et chargée d’une efficacité quasi surnaturelle reçoit une valeur purement fictive puisqu’elle émane d’un mécanisme n’ayant d’autre réalité que celle qu’on veut bien lui donner.

Dans la durée, cet exercice renouvelé n’entraînera-t-il pas une modification de la psyché rendant progressivement la personne incapable d’entendre la vraie Parole qui, elle, sans image, met en relation le Dieu réel et transcendant avec l’être réel et immanent ?

♦ ♦ ♦

En conclusion, encore une fois en m’en prenant à des méthodes et non à ceux qui les utilisent, je dis ouvertement que la sophrologie m’apparaît telle une hasardeuse contrefaçon de la psychothérapie chrétienne. 30 En voici la preuve :

30 Cette remarque pourrait être faite aussi au sujet d’autres psychothérapies.

1. Dans son ministère et la part qu’il nous en confie, le Christ médecin libérateur n’endort pas le mal. Il ne l’ôte pas sans le dévoiler. Il en met à nu les racines, héréditaires, circonstancielles, délictueuses, déliquescentes, personnelles, conjugales, familiales, sociales, physiques, psychiques, spirituelles, charnelles, diaboliques. Il ne nous chloroforme pas afin que nous nous laissions faire et que tout se passe indépendamment de nous, voire malgré nous. Il nous appelle à une décision lucide, volontaire. Il requiert notre libre consentement et notre entière responsabilité.

2. Il est vrai que sa Parole guérit. Mais il s’agit bien de sa Parole. Notre responsabilité est justement de ne pas lui opposer la nôtre — faillible, limitée, impuissante — mais d’exprimer la sienne, véritable, éternelle, accomplie, opérante, éclairante, guérissante, purifiante, cicatrisante, régénératrice, apaisante, littéralement “probiotique”, si j’ose forger ce néologisme. Et il ne suffit pas que nous l’exprimions, même et surtout dans la puissance de l’Esprit. Dieu ne force aucune porte, ne viole ni ne manipule aucune âme. Il faut que notre interlocuteur “la reçoive comme une parole de Dieu qui agit en ceux qui croient”. 31 La sophrologie est une pâle imitation de ce ministère.

31 1 Thessaloniciens 2.13.

3. Il faut dire davantage : Elle en est une dangereuse contrefaçon. Elle est en effet la liturgie — encore une imitation — en musique et en parole d’une Energie qui ne saurait se réclamer du Seigneur et de son Esprit Saint mais qui cherche et trouve ses sources soit dans le magnétisme humain, soit dans l’inconscient individuel ou collectif, soit dans les Forces cosmiques dont nous avons révélé la nature asservissante. Ou peut être dans les trois à la fois ! Elle agit tel un dynamisme que l’on croit réparateur. Mais son action momentanée insensibilise le mal sans l’extirper. Progressivement elle modifie le terrain de notre être intérieur, le rend allergique à la seule vraie Parole qui est celle de Dieu, à la seule guérison que la grâce, en vérité et en esprit, apporte pleinement à ceux qui l’accueillent.

4. Nous devons le redire : nous ne voulons provoquer aucune suspicion envers qui que ce soit qui, séduit ou simplement intéressé par toutes les promesses des diverses sophrologies, en a épousé la technique, en est devenu l’instrument, l’élève volontaire ou obligé. En revanche, nous tenons pour aveuglés les chrétiens qui s’en feraient les propagandistes parce qu’ils mettraient sous la même enseigne la guérison, œuvre de l’Esprit Saint et la sophrologie. En ce cas, ils seraient davantage disciples de Monsieur Coué que du Seigneur. La méthode du premier donne la clef de la guérison non pas à la volonté de l’homme de s’en saisir lorsqu’elle lui est offerte, mais à l’imagination tenant pour vrai ce qui lui convient.

Et nous dirions victimes du même aveuglement des chrétiens qui consentiraient à l’auto-hypnose ou à cette “livraison d’eux-mêmes” au pouvoir d’un hypnotiseur, ce dernier fût-il même un médecin. 32 Pour dire les choses en peu de mots : comme ce malheureux enfant que je connaissais et qui a trouvé une fin tragique, ils jouent au jeu de la pendaison et découvriront un peu tard que l’énergie hypnotique les a en effet définitivement guéris d’eux-mêmes, mais pas de la manière dont ils l’entendaient.

32 Je n’ignore pas que l’hypnose, utilisée en psychiatrie, peut n’avoir aucun fondement métaphysique pour ceux qui l’utilisent et rester dans les limites des connaissances actuelles des phases de la conscience et du sommeil. Il n’en demeure pas moins que le recours à l’hypnose comporte des risques réels pour le patient. mais également pour le soignant !

Le Zen, l’Instinctothérapie.

Sa philosophie vise donc à remplacer un Evangile “impraticable et périmé”.

A entendre une telle réflexion, nous dirons que les adeptes du zen ont peut-être mieux écouté cet Evangile… que certains christianisés qui, eux, l’ont apprivoisé, domestiqué, occidentalisé, et, sous cette mouture convenable, le trouvent “praticable”.

A Monsieur Nicodème pourtant professeur en théologie, Jésus a dit : “Il faut que vous naissiez de nouveau”. 33L’Evangile n’est “viable” qu’à partir de cette régénération par le Christ. Notre guérison réelle, esprit, âme et corps, en est partiellement l’expression.

33 1 Jean 3.7.

A l’évidence, cela est différent d’un équilibre à trouver entre le yin et le yang. Mais il est bien connu que les spiritualités acrobatiques, par leurs exigences et leurs subtilités, plaisent mieux à l’homme que le pain ordinaire de l’Evangile. Car la médication des premières nous permet de tourner autour de nous-même. D’abord en nous assurant que nous sommes d’essence divine. C’est encourageant ! Et puis en nous invitant à nous dépasser jusqu’à nous promouvoir vers un Tout dont nous ne serions qu’une infime partie. Et c’est éblouissant ! Et cela nous épargne l’humble repentance et l’humble marche par la foi sans lesquelles, en effet, l’amour de Dieu, des autres et de nous-même est impraticable.

Disons-le aussi : Par les techniques du zen macrobiotique, nous nous occupons une fois de plus de notre “divinité” précieuse, de ses maux véritables ou de ses bobos ! Nous quittons le pain quotidien, la cuisine ordinaire, la table communautaire, pour rejoindre dès maintenant et à toujours la clinique culinaire où, par dosages savants et raffinés, nous entrons pour une durée indéterminée en état progressif de guérison et de divinisation !

♦ ♦ ♦

En toutes choses, retenons ce qui est bon. Entre le yin de “la bouffe” des uns et le yang de la “famine” des autres — ce qui les rend tous malades — il y aurait certes place pour une alimentation diététique. L’Evangile nous l’enseigne. Elle se résume en quatre recettes :

Premièrement, c’est “la foi et le contentement avec la piété” 34. Quelle que soit notre situation, notre vie ne tient pas d’abord à nos circonstances, mais au Seigneur.

34 1 Timothée 6.6.

Deuxièmement, c’est “la sobriété” qui a pour corollaire “l’hospitalité généreuse” 35. Elle est facteur de guérison puisqu’elle nous enseigne pratiquement le bonheur de donner. C’est en effet revigorant !

35 1 Pierre 4.7-9.

Troisièmement, c’est la liberté de “manger de tout, car la terre et tout ce qu’elle contient sont au Seigneur”. 36 Avis aux fervents disciples du régime x ou y, anxieux à la simple idée de le transgresser, obnubilés par les grammes à prendre ou ne pas prendre, colporteurs et témoins infatigables de ces régimes… plus que du Seigneur !

36 1 Corinthiens 10.25.

Quatrièmement, “l’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu”. 37 Ce petit-déjeuner là nous garde dans une ligne elle-même facteur de bonne santé !

37 Matthieu 4.4.

Avouons que les chrétiens négligent souvent cette diététique et s’en trouvent effectivement malades. Aller chercher dans le zen macrobiotique le remède à leurs maux est un “dopage” supplémentaire qui insensibilise au vrai mal et, sans le guérir, modifie le terrain que Dieu voulait assainir.

La clinique culinaire du zen, comme l’instinctothérapie de M. Burger, sont des légalismes. Rien de plus. Ils nous asservissent aux Eléments du monde. Ils disent : “Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ; tout cela pour des choses qui se décomposent à l’usage et qui sont des commandements et des doctrines d’hommes… Ils font figure de sagesse alors qu’ils ne contribuent qu’à la satisfaction de la chair”. 38 Quand cette chair naturellement religieuse est ouverte aux Forces cosmiques, elle s’endurcit et devient imperméable à l’Esprit Saint.

38 Colossiens 2.23.

Les chrétiens sont souvent inconséquents, irréfléchis. Le Christ est venu affranchir l’homme de son asservissement aux légalismes, y compris celui des nourritures et des régimes religieusement observés. Faire du zen macrobiotique ou de l’instinctothérapie des démarches favorisant la libération en même temps que la guérison de l’homme mortel, c’est se moquer de l’Evangile du Seigneur, c’est remplacer la grâce et la foi par des œuvres culinaires, et le pain de vie descendu du ciel par des nourritures terrestres.

La scientologie.

Entre toutes les philosophies religieuses à l’arrière-plan des médecines parallèles, celle dont se réclame la scientologie répond en tout point à cette définition : “L’imagination seule est au pouvoir”. En effet, cette médecine part d’a priori déclarés vrais. Objecterez-vous que l’expérience prouve l’inanité de ces a priori, il vous sera répondu que votre objection à elle seule atteste combien vous avez besoin de la scientologie. Car vous êtes “déréglé”, c’est-à-dire : votre “réactif” est malade. C’est ainsi qu’un échafaudage de raisonnements établis à partir de prémisses aussi gratuites qu’incontrôlables est déclaré juste. Exemple : Quand vous dites que la mort existe et qu’il serait insensé d’en nier la réalité, il vous est répondu : l’homme étant un dieu en devenir, il ne peut pas mourir. La réalité n’est pas ce que vous voyez, mais ce que je vous dis.

Il faut avouer que semblable pilule vous reste à la gorge, même si l’on vous recommande de l’avaler avec un gros verre de crédulité.

Cela dit, ce serait nous montrer superficiels à notre tour que de ranger la scientologie dans les rayons avoisinant la Méthode Coué ou le Training autogène de Schultz. Il ne suffit pas non plus de montrer ses ressemblances avec la sophrologie et de déclarer qu’elle en est une imitation structurée par d’autres techniques. On peut dire cela, certes, mais ce n’est pas l’aspect le plus controversé de cette prétendue médecine.

C’est sous deux autres aspects que nous devons en dénoncer les méfaits. Tout en prétendant soigner les gens, elle anesthésie leur conscience et travaille à les “déresponsabiliser”. Autant dire qu’elle en fait à toujours des infirmes. Voyez plutôt.

1. “Vous êtes né bon”. Ce certificat d’origine, à vos propres yeux ne tient pas ses promesses. Vous le voyez au contraire entaché de vilenies de toutes sortes et quelquefois de la pire espèce. Vous en souffrez. Pour le moins, vous en faites souffrir les autres.

Tranquillisez-vous. Vous n’y êtes pour rien. Votre “analytique” originel, de qualité irréprochable, est toujours actif en vous. Ce que vous voyez “entaché de vilenies” ne tient pas à lui, donc pas à vous ! C’est votre “réactif” qui s’est émotionnellement déréglé. Sinon à votre insu, en tout cas malgré vous, il marque de son empreinte délétère votre bonté naturelle. Que faire ? Reconnaître vos torts ? Avouer votre méchanceté ? Confesser votre goût inné pour la suffisance ou votre penchant naturel pour le mensonge ? Ce serait encore un signe du dérèglement de votre “réactif”. Laissez-vous au contraire entraîner par la “dianétique” proposée. Bientôt vos états psychiques et leur conséquence douloureuse au niveau “biologique” conscient et physique seront progressivement apaisés. Vous aurez une compréhension corrigée de vous-même et ne tarderez pas à goûter à la libération attendue. Ce qu’avec tourment d’esprit vous teniez pour des vessies, à la gloire de M. Hubbard et pour votre béatitude sera transformé en lanternes !

2. Mais il y a mieux. Car ce n’est là qu’une guérison superficielle. Vous n’avez fait que les premiers pas de votre rétablissement. Par une erreur encore imputable à votre “réactif”, vous avez cru que vous étiez une petite lumière sur la terre. Erreur ! Laissez-vous soigner encore. La “dianétique” aura l’effet d’une fulguration de votre pensée et vous amènera à la vérité entière : Vous êtes un candélabre dans le ciel !

Et ce n’est là qu’une parole bien imparfaite des résultats auxquels conduit normalement la scientologie. Car sa “dianétique” a pour vertu première d’abréger le cycle des réincarnations qui vous guérissent de votre “humanité” et de vous intégrer plus rapidement à votre “analytique” d’essence divine, vous assurant dorénavant déjà sur la terre, la maîtrise de votre présent et de votre avenir.

Simple question : Est-il nécessaire d’épiloguer longuement sur de telles données ? Je veux bien qu’on dise de la bêtise humaine qu’elle est la mesure de l’infini. Notre étonnement toutefois, c’est qu’une telle philosophie trouve des adeptes. C’est que des gens en difficulté de vie usent des deniers de leur détresse pour consentir à de tels traitements, s’entraîner à de telles techniques.

Il va sans dire que l’Evangile contredit absolument de telles données. Il nous déclare créatures d’essence humaine et non divine. Il nous révèle la cassure originelle dont nous sommes effectivement tous malades et dont la création tout entière souffre avec nous. Il met tout en œuvre pour alerter notre conscience, notre intelligence, notre cœur, notre esprit et même notre corps, de l’état mortel qui nous aliène et de la responsabilité que nous portons tous solidairement. Il met tout en œuvre également pour nous assurer, par le Christ et sa Parole, d’une entière guérison. Nous sommes personnellement responsables de la vouloir, de nous en saisir avec ses effets, parfois momentanément limités, parfois immédiats et complets, de toute manière prometteurs de conséquences universelles et éternelles.

Il dénie absolument que nous soyons animés d’une vie divine altérée, guérissable par la dianétique et, au besoin, récupérable par des réincarnations successives.

La scientologie se garde du reste bien de nous expliquer comment et pourquoi notre essence divine et notre bonté originelle se sont altérées et comment et pourquoi il a fallu tant de siècles d’histoire pour que naissent M. Hubbard et la scientologie capables enfin d’inverser le processus.

Cette vision de l’homme et de son histoire est un leurre. Elle est un mythe, paré d’un langage modernisé, à la fois philosophique, religieux et psychanalytique.

La scientologie est à sa manière un antalgique. Psychiquement, elle assourdit la douleur et laisse croire au déclenchement d’un processus de guérison. Telle la cocaïne, elle excite mais en même temps stupéfie. Ses techniques d’injection du mythe et la “déresponsabilisation” qui l’accompagne jusque dans le subconscient, préparent le patient à un “réactif” en effet parfaitement corrigé. Il sera capable dorénavant de nouvelles décisions. Elles ne seront plus les siennes propres. Je discerne que les techniques utilisées le mettent en symbiose avec les Pouvoirs qui se prétendent divins alors qu’ils ne sont que célestes. 39 Les Eléments, leur “loi”, leur “esprit”, ne mêlent-ils pas leurs exigences aux lois divines et humaines, qui en- traînent le patient sur un chemin de libération illusoire ?

39 Tout ce qui est céleste n’est pas nécessairement divin.

La scientologie nous promet une promotion à un état divin. Sa philosophie de l’existence et ses guérisons assoient l’homme à la table vide d’un faux dieu dont M. Hubbard est le prophète.

Le yoga et la Méditation Transcendantale.

Nous avons hésité. Fallait-il, ou non, au vu de la brièveté de notre propos, retenir l’attention du lecteur sur ces deux techniques de la maîtrise de soi et de la guérison? Ne fallait-il pas simplement renvoyer les personnes intéressées aux deux livres 40 qui, de manière approfondie, traitent largement de ces sujets et donnent toutes les informations souhaitables ?

40 Editions Ligue pour la lecture de la Bible : “Non au yoga” Maurice Ray.
“Radiographie chrétienne du yoga, de la M.T. et de la réincarnation” Denis Clabaine.

Deux raisons majeures nous incitent à maintenir ces paragraphes en dépit de leur brièveté.

Premièrement, la propagande en faveur du yoga et de la M.T., largement soutenue par les media, laisse croire à toute personne mal informée qu’il s’agit d’une gymnastique du corps et de l’âme. Elle apparaît même d’autant plus recommandable qu’elle est présentée d’abord comme une forme d’éducation physique et psychique qui équilibre à tous égards, ensuite comme un remède souverain pour ce risque ou ce facteur de maladie connu de toutes les couches de la population laborieuse et studieuse : le stress. Mais une étiquette aussi hautement colorée et accrocheuse correspond-elle au contenu ?

Deuxièmement et devant cette dernière question, nos lecteurs mal informés, n’ayant nulle connaissance de ce que disent les deux livres parus sur ce sujet, pourraient déduire de notre silence que yoga et M.T. ne sont pas du nombre des panacées en vogue et à suspecter.

En réalité, elles sont au nombre de celles dont il faut se détourner absolument. En dépit de toutes les vertus dont elles se parent et de tous les exemples et témoignages positifs par lesquels elles se prétendent recommandables.

Le yoga n’est pas une gymnastique. Il est un ensemble de postures étudiées et exercées à des fins précises : une captation (ou réception des ondes) de l’Energie céleste appelée “prana”, en concomitance avec une respiration elle aussi captatrice de ce même “prana”, réglée de manière à communiquer cette énergie vivifiante à toutes les parties de notre corps, à chacun de nos organes en particulier. Mais, parallèlement, le yoga nous entraîne, par étape, vers une extase ultime, sorte d’explosion de soi-même caractérisée comme une fusion de notre être dans l’unique et multiple Dieu Impersonnel qui n’est “ni Dieu ni non Dieu” mais l’“Eternel Absolu” dont l’impassible Bouddha est le reflet pétrifié.

In cauda venenum ! 41 L’expression est ici à sa juste place, sauf qu’en l’occurence la pointe n’est pas l’aboutissement d’un ensemble de données nous injectant finalement et à notre insu le poison qu’elle comporte. Non! La pointe est au départ; au périnée, à la hauteur de notre coccyx. Là serait lovée une énergie dénommée kundalini, en attente de libération. Le yoga la lui apporte et l’accompagne dans le cheminement extatique auquel elle conduit. Quand, après sept étapes — notre colonne vertébrale en recèle les paliers ou chacras — elle atteint la huitième (au sommet du crâne), la fusion avec l’Etre universel est consommée.

41 Dans la queue, le venin !

Cette kundalini, déjà dans son état latent aux effets limités, a son propre dynamisme néfaste. L’Ecriture nous en avertit : “La chair a des désirs contraires à l’Esprit… L’affection de la chair, c’est la mort”. 42 Car cet état naturel est un état souillé, corrompu et corrupteur. Jésus-Christ ne nous appelle pas à spiritualiser la chair. Il nous appelle à nous en séparer, à la laisser à la place définitive qu’il lui a attribuée : crucifiée avec lui sur la croix. A la place de la chair, il nous offre d’accueillir en lui donnant pleine autorité : l’Esprit Saint qui rend à notre esprit, à notre âme et à notre corps l’intégrité de santé, de vie et de liberté à laquelle nous aspirons tous.

42 Galates 5.17 ; Romains 8.6.

En dénégation à cette révélation évangélique, le yoga comme la M.T. visent la divinisation de la chair. Par la respiration, les poses, les mantras, assujettissant l’esprit, l’âme et le corps à cette visée, l’homme est appelé à devenir un “surhomme”, finalement un petit dieu qui fusionne avec l’impersonnel Dieu.

En réalité, sublimer la chair et la conduire à l’extase, ce n’est pas parvenir à un état de haute spiritualité, c’est au contraire parvenir à cet état de haut angélisme dont Pascal a dit justement qu’il était la fusion avec la bête, imitation satanique de l’Agneau qu’est le Seigneur. Précisons-le encore : en aucun cas et sous aucune forme, notre rachat et notre promotion à l’état d’homme rempli de l’Esprit ne nous identifient avec Dieu. Par grâce et non par nature, nous communions avec le Créateur qui nous réconcilie avec lui et avec toute sa création. Mais cette communion nous laisse à notre place d’homme et ne nous confère aucune divinité. De plus, nous sommes en communion d’amour personnel avec un Dieu que nous connaissons aussi dans la richesse de sa personnalité : Père, Fils et Saint-Esprit, et non avec la Vacuité silencieuse et éternelle de son Essence Impersonnelle.

Mais le poison du yoga et de la M.T. s’inocule aussi d’une autre manière : au niveau du corps et de l’âme par les poses et la respiration, au niveau de l’esprit par les mantras et les yogas du rite et de la connaissance. Le patient qui souffre de ses complexes d’infériorité, de ses difficultés relationnelles, de ses angoisses devant son sort mortel, s’entend promettre l’acquisition de pouvoirs supérieurs. Il lui est assuré la possibilité de se maîtriser psychiquement, la faculté de se dépasser en retrouvant, avec l’équilibre et la santé, une harmonie qui le rendra participant d’une existence éternelle.

Une seule condition : parvenir à un état de médiumnité, c’est-à-dire travailler à passer de l’état déterminé qui est naturellement le nôtre à un état dépersonnalisé, désintégré. Comme le disait l’exemple cité, passer d’un état conscient à un état d’absence ou de vide de soi, d’un état solide à un état gazeux. Par ce processus dont les exercices yogiques ou encore les répétitions de mantras sont le mécanisme, on parvient à l’extase, c’est-à-dire à cette condition où notre être tout entier passe sous contrôle non plus de la conscience, mais du subconscient, non plus de la force de notre volonté propre, mais de la force de la volonté énergétique cosmique.

Le tour est joué, et il n’est pas besoin d’être grand clerc pour en comprendre l’astuce. L’anesthésiant s’avère rapidement efficace. Une béatitude relaxée, dé-stressée, dé-contractée, pour un temps limité en tout cas, résulte de cet euphorisant. Les adeptes du yoga et de la M.T. le reconnaissent et même s’en réjouissent. Progressivement apaisés, détendus, ils sont véritablement entrés dans une nouvelle condition d’existence. Ils ne sont pas encore dans le ciel. Ils sont sur la terre, mais baignent dans un état céleste intériorisé qui, tout en les dominant, les soustrait à la réalité et les harmonise avec les Forces cosmiques.

Un lion en cage, en effet, a perdu tout stress. Il peut vivre décontracté. Son avenir est assuré. A tous égards. Mais un lion en cage est-il encore un lion ? Les dompteurs l’assurent. Les vogis et autres Maharischis certifient aussi à leurs patients que le cirque cosmique est leur vraie liberté. Il y a de singuliers rapprochements à faire entre un yogi en pose de lotus ou d’arbre… et un lion drogué (dompté) assis sur un tabouret, les pattes en l’air, salué par les applaudissements des spectateurs. Les Eléments du monde organisent bien leur spectacle !

Il est tout de même dérisoire d’avoir à faire un tel constat et de se souvenir en même temps de l’autre réalité. Jésus-Christ est venu en ce monde pour affranchir l’homme et, en le guérissant, lui rendre le goût de l’aptitude à une liberté responsable. A cet effet, il a mené bataille contre les Forces et les Puissances célestes acharnées à enfermer l’homme dans un déterminisme aliénant et mortel. Et l’apôtre de dire : 43

43 Colossiens 2.13-15.

Avec Christ Dieu nous a rendu la vie.
Il nous a pardonné toutes nos fautes.
Il a annulé le document accusateur que les commandements de la
loi divine retournaient contre nous.
Il l’a fait disparaître.
Il l’a cloué à la croix.
Il a dépouillé les Autorités et les Pouvoirs célestes.
Il les a publiquement livrés en spectacle.
Il les a traînés dans le cortège triomphant de la croix.

Et que voyons-nous aujourd’hui ? Une réalité inverse. Les hommes se détournent de la vérité pour croire au mensonge et apportent à l’enseigne du yoga et de la M.T. cette démonstration : sous l’autorité des Eléments, avec l’applaudissement des media et même parfois l’approbation d’ecclésiastiques, ils se laissent berner jusqu’à devenir, par leurs poses, leur respiration contrôlée, leur récitation rituelle de mantras, les acteurs consentants d’un spectacle attestant leur aliénation et la revanche des Forces célestes vaincues par le Christ.

En conclusion, citons Denis Clabaine : “Tous les programmes de ces Forces ‘nirvaniques’ sont des programmes de désévolution, de destructuration, de dissolution, de la différenciation propre au vrai moi et à tout ce qui est qualitatif. C’est comme si l’on introduisait une horloge ou une automobile dans un haut fourneau: ça c’est de la fusion ! Mais il ne faut pas demander ensuite le moindre service à la mécanique une fois fondue. Les techniques du nirvana (Forces cosmiques) sont des hauts fourneaux du psychisme. Toute proportion gardée, bien sûr. La substance de l’âme et ses facultés essentielles sont indestructibles. Et le corps ne peut être trop mal mené sous peine de mort trop rapide. Mais il peut y avoir entre l’âme et le corps ce type de divorce qu’on appelle l’aliénation ; et les formes et degrés en sont fort divers, depuis la banale distraction jusqu’à l’hébétude et la catalepsie. Les belles spéculations métaphysiques de l’hindouisme (et compagnie) pâlissent quelque peu quand on les voit sous leur véritable jour. Quand Dieu a dit : “Que la lumière soit !”, il a séparé la lumière des ténèbres… Il a ensuite séparé “les eaux d’en haut” et “celles d’en bas”. Il a séparé la mer et la terre, etc. Le vieux serpent veut toujours séparer ce que Dieu a uni, mais aussi unir ce que Dieu a séparé : il fait toujours le contraire de Dieu. Et en tâchant, si possible, d’avoir l’air de faire ce que Dieu fait.

Le yoga est l’un des moyens les plus efficaces pour éteindre la lumière de Dieu dans une âme. On ne s’en méfie pas, car il ne semble hostile ni à Dieu, ni au Christ. Mais il “pompe l’air” de l’âme et la lumière de l’air avec lui. L’âme perd sa ressemblance avec le vrai Dieu dont elle ne reçoit plus la lumière, et qui lui devient totalement étranger et inaccessible. Tandis que le serpent (à l’arrière-plan des Forces cosmiques) lui en tient lieu et l’entortille à sa ressemblance et à son image…” 44.

44 “Radiographie chrétienne du yoga”, Ed. Ligue pour la lecture de la Bible, p. 130-132.

Les Rosicruciens.

Il pourrait paraître étonnant que nous rangions ce mouvement à l’enseigne d’une “médecine”. De toute évidence, elle n’en est pas une. Elle est avant tout une philosophie et une religion.

Nous avons cependant de bonnes raisons d’en laisser apercevoir ici quelques aspects. L’une d’elles tient au fait que notre information sur les médecines parallèles sera lue par de nombreux chrétiens africains. Or, le continent noir est sans cesse confronté au mouvement A.M.O.R.C. (“Ancien et mystique ordre rosae crucis”) et parmi les chrétiens beaucoup se sont laissé séduire par ses propositions alléchantes.

L’âme africaine, en cela semblable à celle de beaucoup d’Européens, est naturellement intéressée aux pouvoirs de la sorcellerie appelée “magie blanche”. Là-bas comme ici, elle tient une grande place dans la médecine populaire. Et les Rosicruciens sont vivement intéressés au développement des pouvoirs parapsychologiques, au service, disent-ils, d’une guérison de l’homme, également au maintien de sa santé. De fait, ses orientations nous invitent à une compréhension approfondie de nous-même, de nos besoins psychiques et spirituels, dans le cadre et par le recours simultané d’une part des Energies cosmiques, d’autre part des pouvoirs latents qui sont en l’homme.

Dans une époque où le désarroi est la règle générale, comment ne pas s’intéresser à une métaphysique qui vous assure :

De quoi mettre au cœur de tout homme souffrant le désir de ces médications, valables même pour les bien-portants !

Pour ne rien cacher, précisons qu’une des raisons du succès de ce mouvement, c’est que tout adhérent ne voit sa candidature agréée que s’il consent à l’initiation préalable, laquelle le met au courant de secrets révélés aux seuls initiés. Le voilà promu au rang d’une élite. En soi seul, c’est attirant. Pour le moins, la sottise humaine le croit, celle d’Afrique autant que celle d’Europe.

On s’étonne que des chrétiens puissent mordre si facilement à l’hameçon rosicrucien.

D’abord parce qu’au niveau de la simple vérité historique, ses affirmations concernant les origines des Rosecroix et leur haute tradition assurée universelle reposent sur des déclarations péremptoires mais sans preuve aucune. Un exemple tiré de la “Profession de foi rosicrucienne de San José” (1930) dont les sept articles commencent par : Je sais et non je crois : “L’homme est un segment de l’âme divine, à travers des incarnations successives.” Et tout ce qu’ils prétendent savoir de Jésus est à l’enseigne — tenez-vous bien — de “la vérité simple et précise qui découle de toutes les archives rosicruciennes”, secrètes bien entendu !

La “magie blanche” — soit les techniques de guérison de certaines médecines parallèles — sans user de ce vocabulaire, recourent en fait aux mêmes principes de communication et de collaboration avec les Forces cosmiques.

Pour la plupart, elles s’interdisent ce langage d’initiés ou apparenté à une quelconque religion. Elles veulent garder leur force de crédibilité et pour cela mettent en valeur avant tout leur apparence purement scientifique. Leur vocabulaire évite donc toute coloration métaphysique et se limite à la description détaillée de techniques d’intervention.

Cependant, il leur serait difficile de faire totalement abstraction de ce qui déborde du cadre de la stricte rigueur scientifique. Aussi, à défaut d’explication, emploient-elles l’affirmation. L’existence des “Forces cosmiques” est constatée et cataloguée à l’arsenal des causes. Elles sont du reste actives et nul ne saurait le nier. Après quoi, on décrète, une fois pour toutes, comme feu Monsieur le Professeur Monod, que tout tient du “Hasard et de la Nécessité” et que les mots ayant été prononcés, la réalité leur correspond nécessairement. La Science est Dieu, n’est-ce pas, et quand elle perdrait un peu de sa Force, on la revigore en agréant qu’elle soit un peu ésotérique sans pour autant perdre même une bribe de sa pure qualité scientifique.

Les Rosicruciens n’ont pas ce réflexe de pudeur… ou plutôt de fausse honorabilité. Ils ont certes, eux aussi, forgé pour leur usage un très beau mot. Ils parlent de ‘l’Egregore”, d’un “rassemblement des entités terrestres et célestes”. Mais ils ont le courage et la loyauté de reconnaître que ce Haut Conclave formé d’Autorités invisibles peut agir sur la terre en collaboration avec des personnes qui se prêtent volontairement à leur action. Elles la recherchent même. Aussi, les Rosecroix disent-ils ouvertement ce que d’autres refusent de reconnaître, par exemple que le magnétisme humain, limité dans ses effets, peut recevoir en retour d’un compagnonnage avec les Entités célestes une dynamisation exceptionnelle, aux conséquences exceptionnelles elles aussi.

Et ce secret initiatique est la note générale non seulement de toutes les doctrines mais de toutes les activités du Mouvement.

Comment donc des chrétiens peuvent-ils concilier ce secret avec leur foi en Christ qui, lui, déclare : “J’ai parlé ouvertement au monde, j’ai toujours enseigné… et je n’ai rien dit en secret”. 45 Que n’entendent-ils l’apôtre Paul s’écriant : “Nous avons dit non aux procédés secrets. Nous ne falsifions point la Parole de Dieu. C’est en manifestant la vérité que nous cherchons à gagner la confiance de tous les hommes…” 46

45 Jean 18.20.

46 2 Corinthiens 4.20.
Ces deux citations pourraient être mises en exergue à l’ensemble de mon livre !

Las ! Quelle communion entre l’Evangile offert à tous, sans distinction de race, de classe, de titre, de personne, et cette métaphysique “supérieure à tout ce que peuvent enseigner les religions courantes” et accessible à une seule élite ?

Quel rapport des chrétiens pourraient-ils jamais établir entre le Dieu de Jésus-Christ et le “Dieu ÉNERGIE infinie, Conscience Universelle qui réside en toutes ces choses” ?

Quelle commune mesure trouveraient-ils entre Jésus-Christ fils du Dieu vivant et le Jésus rosicrucien (Joseph de son vrai nom) “initié aux techniques spirituelles du Thibet, des Indes et de l’Orient en général… réchappé de la croix grâce à l’intervention ultime de Pilate et réanimé grâce aux Forces cosmiques des médecins esséniens ?”

Comment des chrétiens peuvent-ils célébrer Vendredi Saint et Pâques et professer que, selon une loi universelle de compensation (appelée le kharma), l’homme pécheur doit se racheter dans cette vie déjà, et s’il le faut par une ou plusieurs réincarnations où il paiera le solde de ses culpabilités ?

Mais ce qui nous paraît devoir être relevé plus particulièrement ici, c’est l’affirmation, non secrète celle-la, que les membres de l’Ordre et leurs maîtres sur la terre sont en communication avec le conclave (l’Egregore) supraterrestre de Maîtres invisibles et hiérarchisés. Ce “sanctum céleste” serait “un point focal des radiations cosmiques de santé, de paix, de joie et d’éveil intérieur”.

Le magnétisme physique est une réalité terrestre. En parapsychologie, il caractérise la transmission de pensées déclarée “cosmique”’. Cela fait scientifique, et c’est rassurant pour les naïfs. Les Rosicruciens, eux, n’en ont cure, car dans ce domaine ou dans d’autres, ils disent ouvertement recourir au “conclave des Puissances invisibles”.

L’Ecriture a donné leur véritable nom à ces Puissances et a souligné leur autorité et leur capacité d’action. Mais, contrairement aux Rosicruciens, elle nous invite à ne jamais requérir leur appui, parce qu’il se solde au prix que nous connaissons : notre aliénation.

Le crédit d’honnêteté que nous avons attribué à l’A.M.O.R.C. ne nous fait approuver pour autant ni ce mouvement, ni sa doctrine, ni son recours à l’astrologie et à la magie blanche au service du maintien de la santé du corps, de l’âme et de l’esprit. Tout au plus nous aide-t-il à mettre en lumière ce que sont les Forces cosmiques dont se réclament les médecines parallèles, mais sans l’étiquette d’Egregore ou d’Entités célestes que leur accolent les Rosicruciens.

Ces derniers nous disent, par expérience renouvelée, que “le point focal des radiations cosmiques” est ouvert à qui désire entrer en contact avec lui. La médiation du Seigneur n’est pas requise. On voit mal, en effet, comment le Seigneur, qui a triomphé de ces Puissances et les tient captives de sa volonté, deviendrait l’intermédiaire de leur concours. C’est donc avec le seul appui de sa propre volonté que l’adepte peut rechercher cette énergie. Les Rosicruciens nous assurent qu’une fois le contact obtenu, tout adepte reçoit “un influx d’illumination et d’inspiration qui établit et main- tient une liaison permanente entre lui et sa conscience cosmique… Dès lors il est même imprégné d’un pouvoir aux effets régénérateurs aussi bien du corps que de sa pensée”.

On ne nous cache rien, là non plus. Sauf qu’on ne nous dit pas le véritable prix payé pour cette imprégnation et cette liaison dorénavant permanente : notre être conscient et responsable entre en “état second” et laisse la première place à un “Soi” plus grand, céleste nous dit-on. En réalité, notre subconscient maintenant incontrôlé, avec ses pulsions et automations, est librement offert aux Forces cosmiques. Leur dynamisme sera effectif, leur thérapie souvent efficace et réelle. Elles auront même des attentions envers cet instrument maintenant docile en leur pouvoir. Le patient guéri — dynamisé par l’Energie céleste — sera dorénavant sur la terre et à leur bénéfice le medium actif et consentant, pour le moins dans les limites de leur persévérante dénégation du Dieu créateur et souverain, et dans leur volonté d’être, elles, reconnues comme souveraines.

En ce cas, et sous certains aspects, médecines et Rosicruciens sont véritablement parallèles !

L’iridologie.

Elle a derrière elle une histoire très ancienne puisqu’on la trouve pratiquée par la médecine chinoise et chaldéenne plus de mille ans avant Jésus-Christ. Elle se réclamait à l’époque déjà d’une double affirmation :

La première, commune à de nombreuses mystiques anciennes et modernes : notre destin est inscrit dans le grand cosmos ; nous en découvrons le sens par l’astrologie, c’est-à-dire l’étude de la configuration des astres au moment de notre naissance et tout au long de notre existence.

La deuxième, propre à l’iridologie : l’homme est constitué d’un grand nombre d’organes dont l’ensemble est comparable au grand cosmos. L’état de cet homme, soit aussi ses maladies ou ses accidents et leurs séquelles, est repérable entièrement dans ce microcosme qu’est son œil. Cette double affirmation, vous le concevez sans peine, permet d’établir des rapports “intéressants” entre l’astrologie et l’iridologie. Ce n’est pas le lieu d’en discuter. Nous signalons simplement cet “intérêt”’ afin d’attirer l’attention des lecteurs sur cet aspect non négligeable (et non négligé !) de l’iridologie. Bien entendu, la science iridologique, qui se veut purement scientifique, se désintéresse absolument de cet aspect-là.

A l’enseigne de la seule science, nous devons à la vérité d’ajouter aussitôt que l’iridologie, c’est-à-dire la technique du bilan de santé par l’examen des yeux, est contestée par de nombreux médecins. Ils vont même jusqu’à refuser à l’iridologie la moindre connotation scientifique.

Et leurs raisons ne manquent pas d’être tout de même impressionnantes. Encore faut-il les entendre en connaissance de cause.

Avec M. Jausas, faisons donc un petit “essai” d’iridologie : “Commencez par vous rappeler que les poumons se localisent à 9 h. dans l’œil droit et à 3 h. dans l’œil gauche (en considérant l’iris comme le cadran d’une montre, 12 h. sont en haut). Et plus facilement encore les reins, qui sont à peu près situés dans les deux yeux à 6  h. Regardez des iris clairs dans votre entourage (sous la loupe ou éclairage spécial) et voyez si des taches coïncident avec ces localisations d’heures. Interrogez et vous verrez combien de fois votre diagnostic est juste…” 47

47 “Traité pratique d’iridologie”, Ed. Dangles Paris, p. 10-11.

Ces quelques lignes nous ont fait découvrir la technique du diagnostic : l’étude de l’œil — la coloration de l’iris, son relief, sa pigmentation, ses taches, ou encore la dilatation de la pupille, la configuration de la colerette, etc. — révèlent “des anomalies elles-mêmes rattachées à des troubles fonctionnels ou à des lésions des différents organes du corps”.

Suit alors l’analyse des signes observés : il y a leur hiérarchie d’importance, il y a ceux qui nous parlent de l’état de santé passé, il y a ceux qui concernent le présent, et les déductions qu’on peut en tirer quant au rétablissement de la santé. Ces signes indiqueraient aussi un mal passager, ou alors un état chronique, ou une menace d’aggravation irréversible. Et à partir des signes, il y a la localisation de l’organe atteint.

M. Jausas précise : “Il n’y a aucune part de voyance dans l’interprétation iridologique que nous exposons. Nous ne nions pas que certains iridologistes ont obtenu ou obtiennent des résultats remarquables grâce à ces phénomènes de voyance.”

Nous apprécions l’honnêteté de cette information.

A signaler encore que l’iridologue dans sa topographie irienne utilise une illustration connue par l’auriculothérapie. Il imagine un homme debout dans le cercle de la pupille. A noter qu’une autre école place dans cette pupille un fœtus ayant la tête et l’extrémité des pieds à midi, les vertèbres cervicales entre 10 et 11 h., le coccyx à 6 h., les genoux à 3 h. L’auriculothérapie fait donc de même, sauf que le fœtus a sa tête dans le lobe charnu au bas du pavillon auriculaire ; son dos épouse la forme arrondie de ce même pavillon, son coccyx étant dans la partie supérieure de cette courbe. Là encore, il y aurait des rapprochements “intéressants” à faire entre le diagnostic de l’iridologie et le traitement par l’auriculothérapie.

Soyons honnêtes nous aussi. Et disons sans plus que les “signes” déclarés précis, contrôlables, exacts, correspondants, sont contestés absolument par la médecine officielle et scientifique. Certes, elle discerne, par l’examen de l’œil et non seulement de l’iris, des maladies connues telles la jaunisse, l’hypertension, ou le diabète, certaines affections des reins, etc. Mais pour le reste… tests, preuves et contrepreuves à l’appui, elle ose affirmer “que le diagnostic par les yeux et les affirmations des iridologues sont privés de fondement scientifique”.

Dans un article du Dr alémanique U. Senn, 48 on lit cette importante remarque : “Les iridologues n’ont pas le droit de se plaindre si les praticiens de la médecine scientifique les répriment ou les ignorent. Des examens sérieux ont été faits dans les hôpitaux par des hommes de science exempts de préjugés, pour voir s’il n’y avait pas quand même quelque chose là-dedans. Si l’efficacité de cette méthode avait pu être démontrée, il serait du devoir de tous les médecins de l’appliquer à leurs patients. Qui se donnerait la peine de soumettre les malades à des examens longs et pénibles selon les méthodes classiques, s’il suffisait, pour arriver au même résultat, de scruter à la loupe la profondeur de leurs yeux ?”

48 Revue “Appel de minuit”, Foyer 37, Le Locle.

Avec le même souci d’honnêteté, nous devons ajouter que le Dr Samuel Pfeifer rapporte une autre constatation troublante. “Les iridologues nous assurent constamment qu’il n’y a qu’une seule clef ou tabelle d’interprétations des signes observés dans l’œil. Or, un ophtalmologue allemand connu en a compté jusqu’à… 19 ! 49

49 Opus cité, p. 93. A la page 98, il rajoute une liste impressionnante d’expériences et conclut que dans aucune de ces expériences, les iridologues ne purent étayer leurs affirmations de résultats conséquents.

Quelles conclusions devons-nous apporter ?

1. J’ai entendu personnellement M. André Roux, naturopathe et iridologue français déclarer qu’en Allemagne il y a une trentaine d’années, à l’hôpital municipal de Karlsruhe, un test portant sur six cents cas, aurait démontré l’exactitude de l’examen clinique par l’iridoscopie. Il serait tout de même souhaitable pour les patients que les médecins pro ou anti iridologues s’accordent aussi sur l’exactitude de leurs affirmations ou leurs dénégations.

2. L’iridologue peut être un chercheur et un observateur au service d’un art qu’il veut rigoureusement scientifique, même si des “confrères” se sont détournés de cet art parce que convaincus qu’il n’en est pas un. Gardons-nous donc de déclarations et surtout de condamnations elles aussi souvent infondées. Dire que tout iridologue est un occultiste usant d’un stratagème satanique serait user d’une même stratégie. Et un chrétien ne peut se permettre de telles généralisations. Elles seraient non seulement injustes mais scandaleuses.

3. Il est possible que consciemment ou inconsciemment des iridologues longuement formés à l’observation et à l’expérimentation à laquelle elle les conduit aient acquis un savoir qui, pour n’être pas scientifiquement “démontrable” n’en est pas moins réel, même s’il doit l’essentiel de sa connaissance à une intuition ou à un don personnel. La sûreté du diagnostic d’un médecin de médecine générale, elle non plus, n’a pas toujours la science pour seul critère. Dans une préface à un important traité d’irido-diagnostic, le professeur Jean Brossy de la Faculté de médecine de Montpellier reconnaît l’effort des iridologues pour “relier les connaissances scientifiques à l’empirisme de la méthode”. Cet empirisme est évident. Il explique donc la suspicion dont elle est l’objet. Au mieux donc, cette méthode d’examen doit être complétée et contrôlée par telle autre méthode moins empirique.

4. Il ne faut pas confondre l’iridologue et l’ophtalmancien. Le premier limite son examen clinique à l’établissement d’un bilan de santé, c’est-à-dire des dispositions pathologiques du patient. Il veut donc ainsi prévenir la maladie. Et s’il découvre une anomalie, il établit le diagnostic par d’autres méthodes d’investigation connues de toute médecine. Par contre, hors ce bilan de santé ou le discernement des maladies évoquées plus haut, tout diagnostic par les yeux tient de l’ophtalmancie, c’est-à-dire de la divination. En effet, il est des iridologues qui ont constaté les “intéressantes” coïncidences existant entre la carte iridologique d’un œil. et la carte zodiacale. Cette dernière, sous forme d’un cercle semblable à un œil partagé en douze portions ou maisons, dira elle aussi que la tête et les pieds sont à midi, les dernières vertèbres à 7 h., etc. Un éminent astrologue, M. Barbault, “a constaté une concordance parfaite d’environ 70 pour cent entre la localisation des signes iriens et la position des planètes”. 50 Cette voie étant ouverte à l’astro-iridologie, beaucoup d’iridologues, empiristes plus que médecins, l’empruntent avec un grand “intérêt”. Est-il besoin de dire qu’ils ont alors franchi une frontière et qu’ils appartiennent non plus à la confrérie des médecins mais à celle des occultistes. (à ne pas confondre avec celles des. oculistes !).

50 “Traité d’irido-diagnostic”, René J. Bourdiol, Ed. maison neuves, 57 Sainte Ruffine.

Dans ce cas, un chrétien ne peut que refuser de se laisser examiner par un tel iridologue. Car il n’est plus chez un médecin mais chez un magicien ou un devin, au sens biblique de ces termes.

L’homéopathie.

C’est la médecine la plus difficile à cerner avec la certitude de rester objectif et de ne pas porter préjudice à ceux qui s’en réclament ou, au contraire, à ceux qui la condamnent. Car elle est hautement prônée par des médecins sérieux et ouvertement décriée par des médecins tout aussi sérieux.

Si l’on en croit l’information donnée, elle est officiellement enseignée en France dans les Facultés de pharmacie, et trois milliers de médecins l’inscrivent à l’enseigne de leur art. “L’Institut national homéopathique français groupe actuellement onze Ecoles : Paris, Lyon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dauphiné-Savoie, Marseille, Toulouse, Limoges, Strasbourg, Nantes et Montpellier. Depuis 1976, un organisme les fédère sous l’appellation : ‘Ecole française d’homéopathie’… Elle délivre un diplôme national aux candidats reçus après trois ans d’études homéopathiques effectives dans l’une des filiales” 51 En Allemagne, il en va de même, et il faut ajouter à ces praticiens plus de 3000 “guérisseurs”” autorisés qui soignent par l’homéopathie. Nos recherches ne nous ont pas permis d’établir de statistiques semblables pour la Suisse.

51 “L’homéopathie sans masque”, D. Demarque, Ed. Doin, p. 195.

Constatons ce fait. Alors que durant de très nombreuses années la médecine homéopathique est restée tout à fait séparée de la médecine allopathique officielle, aujourd’hui cette ligne de séparation s’estompe. Beaucoup de médecins sont favorables aux deux thérapies, même s’ils ne sont pas encore nombreux à avoir été formés à l’une et à l’autre école.

A l’étonnement du profane, c’est d’abord le fondement dit scientifique de la médecine homéopathique qui est formellement contesté par certains.

Il faut savoir que ses principes essentiels peuvent être ramenés à quatre propositions :

1. La loi de similitude, tenue pour la pierre angulaire de la doctrine du fondateur allemand Samuel Hahnemann (1755-1843) : “Similia similibus curantur”, c’est-à-dire : “Les semblables sont guéris à l’aide des semblables”. En pratique: “Tout agent qui produit chez l’homme sain certaines manifestations peut faire disparaître chez l’homme malade des manifestations identiques”. Ou encore : “Il faut donner aux malades la substance qui provoque des symptômes semblables aux siens chez l’homme en bonne santé”.

L’homéopathe explique que la vertu thérapeutique “n’appartient pas au médicament lui-même, mais plutôt à l’organisme dont la substance ingérée stimule les défenses”. Le processus de guérison est une recherche de rééquilibre de l’harmonie de la santé. Les microbes, eux aussi, création du Seigneur, ne sauraient être considérés comme “mauvais”. C’est le “dysfonctionnement” de notre organisme marqué par la chute qui leur confère momentanément un pouvoir débilitant ou même mortel. En réalité et dans le langage de Hahnemann, le remède agirait sur “l’énergie vitale animant la partie matérielle du corps humain… l’affliction dynamique faible étant éteinte par une plus forte si elle lui est semblable”.

Or, cette loi de similitude est aujourd’hui contestée. Citons le Dr J. Lecomte : “La loi de similitude n’a aucune base expérimentale ; elle n’a aucun caractère de généralité ni aucune valeur prédictive. Que ce soit en pathologie, que ce soit en thérapeutique, il n’y a pas de loi de similitude”. 52 On ne peut guère être plus formel.

52 “Revue médicale de Liège”, vol. 35 n° 9, mai 1980.

2. L’individualisation du malade. Il est connu que nous ne réagissons pas tous de même manière à un incident ou même à un accident. Hahnemann a étendu cette observation et établi une sorte de répertoire des symptômes et manifestations de la maladie en rapport avec des types de malades définis selon leur tempérament et leur comportement.

Cette médecine de la personne a eu, avant Hahnemann et après lui, d’autres défenseurs et illustres praticiens. Et nous ne saurions objecter à ce souci de traiter le malade et non pas seulement la maladie. Mais il convient alors de faire deux remarques :

Premièrement, cette approche personnelle du patient se rencontre aussi chez des médecins allopathes, et n’est pas une particularité propre à la seule homéopathie.

Deuxièmement, l’individualisation ne saurait, sans danger pour le patient, éviter les vérifications qu’offrent les techniques actuelles développées par la médecine allopathique. L’homéopathe obnubilé par la connaissance de son patient d’une part et sa clarification des symptômes d’autre part peut tomber dans le simplisme des analogies.

3. L’individualisation du remède. Elle découle du principe précédent. Et c’est sur ce point précis que se définit véritablement l’art du médecin homéopathe. Car si la symptomatologie oblige déjà à une interprétation en soi difficile des causes, il convient, en plus, de définir, en fonction du patient — de son histoire, de son état présent, de ses réactions perçues ou supposées — le processus de la guérison qui vise, non à supprimer la cause seulement, mais à assainir le terrain rendu ainsi capable, dorénavant, de résister à la maladie. Nous n’avons rien à redire à cela sinon que la logique du système a pour corollaire une science de l’observation subjective et non plus scientifique. En outre, c’est une manière d’échapper à toute analyse scientifique de l’homéopathie puisqu’il n’est jamais possible d’effectuer des études comparées, statistiquement significatives. On nous objectera que des tests ont été établis à partir d’expériences faites avec des animaux, notamment avec des rats. Comment concilier cette objection avec ce propos lu sous la plume d’un homéopathe dont j’ai oublié le nom : “De l’animal à l’homme, il y a un véritable abime comportemental.” 53

53 Un autre homéopathe, le Dr J. Jouanny, cité par la documentation des Laboratoires Boiron, 69110 Sainte-Foy-les-Lyon, “Principes de posologie homéopathique”, p. 12, dit : “Ces guérisons (d’animaux) ne peuvent faire figure de preuve scientifique d’activité : Le phénomène scientifique n’est admis comme tel que lorsqu’il est reconnu statistiquement significatif et reproductible”.

4. L’atténuation de la matière médicamenteuse, ou dilution obtenue “par des passages successifs d’un milieu concentré à un deuxième plus détendu dans le solvant, et ainsi de suite”. Cette dilution est littéralement infinitésimale puisque “elle est de l’ordre du millionième de picogramme, le picogramme étant le millième du milliardième de gramme.” Ajoutons que la vertu du médicament choisi d’après le principe de la similitude et de la dilution est scientifiquement contestée. Il serait prouvé, par exemple, que certaines hautes dilutions ne laisseraient même pas trace d’une seule molécule du remède ou “simile”. A quoi les homéopathes répondent qu’il ne s’agit pas d’une simple dilution mais “d’une procédure nommée dynamisation ou potentialisation par des secousses répétées entre chaque dilution”. Et lorsque, désireux d’une information plus précise, ou mieux plus scientifique, on demande quelle est la nature de cette potentialité, l’explication donnée s’en réfère, sous la plume de M. G. Hahnemann lui-même, à l’énergie vitale (ailleurs, nommée Energie cosmique!) à laquelle les chocs répétés lors des dilutions successives, le remède emprunterait sa force invisible.

Est-il nécessaire de relever qu’une semblable explication laisse sans parole l’homme de science et donne même le vertige à des homéopathes convaincus. 54

54 Comme D. Demarque qui intitule un chapitre important de son livre “le vertige de l’infinitésimal” et reconnaît que l’action du médicament homéopathique reste “une énigme”.

Par souci d’objectivité, on doit reconnaître, à la suite du Dr Pfeifer, que l’homéopathie ne saurait être classée sous une étiquette unique. Certains homéopathes contestent eux-mêmes semblables explications. Ils se rangent en vérités sous trois écoles distinctes. 55

55 L’homéopathie, Dr H. J. Bopp NE, dans la revue “Mission, Foi, Evangile !” F. 45160 Olivet.

— Il y a l’école fidèle à Hahnemann, fidèle en tout cas à ses principes, aux explications qu’il en donne et aux applications qu’il en tire. Tout au plus ont-ils modernisé le vocabulaire usité, tout en sauvegardant le contenu original.

— Il y a ceux qui gardent les “principes” mais récusent plusieurs des théories médicales défendues par Hahnemann. Ils les remplacent par d’autres explications et applications, comprenant par exemple l’astrologie, l’usage du pendule, ou autres recours à l’occultisme.

D. Demarque, dans son ouvrage déjà cité, relève : “Une confusion persistante existe encore dans le public entre les médecins homéopathes, docteurs en médecine comme tous leurs confrères, et la masse des illégaux de la médecine, les guérisseurs. Pendulistes de bonne foi. charlatans sans scrupules, nombre d’entre eux s’arrogent le droit de prescrire des médicaments homéopathiques dont ils savent qu’ils ne font pas courir de risques aux malades.” 56

56 Opus cité, p. 163.

En voici deux exemples, tirés d’une enquête parue sous le titre : “Guérisseurs et compagnie”. 57

57 Journal “Construire” du 17 février 1982.

“Mme S. explique qu’elle a un don de double vue, mais établit ses diagnostics à l’aide de son pendule… et prescrit des médicaments homéopathiques…

Le Dr R. n’a pas étudié la médecine en suivant la voie officielle. Il s’est penché sur les secrets de l’acupuncture et de l’homéopathie. Sa préoccupation : le fond de mes yeux, dans lesquels il plonge à l’aide d’un appareil plutôt sophistiqué qui ressemble à celui utilisé par les oculistes. Deux minutes lui suffisent pour déceler dans la pupille mes nervosités et tensions. Pour en découvrir la position exacte, il ausculte l’oreille gauche à l’aide d’un bâtonnet relié à un appareil électrique Suit l’implantation d’aiguilles d’acupuncture dans les points stratégiques repérés sur le pavillon de l’oreille.”

— Il y a enfin ceux qui, sur le fondement des quatre principes, excluent tout recours à l’ésotérisme, toute dynamisation par des dilutions extrêmes. Ils veulent sauvegarder, avec les quatre principes, un caractère de “fiabilité” du remède et ne dépassent pas la dilution maximale de 6.

C’est à cette dernière école que nous nous intéressons d’abord, les deux autres manifestant clairement leur étiquette, soit ésotérique soit occulte, donc suspecte à nos yeux. Or, nous devons à la vérité de dire que cette école-là est elle-même absolument contestée par certains. Pour seul exemple, le rapport de la “Commission” dite des “Académies de médecine de Belgique” concernant l’intégration de l’homéopathie dans la sécurité sociale :

“L’efficacité thérapeutique des procédés homéopathiques ne possède aucune base scientifique. Aucun résultat de pharmacologie expérimentale ou clinique longuement conduite ne peut être fourni en faveur de l’efficacité du traitement homéopathique… Après 150 ans, aucune preuve n’a donc été fournie scientifiquement quant à l’efficacité réelle des médicaments homéopathiques.”

Tout aussi formelle est la conclusion de l’étude sérieuse du Dr Lecomte : “Le discours homéopathique sur la maladie ne peut rester qu’un discours. Il est étranger à l’expérimentation. Celle-ci est d’ailleurs sollicitée non pour la faire progresser mais pour y vérifier l’exactitude de sa formulation même. L’homéopathie — qui n’est pas une science — échappe aux méthodes scientifiques”. 58 Les homéopathes eux-mêmes confirment ce verdict lorsqu’ils écrivent : “Actuellement, nous ne connaissons pas exactement le mode d’action des dilutions infinitésimales”. 59

58 Publié dans “Promotion médicale 1975” Cité par Dr Lecomte dans Opus cité, p. 358.

59 Principes de posologie homéopatique, Laboratoires Boiron 69110 Sainte-Foy-les-Lyon.

Cette même évaluation négative sous l’angle de la science se retrouve sous la plume du Dr Bopp : “Jusqu’à ce jour, il n’existe aucune étude contrôlée qui prouve une action efficace sur un groupe de malades traités par l’homéopathie. Les résultats d’une série d’études scientifiques faites en Allemagne ont tous été très décourageants pour la méthode de Hahnemann et ont confirmé l’incapacité de prouver l’effet significatif du traitement homéopathique.” 60

60 Opus cité Dr Bopp, p. 9.

Pour en rester aux explications scientifiques, on ne saurait non plus évoquer à l’appui de l’homéopathie ce qui paraîtrait en être une copie conforme : la vaccination. En effet, celle-ci, en inoculant le microbe atténué ou sa toxine, stimule notre organisme dans son auto-défense par la production d’anticorps spécifiques contre un microbe. L’homéopathie reconnaît le mécanisme naturel mais ne s’en réclame pas. Il en va de même du mécanisme connu en rapport avec une allergie, mécanisme qui n’est pas identique à la méthode homéopathique.

Il faut donc chercher ailleurs qu’en science une justification de l’homéopathie. Trois remarques nous conduiront vers une conclusion.

1. Les études sérieuses évoquées plus haut faisaient déjà cette constatation importante à notre avis: l’efficacité’ de l’homéopathie ne se prouve pas lorsqu’elle est appliquée à un groupe de patients, mais uniquement lorsqu’elle concerne une personne soignée individuellement. C’est donc que cette efficacité tient non pas d’abord au remède, mais au rapport entre le soignant et la personne soignée, soit aussi à la thérapie personnelle qu’implique ce rapport. On nous rétorque volontiers que des expériences ont été faites sur des animaux. Ce qu’on se garde de relever en de tels cas, c’est que de telles expériences n’ont pas trouvé leur équivalence démonstrative dans un groupe d’hommes. Et les homéopathes eux-mêmes ont la loyauté de reconnaître que de telles guérisons ne sauraient être une preuve. Nous l’avons déjà relevé, “le phénomène scientifique n’est admis comme tel que lorsqu’il est reconnu statistiquement significatif et reproductible”. En l’occurence, les maladies graves traitées chez des rats (intoxications, diabète) ne l’ont jamais été chez un groupe d’hommes.

2. On connaît le mot de Galilée à ses détracteurs contestant son affirmation que le soleil et non la terre était le centre de notre système planétaire : “Et pourtant elle tourne !” On pourrait dire aussi avec les homéopathes : “Et pourtant nos malades guérissent !” Il serait évidemment difficile de contester ce fait. La question est alors posée de savoir quel est, en vérité, l’agent de guérison lors d’un traitement homéopathique si le médecin appartient à la troisième école susmentionnée ?

Pour cette catégorie de médecins- (je souligne ce dernier terme), il n’y a pas une multiplicité d’explications possibles. Dans les limites de notre connaissance actuelle, une seule explication peut être donnée. Elle paraît du reste confirmée par le facteur déjà relevé d’une réussite lorsqu’il s’agit d’un patient et non d’un groupe de patients :

Le médecin est la vertu efficace première du médicament qu’il prescrit. A l’appui de cette constatation, le fait avéré que “l’homéopathie marque son pouvoir chez qui le psychosomatisme domine”. Autrement dit : chez des patients dont la souffrance ne tient pas à un accident ou à une infection caractérisée et connue, mais à un état maladif chronique, mal défini, dont le mal-être n’a trouvé aucune réponse chez le médecin allopathe, précisément parce que ce mal-être n’est pas physique d’abord mais psychosomatique.

L’origine psychique de nombreuses maladies est aujourd’hui largement reconnue. Le bon sens populaire le sait bien qui dit d’une personne soucieuse qu’elle se “fait de la bile”’ ou ‘se ronge les sangs”. L’ulcère duodénal est, entre autres, l’expression physique d’une tension psychique. Ce qui revient à dire que l’explication première du succès de la médication homéopathique est due au placebo (remède sans substance médicamenteuse), la foi du malade dans ce remède et dans le médecin qui le lui prescrit jouant le rôle efficace attribué à la prétendue science “homéopathique”.

En rapport avec la médecine psychosomatique, Coué avait constaté : “L’image mentale peut, dans certaines limites, se substituer à la vertu d’un médicament. Cette imagination possède un pouvoir réalisateur capable d’orienter certaines activités de la vie en normalisant ou en perfectionnant nos fonctions et nos facultés.” 61

61 “Tous les moyens de vous guérir” Jean Pailaiseul, Ed. Rob. Laffont, p. 246.

Cela est reconnu par deux pharmacologues cités par le Dr Bopp&nbso;: “On peut admettre l’utilisation des substances homéopathiques dans un but de suggestion, parce qu’elles ne possèdent ni effet direct, ni effet secondaire”. 62 Le professeur Schwartz de Strasbourg partage le même avis dans son cours de pharmacologie : “Aucune étude faite sur l’homéopathie ne paraît sérieuse. Aucun essai ne valide la théorie…” Singulière consolation : “Elle ne fait de tort à personne”.

62 G. Kuschinsky : Lehrbuch der Pharmacologie, cité par le Dr Bopp, opus cité, p. 7.

Et le Dr Bopp de conclure : “Si la sécurité sociale en France rembourse les médicaments homéopathiques jusqu’à la dilution CH9, ce n’est pas en raison de preuves scientifiques de leur efficacité, mais parce que le malade semble avoir besoin d’une telle ‘petite psychothérapie’ ; il veut son remède miraculeux personnel”. 63

63 Opus cité, p.8.

Encore faut-il ici, dans la mesure du respect que nous devons à des chercheurs et à des praticiens sincères, reconnaître une réelle valeur à leur médecine de la personne, à leurs recherches patientes et consciencieuses, visant à rétablir tout patient dans ses possibilités naturelles de réaction à la maladie. Avec la remarque que cette recherche honorable est également celle des allopathes.

Peut-être faut-il même ajouter qu’une médication diluée en rapport avec une anamnèse clairement établie a des effets plus heureux qu’une pharmacothérapie attentive à faire disparaître le mal, mais sans en avoir réellement cherché la cause.

Cela dit à l’égard d’une homéopathie qui, tout en se réclamant de Hahnemann, s’en est distancée. Cela dit aussi dans le seul cadre d’une homéopathie qui, dans ses observations et ses recherches, exclut tout recours à un quelconque ésotérisme et aux moyens occultes qu’il lui arrive de mettre en œuvre.

Mais se pose ici une autre question :

On nous affirme, en effet, que cette activité pharmacotique des dilutions est scientifiquement démontrable. On nous affirme mieux encore : “Les dilutions infinitésimales gardent leur potentialité même si, dans le solvant, ne se retrouve aucune molécule de la substance de base”, soit du simile à administrer.

Voilà qui est tout de même surprenant ! L’explication l’est aussi : “les molécules de la substance diluée créent un arrangement particulier avec les molécules du solvant qui se traduit par un nouvel état physique”. Mieux dit encore : “tout se passe comme si le solvant gardait en mémoire, pour chaque dilution, la structure physique de la dilution précédente”. 64

64 Les preuves scientifiques de l’activité des substances à doses infinitésimales, p. 11. Documentation du Laboratoire Boiron, F-69110 Sainte-Foy-les-Lyon.

Cela revient à dire que le remède homéopathique n’a plus un effet chimique, mais un effet physique.

Admettre cette explication, c’est admettre que le solvant a “une mémoire”.

On comprendra sans peine que devant de telles assertions non démontrées, nous sommes au niveau, non plus d’expérience scientifique, mais de la croyance pseudo-scientifique.

Deux remarques encore peuvent être faites ici. La première : Un certain nombre de médicaments homéopathiques s’avèrent efficaces. Etant pharmacologiquement reconnus actifs, l’allopathie n’hésite pas à en faire usage. La deuxième m’a été faite par un médecin à la fois sceptique et intéressé devant l’efficace des remèdes homéopathiques. En Suisse, me disait-il, ces remèdes ne sont pas encore remboursés par les assurances. Serait-ce une des raisons de leur meilleure efficacité, étudiée bien sûr sous l’angle de la vertu du placebo ?

3. Ainsi que nous l’avons relevé au chapitre premier, il existe une autre homéopathie, intéressée, elle, aux adjuvants de l’occultisme. Et il faut le dire d’emblée : Hahnemann lui-même n’y était pas étranger. Sa biographie relate son affiliation à la Franc-maçonnerie. 65 Sous sa plume, on peut lire une parole significative quand on sait qu’il tient Jésus pour un “superinitié”, quand on sait aussi l’attention qu’il porte aux spiritualités orientales, à Confucius en particulier. 66 Il dit avoir accompli son œuvre… “guidé par les pouvoirs invisibles du Tout-puissant”. Son anthropologie n’est du reste pas biblique, mais s’apparente à ce qu’en disait la sagesse de l’Orient. Dans son ouvrage principal : “L’organon de l’art de guérir” (il y développe toute sa doctrine, base de l’homéopathie), il use du vocabulaire propre à ces “sagesses”. Il parle de “l’énergie vitale immatérielle” sur laquelle agirait l’énergie des substances dynamisées conjointement aux Forces du monde éthérique. Sa notion de Dieu est celle du panthéisme et non celle de la révélation chrétienne. 67

65 Journal suisse d’homéopathie 1/1962, Dr H. Linger.

66 Opus cité, p. 5.

67 En 1960, au Congrès international d’homéopathie de Montreux où l’on célébra le 150e anniversaire de “L’organon”, le Dr Gigliardi de Rome disait : “On a beau refuser tel ou tel des principes énoncés dans l’organon, il en reste toujours assez pour reconnaître l’intuition inépuisable et l’esprit divinatoire de son auteur” (Journal suisse d’homéopathie 4/1960, cité par le Dr Bopp).

Les disciples de Hahnemann ont souvent prolongé ces lignes, élargi leur champ d’action. L’un des homéopathes les plus connus en Suisse alémanique, le Dr A. Voegeli, ne cache pas sa foi en astrologie, ainsi que son acquiescement aux philosophies hindoues, à la relation qu’elles établissent entre l’état de santé d’un homme et son corps astral.

Le fait est attesté : certains médecins homéopathes établissent ou encore confirment leurs diagnostics en tenant compte du thème astrologique de leurs patients, et usent du pendule dans le choix des remèdes appropriés. 68

68 Si l’on en croit un témoignage sérieux, c’est jusque dans certains laboratoires homéopathiques qu’on recourt à de telles pratiques.

En France et en Suisse, à côté de “l’Ecole française d’homéopathie” existent des groupements d’homéopathes représentant des courants idéologiques intéressés à l’ésotérisme, à l’anthroposophie, également à l’acupuncture. Ce qui fait dire à D. Demarque, adversaire de tels courants : “Certains d’entre les homéopathes auront à faire un sérieux effort d’adaptation pour abandonner leur mentalité de mages initiés à d’insondables mystères. L’homéopathie n’est pas une religion, ni une science occulte.” 69

69 Opus cité, p. 195 et 201.

Certes, la médecine allopathique n’est pas préservée de semblables pratiques. Le recours à l’occultisme et à ses pouvoirs ne connait pas de frontière et ne limite pas ses interventions à l’enseigne de certains homéopathes seulement.

Notre explication est peut-être erronée ! Nous en sommes venus à penser que devant la complexité de la thérapie homéopathique et les exigences du savoir étendu et expérimenté qu’elle requiert, certains médecins eux-mêmes mal informés de ce qu’est en vérité l’occultisme, se facilitaient la tâche en recourant à de telles pratiques. Il ne le crient pas nécessairement sur les toits, sans pouvoir toujours dissimuler ces “usages”’ à leurs patients. Ils disent alors, dans un langage incompris de la majorité de ces derniers, qu’entre leurs mains le pendule n’est qu’un moyen de vérification branché sur le magnétisme cosmique. Ce qui n’est qu’une petite partie de la réalité. Elle en cache une autre qui, elle, touche à une forme de divination par médiumnité, le pendule ou le thème astrologique servant de support à ce dynamisme “céleste”. Constatons-le. Une telle homéopathie se veut encore médicale, mais elle a quitté le terrain de la médecine pour s’aventurer plus ou moins aveuglément dans celui de l’occultisme. Que faut-il conclure ?

Tel médecin cité, le Dr Lecomte de Liège, prend position sous le seul angle de la science et tranche sans appel : “Une fois les idées dégagées selon lesquelles les manifestations morbides obéissent à un déterminisme vigoureux, une fois le mouvement lancé de l’analyse de plus en plus approfondie des causes des maladies, une fois leur thérapeutique spécifique dûment assurée, l’homéopathie est condamnée parce qu’enfermée dans son formalisme”. 70

70 Opus cité, p.360.

Le Dr H. J. Bopp de Neuchâtel, lui aussi, est tranchant : “On voudrait nous présenter une médecine de la personne, scientifique, avec un remède individuel et naturel… L’effort de démystification et le vernis scientifique ne peuvent pas convaincre si on étudie l’origine, la théorie, la pratique et les témoignages d’aujourd’hui. Je déconseille fortement la prise de médicaments homéopathiques, les produits anthroposophiques (Weleda) inclus. Je ne suis pas convaincu qu’ils soient inoffensifs spirituellement.”

Dans un article paru dans “Expériences”, 71 le Dr E. Louédin — il est vrai, sans démonstration à l’appui de son soutien à l’homéopathie — nous dit : “La méthode homéopathique est très rationnelle, consistant à utiliser les effets des microdoses de produits variés pour supprimer les maux et soutenir des terrains déficients”.

71 Expériences 1/78, centre missionnaire, F-29270 Carhaix.

Mais D. Demarque ne partage pas cet optimisme : “Il est anormal que plus de 80 pour cent des malades se figurent avoir reçu des soins homéopathiques parce qu’un médecin leur a prescrit quelques gouttes de teinture d’une plante médicinale, quelques bourgeons, des extraits d’organes ou de pierres précieuses en dilution. Le plus fort est que certains médecins, ignorant tout de la méthode, croient de bonne foi faire de l’homéopathie en remettant à leurs malades des ordonnances de ce style.” 72

72 Opus cité, p. 10.

Le Dr M. Cousin, 73 lui, recommande vivement l’homéopathie et trouve même à cette médecine des résonances bibliques. Il accepte sans discussion la loi de similitude, tout en reconnaissant “qu’on ne sait pas parfaitement, dans le détail, comment les choses se passent”. Il voit un avantage “à la procédure systématique pour trouver le médicament convenable alors qu’en allopathie, c’est par hasard qu’on découvre qu’une substance atténue tel malaise”. Il apprécie cette médecine de la personne “refusant le matérialisme mécaniste” dont se réclament beaucoup d’allopathes. Il va jusqu’à trouver une parenté entre les doses infinitésimales et “l’avertissement biblique de ne pas mépriser les petits commencements, Dieu se plaisant à déployer sa puissance — celle de l’Esprit — par le moyen de l’infime”.

73 Dans Ichthus n° 78/1978.

Nous devons à la vérité de dire que cette “parenté”’ un peu singulière mais surtout ces propos gratifiants à l’égard de l’homéopathie paraissent ignorer regrettablement les questions fondamentales que pose au chrétien le recours à cette médecine.

Combien plus parlants sont les propos d’un Dr J. Michaud qui, sans cacher “toutes les techniques et sciences plus ou moins occultes qui ‘flirtent’ volontiers avec l’homéopathie : l’acupuncture, la vertébrothérapie, la radiesthésie, l’astrologie, l’iriscopie, la chirologie et quelques autres… fait du médecin homéopathe une sorte de médiateur.” Ecoutez plutôt : “Entre le malade et son remède qui devrait, l’un étant le reflet de l’autre, constituer un véritable miroir à deux faces, s’interpose un troisième personnage, qui va soumettre à son empreinte le couple remède-malade : le médecin. Et l’on peut presque dire qu’il y a autant de façons de pratiquer l’homéopathie qu’il y a de médecins homéopathes”.

Il précise encore : la dynamisation du remède “développe l’énergie médicamenteuse latente et fait la valeur du remède homéopathique”. Il souligne lui aussi que la science est en défaut pour expliquer l’action particulièrement puissante des hautes dilutions et se demande s’il faut chercher cette explication dans le mariage matière — énergie, c’est-à-dire ‘le transfert de la substance matérielle en rayonnement énergétique”. Gratuite hypothèse !

Si la prescription homéopathique comporte des remèdes codifiés, répertoriés, aux indications parfaitement précises, il ne cache pas que “la prise d’un médicament homéopathique nécessite un double acte de foi : dans le médecin qui l’a prescrit, dans le laboratoire qui l’a fabriqué…” 74

74 “Pour une médecine différente”, Ed. J’ai lu (Flammarion), p. 21.

Propos parlants, avons-nous dit ! Ils confirment en effet cette recherche passionnée et désintéressée de beaucoup d’homéopathes encore incertains quant aux derniers résultats positifs de cette recherche, mais sûrs de leur art autant que les allopathes peuvent l’être du leur. Ils illustrent ces propos du Dr J. Ménétrier : “L’empirisme demeure une nécessité de la pratique médicale où l’individualité des êtres vivants ne nous permet pas d’établir des lois générales, mais seulement des conditions d’adaptation de chaque individu à une fonction commune d’existence”. 75

75 “La médecine des fonctions” J. Ménétrier, Ed. le François Paris.

Est-ce à dire, comme on l’entend trop souvent répéter, que cette médecine volontiers appelée “douce”’ soit sans risque ? Elle se gardera bien de le prétendre. Car elle connaît ses limites, autant que la médecine officielle connaît les siennes. Mais à la différence de cette dernière, l’empirisme de sa méthode aux effets supposés mais non maîtrisables peut la rendre plus nocive que la médecine scientifique. Sa prétendue innocuité est donc trompeuse.

Quant à la réussite du traitement homéopathique, elle tient en partie à des prescriptions de remèdes codifiés mais essentiellement aussi au double acte de foi du patient, et envers le médecin et envers le remède. Le pouvoir suggestif du médecin homéopathe ou non, autant que sa science, est donc facteur de guérison.

Mais les propos du Dr Ménétrier rapportés plus haut jettent une lumière crue sur les “flirts” de l’homéopathie avec les techniques et les sciences plus ou moins occultes. Dans “l’homéopathie sans masque”, 76 D. Demarque, médecin rationaliste et anti-occulte, d’une part dénonce les “nombreuses liaisons dangereuses” et les “tentations de la médecine homéopathique avec l’occultisme”, d’autre part reconnaît que l’aspect scientifique se limite strictement à la notion d’expérience sans référence à une théorie explicative. Tout cela confirme la part de suspicion que nous avons et devons garder envers l’homéopathie, plus encore envers ceux de ces praticiens pour qui l’expérience empirique est le prétexte et la justification de leurs pratiques occultes. Car de telles pratiques, à leur insu, mettent patients et médecins dans la dépendance des Puissances célestes aliénantes et, sans qu’on en puisse donner la mesure, marquent même de leur pouvoir l’action suggestive bien intentionnée qu’exerce l’homéopathie.

76 Ed. Doin, 1979.

Ces quelques considérations soulignent ce que nous avons écrit ailleurs sans avoir pu, à l’époque, l’expliciter : “L’homéopathie n’est pas à suspecter ; nous n’en pouvons pas dire autant de certains homéopathes”.

Dynamique de groupe.

En annexe à ce chapitre, il nous a paru nécessaire d’ajouter ces pages qui concernent moins directement la dynamique de groupe que “les centres de recherche et d’expérimentation” qui volontiers s’en réclament et de cette manière, accréditent leur technique de guérison.

Il importe cependant de dissiper tout malentendu. Le terme “dynamique de groupe” peut être appliqué à un rassemblement ecclésial ou à un partage fraternel dans lesquels Christ étant invoqué, chacun prend sa part d’une recherche de la pensée ou de la volonté de Dieu et, librement, exprime devant les autres ce qui lui tient à cœur ou encore ce qui lui serait inspiré.

Nous ne saurions que recommander de tels groupes.

Cela peut être considéré comme une méthode permettant à un chef ou encore aux responsables de n’importe quel groupe de réflexion ou d’activité, ou de thérapie de groupe ou de famille entreprise par un psychiatre, de chercher à résoudre collégialement les tensions et les problèmes complexes de toute vie en commun.

Mais dans “Echec à l’oppresseur”’ déjà, j’ai mis sérieusement en garde les chrétiens contre cette “dynamique” sans nom précis, opérant dans un groupe, au bénéfice assuré (?) de ceux qui en deviendraient les acteurs… ou les jouets !

Depuis la parution du livre cité, 77 ce que nous avons lu, entendu, expérimenté n’a en rien modifié notre mise en question de cette méthode visant à la libération de la personne, le groupe étant considéré comme moyen de guérison et de transformation de celle-ci, ensuite comme moyen de transformation des relations interpersonnelles à l’intérieur du groupe.

77 “Echec à l’oppresseur”, M. Ray, Ed. Ligue pour la lecture de la Bible.

On connaît la méthode : “Le groupe se réunit pour la durée d’un week-end, en général dans un endroit tranquille. Les 8 à 15 personnes se réunissent souvent et de façon très intensive (par exemple, le week-end ne comprend pas moins de 14 à 18 heures de travail). Après une phase d’incertitude générale (silence pénible, embarrassé, gêné), les “sentiments négatifs” de critiques commencent à fuser vers l’animateur qui, lui, reste d’une passivité inexplicable. Son comportement est d’autant plus déroutant qu’il accepte sans broncher toutes les critiques. Peu à peu, un certain nombre de participants émettent quelques idées personnelles, idées qui ne sont nullement partagées par les autres. Les “échanges” d’idées tournent bientôt à la critique. Certains membres du groupe vont plus loin. Avec l’accord tacite de l’animateur, certains participants commencent à faire état de leurs problèmes personnels, de leurs sentiments profonds. C’est la confession en groupe.” 78

78 Revue Actualité évangélique n° 11, juin 1981, P. Ranc, p. 92.

On le conçoit, cette libération du “moi” tient à la fois de la confession, de l’aveu, ou plus simplement de griefs, d’admiration, d’étalage de ce que l’on est ou de ce que l’on désire être. Aussitôt se discerne(nt) celui ou celle ou ceux qui sont prisonniers de leur mutisme ou de leur refus de se livrer. Ils sont sollicités pour ne pas dire agressés par les autres qui supportent mal ce “quant à soi obstructeur…” On en est… ou alors on en sort. On peut facilement imaginer combien ce rejet peut être traumatisant et insupportable pour certains. Ce refus de la méthode devient un refus de la guérison offerte, une manière de jugement et de condamnation de la part du groupe : soit aussi une aggravation de la maladie relationnelle du patient pour peu qu’il prenne au sérieux cet échec.

Les participants engagés dans le processus, toute confession étant faite, tout grief ayant été extériorisé et reçu, entrent alors dans l’étape dite “constructive”. Sur ce fondement d’une acceptation de l’autre reconnu et aimé tel qu’il est, le groupe connaît dès lors un partage d’affection sans jugement, de liberté sans retenue ou contrainte. La communion et la communication peuvent se donner libre cours.

Pour ne pas répéter ce que nous avons dit, témoignage à l’appui, dans “Echec à l’oppresseur”, nous empruntons encore ces lignes à l’article de M. Ranc : 79 “Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour savoir quelle est la cause des malheurs de l’homme… N’en déplaise à certains, une force destructrice les divise tous : c’est la dynamique du péché, obstacle principal à toute réconciliation. Vouloir éliminer les conséquences du péché par des procédés psychologiques, est un projet utopique…

79 Opus cité, p. 95-96.

La différence fondamentale entre la réconciliation chrétienne et le consensus de la dynamique de groupe se situe au niveau de l’action souveraine de Dieu en l’homme. La réconciliation chrétienne présuppose et croit à l’intervention de Dieu dans le cœur de l’homme : l’homme qui est sauvé par grâce est radicalement transformé à l’image de Christ. Une vie changée ne peut pas s’expliquer de façon rationnelle. On ne réduit pas l’œuvre de la grâce en des formules hypothétiques.

Quant au consensus de la dynamique de groupe, dont le but est la recherche de l’unanimité du groupe dans la connaissance, dans l’opinion, dans le sentiment ou dans la décision par lesquels le groupe s’exprime, il s’appuie uniquement sur un idéalisme humaniste, c’est-à-dire sur la volonté de l’homme autonome qui prétend régler par lui-même ses problèmes de relation. La réconciliation est par excellence l’œuvre de Dieu. Vouloir y substituer des moyens humains, n’est-ce pas là prendre un chemin dangereux ?”

Ce chemin dangereux, nous en percevons des aspects divers dans une littérature abondante (livres, journaux, revues, informations, cours, tracts, réclames) parée de titres alléchants (exemples : “Association pour la santé publique”. Ou encore : “Nouvelle méthode… dans la tradition de la psychologie humaniste”), apparemment affiliée à une Ecole, à un Institut, à un Mouvement régional, national ou international, dont certains, il est vrai, sont patronnés par des offices reconnus.

Expliquons-nous : De toute évidence, liberté de conscience et de croyance, options philosophiques, pratiques de toutes sortes, sont dans notre pays heureusement laissées au libre choix de chacun. Nous ne saurions donc faire grief aux tenants des divers groupements ou Ecoles ou Instituts de nous faire connaître leur méthode d’animation, d’éducation, de libération, de guérison, de réconciliation, etc. et les “techniques” qui les accompagnent.

Notre remarque ici porte sur le fait que des “chrétiens” voire des “ecclésiastiques” appuient de telles offres, par là même les accréditent comme si elles trouvaient appui dans l’Evangile ou ne s’en détournaient pas fondamentalement. On sait, et pour cause, l’absence de discernement pour ne pas dire aussitôt l’ignorance — elle aussi parfois fondamentale — du grand nombre de ceux qui se disent chrétiens. Si les “offices” reconnus, si les “ecclésiastiques” non seulement ne disent mot mais laissent entendre, ne fut-ce que par leur silence, que de telles méthodes sont recommandables, ils risquent le juste reproche d’avoir laissé s’égarer les brebis.

Nos remarques ne visent donc personne d’autres que les chrétiens. C’est eux qu’ici nous alertons en les invitant à réfléchir à ce qu’ils lisent, à ce qu’ils entendent, à ce qu’ils voient. C’est eux que nous invitons à ne plus se taire, à ne plus se laisser égarer mais à avertir ceux qui s’égarent. Nous devons nous limiter. Nous ne prendrons que deux exemples. 80

80 Nous taisons les sources et références de cette documentation parce que nous ne désirons surtout pas faire de la réclame, même sous cette forme, au profit de tels groupes ou lieux d’animation. Le moins que nous puissions dire, c’est que cette documentation paraît en Suisse romande.

Le premier est précisément à l’enseigne de l’animation de groupe. En vérité, la méthode qu’il propose ne se présente nullement sous l’étiquette “chrétienne”. Elle “s’insère à la tradition de la psychologie humaniste américaine”. Et quel est son postulat premier ?

“L’être humain est une personne autonome, libre et responsable”. Et l’impératif accompagnant cette première déclaration dit : “Cherche à accroître constamment ton autonomie, ta liberté et ta responsabilité”.

Voilà une dynamique propre à couper le souffle d’un chrétien.

“L’être humain, une personne autonome ?”

Je croyais, à la lumière de l’Evangile et pour l’avoir constaté mille fois dans la réalité quotidienne, que l’homme est une créature dépendante à tous égards, ne fût-ce que de sa santé, de sa famille, de son prochain, du temps, des circonstances prévues ou imprévues, de lois qui lui sont imposées, de possibilités qu’il ne maîtrise pas ou qui lui échappent, et j’en passe.

“L’être humain, une personne libre ?”

Je croyais, à la lumière de l’Evangile et pour l’avoir constaté mille fois dans la réalité quotidienne, que l’homme est par nature esclave de lui-même, de ses illusions, de ses sentiments contradictoires, de sa volonté vélléitaire, de ses désirs insensés, et j’en passe encore.

Oui, je croyais que ma folie et mon aveuglement étaient justement de me croire “autonome” et “libre”, et que le premier mot de Dieu venu à mon secours était un appel à la repentance, à une prise de conscience de ma véritable situation et de la guérison urgente dont j’ai besoin.

Selon une vieille méthode qui m’est présentée comme “nouvelle”, vais-je m’endurcir ? Dans la tradition de la psychologie humaniste universelle et non pas seulement “américaine”, vais-je, par le remède roboratif de cette “dynamique”, accroître cette fausse “autonomie” et cette fausse “liberté” ?

Comment donc des chrétiens pourraient-ils agréer de telles propositions ou même s’engager dans de tels chemins ?

Le second se présente sous l’appellation d’un “institut d’hygiène vitale” et participe également de la dynamique de groupe, sauf que l’un ou l’autre des responsables ne se disent plus animateurs mais déjà “thérapeutes” au service d’une médecine de la personne.

Là encore, l’enseigne ne cache rien. Les rencontres proposées touchent à des domaines précis : “la naturothérapie, la diététique, l’iridologie, le massage californien, l’astrologie, les biorythmes…”

Que veulent-elles guérir ?

“Nous assistons à une recrudescence 81 des maladies de dégénérescence telles que troubles cardio-vasculaires, rhumatismes, diabète, dépression nerveuse, cancer, etc. Nous pouvons éviter ces affections en nous conformant à certaines règles immuables qui régissent la nature et notre organisme. Le bon sens favorisant la santé réside dans l’acceptation de ces règles…”

81 Affirmation tendancieuse et contestable au vu des dernières statistiques de l’OMS.

Consultations privées, cours, stages, week-ends, veulent :

On ne saurait être mieux intentionné !

Notre seul commentaire : “Le bon sens favorise la santé” ! Le chrétien ne saurait l’oublier, d’autant plus qu’à la lumière de la sagesse de Dieu, communiquée par l’Esprit saint et la parole biblique, il a appris à ne plus être naïf, à discerner les vessies des lanternes, à choisir entre la vérité et l’erreur, à se connaître non dans les reflets de ses propres illusions mais dans le miroir que lui tend le Seigneur.

Comment donc le chrétien pourrait-il se laisser persuader ou entraîner à chercher midi à quatorze heures, ou même à dix-huit heures, et confondre le chemin de la santé spirituelle, psychique et physique avec ces avenues de prophylaxie désignées par de telles enseignes ?

La générosité et la sincérité de ceux qui les leur proposent n’est pas en cause. Le discernement spirituel ou le simple bon sens des chrétiens tentés d’emprunter ces avenues, oui !

Ces quelques pages voulaient les y rendre attentifs.

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