« En vérité, alors que nous pensions que Dieu l’avait puni, frappé et humilié, c’est de nos maladies qu’il s’est chargé. Ce sont nos souffrances qu’il a prises sur lui. Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui. »51
51 Esaïe 53.4-5.
On peut lire le chapitre 53 d’Esaïe comme une préface ou un prélude à l’extraordinaire révélation du Nouveau Testament. Or le prophète ouvre ce chapitre par une importante question. Il demande : « Qui a cru à notre message ? »
En effet, son message pourrait se résumer par un mot, apparemment connu de tous : l’Evangile. Or tentez l’expérience : demandez à vos voisins s’ils croient l’Evangile. Vous êtes quasi assuré d’obtenir une réponse embarrassée, signifiant bien l’ignorance ou l’incompréhension des gens : « Non… je ne vais pas à l’Eglise… J’ai d’autres intérêts ! »
En d’autres termes, on ne sait plus, on ne croit plus, on n’entend plus que l’Evangile, au sens premier, est La Bonne Nouvelle ; et qu’avant toute autre considération et toute autre conséquence, cette Bonne Nouvelle est en rapport avec la guérison de l’homme ; guérison de toutes ses maladies et de la plus grave d’entre elles : la mort.
Si le mot Evangile était entendu dans son sens premier, laisserait-il indifférents, même parfois hostiles, ceux auxquels il est communiqué ?
Si ce n’est pas le lieu de dire comment et pourquoi cette Bonne Nouvelle est aujourd’hui étrangère à l’entendement de la plupart de nos contemporains, c’est être loyal informateur que de rappeler ce simple fait : le ministère de Jésus en Israël s’accompagna de constantes guérisons du corps, de l’âme et de l’esprit ; à trois reprises, il fut confirmé par des résurrections, considérées comme le prélude au matin de Pâques, à la victoire de Jésus lui-même sur la puissance de la mort.
C’est être loyal informateur de souligner également que le ministère confié par Jésus à ses disciples est l’expression de cette Bonne Nouvelle, puisqu’« il travaille avec eux et confirme leur prédication par les miracles qui l’accompagnent ».52 Donc, la guérison des malades est partie intégrante du ministère évangélique.
52 Marc 16.20.
Précision importante et nécessaire : cette guérison est l’œuvre du Christ ressuscité, présent et agissant en ce monde. Il n’appartient à personne de limiter cette souveraine liberté du Seigneur, et encore moins d’en décider. Les disciples ne disposent pas, à leur gré, de la faculté de guérir. Ils ont charge de communiquer la Parole. Dite et reçue avec foi, elle devient facteur de guérison.
Cependant, son processus est fondamentalement différent d’une thérapie classique ou alternative. Celle-là restaure momentanément et partiellement les déficiences de notre organisme. Par sa Parole, le Seigneur, lui, opère une régénération de toute notre personne. Et le verbe « régénérer » est à entendre dans l’absolu de son sens premier, « reconstituer ce qui est détruit ».
L’Evangile illustre cette régénération par des expressions significatives : « passer de la mort à la vie… des ténèbres à la lumière ; mourir à soi-même et marcher en nouveauté de vie ; devenir une nouvelle créature ; revêtir l’homme nouveau ».
Ultime et important rappel : cette restauration de l’homme n’est pas inscrite dans l’ordre naturel des choses. Elle résulte d’une initiative de Dieu, solidaire de la création et de l’humanité. Elle résulte de Son engagement à les libérer personnellement de leur asservissement au mal et à la mort.
Il est important de comprendre ce processus et les thérapies qu’il comporte. C’est pourquoi un bref retour à la révélation que nous en donnent l’Ancien et le Nouveau Testament est ici nécessaire.
La première Création, la plus souvent rappelée, souligne que Dieu en est l’Auteur et le Réalisateur. Le chapitre 1 de la Genèse n’explique pas le « comment » de Son acte créateur. Par contre, il en décrit les sept jours ou étapes et il rapporte l’appréciation divine : « Dieu considéra tout ce qu’il avait créé et trouva cela très bon. »53
53 Genèse 1.26, 31.
Le premier mot hébreu de cette révélation connaît deux traductions possibles : « Au commencement, Dieu créa… » ou bien : « Dans son projet de commencement, Dieu créa…»54 Ce qui suggère une importante question : son projet de création envisageait-il la possibilité d’une autre réalité que celle rapportée par ce premier chapitre et ses développements ultérieurs ?
54 A Bible ouverte. J. Eisenberg, A. Abecassis. Ed. Albin Michel, p. 23.
Moïse apporte une réponse à cette interrogation au deuxième chapitre de la Genèse. Mais pour en saisir le sens prophétique extraordinaire, il importe de retenir la conclusion de l’Histoire de la première Création :
« Dieu vit que le monde était corrompu, car toute l’humanité suivait la voie du mal… Et il dit : J’ai décidé d’y mettre fin… »55
55 Genèse 6.12-13.
Le cataclysme survenant, seuls Noé et sa famille trouvent grâce et salut dans l’arche qu’ils avaient construite sur l’ordre de l’Eternel. Mais, après le reflux des eaux du déluge et l’assèchement de la terre submergée, les épargnés et leurs descendants sont à leur tour artisans et victimes de la même corruption transmise de génération en génération.
Ainsi, de page en page, les Ecritures disent la faillite de l’homme auquel le Créateur a confié la gérance de ce monde. Elles révèlent aussi la raison de cet échec. L’homme n’est pas seul en cause.A l’arrière-plan de l’univers, dans un deuxième ciel invisible, existent et agissent les créatures célestes, gérantes avec l’homme de la création visible. Parmi ces créatures dénommées Puissances, Forces, Autorités, Dominations, l’initiateur du forfait qui a bouleversé l’ordre créateur est clairement désigné : c’est Satan, littéralement le Contestateur.
Effectivement, il vient proposer au couple Adam-Eve une gérance « nouvelle » du monde créé. En bref et à la clé de sa suggestion : une intendance commune et mondiale, régie selon une entière autonomie des créatures terrestres et célestes.
Dieu avait mis une limite à la liberté d’action de l’homme. Une clause suspensive (« l’arbre de la connaissance du bien et du mal ») laissait au Créateur le développement de la vie et la conduite d’une Histoire conforme à son dessein. C’était une manière de rappeler aux créatures célestes et terrestres qu’il n’y a pas d’existence possible hors la communion avec le Créateur.
Cédant à la suggestion de Satan, le couple Adam-Eve tente de s’engager dans une existence dès lors dérobée à Dieu. Avec la folle illusion, selon la fallacieuse promesse du diable, qu’il va maîtriser son autonomie. En réalité, leur vie devient une course à la mort.
Telle est la note dominante de la chronique biblique de toute famille et de toute nation. Les soixante-six livres de l’Ecriture en sont le miroir. Sans rien cacher, ils rapportent le cheminement épuisant, la totale faillite de l’humanité, mais aussi et surtout l’indicible agonie de notre planète.
Sous le regard indifférent, distant, impassible de Dieu ?
C’est ce que pense et ose prétendre l’homme aliéné par Satan. Mais ce n’est pas la vérité.
Le premier mot de la Bible le laissait entrevoir : le projet créateur de Dieu n’était pas établi sans qu’il ait envisagé ce qui pourrait survenir si la suffisance des créatures célestes, conjointe à la présomption d’Adam et d’Eve, les détournaient du dessein divin.
C’est pourquoi, au chapitre premier de la Genèse, Moïse décrit les sept étapes amenant ciel, terre et toutes les créatures à l’existence. Etonnamment, il dévoile déjà au chapitre 2 ce que, dans sa grâce prévenante, Dieu a envisagé pour secourir et restaurer l’humanité dévoyée. Ce qu’il décrira au chapitre 3.
Une nouvelle création et une nouvelle humanité viendront à l’existence. Encore et toujours tirée de la poussière de la terre, cette nouvelle humanité aura une identité différente parce que générée à partir d’une autre origine.
Alors qu’au chapitre 1, Dieu est nommé Elohim, au chapitre 2, il est nommé Yahvé Elohim. Elohim est le Dieu trinitaire, Père-Fils-Saint-Esprit, Créateur. Le nom complété qu’il se donne au chapitre 2 – Yahvé Elohim – est révélateur de l’œuvre salutaire qu’il entreprend. Elle génère une nouvelle création, réparatrice des destructions dont l’homme, Satan, et les puissances et dominations sont les auteurs. Yahvé Elohim est le Dieu Je suis en dialogue avec Moïse,56 le Dieu Fils et Sauveur, incarné en Jésus-Christ.
56 Exode 3.14.
Alors qu’au premier chapitre, le couple Adam-Eve est créé au sixième jour pour être gérant d’une création quasi achevée, au deuxième chapitre,Adam paraît seul dans un monde déjà existant, mais desséché et infructueux. L’épouse qui lui est accordée connaît une singulière naissance, caractérisée par une parole d’Adam lui-même. Il dit : « Cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair » Et cela pour une évidente raison : elle est tirée d’une partie du côté de l’Homme endormi.
Cette révélation est l’annonce première et prophétique de l’événement fondamental rapporté par les quatre Evangiles : la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Dans la croix, Jésus assume le jugement du péché, assure le pécheur de sa grâce, abat l’hégémonie de Satan. Au matin de Pâques, sa résurrection inaugure la nouvelle création. Il est le nouvel Adam, dont sera tirée son Epouse, l’Eglise, la communauté universelle de tous ceux qui, par le baptême d’eau et d’Esprit, demeureront dans une communion d’amour avec leur Sauveur et Seigneur. Dans la foi, à l’écoute de la Parole de Dieu, ils préparent et attendent l’avènement du Christ et la nouvelle création.
Sous la plume de l’apôtre Paul et des écrivains des quatre Evangiles et des Actes, cette révélation de la première, puis de la deuxième création, connaît une confirmation détaillée. En voici les aspects importants, les mots clés étant transcrits en lettres grasses. Aux Ephésiens, Paul écrit :57
57 Ephésiens 3.2-11 ; Ephésiens 1.3-11 ; 1 Corinthiens 1.17 ; 2.7-9, 13 ; 3.1.
Dans son épitre (1 Pierre 1.20), Pierre l’apôtre enseigne aussi la préexistence et l’œuvre salutaire du Christ « avant la Création du monde ».
« Vous avez très certainement appris quelle responsabilité Dieu, dans sa grâce, m’a confiée à votre égard. Par révélation, il m’a fait connaître le secret de son plan… En me lisant, vous pouvez vous rendre compte de la compréhension que j’ai de ce secret qui concerne le Christ… Dieu ne l’a pas fait connaître aux hommes des générations passées comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit Saint… Et ce secret c’est que, par leur union avec Jésus-Christ, les non-Juifs reçoivent le même héritage que… les Juifs. Oui, c’est à moi que Dieu a fait cette grâce d’annoncer les richesses insondables du Christ et de mettre en pleine lumière, pour tout homme, la façon dont Dieu mène ce plan à sa complète réalisation. Ce plan, le Dieu qui a créé toutes choses l’a tenu caché en lui-même de toute éternité, pour que les Autorités et les Puissances dans le monde céleste puissent connaître par le moyen de l’Eglise les aspects infiniment variés de sa sagesse. Cela s’accomplit conformément à ce qui a été fixé de toute éternité et qui s’est réalisé dans le Christ Jésus notre Seigneur. »
« Le Père de notre Seigneur Jésus-Christ nous a comblés en Christ des bénédictions de l’Esprit dans le monde céleste… »
« En Christ, bien avant de poser les fondations du monde, il nous avait choisis pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui. Puisqu’il nous a aimés, il nous a prédestinés à être ses enfants qu’il voulait adopter par Jésus-Christ… »
« Il nous donne pleine intelligence pour que nous comprenions le secret de son plan fixé d’avance… pour conduire les temps vers l’accomplissement. Selon ce plan, tout ce qui est au ciel et tout ce qui est sur la terre doit être réuni sous le gouvernement du Christ. Et c’est aussi en Christ que nous avons été choisis pour lui appartenir… »
« Le Christ m’a envoyé pour proclamer la Bonne nouvelle… sans recourir aux arguments de la sagesse humaine… Nous exposons la sagesse de Dieu, secrète jusqu’à présent et qui demeure cachée au monde. Dieu l’avait préparée avant le commencement des temps… Il s’agit de ce que l’œil n’a pas vu, de ce que l’oreille n’a pas entendu, de ce que l’esprit humain n’a pas soupçonné, mais que Dieu tient en réserve pour ceux qui l’aiment… »
« Nous exposons des réalités spirituelles dans des termes inspirés par l’Esprit… J’ai dû vous parler comme à des hommes qui suivent les penchants de la nature humaine… »
Paul le dit clairement : « Les hommes suivent les penchants de leur nature… » En réalité, aucun homme ne saurait s’en défaire. Dans tous les domaines de l’existence, le mal est attaché à notre raison d’être et à nos activités. Pour cette simple raison, l’Ecriture sainte nous déclare « pécheurs ». Expression aujourd’hui refusée, même détestée par une société qui en est pourtant profondément marquée et souffrante. Cette détestation ne change rien à la réalité du péché telle que Paul la décrit aux Romains :
« Je ne fais pas le bien que je veux, je fais le mal que je ne veux pas… Malheureux que je suis, qui me délivrera ? »58
58 Romains 7.15-24.
Alors que la majorité de nos contemporains refusent la mise en cause de leur existence à tous égards défaillante, les médias se font l’écho de ce monde malade, en danger de dissolution et d’anéantissement. Pour un peu, les journalistes diraient aussi : Qui nous délivrera ?
Avec une différence pourtant. A la recherche d’une solution à cette crise existentielle, ils refusent de prendre en considération la réponse claire que Paul a donnée à sa question : Jésus-Christ est le salut de l’humanité.
Sauf rare exception, les médias se défendent de le dire. A croire même que le nom, la personne, l’œuvre et la Parole de Jésus-Christ tiennent de l’impair à ne jamais mentionner ni commettre, sous peine de paraître naïf, attardé, inintelligent !
Au premier siècle, devant le refus et l’aveuglement obstinés de ses contemporains indifférents ou alors ouvertement hostiles à Jésus-Christ et à l’Evangile, Paul ne cachait pas son indignation.
« Depuis la création, les œuvres de Dieu parlent à la pensée et à la conscience des hommes… A le nier… ils sont sans excuse. »59
59 Romains 1.19-20.
Sans excuse ?
Il serait injuste de se saisir du verdict de Paul et de l’appliquer à nos contemporains. Dans le conditionnement et la désinformation qu’ils connaissent, nous sommes motivés à leur accorder une double excuse.
La première tient en grande partie à leur ignorance.
La responsabilité en revient à la confusion dont l’Eglise elle-même – sans que nous ayons à incriminer celle-ci ou celle-là – a été ou est encore trop souvent la regrettable et fâcheuse expression.
Son témoignage, y compris souvent son enseignement, ont laissé entendre que l’Evangile était une sagesse, une morale, un idéal, en bref : une religion qui, semblablement à d’autres religions, comportait des traditions, des fêtes, des rites, des gestes, des comportements, des défenses et des devoirs. Le tout étant plus ou moins pratiqué sans que, pour autant, paraisse et soit démontrée la Bonne Nouvelle d’une réelle restauration de la personne, du couple et de la famille ; et en contrepoint, les guérisons du corps, de l’âme et de l’esprit qui en seraient l’un des aspects probants.
Certes, ces régénérations et ces guérisons parfois miraculeuses ont jalonné l’histoire de l’Eglise, dans ce dernier demi-siècle en particulier. Mais neuf fois sur dix, elles ne sont pas reconnues par une intelligentsia incrédule qui en cherche une explication rationnelle ou alors les classe parmi les mystères d’un monde encore à découvrir et dont on comprendra, demain, les mécanismes… S’y ajoute l’aveuglement volontaire d’une chrétienté attiédie qui marginalise l’événement de la régénération et des guérisons. Comment pourrait-on faire grief au « monde » de ne pas en tenir compte ?
Quant à l’autre excuse, elle tient au fait, souvent incompris, souvent aussi mal enseigné, du salut pleinement accordé. Cette régénération est effectivement réalisée dans le cœur de l’homme. Mais son expression « achevée » se verra à l’avènement du Royaume de Dieu seulement. L’apôtre Jean écrit : « Dès à présent, nous sommes enfants de Dieu et ce que nous serons n’a pas encore été révélé… Lorsque Christ paraîtra, nous serons semblables à Lui. »60
60 1 Jean 3.2.
Au jour de notre naissance, nous étions essentiellement ce que, par notre croissance, nous sommes devenus à l’âge adulte. De la même manière, au jour de notre rencontre avec le Christ, notre régénération réelle – appelée aussi notre conversion ou notre nouvelle naissance – ne connaît son achèvement qu’à l’avènement du Royaume de Dieu.61
61 Psaume 139.16 ; Matthieu 25.34.
Paul dit : « C’est en espérance que nous sommes sauvés. et nous l’attendons avec persévérance. »62 Non pas dans une passivité, fruit d’une incrédulité ignorante, mais dans un engagement de foi et de croissance à la mesure de la stature de Christ lui-même.63
62 Romains 8.24-25.
63 Ephésiens 4.13.
La guérison de notre personne participe de cette régénération. Œuvre de l’Esprit Saint, elle nous libère progressivement, parfois miraculeusement, des infirmités de notre nature pécheresse. L’apôtre parle d’une purification « des souillures de la chair ».64
Cependant, cette restitution de notre identité, âme et esprit, ne s’applique pas de la même manière à notre corps. Semé corruptible, il recouvrera sa vraie nature et sa forme définitives et éternelles à l’avènement du Royaume. Dans cette attente, il reste un corps corruptible, nécessitant des attentions, des soins, des réparations et des guérisons temporelles et ponctuelles.
Dans sa libre souveraineté, le Seigneur y pourvoit. Il peut opérer miraculeusement, en confirmation de la parole et du témoignage de ses disciples. Dans le livre des Actes, trois guérisons en sont l’illustration :
« C’était un homme paralysé de naissance… Pierre et Jean fixèrent les yeux sur lui. L’infirme les regarda attentivement… Pierre lui dit… Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche… Aussitôt ses pieds et ses chevilles se raffermitrent. D’un saut il fut debout et se mit à marcher »
« Pierre trouva à Lydda un homme du nom d’Enée… depuis huit ans paralysé et alité. Enée, lui dit Pierre, Jésus-Christ te guérit. Lève-toi… Il se leva aussitôt…»
« A Lystre, un homme paralysé de naissance… écoutait Paul. L’apôtre… voyant qu’il avait la foi pour être sauvé, lui commanda d’une voix forte : Lève-toi… D’un bond il fut debout et se mit à marcher. »65
Et il y aurait les guérisons diverses de tout l’être humain, voire de la Création, rapportées par les Evangiles. Ce sont là des « signes » annonciateurs du règne proche.
Cependant, quotidiennement, le chrétien reste tributaire de l’Economie de ce monde infirme et passager. Semblablement aux autres hommes, il en affronte les vicissitudes. Les apôtres du Nouveau Testament nous le disent et en témoignent :
« Epaphrodite était gravement malade ; il a frôlé la mort, mais Dieu a eu pitié de lui, mais aussi de moi, pour m’éviter d’avoir peine sur peine. »66
66 Philippiens 2.27.
« Tu ne devrais pas boire exclusivement de l’eau ; prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaise. »67
67 1 Timothée 5.23.
« Trophime était malade et je l’ai laissé à Milet. »68
68 2 Timothée 4.20.
« Une écharde tourmente mon corps. Elle me vient de Satan chargé de me frapper pour que je ne sois pas rempli d’orgueil… J’ai prié par trois fois le Seigneur de l’éloigner de moi, mais il m’a répondu : Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste pleinement. »69
Donc, dans la dépendance et le service du Seigneur, les chrétiens sont tenus parfois de recourir à l’aide que peut leur apporter la médecine, ou d’accepter leur infirmité.
Lorsqu’un ordinateur laisse apparaître une difficulté de fonctionnement ou communique manifestement de fausses données, il est judicieux d’en chercher la cause et d’envisager sa réparation. Devant la difficulté ou l’impossibilité de trouver la panne, ce n’est pas commettre un impair de recourir :
70 Jacques 5.13-15.
Mais selon quel critère choisir l’un ou l’autre ?
Il ne s’agit pas du choix à opérer entre un ophtalmologue ou un cardiologue. Un trouble de la vue requiert les soins du premier tandis qu’une maladie du cœur en appelle au second. La question porte sur le type de médecine recommandable.
Tout patient peut exiger du soignant des garanties quant à la qualité des soins et à leur efficience, mais aussi quant à la nature vérifiable de ces soins. Or nous y avons été rendus attentifs. Les médecines officiellement en cours ont toutes des limites et connaissent des lois plus ou moins établies et généralement confirmées par les résultats attendus.
Toutefois, la particularité des médecines alternatives ne saurait être passée sous silence. Elles relativisent la loi de la validation (qui assure un résultat) et s’en justifient en disant que l’acte médical qu’elles proposent est moins un acte de guérison… qu’une recherche de santé ! Outre cette prudente déclaration d’incertitude, la source déclarée et la nature de leurs thérapies ne manquent pas de susciter une légitime interrogation. S’agit-il d’une science plus ou moins éprouvée et maîtrisée ou d’un art controversé ? S’agit-il d’une recherche aléatoire ou d’une science occulte ? S’agit-il de médecine ou de magie ? Dilemme il y a. Médecine classique ? Médecine alternative ?
« La médecine de type scientifique connaît ses limites et sa fragilité. Elle témoigne de son ouverture en demandant à d’autres, physiciens, théoriciens de la statistique et de la communication, psychologues, etc. de la contrôler et de l’instruire. Elle tient compte du fait qu’elle n’est pas en mesure d’expliquer tous les phénomènes (l’effet placebo par exemple). Elle n’ignore pas qu’il y a encore dans le monde plus de mystères que de certitudes, mais elle exige, quand il s’agit de celles-ci, qu’on puisse en donner raison. »71
71 Dr Ch.-A. Schild. Les cahiers protestants n° 1/81, p.29.
« La médecine orthodoxe se doit d’être naturaliste et expérimentale, et affranchie de tout système philosophique. Cette dernière affirmation m’apparaît comme le point de rupture entre médecine « orthodoxe » et « médecines parallèles » lorsque interviennent des « forces anonymes, inhumaines ».72
72 Dr J.-A. Pfister, dans Le choc des médecines. Ed. Je sème, Genève, 1996, p. 14.
La médecine scientifique se réclame d’une anthropologie (une connaissance de l’homme) soit grecque (corps-âme) soit judéo-chrétienne. Cette dernière, en référence à l’image qu’en donne la révélation biblique, considère l’homme corps, âme, esprit, tel le tabernacle juif, préfiguration du nouvel Adam. Sa structure en est une illustration : le parvis (corps), le lieu saint (âme), le lieu très saint (esprit).
Dûment formés à la pratique de leur art, médecins, psychologues, psychiatres soignent le corps et l’âme. Ils n’ignorent pas la troisième dimension de l’être humain – l’esprit – mais en laissent la guérison et les soins à ceux qui, selon l’Ecriture sainte, en ont reçu la vocation.73
Leur ministère « spirituel » n’entre pas en concurrence avec celui du médecin. Il est un complément de leur tâche, important et souvent nécessaire.
74 voir aussi le chapitre 2.
Elles prétendent toutes se référer à une observation des lois fondamentales de la santé. Sans le dire ou même le reconnaître, elles en cherchent une application complétée par une spiritualité non définie, sous-jacente, caractérisée par le terme « Energie cosmique » laissée à la libre interprétation de chacun.
Difficulté supplémentaire :
Il y a les médecins classiques ou orthodoxes qui exercent leur art « dans le sillage d’une volonté raisonnée, raisonnable, rationnelle, de s’affranchir d’une subordination aveugle à des forces incompréhensibles, étranges, dangereuses, occultes… »75
75 Dr J.-A. Pfister, op. cit., p. 29.
Il y a les médecins formés à la médecine classique, occasionnellement praticiens de certaines médecines alternatives.
Il y a les médecins formés à la médecine classique, fervents défenseurs de certaines médecines alternatives, l’acupuncture, l’homéopathie par exemple.
Il y a, sans titre de docteur, avec une formation de soignants, les nombreux masseurs chiro-, physio-, kinési-, ostéo-thérapeutes76 ; avec ou sans titre de soignants, les guérisseurs, les magnétiseurs, etc.
76 A leur sujet, voir le chapitre 2.
C’est dire, en d’autres termes, que le recours à ces thérapies tient à la fois du défi et d’une confiance. ingénue… ou aveugle dans l’art du thérapeute. Lequel d’entre eux nous ferait-il reproche de notre persévérant questionnement et de notre refus d’une médecine qui en appelle à notre crédulité ?