Lire Josué 3.1 à 4.9.
Le passage du Jourdain dont il est parlé dans ces chapitres de Josué, est une présentation condensée de tout ce que le Seigneur souhaite nous faire comprendre dans cette série d’études. Il est tout à fait évident que ce passage, cette transition, représente un moment très critique de l’histoire du peuple concerné, le point culminant d’une long processus de préparation, l’introduction dans une nouvelle et merveilleuse étape de leur vie.
De plus, si on s’appuie sur le Nouveau Testament, il est question d’une représentation de la vie des enfants de Dieu et aussi des enfants de Dieu de notre temps. Cet événement de la vie d’Israël est un symbole, une représentation de la vie du chrétien ou du futur chrétien ; ainsi, nous-même, aujourd’hui, nous sommes dans la même situation que celle décrite dans cette partie du livre de Josué. Nous ne pouvons pas simplement nous contenter de lire une portion de l’histoire d’Israël qui les a conduits du désert au pays de Canaan, sans voir un parallèle saisissant : « Ce n’était pas seulement pour cette époque, mais pour maintenant ; et c’est comme ça que ça devrait être… ».
Dans le contexte du pionnier de la voie céleste, il est tout à fait probable que nous allons vivre ce que Josué disait au peuple : « Sanctifiez-vous, car demain l’Éternel fera des prodiges au milieu de vous ! ».
Quel est le but recherché dans ce passage du Jourdain, cette transition vers le Jourdain ? L’interprétation spirituelle de cet événement est qu’il est une illustration de la vie de résurrection et d’union céleste avec Christ. Dieu a appelé son peuple dans ce but. C’est précisément aussi la chose pour laquelle le Seigneur nous appelle, par Sa grâce, à une union de résurrection avec Lui, une union avec Christ sur la base d’une vie de résurrection. Mais pas seulement cela, mais aussi l’union avec Christ dans sa vie d’En-Haut, par le Saint-Esprit, une unité avec Lui comme dans la dimension céleste et tout ce que ça implique.
Voilà l’objectif minimum du Plan de Dieu pour Son peuple : si nous n’entrons pas dans une union de résurrection avec Christ, nous ne sommes entrés dans rien du tout ! En d’autres termes, pour tous les objectifs et toutes les valeurs pratiques, nous ne savons vraiment rien de ce que signifie être « joints au Seigneur ». Beaucoup savent certaines choses à propos de l’union à un Christ vivant, mais ils en savent certainement très peu sur l’union céleste avec Lui et ses conséquences. Si nous n’en sommes pas là, c’est que nous n’en sommes pas encore arrivés à l’objet de notre salut, ni à la satisfaction divine liée à notre salut. Voyons un peu le processus.
Sans perdre de vue l'objectif, examinons un peu cette transition. La transition revêt deux aspects : Tout d'abord, un passage de l'autorité des ténèbres vers l'autorité de Christ. Jusque là ces gens étaient sous l'autorité des ténèbres et ils ne réalisaient pas qu'ils étaient sortis d’Égypte pour de longues années. Mais en fait, même si ils étaient sortis d’Égypte depuis longtemps, l’Égypte n'était pas encore sortie d'eux.
Pour nous, il est tout à fait possible d'être sauvé du monde extérieurement, mais de ne pas être sauvé intérieurement. En eux, l'esprit de l’Égypte avait gardé toute sa vigueur durant les années de désert. Cette génération était sans cesse tentée d'y retourner « N'aurait-il pas mieux valu mourir par la main de l’Éternel en Égypte ? » (Exode 16.8).
Si seulement nous étions restés en Égypte ! Cette pensée les obsédait souvent ! Ils voulaient garder des souvenirs de bonheur et de satisfaction. Ils n'en étaient pas encore arrivés au point où ils avaient décidé que plus rien ne pouvait les attacher encore à ce monde, plus rien du tout ! Ils craignaient la misère, la désolation ; rien que d'y penser c'était répugnant ! Ils n'en étaient pas encore arrivés là !
Chez les chrétiens, la contrainte, la pression des circonstances leur fait penser quelquefois qu'il aurait mieux valu pour eux retourner dans le monde, car ils y avaient été, croient-ils, plus heureux… Mais le Jourdain fut la croisée des chemins : tout ce qui était resté collé à eux pendant la traversée du désert, est parti au Jourdain. Cette dépendance, ce contrôle ont été brisés lors du passage du Jourdain. Ce fut la transition, symboliquement parlant, entre l'autorité des ténèbres et l'autorité de Christ.
C'est une chose que d'avoir et de connaître Christ comme Sauveur, mais cela en est une autre que de Le connaître comme Seigneur… Sauvé du jugement, de la condamnation et de l'enfer, avoir un Sauveur pour bénéficier de toutes les bénédictions liées à cette position. Il existe un fossé entre l'« exode » (la sortie) et l'« eisodus » (l'entrée), un espace énorme entre les deux ! Combien de chrétiens, après avoir connu depuis longtemps leur salut, se rendent à une réunion pour faire de Jésus leur Seigneur, et réalisent qu'ils auraient dû le faire depuis longtemps !
Le Jourdain ne nous parle pas seulement de la découverte de Christ comme Sauveur (du jugement et de la mort), mais de la découverte de notre Seigneur, avec tout ce que cela implique. Tant qu'Il n'est pas notre Seigneur, il est impossible de découvrir les richesses insondables qui sont en Lui, ni les richesses du pays promis.
Le Jourdain représente aussi la transition d'une nature misérable et stérile vers une vie fructueuse dans l'Esprit. Ils ont tant vécu pour eux-mêmes : une vie égoïste, une vie naturelle qui avait la prépondérance ; leurs intérêts propres, les avantages et les inconvénients occupaient une très large place dans leur horizon. Si les choses conformément au Plan de Dieu n'étaient pas faciles et allaient contre nature, il y avait plein de murmures. Si les choses allaient bien, il était bien sûr naturel que la joie soit au rendez-vous.
Dans les deux cas, la nature humaine prédominait ; la nature se réjouissait car tout était facile ; la nature murmurait parce que les choses étaient devenues difficiles. C'était la vie naturelle, et quel désert stérile c'était pour eux, un désert intérieur comme extérieur. Et voici que le Jourdain met un terme à cela et représente une transition entre cette vie stérile et misérable de la chair naturelle, et une vie dans l'Esprit. Car cet Homme, qui se présentait devant Josué comme représentant de Dieu, était, sûrement, personne d'autre que le Saint-Esprit, l'Esprit de Dieu, le Capitaine de l'armée de l’Éternel. Il se nommait « Chef de l'armée de l’Éternel » (Josué 5.14).
Lorsque ces mots que nous mentionnons si souvent « Ni par puissance ni par force, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées » (Zacharie 4.6), étaient utilisés par le prophète, nous savons que la version littérale est « Non par une armée… mais par mon Esprit ». Voila le Capitaine de l'armée de l’Éternel, l'Esprit, qui prend les choses en main à partir de ce moment, et quelle différence ! Ce sera la vie dans l'Esprit. Cela va porter du fruit maintenant. Pas une vie sans dérapages ou sans erreurs — ils se produisent — mais une vie ajustée, alignée sur l'Esprit, destinée à une vie de progrès, à une vie d'élargissement, à une vie d'enrichissement continuel, à une vie d'accès à leur héritage.
« … De toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éphésiens 1.3), en passant d'une nature stérile à une vie fructueuse dans l'Esprit, voilà la signification de la transition du Jourdain.
C’est le point principal, l’Arche de l’Éternel de toute la terre représente le Grand Pionnier (cette fois avec un P majuscule). Une fois de plus, il ne s’agit pas d’une interprétation fantaisiste. Le Nouveau Testament prouve en maints endroits que l’Arche représente le Seigneur Jésus, symbolise Christ. La transition allait se faire, comment ?
« L’arche de l’alliance de l’Éternel de toute la terre passe devant vous »
« Il y aura un espace entre elle et vous d’environ 2000 coudées »
Il est difficile d’estimer précisément à quoi correspond cette mesure, parce qu’il existe 3 sortes de coudées dans la Bible, et nous ne savons pas bien à quel type de coudée il est fait allusion. Mais en utilisant la plus petite des coudées, il y a plus de 1000 mètres de distance entre l’arche et le peuple. Pourquoi ?
« Gardez cet espace, ne vous approchez pas — pourrions-nous dire — entre vous et Lui ? » Pourquoi cette distance ?
Dans Josué 3.15, il est dit que « le Jourdain débordait de toutes ses rives pendant le temps des moissons », une grosse inondation qui se répandait dans toutes les directions. Cette image nous parle des eaux du jugement et de la mort, de la Croix du Seigneur Jésus. Elle se tient là au milieu de la crue débordante de la puissance de mort. Jésus est au centre, là où le fleuve est le plus large et le plus profond.
Combien Christ est immense dans la mort ! La mort n'est pas une petite chose ; elle submerge comme une inondation. Christ a sondé les profondeurs de cette mort, Il en a pris la mesure, et par Sa mort, il a vaincu la mort. Voici, Il se tient au milieu de la mort ; la mort a perdu son pouvoir, elle est détrônée ; elle ne peut plus agir.
La description du passage du Jourdain est saisissante : d'un côté un puissant mur d'eau qui s'élève ; de l'autre côté vers la Mer Morte, c'est la mort qui s'assèche. Christ est incomparablement grand au sein de la mort ! Il est seul dans cette situation. Personne n'aurait pu accomplir ce qu'Il a accompli.
« Aucun autre n'était assez bon… », il est impossible de comparer la mort héroïque d'un soldat pour sa patrie, avec la mort de Jésus ! Non, quelque soit son héroïsme, l'honneur et l'appréciation qu'il mérite, quelque soit la grandeur du sacrifice humain, cette mort ne peut même pas s'approcher de celle de Christ, même d'une distance de 2000 coudées ! Il y a un grand écart entre les deux. Dieu a mis cet espace en disant « Cette distance est inviolable… Christ est à part, Son œuvre puissante est incomparable… personne d'autre ne l'a fait et personne n'aurait pu le faire … Son œuvre est unique et exceptionnelle ».
Seul — Voyons sa solitude ; oublions un moment que des Lévites portaient l'Arche de l'alliance sur leurs épaules et concentrons-nous sur l'Arche. Elle se trouvait à une grande distance du peuple qui pouvait donc difficilement voir de loin un petit objet comme celui-ci, un objet seul et unique.
Combien Christ était seul face à la mort ! « Tous ses disciples le quittèrent et s'enfuirent » (Matthieu 26.56). Il avait déjà dit « Vous me laisserez seul ! » (Jean 16.32), et c'est bien ce qui est arrivé ! Et pire encore « Mon Dieu, mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ? ».
Cet arche isolée symbolise la solitude de Christ face à la mort : « Voici l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1.29). Pourquoi une telle solitude ? Il n'y en avait aucun autre suffisamment bon pour payer le prix du péché, aucun autre assez grand pour porter le péché du monde. Lui seul pouvait l'accomplir et vivre une solitude aussi profonde… Qui d'autre aurait pu consciemment supporter un abandon de la part de Dieu ?
Merci Seigneur, nous n'aurons jamais à connaître cela : être conscient que Dieu nous a abandonné ! Nous ne pourrions y survivre. Mais Lui a connu ces affres, Il a fallu que le Fils de Dieu traverse cela. C'est le prix qu'Il a payé en tant que Pionnier : Pionnier de notre salut, de notre héritage, de notre appel à l'union avec Lui. La solitude ultime fut le prix à payer. N'est-ce pas ce qui ressort du soupir et du cri d’Ésaïe 53 ? Oui, Il est là tout seul, blessé par nos transgressions, frappé de Dieu et humilié, Son âme comme offrande pour le péché. Mais « Il verra sa postérité et Il prolongera ses jours » (Ésaïe 49.20). De cette profonde solitude sortira une grande multitude : les enfants dont Il fut privé.
Il n'est pas nécessaire d'en arriver au point où Christ a été ; nous ne sommes pas appelés à traverser ce que Christ a traversé, mais nous sommes appelés à prendre une position de foi et à l'attester de manière pratique ; non seulement se l'approprier, mais reconnaître que, en Lui et à cause de Lui, tout ceci nous appartient ; c'est une identification de vie avec Lui. Ainsi cette identification dans la foi et le témoignage fait partie du commandement de Dieu.
Du lit du Jourdain, de l'endroit où tout a été accompli par le Grand Pionnier de la Rédemption, des pierres furent ôtées par 12 hommes, « un homme de chaque tribu » (Josué 4.2) ; en effet, un homme de chaque tribu est représenté de façon personnelle « chaque homme… une pierre ». La transaction doit être individuelle, le témoignage est personnel, par une appropriation individuelle, une charge portée sur ses épaules. Notre engagement doit être le même envers la mort de Jésus (nous sommes morts en Lui), envers son ensevelissement (« nous avons été ensevelis avec Lui… » Romains 6.4), enfin envers sa résurrection.
Les pierres dans le Jourdain symbolisent notre union avec Lui dans sa mort et dans son ensevelissement. Les pierres prise du Jourdain et utilisées pour un mémorial de l'autre côté du Jourdain, symbolisent notre union avec Lui dans sa résurrection. Mais, il fallait une transaction pratique et personnelle « chaque homme… une pierre ». Avez-vous personnellement porté la pierre sur votre épaule ?
Voyez un peu comment Paul nous parle de la naissance du témoignage : « Nous avons donc été ensevelis avec Lui dans la mort par le baptême, afin que comme Christ est ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (Romains 6.4). Oui, tout simplement, par le baptême, nous déclarons que nous avons pris la pierre et l'avons posée sur notre épaule ; nous nous y sommes engagés et nous en avons fait notre responsabilité.
Répétons-le ; le salut, ce n'est pas seulement être sauvé du jugement, de la mort et de l'enfer, mais c'est être sauvé pour tout ce qui est au cœur de Dieu.
Ce n'est plus tant ce que cela va nous procurer, en quoi cela va nous affecter dans nos circonstances personnelles (encore la vieille tyrannie !). Non, c'est ce que le Seigneur veut, ce qui va le satisfaire et le glorifier Lui ! C'est l'engagement d'un cœur passionné. Quand Il nous amène à ce niveau au-delà de la barrière de l'intérêt propre, de l'intérêt du monde et le contrôle de la chair, où tout est pour le Seigneur et sa volonté, alors nous découvrons un pays rempli de lait et de miel, les richesses de Christ, le ciel ouvert au-dessus de nous.
Notre vie et nos activités chrétiennes sont si souvent centrées sur nous-mêmes. Tant qu’il n’y a pas de changement profond de soi vers le Seigneur, nous ne connaîtrons rien de la plénitude de vie céleste. Que Dieu nous trouve en mouvement vers cette grande transition où nous déclarons « chaque homme… une pierre » ! Que le passage du Jourdain puisse reposer sur nos épaules !