1. Les athées nient l'existence de Dieu, mais aucun d'eux n'est capable de prouver qu'il n'y a pas de Dieu. Si pendant un moment nous admettions que l'opinion, l'hypothèse des athées est vraie, cela ajouterait seulement une nouvelle preuve de leur ignorance, plutôt que d'ajouter quoi que ce soit à leur sagesse et à la vérité qu'ils croient posséder. En effet, s'il n'y a pas de Dieu comme ils le prétendent, il est vain de perdre son temps à en établir la preuve. Perdre de cette manière le temps qui pourrait être employé utilement n'est que folie. Si Dieu existe, comme tous les hommes éclairés spirituellement le croient, alors c'est une plus grande folie encore que de chercher à prouver que le Créateur et Père de l'univers n'existe pas. « L'insensé dit en son cœur, il n'y a point de Dieu. » (Psaume XIV, 1.) L'auteur d'une pareille assertion ne prouve pas du tout l'inexistence de Dieu, mais il manifeste sa propre cécité spirituelle et son incapacité de connaître Dieu. Il ressemble à un faible insecte qui essaierait, au moyen de sa propre raison de nier l'existence du soleil. Ses arguments n'auraient de valeur pour personne, sauf pour ceux qui sont nés aveugles.
On pourrait peut-être objecter que si par notre foi en une personne ou en une chose nous répandons des superstitions nuisibles, il est de notre devoir d'essayer de les éliminer. Mais la foi en Dieu s'est-elle jamais révélée nuisible pour qui que ce soit ? Certes pas. Au contraire, des bénédictions sans nombre ont découlé de la crainte de Dieu et de l'amour pour Lui et ont enrichi la vie spirituelle des croyants. Il ne peut pas y avoir de plus grande folie que d'écrire ou de parler contre la source de toute vie, car en le faisant, non seulement nous déshonorons Dieu et péchons contre Lui, mais nous privons d'autres personnes de la connaissance de la vrai nature de Dieu et nous les entraînons avec nous à la destruction.
2. Les agnostiques ne croient pas plus en l'existence de Dieu qu'ils ne la nient. Ils disent : nous ne savons et nous ne pouvons pas connaître l'absolu. C'est une erreur, car chacun de nos désirs nous est donné dans un but spécial. Ainsi le désir de croire en Dieu n'a pu prendre naissance que parce que Dieu existe véritablement et qu'Il est capable de satisfaire ce désir.
Bien que l'enfant reçoive la vie de sa mère, il a une existence à lui. Selon sa faiblesse, il aime sa mère tendrement, mais il ne l'aime et ne la connaît pas aussi bien qu'elle ne l'aime et ne le connaît. A mesure qu'il se développe, l'enfant devient capable de mieux connaître sa mère, de jouir plus complètement de sa société et de mieux l'aimer. De même, notre connaissance serait infinie si nous devions connaître le Dieu infini, mais cela ne veut pas dire que nous le connaîtrons jamais. Nous pouvons dire, au contraire, qu'à toutes les phases de notre développement il nous est possible d'apprendre à connaître un peu mieux et de jouir plus profondément de Sa présence qui procure la vie. Pour le présent est-il nécessaire d'en savoir plus que cela ? Non, certes, car aussi longtemps que nous croîtrons spirituellement, nous apprendrons à Le connaître de plus en plus. Il n'y a aucune raison pour nous d'être impatients si dans notre présente condition nous n'arrivons pas à Le comprendre parfaitement. Souvenons-nous qu'un temps infini, l'éternité, est à notre disposition pour apprendre à connaître le Dieu infini. Si nous marchons en nous éclairant de la lumière que nous possédons, cela nous suffit présentement pour apprendre à Le connaître d'une manière qui réponde parfaitement aux besoins de la phase où nous ont conduits nos progrès.
3. S'il était nécessaire pour nous de connaître Dieu parfaitement dans notre situation présente, Dieu Lui-même aurait pourvu à la satisfaction de ce besoin. Dieu donne tout ce qui est bon et utile afin qu'aucun besoin présent de Ses créatures ne reste inassouvi. Mais nous croyons aussi que son dessein est de nous pousser à persévérer dans nos efforts pour Le connaître de mieux en mieux, car Il sait qu'iI nous est plus profitable d'arriver à Le connaître par nous-mêmes, poussés par des intérêts pressants plutôt que de recevoir de Lui une connaissance toute faite. Marcel dit : « Ce qu'un étudiant découvre par un effort intellectuel, il le sait mieux que tout ce qui peut lui avoir été enseigné. Nous ne pouvons acquérir qu'une connaissance partielle de quelle chose que ce soit et nous ne la connaissons réellement telle qu'elle est que pour autant que nous l'avons pensée à fond dans notre esprit. » Celui qui connaîtrait avant de croire n'atteindrait jamais une connaissance véritable ! Je parle d'une certaine vérité qu'il est possible de connaître par expérience, mais en laquelle vous devez croire avant de la connaître par expérience, sans quoi vous n'arriverez jamais à la connaître véritablement. » (Theologica Germanica.)
Quelques philosophes déclarent que Dieu ne peut pas être connu. Cette assertion est un non-sens, car la seule connaissance qu'Il est inconnaissable est basée sur une conclusion de la connaissance limitée qu'ils ont de Lui. Si Dieu est trop grand pour notre connaissance, comment la connaissance qu'Il est inconnaissable est-elle venue à nous ? L'existence de la connaissance est en fait affirmée dans l'acte même de sa négation.
4. Tout à fait en dehors de notre connaissance de l'existence de Dieu, ce que nous savons des choses les plus insignifiantes qu'Il a créées est également très fragmentaire ; nous connaissons peut-être quelques-uns de leurs caractères extérieurs, mais nous ne savons rien de leur vraie vie intérieure. En fait nous ne savons à peu près rien de nous-mêmes et si un homme pouvait obtenir la pleine connaissance de sa propre existence, alors il n'y aurait que peu de difficultés à connaître Dieu à l'image duquel il a été fait. La relation entre Dieu et l'homme est telle que pour connaître l'un il est nécessaire de connaître l'autre. « Nous ne pouvons connaître que ce qui nous est apparenté. » Aussi l'homme ne pourrait aspirer à connaître Dieu s'il n'avait pas été créé à l'image de Dieu. Quelqu'un a dit : « Il est prouvé que Dieu ne peut être connu que de Dieu. » Dieu s'est fait homme afin qu'Il puisse dépouiller l'homme de sa nature déchue et rétablir en lui sa vraie nature. (Psaume 82, 6.) Athanase a dit : « Il est devenu homme afin que nous devenions Dieu. »
Dieu a élevé les hommes au-dessus de leur état de déchéance et en a fait ses messagers et des flammes de feu. (Hébreux 1, 7.) Dieu est esprit et feu (Matt. III, 11.) Devenir de petites flammes de feu signifie devenir semblable à Dieu parce que la « plus petite flamme a toutes les qualités du feu ». Mais cela ne veut pas dire que Dieu et l'homme sont un seul esprit comme le soutiennent les panthéistes et les philosophes qui prétendent que « les diverses âmes ou personnes sont de simples manifestations fragmentaires de l'absolu. » L'union de Dieu avec Sa créature allant jusqu'à la disparition complète de cette dernière, n'étanche pas la soif intense de l'âme, tandis que nous trouvons un bonheur réel et éternel dans Sa connaissance et dans une vie de communion avec Lui.
5. Dieu ne décourage aucun de ceux qui cherchent la vérité en lui disant qu'il est dans l'erreur ou que sa foi est fausse, mais Il arrange les choses de telle manière que l'homme lui-même apprenne peu à peu à distinguer ses erreurs et à reconnaître la vérité. On raconte l'histoire d'un pauvre homme qui trouva une pierre merveilleuse en coupant de l'herbe dans la jungle. Il avait souvent entendu parler de diamants et immédiatement il pensa, en voyant cette jolie pierre, qu'elle devait en être un. Il porta donc sa trouvaille à la bijouterie et, plein de joie, la montra au joaillier. Ce dernier, qui était bon et bienveillant, se rendit compte immédiatement que s'il disait au pauvre homme que sa pierre n'était pas un diamant, celui-ci ne le croirait pas ou qu'alors il en éprouverait un très grand chagrin. Le marchand préféra recourir à un autre moyen, c'est-à-dire à amener son visiteur à découvrir par lui-même sa propre erreur. Il l'engagea dans son atelier et le garda jusqu'à ce que le possesseur de la pierre fut capable de distinguer les différentes variétés de diamants et leurs prix. Quand il jugea le moment venu, le joaillier demanda à son ouvrier d'apporter sa pierre. Le pauvre homme avait soigneusement tenu cachée sa trouvaille dans une boîte. Il l'y prit et vit avec tristesse qu'elle n'avait aucune valeur. Il pâlit et tomba aux pieds de son charitable maître en lui disant : « je vous suis très reconnaissant de votre bonté et de votre sympathie ; vous n'avez pas détruit mon espérance, mais vous avez élaboré un plan qui m'a permis de découvrir moi-même mon erreur. Dès à présent, je n'ai qu'un désir, celui de rester auprès d'un tel maître et de passer la fin de mes jours à votre service. » C'est ainsi que Dieu ramène à la vérité ceux qui se sont égarés dans l'erreur afin qu'ils apprennent à connaître la vérité par eux-mêmes et décident de Le suivre, consacrant leur vie entière à son service.
6. Il y a des gens qui sont assez sots et ignorants pour s'imaginer qu'ils font à Dieu ou à ses ministres une grande faveur lorsqu'ils se rendent au temple pour le culte. Ceux qui vont au culte dominés par de pareils sentiments ne peuvent pas apprécier la vraie nature de Dieu ils sont semblables à ces mendiants de profession insensés qui ignorent le motif de celui qui leur donne du pain pour calmer leur faim. Un effet, au lieu d'être reconnaissants envers celui qui les nourrit, ils s'imaginent lui avoir fait une grande faveur en lui donnant l'occasion d'ajouter un mérite à la longue liste de tous ceux qu'ils se sont acquis en faisant des aumônes aux pauvres. Ces mendiants sans intelligence ne pensent pas au bienfait qu'ils ont reçu et n'ont pas l'idée qu'ils devraient être reconnaissants de tout leur cœur envers celui qui est venu à leur aide.
7. Le Créateur a donné à l'homme l'intelligence, les sentiments, la volonté. Pour obtenir la force de servir Dieu, un homme doit mastiquer ses aliments spirituels avec les dents de l'intelligence, mais au lieu de faire un bon usage de sa puissance spirituelle, souvent il la perd en vaine spéculation. Un chien ronge parfois l'os sec qu'il a trouvé jusqu'à en avoir la bouche déchirée ; alors son os prend le goût du sang et pendant un certain temps le chien continue à le ronger avec plaisir, ne se doutant pas qu'il boit son propre sang. De même, l'homme gaspille les dons de l'intelligence que Dieu lui a confiés en de vaines spéculations. Des besoins spirituels ont été donnés à l'homme afin qu'il puisse réaliser la présence de Dieu et en jouir, mais par l'influence endurcissante de la désobéissance et du péché, l'homme perd la faculté de percevoir Dieu et la capacité de jouir de Sa présence. De tels hommes ne voient pas plus loin que leur propre personne et n'ont plus la possibilité de réaliser la présence de Dieu, tellement que leurs expériences viennent confirmer en eux le doute au sujet de la personne de Dieu. De la même manière, si la volonté de l'homme suit un chemin opposé à la volonté de Dieu, cette volonté devient l'esclave du péché et conduit au suicide spirituel.
8. L'eau d'une rivière coule à travers bien des pays avant de retourner à la mer de laquelle elle a été originairement tirée. Elle passe sur le territoire de bien des États, de bien des rajahs et de bien des princes, et nul n'est capable de la retenir parce qu'elle n'appartient à personne, c'est la commune propriété de tous et partout où elle passe cette eau étanche la soif de tous ceux qui sont altérés. De même le fleuve de l'eau de la vie vient de l'Océan infini de Dieu et, traversant les canaux divins que sont les prophètes et les apôtres, irrigue le monde entier, étanchant la soif de tous, enrichissant et rendant féconde la vie de tous les peuples et de toutes les nations. « Que celui qui en veut prenne de l'eau de la vie gratuitement. » (Apocalypse XXII, 17.)