« Il éprouve pour vous un redoublement d’affection … au souvenir de l’accueil que vous lui avez fait … ».
Je rentre de voyage. En appuyant sur le bouton de la sonnette, j’éprouve une certaine gêne car je m’attends à de justes remontrances de ma femme que j’ai prévenue de la perte d’un vêtement de pluie en excellent état, oublié quelque part dans le train.
La porte s’ouvre et, au lieu de l’accueil redouté, je trouve une épouse réjouie qui se jette à mon cou, toute à la joie de me revoir. Dans les instants qui suivent, il n’est nullement question de la popeline égarée alors que son absence saute aux yeux. J’ai compris : ma femme ne tient pas à en parler.
Plus tard, lorsque j’évoque timidement cette perte, ma compagne s’exclame :
– Oh ! Ce n’est pas grave. Le marchand sera tout heureux de t’en vendre un neuf. Dieu permet que nous ayons assez d’argent pour l’acquérir.
Je suis sensible à de tels propos et profondément touché de me savoir ainsi aimé.
L’accueil en dit plus long qu’on ne croit. Il est dommage que la plupart des épouses paraissent l’ignorer qui rabrouent sottement leur mari lorsqu’il rentre du travail. Au lieu d’un visage illuminé, c’est une mine renfrognée qui s’offre à eux. Certes, les motifs de reproche ne manquent pas car les maris ne sont pas tous des modèles d’exactitude ou de minutie. Des souliers chargés de boue, une déchirure à la manche, une tache sur le gilet, un petit retard … il n’en faut pas davantage pour hausser le ton. Quelle erreur ! Apprenez l’indulgence. C’est une vertu chrétienne qui fait son chemin dans les cœurs. Je vous en prie, ne vous croyez pas obligée de dénoncer tous les écarts de votre conjoint. Imitez le Seigneur et vous changerez l’atmosphère de votre foyer. Si Dieu ne laissait rien passer et rappelait impitoyablement toutes nos fautes, nous ne saurions trop par laquelle commencer et consacrerions le plus clair de notre temps à les confesser et à « déchirer nos vêtements ». Le « sac » deviendrait l’éternel costume du chrétien.
Votre époux rentre-t-il plus tard que d’ordinaire ce soir ? Ne le sermonnez pas. S’il pèche par habitude, attendez. Surtout, ne l’accablez pas dès qu’il franchit la porte de votre demeure. Vous le ferez plus tard lorsque l’occasion s’en présentera, dans une atmosphère de paix et non sous l’empire de la colère. L’irritation n’arrange jamais les choses.
Votre époux a-t-il oublié de vous acheter le pain que vous lui aviez recommandé d’apporter ? Surtout, ne lui dites pas :
– Décidément, on ne peut jamais compter sur toi. Tu oublieras bientôt ta tête …
Pas de cela ! Il sera infiniment plus touché si, dans un sourire affectueux vous lui dite :
— Bah ! Pour une fois, on s’en passera. Il me reste quelques biscottes qui feront l’affaire. Ça m’arrive aussi d’oublier !
Et si votre mari revient du chantier ou de l’usine, ne le retenez pas sur le seuil de la porte pour lui énumérer les mauvaises nouvelles de la journée, vos sujets de tristesse ou les divers problèmes auxquels vous avez été confrontée au cours des heures précédentes. Donnez à votre conjoint le temps de souffler, de se débarrasser de son manteau. Tendez-lui plutôt un fauteuil en lui proposant une tasse de café « comme il l’aime ». Qu’il se détende d’abord sinon, vous lui donneriez l’impression que vos tracas passent avant lui. Plus tard, quand il sera bien chez lui, vous lui parlerez de vos soucis et pourrez les partager et les régler de la bonne manière.
Madame, soyez accueillante et votre mari se hâtera de rentrer à la maison. Qu’il n’imagine pas, à l’avance, un visage rébarbatif et une pluie de reproches, mais une épouse réjouie qui l’entoure de ses bras. L’accueil, avons-nous dit, est important : il prépare l’atmosphère de toute une soirée. C’est pourquoi, ne l’assombrissez pas par quelques instants de mauvaise humeur. Non ! Que le retour du mari soit une fête. Un grand sujet de joie pour tous. Dès que la porte s’ouvre, criez :
– Voilà papa !
Alors toute la famille accourra pour sauter dans les bras d’un père comblé de revoir sa nichée. Il vaut mieux se réjouir ensemble que de vivre une soirée tout entière dans la grisaille. C’est du simple bon sens. Ne causez pas votre perte par des propos inconsidérés ou une attitude agressive. Les sourires de l’amour valent mieux que les remontrances les plus justifiées.
DIALOGUE
1. – ELLE : Comment accueillez-vous votre mari lorsqu’il rentre à la maison ? En le couvrant de reproches ? Dans ce cas, reconnaissez votre travers et soyez décidée à changer d’attitude. Que pense votre mari à ce sujet ?
2. – LUI : N’accusez pas votre épouse si l’accueil n’est pas toujours enthousiaste. Veillez à ne rien faire qui puisse l’exaspérer inutilement. Quelles sont les plaintes que vous entendez le plus souvent en rentrant chez vous ? Qu’en faites-vous ? Si c’est le cas, reconnaissez votre entêtement ou votre négligence et demandez pardon à votre compagne ainsi éprouvée.
3. – ELLE et LUI : Bénissez le Seigneur qui vous permettra d’avoir de merveilleux retours à la maison … si vous le voulez vraiment.