S’aimer

Chapitre V

A la découverte de la victoire

Parmi les livres traitant de la vie conjugale, il en est peu qui s’intéressent à la communion spirituelle des époux. Alors que dans les liturgies de mariage, l’Eglise exhorte en disant avec l’apôtre : Fortifiez-vous pour être une maison où Dieu habite en Esprit… Priez ensemble, rares sont les livres qui enseignent au couple cette communion dans la foi et les moyens de la maintenir et de l’approfondir.

Aussi beaucoup d’époux, même parmi ceux désireux de vivre « selon le Seigneur », trébuchent-ils dans cette re- cherche de l’unité spirituelle et dans cet exercice conjugal ou familial de la piété.

Il est juste de reconnaître que cette communion se heurte à quelques difficultés.

Il ne suffit pas de vouloir l’unité spirituelle pour que celle-ci offre aussitôt les joies réelles qu’elle promet et, sous certaines conditions, peut immédiatement donner. Deux pauvretés additionnées ne feront jamais un trésor. Si l’on prétend mettre en commun, il faut qu’il y ait quelque chose à partager. La vie spirituelle du couple est d’abord le fruit de la spiritualité des époux.

Cependant, la parole attribuée à Guillaume le Taciturne trouve ici une juste application : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Prendre prétexte de sa pauvreté spirituelle pour refuser de chercher un chemin de communion dans la foi serait aussi sot que de refuser d’aller au lac avant de savoir nager. L’obéissance porte en elle-même sa récompense.

Aussi, dans le cadre du foyer, l’unité spirituelle voulue et recherchée par les époux se réalisera par ces trois moyens :

La lecture de la Bible

La foi vient de ce qu’on entend. Quand l’Eglise, au jour du mariage, remet une Bible aux époux, elle leur donne, outre un beau livre parfois artistement présenté (c’est le cas dans l’Eglise nationale vaudoise), le vrai moyen de recevoir, d’éclairer, de fortifier, d’approfondir, d’augmenter leur foi. Encore faut-il le préciser : La Bible n’est pas seulement un livre à lire ; c’est un livre à méditer, à écouter. Ecrivant à Timothée, Paul disait : Toute l’Ecriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et apte à toute bonne œuvre (2 Timothée 3.16).

Les Eglises, les Unions Chrétiennes, la Ligue pour la lecture de la Bible, mettent à disposition des personnes et des familles une liste de lectures quotidiennes. Elles les invitent à lire fidèlement le passage du jour, à chercher le sens général du texte, ses enseignements, ses applications personnelles, familiales, sociales. Pour faciliter cette méditation, la Ligue invite ses lecteurs à se poser après lecture les questions suivantes :

  1. Ai-je appris quelque chose de nouveau concernant la personne et l’œuvre de Dieu le Père, le Fils, le Saint-Esprit ?
  2. Le texte attire-t-il mon attention sur un péché dont je doive me séparer ou contre lequel j’aie à me mettre en garde ?
  3. Ce texte met-il en évidence une promesse, un don, une grâce que je puisse m’approprier par la foi pour maintenant ou pour plus tard ?
  4. Offre-t-il un exemple à suivre ou à ne pas suivre ?
  5. Y a-t-il une prière que je puisse faire mienne ?
  6. M’apporte-t-il une réponse à une question que je m’étais posée, à un problème qui occupait ma pensée, à une souffrance dont je cherchais le sens ?
  7. Puis-je me souvenir d’autres versets dans la Bible qui ressemblent à ceux que je viens de lire ?


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Est-ce méconnaître la réalité que de décourager à l’avance les bonnes volontés ? Il ne faut pas cacher que, même éclairés par les quelques questions ci-dessus, les commentaires faits par les lecteurs restent souvent pauvres.

Il n’y a pas lieu de s’étonner de cette indigence. Quels époux ont été formés à cette discipline de la vie à deux ? Où leur a-t-on enseigné à méditer un texte, à formuler à haute voix les réflexions que leur inspire la lecture d’une péricope biblique ? Aussi, dans la plupart des foyers où la Bible est encore lue, cette méditation se réduit-elle parfois à quelques tâtonnements vers ce que l’on croit être le sens ou la portée pratique du texte.

L’erreur n’est pas d’avoir essayé mais, dans ces essais reconnus généralement infructueux, de s’en être tenu à des commentaires personnels mal assurés. Dans n’importe quelle branche des activités humaines, l’apprentissage, même le plus facile, se fait sous le contrôle d’un aîné ayant connaissances et expériences. La vie spirituelle a aussi ses maîtres, ses docteurs, ses manuels d’enseignement. Pourquoi ne pas y avoir recours ?

Il existe plusieurs calendriers bibliques dont le feuillet quotidien porte indication d’un texte à lire suivie d’un bref commentaire. On ne saurait cependant les recommander sans signaler aussitôt qu’il y a une fort mauvaise manière d’en user : beaucoup d’époux lisent le feuillet… mais ne lisent pas leur Bible !

Cette même remarque peut être faite au sujet des livres de méditations quotidiennes. Si excellents soient-ils, ils ne doivent pas dispenser les conjoints de lire leur Bible.

Il est deux sortes de publications à recommander vivement :

  1. Les commentaires publiés sous la forme de volume traitant de chaque livre de la Bible. Ces études, peut-être un peu savantes, concernent ceux des époux qui, avancés spirituellement, veulent approfondir leurs connaissances. Lues à haute voix, elles donnent l’occasion d’échanges où la pensée est souvent plus sollicitée que le cœur.
  2. A la portée de tous, les publications du genre La Bible expliquée jour après pour, offerte par l’Eglise, ou alors Le Lecteur de la Bible et son pendant Le Jeune Lecteur (pour adolescents et débutants) et Le Petit Lecteur (pour enfants) publiés par la Ligue pour la lecture de la Bible. Paraissant à date régulière sous forme de fascicules, ils conduisent à la découverte des richesses du texte proposé chaque jour et, dans la ligne de ce texte, instruisent, révèlent, corrigent, montrent les applications qu’on peut en tirer.

Beaucoup d’enfants et d’adultes, abonnés depuis des années à semblables publications, ont appris ainsi à méditer un texte, à écouter jour après jour ce que l’Esprit dit à l’Eglise, à progresser dans la foi en Celui que le texte et sa méditation dirigée leur révélaient.

La prière

La Parole biblique méditée ou prêchée est un message du Christ vivant adressé à quiconque veut entendre. Le Seigneur attend réponse de ceux auxquels Il parle. C’est pourquoi toute lecture ou méditation biblique est suivie de la prière, prière commune ou prière personnelle.

En réalité, la vraie souffrance d’innombrables époux tient à l’absence de cette prière commune.

Est-ce négligence de leur part ? Oui, sans doute, mais la vraie raison est ailleurs : la timidité et la gêne les paralysent, et aussi la peur de traduire devant l’autre une louange ou une humiliation ou une intercession en des phrases maladroites, embarrassées, où abondent les fautes de langage. C’est à ces misérables obstacles que tient, pour une bonne part, le silence des époux que Dieu appelait à la prière en commun.

Aussi est-il urgent de le souligner : Il faut apprendre à prier en commun.

Et cet apprentissage commence dans la prière personnelle. Déjà sur ce terrain, une victoire importante doit être remportée. Satan n’est jamais plus actif qu’à l’heure de la prière. Dangereuse pour lui et son royaume, il se doit de l’entraver.

Il nous persuade de retarder le moment de prier jusqu’à l’heure où l’on sera dispos. Les journées étant surabondamment remplies, nombre d’entre elles passent sans que nous ayons joint les mains.

Il nous persuade de notre incapacité de prier personnellement. Il nous pousse à répéter une ou deux prières connues que nous finissons par prononcer machinalement, sans une réelle participation du cœur et de l’esprit.

Il nous persuade d’attendre la fin de la journée pour cette offrande à Dieu. A cette heure-là, nos prières restent inachevées dans leur forme et leur contenu, parce que le sommeil est venu nous surprendre tandis que nous les prononcions.

Il nous persuade de prier en silence, « intérieurement ». Il y faut une intense concentration d’esprit, ce dont nous sommes précisément incapables ! D’où ces prières qui sont plutôt des divagations, notre esprit étant distrait par des pensées qui n’ont rien de commun avec notre intercession.

Comment éviter ces pièges ?

La prière est un combat dans lequel la prudence du hérisson face au serpent nous est un précieux enseignement. Connaissant la ruse de son ennemi, le hérisson ne lui offre aucune prise, le laisse s’épuiser en vain dans une lutte d’où le serpent sortira vaincu. C’est là une parabole.

Sans en faire une règle et une application rigides, il y a cependant une heureuse manière de prier : c’est de le faire à genoux, mains jointes, de telle manière que notre corps, même lorsqu’il est fatigué, accompagne notre esprit dans son action d’offrande et de supplication. C’est de le faire aussi yeux fermés, à mi-voix, de telle manière que rien d’extérieur ne puisse venir distraire notre esprit.

Cette prière personnelle formulée à mi-voix est en outre le plus favorable des exercices en vue de la prière en commun. Ce qu’on a appris à dire pour soi, en des phrases courtes, simples, précises, on saura le dire avec et devant les autres.

Il n’est pas d’époux qui, ayant fait cet apprentissage personnel de la prière, ne puissent aussitôt se joindre activement à une prière commune.

Jésus disait : Quand tu pries, n’use pas de vaines redites. Quelle grâce de pouvoir librement apporter à Dieu : louange, humiliation, intercession, au gré des moments, des circonstances, avec son conjoint, bientôt avec ses enfants, enfin avec les frères en la foi !


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Cet apprentissage de la prière personnelle et commune peut se faire sous une autre forme encore.

Au nombre des soixante-six livres de la Bible, il y a les Psaumes. Les circonstances heureuses ou malheureuses qu’ils évoquent n’ont jamais cessé d’être actuelles. Aussi, de tout temps, l’Eglise a-t-elle prié en répétant tel ou tel de ces cent cinquante psaumes. De tout temps aussi, elle en a recommandé la lecture car, lus à deux et de manière alternée, les psaumes offrent d’heureuses possibilités de prier en commun ou de faire l’apprentissage d’une telle prière.

Pour prendre un exemple, le psaume 103 prononcé par des époux en prière sera lu de la manière suivante :

L’époux : — Mon âme, bénis l’Eternel
L’épouse : — Et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom.
L’époux : — Mon âme, bénis l’Eternel
L’épouse : — Et n’oublie aucun de ses bienfaits.
L’époux : — C’est lui qui pardonne toutes les iniquités, etc.

Sans doute, une telle prière, si belle soit-elle, demande à être complétée. Merci, pardon, s’il te plaît, ces trois mots résument tout ce qu’une âme peut avoir à dire à Dieu. Les époux auront alors toute liberté de donner un contenu précis et multiple à leur action de grâce (merci), à leur humiliation (pardon), à leur intercession (s’il te plaît). Avec la précision suivante : Il faut veiller à ce que la prière ne devienne pas un monologue de l’un des époux, tandis que l’autre écouterait passivement, même peut-être distraitement. Il faut réserver les monologues à la prière personnelle. Dès l’instant où l’on prie à deux, l’expression de la pensée doit revêtir une forme succincte, sans pour autant qu’une entrave soit faite à l’Esprit Saint animant notre oraison.

La forme alternée, enseignée par les psaumes, servira de modèle. Qu’il s’agisse de louange, d’humiliation ou d’intercession, le thème peut être repris par chacun des membres de la famille, l’un remerciant Dieu pour ceci, l’autre Le remerciant pour cela, et ainsi de suite.

Avant de prier, on peut aussi convenir du contenu à donner à l’intercession, et laisser à chacun des membres la responsabilité de prier pour la ou les personnes qu’il avait nommées, ou pour le sujet qui lui tenait à cœur.

A noter que la prière d’un psaume peut servir d’introduction à la prière libre ou, vice-versa, servir de conclusion.

Dans les foyers avec ou sans enfants, il faut aussi faire une place aux cantiques, particulièrement à ceux dont les paroles ont la forme d’une prière.

Pour rester pratique, voici un plan pour culte de famille tel que le propose un pasteur à ses paroissiens :

  1. Invocation (sous forme alternée) :
  2. Cantique.
  3. Lecture biblique commentée personnellement et avec l’aide du Lecteur de la Bible.
  4. Prière.
  5. Cantique.

Pour demeurer vivante, la communion avec Christ a besoin de ces exercices de piété. Ils sont pour la foi ce qu’est la nourriture pour le corps.


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La prière commune ne saurait cependant remplacer la prière personnelle.

Le Christ appelle chacun par son nom. Même les plus unis des époux connaissent cette nécessité d’une prière « dans le secret ». Au reste, leurs besoins spirituels peuvent être aussi divers que leurs personnalités. Dans le cadre du foyer comme dans celui de la communauté locale, elles ne se confondent, ni ne s’effacent, Si la lecture de la Bible peut demeurer uniquement communautaire, la vie de prière, elle, souffrirait très vite de n’avoir pas ses heures d’intimité. Aussi bien dans le cadre du foyer saura-t-elle se réserver des moments d’oraison personnelle, sans pour autant négliger la prière communautaire.

Le culte de la communauté

N’abandonnons pas nos saintes assemblées, comme quelques-uns ont coutume de le faire, disait déjà l’auteur de l’Epître aux Hébreux.

La vie conjugale et familiale est une préparation au Royaume de Dieu. On ne saurait y entrer un jour si l’on a refusé de suivre le chemin qui y mène. Quand Christ viendra chercher les siens, l’un sera pris et l’autre laissé. Le moins qu’on puisse dire, c’est que pour espérer une participation à l’Eglise triomphante, il faut avoir eu sa place dans l’Eglise militante, celle où en vue du combat et du témoignage, nous est donnée toute la plénitude de la foi, savoir : connaissance de la Parole, participation aux sacrements, dons de l’Esprit, joie du service dans la communion du Christ vivant et des frères en la foi.

L’Eglise — la communauté des élus — est la forme terrestre et locale du corps du Christ. Elle n’a pas partout la même forme ni le même nom. Ce qui importe, c’est que Christ en soit le chef, le Saint-Esprit, l’élément vivifiant. Ce qui importe aussi, c’est que tous ceux appelés à former la communauté locale y soient soumis au Seigneur et obéissants à l’Esprit.

Cette obéissance, dans sa forme la plus simple, demande de tous les membres, des époux en particulier, qu’ils soient fidèles aux assemblées, aussi bien à celles du dimanche qu’à celles de la semaine.

La vie spirituelle des époux est donc intimement liée à la vie, au service, au témoignage des communautés locales ou paroissiales.

L’unité maintenue

En conclusion, il y a plusieurs manières d’approcher personnellement Christ chaque jour. L’essentiel n’est pas dans la forme donnée à ces rencontres. L’essentiel, c’est d’en avoir le désir et de prendre au sérieux les moyens qui les favorisent. Dans un monde où le rythme — celui du travail comme celui du plaisir — précipite l’homme dans un tourbillon asservissant pouvant aller jusqu’à l’abêtissement, cette communion avec Christ est indispensable. Elle seule permet à l’homme, au couple, à la fa- mille, de ne pas être désagrégée. De plus, elle seule maintient l’unité au foyer et la recrée de jour en jour. Hors cette communion, les membres d’une famille deviennent très rapidement des étrangers les uns aux autres. Tout en vivant ensemble, ils finissent par mener, chacun de leur côté, une existence impénétrable à l’autre. Est-il admissible qu’on cache à l’être qui nous est le plus cher la part la plus précieuse de notre vie ?

On l’a dit et redit : le plus profond amour mutuel n’est jamais que promesse d’unité. Cette unité se recrée sans cesse, en même temps qu’elle doit s’approfondir.

Il y faut du temps, un temps fait quelquefois d’incompréhension mutuelle, de blessures, d’humiliations, de colère soudaine, d’énervement. Le couple et les enfants qui lui sont donnés ne sont pas les éléments d’un puzzle s’emboîtant parfaitement pour composer aussitôt une image complète et achevée. Ce sont des créatures imparfaites, anguleuses, aux possibilités limitées, ne parlant pas tou- jours le même langage et ne donnant pas toujours aux mots le même contenu. D’où heurts, froissements intérieurs ; parfois aussi dépits, désaccords superficiels qui pourraient à la longue aboutir à de graves crises ; ou encore lourds silences dans lesquels chacun souffre de son côté, croyant être incompris et ne saisissant pas que l’autre souffre aussi.

Suivre Christ, ce n’est pas essayer tant bien que mal de calquer notre vie sur des principes aussi respectables que lointains ; c’est s’approcher de Quelqu’un de vivant, c’est venir à Lui tel qu’on est, c’est accepter de Lui une vie où tout doit devenir expression de l’amour qu’Il a pour nous, et pour l’autre.

Quand, selon une discipline quotidienne librement consentie, les époux s’exposent personnellement et ensemble à la lumière des vérités évangéliques, les réflexions qu’elle suscite, les aveux auxquels elle conduit, cette mise à nu de leur âme, ce partage, cette prière à genoux, en un mot : cette communion en Christ, accorde à chacun des conjoints la force de se dépouiller de tout orgueil, de toute rancune et de donner à l’autre le pardon et la confiance qu’il sollicite. Ainsi Christ conduit les époux dans un amour et une unité de jour en jour plus profonds, en dépit de tout ce qui, en eux et à cause d’eux, menaçait d’y porter grave atteinte.


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Cette recherche d’unité en Christ répond encore à une autre nécessité.

Il ne suffit pas que les époux s’aiment et, dans une foi enracinée en Christ, réalisent leur unité. Leur vocation accomplie ne les enferme pas dans un « droit » au bonheur personnel et mutuel, renouvelable de jour en jour pour leur seule satisfaction. Les dimensions d’un bonheur familial sont immenses, mais ce serait les rapetisser singulièrement que de les limiter à ce seul cadre et à cette seule cause. La famille appartient au Royaume de Dieu, mais celui-ci la dépasse infiniment.

Si quelqu’un vient à moi et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants… et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Avant l’amour de soi, avant l’amour des siens, oui, avant le bonheur et la joie d’être ensemble, il y a l’amour de Dieu. Il y a Sa gloire. Il y a Son service. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, ou que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu.

Comment faire concourir à la gloire du Seigneur nos attitudes, nos jugements, nos décisions, notre travail, nos loisirs, notre argent, sans oublier notre hospitalité, s’ils ne sont pas inspirés, soutenus, éclairés par une même pensée, une même âme, un même cœur, fruit d’un même amour demandé et reçu personnellement et ensemble à genoux ?


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Il n’est pas un instant de notre vie, pas un geste qui ne nous affermisse sur le chemin qui mène au royaume… ou alors nous en écarte.

Comment conduire nos enfants à la découverte de l’Evangile, comment le leur expliquer, comment « former Christ en eux », si nous ne savons pas parler d’eux à Christ et les Lui apporter dans une persévérante intercession ?

Comment leur enseigner à lire la Bible, à prier, à mettre en pratique la loi d’amour, si cela nous ne le pratiquons pas avec eux et devant eux ?


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Enfin, on peut découvrir brusquement qu’être disciple de Jésus, c’est courir des risques, par exemple celui de perdre sa vie, de perdre une place, de perdre une possibilité de s’enrichir ou de simplement gagner son pain ; c’est aussi refuser des compromissions, des accommodements admis du grand nombre ; c’est aussi être rejeté des autres et contraint à une solitude difficile aux époux, sinon à leurs enfants. C’est enfin accepter des séparations, des privations, des souffrances, des mises à l’épreuve en contradiction avec la vie de famille normale. Quand Job, frappé dans sa vie de famille et dans sa santé refuse de se révolter et répond à son épouse : Nous recevons de Dieu le bien, et nous n’en recevrions pas aussi du mal ? il est disciple du Christ.

Quelqu’un a dit : « Il faut entendre le langage des béatitudes et les vivre, ou alors cesser d’être chrétien. »

Dans le combat, dans l’épreuve, dans le deuil, dans la séparation, seuls demeurent en paix les époux dont l’unité d’âme et d’esprit, avant l’épreuve, avait été renouvelée par une connaissance personnelle et commune du Christ vivant. Car jusque dans la séparation se renouvelle par Christ la communion des saints. En Lui, par Lui, l’amour est plus fort que la mort.

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