Les miracles de notre Seigneur et ceux de l’Ancien Testament présentent plusieurs points de comparaison intéressants et instructifs, que nous envisagions leurs traits communs ou leurs différences. Nous voyons quelquefois les saints hommes de l’ancienne Alliance avoir de la peine à opérer un miracle ; ils semblent incertains du résultat, tandis que les œuvres de Christ s’accomplissent avec la plus grande aisance ; il parle, et le miracle a lieu. Ainsi, Moïse doit plaider et lutter avec Dieu (Nombres 12.13-15) ; mais Christ guérit un lépreux par le simple attouchement (Matthieu 8.3), et dix lépreux à distance par sa simple volonté (Luc 17.14). Il faut qu’Élie prie longtemps avant d’obtenir la pluie (1 Rois 18.42-44) ; il se couche trois fois sur l’enfant et crie à l’Éternel, avant d’obtenir sa résurrection (1 Rois 17.21-22). Christ se présente comme Seigneur des vivants et des morts, ressuscitant les morts aussi facilement que s’il s’agissait d’un travail tout ordinaire. — Les miracles opérés par les hommes, quoique étant des actes de foi, laissent parfois entrevoir l’impatience et l’incrédulité humaines ; ainsi Moïse a parlé sans réflexion et agi sans foi (Nombres 20.11). Le Fils a la confiance que son Père l’exauce toujours.
Les miracles de Christ sont plus considérables, plus puissants, plus glorieux ; Elisée nourrit cent hommes avec vingt pains (2 Rois 4.42-44), mais le Christ en nourrit cinq mille avec cinq pains. Les hommes de l’ancienne Alliance ont toujours besoin d’un instrument pour opérer le miracle ; Moïse a son bâton pour séparer les eaux de la mer Rouge et pour accomplir les autres actes de puissance ; il a son bois pour adoucir l’amertume des eaux ; Élie sépare les eaux avec son manteau ; Elisée assainit la source en y jetant du sel. Mais Christ accomplit ses miracles simplement par sa parole ou par son attouchement ; s’il lui convient d’employer un intermédiaire, il le trouve en lui-même. Tandis que les miracles de l’Ancien Testament et ceux des apôtres sont toujours accomplis au nom d’un autre et rapportés à sa gloire : « Demeurez tranquilles, et voyez la délivrance de l’Éternel, qu’il vous montrera » (Exode 14.13) ; « au nom de Jésus-Christ de Nazareth lève-toi et marche » (Actes 3.6), les miracles de Jésus sont toujours accomplis en son propre nom et par une puissance qui lui est inhérente : « Je le veux, sois purifié » (Matthieu 8.3) ; « esprit muet et sourd, je t’ordonne de sortir » (Marc 9.25). Lorsqu’il prie, pour opérer une de ses œuvres puissantes, ses disciples doivent reconnaître qu’il ne réclame pas un pouvoir hors de lui, mais il ne fait que rendre témoignage à son union avec le Père (Jean 11.41-42).
Les ressemblances entre les miracles des deux Alliances s’expliquent par le fait que ces Alliances forment un tout organique ; d’après le plan de Dieu, l’ancienne économie doit préparer la nouvelle. Mais ces deux classes de miracles doivent être différentes, puisque l’idée du royaume de Dieu est celle d’un progrès, d’une révélation toujours plus complète ; Celui qui a parlé à nos pères par les prophètes nous a parlé par son Fils.
Les miracles de l’ancienne Alliance ont un caractère beaucoup plus austère que ceux de la nouvelle ; ce sont bien des œuvres de la grâce de Dieu, mais aussi de la loi, qui est un ministère de colère, qui doit enseigner la sainteté de Dieu, son horreur du péché, leçon que tous ont besoin d’apprendre, de peur de méconnaître l’enseignement du Sauveur au sujet de l’amour de Dieu pour le pécheur. Les miracles de la loi témoignent souvent de l’indignation de Dieu contre l’injustice des hommes ; ainsi les miracles d’Egypte, plusieurs de ceux du désert (Nombres 16.31 ; Lévitique 10.2) et quelques-uns de ceux des prophètes (2 Rois 1.10-12). Tous les « signes » de Jésus-Christ sont des miracles d’amour, même celui de la malédiction du figuier stérile ; Jésus-Christ a bien montré, même dans ce dernier cas, qu’il est venu pour sauver les pécheurs, car il nous enseigne, par l’exemple du figuier, quelles sont les conséquences de la résistance à sa grâce ; au lieu de frapper un pécheur, il frappe un arbre, qui peut servir d’avertissement, quoique dépourvu de sensibilité. Il n’y a pas une seule exception à la loi de grâce et d’amour. Jésus-Christ bénit les hommes ; il ne frappe qu’un arbre insensiblea.
a – Il réprimande les fils de Zébédée qui désiraient faire descendre le feu du ciel sur un village des Samaritains, et renouveler ainsi un miracle de l’Ancien Testament. Jésus veut faire comprendre qu’ils ne sont plus sur le terrain de la loi, mais de la grâce.
Le domaine des miracles de l’Ancien Testament est surtout celui de la nature extérieure ; c’est la mer qui est refoulée (Exode 14.21), la terre qui se fend (Nombres 16.31), le feu qui descend du ciel (2 Rois 1.10,12), une fournaise qui ne consume pas (Daniel ch. 3), ce sont des lions qui ne dévorent pas (ch. 6) ; la sphère des miracles du Nouveau Testament est surtout celle de la vie humaine. Les miracles de l’ancienne économie ont un caractère particulier de grandeur, ils ont quelque chose de colossal ; les puissances du monde sont redoutables, mais le Dieu d’Israël se montrera plus terrible encore. Les miracles d’Egypte, ceux de Babylone sont des œuvres de puissanceb ; ils sont le tourbillon et le feu, tandis que dans les œuvres de Christ il y a le son doux et subtil. Dans les temps anciens, Dieu voulait instruire son peuple, ainsi que les nations avec lesquelles ce peuple se trouvait en contact ; il voulait montrer que le Dieu de l’Alliance était le Seigneur de toute la terre ; les œuvres de Jésus renferment des vérités plus profondes, alors même qu’elles n’ont pas le caractère imposant des miracles de l’Ancien Testament. Ce sont les miracles de Celui qui a revêtu notre nature afin de nous guérir ; ils sont dans un rapport étroit avec le corps et l’esprit de l’homme.
b – Les faux christs, qui étaient si nombreux au moment de la venue du Seigneur, voulaient renouveler, sur une plus grande échelle encore, les miracles de l’Ancien Testament.