Matthieu 17.1-9 : Et six jours après — (Luc 9.28 : or il advint, après ce discours, qu’au bout d’environ huit jours), — Jésus prend avec lui Pierre et Jacques et Jean, son frère, et il les conduit sur une haute montagne à l’écart — (Luc 9.28 : pour prier). Là il fut transformé devant eux et son visage brilla comme le soleil, tandis que ses vêtements devinrent blancs comme la lumière — (Marc 9.2-3 : et il fut transformé devant eux et ses vêtements devinrent éblouissants, si blancs qu’il n’est pas de foulon qui puisse ainsi blanchir. Luc 9.29 : et pendant qu’il priait, l’apparence de son visage devint autre et son vêtement blanc comme l’éclair). Et voici Moïse et Elie leur apparurent conversant avec lui — (Luc 9.30-31 : et voici deux hommes conversaient avec lui ; c’était Moïse et Elie qui, apparaissant en gloire, disaient sa fin qu’il allait accomplir à Jérusalem). Mais Pierre prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je ferai ici trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie — (Marc 9.6… il ne savait pas en effet ce qu’il devait dire, car ils avaient été saisis d’effroi. Luc 9.32-33 : or Pierre et ses compagnons étaient appesantis par le sommeil ; mais, quand ils se furent réveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes qui se tenaient avec lui. Et il advint pendant qu’ils se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus : Maître…, ne sachant ce qu’il disait). Comme il parlait encore, voici une nuée lumineuse les couvrit et voici une voix sortant de la nuée dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai pris plaisir. Ecoutez-le ! — (Luc 9.34 : mais pendant qu’il parlait ainsi, une nuée survint et elle les couvrait et ils furent effrayés quand ils entrèrent dans la nuée. Et une voix sortit de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils, l’élu, écoutez-le !) Ce que les disciples ayant ouï, ils tombèrent sur leur visage et furent saisis d’une grande peur. Et Jésus s’approchant d’eux les toucha et dit : Levez-vous et n’ayez point de peur. Et ayant levé les yeux, ils ne virent personne, si ce n’est Jésus seul. Et pendant qu’ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna un ordre, disant : Ne parlez à personne de ce que vous avez vu jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts — (Marc 9.40 : et ils s’attachèrent à cette parole, se demandant entre eux ce que signifiait : ressusciter des morts. Luc 9.36 : et eux se turent et ne rapportèrent rien à personne en ces jours-là, de ce qu’ils avaient vu).
[M. Rilliet traduit : « de cette vision, » et il est certain que το ὅραμα doit être ordinairement traduit ainsi. Nous ne pensons pas cependant que cette traduction soit ici la bonne et pour appuyer notre opinion, qui est du reste l’opinion commune, nous ne saurions mieux faire que de citer les lignes suivantes de Bleek, que nous traduisons : « ὅραμα qui signifie proprement et en général : quelque chose de vu, désigne ordinairement dans la Bible des apparitions intérieures perçues dans un état extatique ou en songe, des visions (מַדִאֶה חָזוֹן). C’est ce dernier sens qu’il a souvent dans les Actes. Actes 7.31 fait seul exception ; toutefois il s’agit dans ce passage d’une apparition miraculeuse, surnaturelle, du buisson ardent que vit Moïse. Il en est de même de Matthieu 17.9 : ὅραμα y désigne ce que les disciples avaient contemplé, sans préciser que ce fût par le moyen d’une vision, mais en impliquant que c’était quelque chose de miraculeux, de surnaturel. Tandis qu’il y a dans Matth. : το ὅραμα, on trouve dans Marc : ἅ εἶδον, et dans Luc : ὡς ἑωράκασιν.]
On ne saurait comprendre cette scène si mystérieuse et si glorieuse sans la méditer en regard de son cadre historique et particulièrement de Matthieu 16.13-27 ; Marc 8.27-38 ; Luc 9.18-26, où nous avons vu Jésus commencer à annoncer ouvertement à ses disciples ses souffrances, sa mort et sa résurrection, — et de Matthieu 17.22-23 ; Marc 9.30-32 ; Luc 9.43-45, où nous le verrons, le lendemain même de sa transfiguration, répéter à ses disciples la même prédiction.
Au reste, la liaison du récit de la Transfiguration avec la première série des versets que nous venons d’indiquer est clairement signalée par les trois Évangélistes eux-mêmes, qui racontent la Transfiguration immédiatement après la mémorable conversation tenue dans les environs de Césarée de Philippe et en liant l’une à l’autre par ces mots : Et six jours après, Jésus prit avec lui… (Matthieu et Marc), ou par ceux-ci : Or il arriva après ce discours qu’au bout d’environ huit jours… (Luc). Il y a plus encore : Luc rapporte expressément que Moïse et Elie conversaient avec Jésus sur la fin qu’il devait accomplir à Jérusalem, et Matthieu et Marc, que Jésus prescrivit aux trois apôtres de ne rien dire à personne de ce qu’ils avaient vu jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité des morts.
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, et Jacques et Jean, son frère, et il les conduit sur une haute montagne à l’écart.
Jésus ne prit donc avec lui que trois de ses disciples, ceux qui étaient les plus avancés dans la foi, — les mêmes qui l’avaient accompagné quand il avait ressuscité la fille du sacrificateur Jaïrus, — les mêmes qui devaient être les seuls témoins de ses angoisses dans le jardin de Gethsémané, — Pierre, qui par l’ardeur de son zèle devait fonder l’Église au milieu des Juifs et des païens, — Jean, à l’âme si aimante et si profonde, qui devait devenir l’aigle des Évangélistes, en retraçant comme nul autre la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, — Jacques, son frère, qui devait être le premier apôtre martyr de sa foi.
Quant à cette haute montagne, elle n’est point nommée, et bien qu’une tradition ancienne et très répandue suppose que c’était celle du Thabor, dont la pyramide s’élève majestueusement au milieu des plaines et des vallées de l’ancienne Galilée, il est probable, d’après le contexte, que c’était une des montagnes de l’Hermon lui-même, dont la plus haute cime s’élève jusqu’à 2800 m et cette opinion est maintenant toujours plus adoptée.
Pendant que Jésus priait, rapporte St. Luc, l’apparence de son visage devint autre et son vêtement blanc comme l’éclair.> — Il fut transformé devant eux, dit St. Marc, et ses vêtements devinrent éblouissants, si blancs qu’il n’est pas de foulon qui puisse ainsi blanchir. — Il fut transformé devant eux, dit St. Matthieu, et son visage brilla comme le soleil, tandis que ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. — Lorsque Moïse redescendit du Sinaï, les deux tables du témoignage entre les mains, son visage était si resplendissant, bien qu’il ne s’en doutât pas lui-même, que les Israélites n’osaient l’aborder (Exode 34.29-35), mais la lumière qui apparut alors aux disciples était encore tout autrement extraordinaire : elle était éclatante comme l’éclair ou le soleil, elle rayonnait du corps entier de Jésus et les vêtements du Seigneur, comme un léger voile, la cachaient à peine.
Pendant que Jésus était ainsi transfiguré, deux hommes apparurent à côté de lui, également dans la gloire, et les disciples purent savoir que c’était Moïse et Elie, — Moïse et Elie, qui avaient quitté la terre : l’un depuis environ neuf siècles, l’autre depuis plus de quatorze, et qui tous les deux l’avaient quittée d’une manière extraordinaire : Moïse après avoir contemplé la Terre promise du sommet du Nébo, et en étant enseveli par l’Éternel lui-même dans un lieu qui ne fut jamais connu ; — Elie qui, sous les yeux de son disciple Elisée, fut enlevé aux cieux par un tourbillon ; — Moïse, le médiateur de l’Ancienne Alliance, le législateur du peuple d’Israël, le représentant de la loi ; — Elie, un des plus grands prophètes et pouvant les représenter tous ; — Moïse et Elie qui tous deux avaient été honorés des plus sublimes visions ; Moïse qui avait dit à l’Éternel : Montre-moi ta gloire, et à qui l’Éternel avait répondu : Je ferai passer toute ma bonté devant ta face (Exode 33.18-19 ; 34.5-7) ; — Elie, qui avait dû reconnaître en Horeb que l’Éternel n’était ni dans le vent impétueux qui fendait les montagnes et brisait les rochers, ni dans le tremblement qui le suivit, ni dans le feu consumant, mais dans le murmure d’une brise légère (1 Rois 19.14-12).
Moïse et Elie conversaient avec le Seigneur et ils parlaient, rapporte St. Luc, de la fin qu’il allait accomplir à Jérusalem. St. Luc ajoute encore que les trois disciples étaient accablés de sommeil, comme en Gethsémané, et que ce fut à leur réveil qu’ils virent la gloire de Jésus et les deux prophètes qui conversaient avec Lui. Ce sommeil s’expliquerait aisément si la scène se passait de nuit, comme on l’a souvent supposé. Il ne saurait, en tout cas, nous étonner qu’autant que nous pourrions nous rendre compte de l’impression physique et morale tout extraordinaire que dut produire sur les trois Galiléens l’événement si subit et si miraculeux dont ils furent alors les témoins privilégiés.
St. Luc est le seul qui parle de ce sommeil, mais Matthieu et Marc rapportent comme lui une parole étrange de l’apôtre Pierre, qui peint le trouble qu’il éprouvait : Seigneur, dit-il, quand il vit Moïse et Elie se séparer de Lui (selon St. Luc), il est bon que nous soyons ici : si tu le veux, je ferai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. — Il ne savait ce qu’il devait dire, observe St. Marc, car ils avaient été saisis d’effroi.
Pierre parlait encore quand apparut une nuée resplendissante qui enveloppa Jésus, Moïse et Elie, et bientôt après, les disciples eux-mêmes (Luc).
Cette nuée resplendissante ou lumineuse était un symbole bien connu des Israélites et elle ne leur annonçait rien de moins que la présence extraordinaire de Celui qui habite une inaccessible lumière. C’était la même nuée au sein de laquelle s’était rendu Moïse, lorsque l’Éternel avait promulgué les dix commandements du haut du Sinaï (Exode 20.24). C’était elle qui avait couvert le tabernacle de l’Ancienne Alliance, aussitôt qu’il avait été achevé dans le désert (Exode 40.34). C’était elle encore qui avait rempli le magnifique temple construit par Salomon, lors de la dédicace de ce temple (1 Rois 8.10-11).
[La présence extraordinaire de l’Éternel fut souvent annoncée sous l’Ancienne Alliance par un signe miraculeux tour à tour obscur ou lumineux, un feu ou une nuée, cette nuée étant elle-même tour à tour obscure ou lumineuse, ou obscure pour les uns et lumineuse pour les autres, ou à la fois obscure et lumineuse pour les uns et pour les autres. Ce signe miraculeux est souvent appelé dans l’Écriture la gloire de l’Éternel et par les rabbins la Schechina (שְׁכִינָה, de שָׁכַן habiter, habitation, présence de l’Éternel). Il nous apparaît comme un magnifique symbole de l’Éternel, à la fois caché et révélé, caché pour les uns et révélé pour les autres, pour tous plus ou moins caché et révélé.
Outre les trois passages de l’Ancien Testament que nous avons indiqués dans le texte, nous pourrions encore citer, entre beaucoup d’autres : Exode 3.2-4, lorsque l’Éternel apparut à Moïse du milieu d’un buisson qui était enflammé sans se consumer ; — Exode 13.21-22, lorsque l’Éternel guidait le peuple dans le désert par une colonne de nuée, obscure de jour et lumineuse de nuit ; — 1 Rois 19.12, lorsque l’Éternel, passant devant Elie, se fit précéder d’abord par un vent impétueux, puis par un tremblement, puis par un feu ; — Ésaïe 6.1-4, lorsqu’Esaïe vit l’Éternel trônant dans le temple et le remplissant de fumée ; — dans le Nouveau Testament lui-même, Luc 2.9, lorsqu’un ange apparut aux bergers de Bethléhem et que la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière. — Nous serions même disposé à retrouver le même symbole lors du baptême de Jésus dans cette apparence de colombe qui descendit et demeura sur lui (Matthieu 3.16 ; Marc 1.16 ; Luc 3.22 ; Jean 1.32-33), cette apparence nous paraissant pouvoir s’expliquer par une nuée d’une forme toute particulière et telle que le fait lui-même la réclamait. Mais c’est avec réserve que nous proposons cette dernière idée, que nous n’avons vue exprimée nulle part.]
Tout d’un coup il sortit une voix de cette nuée et cette voix disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai pris plaisir (selon St. Luc : celui-ci est mon Fils, l’élu), écoutez-le ! Si la frayeur des disciples s’était accrue lorsqu’ils étaient entrés dans la nuée, elle devint encore plus profonde à l’ouïe de cette voix. Ils tombèrent sur leur visage. Et Jésus s’approchant d’eux, les toucha et dit : Levez-vous et n’ayez point de peur. Or ayant levé les yeux, ils ne virent personne, si ce n’est Jésus seul.
Tel fut, d’après nos Évangiles, l’événement de la Transfiguration que nous pouvons très bien nous représenter dans ses traits essentiels, sinon dans tous ses détails. Il est probable qu’il n’eut pas lieu seulement pour les apôtres qui en furent témoins, mais encore pour Jésus lui-même. Et, en effet, quoique Fils de Dieu, il n’en était pas moins pleinement homme, semblable à nous en toute chose, excepté dans le péché, connaissant comme nous la tentation, l’angoisse, la lutte, la souffrance, ne remportant la victoire qu’en demandant et en recevant le secours du Père céleste, et au moment de la Transfiguration, il se trouvait précisément à une des époques les plus critiques de sa carrière. La croix de Golgotha apparaissait à son horizon toujours plus distincte, toujours plus rapprochée.
De même que nous voyons des anges venir servir Jésus lorsqu’il eut repoussé dans le désert les séductions du Prince des ténèbres (Matthieu 4.11 ; Marc 1.13), de même que dans le jardin de Gethsémané, nous voyons un ange lui être envoyé pour le fortifier (Luc 22.43), de même aussi nous pouvons penser qu’il y eut pour lui-même un encouragement d’en haut dans la gloire extraordinaire qui resplendit en lui et autour de lui sur la sainte montagne.
Toutefois n’insistons pas davantage sur ce point de vue, le plus mystérieux de tous, dirigeons notre attention sur les trois disciples. Le miracle qu’ils furent appelés à contempler dut avoir un but à leur égard, et ce but est expressément indiqué par les paroles qui leur furent adressées : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai pris plaisir. Ecoutez-le !
Pour être à la hauteur des graves circonstances qui se préparaient, leur foi devait faire de grands progrès et devenir surtout plus ferme, plus éclairée et plus humble. Or n’est-ce pas là ce que dut produire en eux au plus haut degré ce qu’ils virent et entendirent sur la montagne ? Quoi de plus propre, en effet, à augmenter leur foi au Fils de l’homme que la vue de cette lumière qui, émanant de sa personne même, resplendissait sur son visage d’un éclat comparable à celui du soleil, — que cette apparition de deux des plus grands hommes de l’Ancienne Alliance venant lui rendre hommage, — que cette nuée lumineuse d’où sortit cette voix qui avait déjà retenti sur les bords du Jourdain : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai pris plaisir (Matthieu 3.17 ; Marc 1.41 ; Luc 3.22) ! — que ce triple témoignage rendu ainsi à Jésus-Christ par sa personne même, par Moïse et Elie, par le Père céleste ?
Quoi de plus propre également à purifier leur foi de toutes les imaginations charnelles qui s’y trouvaient encore mêlées, que cette gloire extraordinaire n’apparaissant qu’à eux, dans un lieu solitaire, et sur laquelle ils devaient encore garder le silence jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité des morts ? Et de quoi Moïse et Elie s’entretenaient-ils avec Jésus glorifié ? De sa mort. De cette mort sanglante et ignominieuse dont la première annonce distincte avait fait jaillir de la bouche de Pierre l’imprudente parole qui lui avait attiré une si sévère réprimande, — de cette mort qui devait être dans tous les temps un si grand scandale pour le Juif charnel et où devaient éclater cependant plus que partout ailleurs les adorables perfections du Très-Haut, — de cette mort qui dans le ciel même doit être à jamais célébrée, puisqu’un des cantiques des Intelligences célestes exalte l’Agneau qui a été immolé comme digne de recevoir la puissance, l’honneur, la gloire et la louange (Apocalypse 5.11-12), puisque toutes les créatures doivent un jour chanter en chœur : A celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau soit louange, honneur, gloire et force aux siècles des siècles (Apocalypse 5.13) !
Qu’y avait-il enfin de plus propre à rendre la foi des apôtres plus humble, plus docile, plus soumise, que l’excès même de cette gloire spirituelle qui d’abord et tout en les comblant de joie, les confond, les met hors d’eux-mêmes, au point que Simon Pierre se laisse aller à dire : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je ferai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie, — puis, les pénètre d’une telle frayeur qu’ils se jettent la face contre terre et que Jésus doit s’approcher d’eux pour les toucher et leur dire : Levez-vous, n’ayez point de peur ? Ce qui devait rester avant tout au plus profond de leur âme, n’était-ce pas le souvenir de cette voix vibrante de l’Éternel, leur disant à eux-mêmes et dans les circonstances où ils se trouvaient alors avec Jésus : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le !
Mais quoi ? Le seul but de cette glorieuse scène par rapport aux disciples fut-il de les rendre plus attentifs aux paroles de Jésus, et tout particulièrement aux prédictions de ses souffrances et de sa résurrection, en leur inspirant en lui la confiance la plus entière ? Nous ne le pensons pas et nous voyons dans la transformation qui s’opéra alors dans la personne du Seigneur, un gage sensible de la vérité de la prophétie concernant sa résurrection, une réalisation anticipée de cette prophétie, une anticipation momentanée de la gloire qu’il devait recouvrer, non pas proprement lors de sa résurrection, mais lors de son ascension, et avec laquelle il devait apparaître à Saul sur le chemin de Damas (Actes 9.3-5), et en vision à St. Jean dans l’île de Patmos (Apocalypse 1.9-18). Nous pensons que lorsque Pierre, Jacques et Jean furent témoins de l’ascension de leur divin Maître, elle dut s’éclairer pour eux d’une lumière toute nouvelle au souvenir de la transfiguration qu’ils avaient contemplée sur la montagne.
La scène de la Transfiguration nous apparaît comme le sommet de l’arc qui commence avec le baptême de Jésus et se termine avec son ascension, et dès à présent nous pouvons mieux comprendre le rapport intime qui unit ces trois événements de la vie de notre Sauveur. Lors du baptême et lors de la transfiguration, même voix du Père céleste proclamant Jésus son Fils bien-aimé. Lors de la transfiguration et de l’ascension, même glorieux changement dans la personne de Jésus. Si lors de l’ascension il n’y eut pas de voix du Père céleste, il y eut la parole des deux célestes envoyés qui apparurent aux Galiléens (Actes 1.14). Nous retrouvons dans le récit de l’ascension, comme nous le verrons plus tard, le même signe auguste de la présence de l’Éternel que nous avons reconnu dans la nuée lumineuse qui, lors de la transfiguration, enveloppa Jésus, Moïse et Elie.
Ce qui nous montre, du reste, qu’au moment même de la Transfiguration, les disciples étaient très éloignés de la comprendre comme ils la comprirent plus tard (2 Pierre 1.16-19), c’est ce que rapporte Marc à la suite de la défense de parler de ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité des morts : et ils s’attachèrent à cette parole, se demandant entre eux ce que signifiait : ressusciter des morts.