Saint en Christ

SIXIÈME JOUR
Sainteté et gloire

Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel ? Qui est comme toi magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges ?

Par ta miséricorde tu as conduit, tu as délivré ce peuple; par ta puissance tu le diriges vers la demeure de ta sainteté... Au sanctuaire que tes mains, ô Seigneur ! ont fondé ! {Ex 15.11-17}

Nous faisons par ces paroles un nouveau pas dans la révélation de la sainteté. Pour la première fois la sainteté est indiquée comme un des attributs de Dieu lui-même : « Il est magnifique en sainteté » ; et c’est vers la demeure de sa sainteté qu’il conduit son peuple.

Remarquons d’abord cette expression employée ici « magnifique en sainteté ». Partout dans l’Ecriture nous trouvons la gloire et la sainteté de Dieu mentionnées ensemble. Dans Ex 29.43, nous lisons : « Et ce lieu (la tente d’assignation) sera sanctifié par ma gloire ». La gloire d’un objet, d’une personne, c’est la valeur intrinsèque de cet objet, de cette personne ; glorifier, c’est faire disparaître tout ce qui pourrait empêcher la parfaite révélation de cette excellence. La gloire de Dieu est cachée dans sa sainteté ; dans la gloire de Dieu se manifeste sa sainteté ; sa gloire, révélation de lui-même comme le Saint, sanctifierait la maison. Ces deux expressions sont liées de la même manière dans Le 10.3 : « Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple ». La constatation de sa sainteté dans les sacrificateurs devait être la manifestation de sa gloire au peuple. De même dans le cantique des séraphins, Esa 6.3 : « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées, toute la terre est pleine de sa gloire ». C’est Dieu qui habite une lumière inaccessible que personne n’a vue, ni ne peut voir, et cette lumière est celle de la connaissance de la gloire de Dieu qu’il communique à nos cœurs. La gloire est ce qui peut être vu, et ce qu’on peut connaître de cette lumière invisible et inaccessible; cette lumière elle-même et le feu magnifique duquel cette lumière est l’éclat, c’est la sainteté de Dieu. La sainteté n’est pas tant un attribut de Dieu que le sommaire qui comprend toutes ses perfections.

C’est sur les bords de la mer Rouge qu’Israël loue ainsi l’Eternel : « Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel ? Qui est comme toi magnifique en sainteté ? » Il est l’Incomparable ; il n’y en a point de semblable à lui. Et en quoi l’a-t-il prouvé et a-t-il révélé la gloire de sa sainteté ? Avec Moïse, en Horeb, nous avons vu la gloire de Dieu dans le feu au double point de vue du salut et de la destruction: le feu consumant ce qui ne pouvait être purifié, et purifiant ce qui n’était pas consumé. Nous retrouvons la même pensée dans ce cantique de Moïse; Israël, chante le jugement et la miséricorde. La colonne de feu et de nuée vinrent se placer entre le camp des Egyptiens et le camp d’Israël ; nuée et obscurité pour les premiers, elle donnait la lumière pendant la nuit pour les seconds. Les deux pensées traversent tout le cantique. Mais dans les deux versets qui suivent l’attribution à Dieu de la sainteté : « Magnifique en sainteté », nous trouvons le sommaire du jugement : « Tu as étendu ta droite : la terre les a engloutis », confirmant Ex 14.24 : « L’Eternel regarda le camp des Egyptiens, depuis la colonne de feu et de nuée, et il mit en désordre le camp des Egyptiens ». Voilà la gloire de sa sainteté se manifestant par le jugement et la destruction de l’ennemi : « Par ta miséricorde tu as conduit, tu as délivré ce peuple ; par ta puissance, tu le diriges vers la demeure de ta sainteté ». (Vers. 13). Voilà la gloire de sa sainteté se manifestant par la miséricorde et la délivrance: une sainteté qui, non seulement délivre, mais qui dirige vers la demeure de sa sainteté, où le Saint doit demeurer avec et au milieu de son peuple.

Dans l’inspiration de cette heure de triomphe nous est ainsi révélé de bonne heure que le grand objet et le fruit de la rédemption, préparé par Celui qui s’appelle le Saint, doit être sa demeure au milieu de son peuple, son habitation chez les siens : rien moins que cette habitation ne peut satisfaire le Dieu saint, rien moins ne peut rendre évidente la gloire parfaite de sa sainteté.

Et maintenant remarquez comment, de même que c’est dans la rédemption de son peuple que la sainteté de Dieu est révélée, de même c’est dans le cantique de la rédemption de ce peuple que l’attribution personnelle de la sainteté à Dieu se rencontre. Nous savons comment, dans l’Ecriture, à plus d’une reprise, après une intervention particulièrement remarquable de Dieu comme Rédempteur, l’influence spéciale du Saint-Esprit s’est manifestée par un chant de louanges. Et il est à remarquer que c’est dans ces élans de saint enthousiasme que Dieu est loué comme le Saint. Voyez dans le cantique d’Anne, la mère de Samuel : « Nul n’est saint comme l’Eternel ». {1Sa 2.2} Le langage des séraphins {Esa 6} est celui d’un chant d’adoration. Dans le grand jour de la délivrance d’Israël le cantique sera : « L’Eternel est ma force et le sujet de ma louange; c’est lui qui m’a sauvé ». {Ps 118.14} « Chantez à l’Eternel, car il a fait éclater sa gloire. Il a fait de grandes choses. Elève ta voix, habitante de Sion, car grand est le Saint d’Israël qui est au milieu de toi ! » Et Marie chante : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses, son nom est saint ».

L’Apocalypse nous révèle ces quatre êtres vivants qui donnent gloire, honneur, et qui rendent grâces à Celui qui est assis sur le trône. « Ils ne cessaient de dire jour et nuit : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient ». Et quand le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau est chanté près de la mer de verre, on entend ces paroles : « Qui ne te craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car toi seul es saint ! »

C’est dans les moments de la plus haute inspiration et sous l’influence de la manifestation la plus complète du pouvoir rédempteur de Dieu que ses serviteurs parlent de sa sainteté. Dans le {Ps 97.12}, nous lisons : « Réjouissez-vous en l’Eternel, vous justes, et célébrez par vos louanges sa sainteté ». Et dans le {Ps 99} qui, avec cette parole trois fois répétée : « Il est saint », a été appelé l’écho terrestre des « Saint ! saint ! saint ! » entonnés dans le ciel, nous chantons avec le psalmiste : « Qu’on célèbre ton nom grand et redoutable ! Il est saint ! Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous devant son marche-pied ! Il est saint ! Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous sur sa montagne sainte ! Car il est saint l’Eternel, notre Dieu ».

Ce n’est que sous l’influence d’une joie et d’une haute élévation spirituelles que la sainteté de Dieu peut être parfaitement embrassée ou adorée dignement. Le sentiment qui nous sied le mieux lorsque nous adorons le Saint, le sentiment qu’il convient que nous ayons pour le connaître et pour l’adorer comme il est en droit de l’attendre de nous, c’est l’esprit de louanges qui chante et qui s’exprime en cris de joie, dans l’expérience de son salut parfait.

Mais ceci n’est-il pas en contradiction avec la leçon que nous avons apprise en Horeb, lorsque Dieu disait : « Ne t’approche pas ; ôte tes souliers de tes pieds ? » et lorsque Moïse craignait et se voila la face ? N’est-ce pas là plutôt l’attitude qui nous convient à nous créatures pécheresses ? En effet ; et cependant ces deux sentiments ne se contredisent pas ; bien plutôt ils sont indispensables l’un à l’autre ; la crainte est la préparation pour la louange et pour la gloire. Et d’ailleurs n’est-ce pas ce même Moïse qui se cacha la face et qui craignait de regarder vers Dieu, qui, ensuite, contempla la gloire de Dieu jusqu’à ce que sa face en fut rendue si glorieuse et si brillante que les hommes ne pouvaient en supporter l’éclat ? Et le cantique qui célèbre Dieu comme « magnifique en sainteté », n’est-il pas aussi le cantique de ce Moïse qui devant le buisson ardent se cachait et était tout tremblant ? N’avons-nous pas vu dans le feu, et en Dieu, et spécialement dans sa sainteté, ce double aspect : consumant et purifiant, repoussant et attirant, jugeant et sauvant, le dernier de ces deux aspects étant chaque fois, non seulement l’accompagnement, mais le résultat du premier ? Aussi verrons-nous que, plus l’humiliation et la crainte sont grandes en la sainte présence de Dieu, plus est réel et complet le dépouillement de tout ce qui appartient encore au moi, à la vieille nature, la mort du vieil homme et de sa volonté ; plus l’abandon de tout notre être pour que tout ce qui en nous est péché soit consumé est sincère, plus aussi seront profondes et complètes la joie et la louange que notre cœur exprimera eh chants de délivrance et d’actions de grâces : « Qui est comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges ? »

« Magnifique en sainteté ! digne de louanges ! » le cantique harmonise ces éléments opposés en apparence. Oui, je veux chanter le jugement et la miséricorde. Je veux me réjouir en tremblant quand je loue le Saint. Quand je regarde aux deux aspects de la sainteté, tels que je les vois dans l’histoire des Egyptiens détruits et des Israélites sauvés, je me souviens que ce qui était là séparé est uni en moi. Par nature, je suis l’Egyptien, un ennemi voué à la destruction; par grâce, je suis l’Israélite élu en vue de la rédemption. En moi, le feu doit consumer et détruire, car ce n’est que lorsque le jugement a fait son œuvre que la miséricorde peut sauver parfaitement. Ce n’est que lorsque je tremble devant la lumière pénétrante, devant le feu dévorant et devant l’ardeur consumante du Saint, que j’abandonne, pour qu’elle soit jugée, condamnée et mise à mort, ma nature d’Egyptien, et ce n’est qu’alors aussi que l’Israélite, en moi, sera racheté et rendu capable de connaître bien son Dieu comme le Dieu de son salut, et de se réjouir en lui.

Béni soit Dieu ! le jugement appartient au passé. En Christ, le buisson ardent, le feu de la sainteté divine a fait sa double œuvre : en lui le péché a été condamné en la chair, et en lui aussi nous sommes libres. En livrant à la mort sa volonté, et en faisant la volonté de Dieu, Christ s’est sanctifié lui-même pour nous; et c’est par cette volonté aussi que nous sommes sanctifiés.

Oui, ô Dieu ! qui es comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges? De tout mon cœur, je me joindrai à ce cantique de délivrance, et je me réjouirai en toi, comme au Dieu de mon salut. O mon Dieu ! que ton Esprit, qui a inspiré ces paroles de triomphe et de sainte joie, révèle tellement à mon âme cette œuvre de rédemption comme expérience personnelle, que ma vie entière soit un cantique tout rempli de crainte et d’adoration. Je te prie, en particulier, que mon cœur tout entier soit rempli de toi, de toi qui es magnifique en sainteté, digne de louanges, et qui seul fait des prodiges. Que la crainte de ta sainteté me fasse trembler devant tout ce qui en mot est encore charnel; et enseigne-moi dans le service que je te dois, à renoncer à ma propre sagesse, à la crucifier, afin que ton Saint-Esprit seul agisse en mm. Amen.

La sainteté de Dieu comme gloire. Dieu est glorifié dans la sainteté de son peuple. La Vraie sainteté donne toujours la gloire à Dieu seul. Vivre à la gloire de Dieu, c’est là la sainteté. Vivre saintement c’est glorifier Dieu. Perdre de vue sa propre gloire pour ne chercher que celle de Dieu, c’est la sainteté.

Nôtre sainteté comme louange. La louange donne gloire à Dieu ; par conséquent elle est un élément de la sainteté. « Tu es le Saint ; les louanges d’Israël environnent ton trône ». {Ps 22.4}

3° La sainteté de Dieu, son amour saint et rédempteur est la source d’une joie et d’une louange permanentes. Louez Dieu journellement pour cette grâce. Mais vous ne pouvez le faire que si vous vivez de cette vie de sainteté.

4° L’esprit de crainte de l’Eternel et l’esprit de louanges peuvent au premier abord paraître ne pas s’accorder. Mais il n’en n’est rien. L’humilité qui craint le Dieu Saint le loue en même temps. « Vous qui craignez l’Eternel, louez-le. » Plus nous nous tiendrons humblement dans la crainte de Dieu et la défiance de nous-mêmes, plus sûrement nous serons élevés par lui quand il en sera temps.

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