Je ne vous abandonnerai point. Héb., XIII, 5.
Nous appelions Providence le tendre soin que Dieu prend de toutes ses créatures et particulièrement de ses enfants sur la terre. Il s’est montré souverain dans la création ; dans la Providence, il se montre à nous surtout sous les traits d’un père.
La Parole de Dieu, depuis la première jusqu’à la dernière page, abonde en passages qui dépeignent la tendresse de notre Créateur sous les aspects les plus touchants : c’est un berger qui conduit, nourrit, défend son troupeau ; c’est un agriculteur qui prodigue ses soins à sa vigne ; c’est un ami qui se tient à côté de son ami pour l’encourager, le consoler, l’instruire ; c’est une mère qui enlace son fils de ses bras protecteurs, qui le réchauffe dans son sein ; c’est un père qui s’irrite, mais qui pardonne, qui éprouve, châtie, mais qui le fait par amour pour corriger et sauver ; c’est le Dieu bon, pitoyable, lent à la colère, abondant en grâces, qui soutient le monde, qui défend ses élus, et qui « fait luire son soleil sur les justes et sur les injustes… (Matth., V, 45.). »
Notre Dieu s’appelle le Dieu vivant, parce qu’il n’est pas relégué dans le silence et l’inaction ; mais il nous enceint de sa présence ; il agit sans cesse autour de nous et pour nous. Il fît autrefois des miracles pour établir l’Évangile, c’est-à-dire son dessein d’amour et de miséricorde qui est son plus grand miracle, et s’il n’en fait plus de nos jours, c’est qu’ils ne sont plus nécessaires, c’est que la vérité parle d’elle-même, c’est qu’il veut que nous marchions par la foi et non par la vue, ce qui est un progrès de plus dans la vie spirituelle et morale ; ce n’est pas qu’il cesse d’agir ou qu’il se soit éloigné de nous : bien au contraire, il agit sans cesse, il agit en nous, il veut faire de notre cœur son temple.
Pensée bien douce, pleine de consolation ; pensée grande et terrible aussi, qui remplissait le cœur de David quand il s’écriait :
« Où irai-je loin de ton Esprit, où fuirai-je pour me soustraire à ton regard ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche dans le sépulcre, t’y voilà. Si je prends les ailes de l’aube du jour et que je me loge au-delà de la mer, là même ta main me conduira. Si je dis : Au moins les ténèbres me couvriront !… la nuit même sera une lumière autour de moi ; même les ténèbres ne me cacheront point à toi et la nuit resplendira comme le jour, et les ténèbres comme la lumière (Ps. CXXXIX, 7-12.) ! »
Et c’est parce que nous croyons à la Providence, que nous ne croyons point au hasard et que nous ne le craignons point ; c’est parce que nous croyons à un gouvernement du Dieu fidèle et vrai que nous chassons la superstition qui enseigne à craindre un pouvoir inconnu ; c’est parce que nous croyons que Dieu nous entend et qu’il veut nous répondre, que nous le prions ; c’est parce que nous savons qu’il nous voit, que nous marchons avec précaution et avec crainte ; et c’est enfin parce que nous croyons à sa tendresse et à son amour, que nous marchons avec confiance et avec courage.
Il est vrai que nous voyons trop souvent le méchant prospérer sur la terre (Job, XXI, 7-14.), que les afflictions nous assaillent et des accidents de tout genre nous menacent ; que nous rencontrons à chaque pas la tentation et l’épreuve (Jacq., I, 13, 14.)… Mais ces accidents appartiennent à un ordre de choses où Dieu veut laisser les hommes se développer dans la liberté, s’instruire par l’affliction, s’améliorer par le combat. La vie présente est un temps de préparation et d’épreuve. Dieu gouverne, mais il ne contraint pas ; il nous propose la vérité, mais il ne l’impose pas ; sa prescience n’est point un fatalisme ; sa providence n’est point un despotisme : Dieu veut le cœur de ses enfants, mais il veut que ce cœur se donne librement, joyeusement, sincèrement.