« Ainsi, comme vous avez reçu le Christ-Jésus, le Seigneur, marchez en lui ; soyez enracinés et fondés en lui, affermis dans la foi... » Col. 2.6-7
Par ces paroles, l'apôtre nous enseigne une importante leçon : non seulement nous sommes venus à Christ au début et avons été unis à lui par la foi, mais c'est encore par la foi que nous devons être enracinés et fondés en lui. La foi est essentielle pour progresser dans la vie spirituelle tout autant que pour la commencer. Ce n'est que pari la foi qu'on peut demeurer en Christ.
Il y a des chrétiens sincères qui ne comprennent pas cela ou, s'ils l'admettent bien en théorie, ne parviennent pas à l'appliquer en pratique. Ils sont pleins de zèle pour un Évangile gratuit, où c'est par la foi qu'on accepte Christ et qu'on est justifié, mais ils pensent que tout dépend ensuite de notre fidélité et de notre application. Bien qu'ils aient fermement saisi cette vérité : le pécheur est justifié par la foi, ils ne font guère de place, pour aller de l'avant, à cette vérité plus vaste : « le juste vivra par la foi ». Ils n'ont jamais compris à quel point Jésus est un Sauveur parfait qui peut faire, chaque jour, pour le pécheur, tout autant qu'il a fait le premier jour où celui-ci est venu à lui. Ils ne savent pas que la vie de la grâce est toujours et uniquement une vie de foi et que, dans sa relation avec Jésus, le disciple n'a qu'un devoir, constant et quotidien : croire ; car la foi est le seul canal par lequel la grâce et la force divines puissent couler dans le cœur de l'homme. La vieille nature du croyant demeure mauvaise et pécheresse jusqu'à la fin mais si, chaque jour, il apporte à son Sauveur sa nullité, sa totale incapacité, il reçoit de lui la vie et la force qui lui feront porter des fruits de justice à la gloire de Dieu. Par conséquent, comme vous avez reçu le Christ-Jésus, le Seigneur, marchez en lui, soyez enracinés et fondés en lui, affermis dans la foi. Comme vous êtes venus à Jésus, de la même façon demeurez en lui : par la foi.
Et si vous voulez savoir comment il faut exercer la foi pour demeurer en Jésus, pour être enraciné en lui plus profondément et plus solidement, vous n'avez qu'à vous reporter en arrière, au temps où vous avez reçu Jésus pour la première fois. Vous vous rappelez bien quels obstacles se sont dressés, à cette époque, sur le chemin de votre foi. Il y avait tout d'abord votre bassesse et votre culpabilité. Il vous semblait impossible que la promesse du pardon et de l'amour soit faite à un pécheur tel que vous. Puis, venait le sentiment de votre faiblesse et de votre impuissance : vous ne vous sentiez pas capable de l'abandon et de la confiance qui vous étaient demandés. Ensuite, envisageant l'avenir, vous n'osiez pas vous engager à être un disciple de Jésus alors que vous sentiez avec certitude que vous ne pourriez rester debout mais que vous connaîtriez bientôt, à nouveau, l'infidélité, la chute. Ces difficultés se dressaient comme des montagnes sur votre chemin. Et comment ont-elles disparu ? Simplement par la Parole de Dieu. Cette Parole vous a contraint, malgré le passé coupable, la faiblesse présente, l'incertitude de l'avenir, à croire que la promesse était certaine : Jésus voulait vous accepter et vous sauver. Sur ces paroles, vous avez osé venir et vous n'avez pas été déçu. Vous avez découvert que Jésus vous a véritablement accepté et sauvé.
L'expérience faite lors de votre venue à Jésus, appliquez-là aussi à demeurer en lui. Maintenant, comme alors, les tentations qui vous empêchent de croire sont nombreuses. Quand vous pensez aux péchés commis depuis que vous êtes devenu un disciple, votre cœur est écrasé de honte. Penser que Jésus va vraiment vous recevoir dans la parfaite intimité et la pleine jouissance de son saint amour, c'est vraiment trop espérer, semble-t-il. Quand vous pensez combien vous avez manqué, dans le passé, à tenir vos engagements les plus sacrés, la conscience de votre faiblesse actuelle vous fait trembler à l'idée même de répondre à l'ordre du Sauveur en promettant : « Seigneur, à partir de maintenant, je veux demeurer en toi ».
Et si vous vous représentez la vie d'amour et de joie, de sainteté et de fécondité qui, dans l'avenir, doit découler de cette habitation en lui, c'est comme si cela ne servait qu'à vous désespérer davantage : vous, en tous cas, vous n'y arriverez jamais. Vous vous connaissez trop bien. Y compter ne servirait qu'à vous décevoir. Demeurer pleinement et entièrement en Jésus, cette vie-là n'est pas pour vous. Oh ! puissiez-vous tirer les leçons du temps où vous êtes venu au Sauveur ! Rappelle-toi, mon ami, comment tu as été conduit alors, contrairement à ce que pouvaient te dire ton expérience, tes sentiments et même le simple bon sens, — à prendre Jésus au mot, et tu n'as pas été déçu. Il t'a réellement accueilli et pardonné ; il t'a réellement aimé et sauvé, tu le sais. Et s'il a fait cela pour toi, quand tu étais ennemi et faisais partie des gens du dehors, ne penses-tu pas qu'il accomplira sa promesse à plus forte raison maintenant que tu lui appartiens ? Oh ! viens donc écouter tout simplement ces paroles et pose-toi cette seule question : Veut-il vraiment dire que je devrais demeurer en lui ? La réponse que donne sa Parole est simple et certaine : par sa grâce toute puissante, maintenant tu es en lui. Et la même grâce toute puissante va te rendre capable de demeurer réellement en lui. Par la foi, tu es devenu participant de la grâce initiale ; par cette même foi, tu continueras à jouir de la grâce d'habiter en lui.
Et si tu demandes ce qu'il faut croire exactement pour pouvoir demeurer en lui, la réponse est facile : crois d'abord ce qu'il dit quand il affirme « Je suis le Cep ». La sécurité et la fécondité du sarment reposent sur la vigueur du Cep. Ne te préoccupe pas tant de toi-même en tant que branche, ni du devoir que tu as de demeurer en lui, mais que ta pensée soit remplie tout d'abord par la foi en ce que Christ est le Cep. Alors il deviendra réellement pour toi tout ce qu'un cep peut être. C'est lui qui te soutient, te nourrit et se considère en permanence comme responsable de ta croissance et des fruits que tu portes. Prends le temps de te pénétrer de cette certitude, attache ton cœur à croire cela : le Cep duquel je peux tirer tout ce dont j'ai besoin, c'est Christ. Une vigne grande et forte porte un faible sarment et le tient plus fermement que le sarment ne tient au cep. Demande au Père de te révéler par le Saint Esprit combien puissant, aimant et glorieux est le Christ en qui tu as ta place et ta vie. Plus que toute autre chose, c'est la foi en ce que Jésus Christ est qui te fera demeurer en lui en permanence. Une âme remplie de pensées élevées concernant la vigne sera une branche forte et demeurera en lui avec confiance. Pense davantage à Jésus en tant que Cep, crois davantage en Lui.
Alors, quand la foi peut vraiment dire : « Il est mon Cep », qu'elle fasse un pas de plus et dise : « Je suis un de ses rameaux, je suis en Lui ». Je parle à des gens qui se disent ses disciples et je ne pourrai jamais trop insister sur l'importance d'exercer la foi en disant : « Je suis en Lui ». Tout devient alors si simple. Si je me représente clairement les choses tandis que je médite sur ces mots : je demeure en Lui maintenant, je vois immédiatement qu'il ne faut rien d'autre que mon consentement pour être tel qu'il m'a fait, pour rester là où il m'a placé. Je suis en Christ ; cette simple pensée exprimée avec attention, avec prière, avec foi, fait disparaître toute difficulté car il ne s'agit pas d'atteindre quelque réalisation sublime. Non. Je suis en Christ, mon Sauveur béni. Son amour a préparé un lieu pour que je demeure en lui, quand il a dit : « Demeurez dans mon amour » et sa puissance a décidé de garder la porte pour que j'y reste, si seulement j'y consens. Je suis en Christ. Maintenant je n'ai plus qu'à dire : « Mon Sauveur, je te bénis pour cette grâce merveilleuse. J'accepte. Tiens-moi sous ta garde bénie. Je demeure vraiment en toi ».
Une telle foi accomplira de façon étonnante tout ce qu'implique, par la suite, le fait de demeurer en Christ. La vie chrétienne demande beaucoup d'attention et de prière, beaucoup d'oubli de soi, de luttes, d'obéissance, de zèle. Mais « toutes choses sont possibles à celui qui croit » (Mc. 9.23), « et voici la victoire qui triomphe du monde : notre foi » (1 Jn. 5.4). C'est la foi qui, continuellement, détourne les yeux de la faiblesse de la créature et trouve sa joie dans un Sauveur tout puissant qui suffît à rendre l'âme forte et heureuse. Par la foi, nous nous abandonnons afin d'être conduits par le Saint Esprit dans une connaissance de plus en plus profonde du merveilleux Sauveur que Dieu nous a donné. Emmanuel illimité. Par la foi, nous laissons l'Esprit nous conduire page par page, dans la Parole bénie, avec l'unique désir de saisir, pour notre nourriture et notre vie, chacune des révélations de ce que Jésus est et de ce qu'il a promis. Selon la promesse : « Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez, vous aussi, dans le Fils et dans le Père » (Jn 2.24), la foi vit de toute Parole qui sort de la bouche de l'Eternel et c'est ainsi que l'âme est rendue forte de la force de Dieu pour être et pour faire tout ce qu'il faut pour demeurer en Christ.
Croyant, tu dois demeurer en Christ ; crois seulement. Crois toujours, crois maintenant. Courbe-toi dès maintenant devant ton Seigneur et dis-lui, avec une foi d'enfant que, parce qu'il est le Cep et toi, un de ses sarments, tu vas dès ce jour demeurer en Lui.
« Je suis le vrai Cep. Celui qui nous offre le privilège d'une véritable union avec lui est le grand JE SUIS, le Dieu tout-puissant qui soutient toutes choses par sa Parole puissante. Et ce Dieu tout-puissant se révèle à nous comme un Sauveur si parfait qu'il veut réaliser ce dessein inimaginable : renouveler notre nature déchue en la greffant sur sa propre nature divine.
Prendre conscience de la divinité de celui dont l'appel résonne avec tant de douceur dans les cœurs assoiffés est un pas non-négligeable vers la pleine acquisition du privilège auquel nous sommes invités. Mais avoir un cœur assoiffé ne sert à rien en soi, et nous n'aurions non plus aucun profit à lire quelles bénédictions résulteraient d'une étroite union personnelle avec notre Seigneur, si nous croyons que cette union est pratiquement hors d'atteinte. Il nous faut prendre ses Paroles comme une réalité précieuse, vivante, éternelle. Et elles ne le deviendront que si nous avons la certitude de pouvoir raisonnablement nous attendre à leur accomplissement. Mais qu'est-ce qui pourrait rendre possible un tel accomplissement — qu'est-ce qui pourrait rendre raisonnable de supposer que nous, pauvres créatures infirmes, égoïstes, pleines de péchés et pleines de défauts, nous puissions être arrachés à la corruption de notre nature et rendus participants de la sainteté de notre Seigneur — sinon le fait, merveilleux, inaltérable, que celui qui nous propose cette grande transformation est l'Éternel Dieu lui-même, aussi capable d'accomplir sa propre parole que décidé à le faire ? En conséquence, tandis que nous méditons sur ces paroles prononcées par Christ, et qui contiennent en vérité la substance même de son enseignement, le condensé de son amour, commençons par rejeter bien loin de nous toute tendance au doute. Ne laissons même pas notre pensée se poser la question : Est-il possible, pour les disciples égarés que nous sommes, d'atteindre la sainteté à laquelle nous sommes appelés, au travers d'une union intime et étroite avec notre Seigneur ? S'il y avait quelque impossibilité, quelque échec à cette bénédiction proposée, cela ne pourrait venir que d'un manque de désir sincère de notre part. Il n'y a aucun manquement, dans aucun domaine, de la part de Celui qui nous a fait l'invitation. Avec Dieu, il ne peut y avoir d'échec dans l'accomplissement de ce qu'il promet ». (tiré de : La vie de communion, méditations sur Jean 15.1-11 par A.M. James).
Il peut être utile de dire aux chrétiens jeunes et vacillants, qu'il est une chose bien plus nécessaire encore que d'exercer la foi au sujet de chaque promesse particulière qui nous est présentée, c'est d'entretenir en nous une attitude de foi envers Dieu, l'habitude de toujours penser à Lui, à ses voies, à ses œuvres, avec une espérance joyeuse et confiante. C'est là le terrain dans lequel les promesses particulières pourront s'enraciner et croître.