L’occultisme à la lumière du Christ

III
L’occultisme doctrinal

SES CARACTÉRISTIQUES

Dire de quelqu’un qu’il est un occultiste, c’est dans l’esprit de beaucoup de gens ranger ce personnage au nombre des êtres inquiétants dont on ne sait pas s’ils sont savants ou sorciers. A moins qu’on ne leur accorde immédiatement les deux qualificatifs !

Il est bien exact que derrière tous les magiciens, devins, astrologues, radiesthésistes et bon nombre de guérisseurs se cachent des principes qui découlent de l’occultisme, sans que nécessairement ces praticiens en aient une connaissance approfondie. Il arrive même qu’ils l’ignorent. Souvent, ces « sorciers » modernes utilisent des formules puisées ici et là dans les traités de vulgarisation de cette science secrète, ou bien ont hérité d’un oncle ou d’un aîné quelques formules cabalistiques qu’ils appliquent au gré d’un peu de fantaisie, parfois d’une connaissance de l’homme, de ses faiblesses, et surtout de sa crédulité.

En nous intéressant par la suite à l’art de ces praticiens, nous aurons l’occasion de revenir sur cette exploitation, parfois scandaleuse, de la naïveté et de la souffrance humaines.

Mais à côté des charlatans, dangereux surtout pour le porte-monnaie de leurs victimes, il existe d’authentiques occultistes dont l’art est en même temps une science, une philosophie, souvent encore une religion. Si nous voulons comprendre la condamnation absolue que la bible porte sur ce corps de doctrines et toutes les pratiques qui l’accompagnent, il faut commencer par nous intéresser à elles. Cette connaissance est fort nécessaire ; elle est même indispensable à notre époque où l’occultisme se pare souvent de « vêtements de lumière » et trompe ainsi la confiance de milliers de gens non avertis.

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Le mot lui-même est déjà tout un programme. Occultisme a la même racine que le terme français « celer », c’est-à-dire cacher. L’occultisme est l’étude et l’explication du mystère de l’univers, de sa création, de son devenir.

Mais l’occultisme n’est pas une étude comparable à toutes les autres sciences d’observation ou de découverte par l’analyse. Ce qui lui confère ce caractère particulier, c’est le fait qu’il est une initiation réservée, non pas à tous, mais à quelques-uns seulement.

L’initié est d’abord un candidat. Par étapes successives, il doit donner des preuves de sa discipline et des connaissances acquises, puis il entre dans la révélation des mystères de l’existence terrestre en relation avec ceux de l’univers. Par l’occultisme, il parvient à la science la plus haute, celle du sens de la vie. Autrement dit, l’occultisme ne veut pas s’opposer aux sciences exactes ; il veut les compléter. Mieux encore, il veut les dépasser, d’où aussi son caractère religieux. A ce titre, il prétend, parmi beaucoup d’autres privilèges, lutter contre le matérialisme et l’athéisme.

Une telle orientation laisse déjà deviner, à tout observateur averti, quels mouvements ou quels ordres l’occultisme inspire ou a inspirés.

Il n’est pas de franc-maçonnerie qui n’ait puisé son rite, ses mystères d’initiation, ses principes philosophiques et moraux dans l’une ou l’autre des sources occultistes d’Orient et d’Occident. Il faut citer aussi « l’Ordre cabalistique de la Rose-Croix », en particulier sa littérature très prisée de tous les spiritualistes contemporains. Puis les nombreux groupements rattachés à la Société théosophique, parmi lesquels celui fondé par Rudolf Steiner, qui a son centre à Dornach près Bâle. Citons encore les « Facultés des sciences hermétiques », les « Sociétés alchimiques », l’« Union idéaliste universelle » groupant les chefs des principales sociétés occultistes d’Europe et d’Amérique, l’« Ordre martiniste », celui des « Bons Templiers », etc.

Si on connaissait mieux l’histoire, on découvrirait que les noms de littérateurs, de musiciens, de philosophes, de chefs d’Etat, même de chefs religieux peuvent s’inscrire parmi les tenants ou aboutissants de l’occultisme. Citons : Pic de la Mirandolle, Nostradamus, Paracelse, Eckart, le fondateur du mysticisme en Allemagne ; Swedenborg, dont les adhérents se constituent en secte connue sous le nom de Swedenborgiens ; Catherine de Médicis, qui s’occupa de sorcellerie, et Charles d’Angleterre, d’alchimie. Et n’oublions pas Cagliostro, charlatan et médium qui eut un vif succès à la cour de Louis XVI et fut mêlé à l’affaire du « Collier de la Reine ». Shakespeare fut un initié, Gœthe aussi, et Balzac. Parmi les musiciens, Wagner.

Au siècle dernier, tout une pléïade d’hommes contribuèrent, par leurs écrits, à remettre en honneur l’occultisme. Parmi eux, citons Barlet, Eliphas Levi, et surtout Papus, dont on a dit qu’il était le Balzac de l’occultisme.

Pour mieux donner la mesure de la science que prétend embrasser l’occultisme, il faut encore souligner qu’il se rattache aux traditions les plus anciennes et aux textes sacrés de l’Inde, de la Chine, de l’Egypte, de l’Assyrie, de la Babylonie, et plus proches de nous, des Celtes. La philosophie occultiste moderne est un condensé, parfois une synthèse de ces sagesses antiques. Sa spiritualité, sa morale, n’est qu’une adaptation des croyances de ces religions anciennes. Son ritualisme même, tel celui des mystères d’Isis, se retrouve dans les séances d’initiation des occultistes d’aujourd’hui.

SA DOCTRINE

On ne comprendra rien à l’occultisme si l’on ne saisit pas d’abord son principe de base, qui est en quelque sorte l’étalon or de toutes ses connaissances. Ce principe est l’analogie.

C’est par comparaison qu’on découvre ce qui échappe à nos sens. Papus définit ainsi l’analogie : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. » Ainsi l’homme est un tout petit monde parce qu’il contient en lui analogiquement toutes les lois de l’univers. Un exemple occultiste type le fera comprendre.

Chacun connaît l’image d’un enfant dans le sein maternel. Il est relié à sa mère par le cordon ombilical. L’enfant n’est pas conscient de cette relation. — Par analogie, nous sommes reliés à l’atmosphère terrestre par un lien invisible mais non moins réel qui s’appelle la respiration.

Notre mère nous transmet la vie. Elle est un être complet. Par analogie, la terre est, elle aussi, un être complet, et l’atmosphère est le centre de respiration de la terre. Par elle, tous les êtres vivants de cette terre sont en relation, même si nous en sommes inconscients. Ce principe de base trouve son application dans certaines pratiques occultes qui font intervenir la respiration comme source de puissance surnaturelle.

Tout ce qui se produit chez la mère a des répercussions sur son enfant. Par analogie, tout ce qui est produit dans l’atmosphère, et plus loin encore, dans l’univers, a des répercussions dans notre vie inconsciente. On discerne déjà les conséquences que l’astrologie tirera de cette affirmation.

Chez les occultistes, cette partie importante de notre personne qu’est l’inconscient a un nom particulier : l’astral. Ainsi, pour les occultistes, l’homme est formé de trois principes : le physique, l’astral, le spirituel. Selon eux, le spirituel ou principe conscient est d’origine divine ; il n’est pas à confondre avec l’inconscient ou principe astral qui est d’origine… astrale, ou avec le corps ou principe physique qui est d’origine terrestre.

Ces principes vont nous mener plus loin que vous ne pensez. Lisez plutôt.

La mère forme l’enfant qui est dans son sein sans que celui-ci en soit conscient. Même après sa naissance, elle continue à l’influencer parallèlement à d’autres forces à l’œuvre. De même, l’intelligence ou puissance astrale qui ordonne tout le mouvement des astres dirige l’homme dans son inconscient, c’est-à-dire dans toutes ses fonctions organiques, comme aussi dans cette partie de l’être comprenant les inspirations, les intuitions, les passions.

Donc nous ne sommes jamais des isolés dans le monde. Nous sommes au contraire intimement reliés à l’univers.

Jetez une pierre dans l’eau. A l’endroit même de la chute prendront naissance une série de cercles concentriques qui gagneront progressivement toute la surface de l’eau et ne cesseront qu’à la rencontre d’un obstacle. Par analogie, tout mouvement dans l’astral, en particulier le mouvement des astres, a ses répercussions sur notre être organique et intuitif.

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Mais revenons encore à ce que l’occultisme dit de l’homme. Selon le principe analogique et en inversant les termes, bien connaître l’homme, c’est bien connaître Dieu, ou encore : la vérité qui est en l’homme est en Dieu.

Or, on peut observer l’homme sous bien des faces. On peut, par exemple, le ramener à un certain nombre de chiffres. Ainsi, indépendamment des membres, le corps physique a trois parties distinctes : la tête, la poitrine, le ventre. On peut compter 7 trous dans notre tête, 12 paires de côtes dans notre poitrine, 2 fois 5 doigts à chacune de nos mains. La vérité de l’homme le dépasse. Ces chiffres, 3, 5, 7, 10, 12 sont autant de principes que la sagesse occultiste découvre dans l’univers, puis en Dieu.

Il serait fastidieux d’en montrer toutes les applications. Nous n’en donnerons qu’un seul exemple : si nous chiffrons le corps par 1, il faut chiffrer l’astral par 4 et l’esprit par 7, parce que :

4 = 1 + 2 + 3 + 4 = 10 ; 10 =1 + 0 = 1
7 = 1 + 2 + 3+ 4 + 5 + 6 + 7 = 28 ;
28 = 2 + 8 = 10 ; 10 = 1 + 0 = 1.

car il y a unité entre le corps, l’astral et l’esprit.

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Ou bien on ramène l’homme à ses trois éléments :

  1. Esprit ou âme (lieu de l’inspiration, être conscient, corps spirituel).
  2. Vie ou inconscient (lieu des passions, corps astral).
  3. Besoins ou corps physique.

On peut le ramener aussi à 9 éléments :

  1. Ame du corps psychique.
  2. Vie du corps psychique.
  3. Matière du corps psychique.
  4. Ame du corps astral.
  5. Vie du corps astral.
  6. Matière du corps astral.
  7. Ame du corps physique.
  8. Vie du corps physique.
  9. Matière du corps physique.

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L’analogie nous conduit à des affirmations extraordinaires qui sont prises très au sérieux par les occultistes. Celle-ci, par exemple ! Créatures faites à l’image de Dieu, voici comment s’opère notre création (l’art photographique nous le fera comprendre) : il y a le sujet, puis le négatif, et enfin le positif, correspondant à spirituel, astral, physique. Dans toute création, on retrouve ce modèle : 1° l’idée à réaliser ; 2° l’intermédiaire ou négatif ; 3° la réalisation même.

Cette analogie nous donne la clef des trois plans universels : il y a le monde divin ou le monde des idées-types ; le monde astral ou monde des clichés négatifs ; le monde élémentaire ou monde des formes physiques.

Cette clef explique la théorie fondamentale de l’occultisme, selon laquelle nous avons trois corps : un corps spirituel, un corps astral, un corps physique. Avant notre naissance, c’est le corps spirituel (idée à réaliser) qui crée le corps astral (cliché négatif), et c’est le corps astral qui crée notre corps physique. De là, il résulte que tout ce qui vient du plan divin a son reflet astral, et par l’astral, est actualisé dans le monde physique.

Ceci démontre le rôle primordial que joue ce plan astral dans les pratiques occultistes comme l’astrologie, la divination ou la magie, et explique l’expression couramment employée par les devins : « La vision de votre cliché de l’astral me montre que… »

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Mais ce principe peut être inversé, et cela a aussi des conséquences.

Pendant la vie terrestre, disent les occultistes, nous reconstituons notre corps astral, puis notre corps spirituel. Si donc sur cette terre je suis un ivrogne, mon corps astral en sera perturbé. Je risque, après ma mort, au lieu d’être un évolué qui participe à une autre existence, de devoir revenir sur terre, mais cette fois avec un corps mal façonné ; car nous récoltons toujours ce que nous avons semé.

C’est à partir de ce principe que l’occultisme fonde sa croyance en la réincarnation. Elle est le chemin obligé de tout homme dont la conduite ne permettrait pas qu’après sa mort, il passe directement dans un plan de félicité. Elle expliquerait aussi les morts prématurées, ou les vies prolongées. Elle serait l’explication de beaucoup de souffrances.

« Le but de la vie, dit l’occultiste, c’est de fabriquer soi-même sa destinée future, car l’homme est libre dans le cercle de fatalité qui l’entraîne, comme le passager d’un paquebot est libre dans sa cabine. »

D’où son cri d’espérance : « Revivre, revivre dans les plus hautes conditions possibles, telle est la trajectoire. » Et ce cri d’espérance concerne les trois parties de notre être.

Le physique, soit les cellules de notre corps, connaît la métempsycose. Après leur mort, les cellules matérielles retournées à la terre peuvent y rester sous forme de minéraux, ou devenir plante, ou cellule animale. Ce n’est pas l’homme qui connaît la métempsycose, mais son corps physique.

Le corps astral, lui, connaît des possibilités évolutives. Car, dans l’astral, il y a beaucoup de degrés ; on peut se tenir dans les degrés très inférieurs, se contenter du médiocre ou aspirer aux degrés les plus hauts. Ces possibilités se réalisent au cours de notre vie terrestre. Nos pensées, nos sentiments, nos paroles et nos actes ont des répercussions dans l’astral et décident de notre évolution.

Seul l’esprit a la possibilité de se réincarner. Les occultistes disent que l’esprit humain ne peut se réincarner que dans un corps humain.

Une telle croyance a pour conséquence une morale qui s’explique assez facilement.

Puisque nous sommes sur terre pour fabriquer notre corps spirituel au travers de notre corps astral, l’observation des lois générales de justice, de bonté, de charité est de rigueur.

Dans cette perspective, l’occultiste pourrait être tenté de s’enfermer dans une tour d’ivoire pour accélérer son évolution. Il oublierait ce que lui enseigne la morale occultiste : il n’est qu’un passager de paquebot. Il doit donc compter avec les autres et il ne peut avancer plus vite qu’eux. En résumé, faire son devoir du mieux qu’on peut, voilà le chemin de l’évolution personnelle et communautaire. Elle s’accomplit sous la seule responsabilité de l’homme, car il est appelé à se conduire tout seul dans la vie.

Et Dieu, dans tout cela, qui est-Il ?

Nous avons vu qu’il existait trois plans : le plan divin, le plan astral, le plan terrestre. Dieu est le Principe qui donne la vie à tout ce qui existe sur ces trois plans. Voilà comment il est défini : « Dieu est et reste Lui-même tout en se donnant aux diverses créatures de l’univers pour les faire vivre. » Autrement dit : Il est l’ordonnateur et le principe vivant des trois plans, sans pour cela empêcher ces trois plans d’avoir une existence propre ou d’être déterminés entre eux par des relations précises.

Selon l’occultisme, les communications entre le monde invisible et le monde visible existaient autrefois parfaitement. C’est par la seule volonté de l’homme qu’elles ont été rompues. Le rôle de l’occultisme est en particulier de les renouer. C’est la tâche que se sont donnés dans l’antiquité comme de nos jours les centres initiatiques. « Nous avons tous en nous des facultés merveilleuses ou des moyens de communication entre le visible et l’invisible qui ne demandent qu’à être évolués. »

Complétons cette information en notant que pour les occultistes, la bible fait partie des livres inspirés qu’il faut connaître et même méditer. Pour eux, les grands hommes de la bible, tels Abraham ou Moïse sont des initiés. Quant à Jésus, il est rangé parmi les esprits célestes supérieurs. Il est même reconnu comme un envoyé du plan céleste. Loin de nier son incarnation, on la souligne, on l’explique. Elle vient, comme beaucoup d’autres détails de la bible, à l’appui de la thèse occultiste qui voit en Jésus « l’Illuminateur des humanités dans tous les plans ; le principe de tout ce qui ici-bas parle, c’est-à-dire, a une couleur, une saveur, un son, comme l’Esprit est le principe de tout ce qui illumine le cœur et le cerveau, y apporte la paix, la pitié, la douceur ».

Les trois forces — le Père, le Fils et l’Esprit, dits aussi la Vie, le Verbe et la Lumière — « sont les diverses manifestations d’un principe suprême que l’on appelle aussi la Toute-Puissance ».

Dans cette initiation, la prière trouve sa place de choix ; car elle nous met en contact avec le plan divin supérieur et nous permet d’en recevoir les influences bénéfiques.

SON CRÉDIT

A rendre compte sous cette forme de la doctrine occultiste, nous courons deux risques. Les chrétiens pourraient nous reprocher de propager l’erreur sous prétexte de la combattre. Les occultistes pourraient être scandalisés de nous voir ainsi condenser en quelques pages une philosophie, une science, un art, une religion dont l’exposé remplirait des bibliothèques entières.

Nous répondrons aux occultistes que notre intention n’était pas d’être leur porte-parole et qu’à dessein, nous avons limité cet exposé. Nous ne croyons pas avoir déformé ni leurs principes philosophiques, ni leurs croyances métaphysiques. Il nous importait surtout de montrer, à partir d’une certaine plateforme où nous nous sommes tenu, quelques-uns des embranchements qui y aboutissent ou qui en partent. Et cela d’une part à l’intention de la grande masse des ignorants. Comme nous le dirons plus loin, ces croyances et ces principes sont à la base de nombreuses pratiques qui forcent l’étonnement, l’admiration, et bientôt l’adhésion consentante des gens friands de mystère, de sensations nouvelles, et toujours favorablement impressionnés par le côté miraculeux d’une science. Mais ce « bon peuple » sait-il à quelles sources « païennes » s’alimentent et cette science et les pratiques « miraculeuses » dont elle s’accompagne ? Sait-il les conséquences de sa crédulité, quand il consulte voyantes, devins, astrologues ?

D’autre part, nous avons résumé cette doctrine à l’intention des chrétiens qui, à l’heure actuelle, ont généralement une fausse attitude face à l’occultisme. Ou bien ils le traitent avec un mépris souriant et reçoivent en retour la monnaie de leur pièce ; car aux yeux des occultistes sérieux, les chrétiens passent alors pour des gens bornés, sectaires et prétentieux, de mauvaise foi puisqu’ils refusent de voir les évidences de l’occultisme.

Ou bien, intéressés par ces « évidences », ils ne cherchent guère à en éprouver la vraie nature et font bientôt cause commune avec ceux qui leur apparaissent si « Spirituels » et même profondément « religieux ».

Quand saint Paul était à Athènes, il fit les mêmes remarques aux « païens » rassemblés sur l’Aréopage 1. Cela ne l’amena ni à se moquer d’eux, ni à faire cause commune avec eux. Il fit beaucoup mieux que cela ; il leur annonça l’Evangile, les appelant à la repentance envers Dieu et à la foi en Jésus-Christ, un Jésus-Christ qui n’avait rien de commun avec celui des occultistes d’hier et d’aujourd’hui.

1 Actes 17.22-31.

Annoncer l’Evangile de Jésus-Christ demeure la mission des chrétiens d’aujourd’hui !

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Mais revenons à la sagesse occultiste, qui est un effort prodigieux de cerner la réalité non pas seulement dans son actualité, mais dans ses sources et dans son devenir. Elle est une somme extraordinaire de connaissances de nombreuses sciences, philosophies et religions. A ce titre, elle mérite notre respect, ce respect qu’avait précisément l’apôtre Paul face à ses interlocuteurs athéniens.

Disons-le aussi : les théoriciens de l’occultisme, comme aussi beaucoup de ses praticiens, sont gens sincèrement désireux d’approfondir le mystère de l’existence du monde, de nos vies en particulier. Vus sous cet angle-là, avec toutes les exceptions qui confirment la règle, ce sont des gens honnêtes, on oserait presque dire dignes de bonne foi.

Ajoutons que beaucoup d’entre eux, comme praticiens, ont le désir sincère d’être utiles et, avec compassion, souhaitent venir en aide à la société dans ses difficultés et dans ses maux. On ne saurait honnêtement nier ce côté humanitaire de beaucoup d’occultistes.

Enfin la très grande majorité des occultistes connaissent leur science uniquement par son côté empirique et sont, à cause de cela même, persuadés de la valeur intrinsèque de la théorie. Quand des preuves tangibles et renouvelées viennent confirmer une théorie, même imaginaire, comment n’en conclurait-on pas que cette théorie est la vérité ? Mais surtout, quand ces pratiques permettent de prévoir l’avenir, d’en éviter les inconvénients ou les dangers, ou alors quand elles remédient aux insuffisances de la médecine officielle, pourquoi se priverait-on de leurs services ? C’est ainsi que neuf fois sur dix, nos contemporains ne s’intéressent pas aux sources de l’occultisme mais au pouvoir miraculeux dont il s’accompagne.

Interrogez autour de vous ! Tous ceux qui ont consulté voyants ou voyantes, astrologues, devins, tireuses de cartes, vous diront que s’ils ont finalement ajouté foi aux propos de ces gens, c’est que leurs prédictions se sont vérifiées à l’usage. Et pour bien souligner qu’ils ne sont pas à ranger parmi les dupes, ils ajoutent qu’ils étaient d’abord sceptiques, qu’ils étaient même restés longtemps sourds aux sollicitations de leurs amis les invitant à aller « consulter ». Ils étaient persuadés que tout ça était du « truqué » et qu’en aucun cas, « on ne leur en ferait accroire ».

Puis, à la suite d’une circonstance imprévue, par jeu ou par curiosité, ils sont entrés en contact avec une voyante. Depuis ce jour, leurs doutes sont progressivement tombés ; au point qu’à l’heure actuelle, ils sont absolument certains de la valeur des prédictions, par conséquent, de la validité des pratiques.

Qui parle ainsi ?

Le « bon peuple », celui qui fait la richesse de tous les occultistes en payant assez grassement ces « bienfaiteurs ». Mais pas lui seulement ! Car la clientèle des voyantes et des astrologues ne se recrute pas seulement chez les petites gens : hommes politiques, magistrats, hauts fonctionnaires, hommes d’affaires, industriels, gens de théâtre, de music hall, recourent aux services des voyantes. L’une d’elles, Jeanne Dumonceau, décédée en 1956, écrivait :

« Il est peu de grands de ce monde qui n’aient régulièrement recours aux bons offices d’une voyante ou d’un astrologue. » Certains établissements de Paris ont même leur voyante attitrée. Il suffit du reste d’ouvrir n’importe quel journal pour y repérer les annonces des occultistes et pour constater combien ils sont nombreux.

A cet égard, il y a des différences entre les pays latins et les pays anglo-saxons. En France et en Suisse, quand on va consulter les occultistes, on le raconte à ses amis en leur « refilant » l’adresse avec chaude recommandation, quitte à émettre l’avis que la plupart sont des charlatans. En Angleterre et en Amérique comme dans les pays slaves, personne ne s’étonne de vous voir vous intéresser à telle revue occultiste et participer aux séances d’une société dite spiritualiste. C’est même fort bien porté, parce qu’on est persuadé que si « les sciences physiques reculent, chaque jour, les bornes de la connaissance humaine, de même les sciences psychiques repoussent les frontières de l’inconnu ».

Dans les récits biographiques de tel ou tel voyant ou voyante, s’accumulent les « miracles » et « phénomènes contrôlés et vérifiés » racontés pour souligner « les dons exceptionnels du sujet » : prédictions concernant une personne, une famille, un état ; prémonitions, description précise d’accidents, de tragédies ; découverte du sort passé ou futur d’une personne à la seule vue d’une photographie de cette personne ou d’un objet lui appartenant ; prédictions de réussite ou d’échec littéraire, financier, politique, sentimental, thérapeutique ; diagnostics médicaux, vérifiés ensuite par les médecins ; objets perdus et retrouvés grâce aux indications de la voyante ou de l’occultiste.

Tout cela explique l’intérêt que suscitent ces praticiens ; mais ce qui nous importe, c’est l’origine de ces dons exceptionnels ; car si les faits sont là, indéniables, il est essentiel d’en connaître la cause.

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