« Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ! » (2 Corinthiens 13.13)
Ces quelques paroles de Paul que nous citons banalement dans les cultes religieux, renferment une profonde philosophie sur Dieu. Elles résument en fait les qualités essentielles de sa personne.
Ce qui caractérise Dieu par-dessus toute autre qualité, c’est l’amour ; ce qui résume le mieux le caractère du Seigneur Jésus, c’est la grâce ; alors que le Saint-Esprit manifeste sa présence surtout par la communion.
Le mot « communion », comme tant d’autres expressions bibliques, a souffert d’une déformation au cours des siècles. Pour beaucoup de personnes aujourd’hui, il semble contenir un élément de mystification, alors que le sens du mot grec original koinônia est très clair ; il signifie simplement : « partage, participation ». L’adjectif koinos signifie : « commun, qui appartient à plusieurs ou à tout le monde, qui est partagé ».
L’enfant de Dieu vit dans deux dimensions spirituelles à la fois : « verticalement », il est en rapport avec Dieu ; « horizontalement », il l’est avec ses semblables. L’action du Saint-Esprit est orientée pour lui dans les deux sens.
Il y a donc deux aspects de la communion de l’Esprit : l’un est déterminé par notre relation avec Dieu et l’autre par nos relations avec nos frères dans la foi. Les deux sont indissociablement liés, on ne peut connaître l’un sans l’autre ; mais il convient de les étudier d’abord séparément.
Maintenant que tu es un enfant de Dieu, il est évident que tes relations avec Dieu lui-même passent avant toute autre considération : elles régissent le cours de ta vie entière. « Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur... C’est le premier et le plus grand commandement, » (Matthieu 22.37-38, Marc 12.31) dit Jésus.
De ta communion avec Dieu dépend ta communion avec tes frères. Dans la mesure où ton intimité avec Dieu se développe et se maintient, son Esprit te remplit et dirige ta vie ; tes facultés sont purifiées et inspirées, tes désirs inassouvis sont satisfaits. Comme une rivière reçoit toutes ses eaux de la montagne, ainsi le croyant spirituel trouve que toutes ses sources sont en Dieu (Psaumes 87.7). Si ta communion avec Dieu est interrompue, tes forces spirituelles sont sapées à la base. Tu ne peux témoigner au monde, ni lui communiquer l’amour et la vie de Dieu à moins d’être rempli de l’Esprit. Si ton cœur est vide, ta bouche le sera aussi ! Par contre l’Esprit, quand le Père céleste le répand avec abondance sur toi, crée une « explosion de vie », un trop-plein qui se déverse sur ceux qui t’entourent, comme une rivière qui déborde sur ses rives.
La communion du Saint-Esprit rend accessibles au croyant spirituel des richesses inestimables. Selon l’usage du mot grec dans le Nouveau Testament, tu participes à la foi (Tite 1.4), aux avantages spirituels d’Abraham et de ses descendants (Romains 15.27), au salut (Jude 4), au sang et au corps du Christ (1 Corinthiens 10.16), à la nature divine (2 Pierre 1.4), aux souffrances de Christ (1 Pierre 4.13) et à la gloire qui doit être manifestée (1 Pierre 5.1) : sept aspects de ton trésor céleste.
Le mot koinônia, avec les dérivés koinos (commun), koinônéô (partager, participer), koinônos (participant, associé, collègue) et koinônikos (prêt à partager, généreux), comprend d’autres idées que nous verrons tout à l’heure. En attendant, les sept points que nous venons de noter démontrent l’immense étendue de notre « partage » avec Dieu.
Que partageons-nous essentiellement avec notre Père sinon Christ ? Aux yeux du Père, le Fils est tout ; il est l’objet suprême et absolu de son amour ; il représente la somme totale de ce qu’il est lui-même et de tout son désir. Dieu nous dit qu’il a créé l’univers non seulement par son Fils, mais aussi pour lui, et que le jour viendra où toute langue confessera qu’il est Seigneur, maître du cosmos. Or, c’est ce Jésus que nous « partageons » avec le Père. Peux-tu imaginer la profondeur de cette vérité ? Jésus t’appartient comme il appartient au Père ! Qu’est-ce que Dieu pouvait nous donner de plus ? La communion du Saint-Esprit te rend participant du Fils de Dieu, avec tout ce que cela entraîne. L’Esprit est venu demeurer en toi en t’apportant les infinies richesses de Dieu. Si alors tu te laisses remplir et diriger par lui, il les rendra accessibles et actuelles dans ta vie de tous les jours.
Ta relation avec Dieu est d’une importance telle que le diable en fait sa cible par excellence. Il sait parfaitement que, s’il peut en réduire l’efficacité ou même la « bloquer » complètement, il aura paralysé ta vie spirituelle. Il ne craindra pas alors tes activités, même les plus « évangéliques ». Ton témoignage n’aura plus l’appui du Saint-Esprit ; ton étude de la Bible, tes prières, tes rapports avec d’autres chrétiens, tout cela aura perdu l’empreinte du doigt de Dieu. Ton âme sera comme une terre sans pluie ni rosée ; ou comme une saison sans soleil.
Pour cette raison les forces démoniaques travaillent nuit et jour dans le but d’interrompre ta communion avec Dieu Parce qu’elles la craignent plus que toute autre chose, elles s’y attaquent avec une méchanceté et une ténacité qui font peur — ou qui, plutôt feraient peur si nous n’avions pas un défenseur, un avocat à la droite du Père, Jésus, qui plaide sans cesse notre cause.
Dans son épître (1 Jean 1.1-2.2), Jean définit clairement la condition de la communion avec Dieu ; c’est le but de sa lettre (1 Jean 1.3). « Dieu, dit-il, est lumière. » (1 Jean 1.5) Les ténèbres ne peuvent exister dans la lumière. Si donc il y a quelque chose de ténébreux dans ton attitude ou dans tes relations vis-à-vis de Dieu ou des hommes, inévitablement tu n’es plus dans la lumière, tu n’es plus en communion avec Dieu.
Si tu veux garder intacte cette communion, si tu veux vivre « en direct avec Dieu, il faut que tu viennes à la lumière et que tu marches et demeures dans la lumière. « Lumière » dans ce contexte, ne signifie pas « connaissance doctrinale » ni « affiliation ecclésiastique » ! Elle signifie : la face de Dieu, sa présence ; la clarté, la transparence absolue d’une conscience purifiée qui peut regarder Dieu en face.
Une nuit, Nicodème vint trouver le Seigneur Jésus. Pourquoi n’est-il pas venu de jour ? Parce qu’il avait peur. Jésus lui dit alors : « Le jugement (de Dieu), c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises ! Car quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses actions ne soient dévoilées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses actions soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu » (Jean 3.19-21). Pauvre Nicodème ! Pourtant, il a retenu ces enseignements et, le jour de la crucifixion de Jésus, il est enfin venu à la lumière : il s’est déclaré ouvertement son disciple et l’a sans doute vu face à face après la résurrection !
Tu ne peux pas vivre dans la présence de Dieu en gardant une mauvaise conscience. Adam et Ève se sentaient parfaitement à l’aise lorsque Dieu descendait dans le jardin pour s’entretenir avec eux — jusqu’au jour où leur conscience fut souillée par le péché. Ils fuirent alors la présence du Créateur. Ils n’étaient plus en communion avec lui.
Je ne veux pas, dans ce livre, répéter ce que j’ai dit ailleurs (Dans Si tu veux aller loin, chapitre 5). Cependant il me paraît souhaitable d’insister une fois de plus sur le point crucial de cet enseignement : la nécessité et le moyen d’avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes (Actes 23.1 24.16 ; 1 Timothée 1.5, 18-19).
Jean dit que « si nous marchons dans la lumière, comme Dieu est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion et le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1.7, 9). Il est évident que, pour Jean, « marcher dans la lumière » signifie le maintien d’une bonne conscience, car, un peu plus loin, il continue :
« Si nous confessons nos péchés, il (Dieu) est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. » (1 Jean 1.7,9) Pour avoir une bonne conscience, nous devons confesser nos péchés. Dieu, évidemment, nous a déjà tout pardonné — si nous sommes ses enfants. Mais nous avons besoin d’appliquer ce pardon à notre conscience chaque fois que l’Esprit de Dieu nous reproche un péché quelconque. Dieu, en tant que juge, nous a pardonné toutes nos fautes, passées, présentes et même futures — ô merveille de grâce divine ! — le jour où nous avons cru en son Fils comme Sauveur. Pour Dieu, ces péchés n’existent pas ; même notre péché originel est effacé à ses yeux par le sang de Christ. Quant à nous, ce péché nous paraît encore trop réel et le diable exerce toute la pression possible sur notre conscience tourmentée pour nous faire croire que Dieu nous accuse et nous condamne ; alors qu’en réalité cette accusation et cette condamnation sont tombées sur notre cher Sauveur. Ce que Dieu a effacé par ce sang précieux reste effacé ; mais notre conscience n’arrive pas à saisir cette parole de réconciliation tant que nous refusons d’admettre notre faute.
La lumière de Dieu sonde tout. Le moindre détail, la plus petite imperfection sont relevés impitoyablement par la clarté qui émane de sa face. Si nous admettons la vérité, en reconnaissant que nous avons tort, notre conscience ressent immédiatement l’effet de la valeur du sang de Christ. En cet instant nous sommes à nouveau en communion avec notre Père. Mais le prix de cette communion consiste à marcher dans la lumière, à nous laisser sonder jusqu’à l’infini par les rayons de sa justice. En nous soumettant chaque jour à l’enquête rigoureuse de sa Parole, notre péché devient de plus en plus évident et, en le reconnaissant, en le confessant, nous sommes instantanément pardonnés et réintroduits dans la communion intime du Père.
Le pardon dont je parle ici n’est plus le pardon judiciaire de Dieu, que nous avons obtenu une fois pour toutes le jour où nous avons accepté Jésus comme Sauveur et Seigneur. Je parle du pardon paternel de Dieu que nous avons besoin d’obtenir chaque fois que nous sommes conscients d’avoir péché, pardon que nous obtenons par la confession honnête de notre péché.
Une fois la faute confessée, nous n’avons plus besoin d’implorer le pardon de Dieu ; il veut que nous y croyions, que nous le prenions par la foi, avec reconnaissance, avec joie, avec un cœur sincère : un pardon acquis par le précieux sang de Christ. Alors, instantanément, nous sommes à nouveau dans la lumière, dans la présence de celui en qui il n’y a point de ténèbres.
Au temps de Moïse, Dieu reconnut que l’homme avait besoin d’un médiateur qui s’interposerait entre les deux. En attendant que le Messie vienne, il créa la sacrificature d’Aaron et de ses descendants, pour que les hommes reconnaissent le grand et le vrai Sacrificateur qui est Christ et comprennent son rôle actuel. Le sacrificateur est celui qui, seul, a le droit d’accès dans la présence de Dieu et là il intercède pour les autres hommes en plaidant le sang offert pour effacer leurs offenses.
Ainsi le Seigneur Jésus est notre grand Sacrificateur, le médiateur qui nous réconcilie avec Dieu. L’étude des livres de Moïse devient mille fois plus intéressante lorsqu’on reconnaît dans son symbolisme les richesses de la grâce de Dieu en Christ. L’épître aux Hébreux, lue sur l’arrière-plan de l’Ancien Testament, devient une source de révélation littéralement infinie, grâce à cette connaissance. C’est là que Dieu met en relief l’œuvre actuelle de Christ au ciel, par laquelle il ouvre la voie de notre communion avec son Père. L’argumentation des neuf premiers chapitres conduit au commandement (du chapitre 10) de nous approcher :
Dieu ne veut pas que tu restes « au-dehors ». Il te dit d’entrer, parce que Jésus est déjà entré avant toi et qu’il t’attend avec impatience — non pour t’accuser mais pour t’assurer du pardon de son Père.
Jean décrit cette attitude du Seigneur Jésus avec ces paroles : « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste » (1 Jean 1.2.1-2). Ton avocat ne cherche pas à te mettre en prison !
Tu es appelé à la communion du Fils de Dieu, Jésus-Christ ton Seigneur (1 Crinthiens 1.9). Ta communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. « Et nous écrivons ces choses, afin que votre joie soit parfaite » (1 Jean 1.3-4). Que peux-tu demander de plus ?
« Tout est à vous », s’écrie Paul... « soit le monde (le cosmos, l’univers), soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir. Tout est à vous : et vous êtes à Christ et Christ est à Dieu ! » (1 Corinthiens 3.21-23).
À toi, mon frère, appartiennent l’aurore et le coucher du soleil, la voie lactée et les nébuleuses, les fleurs du printemps et les neiges des Alpes ; à toi la vie, l’amour, la beauté, la sagesse, à toi l’intelligence insondable de Dieu, ainsi que sa puissance, celle qui soutient toutes choses et qui ressuscita Jésus d’entre les morts. Toi aussi, tu connaîtras le printemps de Dieu, l’aurore de son royaume !
Il y a une différence entre ton prochain et ton frère. Alors que l’Esprit de Dieu te fait aimer ton prochain, même inconverti, comme toi-même, il te fait aimer ton frère en Christ infiniment plus que cela. Tu ne peux être en communion avec un homme non régénéré, mais c’est un péché de ne pas être en communion avec ton frère. Avec ton voisin non chrétien, tu peux partager ton pain et ton manteau ; mais quand il s’agit des choses de Dieu, tu n’as rien de commun avec lui ; tu peux lui offrir le Christ mais, tant qu’il ne reçoit pas l’Esprit de Christ dans son cœur, tu ne peux pas le partager avec lui.
Entre enfants de Dieu, pourtant, l’amour de l’Esprit doit nous amener à un partage toujours plus merveilleux de-Christ. Nous avons en fait la même vie, nous sommes de la même famille, ayant le même Père céleste, nous avons tous été rachetés par le même sang précieux. Comme une seule sève circule dans toutes les branches de l’arbre, ainsi le même Esprit anime et fait vibrer chaque membre de Christ. De même que le corps humain est entièrement sensibilisé et régi par un système nerveux unique, et que toutes ses parties sont alimentées par le même sang, ainsi le corps de Christ, la vraie Église, est imprégné de la même force vitale divine jusqu’à sa dernière cellule. Chaque croyant fait partie de ce corps et participe à titre égal aux moyens de salut et de sanctification que Dieu nous communique par son Esprit.
La qualité la plus remarquable d’un corps vivant, c’est son unité : c’est un assemblage d’éléments, de membres et d’organes infiniment divers qui fonctionne selon les impulsions d’une seule intelligence et de façon merveilleusement coordonnée. Dieu, en créant l’Église, voulait que ce corps miraculeux présente au monde tous les traits d’une physionomie divine à travers ses actions. Dans un organisme physique les cellules s’entraident et s’unissent pour former l’œil, la colonne vertébrale, la peau et les autres organes. Si les cellules commençaient à s’attaquer mutuellement, ce serait la désintégration du corps.
Pourquoi nous, les chrétiens, ne comprenons-nous pas la nécessité, l’urgence de nous entraider, de nous unir afin de permettre au corps de Christ un fonctionnement efficace dans toutes ses parties ? J’espère que la lecture de ce livre t’aidera à comprendre la raison de cette unité : en tant que membres de Christ, nous formons un organisme spirituel tout aussi réel et complexe que sa contrepartie matérielle, le corps d’un homme ou d’une femme. Tu appartiens à ton frère et lui t’appartient. Vous avez besoin l’un de l’autre. Vous respirez le même Esprit, vous vivez d’un sang précieux identique. Chacun est relié directement au centre du « système nerveux », au « cerveau » qui est Christ ; c’est son Esprit qui nous fait vivre tous... et qui nous fait aimer.
La communion du Saint-Esprit n’est donc pas une simple doctrine ! Ce n’est pas notre assentiment à une certaine gamme de croyances qui nous met en communion avec d’autres enfants de Dieu, mais plutôt le fait que son Esprit est en chacun de nous et passe ou « circule » librement et sans cesse de l’un à l’autre.
L’Esprit de Dieu n’est pas une force impersonnelle ; il est plus personnel encore que ne l’est la somme de toutes les personnalités existantes de l’univers entier.
Il est toutefois utile de comparer son action à celle de l’électricité. L’ouvrage d’un homme porte l’empreinte du caractère de son auteur. De même l’énergie, cette force impersonnelle dont dépend la structure du cosmos, reflète certaines caractéristiques de l’Esprit divin qui l’a créée et dont elle est l’instrument. L’électricité est à la base des composants de l’atome et de la lumière, qui sont construits sur le principe de l’unité dans la complexité. Nous découvrons, de même, que l’Esprit de Dieu compose les éléments du corps de Christ sur ce même principe : l’unité dans la complexité.
Dieu est un, tout en étant le Père, le Fils et l’Esprit. Les philosophies et les religions humaines le représentent comme un être lointain, solitaire, impassible et inaccessible, un « dieu » avec qui l’homme ne peut dialoguer et qu’il ne peut approcher ni aimer. La Bible, au contraire, nous surprend avec la révélation d’un Dieu qui est vraiment un et qui est pourtant à la fois complexe. Il est lumière, rayonnement pur et blanc, mais composé de toutes les richesses du spectre. Il est amour, car il contient en lui-même l’objet de son amour ; il se suffit à lui-même et pourtant sa générosité déborde sûr sa création.
Or, ce principe de l’unité dans la complexité qui caractérise la personne de Dieu se reproduit dans tous ses ouvrages, aussi bien spirituels que physiques. En effet, l’univers entier est construit sur ce même principe. Nous en voyons cependant la manifestation la plus remarquable dans la cellule biologique : cette unité infime, contient une complexité à peine croyable et l’efficacité de son fonctionnement nous laisse éblouis.
Je compare souvent la vraie église à une pile ! Celle-ci est composée normalement d’un minimum de trois éléments reliés et chargés électriquement. Tant que la pile reste intacte, elle retient la charge ; mais si le fil entre deux éléments est cassé, ou s’il y a un mauvais contact ou un court-circuit, la charge disparaît et la pile est inutilisable.
Jésus concevait son église comme une pile spirituelle où tous les éléments — ne serait-ce que les deux ou trois qu’il considérait comme un minimum (Matthieu 18.20) — sont indissolublement reliés par une entente spirituelle claire, transparente, honnête. S’il existe une unité véritable entre les membres de la communauté, l’Esprit de Dieu peut « circuler » librement de l’un à l’autre. La « pile » retient sa « charge », cette charge étant la plénitude de l’Esprit dont l’action manifeste la présence réelle, sentie, reconnue de Jésus-Christ. « Je suis au milieu d’eux », dit-il. Sa présence crée une puissance spirituelle extraordinaire.
Le Seigneur, à la descente du mont de la transfiguration, venait d’expliquer une fois de plus à ses disciples qu’il allait mourir d’une mort atroce. Ils paraissaient incapables de saisir son enseignement car, sur le chemin de retour vers Capernaüm, ils le suivaient de loin en se disputant pour savoir lequel d’entre eux serait le plus grand dans son royaume !
Dès qu’ils furent rentrés à la maison, Jésus les appela ; prenant alors un tout petit enfant dans ses bras, il le plaça au milieu d’eux. J’imagine cet enfant tout surpris de se trouver entouré de ces grands jeunes gens et devenu le centre d’attraction ; il les regarde naïvement les uns après les autres, il comprend qu’il est subitement devenu important, il ne sait pas pourquoi ; mais l’idée ne lui vient même pas à l’esprit de se croire plus grand qu’eux !
Là-dessus, Jésus les avertit solennellement. Si, dit-il, vous ne changez radicalement d’attitude (en grec : si vous ne faites pas volte-face), loin de devenir des « grands » dans mon royaume, vous n’y entrerez même pas ; il ne sera alors certainement pas question de s’y prendre pour quelqu’un d’important ! Puis Jésus leur donne un enseignement absolument révolutionnaire sur sa conception de la vie communautaire, celle de la vraie église et de l’équipe apostolique. C’est en fait l’enseignement dont nous avons le plus besoin dans le monde chrétien ; il est d’une actualité étonnante, d’une urgence primordiale. C’est en fait notre seul espoir face aux idéologies qui menacent notre existence.
Pour en saisir tous les aspects essentiels, il serait nécessaire d’étudier parallèlement les trois passages suivants, qui se complètent : Matthieu 18.1-35, Marc 9.33-51 et Luc 9.46-50. De ces trois textes, celui de Matthieu est de loin le plus développé et, en outre, il présente la pensée du Seigneur Jésus en une forme schématique facile à analyser et à retenir. C’est pourquoi je m’en servirai ici comme base de l’étude qui suit, étude enrichie par la comparaison avec les autres textes.
Jésus énonce ici les sept principes fondamentaux de la vie communautaire. Je les appelle : « les sept lois du royaume de Dieu ». Aucune communauté, aucune église, aucune équipe ne peut connaître une vraie communion spirituelle si elle ne fonctionne pas selon ces principes. La vie en Christ est un miracle du Saint-Esprit, qu’on la considère du point de vue individuel ou du point de vue collectif. Elle est impossible à l’homme naturel ; mais ceux qui comprennent ces choses et les mettent en pratique découvrent une nouvelle dimension de la vie. Si tous les membres du groupe chrétien sont remplis de l’Esprit au point d’obéir aux commandements de Jésus, ils réalisent sur cette terre un avant-goût du ciel ; ils vivent selon les normes du royaume de Dieu, la présence du Christ devenant alors une réalité au milieu d’eux.
Toutes les idéologies humaines aspirent à la réalisation d’une société idéale. La devise de la Révolution française : « liberté, égalité, fraternité » exprime la soif qu’a l’homme de connaître un monde où régnerait la justice et l’amour fraternel. Cependant la Révolution n’a pu réaliser cet idéal et aucune révolution ne saura le réaliser, si ce n’est celle de Jésus ; lui seul peut changer le cœur de l’homme. Il le fait en lui communiquant son Esprit, celui qui l’anima, lui, tout au long de sa remarquable vie terrestre. Le Saint-Esprit unit les hommes de façon réelle, il est comme un « ciment » qui tient tout en place, il est comme l’huile dans un engrenage, il est la flamme qui éclaire et réchauffe tous les cœurs. Lui, l’auteur de la vie, sait seul provoquer chez les siens le vrai sens de la vie ; il sait créer le vrai amour, amour désintéressé, altruiste, généreux, droit, pur, fort comme l’énergie qui tient le cosmos en existence. En somme, nous, les disciples de Jésus, nous avons trouvé ce que cherchent tous les philosophes, tous les idéologues, tous les prophètes de ce monde. Nous possédons le trésor ineffable, nous connaissons la société idéale.
Si le monde chrétien ne présente que rarement cette physionomie au monde extérieur, la raison n’est pas difficile à trouver : les fidèles ne lisent pas suffisamment la Bible, ils en ignorent les richesses ; même les enseignants dans les églises ignorent souvent les vérités que Jésus considéra comme fondamentales. Partout où ces principes sont connus et mis en pratique, Dieu bénit son peuple.
La présence de l’Esprit en chaque enfant de Dieu représente un potentiel illimité. Lorsque plusieurs croyants sont unis par son action, lorsque non seulement l’individu mais le groupe entier est rempli de l’Esprit, il en résulte une puissance incalculable : puissance d’amour, irrésistible, convaincante ; puissance du Dieu infini qui se plaît à réaliser sa volonté sur la terre comme au ciel. O beauté inexprimable !
Jésus aimait choquer les gens ! Au début de son ministère, il renversa toutes les conceptions humaines avec une série de paradoxes qui ont dû ébahir son auditoire. À ses disciples, il disait :
« Heureux vous qui êtes pauvres... qui avez faim... qui pleurez maintenant... heureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’on vous outragera à cause du Fils de l’homme, car c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes ... » (Matthieu 6.20-23 ; 5.3-12).
« Mais malheur à vous, riches, malheur à vous qui êtes rassasiés, malheur à vous qui riez maintenant, malheur lorsque tous les hommes diront du bien de vous, car c’est ainsi qu’agissaient leurs pères à l’égard des faux prophètes » (Luc 6.24-26). Jésus introduisit dans le monde une philosophie qui allait à l’encontre de toutes les idées tenues pour indiscutables par la généralité des hommes.
Voici ce qu’il enseigne au sujet de la communion fraternelle.
Plaçant le petit enfant près de lui, (Luc 9.47) il dit : « Quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux » (Matthieu 18.4). « Celui qui est le plus petit parmi vous, c’est celui-là qui est le plus grand. « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Marc 9.35). « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé et quiconque s’abaissera sera élevé » (Matthieu 23.11-12).
« (Les pharisiens), dit-il, font toutes leurs actions pour être vus des hommes... ils aiment la première place dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues ; ils aiment à être salués dans les places publiques et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi ! » (Matthieu 23.5-7), (Luc 14.7-11). « Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi (Ce mot hébreu signifie : « mon maître ».) ; car un seul est votre Maître et vous êtes tous frères. N’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne fous faites pas appeler directeurs (Grec : kathêguêtês = « conducteur ».) ; car un seul est votre Directeur, le Christ » (Matthieu 23.8-10).
Jusqu’à ce qu’ils aient vu leur Maître, non assis sur un trône de gloire, mais cloué sur le poteau, ayant comme seule couronne une couronne d’épines, son être étant un objet de mépris pour le monde entier, les disciples paraissaient incapables de se défaire de l’idée que l’un d’eux serait plus grand que les autres (Voir aussi Marc 10.13-16,35-41).
Voici comment le Seigneur Jésus a répondu à cet esprit d’orgueil : « Vous le savez, les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit comme le plus petit, qu’il soit votre serviteur ; que celui qui gouverne soit comme celui qui sert. Quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous » (Matthieu 20.25-28 Version TOB ; Marc 10.42-45, Luc 22.24-27 J’ai entremêlé ces trois textes pour mieux faire ressortir l’ampleur de cet enseignement.).
Même à la Sainte-Cène, la nuit où Jésus fut trahi, « il s’éleva aussi parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ! » (Luc 22.24).
Là-dessus « Jésus, qui savait... qu’il était venu de Dieu... se leva de table, ôta ses vêtements et prit un linge dont il se ceignit. Ensuite, il versa de l’eau dans un bassin et il se mit à laver les pieds des disciples... » (Jean 13.3-5).
« Après qu’il leur eut lavé les pieds... il se remit à table et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître (didaskalos) et Seigneur (kurios) et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait... Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez » (Jean 13.12-15, 17).
« Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22.27). « Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs » (Matthieu 20.28).
Heureux le disciple qui sait suivre son Maître jusque-là ! Heureuse la communauté qui commence par mettre en pratique ce commandement, celui de la vraie humilité !
Marc nous dit que le Seigneur Jésus, au moment d’énoncer la deuxième loi, prit le petit enfant dans ses bras. « Quiconque, dit-il alors, reçoit en mon nom un de ces petits enfants, me reçoit moi-même et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi mais celui qui m’a envoyé » (Marc 9.36-37).
Jésus te fait comprendre que tu dois recevoir même le chrétien le plus jeune, le plus faible comme si c’était Christ lui-même. En recevant cet être fragile, tu reçois non seulement notre Seigneur Jésus, mais aussi Dieu le Père : « Celui qui m’a envoyé. »
Il va sans dire également, que dans la mesure où tu refuses ou rejettes ton frère, tu repousses aussi le Fils de Dieu et le Père. Jésus, en disant ces choses, avait encore sur ses genoux le petit enfant qui lui servait d’illustration. Aux yeux des disciples, son enseignement ne pouvait être plus clair.
Si le Christ en personne frappait ce soir à ta porte, je pense que tu le recevrais à bras ouverts. C’est ainsi qu’il veut que tu reçoives aussi ton frère. Je suis sûr que tu recevrais le Seigneur non seulement dans ton cœur, mais aussi sous ton toit ; tu le recevrais à ta table, tu le recevrais dans ton église et, inévitablement, à la Sainte-Cène. Recevrais-tu ton frère de la même façon ? Recevoir Christ au travers de ton frère, ne peut signifier moins que cela.
Il existe évidemment des gens qu’on pourrait appeler « parasites spirituels », qui cherchent à abuser de ce privilège. Quand on ouvre son cœur et sa maison, quand on ouvre l’église, on court toujours le risque d’avoir à faire à des personnes qui ne manquent pas d’exploiter ou même de juger celui qui leur fait du bien. Jésus dit qu’il faut donner à celui qui demande. Sans aucun doute, nous sommes appelés à prendre ce risque, à être bons envers tout le monde.
Cependant, il y a une limite. Si tu as tout donné à Dieu, y compris ta personne, tes biens et ton temps, tu n’as pas le droit de gaspiller ces « talents » en faveur de quelqu’un qui n’aime pas le Seigneur Jésus-Christ et qui n’a aucune intention de le suivre. Tout ce que tu es, tout ce que tu possèdes appartient au Seigneur. Tu n’en es que l’économe. Tu dois donc gérer au nom du Seigneur Jésus-Christ les biens et le temps qu’il te confie. Jésus dit qu’il ne faut pas jeter ses perles devant des pourceaux ni donner ce qui est saint aux chiens. Si tout ce que tu possèdes est déjà donné au Seigneur, tu n’as pas le droit de le donner à n’importe qui et n’importe comment. L’Esprit de Dieu lui-même te donnera la sagesse dans chaque circonstance pour savoir jusqu’à quel point il faut être réticent et quand il faut être généreux.
Pourtant, quand il s’agit d’un frère en Christ, Jésus dit qu’il faut le recevoir. En le recevant, nous recevons notre Maître, notre Dieu.
À ce sujet, nous devons étudier ce que dit Paul dans sa lettre aux Romains (Romains 14.1-15.7). Il introduit le sujet avec ces paroles : « Faites accueil à celui qui est faible dans la foi mais non pas pour disputer des opinions » (Romains 14.1 je donne le sens du grec). Puis il le termine de cette façon : « Accueillez-vous donc les uns les autres comme Christ vous a accueillis. » Cela, mon frère, est clair comme du cristal.
Puis, dans ce long passage, Paul prend comme illustration une question qui troublait les églises de son époque : les aliments purs et impurs. Il dit : « Toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? Puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu... Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais pensez à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d’achoppement ou une occasion de chute » (Romains 14.10-13).
« Ainsi donc, dit-il, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle... Nous qui sommes forts, nous devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas et ne pas nous complaire en nous-mêmes, car Christ ne s’est point complu en lui-même. Que le Dieu de la persévérance (qui supporte tout) et de la consolation (qui encourage lorsque tout semble impossible) vous donne d’avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres selon Jésus-Christ » (Romains 14.19 ; 15.1-3, 5).
Je recommande l’étude sérieuse du passage entier.
Cet enseignement condamne catégoriquement l’esprit sectaire. Tous les enfants de Dieu appartiennent à la grande famille de Dieu. Dans une famille, le fils aîné ne rejette pas ses petits frères et sœurs ; le nouveau-né dans la maison est plutôt pour lui un objet à chérir encore plus que les autres. De même, si nous nous occupons des petits agneaux du troupeau de Dieu, nous les aidons à grandir et à prendre leurs responsabilités. Ne soyons pas comme Diotrèphe qui aimait à être le premier et qui ne recevait même pas l’apôtre Jean ; non seulement il ne recevait pas les frères, mais il empêchait ceux qui auraient voulu le faire et les chassait de l’église (3 Jean 9-10).
L’apôtre Jean, qui écoutait l’enseignement du Seigneur Jésus que nous venons d’étudier, lui posa une question : « Maître, dit-il, nous avons vu un homme qui chasse les démons en ton nom, et nous l’en avons empêché parce qu’il ne nous suit pas. » À cela Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas car il n’est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous » (Marc 9.38-40, Luc 9.49-50.)
Il est si difficile de se débarrasser de l’esprit sectaire ! Quand nous fonçons pour Dieu, nous voulons que tout le monde fonce avec nous, c’est normal. Cependant, nous oublions souvent que seul l’Esprit de Dieu a les droits sur une âme. Nous ne pouvons pas forcer quelqu’un à faire la volonté de Dieu ; le royaume de Dieu n’est pas un système totalitaire, car « là où est l’Esprit de Dieu, là est la liberté » (2 Corinthiens 3.17). Nous ne pouvons obliger un frère à se joindre à nous ; nous pouvons l’aimer, l’aider, prier pour lui, le conseiller, l’avertir même ; nous pouvons lui ouvrir notre maison et notre cœur ; mais nous ne pouvons pas nous imposer à lui ou l’entraîner avec nous contre sa volonté. C’est l’erreur qu’ont commise beaucoup d’églises, les petites comme les grandes. C’est l’essence même du sectarisme.
Dieu nous demande d’être en paix si possible avec tous les hommes (Romains 12.18) et d’aimer tous les frères (1 Jean 4.21) ; mais il se réserve le droit de disposer de la personne de chacun de ses enfants. L’apôtre Paul lui-même a su apprendre cette leçon difficile au début de son deuxième grand voyage missionnaire. Parce que Dieu avait béni leur collaboration antérieure, Paul pensait reconstituer la même équipe en prenant avec lui Barnabas et en refusant Marc. Mais ce plan a échoué : Dieu avait, semble-t-il, un autre chemin pour Barnabas qui a même servi à la réintégration de Marc dans l’œuvre apostolique (Actes 15.36-39, 2 Timothée 4.11) ; alors que l’Esprit avait d’autres aides en vue pour Paul.
Laissons à Dieu le soin de juger nos frères et occupons-nous plutôt des âmes encore ignorantes de l’Évangile.
« Si quelqu’un scandalisait (grec : faisait tomber) un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin et qu’on le jetât au fond de la mer » (Matthieu 18.6, Marc 9.42).
Celui qui est une occasion de chute pour un frère jeune ou faible dans la foi devra rendre compte au tribunal de Dieu pour son action. Dieu le tient responsable de la faillite de son frère. Il vaut mieux pour un tel homme que sa vie physique finisse instantanément, même de façon brutale, que de continuer à vivre en étant une occasion de chute pour autrui.
Rappelons-nous l’avertissement de l’apôtre Jacques : « Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. » (Jacques 3.1). C’est un grand privilège, certes, que d’être un enseignant ou un berger dans l’Église de Christ ; Paul dit que nous faisons bien d’aspirer à de telles charges (1 Timothée 3.1). Cependant, gardons à jamais devant les yeux la certitude que ceux-là seront jugés plus sévèrement que les autres. Si le troupeau s’égare, c’est encore plus la faute du berger que des brebis. Tu cherches à être « grand » dans l’église ? Prépare-toi alors à rendre compte de tes responsabilités.
Paul dit que nous devons prendre garde à ceux qui causent... des scandales au préjudice de l’enseignement que nous avons reçu et de nous éloigner de ces hommes. Il ajoute que de tels hommes ne servent point Christ, notre Seigneur, mais leur propre ventre (Romains 16.17-18).
« Prenez garde, dit Paul, que votre liberté ne devienne une pierre d’achoppement pour les faibles. Car, si quelqu’un te voit, toi qui as de la connaissance (c’est-à-dire, qui sais discerner ou qui sais te maîtriser) assis à table dans un temple d’idoles (ou — dirions-nous aujourd’hui — esclave, par exemple, de la télévision), sa conscience, à lui qui est faible, ne le portera-t-elle pas à manger des viandes offertes aux idoles (c’est-à-dire : à se laisser maîtriser par la télévision) ? Et ainsi le faible périra par ta connaissance, le frère pour lequel Christ est mort ! En péchant de la sorte contre les frères et en blessant leur conscience faible, vous péchez contre Christ. C’est pourquoi, si un aliment (ou : une habitude quelconque) fait trébucher mon frère, je ne mangerai jamais de viande (c’est-à-dire, je ne me permettrai jamais telle ou telle habitude), afin de ne pas faire tomber mon frère » (1 Corinthiens 8.9-13).
« Pensez... à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d’achoppement ou une occasion de chute... Si, pour un aliment (ou : une action ou une habitude ou une attitude quelconque), ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour : ne cause pas, par ton aliment, la perte de celui pour lequel Christ est mort. Que votre privilège ne soit pas un sujet de calomnie... Pour un aliment, ne détruis pas l’œuvre de Dieu » (Romains 14.13-16,20).
Nous sommes tous confrontés à un double danger : être trop dur ou trop lâche... D’un côté, le danger d’être trop exigeant à l’égard de notre frère, d’être « cassant », animé d’un zèle amer ; d’un autre côté, le danger d’être un mauvais modèle pour sa jeune foi, de lui donner un mauvais exemple par un certain laisser-aller dans notre comportement.
Jésus dit qu’il vaut mieux qu’on nous jette au fond de la mer plutôt que de pécher de la sorte contre un frère. « Malheur à l’homme, dit-il, par qui l’occasion de chute arrive ! » (Matthieu 18.7).
« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 18.10).
Non seulement tu dois accueillir un frère faible en évitant de le faire tomber, mais encore tu n’as pas le droit de le mépriser, de le considérer comme inférieur à toi-même. Qui sait ? Il est possible qu’aux yeux de Dieu, il ait plus de valeur que toi. Peut-être aura-t-il, dans l’éternité, une position, des responsabilités supérieures aux tiennes. Dieu, qui connaît son arrière-plan, ses capacités, ses problèmes, ses difficultés, sait pourquoi il est si faible. À ses yeux il se peut qu’il soit plus fort que toi, compte tenu des circonstances de sa vie.
Jésus regardait un jour les riches jeter leur argent dans le tronc du trésor du temple. Puis une pauvre petite veuve apporta son offrande de deux pites, quelques centimes. C’était tout ce qu’elle avait. Pourtant, dit Jésus, aux yeux de Dieu, elle a donné plus que tous les riches qui l’avaient précédée.
Dieu ne juge pas selon les apparences. Il est en train de nous former pour, son royaume. Ce qui l’intéresse le plus, ce n’est pas notre cerveau, ni nos belles prédications, ni nos œuvres spectaculaires, ni même nos avantages théologiques. Il regarde notre cœur, il étudie la progression de notre foi. Je suis sûr que beaucoup de « petits » à l’heure actuelle auront une récompense majeure au retour de Christ et que beaucoup de « grands » tomberont de leur piédestal et devront prendre leur place parmi « les derniers » (Matthieu 20.16).
« Le Fils de l’homme, dit Jésus, est venu sauver ce qui était perdu. Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis et que l’une d’elles s’égare... s’il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’il se perde un seul de ces petits » (Matthieu 18.11-14).
Un jour les scribes se plaignaient parce que Jésus accueillait les gens de mauvaise vie... Jésus leur répondit en racontant trois paraboles, remplies de tendresse : celles de la brebis perdue, de la drachme perdue et du fils perdu (Luc 15). Dans chacune de ces paraboles il fait ressortir le fait (qui nous surprend !) que Dieu s’intéresse beaucoup plus à la conversion d’un seul pécheur qu’à la bonne conduite de quatre-vingt-dix-neuf braves croyants ! « Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance (Luc 15.7, 10, 31, 32).
Oui, cela étonne ! Pourtant c’est Jésus qui le dit. Le grand problème de la majorité de nos églises contemporaines, c’est qu’elles s’occupent plus d’elles-mêmes que du monde perdu. Ce sont des communautés égocentriques, leur horizon est borné par les quatre murs de leur chapelle, alors que les yeux de Dieu sont plutôt tournés vers les. innombrables âmes, à l’extérieur, qui vont éperdument en enfer.
Dieu a sévèrement réprimandé le prophète Jonas pour son manque de compassion pour les inconvertis. « N’aurais-je pas pitié de Ninive, dit-il, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur main droite de leur gauche ? (Jonas 4.11).
Christ est mort pour tout être humain. Si son église néglige d’apporter cette nouvelle à tous, c’est qu’elle a perdu sa raison d’être, sa vision s’est obscurcie, elle tourne en rond dans un cercle vicieux. Par cette « loi de la brebis perdue », Jésus enseigne la vraie perspective spirituelle, l’optique de Dieu lui-même. L’église qui n’évangélise plus, qui n’est plus à la recherche des âmes perdues est à demi-morte.
Aucun groupe chrétien, aucune équipe, aucune église ne peut jouir d’une véritable communion spirituelle si les membres ne se concertent pas pour « chercher et sauver ce qui est perdu », comme Jésus l’a fait. L’église n’existe pas pour elle-même, elle n’est qu’un canal par lequel Dieu envoie son Esprit dans le monde pour révéler Christ. Celle qui passe son temps à se nourrir de « mets succulents », à s’engraisser alors que les âmes défavorisées meurent de faim spirituelle, se trouvera bientôt malade, faute d’exercice. Chaque communauté chrétienne a besoin de se dépenser, sinon elle devient impotente, spirituellement « cardiaque » ! Elle perd la plénitude du Saint-Esprit, car personne ne peut garder celle-ci simplement pour soi-même ; elle nous est donnée pour faire connaître Christ au monde.
Dieu est bien content de voir les chrétiens en train de s’édifier par les chants, les prières et les rencontres fraternelles ; il n’est pas contre ces choses ! Mais il les considère comme des moyens spirituels, non comme le but de l’église. Le but, c’est le salut des âmes perdues ; les moyens d’édification sont donnés afin de rendre l’église capable d’atteindre le but. Oui, Dieu aime en effet voir les quatre-vingt-dix-neuf chrétiens s’édifier, mais il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent... sur terre aussi !
Tant que l’église garde ce but divin devant les yeux et vit pour sa réalisation, elle détient un motif commun qui unit et relie tous ses membres et qui les oriente vers un objectif unique. Dans cette unité de vision et d’action il y a une force extraordinaire, car le Saint-Esprit lui-même anime toute pensée, toute parole, toute action avec la sagesse et l’amour de Dieu. Si la communauté perd cette vision, elle sombre dans une routine religieuse banale qui ne mène nulle part : le Saint-Esprit ne peut unir les croyants si chacun suit son petit chemin à part.
« Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain » (Matthieu 18.15-17).
Ah ! Ici nous touchons au plus sensible des problèmes de l’église ! Ce qui détruit l’œuvre de Dieu plus que n’importe quoi, c’est la mauvaise langue, la médisance. Pour l’apôtre Paul, ce péché était absolument diabolique. Le mot grec diabolos signifie « calomniateur, celui qui médit, celui qui attaque avec sa langue par derrière, dans le dos ». Dans le Nouveau Testament il est précédé généralement de l’article défini et il est traduit : « le diable ». Il est peut-être dommage que les traducteurs n’aient pas employé chaque fois le terme « calomniateur » en parlant du diable.
Trois fois, pourtant, le Nouveau Testament donne à ce mot diabolos son sens original, non théologique. Voici les passages en question :
Selon le texte grec de ces trois citations, les femmes des diacres ne doivent pas être « des diables », les femmes âgées non plus ; il est dit également que dans les derniers jours, les hommes en général seront « des diables », des diaboloi. (Pourquoi y a-t-il deux fois ici un avertissement adressé spécialement aux femmes ? La médisance serait-elle une faiblesse particulièrement féminine ?)
Il y a un quatrième passage où ce mot est appliqué à un être humain : il s’agit de Judas ! Jésus dit à celui qui allait le trahir avec sa langue, avec un baiser même : « L’un de vous est (un) diable (diabolos). » (Jean 6.70 non « démon » comme dans certaines versions)
Voici une vérité affreuse : le péché de médisance est une action spécifiquement diabolique. Si Satan peut trouver dans l’église quelqu’un pour faire son travail de médisance, il a dès lors acquis une entrée au sein même de la communauté. Au cours de ma vie et de mes multiples voyages, Dieu m’a permis de connaître un grand nombre d’églises. Cette expérience me laisse convaincu que le péché de la langue est l’un des pires ennemis que nous ayons à affronter aujourd’hui. La médisance est un cancer qui ronge le cœur de l’église. En écrivant cela, j’ai failli mettre, au lieu du mot « église », l’expression « corps de Christ ». Mais peut-on imaginer le corps de Christ rongé d’un cancer spirituel ? Je sais une chose : ce mal, ce péché est un véritable blasphème contre Dieu, il détruit le portrait de Christ que nous devrions présenter au monde, il dégrade l’évangile que nous prêchons, il annule notre témoignage.
Il y aura toujours, hélas ! des problèmes et des difficultés sur le chemin du disciple, surtout s’il est engagé à fond dans le service de son Maître.
L’équipe ou l’église qui voudra « foncer pour Christ » se heurtera inévitablement à une opposition satanique acharnée. Le plus terrible, c’est que l’ennemi peut avoir facilement une emprise sur le groupe entier par le péché qui « habite » dans ses membres individuels, à moins que chacun ne veille sans cesse, en restant fortement attaché à Dieu, près de la croix de Christ.
Il arrive, même dans des communautés vraiment spirituelles, qui suivent les enseignements de Jésus dans ce chapitre de Matthieu, qu’un frère ait des difficultés avec un autre frère. Nous sommes tous pécheurs de nature, nous sommes tous tellement imparfaits tant que nous habitons ce corps périssable ! Nous avons sans cesse besoin de patienter les uns avec les autres. Pourtant Dieu nous donne les moyens de surmonter ces difficultés ; un groupe qui vit selon les normes du royaume de Christ saura même les éviter d’avance. Mais lorsque, par malheur, il arrive un différend ou un malentendu entre deux frères, comment devons-nous réagir ? Quelle est la « procédure » à suivre ?
Le Seigneur lui-même nous enseigne trois étapes dans le chemin de la réconciliation. C’est un enseignement dur à accepter, car il « coûte »... et pourtant, toutes les fois que je l’ai vu mis en pratique, Dieu a agi de façon incontestable, en solutionnant des problèmes apparemment impossibles. Voici donc les trois « phases » de la réconciliation :
« Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
Tu n’as pas le droit de faire de ce péché un sujet de bavardage, de commérage. Tu n’as pas le droit d’en parler à d’autres avant de voir ton frère seul à seul.
Évidemment, c’est la chose la plus difficile au monde que d’aller voir celui qui t’a offensé ; il est beaucoup plus facile d’en parler à d’autres personnes... Tu ressens le besoin de t’exprimer, de te plaindre, « d’exploser ». Eh bien, va exprimer tout cela d’abord devant Dieu seul. Il est là pour t’écouter. Va déverser ton cœur devant lui, dis-lui tout, tout, tout... En ouvrant ton cœur à ton Père céleste, tu ne risques pas de tomber dans la médisance ! Lui qui voit tout saura clarifier ta vision, équilibrer tes réflexes.
Au bout d’un certain temps la lumière de la face de Dieu te montrera sans doute des failles de ton côté aussi. Puis, en priant pour ton frère, tu comprendras qu’il devra, lui, répondre pour son action au tribunal de Dieu et que, s’il ne se repent pas, il perdra sa bénédiction et une mesure de sa récompense (Romains 14.12-13, 1 Corinthiens 3.11-15, 2 Corinthiens 5.10). Au jour de la résurrection, il aura même honte devant la face de Christ (1 Jean 2.28). Tu n’as alors plus besoin de juger ton frère ; car, s’il ne se juge pas lui-même, il sera jugé par Dieu (1 Corinthiens 11.31-32). Tu commenceras ainsi à avoir de la compassion pour ton frère, tu verras tout à la lumière de l’éternité, très objectivement. Parce que tu as compassion de ton frère, Dieu te jugera en ce jour-là, toi aussi, avec compassion (Matthieu 7.1-2). « Car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement » (Jacques 2.13).
En persévérant dans la prière pour ton frère, tu découvriras qu’il se passe un miracle dans ton cœur. Tu commenceras à l’aimer ! Je fais constamment moi-même cette expérience : je trouve impossible de ne pas aimer une personne pour laquelle je prie, et plus je prie pour elle, plus je l’aime. Cet amour vient du Saint-Esprit. Loin de m’aveugler, il est accompagné de la lumière divine qui me fait voir de façon encore plus claire où en est la vérité. Elle me fait connaître, non seulement les torts de mon frère, mais les miens aussi. L’orgueil et la colère disparaissent devant la majesté divine. Mais le fait de percevoir une faute chez mon frère ne m’empêche plus de l’aimer. Avec cet esprit-là, Dieu peut enfin m’utiliser pour parler à mon frère.
Vois-tu, puisque Dieu nous a pardonné une somme « astronomique » de péchés, nous pouvons très bien pardonner à notre frère le « peu » de péchés que nous voyons en lui (Matthieu 18.32-33). Ce « peu » te paraît sans doute énorme, mais en comparaison avec la dette que Dieu t’a déjà remise, il est encore minime. Jésus renforce cette vérité par sa parabole de la paille et de la poutre (Matthieu 7.3-5)
À force de prier pour ton frère, le jour viendra où tu ne pourras plus te contenir, où tu éprouveras le besoin impérieux de le rencontrer afin de régler le problème une fois pour toutes. Le mobile qui te poussera à le voir sera, non plus la colère, mais l’amour ! La rencontre sera sans doute facilitée par l’action du Saint-Esprit dans le cœur de ton frère en réponse à ta prière.
Je me souviens d’une occasion où un jeune frère est venu prier avec moi, là où je logeais. Il a demandé à Dieu de nous garder unis en esprit et aussi de lui pardonner le péché d’irritation qu’il ressentait souvent envers moi. Moi-même je n’ai pu que dire un « amen » très sincère à cette prière. Puis j’ai regardé mon frère dans les yeux en lui posant la question : « Qu’est-ce que j’ai donc fait qui t’a offensé ? J’espère que tu pourras me le pardonner ! »
Sa réponse est restée gravée dans mon cœur : « Tu sais, Ralph, m’a-t-il dit, je me la reproche, cette irritation ; mais je n’arrive pas à la vaincre. Cela me trouble de plus en plus ; veuille prier pour moi ! »
Tout ébranlé intérieurement, je lui ai demandé de m’expliquer clairement quelle était ma faute. Il m’a répondu qu’il avait certainement tort de se laisser blesser pour une chose pareille, mais... Ensuite il m’a ouvert son cœur et m’a tout dit. J’avais, paraît-il, une certaine façon d’agir, une manie qui l’agaçait à l’extrême, qui le blessait.
Cela m’a ouvert les yeux ! C’était évidemment un choc rude pour moi ; je me suis senti terriblement humilié, diminué ; mais l’Esprit de Dieu m’a fait comprendre que ce garçon me rendait en réalité un immense service. Mon imperfection, qui le troublait et dont j’avais été complètement inconscient, devait disparaître. Ensemble, nous nous sommes mis à prier de nouveau — mais quelle différence ! Cette fois nous remercions Dieu tous les deux de nous avoir évité une rupture de communion ; moi, je confessais le péché dont je venais de me rendre compte ; tous les deux nous demandions pardon à Dieu, ensemble nous le louions et le remerciions de tout notre cœur. Ai-je besoin de te dire que ma communion avec cet homme, vingt ans après, reste intacte : c’est un frère que j’aime plus que jamais.
Si, dans un accès de colère, tu vas trouver ton frère pour lui dire « les quatre vérités », tu risques d’aggraver le mal. Un chrétien même très spirituel serait certainement profondément blessé par ton attitude et je pense qu’il t’éviterait dès ce jour ; le fossé entre vous deux deviendrait plus infranchissable que jamais. Jésus, en t’ordonnant de t’entretenir avec ton frère, entend évidemment que tu le fasses selon les principes qu’il énonce. Dans une église ou dans une équipe où tous les membres vivent selon la loi de Christ, il est relativement facile de réparer les brèches ; mais dans une communauté où ces principes restent lettre morte, il est pratiquement impossible de surmonter des obstacles de cette taille. Je connais des églises où l’œuvre de Dieu a été paralysée pendant une génération entière parce qu’un seul homme voulait avoir la première place, ou parce que deux frères refusaient de s’entendre. J’ai même connu des églises que le diable a fait disparaître. Le monde se moque du témoignage d’un christianisme aussi impuissant.
Revenons à la parole de Jésus : « S’il t’écoute, dit-il, tu as gagné ton frère. » Oh ! quelle joie lorsqu’on s’embrasse à nouveau, lorsqu’on peut enfin se regarder franchement dans les yeux avec amour, sans arrière-pensée ! C’est le ciel sur la terre. Pourquoi donc vivre le tourment d’une communion brisée, alors que l’Esprit de Dieu est là pour créer la communion ? La communion est, pour ainsi dire, sa « spécialité » ! Que Dieu nous garde de bloquer son action !
Jésus continue : « Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins » (Matthieu 18.16).
Hélas, il existe des esprits tellement durs que ni la vérité, ni les larmes ne les touchent. Je me rappelle un incident qui m’a fait terriblement souffrir, juste avant de m’élancer dans le service de Dieu comme missionnaire. Un chrétien m’avait mis dans une situation angoissante alors que j’avais beaucoup sacrifié pour lui venir en aide. Un jour, il m’a accusé si injustement, me semblait-il, que je lui ai reproché, avec verve et fermeté, les torts qu’il m’avait faits. Après cela, cet homme m’a respecté ; mais, quant à moi, ma conscience m’a troublé jusqu’au jour où je lui ai demandé pardon de ma colère. À partir de ce moment-là il a cessé de me craindre ; loin de chercher à se réconcilier avec moi, il m’a traité de « canaille » et a mis tous les obstacles possibles devant ma vocation missionnaire.
Je ne lui ai jamais répondu un mot ; Dieu n’a pas permis que je me justifie. Pauvre homme ! Il a, par la suite, perdu sa fortune, sa situation très respectée, sa femme et, je crois, une main. Il a continué pendant des années à me faire du mal, mais je n’ai pas eu à me défendre ; j’ai simplement remis ma cause entre les mains de Dieu. Pourtant ce cas me fait encore aujourd’hui infiniment de la peine ; c’est une souffrance pour moi de n’avoir pu gagner la confiance de cet homme. Je me suis posé très sérieusement la question : était-il réellement né de nouveau ? Ou n’était-il qu’un « évangélique » de tradition, comme tant d’autres qui ne connaissent pas l’Esprit de la grâce ?
Le Seigneur prévoit, dans son enseignement, des cas d’intransigeance et d’opiniâtreté. En s’appuyant sur la loi de Dieu, il insiste sur la nécessité d’avoir au moins deux ou trois témoins pour établir un fait important (Deutéronome 17.6-7). Or, si ton frère demeure intransigeant, « s’il refuse de t’écouter, dit-il, prends avec toi un ou deux témoins ». Il va sans dire que vous prierez ensemble, toi et ces témoins, autant qu’il le faudra avant d’aller voir le frère difficile. Ces amis, étant en dehors de la querelle, auront l’avantage de voir les choses d’une manière plus impartiale ; le frère en question les écoutera sans doute plus facilement qu’il ne t’écouterait. Ils sauront aussi l’écouter et raisonner avec lui, sans risque de se laisser emporter eux-mêmes.
Si pourtant cet homme est dur, au point de refuser d’écouter la plaidoirie de ton témoin ou de tes témoins, Jésus estime que la porte est alors fermée pour une véritable entente et il ordonne ensuite de prendre des mesures « extrêmes ».
« S’il refuse de les écouter, dis-le à l’église » (Matthieu 18.17).
Dans un cas semblable, Jésus ordonne à l’église tout entière d’assumer ses responsabilités. C’est l’ultime démarche possible sur la terre. Plutôt que de laisser traîner cette affaire, ce qui provoquerait de plus en plus de commérages et de malaises dans la communauté, il faut que celle-ci agisse au nom de Dieu.
Si cette église est spirituelle — autrement dit : si elle accepte et met en pratique ces principes de Jésus —, elle saura absorber le choc d’une telle crise : elle aura la force et la sagesse du Saint-Esprit pour régler les différends et les heurts entre frères. Mais si l’église est spirituellement défectueuse, si elle n’obéit pas aux commandements de son Maître, elle se trouvera impuissante devant une situation aussi grave, aussi délicate ; elle ne sera aucunement en mesure d’affronter la difficulté ; il lui manquera l’autorité spirituelle nécessaire pour juger de l’affaire. Dans ce cas, elle devra supporter des difficultés plus grandes encore. Elle aura peut-être recours à une discipline purement humaine, ce qui ne pourra jamais guérir le mal ; ou bien, par faiblesse, elle laissera traîner lés choses. Le péché, au lieu d’être retranché, persistera, rongeant l’âme de l’église : le mal contaminera tous les membres et finira par traîner dans la boue le nom du Sauveur aux yeux du public. L’église restera souffrante, malade, stérile, jusqu’au jour où tous reconnaîtront la faute collective, se repentiront et mettront de l’ordre. Oh ! je pense avec une tristesse inexprimable aux églises que j’ai vues dans cette même situation ! Pourtant, la voie d’issue existe : l’enseignement du Seigneur Jésus l’indique avec clarté.
Jésus dit « qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain ». Autrement dit, nous ne pouvons plus appeler cet homme « frère », ni le considérer comme étant né de nouveau. Cela ne nous permet pas de le haïr ni de le mépriser. Au contraire, nous ne pouvons que l’aimer : c’est une âme qui va apparemment à la perdition et nous souffrons de la voir dans cet état, nous prions plutôt pour que Dieu la sauve. De toute évidence, un tel homme n’a pas l’Esprit de Dieu en lui : c’est un faux frère. Pauvre homme !
Pourtant l’église, tout en éprouvant de la compassion pour lui, doit prendre position et juger le péché. Si elle ne le fait pas, elle s’expose elle-même au jugement de Dieu. Elle déshonore le nom de Christ ; le témoignage de l’église est compromis et n’aura plus aucune force. L’église doit donc juger le péché. Quant au pécheur, c’est Dieu qui le jugera.
Comment l’église doit-elle s’y prendre pour juger dans un cas pareil ? La réponse à cette question ne semble pas appartenir au sujet de ce livre. Je ne puis qu’exhorter chaque église à trouver la réponse elle-même dans l’Écriture (Voir entre autre 1 Corinthiens 5.2-6, 13). J’aimerais un jour écrire un ouvrage où ce sujet serait traité. Il suffit de se rappeler ici que tout doit se faire dans la lumière et dans l’amour avec beaucoup de prière et, sans doute, le jeûne. Il faut aussi se rappeler que c’est uniquement par le Saint-Esprit que la volonté de Dieu s’opère ; la chair ne saurait l’accomplir. Ni la colère, ni l’intelligence, ni la volonté de l’homme, ni les arguments, ni l’organisation, ni la subtilité ne peuvent achever ce qui est en fin de compte une opération du Saint-Esprit.
Mais détrompons-nous : l’église qui ne prend pas au sérieux l’enseignement de Christ dans ce 18e chapitre de Matthieu ne peut espérer l’appui du Saint-Esprit dans ses jugements et ses décisions.
Il n’est pas étonnant que Pierre, après un tel enseignement, ait été troublé au point de demander : Combien de fois pardonnerai-je à mon frère lorsqu’il péchera contre moi ?
Jésus répond sans hésitation : « jusqu’à soixante-dix fois sept fois (Matthieu 18.21-22 Pour bien saisir la portée de cet enseignement de Jésus, le lecteur ferait bien de lire le passage en entier : versets 21-35). Si tu veux calculer, cela fait 490 fois ! Mais je suis sûr que, si tu en arrives là, c’est que tu auras depuis longtemps cessé de calculer : tu auras même perdu le fil ! Jésus veut dire que nous devons pardonner jusqu’à l’infini. La grâce de Dieu n’a pas « calculé » lorsqu’elle payait notre péché sur la croix par le sang de Jésus ; nous non plus, nous ne devons et ne pouvons « calculer » la mesure du pardon à offrir à notre frère. Jésus dit de pardonner. Cela ne peut signifier qu’un acte total. Il n’est pas possible de pardonner « à moitié ». Dieu, en nous pardonnant, n’a plus gardé de rancune dans son cœur. « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés », dit-il (Hébreux 10.17).
L’Esprit de Jésus est l’Esprit de la grâce. Lorsque tous les membres d’une communauté chrétienne sont remplis de cet Esprit saint, la grâce de Dieu se manifeste dans tous les rapports entre frères et sœurs. L’Esprit du pardon anime chaque croyant. C’est cela, la plénitude de l’Esprit.
Jésus illustre son enseignement par la parabole du serviteur auquel son maître a remis une dette impossible à rembourser, mais qui ne veut pas acquitter à son tour son collègue pour une affaire de cinquante francs. Le maître, attristé, le convoque à nouveau dans sa présence pour lui faire comprendre, à son étonnement, qu’après tout il n’est pas libéré de sa dette. Le pardon absolu lui a été offert, mais c’est dans un esprit d’égoïsme qu’il l’a saisi : il a voulu profiter des avantages d’une telle offre sans tenir compte des responsabilités qu’elle entraîne.
Voilà l’image de l’homme qui pense pouvoir s’approprier l’effet du sacrifice de Jésus sans recevoir en même temps l’Esprit de Jésus ; il veut bénéficier de la grâce de Dieu, sans recevoir l’Esprit de la grâce. Il se croit pardonné et pourtant il n’a rien compris du pardon ; il s’est fait une idée complètement fausse de la grâce. La générosité de Dieu le laisse froid et insensible ; il est incapable d’exercer la moindre grâce envers son frère lorsque celui-ci se trouve dans l’embarras.
Le maître, dans cette parabole, ne change en réalité pas de principe quand il annule le pardon qu’il avait offert. C’est l’attitude de l’accusé qui transforme la situation. Le maître constate simplement que ce misérable est encore animé d’un esprit contraire au sien. Il n’a pas saisi le sens de la miséricorde ; il n’a pas accepté le pardon comme une grâce, car la grâce engendre la gratitude. Il est plutôt semblable à un homme qui a eu la chance de gagner le gros lot à une tombola ! Le maître le place alors devant la réalité qu’il a esquivée ; il lui apprend la nature illusoire d’un pardon qui ne sait pas à son tour pardonner. Ce serviteur n’a en fait jamais reçu la grâce dans son cœur, car celui-ci reste dur comme le roc ; il ne sait même pas la signification de ce mot. Après être parvenu à la porte même du ciel, il retourne vers un enfer qui ne sait rien du pardon.
Si Dieu t’a en fait pardonné, c’est parce que le sens du pardon est entré dans ton cœur ; la générosité de Dieu ne peut te laisser insensible à la détresse de ton frère. Si tu ne sais pas pardonner à ton frère, comment peux-tu croire au pardon de Dieu ?
Les fautes que nous voyons chacun chez son prochain sont minimes en comparaison de la montagne, de l’univers de péchés que Dieu nous pardonne à nous-mêmes. Si nous croyons à la grâce de Dieu, cette grâce débordera sur les âmes qui nous entourent. Jésus nous fait comprendre de façon incontestable que le vrai chrétien pardonne — parce qu’il a été lui-même pardonné. Il est imprégné de l’Esprit de la grâce, de l’Esprit de Jésus.
Dans son enseignement sur la prière, Jésus met ces paroles dans notre bouche : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Puis il ajoute : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses » (Matthieu 6.12-15). Jésus ne parle pas ici de Dieu en tant que juge, mais en tant que Père. Il dit : « Votre Père céleste... » Il s’agit donc ici du pardon paternel de Dieu. Mais Jésus est catégorique : si je ne pardonne pas à mon frère, je n’obtiendrai pas le pardon de mon Père céleste ; je ne connaîtrai plus la communion de l’Esprit, je serai privé de sa plénitude, car j’abuse de la grâce de Dieu. Au lieu de jouir de la lumière de sa face, je marcherai dans les ténèbres... Et celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va.
La parole de Jésus est terriblement sévère : « C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur » (Matthieu 18.34-35).
Dans le temps, je croyais que la chose la plus difficile pour le croyant était de confesser son péché à celui qu’il avait offensé ; mais j’ai appris par la suite qu’il y a une chose plus difficile à mettre en pratique, c’est de pardonner... Comme je l’ai remarqué ailleurs, le pardon est la qualité la plus divine qui soit. Celui qui pardonne ressemble à Dieu.
Ah ! si seulement la chute n’avait jamais eu lieu ! Si le paradis n’avait pas été envahi, dégradé par la présence du serpent ! Si Dieu avait tout simplement arrêté la progression du mal, s’il l’avait empêché d’exister ! C’est la complainte, le cri d’angoisse qui jaillit de tout esprit sensible et honnête. Chaque enfant de Dieu doit faire face à ce problème terrible ; c’est d’ailleurs la première question que nous lancent à la figure ceux à qui nous témoignons de Christ : pourquoi, nous reproche-t-on, Dieu permet-il le mal ? Pourquoi tolère-t-il la méchanceté ?
Ce livre n’envisage pas de traiter ce sujet, aussi dois-je le laisser pour un ouvrage ultérieur ; cependant je peux dire ici une chose : si le mal n’avait jamais existé, si nous n’avions pas été rebelles à la loi divine, Dieu n’aurait pas eu à nous pardonner. Nous aurions connu son amour, certes, un amour délicieux dans un monde parfait ; mais nous n’aurions jamais connu les profondeurs de cet amour. Nous l’aurions accepté presque « machinalement », comme une chose « normale », qui nous serait due et de ce fait, banale. Jamais, jamais nous n’aurions soupçonné sa véritable signification, ses dimensions incroyables, incommensurables...
À travers Christ crucifié, Dieu nous révèle ce qu’une éternité d’endoctrinement n’aurait su nous apporter : l’apocalypse d’un amour qui se traduit en grâce ; l’amour d’un Créateur pour qui sa créature est si infiniment précieuse qu’aucun prix n’est trop élevé pour la racheter, pour la réconcilier avec lui, pour éveiller en elle un amour réciproque.
Cet Esprit de la grâce de Dieu n’est autre que l’Esprit saint, qui manifeste le fond du caractère de Dieu à travers son Fils. Si cet Esprit manque, la présence de Christ manque aussi, Dieu lui-même manque ; les activités, le service, la doctrine, le zèle de l’église ne sont qu’un « airain » qui résonne. Tout est inutile si les disciples ne s’aiment pas assez pour se pardonner.
Entre la sixième et la septième loi du royaume, Jésus, dans ce merveilleux chapitre 18 de Matthieu, intercale trois promesses. Elles ne sont valables, ce me semble, que dans le cas où le groupe, l’équipe, l’église mettent en pratique les principes énoncés dans ce chapitre. Sortir les promesses de leur contexte et se les appliquer, sans tenir compte des autres aspects de l’enseignement du Maître, me paraît malhonnête, inadmissible. C’est l’attitude qui nous amène parfois à savourer les promesses et les « bonnes paroles » de l’Ancien Testement, tout en mettant « sur le dos du Juif » les passages désagréables, les avertissements solennels ! Soyons droits, soyons intègres dans notre appréciation des Écritures, tout en les interprétant à la lumière de l’œuvre de Christ pour nous sur la croix.
« Je vous le dis, en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel » (Matthieu 18.18).
Combien d’organisations chrétiennes ont détourné le sens de cette promesse à leur avantage, prétendant ainsi avoir le droit d’excommunier ceux qui n’étaient pas d’accord avec leurs interprétations particulières ! Pourtant ce n’est pas là le but de cette parole de Jésus. Il veut nous faire comprendre le privilège de ceux qui s’attachent à son enseignement. À l’église, à l’équipe qui vit et qui travaille dans l’unité de l’Esprit, dans l’amour que Jésus enseigne dans ce chapitre, il accorde le droit d’utiliser son nom, avec tout ce que cela comprend comme autorité.
À ses apôtres, la nuit avant sa mort, il avait dit : « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai » (Jean 14.13-14). « Demander en son nom » signifie : s’identifier totalement avec lui. Si les disciples, en tant que groupe, s’identifient à leur Maître sur tous les plans, de tout leur cœur, en acceptant tous ses enseignements, toute sa vision et son objectif, le Maître leur accorde le droit de « signer » pour lui. L’accès dont ils jouissent auprès du Père leur permet de demander avec audace et avec confiance les choses qui tiennent à cœur à Jésus lui-même.
Une telle église, une telle équipe se trouve en mesure d’affronter tous les problèmes que nous avons examinés et qui pourront surgir sur son chemin. Elle peut lier efficacement les puissances sataniques et délier les âmes jusqu’alors retenues par ces puissances. Mais une église désunie ne connaît rien de ce pouvoir ; elle ne sait pas exercer l’autorité du nom du Seigneur Jésus-Christ.
Cette autorité nous est donnée surtout pour amener les âmes à la nouvelle naissance et pour les faire croître spirituellement.
« Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 18.19).
Voici la condition de l’exaucement de la prière collective.
Il va sans dire qu’il s’agit dans ce contexte de deux (ou de plusieurs) personnes qui sont déjà en règle avec Dieu : leur conscience est purifiée par la confession du péché (Éphésiens 4.30 ; 1 Jean 1.9), leur volonté est soumise à celle du Père (1 Thessaloniciens 5.19 ; Jean 14.15, 21, 23-24 ; 1 Jean 2.4) et elles ne doutent plus de la réponse de Dieu (Jacques 1.6-7 ; Matthieu 17.20 ; Marc 11.23-24) ; ce sont des croyants qui marchent selon les principes énoncés par le Seigneur dans ce passage. Cette promesse n’est pas pour n’importe qui et pourtant elle est offerte à tous les enfants de Dieu. Lorsque quelques croyants sont vraiment « soudés » en Christ, unis comme un seul homme, prêts à faire toute sa volonté, Dieu leur accorde le privilège de demander avec certitude l’accomplissement des objectifs que l’Esprit de Christ leur met sur le cœur. Aux yeux de Dieu, une prière semblable est sérieuse ; c’est pourquoi sa réponse est tout aussi sérieuse.
« Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18.20 Ce qui suit est en partie tiré de mon livre Si tu veux aller loin, chapitre 10.) Ici, Jésus garantit sa présence au milieu d’un groupe vivant selon ces principes, ne serait-ce qu’entre deux ou trois personnes. « Là où deux ou trois sont intégrés dans ma personne, dit-il, je suis au milieu d’eux. »
Ce verset est cité presque banalement dans toutes sortes de rencontres pour justifier la supposition que, lorsque plusieurs chrétiens se trouvent dans la même pièce, la présence du Christ est automatiquement assurée. Le sens du grec original ne permet pas une telle interprétation. Le fait d’être ensemble à chanter un cantique est loin de correspondre à la pensée de Jésus dans ce texte. Jésus veut dire infiniment plus que cela. La préposition grecque eis suivie de l’accusatif, dans l’expression « en mon nom », comporte toujours l’idée d’un mouvement vers un objectif Pour ceux qui savent le latin, les prépositions in ou ad plus l’accusatif traduisent assez correctement l’expression grecque, qui est difficilement rendue en français.
Le verbe synagoguein de même veut dire plus que le français « être réunis » ; on pourrait le traduire par « grouper », « attirer ou pousser ensemble, vers un point commun ». Dans l’expression tout entière, il y a le sens d’un mouvement vers un centre de gravitation. Il ne s’agit pas d’un état statique mais plutôt d’un état dynamique.
Quel est cet objectif, le centre de cette gravitation ? C’est le nom de Jésus. Mais qu’est-ce que cela peut signifier ? Comment graviter vers et « dans » un nom ? Nous comprenons mieux lorsque nous nous souvenons qu’il n’existait pas en grec ancien, pas plus qu’en hébreu, de terme correspondant véritablement à notre mot « personne ». Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, si l’on voulait parler d’une « personne » il fallait dire « un homme », ou « une âme », ou « un nom », ou même « un visage ». Cette dernière expression (grec : prosôpon) commençait tout juste, au temps de Christ, à acquérir la signification de « personne » dans la langue vulgaire. Ainsi, dans Genèse 46.26 le mot « personne » est la traduction française de l’hébreu « âme » ; dans Actes 1.15 le mot « personne » est la traduction du grec « nom », ce qui donne littéralement « Le nombre des noms était... de cent vingt. »
Dans la Bible, le « nom » est pratiquement l’expression de la personne. En hébreu, les noms des individus avaient une signification très claire. Par exemple, Noé signifie « encouragement », donné prophétiquement par son père ; David signifie « bien-aimé » ; Jésus signifie « Sauveur ». Ainsi, pour les prophètes, le nom de Dieu équivalait à la personne de Dieu ; c’est pourquoi le respect de son nom était si important ; c’est ce qui apparaît dans le commandement du décalogue : « Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel en vain » (Exode 20.7) À mon avis, il est incontestable que Jésus, dont la pensée avait pour arrière-plan l’Ancien Testament, identifiait son nom à sa personne. Quand il autorisait ses apôtres à prier en son nom, il leur offrait une identification a sa personne. D’ailleurs, même aujourd’hui, quand nous utilisons le nom ou la signature de quelqu’un haut placé, pour nous faciliter une procédure, nous lui sommes momentanément identifiés. C’est dans la mesure où nous nous identifions complètement à Jésus, à sa personne, à ses intérêts, ses désirs, sa volonté, sa croix... et sa résurrection, que notre prière et notre action deviennent efficaces. Demander au nom de Jésus, c’est accepter d’être identifié à lui, comme une jeune épouse est identifiée à son mari et porte son nom.
Voilà pourquoi, faute de mieux, je traduis Matthieu 18.20 ainsi : « Là où deux ou trois sont intégrés dans ma personne, je suis là, au milieu d’eux. » Et je suis absolument convaincu que c’est là le sens que Jésus lui-même voulait donner à cette phrase. Être « soudés ensemble » en lui. Il est le centre de gravitation.
Un tel noyau est un véritable pied-à-terre de Dieu dans ce monde hostile. C’est le royaume de Dieu en miniature. La présence de Christ dans ce groupe (qu’il s’agisse de trois ou de trente ou de trois cents) constitue essentiellement « l’église », comme Jésus l’entendait. Sans sa présence, ce n’est qu’une caricature de l’église, un ramassis de gens plus ou moins intéressés, sans unité de cœur et sans témoignage convaincant. Le monde, d’ailleurs, n’y croit pas. On a beau avoir une organisation ou un édifice impressionnant, ou même une doctrine très correcte ; si tout n’est pas centré sur la présence effective et réelle de Jésus, ce n’est pas une église authentique — pas plus que le joli emballage d’une bague n’est un cadeau si celle-ci ne s’y trouve plus.
Un groupe de croyants ainsi « intégrés dans la personne de Christ » découvre le ciel de sa présence. Tout en restant des individus libres, chacun avec son identité et sa personnalité particulière, les croyants se trouvent engagés dans une unité qui échappe à toute conception purement humaine. L’Esprit de Dieu, par l’amour de Dieu et par sa lumière, crée un phénomène surnaturel, une action spirituelle d’une pureté et d’une force inexprimables. « C’est par là, a dit le Seigneur Jésus, que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jean 13.34-35).
C’est la présence de Christ qui constitue la vraie église. C’est elle qui convainc le monde. « L’Esprit de vérité convaincra le monde », a dit encore le Seigneur, et il le fait précisément par ce moyen.
Dans une ambiance pareille il trouve des chemins tout tracés pour apporter la connaissance du Sauveur à ceux qui sont perdus. Il n’y a rien d’artificiel dans une telle situation, la chaleur humaine n’est pas « fabriquée », les attitudes et les réflexes sont spontanés, simples, transparents. Dans tout ce que fait le groupe, Christ se laisse voir et sa voix est entendue.
Si nous comprenons cela, Dieu peut faire n’importe quoi au milieu de nous. Nous constituons ainsi une véritable église, selon la pensée de Jésus. Les détails peuvent être résolus par la suite, car on a déjà l’essentiel. Mais une « église » ne possédant pas cette présence spirituelle de Christ, évidente à tout venant, unissant tous les frères dans une communion véritable, n’est qu’une parodie de la vérité. Sans unité de cœur, la gloire de Dieu lui échappe et le portrait de Christ qu’elle offre au monde n’est qu’une triste caricature.
Je sais par expérience que ces choses sont vraies. J’ai appris que Dieu peut faire infiniment plus par un petit groupe semblable, de deux ou trois personnes seulement, que par tout un réseau d’églises « ordinaires », qui ne possèdent pas ce secret ultime. Il y a une force spirituelle qui se dégage d’un tel noyau dont Dieu peut se servir pour obtenir des résultats incroyables. Le tout est une action du Saint-Esprit. Aucun homme ne peut créer ce miracle. On ne peut le réaliser, ni par un acte de volonté, ni par l’intelligence, ni par les sentiments, même très forts. C’est un acte de Dieu, une chose qui n’appartient pas à la création naturelle mais à la nouvelle création.
Une église, une équipe, un groupe, un mouvement spirituel qui n’a pas cette présence surnaturelle et réelle de Christ n’est qu’un travestissement de la vérité néo-testamentaire. La communion de (l’Esprit change tout, comme la lumière change la nuit en jour.
J’ai comparé le noyau spirituel à une pile électrique. Je ferais mieux de le comparer à une pile atomique...
Je ferais encore mieux de comparer la vraie église, comme Jésus la concevait, à la cellule biologique. Comme nous l’avons vu, celle- ci illustre à merveille le principe de l’unité dans la complexité qui caractérise la personne même de Dieu.
Une telle église, riche des personnalités et des dons spirituels si variés qui la composent, est inévitablement très complexe ; pourtant, elle est en même temps une unité extraordinaire. Le Saint- Esprit manifeste à travers les uns et les autres les multiples aspects du caractère de Jésus-Christ, alors qu’il les unit par le même amour qui unit le Père au Fils. Une église qui fonctionne normalement, c’est-à-dire selon les normes que Christ lui-même nous donne, est effectivement le ciel « en petit », un prototype du royaume de Dieu, une manifestation tangible et visible aux yeux du monde de la présence de Dieu sur terre. Si tous les chrétiens pouvaient et voulaient comprendre cette vérité et la vivre, l’Esprit de Dieu pourrait révolutionner les nations en créant l’amour au lieu de la haine et de la méfiance qui règnent aujourd’hui. À certaines époques, Dieu a visité une région ou une autre de cette manière... On appelle cela un « réveil ». Pourquoi n’aurions-nous pas un réveil global ? Une cellule biologique en bonne santé peut se reproduire, en moins d’un an, 120 milliards de fois de manière à créer un être humain, un bébé. Que ne ferait l’Esprit de Dieu par une église « en bonne santé » ! Il serait capable de remplir le monde de nouvelles « cellules », d’innombrables petites églises, de noyaux vivants se reproduisant à l’infini. C’est ainsi que Jésus concevait l’église... et Paul a su appliquer cette conception avec des résultats à peine croyables. Ah ! que l’église d’aujourd’hui est lente à comprendre et à croire !
« Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres » (Marc 9.51).
C’est ainsi que le Seigneur Jésus termine son enseignement sur la communion fraternelle. Cependant les versions existantes ne semblent pas avoir saisi le sens du grec original de ce passage. J’ai moi-même lu et relu ce verset au cours des années sans y percevoir une signification vraiment utile. Mais un jour, l’Esprit de Dieu m’a ouvert les yeux par un passage, dans la loi de Moïse, où je lisais : « Tu mettras du sel sur toutes tes offrandes, tu ne laisseras point ton offrande manquer de sel, signe de l’alliance de ton Dieu » (Lévitique 2.13). Cela m’a frappé et m’a amené à étudier la question en profondeur. J’ai appris que chez certains nomades du désert il existe encore aujourd’hui une tradition qui leur parvient de la plus haute antiquité, sans doute du temps d’Abraham. Celle-ci les amène à considérer le sel comme quelque chose de plus ou moins sacré. Le sel, en effet, est le seul aliment de l’homme qui soit purement minéral et non organique (c’est-à-dire ni végétal ni animal) et de ce fait pratiquement impérissable, incorruptible. II est donc devenu, dans l’Antiquité, un symbole de l’incorruptibilité.
Si tu partages le pain avec un vrai nomade arabe cette action est considérée comme une sorte d’alliance provisoire, tant que tu seras sous sa tente ou sous son toit. Si cependant tu partages avec lui le même sel, cela est interprété comme le signe d’une amitié ou d’une alliance perpétuelle. Cet homme n’a plus jamais le droit de te faire du mal. Il est tenu par cet acte symbolique tant que vous êtes tous les deux en vie.
Je lisais également que Dieu avait « donné pour toujours à David la royauté, à lui et à ses fils, par une alliance inviolable » (version Segond) (2 Chroniques 13.5). Darby, suivant fidèlement le texte hébreu, traduit littéralement et correctement cette expression de la manière suivante : « par une alliance de sel ».
Ces passages ont jeté une lumière toute nouvelle sur Marc 9.51, dont j’ai examiné de façon plus approfondie le texte grec. J’ai compris qu’il fallait traduire la préposition grecque en, non par « en » mais par « entre ». Le sens de cette parole de Christ devient immédiatement évident quand on lit :
« Ayez du sel entre vous (ou : parmi vous) et soyez en paix les uns avec les autres. »
Jésus veut dire : « Qu’il y ait une alliance de sel (une alliance inviolable) entre vous. » Oh ! que ce passage a transformé alors toute ma conception de la communion fraternelle ! Ce commandement de Christ (c’est un ordre, non pas un simple vœu) transpose dans une tout autre dimension nos idées trop vagues de la communion spirituelle. C’est une alliance de sel, cette communion intime, cette confiance certaine qui permet la réalisation du deuxième ordre de Jésus : « Soyez en paix les uns avec les autres. »
Au début de mon ministère d’évangéliste pionnier outre-mer, je fus dérouté par les médisances, le manque d’unité et de confiance que j’ai rencontrés dans les milieux missionnaires où je me suis trouvé. J’ai très vite compris que, si j’introduisais des nouveau-nés en Christ dans une ambiance aussi négative, ils seraient atrophiés spirituellement dès le début. C’est pourquoi j’ai demandé à Dieu de garder ma langue de toute mauvaise parole et de créer entre moi et ceux que j’amènerais à la nouvelle naissance une communion inébranlable.
C’est alors que Dieu me montra la nécessité de devancer, par une action précise du Saint-Esprit, les attaques que le diable lancerait contre la jeune communauté. J’ai donc demandé à Dieu d’établir entre chaque nouveau-né et moi-même, une véritable « alliance de sel », fondée et renforcée par le sang précieux de Christ. J’attendais chaque fois la conviction de l’Esprit avant de m’engager si loin ; mais, autant que je le sache, l’alliance une fois faite par Dieu dans ce pays n’a jamais été rompue (J’ai connu, une seule fois dans ma vie, longtemps après et dans un autre pays, l’immense chagrin du brisement d’une alliance de sel).
Puis, à ma joie, j’ai remarqué que ces jeunes chrétiens commençaient à établir des liens réciproques, des « alliances » entre eux, jusqu’à ce que la communauté entière devînt un véritable réseau, comme un filet tissé par la main de Dieu et que l’ennemi ne pouvait pas défaire. Ceux qui, par la suite, ont été amenés à la foi découvraient une communion extraordinaire dans laquelle ils étaient entraînés progressivement les uns après les autres. Tout cela dans une entière liberté de l’Esprit (2 Corinthiens 3.17). Jamais auparavant je n’avais connu une unité spirituelle comparable, une telle amitié, une si grande joie, la présence de Christ aussi tangible. Même en pleine rue, lorsque deux d’entre nous se rencontraient par hasard, ils priaient très simplement l’un pour l’autre (et parfois pour une dizaine d’autres personnes aussi !). Cette présence ineffable de Christ est devenue pour nous une réalité, même au milieu de la foule.
Si les églises de Jésus-Christ voulaient comprendre cette vérité et la vivre, la mettre en pratique, ce serait le réveil — un réveil tel qu’on n’en a jamais vu.
Dieu nous veut en communion avec tous nos frères et sœurs en Christ, même les plus faibles ! Pourtant, dans certaines situations précises, il nous interdit la communion. J’ai trouvé, en tout, dans le Nouveau Testament, six cas dans lesquels nous devons la refuser : trois raisons doctrinales et trois raisons d’ordre pratique. La connaissance de ces principes t’évitera bien des problèmes ; elle te gardera surtout de compromettre ton témoignage.
2 Jean 2.5-11 et 2 Corinthiens 11.4
Dans sa deuxième épître, l’apôtre Jean déclare que notre amour pour le Seigneur se traduit par notre obéissance à ses commandements (verset 6) et que son commandement suprême « c’est que nous nous aimions les uns les autres » (verset 5).
Ensuite il nous met en garde contre les séducteurs : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ, dit-il, n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne lui dites pas : Salut ! Car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres. » (versets 9-11).
Il me semble que Jean a en vue ici deux erreurs étroitement associées, qui cependant, se résument en une seule expression : « La doctrine de Christ ».
Tout d’abord rappelons-nous que le mot grec didachê, ici traduit par « doctrine » n’est pas limité à ce sens mais signifie essentiellement : « enseignement, instruction ». Jean vient de parler des commandements du Christ (versets 5-6). Il est donc certain que par l’expression : « la doctrine de Christ » il vise tout l’enseignement que le Seigneur Jésus a donné aux apôtres, celui qu’ils nous ont transmis par les quatre Évangiles et répété dans leurs épîtres. Il n’y a pas le moindre doute que le Seigneur s’attend à ce que nous obéissions intégralement à ses enseignements, car il a dit : « Celui qui entend ces paroles que je dis et les met en pratique sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc... Mais quiconque... ne les met pas en pratique sera semblable à un insensé qui a bâti sa maison sur le sable... » (Matthieu 7.15-23, 24-27.)
Et encore : ...« Faites de toutes les nations des disciples... et enseignez-leur (c’est-à-dire, à toutes les nations et non seulement aux Juifs !) à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28.19-20).
Si donc un soi-disant chrétien veut te convaincre qu’il est inutile de prendre au sérieux l’enseignement, la didachê de Jésus, il ne faut pas le recevoir dans ta maison, dit Jean, ni même lui dire : Salut ! On entend dire, malheureusement, que le sermon sur la montagne et les autres enseignements du Christ ne concernent que l’Ancien Testament et non le Nouveau, ou qu’ils sont uniquement pour le Juif et non pour le chrétien, ou bien qu’ils ne seront applicables qu’après le retour de Christ... Pourtant, Jésus lui-même dit que, si nous l’aimons, nous gardons ses commandements (Jean 14.15, 21, 23-24).
Dieu ne nous demande pas de garder les enseignements de Christ pour gagner notre salut : cela serait du légalisme. Mais nous, qui sommes déjà sauvés, nous voulons les garder par amour : c’est l’effet de la grâce. Ces deux attitudes sont aussi différentes que le noir et le blanc. La marque du vrai enfant de Dieu, c’est la loi de Christ gravée dans son cœur (Hébreux 10.16). Le fait d’être « sous la grâce » et non « sous la loi » n’est pas une excuse pour désobéir à son Seigneur (Romains 3.5-8 ; 6.1, 2, 15, 16).
Regardons l’autre aspect de la question : Jean parle de séducteurs qui sont en fait des antéchrists. « Anti » en grec, comme « ante » en latin signifie « à la place de » plutôt que « contre ». Un antéchrist est une personne qui n’est pas seulement « contre » Christ mais qui se fait passer pour Christ. C’est un faux Christ. Le grand dictateur du temps de la fin se présentera d’abord en tant que « christ » ; ce n’est que par la suite que son caractère non chrétien apparaîtra.
Les séducteurs contre lesquels Jean nous met en garde « ne confessent point que Jésus-Christ est venu en chair » (1 Jean 4.3. Par l’expression « la doctrine de Christ » Jean veut dire, non seulement les enseignements que Jésus donna aux disciples, mais encore le vrai enseignement concernant la personne de Christ. La fausse doctrine nie soit la divinité de Jésus-Christ soit son humanité, soit les deux. Inévitablement, une personne qui se proclame elle-même « christ » nie le vrai Christ, mais il y a également des multitudes de soi-disant croyants qui, sans aller jusque-là, le nient effectivement par leur conception imparfaite de sa personne.
Certains, par exemple, nient carrément sa divinité, si clairement enseignée dans les Écritures ; tels sont les faux « témoins » qui viennent frapper à ta porte. Il y en a d’autres qui la nient de façon plus subtile, comme ces chrétiens dits « libéraux » qui, tout en employant un langage évangélique, ne croient pas intégralement aux déclarations des Écritures. Il y en a d’autres qui la nient en interposant entre Dieu et l’homme d’autres médiateurs ou médiatrices à côté du Seigneur Jésus, comme s’il ne suffisait plus aux yeux de Dieu (Jean 14.6 ; 1 Timothée 2.5).
D’autres hérésies nient la vraie humanité de Jésus, en faisant de lui un fantôme ou une « émanation divine » dont la nature humaine ne serait qu’une illusion. Une erreur bien dangereuse est celle qui fait de Jésus une sorte de « surhomme » alors que la Bible nous le représente comme un vrai homme, « semblable en toutes choses à ses frères »... « sans commettre de péché » (Hébreux 2.17 ; 4.15). L’habitude de le concevoir avec une auréole lui a enlevé aux yeux d’innombrables personnes sa véritable humanité.
Toutes ces fausses conceptions représentent ce que Paul appelle : « un autre Jésus » (2 Corinthiens 11.4).
Jésus est né d’une femme. Il n’était pas plus qu’un homme. Pourtant, il est en même temps Dieu et non moins que Dieu. Voilà la vérité telle que la Parole de Dieu nous la transmet.
Ce paradoxe est incompréhensible à la pensée rationaliste ou superstitieuse de l’homme naturel. Seul Dieu peut le révéler ; mais, une fois saisie, cette conception satisfait aux besoins du croyant, dont l’intellect aussi bien que la conscience morale se trouvent abondamment justifiés. Le Sauveur, pour représenter aux yeux de Dieu la race humaine, devait être véritablement homme ; alors que, pour représenter Dieu aux yeux de l’humanité, il devait être en même temps divin dans le sens le plus absolu du mot.
Celui qui nie la divinité ou l’humanité de Jésus-Christ est un faux frère. Il ne faut même pas le recevoir dans ta maison. Il ne faut pas qu’aux yeux du monde tu sois associé à son faux christianisme.
L’Écriture est catégorique à ce sujet : « Si quelqu’un vous annonce un autre évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème (c’est-à-dire, maudit) ! » Paul appelle de tels hommes « de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ... », « comme Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11.3-4, 13-15).
Pour que les Galates auxquels il écrivait ne se méprennent pas sur le sens de l’Évangile qu’il prêchait, Paul, dans son épître, le définit minutieusement : il s’agit du salut par la seule grâce de Dieu et par la seule foi de l’homme, foi fondée sur le seul sacrifice de Christ une fois pour toutes. Tout le long du Nouveau Testament, ce même Évangile est exposé on ne peut plus clairement.
Or, Dieu nous interdit toute communion avec un soi-disant chrétien qui annonce un « autre » évangile. Je tremble en pensant au théologien « rationaliste » pour qui le sang de Christ n’a aucune signification ou qui le trouve même répugnant. Je tremble également pour ceux qui effacent en fait la valeur de ce sang précieux par une montagne de superstitions, en faisant appel à toute une hiérarchie d’autres médiateurs entre Dieu et les hommes, alors que Paul dit qu’il y a un seul médiateur... Jésus-Christ (1 Timothée 2.5). De telles personnes propagent également la doctrine de la justification par les œuvres, par les mérites du pécheur ; alors que Dieu dit que « ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ » (Galates 2.16).
Or, tu ne peux pas être en communion avec quelqu’un qui, aux yeux de Dieu, est anathème. Le chrétien évangélique se trouve confronté aujourd’hui à un grave danger car, par sympathie ou par ignorance, il est tenté de tendre une main d’association, au nom même de Christ, à ceux qui, en réalité, ne croient pas au vrai Évangile de Christ. Nous devons veiller. Ce n’est pas une chose légère que de participer à l’anathème de Dieu ! « Car, qu’y a-t-il de commun-entre la lumière et les ténèbres ?... C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur et je vous accueillerai » (2 Corinthiens 6.14-18).
Il s’agit d’un esprit qui conteste l’autorité de la Parole de Dieu.
Paul laisse Timothée à Éphèse pour qu’il interdise « l’enseignement d’autres doctrines ». Le verbe grec hétérodidaskalein, que Paul emploie, signifie : « enseigner quelque chose de différent ».
Aux Thessaloniciens Paul dit : « Si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons par cette lettre, notez-le et n’ayez point de communication avec lui, afin qu’il éprouve de la honte » (2 Thessaloniciens 3.14).
Il est évident, par le contexte, qu’il s’agit d’un soi-disant chrétien et pourtant ! cet homme ne voit pas la nécessité de se soumettre à l’autorité de l’Écriture. Paul est formel : nous ne devons pas avoir de relations avec lui. Pourtant l’avertissement est un peu moins sévère que dans les deux cas précédents, car il ajoute : « Ne le regardez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère » (2 Thessaloniciens 3.15). Évidemment, s’il persiste à contester la Parole de Dieu il ne nous sera plus possible de le regarder comme un frère. Paul, dans cette épître, écrit à une très jeune église. Il n’avait passé que quelques semaines à Thessalonique avant d’être chassé ; de là il est passé, peu de temps après, à Corinthe, d’où il écrivait cette lettre.
Il y avait, dans cette jeune église, des membres peu enseignés qui pensaient imiter Paul en abandonnant leur travail quotidien pour passer de maison en maison en vivant aux dépens des autres croyants, en créant du désordre et en s’occupant de futilités. Paul leur dit de reprendre leur gagne-pain et de travailler honnêtement (2 Thessaloniciens 3.6-12). C’est pour eux surtout qu’il ajoute cet avertissement solennel. Il leur rappelle qu’on ne peut pas les considérer comme de vrais chrétiens s’ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités. Il leur fait comprendre que cette parole vient de Dieu et que tout refus d’en reconnaître l’autorité indique un esprit non chrétien. L’Esprit de Dieu fait valoir la Parole de Dieu, car c’est lui qui l’a inspirée. Tout esprit qui conteste l’autorité de cette Parole vient inévitablement d’une autre source. C’est ce que Paul appelle « un autre esprit », qu’il attribue aux « ministres de Satan » (2 Corinthiens 11.4-15).
Dans sa lettre à Timothée, Paul dit : « Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, il ne sait rien... Sépare-toi de ces gens-là. »(1 Timothée 6.3-5 Le mot grec eusébeia traduit « piété », signifie : révérence, respect envers Dieu et envers ses semblables, soumission à l’autorité de Dieu.).
Dans sa lettre aux Romains, Paul ordonne « de prendre garde à ceux qui causent... des scandales (= des occasions de chute) au préjudice de l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux » (Romains 16.17).
Par ces passages Dieu nous montre qu’il est impossible d’être spirituellement en communion avec ceux qui contestent l’autorité de l’Écriture.Celui qui refuse d’obéir à la Parole montre par son attitude qu’il n’est pas animé par l’Esprit de Dieu. Nous ne pouvons que mettre sa nouvelle naissance en doute.
Il nous est commandé de refuser notre communion à un soi-disant chrétien :
Examinons maintenant les trois raisons d’ordre pratique pour lesquelles nous devons refuser notre communion à un chrétien de nom.
1 Corinthiens 5.9-11 (Je recommande de lire tout le chapitre, versets 1-13, ainsi que 1 Corinthiens 6.6-11).
« Ce que je vous ai écrit, dit Paul, c’est de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique (ce mot couvre les péchés d’immoralité en général), ou cupide (il aime trop l’argent), ou idolâtre (il vénère autre chose que Dieu lui- même ou parallèlement avec lui), ou outrageux (il ne sait pas contrôler sa langue), ou ivrogne (il ne sait pas contrôler ses appétits), ou extorqueur : de ne même pas manger avec un tel homme. »
Paul ne parle pas ici des gens du monde, avec lesquels il est de toute manière impossible d’avoir une communion spirituelle ; il parle de celui qui, « se nommant frère », pratique de tels péchés. Si nous voulions éviter tout contact avec ces choses, dit Paul, il nous faudrait sortir du monde ; alors que Dieu nous appelle plutôt à vivre dans le monde, sans nous laisser contaminer par le mal, afin d’y témoigner de Christ. Le fait que ton plombier ou ton boulanger vive dans l’adultère n’est pas une raison pour ne pas lui dire bonjour : Dieu ne nous demande pas de vivre en ermite ! Ce n’est pas non plus une raison pour ne pas montrer à cet homme l’énormité de son péché qui lui attire la colère de Dieu. Nous sommes dans le monde pour y apporter la lumière, pour amener de telles personnes au salut, non pour les fuir.
Mais si un homme est membre, ou veut être membre de l’église et que, cependant, il pratique ce genre de péché, Dieu nous interdit alors toute relation avec lui ; nous n’avons même pas le droit d’être à table avec lui. Sans cela, le monde nous associerait au péché de cet homme et — il faut le reconnaître ! — les gens ne sont pas lents à le faire ; le témoignage de Christ serait ainsi annulé aux yeux du public.
Paul ne parle pas non plus ici de rompre avec tout chrétien qui pèche. Il n’existe pas de chrétien « parfait » (c’est-à-dire sans péché). Si le critère de la communion était l’impeccabilité il y aurait autant d’églises indépendantes que de croyants sur la terre ! Paul parle ici d’une certaine catégorie de fautes ; ce genre de péché scandaleux qui dégrade publiquement le nom de Christ. Là, Paul est formel : il faut couper tous les liens de communion avec la personne qui pratique ce péché. On n’a plus le droit de l’appeler « frère » ou « sœur ». Paul dit que « ceux qui pratiquent (grec : prassô) de telles choses n’hériteront pas le royaume de Dieu »(1 Corinthiens 6.9-10 ; Galates 5.19-21). Ils vont en enfer (Apocalypse 21.8, 27 ; 22.11, 12, 15).
Cela ne nous empêche pas d’aimer celui qui pèche ainsi ; au contraire, il faut prier pour lui afin qu’il soit délivré. Le pécheur, membre de l’église de Corinthe, dont il s’agit dans cette épître de Paul (1 Corinthiens 5.1-5, 7, 13), dut être exclu de la communauté ; Paul l’a même « livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus ». Paul espérait donc voir cet homme finalement délivré, même s’il fallait que Dieu lui enlève la vie physique pour qu’il ne pèche plus. Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, Paul fait de nouveau allusion à cet homme, mais avec cette différence : le coupable s’était repenti ! Pour Paul, c’était la preuve d’une vraie conversion et il conseille aux croyants de le recevoir à nouveau comme un frère. « Il suffit pour cet homme du châtiment qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une tristesse excessive. Je vous exhorte donc à faire acte de charité envers lui... afin de ne pas laisser à Satan l’avantage sur nous... » (2 Corinthiens 2.6-11)
Il n est plus question de réadmettre un tel homme à une position d’autorité ou de responsabilité dans l’église ; il devra prendre une place bien humble au milieu de ses frères ; mais ceux-ci doivent considérer qu’aux yeux de Dieu il est aussi précieux que les autres et que, si la grâce de Dieu ne les avait pas gardés, chacun d’eux aurait pu chuter de la même manière. Il faut de l’humilité d’un côté comme de l’autre... et un réalisme divin.
« Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions... Éloignez-vous d’eux. Car de tels hommes ne servent point Christ notre Seigneur... et, par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les cœurs des simples. »
« Éloigne de toi (Synodale : évite...), après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions, sachant qu’un homme de cette espèce est perverti et qu’il pèche, en se condamnant lui-même. »
Par ces passages Dieu ne nous demande pas de juger l’homme qui provoque des divisions, ni de décider de la réalité de sa conversion : c’est Dieu qui le jugera. Il nous ordonne simplement de l’éviter. Il est quelquefois très difficile de savoir si tel ou tel homme est réellement né de nouveau ; nous ne pouvons en fait que juger selon le fruit qu’il porte. Mais si ce fruit est amer, il n’y a rien qui nous laisse supposer que cet homme soit animé par l’Esprit de Christ. Dieu, de toute façon, simplifie le problème pour nous : nous devons éviter le contact.
Aux yeux de Dieu, tout ce qui divise le corps de Christ est non seulement charnel mais démoniaque. Jacques, frère de Jésus, nous met en garde contre ce « zèle amer, animé d’un esprit de dispute » que l’on rencontre trop souvent parmi ceux qui croient pourtant servir le Christ. « Cette sagesse, dit-il, n’est point celle qui vient d’en haut ; mais elle est terrestre, charnelle (grec : psychikê, c’est-à-dire, elle provient de « l’âme » et non de « l’esprit »), diabolique (grec : daimoniôdês = démoniaque) ... alors que « la sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie » (Jacques 3.14-18).
Dieu dit qu’il y a sept choses qu’il hait... la pire d’entre elles étant « celui qui excite des querelles entre frères » (Proverbes 6.16-19). Jésus n’appelle-t-il pas heureux ceux qui procurent la paix ? Il affirme qu’ils seront appelés fils de Dieu (Matthieu 5.9).
Le Père, qui a vu le corps de son Fils déchiré sur la croix, ne peut que regarder avec horreur celui qui, se disant disciple de son Fils, déchire à nouveau ce corps qui lui est infiniment cher. Toute doctrine et tout esprit qui divisent ce corps viennent d’en bas et non d’en haut.
Le Fils de Dieu n’a-t-il pas prié sur le chemin de Gethsémané que nous soyons « parfaitement un » comme lui est un avec son Père ? (Jean 17.11, 20-23).
Avant de laisser ce sujet, je te confie quelques pensées divines tirées du livre des Proverbes :
« La haine excite les querelles, mais l’amour couvre toutes les fautes » (Proverbes 10.12).
« C’est seulement par orgueil qu’on excite des querelles, mais la sagesse est avec ceux qui écoutent les conseils » (Proverbes 13.10).
« Un homme violent excite des querelles, mais celui qui est lent à la colère apaise les disputes » (Proverbes 15.18).
« Celui qui couvre une faute cherche l’amour et celui qui la rappelle dans ses discours divise les amis » (Proverbes 17.9).
« Commencer une querelle, c’est ouvrir une digue ; avant que la dispute s’anime, retire-toi » (Proverbes 17.14).
« C’est une gloire pour l’homme de s’abstenir des querelles, mais tout insensé se livre à l’emportement » (Proverbes 20.3).
« Faute de bois, le feu s’éteint : quand il n’y a pas de rapporteur, la querelle s’apaise » (Proverbes 26.20).
« ... un homme querelleur échauffe une dispute. Les paroles du rapporteur sont comme des friandises, elles descendent jusqu’au fond des entrailles (Proverbes 26.21-22).
Que Dieu garde ta langue de ce péché démoniaque !
Ton temps est précieux. Pourquoi perdre tes énergies dans des discussions sans fin, dans des disputes de mots, à « couper les cheveux en quatre », alors qu’il y a des millions d’êtres humains à évangéliser, qui ne connaissent même pas les rudiments de Christ ?
De toute manière, la Parole de Dieu est catégorique. Paul écrit : « O Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes et les disputes de la fausse science dont font profession quelques-uns, qui se sont ainsi détournés de la foi » (1 Timothée 6.20-21). « Repousse les discussions folles sachant qu’elles font naître des querelles... » « Leur parole rongera comme la gangrène » (2 Timothée 2.23, 17). Paul met Timothée également en garde contre ceux qui enseignent « d’autres doctrines... des fables... des généalogies sans fin, qui produisent des discussions plutôt qu’elles n’avancent l’œuvre de Dieu dans la foi... » Ces hommes « veulent être docteurs de la loi et ils ne comprennent ni ce qu’ils disent ni ce qu’ils affirment » (1 Timothée 1.3-4, 6, 7).
Paul met aussi Tite en garde contre les « vains discoureurs... séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Ils bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux... Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renient par leurs œuvres... C’est pourquoi, insiste Paul, reprends-les sévèrement, afin qu’ils aient une foi saine et qu’ils ne s’attachent pas... à des commandements d’hommes qui se détournent de la vérité » (Tite 1.10-11, 16, 13-14).
« Évite les discussions folles... les disputes relatives à la loi ; car elles sont inutiles et vaines » (Tite 3.9). « Or, dit Paul à Timothée, il ne faut pas qu’un serviteur de Dieu ait des querelles... » (2 Timothée 2.24).
« Celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher », dit Dieu par la bouche de Salomon, « mais celui qui retient ses lèvres est un homme prudent » (Proverbes 10.19).
« Celui qui veille sur sa bouche garde son âme ; celui qui ouvre de grandes lèvres court à sa perte » (Proverbes 13.3).
« Si un homme sage conteste avec un insensé, il aura beau se fâcher ou rire, la paix n’aura pas lieu » (Proverbes 29.9).
Dieu nous ordonne d’éviter les vaines discussions, les disputes de mots. Le disciple de Christ a mieux à faire que de se laisser prendre dans un engrenage aussi inutile, aussi fâcheux. Le monde ne sera jamais convaincu par ce genre d’argument, l’église ne sera jamais unie non plus. Les hommes perdus s’attendent à ce que tu parles d’une voix sûre ; l’église aussi, car elle ne sera jamais mobilisée pour le combat spirituel si elle n’entend qu’un son confus de la trompette que Dieu met dans ta main. Tu es appelé à mettre devant les hommes la vie et la mort, le bien et le mal, la foi et l’incrédulité, afin qu’ils soient amenés à choisir (Deutéronome 11.26-28 ; 30.15, 19 ; Josué 24.15, 22-25) que Dieu fasse de toi une sentinelle fidèle ! (Ézéchiel 33.1-9).
« Dis-moi avec qui tu marches, affirme un vieux proverbe espagnol, et je te dirai qui tu es. »
Celui qui est rempli de l’Esprit est en communion avec tous ceux qui appartiennent à Dieu ; mais il sait distinguer entre le vrai et le faux. Il n’est pas en communion avec les ténèbres. Il ne compromet pas son témoignage.« La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous annonçons, c’est que Dieu est lumière et qu’il n’y a point en lui de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion et le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1.5-7).
Jésus dit : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »
C’est cela, la plénitude de l’Esprit !