Le Chemin du Service

Deuxième partie

Berger d’âmes

Chapitre 1

« Pais Mes brebis »

Jean 21.17

Un des titres que la Bible donne à notre divin Sauveur et Seigneur est celui de souverain Berger qui, lorsqu’Il paraîtra, saura récompenser la fidélité de Ses enfants, tous sauvés pour servir, tous responsables des âmes qui les entourent, responsables dans la prière et dans l’action, autant pour leur salut que pour leur croissance en Christ. Sommes-nous conscients de cette responsabilité ?

L’importance du travail de berger est capitale. J’en constate souvent les lacunes en moi et autour de moi. Dieu bénit la prédication de Sa Parole et le travail de Ses enfants au delà de toute attente. La moisson est plus grande que jamais. Beaucoup d’âmes ont accepté personnellement le salut et persévèrent dans la vie chrétienne. Aujourd’hui, pour ceux qui veulent vivre selon Dieu, sans pactiser avec l’erreur de l’apostasie d’une part et le péché de l’autre, la vie chrétienne active devient de plus en plus ce qu’elle doit être : difficile. Quand je compare l’activité d’aujourd’hui avec celle d’il y a trente ans par exemple, je constate d’une façon très marquée que non seulement la prédication du pur Evangile devient toujours plus rare, mais qu’elle a toujours plus de peine à percer les épaisses ténèbres qui nous enveloppent, selon la parole prophétique : « Voici les jours viennent, dit le Seigneur, l’Eternel, où J’enverrai la famine dans le pays, non pas la disette du pain et la soif de l’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles de l’Eternel. Ils seront alors errants d’une mer à l’autre, du septentrion à l’orient, ils iront çà et là pour chercher la Parole de l’Eternel et ils ne la trouveront pas » (Amos 8.11, 12). Ceux qui acceptent la vérité et qui veulent vivre et témoigner fidèlement sont entourés de difficultés, de dangers spirituels, d’opposition et de pièges beaucoup plus grands qu’autrefois.

Toute œuvre d’évangélisation doit être suivie d’une œuvre d’affermissement des jeunes convertis. En d’autres termes, l’évangéliste a besoin, et ceci suivant l’ordre de Dieu, de bergers (Ephésiens 4.11). On entend parfois juste l’inverse : « Les pasteurs ont besoin d’évangélistes. » Cela prouve une conception tout à fait fausse du travail de l’évangéliste et de celui du pasteur.

L’un des besoins les plus urgents de l’Eglise de Dieu, à l’heure actuelle, c’est d’avoir de vrais bergers, des pères et des mères spirituels pour s’occuper des enfants spirituels que Dieu leur confie, des serviteurs consacrés qui, vivant nuit et jour pour ces enfants spirituels, réalisent personnellement ce que l’apôtre disait aux Galates : « Mes enfants, pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous … » (Galates 4.19). Ce texte est une pierre de touche.

Que de bergers et de bergères cherchent avant tout à empêcher les « enfants » d’abandonner leur église, leur assemblée ou à les faire quitter d’autres milieux religieux ; et ceci bien plus pour les amener dans le leur que pour les sauver et les séparer du péché, du monde, de l’erreur et des pièges de l’ange de lumière. Qu’avant tout le souverain Berger nous délivre de cet esprit-là ! « Jusqu’à ce que Christ soit formé en eux. » Est-ce là votre unique objectif, bergers d’âmes, pour ceux qui vous sont confiés ? Ce but réclamera de vous des douleurs d’enfantement, rien de moins. Mais ce degré de consécration pour eux est la seule attitude acceptable de la part du vrai pasteur. C’est à cela que se reconnaît le don spirituel de berger.

Le Seigneur dit à Son Père, après l’ascension dans la gloire : « Me voici, Moi et les enfants que Tu M’as donnés » (Hébreux 2.13). Quelle parole puissante, quelle claire indication de ce que doit être notre travail de pasteur ! Amener des enfants dans la gloire ! Les conduire à connaître le Seigneur de gloire et les faire entrer ainsi dans la structure spirituelle de l’édifice qu’est l’Eglise de Dieu (Ephésiens 2.22). Les bébés, les nouveaux-nés (Jean 3.5) doivent devenir enfants (Galates 4.1) ; les enfants doivent devenir fils (Galates 4.7) ; les fils, héritiers de Dieu et co-héritiers de Christ (Romains 8.16, 17).

« … Jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants … » (Ephésiens 4.13). Voilà le programme de Dieu pour tout vrai berger. Quel hymne de louanges sortira de notre bouche quand, une fois là-haut, nous pourrons dire devant le trône de l’Agneau : « Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés. » En attendant, notre vocation est de les introduire dans la vie de gloire, de leur faire connaître la puissance de la gloire (Colossiens 1.11), de les amener à la liberté de gloire des enfants de Dieu (Romains 8.22), en attendant la manifestation de gloire de notre bien-aimé Sauveur (Tite 2.13).

Encore un mot de solennel avertissement. Dans le second livre de Samuel, il est question de Méphiboscheth, perclus des pieds. Le chapitre 4 donne l’explication de ce lamentable état : « Jonathan, fils de Saül, avait un fils perclus des pieds, et âgé de cinq ans, lorsqu’arriva de Jizréel la nouvelle de la mort de Saül et de Jonathan ; sa nourrice le prit et s’enfuit, et, comme elle précipitait sa fuite, il tomba et resta boiteux ; son nom était Méphiboscheth » (2 Samuel 4.4). Que de gouvernantes, de nourrices, ont laissé tomber et ont blessé pour la vie un Méphiboscheth ! Cette pensée est des plus humiliantes et salutaires. Ces jeunes convertis, ces nouveaux-nés du Saint-Esprit sont devenus des estropiés et en porteront les tristes effets peut-être toute leur vie, à cause d’une faute commise par celui qui aurait dû les protéger, veiller sur eux, les nourrir et les guider. C’est peut-être un mauvais conseil, ou pas de conseil du tout, un manque de vigilance, de spiritualité, d’amour ou de fidélité ; ou bien c’est un mauvais exemple, peut-être même une pierre d’achoppement. Que de choses peuvent blesser et estropier les petits enfants dans lesquels Christ devrait être formé ! C’est pourquoi il importe que tout chrétien appelé à servir Dieu sache en quoi consiste la charge de berger.

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