Il ne faut pas beaucoup de temps pour monter un vase d’une masse d’argile mais seulement lorsque celle-ci a été correctement et longuement préparée.
L’argile n’a pas d’efforts à fournir d’elle même sur le tour, elle doit se laisser faire entre les mains du potier. Accepter.
Le potier va lui faire subir un autre traitement. Il nous tire du repos et se met à nous pétrir encore.
Il faut chasser l’air, il faut imprégner la masse un peu desséchée, il faut répartir l’humidité dans toute la masse.
Il faut de la force et du rythme pour faire monter l’argile. Les jeunes potiers ont tendance à vouloir trop utiliser la force. Il faut respecter le rythme, le moment, on surveille l’argile, on sent comment elle réagit. Il se peut que ce soit le moment pour une personne mais pas pour une autre.
Vous en êtes peut être au moment où Dieu va enfin pouvoir monter votre vase. N’imposez pas "votre moment" à quelqu’un qui en est encore au stade de l’épuration, vous feriez du mauvais travail. Vous savez bien qu’un vase monté avec de l’argile non prête éclate. Ne le jugez pas, aidez-le. Souvenez-vous que vous-même pouvez encore éclater.
Il y a toujours dans un atelier de poterie, comme dans une église, de l’argile impure, de l’argile en broyage, de l’argile en lavage, de l’argile en repos, de l’argile en pétrissage, de l’argile en façonnage. Toujours. L’église est un atelier de poteries.
Il y a de l’argile qui est là depuis longtemps et il y a de l’argile qui arrive. Il y a des vases en train de cuire, il y a des vases fêlés, cassés, ébréchés, brisés. Le potier a du travail avec tout le monde. Le potier connaît ses ouvrages et il sait ce qu’il fait au moment où il le fait.
Si vous avez à parler d’un problème qui va provoquer une certaine tension, des réactions vives, attendez que la personne soit calme.
Vous devez avoir conscience que vous allez faire monter la pression.
On distingue facilement quand quelqu’un est déjà sous pression ; si vous montez encore vous allez le faire exploser. Vous allez même recevoir des morceaux d’explosion en pleine figure.
Par contre si vous le chauffez un peu à froid, il va monter en pression de façon raisonnable. Vous choisissez donc le moment.
Ensuite vous devrez choisir les mots, certains font monter la pression trop vite. Vous devez calculer vos mots AVANT de les employer. Si vous avez utilisé un mot trop agressif, vous aurez beau expliquer que ce n’est pas ce que vous avez voulu dire, ce sera trop tard, le mal sera fait ; car bien entendu c’est de mal qu’il s’agit.
Le potier sait qu’il faut soutenir l’argile qui monte sinon elle s’affaisse. Les pasteurs savent que le soutien et l’encouragement sont plus efficaces que la seule notion de force et d’autorité.
La surveillance du potier est très grande à ce moment là. L’argile a tendance à s’excentrer. Il faut vraiment la contrôler tout en augmentant la vitesse très progressivement.
Le potier tire l’argile vers le haut, il combine l’étirement et l’affaissement. Nous ressentons tous cela, nous montons puis nous redescendons un peu, que se passe-t-il ?
Quand il s’agit de notre croissance naturelle, nous montons, nous arrêtons un peu, montons encore mais jamais nous ne redescendons.
Quand il s’agit de notre croissance spirituelle, nous montons, quelquefois nous stagnons ou pire encore nous redescendons. Nous sommes de l’argile, c’est comme cela qu’elle croît. Il faut savoir qu’en dépit des redescentes, chaque fois nous montons un peu plus haut parce que le potier est en train de faire le vase. (Par exemple, pour grandir dans l’humilité il est indispensable de grandir de cette manière là.)
Le vase qui n’est qu’à moitié formé n’en est pas moins dans la volonté de Dieu, il est en cours d’édification.
Un vase à moitié formé n’est pas fait pour être rempli. Ce n’est pas pour autant que l’argile est sèche. Quand le potier forme le vase, l’argile est imprégnée d’eau. L’Esprit est là à chaque étape de notre édification.
L’argile, comme nous, à tendance à ne pas vouloir monter. Elle veut rester comme elle est, elle refuse de changer.
Nous voudrions bien des additifs à notre vie en gardant ce que nous avons déjà. Nous voulons bien ajouter, surtout des bénédictions, nous avons plus de mal pour retrancher, pour accepter de changer, pour renoncer.
Le potier a une main à l’intérieur du vase l’autre main à l’extérieur. Le vase doit monter mais il faut aussi l’évider. Il est intéressant de noter que la poussée finale pour le faire grandir vient de l’intérieur et non de l’extérieur.
Une main contrôle LE VOLUME INTÉRIEUR, l’autre la FORME EXTÉRIEURE.
Nous avons tendance à voir surtout l’extérieur du vase mais le potier est attentif à l’intérieur et c’est par la poussée du Saint-Esprit qu’il peut nous transformer et nous évider.
De même que Dieu se sert du Saint-Esprit pour nous travailler à l’intérieur, il se sert des circonstances extérieures pour nous modeler selon sa volonté.
Il faut noter encore que lorsque le potier étire son argile il ne commence jamais par le haut mais par le bas. Il ne fait pas le col du vase avant de faire le fond. Quelquefois nous voudrions la couronne avant d’avoir le pied. Certes le pied est plus discret, plus humble, mais réfléchissez: que faire d’un pot sans pied ? Nous devons commencer par être le pied.
Avant chaque traction de l’argile, le potier avec une éponge fait tomber des gouttes d’eau sur le bord pour que l’eau se répande à l’intérieur et à l’extérieur.
Une autre technique du potier est d’enfermer de l’air lorsqu’il a commencé à monter le vase, ainsi il peut être façonné sans s’affaisser. Le Saint-Esprit en nous peut nous remplir sans que nous soyons terminés. Nous pouvons être pleins du Saint-Esprit sans être terminés ! Magnifique !
Des gens comprennent mal cette situation, comment être plein, rempli du Saint-Esprit et finalement le garder pour soi ? Pourquoi ne pas rejaillir sur les autres ? "Si tu étais rempli du Saint-Esprit on devrait voir ceci ou cela..." Ils ne connaissent pas la technique du potier.
Il y a un stade où nous devons être remplis du Saint-Esprit pour nous mêmes. Nous sommes en cours d’édification et nous avons déjà bien du mal avec notre propre croissance le comprenez-vous ? Plus la pression du Saint-Esprit est forte en nous, plus nous acceptons de nous laisser façonner.