La première chose qui se présente à nous, c’est la délivrance de l’Église de la servitude d’Egypte, la plus remarquable de toutes celles de l’Ancien Testament, la plus grande garantie et l’avant-coureur de la future rédemption par Jésus, sur laquelle l’Écriture insiste plus que sur aucune autre. De tous les événements providentiels, ce fut le type le plus frappant de la rédemption chrétienne. Elle fut accomplie par Jésus-Christ, qui apparut à Moïse dans le buisson et qui l’envoya pour délivrer ce peuple ; on le voit clairement par le nom « d’ange de l’Éternel » qui lui est donné (Exode 3.2-3). Le buisson représentait la nature humaine de Christ, qui est lui-même appelé la branche. Ce buisson croissait sur le mont, Sinaï ou Horeb, qui signifie lieu sec : la nature humaine de Christ était un rejeton sorti d’une terre altérée. Le buisson ardent représentait les souffrances de Christ, dévoré par le feu de la colère céleste.
Il brûlait sans se consumer : Christ, de même, bien qu’il souffrît beaucoup, ne périt pas ; il remporta finalement la victoire et surmonta les souffrances. Le grand mystère de l’incarnation et des souffrances de Christ se présentant à lui, Moïse se dit : « Je me détournerai maintenant et je regarderai cette grande vision. » C’est avec raison qu’il l’appelait une grande vision, puisqu’elle représentait Dieu manifesté en chair, souffrant une mort terrible et ressuscitant d’entre les morts.
Ce fut là le grand libérateur qui fit sortir l’Église hors d’Egypte, de sous le joug de Pharaon ; Christ aussi, par sa mort et ses souffrances, délivra son peuple du pouvoir de Satan, le Pharaon spirituel. Il les arrache à un cruel esclavage et à de vils travaux ; Christ, également, racheta son peuple du cruel esclavage du péché et de Satan. Il les retira, comme il est dit, hors du fourneau de fer (Deutéronome 4.2). Christ aussi délivre son Église d’un fourneau de feu et de flammes éternelles. Il les délivre à main forte et à bras étendu, exerçant de grands et terribles jugements contre ses ennemis ; Christ, de même, revêtu d’une grande puissance, triomphe des principautés et des puissances, exerce de terribles jugements contre les ennemis de son Église et brise la tête du serpent. Par l’aspersion du sang de l’agneau pascal, il les sauva, tandis que d’autres périssaient ; l’Église chrétienne aussi est sauvée par l’aspersion du sang de Christ, tandis que le reste du monde périt. Dieu fit sortir son peuple, en dépit de la résistance des Egyptiens, qui ne pouvaient supporter la pensée de les laisser partir ; Christ aussi délivre son peuple des mains du diable, tout-à-fait contre sa volonté, alors que son cœur orgueilleux ne peut supporter la pensée d’être soumis.
En rachetant son peuple, Dieu le délivra, non seulement des Egyptiens, mais des démons, leurs dieux ; car ils avaient été assujettis aux dieux d’Egypte aussi bien qu’aux Egyptiens. Ainsi, Christ, la semence de la femme, accomplit d’une manière bien remarquable la malédiction prononcée contre le serpent et lui brisa la tête. « Car je passerai cette nuit-là par le pays d’Egypte, et je frapperai tout premier-né au pays d’Egypte, depuis les hommes jusqu’aux bêtes ; et j’exercerai des jugements sur tous les dieux de l’Egypte (Exode 12.12). » L’enfer était tout aussi et même plus intéressé dans cette affaire que l’Egypte. L’orgueil et la cruauté de Satan, cet ancien serpent, étaient plus en jeu que celles de Pharaon. Il fit à ce peuple tout le mal en son pouvoir, et s’opposa à sa délivrance autant qu’il le put ; mais il est dit, quand Dieu fit sortir son peuple d’Egypte : « Or, Dieu est mon roi d’ancienneté, faisant des délivrances au milieu de la terre. Tu as fendu la mer par ta force ; tu as cassé les têtes des baleines sur les eaux ; tu as brisé les têtes du Léviathan, tu l’as donné en viande au peuple des habitants des déserts. » Dieu força leurs ennemis à les laisser sortir pour l’adorer, comme Zacharie l’observe en l’appliquant à l’Église sous l’Évangile (Luc 1.74-75). »
Le peuple d’Israël sortit la main levée, et Christ marcha devant eux dans une colonne de fumée et de feu. Cette délivrance fut une glorieuse victoire remportée sur la terre et sur l’enfer. Quand Pharaon et son armée, et le diable avec eux, poursuivirent le peuple, Christ les jeta dans la mer Rouge. L’Éternel remporta une glorieuse victoire : il jeta les chevaux et les cavaliers dans la mer ; ils y furent engloutis pour ne jamais plus poursuivre les enfants d’Israël. Tous les ennemis de Christ sont engloutis dans son sang, qui, vu sa complète suffisance et les grandes souffrances avec lesquelles il fut répandu, peut être représenté très bien par l’image d’une mer. La mer Rouge figurait le sang de Christ ; car l’Apôtre compare le passage des enfants d’Israël à travers la mer Rouge au baptême (1 Corinthiens 10.1-2), et nous savons que l’eau du baptême représente le sang de Christ. Ainsi, Christ, l’Ange de la face, dans son amour et sa miséricorde, délivra son peuple et le transporta dans les anciens jours, comme sur des ailes d’aigle, afin que leurs ennemis orgueilleux et méchants, soit Egyptiens, soit démons, ne pussent les atteindre.
Ce fut là quelque chose de nouveau que Dieu fit pour avancer la grande œuvre de la rédemption. Il n’avait jamais rien fait de semblable jusque-là (Deutéronome 4.32, 34). Ce fut un grand progrès dans le développement de cette grande œuvre qui était allée toujours se poursuivant depuis la chute de l’homme, un grand pas fait par la Providence divine, afin de préparer la venue de Christ pour accomplir la rédemption éternelle ; c’était de ce peuple qu’il devait descendre. Nous pouvons voir maintenant comment cette plante que Dieu avait plantée en Abraham prospérait. Bien que la famille de laquelle Christ devait sortir eût été, jusqu’à un certain point, séparée du reste du monde par la vocation d’Abraham, toutefois cette séparation ne parut pas suffisante. Car, bien que cette séparation les rendît étrangers et voyageurs, et les empêchât de s’unir à d’autres peuples pour ne former qu’une seule société politique, ils étaient pourtant toujours mélangés à eux, ce qui les avait exposés au danger de perdre entièrement la vraie religion et d’être envahis par l’idolâtrie de leurs voisins. C’est pourquoi maintenant Dieu, par cette délivrance, les sépare comme nation de toutes les autres, pour former un gouvernement politique et ecclésiastique indépendant, sans aucun rapport avec les nations païennes, afin que l’Église puisse se maintenir, conserver les oracles de Dieu destinés à renfermer ces types et ces prophéties de Christ, ces histoires et les autres instructions préalables, nécessaires pour préparer la voie à la venue de Christ.
En même temps que cette nation fut mise à part pour être le peuple particulier de Dieu, toutes les autres furent tout-à-fait rejetées et abandonnées au paganisme. Ce fut là une chose que Dieu arrêta dans sa providence pour préparer la venue de Christ et la grande rédemption qu’il devait accomplir. Cela eut lieu seulement pour préparer une victoire plus glorieuse et un triomphe plus éclatant du pouvoir et de la grâce de Dieu sur un monde méchant et malheureux, et afin de faire d’autant plus ressortir le fait du salut de l’humanité par Jésus-Christ. C’est l’explication que l’Écriture elle-même donne de la chose (Romains 11.30-32). L’Apôtre, s’adressant aux Gentils qui avaient été précédemment païens, dit : « Or, comme vous avez été vous-même autrefois rebelles à Dieu, et que maintenant vous avez obtenu miséricorde par la rébellion de ceux-ci ; ceux-ci tout de même sont maintenant devenus rebelles, afin qu’ils obtiennent aussi miséricorde par la miséricorde qui vous a été faite. Car Dieu les a tous renfermés sous la rébellion, afin de faire miséricorde, à tous. » C’était la volonté de Dieu que le monde entier, Juifs et Gentils, fussent enveloppés dans une incrédulité visible et avouée, afin que la miséricorde de Dieu et le salut accompli par Jésus-Christ en faveur d’eux tous ressortissent mieux. Car l’apôtre ne parle pas seulement de cette incrédulité commune au peuple de Dieu qui faisait profession de le craindre, et aux autres, mais de celle qui est apparente et visible, de celle dans laquelle les Juifs tombèrent quand ils rejetèrent ouvertement Jésus-Christ, et cessèrent d’être un peuple servant Dieu. L’Apôtre remarque que les Gentils furent d’abord enveloppés dans une incrédulité avouée, et engagés dans une opposition ouverte à la vraie religion avant la venue de Christ, pour préparer leur vocation qui suivit bientôt après, afin que la miséricorde de Dieu à leur égard fût rendue d’autant plus sensible ; et que les Juifs furent rejetés et apostasièrent pour préparer la voie de ces mêmes Juifs dans les derniers jours. Afin qu’il pût être dit de toutes les nations, Juifs et païens, qu’ils sont rachetés par Christ de leur condition d’étrangers à la république d’Israël, de leur condition de gens sans espérance et sans Dieu au monde.
Nous ne pouvons pas déterminer avec précision le temps auquel les nations des Gentils apostasièrent pour s’abandonner à une incrédulité avouée et universelle. C’est peu à peu qu’elles le firent comme nous l’avons déjà remarqué. L’apostasie était générale du temps d’Abraham, mais pas universelle, puisqu’il est parlé de Melchisédec, un des rois de Canaan, qui était sacrificateur du Dieu Très-Haut. Et après cette époque la vraie religion se conserva pendant quelque temps chez quelques-uns des descendants d’Abraham, en dehors de la famille de Jacob ; ainsi que chez quelques descendants de Nacor, comme nous le voyons par Job, ses trois amis et Elihu. Le pays de Huts, où Job vivait, était possédé par Huts, fils de Nacor, frère d’Abraham, dont il est question (Genèse 22.21). Bildad le Suhite était descendant de Suah, fils d’Abraham par Kétura (Genèse 25.1) ; et Elihu le Buzite descendait de Buz, fils de Nacor frère d’Abraham. Ainsi la vraie religion se conserva parmi quelques autres peuples en dehors des Israélites, pour quelque temps, après Abraham. Mais cela ne dura pas longtemps, et il est probable que leur apostasie complète, pour s’abandonner à l’idolâtrie, eut lieu vers l’époque où Dieu fit sortir les enfants d’Israël d’Egypte pour le servir. Car il leur est souvent rappelé à cette occasion, que Dieu les a maintenant mis à part pour lui être un peuple particulier, ou pour être distingués de toutes les autres nations de la terre, pour être son peuple unique, pour être sa portion, tandis que les autres étaient rejetés. Tout cela semble impliquer que Dieu les choisit d’une manière qui indiquait ouvertement qu’il rejetait toutes les autres nations du monde, que Dieu vint prendre, d’une manière visible, demeure au milieu d’eux, laissant de côté tous les autres peuples. De même que la première vocation des Gentils fut suivie de la réjection des Juifs, ainsi la première vocation des Juifs pour être le peuple de Dieu, lorsqu’ils quittèrent l’Egypte, fut suivie de la réjection des Gentils.
De sorte que toutes les nations de la terre, sauf les Israélites et ceux qui s’incorporèrent à eux, furent abandonnés à l’idolâtrie, et demeurèrent dans cet état jusqu’à la venue de Christ : environ quinze cents ans. Ils furent enveloppés dans l’incrédulité pendant une si longue période, pour fournir une preuve concluante de la nécessité d’un Sauveur, afin qu’il pût être évident et hors de doute, après une si longue épreuve, que l’humanité était complètement impuissante pour se délivrer de cette obscurité profonde, de cette misère, de cet esclavage du diable auquel ils étaient soumis. Ainsi il fut démontré que toute la sagesse des philosophes païens ne pouvait les tirer de leur obscurité, et cela à la plus grande gloire de Christ qui à sa venue les a éclairés et délivrés par son glorieux Évangile. Dieu manifeste son admirable sagesse en préparant ainsi la voie pour la rédemption chrétienne. C’est ce que nous enseigne l’Écriture : « Car, puisqu’en la sagesse de Dieu, le monde n’a point connu Dieu par la sagesse, le bon plaisir de Dieu a été de sauver les croyants par la folie de la prédication (1 Corinthiens 1.21). »
Une autre chose faite ensuite en vue de la rédemption, ce fut la proclamation de la loi morale d’une manière si terrible sur le mont Sinaï. Ce fut là quelque chose de nouveau que Dieu fit. « Aucun peuple a-t-il jamais entendu la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme tu l’as entendue, et qu’il soit demeuré en vie (Deutéronome 4.33) ? Ce fut une grande chose, soit que nous la considérions comme une nouvelle proclamation de l’alliance des œuvres, ou comme une règle de vie.
L’alliance des œuvres fut alors manifestée comme un pédagogue pour conduire à Christ ; non seulement à l’usage de cette nation sous l’Ancien Testament, mais à l’usage de l’Église de Dieu à travers tous les âges du monde. C’est un moyen dont le grand Rédempteur se sert pour convaincre les hommes de leur péché et de leur misère, afin de leur faire comprendre leur état désespéré, ce que la majesté et la justice de Dieu comme législateur a de terrible et d’effrayant, pour leur faire sentir le besoin de Christ comme Sauveur. Cette œuvre de la rédemption, pour ce qui est de ses fruits pour l’âme humaine et dans tous ses développements, ne se poursuit jamais sans l’emploi de cette loi donnée au Sinaï.
Elle fut donnée d’une manière effrayante, avec une voix terrible, si haute et si effrayante que tout le monde, dans le camp, trembla. Moïse lui-même, bien qu’ami intime de Dieu, partagea l’impression générale et s’écria : Je suis épouvanté et tout tremblant. La voix était accompagnée de tonnerres et d’éclairs, la montagne était en feu, et la terre elle-même était ébranlée et tremblait. Cela fut fait pour faire sentir à tout le monde combien grandes étaient cette autorité, cette puissance et cette justice chargées de veiller à l’accomplissement et à l’exécution de cette loi, et combien terrible serait la colère de Dieu contre le transgresseur ; afin que les hommes voyant toutes ces choses pussent examiner soigneusement leur propre cœur, et apprendre combien il était impossible pour eux d’obtenir le salut par les œuvres de la loi, et voir ensuite le besoin absolu d’un médiateur.
Si nous considérons la loi donnée au Sinaï, non comme une alliance d’œuvres mais comme une règle de vie, elle est employée par le Rédempteur, depuis ce temps jusqu’à la fin du monde, comme un indicateur pour son peuple, destiné à leur montrer le chemin par lequel ils doivent marcher s’ils veulent parvenir au ciel ; car une obéissance sincère et complète à cette loi est le chemin étroit qui conduit à la vie.
Une autre chose à remarquer dans cette époque, c’est que Dieu donna la loi typique dont les préceptes ne faisaient pas proprement partie de la loi morale. Les lois communément appelées cérémonielles, prescrivant les cérémonies et les arrangements du culte juif, et leurs affaires ecclésiastiques, n’étaient pas seules typiques. Les lois politiques gouvernant la république d’Israël, et qu’en appelle communément judiciaires, l’étaient aussi. La promulgation de cette loi typique fut une grande dispensation de Dieu dans cette époque pour l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption. Il y avait eu avant cela plusieurs événements providentiels et typiques représentant Christ et sa rédemption, ainsi que quelques ordonnances typiques, particulièrement le sacrifice et la circoncision ; mais maintenant, au lieu de préfigurer le grand Rédempteur dans un petit nombre d’institutions, Dieu proclame une législation pleine d’images et de types des biens à venir. Par ce moyen-là l’attention de la nation entière était annuellement, mensuellement, journellement, attirée sur quelque chose se rapportant à Christ, dans les cérémonies religieuses, dans tout ce qu’ils faisaient, soit dans l’Église, soit dans l’Etat. Une cérémonie représentait ou une doctrine ou un privilège, une autre un autre, de sorte que par cette loi la nation entière devint un grand type. De cette manière l’Évangile fut abondamment prêché dans cette nation ; on trouverait à peine une de ses doctrines qui n’ait été spécialement enseignée et préfigurée par quelque cérémonie de cette loi, bien que ce fût une ombre à travers un voile, de même que Moïse couvrit d’un voile sa figure éclatante. Tous les préceptes concernant la construction du tabernacle dans le désert, sa forme, ses détails et ses ustensiles, rentrent dans cette loi typique.
Vers cette époque la première Parole de Dieu écrite fut donnée à l’Église. Ce fait marque un progrès important dans le développement de l’œuvre de la rédemption, un grand pas dans la construction de l’édifice. Ce fut là le commencement de cette règle écrite que. Dieu a donnée pour régler la foi, le culte et la vie jusqu’à la fin du monde. Cette règle se compléta, on y ajouta, pendant plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’elle fut complète et que le canon des Écritures fut fermé par Jean. Il importe peu que les dix commandements écrits du doigt de Dieu sur les tables de pierre aient été la première Parole écrite, ou bien le livre de Job ; il importe tout aussi peu de savoir si ce livre a été écrit par Moïse, comme le supposent quelques-uns, ou par Elihu, ainsi que d’autres le prétendent. S’il a été écrit par Elihu, cela doit avoir eu lieu antérieurement à cette période, mais pas très longtemps avant, quand on considère de quelle famille étaient les personnes dont il fait mention, ainsi que le grand âge de Job.
La Parole écrite est le principal instrument auquel Christ a recours pour avancer l’œuvre de la rédemption à travers tous les âges. Il était nécessaire maintenant que la Parole de Dieu fût écrite pour servir de règle permanente à l’Église. Jusqu’alors elle avait reçu la Parole par tradition, soit immédiatement de la bouche des hommes inspirés, contemporains, soit par tradition des générations précédentes qui pouvaient la transmettre assez fidèlement dans les âges antérieurs à celui-ci, vu la longueur de la vie humaine. Noé pouvait avoir vu Melchisédec qui vivait du temps d’Adam, et avoir reçu de lui certaines traditions ; et Noé vécut environ jusqu’au temps d’Abraham, et les fils de Jacob vécurent assez longtemps pour transmettre à leurs descendants en Egypte les révélations faites à Abraham, Isaac et Jacob. Mais le temps qui séparait de la création était maintenant devenu très long et la vie des hommes très courte, — elle fut réduite à la longueur présente, environ du temps de Moïse ; — ensuite Dieu avait mis à part une nation pour lui être un peuple particulier et garder ses oracles, de sorte qu’il jugea le moment venu de faire écrire sa Parole pour être dorénavant une règle permanente à travers tous les siècles. C’est pourquoi, outre le livre de Job, Christ écrivit les dix commandements de son propre doigt sur des tables de pierre. Ainsi la loi entière, qui contenait la substance des cinq livres de Moïse, fut écrite par l’ordre spécial de Dieu. On l’appela le Livre de la Loi ; il fut déposé dans le tabernacle pour servir à l’usage de l’Église (Deutéronome 31.24-26).
Dieu se plut alors à représenter admirablement la marche de l’Église des rachetés, à travers le monde, vers les héritages éternels, par le voyage des enfants d’Israël à travers le désert d’Egypte, vers le pays de Canaan. Toutes les diverses phases de la rédemption de l’Église par Jésus-Christ furent représentées depuis le commencement de l’œuvre jusqu’à sa consommation dans la gloire. La condition dont les chrétiens sont rachetés est représentée par l’Egypte et la servitude qu’ils eurent à endurer, dont ils finirent par sortir. Le rachat de la rédemption fut représenté par le sacrifice de l’agneau pascal qui fut offert la nuit que Dieu frappa les premiers-nés de l’Egypte. Le commencement de l’application de l’œuvre de la rédemption de l’Église, dans l’acte de la conversion, fut représenté par la sortie d’Egypte et par le passage de la mer Rouge, qui eut lieu d’une manière si extraordinaire et si miraculeuse. Le voyage des Israélites à travers le désert fut l’image du voyage de l’Église à travers ce monde mauvais, et des divers changements par lesquels elle passe. La marche des Israélites, au moyen du nuage pendant le jour et de la colonne de feu pendant la nuit, préfigurait celle de l’Église sous la conduite du Seigneur. La manne qu’ils recevaient du ciel et l’eau qui sortait du rocher, étaient une image de la nourriture spirituelle de l’Église et des communications journalières qu’elle reçoit de Dieu. Les serpents volants du désert représentaient les dangers que les fidèles rencontrent dans le monde. Les combats avec les Amalécites et autres étaient un type des luttes de l’Église contre ses ennemis. On pourrait citer encore beaucoup d’autres détails qui tous furent des images vivantes de ce qui arrive à l’Église et aux fidèles dans tous les âges du monde. Le caractère typique de tous ces événements est mis hors de doute par 1 Corinthiens 10.11. « Or, toutes ces choses leur arrivaient en exemple, et elles sont écrites pour notre instruction, comme étant ceux auxquels les derniers temps sont parvenus. » L’Apôtre parle ici précisément de ces choses qui viennent de nous occuper, et il dit expressément qu’elles leur arrivèrent en type, ainsi que nous le voyons par l’original.
Il est une autre chose que nous ne devons pas omettre, et qui fut, pendant cette période, une dispensation remarquable de la Providence, concernant l’humanité entière : le raccourcissement de la vie humaine. Elle était de neuf cents à mille ans ; elle fut réduite à soixante-dix ou quatre-vingts. La vie de l’homme commença à être raccourcie immédiatement après le déluge. La première génération descend à six cents, la seconde entre quatre et cinq cents. Ainsi la vie humaine devint graduellement toujours plus courte, jusque vers l’époque de la grande mortalité qu’il y eut en Israël, par suite de leurs murmures, en entendant le rapport des espions, quand leurs corps tombèrent dans le désert, et que tous les hommes de guerre périrent. Alors la vie humaine fut réduite à la longueur présente, comme l’observe Moïse dans le Psaume qu’il composa à l’occasion de cette mortalité. « Les jours de nos années reviennent à soixante-dix ans, et s’il y en a de vigoureux, à quatre-vingts ans ; même le plus beau de ces jours n’est que travail et tourment ; et il s’en va bientôt, et nous nous envolons. (Psaumes 90.10) »
Ce grand raccourcissement de la vie humaine tendit à préparer les hommes à courte vie à recevoir, avec d’autant plus de joie, l’heureuse nouvelle de la vie éternelle, mise en lumière par l’Évangile, et à accueillir le Sauveur qui acquiert et offre une si grande bénédiction. Si les hommes vivaient toujours environ neuf cents ans, combien ils seraient portés à faire encore moins de cas de l’offre d’une vie à venir ; combien plus grande serait la tentation de se laisser absorber par les choses de ce monde, et d’oublier une vie différente de celle-ci. Cette longueur de la vie contribua probablement à augmenter beaucoup la méchanceté des hommes d’avant le déluge. Mais aujourd’hui combien plus puissants sont les motifs de rechercher la rédemption et une vie meilleure que celle-ci, puisqu’elle n’est pas même le douzième de ce qu’elle était autrefois, et que tous les hommes de nos jours meurent à l’âge où autrefois on commençait seulement à s’établir dans le monde.
Dieu poursuivit encore son œuvre en préservant ce peuple, du sein duquel Jésus-Christ devait procéder, d’une destruction totale dans le désert, par un miracle permanent qui dura quarante ans. J’ai déjà fait remarquer comment Dieu préserva miraculeusement ceux dont Christ devait descendre : Noé et sa famille du déluge, Abraham, Isaac, Jacob et leur famille, contre les impies habitants de Canaan ; Jacob et sa famille qu’il sauva au milieu de la famine par le songe de Joseph. Mais la préservation des Israélites dans le désert fut, à quelques égards, plus remarquable que tout cela : ce fut un miracle permanent d’une très longue durée. Il y avait d’abord, ainsi qu’on peut le calculer, deux millions d’âmes ; mais si le secours miraculeux ne leur avait pas été accordé, ils auraient tous péri dans moins d’un mois ; pas un n’aurait été laissé de reste. Toutefois, cette immense multitude vécut quarante ans dans un désert, sans semer, sans moissonner, sans labourer la terre ; le pain leur tombait du ciel chaque jour, un rocher leur fournissait de l’eau ; et les habits qu’ils avaient en sortant d’Egypte leur servirent pendant tout ce temps. Il n’y eut jamais un exemple semblable d’une nation préservée ainsi pendant si longtemps. C’est ainsi que Dieu maintint son Église par un miracle permanent, et qu’il fit vivre ce peuple qui portait dans son sein la grande bénédiction, le Rédempteur du monde.
Dieu jugea bon, pendant ce temps-là, de révéler de nouveau Christ, le Rédempteur, dans les prophéties le concernant. Trois prophéties méritent particulièrement d’être prises en considération. La première est celle de Balaam : « Je le vois, mais non pas maintenant ; je le regarde, mais non pas de près. Une étoile est procédée de Jacob, et un sceptre s’est élevé d’Israël ; il transpercera les coins de Moab, et détruira tous les enfants de Seth. Edom sera possédé, et Séhir sera possédé par ses ennemis, et Israël se portera vaillamment. Et il y en aura un de Jacob qui dominera, et qui fera périr le résidu de la ville. (Nombres 24.17-19). » C’est là une prophétie de Christ plus claire qu’aucune des précédentes, surtout pour ce qui est de son office de roi. Mais nous en avons une autre que Dieu donna à Moïse, encore plus claire, surtout pour ce qui est de son office de prophète. « Je leur susciterai un prophète comme toi, d’entre leurs frères, et je mettrai mes paroles en sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui aurai commandé (Deutéronome 18.18). » C’est là une prophétie de Christ plus claire qu’aucune de celles qui l’ont précédée ; car elles étaient toutes dans un langage figuré et mystique. La première prophétie était que la semence de la femme écraserait la tête du serpent. — Les promesses à Abraham, Isaac et Jacob, qu’en leur semence toutes les familles de la terre seraient bénies, — étaient aussi mystiques ; elles n’étaient pas non plus si spéciales, parce que l’expression la semence est très générale, et n’est pas clairement restreinte à une personne déterminée. — La prophétie de Jacob bénissant Juda (Genèse 49.8), est dans un langage mystique ; c’est le cas aussi de celle de Balaam, qui parle de Christ sous l’expression figurée d’une étoile ; mais celle-ci est une prophétie très claire, qui n’est nullement obscurcie par un langage mystique. Cette prophétie de Christ renferme plusieurs choses. Il est question de ses fonctions de Médiateur en général. Il est révélé comme quoi il sera une personne qui se tiendra entre eux et Dieu, être d’une majesté si terrible et d’une justice telle qu’il leur serait impossible de venir à Lui, et d’avoir avec Lui des rapports immédiats, sans un Médiateur, parce que s’ils venaient vers ce Dieu vengeur sans intermédiaire, ils mourraient : Dieu serait pour eux un feu consumant. Il y a eu aussi une révélation spéciale de Christ en tant que prophète : Je susciterai d’entre tes frères un prophète semblable à toi ; etc. Il est révélé quelle espèce de prophète il sera, un prophète semblable à Moïse, qui était le chef et le conducteur de tout le peuple, et qui, sous la direction de Dieu, avait été leur libérateur pour les faire sortir de la maison de servitude. Il était le berger par le moyen duquel Dieu les avait conduits à travers la mer Rouge et le désert, leur intercesseur auprès de Dieu, et en même temps prophète et roi dans l’assemblée du peuple ; car Moïse avait un pouvoir royal au milieu d’eux. Il est dit de lui : « Il a été roi entre les hommes droits (Deutéronome 33.5) ; » il était le prophète dont Dieu s’était servi pour édifier son Église et lui donner ses instructions sur le culte. Voilà comment Christ devait être un prophète semblable à Moïse, de sorte que c’est à la fois la prophétie de Christ la plus claire et la plus complète qu’il y eut eu depuis le commencement du monde.
La prophétie venant ensuite a rapport à la vocation des Gentils après la venue de Christ (Deutéronome 32.21). C’est là une prophétie bien claire de la réjection des Juifs et de la vocation des Gentils. Comme ils ont excité Dieu à jalousie par ce qui n’était pas Dieu, en le rejetant et en prenant à sa place ceux qui n’étaient pas dieux, Lui déclare qu’il les excitera aussi à jalousie en les rejetant, et en prenant à leur place d’autres nations qui n’avaient pas été son peuple. L’apôtre Paul parle de cette prophétie comme commençant la vocation des Gentils. « Mais je demande : Israël ne l’a-t-il point connu ? Moïse le premier dit : Je vous exciterai à la jalousie par celui qui n’est point peuple ; je vous exciterai à la colère par une nation destituée d’intelligence. Et Esaïe s’enhardit tout-à-fait, et dit : J’ai été trouvé de ceux qui ne me cherchaient point, et je me suis clairement manifesté à ceux qui ne s’enquéraient point de moi (Romains 10.19-20). »
Ainsi vous voyez comment la lumière de l’Évangile, qui commença à poindre immédiatement après la chute, augmente graduellement plus nous approchons du temps de Christ.
Un autre événement dont Dieu se servit pour avancer son œuvre dans ce temps-là, fut le don remarquable qu’il fit de son Esprit à la jeune génération dans le désert. Ceux qui, au moment de la sortie d’Egypte étaient âgés de vingt ans et au-dessus, étaient des hommes de col raide et méchants. Ils n’abandonnèrent jamais complètement l’idolâtrie et la méchanceté qu’ils avaient apportées d’Egypte (Exod.20.6-8). Aussi firent-ils le veau d’or en imitation de l’idolâtrie des Egyptiens, qui rendaient un culte à un taureau ou bœuf ; c’est pourquoi le bétail est appelé l’abomination des Egyptiens, c’est-à-dire leur idole. Dieu fut très courroucé contre cette génération, et il jura, dans sa colère, qu’ils n’entreraient point en son repos. Mais la génération plus jeune de ceux qui étaient au-dessous de vingt ans quand ils sortirent d’Egypte n’était pas ainsi. « Et quant à vos petits enfants, dont vous avez dit qu’ils seraient en proie, je les y ferai entrer, et ils sauront quel est ce pays que vous avez méprisé (Nom.14.31). » Ce fut là la génération avec laquelle Dieu renouvela son alliance, ainsi que cela est raconté dans le Deutéronome, et qui entra dans le pays de Canaan. Dieu se plut à faire de cette génération un peuple à sa gloire ; ils se distinguaient par leur piété, comme cela se voit par plusieurs choses rapportées d’eux en particulier. « Va, et crie, ceux de Jérusalem l’entendant, et dis : ainsi a dit l’Éternel : Il me souvient pour l’amour de toi de la compassion que j’ai eue pour toi en ta jeunesse, et de l’amour de tes épousailles, quand tu venais après moi dans le désert, dans un pays qu’on ne sème point. Israël était une chose sainte à l’Éternel ; c’étaient les prémices de son revenu ; tous ceux qui le dévoraient étaient trouvés coupables, il leur en arrivait du mal, dit l’Éternel (Jérémie 2.2-3). » Ici, il est question, avec beaucoup d’éloges, de la génération qui suivit Dieu dans le désert, comme très distinguée par sa sainteté. Leur amour pour Dieu est aussi grand que celui d’une épouse au festin des noces, quand ils le suivent à travers ce terrible désert, après être retournés en arrière depuis Kadés-Barné ; toutefois, ils ne murmurèrent jamais contre Dieu, comme avaient fait leurs pères ; leurs épreuves eurent sur eux un effet tout contraire : elles les réveillèrent, les convainquirent, les humilièrent et les, préparèrent à être l’objet d’une grande miséricorde. Ils furent réveillés par les terribles jugements de Dieu, qui fit tomber les cadavres de leurs pères dans le désert. Dieu accompagna ces dispensations providentielles, si propres à les rendre attentifs, leur propre voyage, et les prédications que Moïse leur adressait dans le désert, d’une effusion de son esprit : ce qui les conduisit à voir la méchanceté de leur propre cœur, à s’humilier, de sorte que des multitudes d’entr’eux finirent par être converties. « Et qu’il te souvienne de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton Dieu, t’a fait marcher durant ces quarante ans dans le désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour connaître ce qui était en ton cœur, si tu garderais ses commandements ou non. Il t’a donc humilié, et t’a fait avoir faim ; mais il t’a repu de la manne, laquelle tu n’avais point connue, ni tes pères aussi ; afin de te faire connaître que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais que l’homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de Dieu (Deutéronome 8.2-3). » « Qui t’a fait marcher par ce désert grand et terrible ; désert de serpents, même de serpents brûlants et de scorpions, aride, où il n’y a point d’eau ; et qui t’a fait sortir de l’eau d’un rocher qui était un pur caillou (Deutéronome 8.15). » C’est pourquoi il est dit : « Je t’ai connu au désert, en une terre aride (Osée 13.5). » Dieu les attira à lui, les conduisit dans ce désert, et leur parla d’une manière encourageante selon ce qui avait été prédit (Osée 2.14).
Ces terribles jugements, exécutés dans l’assemblée, après leur départ de Kadés-Barné, dans l’affaire de Coré et dans celle de Péhor, tombèrent surtout sur la vieille génération que Dieu consuma dans le désert. Ces révoltes avaient lieu principalement parmi les plus âgés de l’assemblée, qui s’abandonnaient aux passions de leurs cœurs ; ils marchaient d’après leurs désirs, et par leur conduite ils fatiguèrent Dieu pendant quarante ans dans le désert.
Toute l’histoire de la jeune génération montre qu’elle se distinguait par sa piété. La génération précédente était impie et n’eut que des malédictions, mais celle-ci fut sainte, et d’admirables bénédictions furent son partage. Dieu fit de grandes choses pour eux ; il combattit pour eux et leur donna la possession de Canaan. C’est ainsi que Dieu agit quand il a de grandes faveurs à accorder à un peuple ; il commence par les préparer pour ces grâces, après quoi il les accorde. C’est ce qui eut lieu ici ; ils crurent en Dieu et par la foi ils triomphèrent de Sihon et de Hog, ainsi que des géants de Canaan : ils sont félicités de s’être attachés à l’Éternel. Josué leur dit : « Mais attachez-vous à l’Éternel votre Dieu, comme vous avez fait jusqu’à ce jour (Josué 23.8). » Mais après la mort de Josué et de cette génération il en survint une autre qui ne connaissait pas l’Éternel. Cette pieuse génération montra dans plusieurs circonstances un zèle louable et fervent pour Dieu, à l’occasion du péché d’Hacan, et surtout quand on soupçonna les deux tribus et demie d’avoir élevé un autel en opposition à celui des holocaustes. Il n’y eut jamais en Israël d’autre génération dont on rapporte tant de bien et si peu de mal. Il faut remarquer encore que c’est pendant cette génération qu’eut lieu, pour la seconde fois, une circoncision générale, qui eut pour effet de mettre Israël à l’abri de tout reproche et de le rendre pur. Plus tard, quand ils furent souillés par Hacan, ils se purifièrent eux-mêmes.
Les hommes de la génération précédente étaient morts, et Dieu ayant sanctifié pour lui-même la génération présente, il renouvela solennellement son alliance avec eux, comme cela est raconté dans le 29e chap. du Deutéronome. Nous voyons que ces renouvellements solennels de l’alliance étaient ordinairement accompagnés d’une remarquable effusion du Saint-Esprit produisant une réformation générale ; ce fut le cas du temps d’Ezéchias et de Josué. On en est à se demander s’il y eut jamais une époque durant laquelle la religion fut plus florissante dans l’Église des Israélites que pendant cette génération. De même que dans l’Église chrétienne la religion a été le plus florissante au jour de ses noces, du temps des apôtres, il semble en avoir été ainsi de l’Église juive dans les premiers jours de son établissement, du temps de Moïse et de Josué.
Ainsi Dieu dans ce temps-là fit glorieusement avancer l’œuvre de la rédemption au moyen de sa Parole et de son Esprit. Par ce moyen l’œuvre de la rédemption fut avancée, non seulement parce qu’en soi ce fut un cas remarquable de rédemption pratique, mais parce que ce fut le moyen dont Dieu se servit pour établir régulièrement l’Église juive, alors qu’elle observa pour la première fois toutes les cérémonies dans le pays de Canaan suivant les ordres de Dieu. C’est ainsi que l’effusion du Saint-Esprit, au commencement de l’Église chrétienne, fut d’un secours très puissant pour son établissement dans tous les siècles suivants.
Remarquons encore comment Dieu, par le moyen de Josué, introduisit et établit le peuple dans le pays où Christ devait naître, grand type de la Canaan céleste qu’il a acquise par son sang. Josué descendait de la postérité de Joseph, et fut un type remarquable de Christ ; c’est pourquoi il est appelé le Berger, le Rocher d’Israël (Genèse 49.24). En sa qualité de type il eut le nom de Christ. Josué et Jésus ne sont qu’un même nom, l’un hébreu, l’autre grec ; aussi dans le Nouveau Testament, d’abord écrit en grec, Josué est-il appelé Jésus : « Ils le portèrent sous la conduite de Jésus, c’est-à-dire, Josué (Actes 7.45). » « Si Jésus (Josué) les eût introduits dans le repos, jamais après cela il n’eût parlé d’un autre jour (Hébreux 4.8). »
Dieu mit d’une manière miraculeuse le peuple en possession de ce pays, triomphant de ses habitants et des géants puissants, comme Christ triompha du diable. Il vainquit d’abord les puissants rois à l’orient du Jourdain : Sihon, roi des Amorrhéens, et Hog, roi de Basan ; après quoi il sépara en deux le Jourdain comme il avait séparé autrefois la mer Rouge, et fit tomber les murailles de Jéricho, au son de la trompette des sacrificateurs. Ce son de la trompette est une image de la voix de l’Évangile dans la prédication de ses ministres ; les murailles de Jéricho, la cité maudite, représentent les remparts du royaume de Satan. Après cela il détruisit miraculeusement la puissante armée des Amorrhéens conduite par cinq rois, arrêtant le soleil et la lune, pour assister le peuple contre ses ennemis à la prière de Jésus typique. Dieu montra clairement par là que la nature entière serait subordonnée à l’œuvre de la rédemption et que tout concourrait à la prospérité du peuple racheté.
Ainsi Christ montra son grand amour pour son peuple, en interrompant le cours de la nature dans l’intérêt de leur bonheur et de leur prospérité ; il montra par là que le soleil et la lune, et que toutes les choses visibles et invisibles étaient à eux en vertu de son rachat. En même temps Christ combattit comme le capitaine de leur armée, il lança de la grêle contre leurs ennemis, de sorte qu’il en périt plus de cette manière que par l’épée des Israélites. Après quoi Christ leur fit remporter une grande victoire sur une armée encore plus puissante qui s’était rassemblée dans le nord du pays, près des eaux de Merom, aussi nombreuse que les sables de la mer (Josué 11.4).
Ainsi Dieu donna au peuple, duquel Christ devait procéder, le pays dans lequel il devait naître, vivre, prêcher, faire des miracles, mourir et ressusciter, pour ensuite monter aux cieux, dont cette contrée était un grand type.
Dieu fit encore une autre chose dans l’intérêt de l’œuvre de la rédemption ; il fit mettre en pratique par le peuple une forme de culte déterminé, selon ce qu’il avait arrêté auparavant dans le désert. Ce culte fut établi au mont Sinaï, pour préparer la voie à la venue de Christ ; ses innombrables ordonnances cérémonielles étaient autant de types de Lui et de sa rédemption. Mais il y avait beaucoup de portions de leur culte qui ne pouvaient pas être observées dans le désert, par suite de l’état transitoire dans lequel ils étaient. Il y avait plusieurs préceptes concernant le pays de Canaan, qui ne pouvaient être mis en pratique que lorsqu’ils seraient arrivés dans ce pays. Mais maintenant que cela a eu lieu, Dieu place son tabernacle au milieu de son peuple, comme il le leur avait déjà promis. (Lévitique 26.11). Je mettrai mon tabernacle au milieu de vous. Le tabernacle fut établi à Silo (Josué 18.1). On désigna leurs fonctions aux sacrificateurs et aux lévites, on fixa les villes de refuge, et le peuple entier fut mis en état d’observer les fêtes des premiers fruits, celle de la moisson, de porter la dîme et de sacrifier à Dieu les offrandes déterminées. La plupart des cérémonies du culte furent dès lors observées, excepté quelques-unes qui ne le furent que plus tard.
Ensuite Dieu préserva miraculeusement ce peuple à partir de ce temps-là, lorsque tous les hommes montaient trois fois par an au lieu où se trouvait l’arche de l’Éternel. Le peuple d’Israël était généralement entouré d’ennemis cherchant toutes les occasions de les détruire et de les déposséder de leur pays. Jusqu’au temps de David, il resta dans la contrée beaucoup de Cananéens, et d’autres habitants antérieurs qui furent des ennemis acharnés des Israélites. Ils avaient trois fois l’an une belle occasion de parcourir le pays, de s’emparer des villes, pendant que les femmes et ceux qui n’étaient pas en état de faire la course étaient seuls laissés en arrière. Et pourtant ils furent admirablement préservés à cette époque pendant toute la génération, conformément à la promesse. « Car je déposséderai les nations de devant toi, et j’étendrai tes limites, et nul ne convoitera ton pays lorsque tu monteras pour comparaître, trois fois l’an, devant l’Éternel ton Dieu (Exode 34.24) ». C’est ainsi que Dieu régla admirablement toutes choses et agit sur le cœur de leurs ennemis. Ils étaient pleins de haine contre Israël, ils désiraient les déposséder de leur pays, et ils avaient souvent une si belle occasion, que toute la contrée était ouverte et privée de tous ceux en état de leur résister. Ils n’avaient qu’à aller et à prendre possession, et pourtant nous ne lisons jamais dans toute leur histoire que leurs ennemis aient profité de ces occasions. Ce n’est rien moins qu’un miracle continu que Dieu, pour le salut de son Église, accomplit pendant tant de générations. Ce fut là certainement une admirable dispensation de la Providence pour avancer le grand plan de la rédemption.
Dieu préserva son Église et la vraie religion d’une extinction complète dans les nombreuses apostasies des Israélites du temps des Juges. Combien ce peuple était prompt à oublier, pour retomber dans l’idolâtrie, le vrai Dieu, qui avait fait en leur faveur des choses si admirables ! Et comme le pays, de temps à autre, sembla être presque entièrement envahi par elle ! Pourtant Dieu ne permit jamais que la vraie religion fût complètement abolie, son tabernacle resta debout, l’arche fut conservée, le livre de la loi fut préservé de la destruction, la sacrificature fut maintenue, et Dieu eut toujours une Église au milieu de son peuple. A plusieurs reprises, alors qu’il semblait en être fini de la religion, Dieu accorda un réveil, envoya quelque ange, ou suscita quelque homme distingué pour être un instrument de leur réformation.
Dieu préserva ce peuple de la destruction, bien qu’ils fussent souvent vaincus et réduits en esclavage par leurs ennemis. C’est un miracle, non seulement que la vraie religion n’ait pas été complètement perdue, et par là même l’Église détruite, mais aussi que la nation même, dans le sein de laquelle cette Église se trouvait, n’ait pas été complètement détruite, tant ils furent de fois subjugués par leurs ennemis. Une fois ils furent subjugués par Cusan-Rischathayim, roi de Mésopotamie ; une autre, ils tombèrent au pouvoir des Moabites ; aujourd’hui ils sont vendus en la main de Jabin, roi de Canaan ; plus tard ils passent sous la domination des Madianites ; un jour ils sont tourmentés par les Ammonites, un autre parles Philistins. Et pourtant, au milieu de tous ces dangers, Dieu les préserva d’une ruine totale. De temps à autre, quand les choses en venaient à une extrémité, et que Dieu voyait qu’ils étaient sur le penchant de leur ruine, il suscitait un libérateur selon la promesse. « Mais l’Éternel jugera son peuple, et se repentira en faveur de ses serviteurs, quand il verra que la force s’en sera allée, et qu’il n’y aura rien de reste, rien de serré, ni de délaissé (Deutéronome 32.36). » Le Psalmiste fait une description très belle et très vivante d’une dispensation si remarquable de la Providence, dans Psaumes 106.34 et suivants. Ces libérateurs étaient tous des types de Christ, le grand Rédempteur et libérateur de son Église, et plusieurs l’ont été d’une manière très frappante, comme Barac, Jephthé, Gédéon, Samson ; dans beaucoup de détails, surtout Samson.
Il est à remarquer que quand Christ apparut pour diriger les affaires de l’Église, pendant cette époque, il apparut souvent sous la forme de cette nature qu’il prit à son incarnation. C’est ainsi qu’il semble avoir apparu maintes fois à Moïse, et particulièrement à cette époque où Dieu lui parla face à face, comme un ami parle à son ami, et qu’il vit la manifestation de l’Éternel (Nombres 12.8), après l’avoir supplié de lui montrer sa gloire, ce qui fut la vision la plus remarquable qu’il eut jamais de Christ. Moïse eut une double révélation de Christ, une spirituelle, par la parole qui fut proclamée. « Comme donc l’Éternel passait devant lui, il cria : L’Éternel, l’Éternel, le Dieu fort, pitoyable, miséricordieux, tardif à colère, abondant en gratuité et en vérité (Exod.34.6). » — L’autre fut extérieure, celle que Moïse eut quand Christ passa et le mit dans une fente de rocher. Il vit sans doute une magnifique forme humaine, sous laquelle Christ lui apparut, et probablement cette forme humaine glorifiée, sous laquelle il devait se montrer plus tard. Il ne vit pas sa face, car il n’est pas supposable qu’un homme pût contempler la gloire présente de la nature humaine de Christ, et vivre.
Ainsi ce fut sous une forme humaine que Christ apparut aux soixante-dix anciens. « Puis Moïse, Aaron, Nadab, Abihu, et les soixante et dix anciens montèrent ; et il ne mit point sa main sur ceux qui avaient été choisis d’entre les enfants d’Israël ; ainsi ils virent Dieu, et ils mangèrent et burent (Exode 24.9, 11). » Plus tard Christ apparut de même à Josué sous une forme humaine. « Et Josué se fit des couteaux tranchants, et circoncit les enfants d’Israël au côteau des prépuces. Et il dit : Non ; mais je suis le chef de l’armée de l’Éternel, qui suis venu maintenant. Et Josué se jeta sur son visage en terre, et se prosterna et lui dit : Qu’est-ce que mon Seigneur dit à son serviteur (Josué 5.3,14) ? » C’est ainsi qu’il apparut à Gédéon (Juges 6.11), et à Manoah (Juges 13.17-21). Christ apparut à Manoah sous une forme rappelant à la fois son incarnation et sa mort ; elle rappelait son incarnation en ce qu’elle était humaine, et sa mort et ses souffrances étaient représentées par le sacrifice du chevreau et par son ascension dans la flamme du sacrifice, montrant par là qu’il était la grande oblation, qui devait être offerte à Dieu en sacrifice de bonne odeur, dans le feu de la colère de Dieu, comme ce chevreau fut brûlé et s’éleva dans la flamme. C’est ainsi que Christ apparut, de temps à autre, sous la forme de cette nature qu’il devait prendre plus tard, parce que déjà alors il apparut dans le même but et pour accomplir la même œuvre.
Une autre chose se rapportant à l’œuvre de la rédemption, qui eut lieu dans cette époque, ce fut le commencement d’une succession de prophètes, et l’ouverture d’une école de prophètes du temps de Samuel. Il y avait eu quelque chose de cet esprit de prophétie en Israël, après Moïse et avant Samuel. Josué et plusieurs des Juges en avaient une certaine mesure. Débora était une prophétesse ; et plusieurs des grands prêtres furent inspirés de cet esprit, particulièrement Héli. Cet espace de temps n’est pas sans nous offrir des exemples d’hommes mis à part par Dieu, particulièrement pour cet office, et qui pour cela étaient appelés prophètes. Il est question d’un cas de ce genre. « L’Éternel envoya un prophète vers les enfants d’Israël, qui leur dit : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je vous ai fait monter hors d’Egypte, et je vous ai retirés de la maison de servitude (Juges 6.8). » Il semble aussi que nous en avons un exemple. « Or, un homme de Dieu vint à Héli (1 Samuel 2.27). »
Mais avant Samuel, il n’y avait pas en Israël une classe d’hommes mis à part d’une manière permanente, ce manque est remarqué. « Or, le jeune garçon Samuel servait l’Éternel en la présence d’Héli ; et la parole de l’Éternel était rare en ces jours-là, et il n’y avait point d’apparition de visions (1 Samuel 3.1). » Mais avec Samuel commença une succession de prophètes qui se maintinrent d’une époque à l’autre, du moins avec de très courtes interruptions, jusqu’au moment où l’esprit de prophétie cessa, environ du temps de Malachie. C’est pourquoi, dans le Nouveau Testament, Samuel est mentionné comme le chef de cette succession de prophètes. « Et même tous les prophètes, depuis Samuel et ceux qui l’ont suivi, tout autant qu’il y en a eu qui ont parlé, ont aussi prédit ces jours (Actes 3.24). » Après Samuel vinrent Nathan, Gad, Hiddo, Héman, Asaph et autres. Et plus tard, vers la fin du règne de Salomon, il est question d’Ahija ; et du temps de Jéroboam et de Roboam, d’autres encore. C’est ainsi que les prophètes se succédèrent l’un à l’autre, sans interruption, jusqu’à la captivité. Dans les écrits de ces prophètes, conservés dans le canon des Écritures, il est parlé des prophètes comme d’un ordre permanent dans le pays. Il y eut même encore des prophètes du temps de la captivité : Ezéchiel et Daniel ; et après la captivité. : Zacharie, Aggée, Malachie.
Et comme Dieu voulait qu’il y eût, à partir de Samuel, une succession non interrompue de prophètes, il commença une école de prophètes, c’est-à-dire de jeunes hommes formés sous les yeux de quelques grands prophètes, qui étaient leurs maîtres et leurs précepteurs dans l’étude des choses divines et dans la pratique de la sainteté, afin de les préparer à remplir cette charge quand Dieu les y appellerait. Ces jeunes gens étaient désignés par le nom de fils des prophètes, et souvent ils sont appelés prophètes. Ils furent d’abord sous la direction de Samuel. Nous lisons qu’il fut établi sur eux. « Alors Saül envoya des gens pour prendre David, lesquels virent une assemblée de prophètes qui prophétisaient ; et Samuel qui présidait sur eux, se tenait là ; et l’Esprit de Dieu vint sur les hommes envoyés par Saül, et eux aussi firent les prophètes (1 Samuel 19.20). » La compagnie des prophètes dont il est fait mention (1 Samuel 10.5) était la même. — Nous lisons plus tard, qu’ils furent sous les soins d’Elie. Elisée était un de ces fils, mais il souhaita d’avoir une double portion de cet esprit, en qualité de son successeur, comme le fils aîné avait l’habitude d’avoir une double portion des biens paternels. Aussi, quand les fils des prophètes remarquèrent que l’esprit d’Elie reposait sur Elisée, ils se soumirent à lui, et le reconnurent pour leur maître, comme ils avaient fait précédemment pour Elie. « Et quand les fils des prophètes qui étaient à Jérico, vis-à-vis, l’eurent vu, ils dirent : l’esprit d’Elie s’est posé sur Elisée, et ils vinrent au-devant de lui, et se prosternèrent devant lui en terre (2 Rois 2.15). » Elisée étant leur maître ou précepteur, eut alors soin d’eux. « Et après cela Elisée revint à Guilgal. Or, il y avait une famine au pays, et les fils des prophètes étaient assis devant lui. Et il dit à son serviteur : Mets la grande chaudière, et cuis du potage pour les fils des prophètes (2 Rois 4.38). »
Du temps d’Elie et d’Elisée, il y avait plusieurs endroits où résidaient des compagnies de fils des prophètes : comme Béthel, Jérico, Guilgal, à moins que Guilgal et Jérico n’aient été qu’un seul et même endroit ; et peut-être que le collège, où il est dit que la prophétesse Hulda résidait, était un autre de ces endroits à Jérusalem. « Il est dit ici de Hulda qu’elle demeurait à Jérusalem, au collège (2 Rois 22.14). » Ils avaient bâti des maisons aux endroits où ils avaient l’habitude d’habiter ensemble ; aussi ceux de Jérico s’étant multipliés, et trouvant leur maison trop petite pour les contenir, demandèrent la permission à leur maître et précepteur Elisée d’aller couper du bois pour en construire une plus grande (2 Rois 6.1-2). Il y eut à certaines époques des multitudes de ces fils des prophètes en Israël ; car lorsque Jésabel mit à mort les prophètes de l’Éternel, il est dit qu’Abdias en prit cent d’entre eux, et les cacha par cinquantaine dans deux cavernes (1 Rois 18.4).
Ces écoles des prophètes ayant été établies par Samuel, et ensuite continuées par des hommes tels qu’Elie et Elisée, doivent être d’institution divine. Aussi voyons-nous que ces fils des prophètes étaient souvent favorisés d’une certaine mesure d’inspiration pendant qu’ils étaient encore sous les soins d’autrui ; et généralement quand Dieu appelait un prophète à exercer cette charge d’une manière permanente, ou à quelque fonction extraordinaire, il le prenait de ces écoles : pourtant ce n’était pas toujours le cas. Ainsi le prophète Amos parlant de son appel aux fonctions de prophète, déclare qu’il n’avait pas été élevé à l’école des prophètes et qu’il n’était pas un de leurs fils (Amos 7.14-15). La circonstance qu’Amos cite sa vocation comme un fait remarquable, montre que Dieu prenait ordinairement ses prophètes de ces écoles ; en agissant ainsi il ne faisait que bénir sa propre institution.
Or, cette dispensation remarquable de la Providence, le commencement à partir de Samuel, d’une succession de prophètes destinée à durer pendant plusieurs siècles, et à cette fin, l’établissement sous les soins de Samuel d’une école de prophètes destinée à se perpétuer plus tard en Israël, tout cela était fait pour avancer l’œuvre de la rédemption. Car la principale affaire de cette succession de prophètes était d’annoncer Christ et la glorieuse rédemption qu’il devait accomplir, et ainsi de préparer la voie à sa venue. « Tous les prophètes lui rendent témoignage (Actes 3.24 ; 10.43). » « Mais Dieu a ainsi accompli les choses qu’il avait prédites par la bouche de tous ses prophètes, que le Christ devait souffrir (Actes 3.18). »
L’Église de l’Ancien Testament avait un degré de lumière qui ne lui venait pas du soleil directement, mais qui en était réfléchie. Ces prophètes étaient les luminaires réfléchissant la lumière du soleil ; en conséquence ils parlaient beaucoup de Jésus-Christ, comme on le voit par ce que nous avons de leurs prophéties. Ils faisaient leur principale affaire, quand ils étudiaient dans leurs écoles ou collèges ou ailleurs, de s’enquérir de l’œuvre de la rédemption, selon ce que Pierre déclare d’eux : « Duquel salut les prophètes, qui ont prophétisé de la grâce qui était réservée pour vous, se sont enquis et l’ont diligemment recherché ; recherchant soigneusement quand et en quel lieu l’esprit prophétique de Christ, qui était en eux, rendant par avance témoignage, déclarait les souffrances qui devaient arriver à Christ, et la gloire qui les devait suivre (1 Pierre 1.10-11). » Il nous est dit que l’Église du Rédempteur est bâtie sur le fondement des prophètes et des apôtres, Jésus-Christ lui-même étant la principale pierre du coin (Ephés.2.20).
Ce fut là la première chose de cette nature qui eût jamais été faite dans le monde ; elle signale un grand progrès dans le développement de l’œuvre de la rédemption. Il y avait eu précédemment, par occasion, des prophéties de Christ, comme nous l’avons vu ; mais maintenant l’époque de la venue du Rédempteur s’approchant de plus en plus, Dieu jugea bon de mettre à part une classe particulière d’hommes, pour se succéder constamment l’un à l’autre, et dont l’affaire principale serait d’annoncer Christ et sa rédemption, et, comme ses précurseurs, de préparer la voie à sa venue. Et Dieu établit des écoles où des multitudes étaient élevées dans ce but. « Alors je me jetai à ses pieds pour l’adorer ; mais il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis ton compagnon de service et le compagnon de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu ; car le témoignage de Jésus est l’esprit de prophétie (Apocalypse 19.10). »