Médecines parallèles : oui ou non ?

V
Conclusions

En exergue à mes conclusions, le lecteur sera certainement intéressé par les remarques parues sous la plume de deux médecins :

“La connaissance scientifique est incertaine par la matière même de sa fonction, quelles que soient les affirmations qu’elle propose périodiquement. Son œuvre ne peut être que relative et constamment ouverte à toutes les possibilités qu’elle découvre sans cesse. Son objet est aussi mouvant que son sujet et son but est un mieux qui ne saurait parvenir à un bien… Aucun mode d’examen ne peut prétendre se suffire à lui-même… Il serait vain d’accorder à un de ces moyens une position ou un pouvoir privilégié, car ce serait fixer une évolution nécessaire”. 1

1 “La médecine des fonctions”, Dr J. Ménétrier, Le François, Paris, p. 10.

“Ce qui en fait divise la médecine, celle tout à la fois de ses diplômés et de ses marginaux, c’est la référence que chacun fait à la signification et au fondement de ses connaissances…

“Pour ma part, je dirais que la médecine est l’ensemble des connaissances qui ont pour but tout à la fois de préserver la santé et de combattre la maladie ; en médecine, les connaissances sont donc liées à des prescriptions qui vont du conseil à l’ordre, de l’ordonnance aux pratiques magiques, de l’acte chirurgical à l’entretien psychothérapique. Dans ce cadre tout à fait général, je pense que tout homme, faisant appel à certaines connaissances pour atteindre ces buts, peut dire qu’il exerce ‘la médecine’. Parmi ceux qui la pratiquent, on peut distinguer deux groupes ; d’une part celui des ‘diplômés’ c’est-à-dire des praticiens ayant achevé les études prescrites par l’Etat, d’autre part le groupe de ceux que j’appellerais les ‘privés’ parce qu’ils ne peuvent faire référence qu’à eux-mêmes, à leur savoir personnel et à leurs clients. La question est plus délicate lorsqu’il s’agit de savoir quels sont ceux qui pratiquent des ‘médecines parallèles’ ; il y a en premier lieu bien entendu les sorciers d’autrefois et d’aujourd’hui aux pratiques plus ou moins mystérieuses ou secrètes. Mais les avis divergent lorsqu’on se demande si on doit y englober les tenants de l’homéopathie ou de l’acupuncture ; en effet, la plupart d’entre eux sont des médecins diplômés, appartenant donc de facto à la médecine reconnue par la loi, donc à la médecine officielle”.

“Contrairement à ce qu’on pense, les médecines parallèles sont plus ambitieuses, pour ne pas dire plus prétentieuses que la médecine dite scientifique. En effet, que ce soit dans le fondement théorique de leurs connaissances ou dans leurs prescriptions thérapeutiques, elles font de façon prépondérante ou systématique appel à au moins un facteur d’un degré de complexité supérieur à ceux dont tient compte l’esprit scientifique ; ce facteur ne peut être soumis aux critères d’une expérimentation stricte et échappe donc à toute connaissance scientifique ; il peut se manifester de façon diverse selon que, pour guérir, on fait appel à des pouvoirs magiques ou que, pour expliquer un processus pathologique, on recourt à des concepts abstraits, étrangers à ces phénomènes particuliers.

“La médecine de type scientifique connaît ses limites et sa fragilité, elle témoigne de son ouverture en demandant à d’autres, physiciens, théoriciens de la statistique et de la communication, psychologues, etc. de la contrôler et de l’instruire ; enfin elle tient compte du fait qu’elle n’est pas en mesure d’expliquer tous les phénomènes (l’effet placebo par exemple); elle n’ignore pas qu’il y a encore dans le monde plus de mystères que de certitudes, mais elle exige, quand il s’agit de celles-ci, qu’on puisse en donner raison. Ce sont les médecines parallèles qui, lorsqu’elles recourent à des concepts abstraits et à des arguments fallacieux pour expliquer les phénomènes pathologiques ou des succès thérapeutiques, cherchent en fait à acquérir des pouvoirs occultes dont elles pourront user à leur gré ; pour se justifier, elles n’ont qu’à invoquer la nature, les influences astrales, les fluides corporels, le “Grand-Tout” et autres attrape-nigauds pour pouvoir ainsi mieux établir leur tyrannie tant intellectuelle que métaphysique.” 2

2 Dr Charles-Alexandre Schild, Les cahiers protestants, janvier 1981, p. 24-30.

Ces remarques paraîtront tranchantes. Elles le sont en effet. Elles dénotent l’agacement qu’on peut éprouver à la lecture d’ouvrages tendancieux et d’assertions non vérifiables par lesquelles le médecines parallèles trop souvent accréditent leur “science” et leurs “pratiques”.

Quant à mes conclusions, si elles sont d’ordre général, elles sont avant tout une interpellation adressée aux chrétiens.

1. A la lecture de nombreux ouvrages et articles de revues exposant la diversité et le contenu des médecines parallèles, une constante a retenu mon attention.

Sauf quelques exceptions, toutes évoquent et attribuent le pouvoir premier de la guérison à une “énergie” appelée vitale ou cosmique. Qu’elle soit reconnue au nombre des forces naturelles ou rangée parmi les manifestations d’essence divine, les mêmes considérations peuvent être faites :

Pour ces médecines, la maladie procède d’un déséquilibre momentané ou constant intervenu dans un système — la vie — soumis à des forces dont il convient de neutraliser les effets ou encore de rétablir l’harmonie.

C’est à croire que pour les uns, l’homme est un robot en révision constante, alors que pour les autres, il est l’une des particules du monde créé sur laquelle la Divinité est capable d’exercer une action réparatrice et rééquilibrante, si l’on entre volontairement dans son champ d’action. Dans l’une ou l’autre de ces interprétations, tout se passe comme suit :

— Ou bien sous l’angle d’une certaine fatalité. Le mécanisme de notre vie s’est déréglé, il est réparable par le savoir du praticien. Il lui appartient, avec le consentement et le vouloir réfléchi et persévérant du patient, de rétablir l’ordre des choses qui constituent habituellement la santé. Allopathie ou homéopathie sont deux aspects de ce service de réparation, l’essentiel étant de maintenir aussi longtemps que possible l’instrument en état de fonction ou de marche. Qu’importe donc le lubrifiant ou le mécanicien. Ce qu’on demande à l’un ou à l’autre, c’est d’être efficace !

— Ou bien, sous l’angle d’une évolution dans une création en permanent devenir. L’homme en est un élément, une réduction en miniature, en même temps qu’un prototype perfectible. C’est le fameux : “Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas”. Dans cette évolution aux étapes millénaires, avec des cycles répétés et nécessaires, l’homme est en marche vers sa totale et parfaite réalisation. Même si cela n’est pas nécessairement indiqué à la clef de cette longue portée, à l’ultime étape il est Dieu. Le terme est certes irrecevable pour certains qui lui substituent celui d’Homme, écrit comme Dieu avec une majuscule. Cela est du reste conforme à la philosophie généralement admise aujourd’hui par l’intelligentsia économico-socio-politico-scientifique, particulièrement celle qui, grâce aux media, répand universellement son savoir assuré. L’hypothèse Dieu est en effet reléguée à la boutique des antiquités. L’homme est devenu “adulte”. Il tient en main son passé son présent, son avenir. Quand il disposera de tout ce que la génétique et l’électronique lui permettent d’envisager, il sera maître et artisan d’une création entièrement soumise à sa domination, cosmos compris.

La question s’impose : Sous l’étiquette d’une médecine allopathique ou homéopathique qui robotise l’homme, sous celle d’une médecine qui élève l’homme au rang de Dieu, les chrétiens continueront-ils à se laisser littéralement emballer, c’est-à-dire séduire, ensorceler, aveugler, finalement ficeler et paralyser ? Comment accordent-ils leur foi au Dieu créateur, plus encore rédempteur, avec ces théories matérialistes ou religieuses ? Comment concilient-ils leur confession du mal, leur aveu d’une nature pécheresse, leur déclaration de la nécessité d’une grâce salutaire par l’unique médiation du Christ rédempteur… et ce crédit accordé à des médecines qui, dans leurs déclarations et leurs prétentions, sont la négation de la révélation évangélique ou sa contrefaçon ?

Les chrétiens reconnaissent à la science son autorité liée à une connaissance, fruit du travail difficile et patient de la communauté scientifique découvrant les richesses de la création. Ils donnent pleine autorité également à la révélation biblique en Jésus-Christ. A lire ce que certains écrivent ou déclarent publiquement, il paraîtrait qu’ils accordent autorité à une troisième source de connaissance, celle des Forces cosmiques liées aux religions de l’Orient.

Ma question : Comment peuvent-ils concilier le respect de la connaissance scientifique, leur foi à la révélation de Dieu en Jésus-Christ. et ce crédit qu’ils accordent à des médecines qui puisent l’essentiel de leurs pouvoirs dans cette troisième source de connaissance ?

2. Dès les premières pages de la présente étude, j’ai veillé à ne pas tomber dans un simplisme qui, par avance, soupçonnerait toute médecine parallèle, pis encore, en ferait une technique au service du diable ! Je l’ai dit et me plais à le répéter dans cette conclusion : Je ne suis pas homme de science. Je n’ai pu que me fier aux déclarations et aux expérimentations de ceux qui, formés aux disciplines de la science, contestent aux médecines parallèles leurs explications et leurs affirmations “scientifiques”. Ce que j’ai retenu de la documentation étudiée me permet de distinguer trois types de praticiens :

a) Ceux qui refusent que leurs pratiques médicales soient explicitées ou s’inscrivent dans le champ du surnaturel, de la métaphysique, de l’ésotérisme, de l’occultisme. A nos questions sur la nature de leurs pouvoirs, plusieurs d’entre eux répondent humblement être devant un mystère que la science de demain élucidera.

b) Ceux qui font crédit à l’évolutionnisme, qu’ils tiennent pour une théorie scientifique. D’autres hommes de science contestent absolument la valeur “scientifique” de cette théorie. Ils renvoient donc eux aussi à demain l’explication rationnelle et plausible des phénomènes reconnus et encore inexplicables aujourd’hui.

Cependant et avant d’en venir au troisième type de praticien, je retiendrai de la connaissance professée par ces chercheurs honnêtes ce qu’il importe de souligner. Il est vrai qu’il existe en l’homme des forces naturelles non codifiables par la science, mais non moins réelles. On est bien loin d’avoir découvert toutes les propriétés, donc toutes les possibilités du cerveau humain, également toutes celles de l’âme humaine. Des facteurs extérieurs connus nous en apportent la démonstration évidente, parfois même inquiétante. Pour exemple : le rythme, la transe, la concentration ; ou encore les drogues. Ces facteurs démontrent, en les provoquant, les forces latentes en l’homme. On peut leur donner des noms divers : sixième sens, fluide, magnétisme, pouvoirs, etc. Leurs prestations sont souvent sollicitées et reconnaissables chez des êtres qu’on dira “doués” ou “prédisposés”. A l’égal des penseurs ou des musiciens ou des poètes, des thérapeutes peuvent, parallèlement à leur science, émouvoir et faire intervenir ces forces latentes dans le processus de guérison. La suggestion, le climat de confiance, un contact bienveillant et rassurant entre le thérapeute et le patient, mobilisent ces forces et les font servir heureusement au rétablissement de la santé. Et nous nous garderons de la confusion regrettable qui nous ferait attribuer à je ne sais quel pouvoir occulte ou diabolique cet usage plus ou moins conscient d’une force naturelle latente en tout homme. A la condition pourtant que ce thérapeute garde l’exercice de son art dans les limites d’une science digne de ce nom et refuse précisément de franchir la frontière séparant la connaissance scientifique de la connaissance ésotérique. Car il serait alors au nombre…

c) …Des praticiens que je veux croire honnêtes mais dont je soupçonne les pouvoirs. Ce que nous avons mis en lumière au troisième chapitre de notre étude trouve ici son application. En effet, que se passe-t-il en vérité lorsque le praticien enseigne et entraine son patient, momentanément affaibli et perturbé, à rechercher une dynamisation de son être par un recours à l’Energie cosmique, ou encore s’offre lui-même à être le médiateur de cette Energie ?

Voilà notre réponse : cet investissement de crédit et de puissance accordé à cette Force cosmique n’est rien moins qu’une forme d’idolâtrie aux conséquences clairement décrites par l’Ecriture.

D’abord, elle détourne l’homme du Dieu véritable et l’encourage dans une autonomie, grisante par ses apparentes réussites mais dont l’aboutissement sera tôt ou tard un aveuglement spirituel renforcé.

Ensuite, par la sollicitation des forces latentes en lui, elle développe chez le patient la pensée d’une capacité, d’un pouvoir dont la mise en œuvre agrandit son champ d’action. Jusqu’ici, il le connaissait comme entouré de frontières précises, à l’intérieur desquelles il gardait plus ou moins le contrôle de lui-même. En tout cas, il demeurait responsable de ses pensées, de ses sentiments, de ses actes. Et le voici entraîné à quitter les contours définis de son corps, de son âme et de son esprit, à entrer dans des zones plus fluides, ce que Denis Clabaine appelle “le marché commun du magnétisme vital”. Cela est connu, cela se lit dans de très nombreux écrits : Dans ce “marché”, on vous invite à laisser “parler votre corps”, à “libérer” votre âme, à “élargir votre esprit” aux dimensions du rythme cosmique. Qui ne comprendrait qu’on se trouve non sur un terrain de libération ou de guérison mais sur un chemin de véritable dissolution !

Enfin, si l’on se souvient de l’appellation significative donnée par l’Ecriture aux Forces cosmiques animant “le train de ce monde” — les “Puissances de l’air” — on peut saisir qu’une telle “dissolution de soi” amène inévitablement à la communion avec ces Forces. Elles animent certes la vie matérielle et psychique du “train de ce monde”. 3 Mais, en dehors de la médiation de Jésus-Christ, elles deviennent pour ceux qui s’allient à elles et recherchent leur dynamisme, des Forces de paralysie et finalement de mort spirituelle.

3 Ephésiens 2.2.

C’est pourquoi, nous refusons de recourir aux soins de ce genre de praticiens. En effet, notre obéissance — fruit d’une confession de foi qui fait de Jésus-Christ Fils de Dieu et Rédempteur, le véritable Seigneur du cosmos, le véritable donateur de l’énergie vitale et de la puissance dynamique du Saint-Esprit — ne saurait consentir à aucune confusion ni à aucune compromission. Or, elles sont manifestes lorsqu’on étudie ces techniques. Même si elles ne se réclament pas d’abord de l’Energie cosmique, la plupart en effet, à un moment donné ou à un autre, ouvrent la porte au dynamisme de cette Energie.

Certes, notre époque passionnée de recherches en parapsychologie ne recule devant aucune explication rationaliste des phénomènes en rapport avec cette Energie. Les théories élaborées, de l’aveu même des hommes de science et de foi capables d’en juger, ont pour appui, non pas des faits scientifiquement démontrés mais une idéologie du progrès et de la science.

Par ailleurs, ce rationalisme tient du refus obstiné de reconnaître Dieu comme le Créateur et l’Ordonnateur permanent de la vie et du cosmos, et non d’une démonstration vérifiable des explications par lesquelles il cherche à convaincre.

Les praticiens, on peut le comprendre, ne s’en préoccupent guère. La guérison les intéresse davantage que les coordonnées à l’intérieur desquelles elle s’inscrit. Leur loyauté est évidente. Elle ne suffit pas à nous fermer les yeux sur la véritable nature d’énergies humaines et cosmiques qui dynamisent leurs patients et les mobilisent eux-mêmes.

3. En prenant connaissance de l’information qui me permettait de rédiger cette étude, j’ai été saisi de vertige à la découverte de la multiplicité effarante des “médecines parallèles” existantes, toutes proposées à la guérison de notre humanité. Celles examinées et mises en cause ici devraient donc être complétées par un très grand nombre de médecines autres, bien que généralement semblables, soit par leurs techniques, soit surtout par le cadre général et les coordonnées “cosmo-psychosomatiques” dont elles se réclament.

Cela tombe sous le sens : Si d’une part ces médecines sont en si grand nombre et donnent lieu à une telle surabondance de littérature, si d’autre part ces deux aspects sont en rapport, sinon avec le succès, en tout cas avec l’intérêt qu’elles soulèvent, c’est que notre humanité est bien malade. Mais quelle est sa véritable maladie ?

Les remarques ci-dessous ne sont pas la réponse. Cependant, elles en éclairent des aspects importants.

a) La santé est un bien précieux. Mais est-elle ce capital à chérir, à sauvegarder avant tout et par-dessus tout ? Comme le constatait H. R. Weber, “c’est une conception de vie que nous retrouvons aujourd’hui non seulement dans les compétitions sportives et les concours de beauté, maïs aussi dans l’éthique du travail du monde occidental, dans son désarroi face à la souffrance, dans sa jouissance plus que religieuse du plaisir du corps et sa façon de concevoir la santé comme bien suprême auquel il est prêt à tout sacrifier… Certes, dans la Bible, la souffrance ne porte aucune auréole. Au contraire, nous y trouvons une lutte continue pour la santé… La source en est le souci de la vocation humaine, menacée par les maladies”. 4

4 “Quelle médecine demain, pour quel homme”, Ed. Berger-Levrault, Paris, 1974, p. 9 et suivantes.

Est-il besoin de le souligner ? Ce “souci” est aujourd’hui perdu de vue. Chez la plupart des gens, il est remplacé par la seule pré- occupation de lutter contre le vieillissement et de n’avoir pas à souffrir, même pas à l’étape de la mort.

Une ignorance grandissante du sens de notre destinée explique en partie cette angoisse devant toute forme d’épreuves ou de douleurs. Il appartiendrait aux chrétiens de ramener leurs contemporains à la connaissance de leur vraie prédestination en Christ, accompagnée des moyens de guérison que Dieu promet. Il serait également de leur responsabilité de les mettre en communion avec Celui qui disait à son peuple : “J’éloignerai la maladie du milieu de toi. Je vous donnerai la guérison et la santé”. 5 Sont-ils disposés et préparés à un tel témoignage ?

5 Exode 23.25 et Jérémie 33.6.

b) Certes, une santé déficiente est un sérieux handicap. Par ailleurs et pour des raisons diverses, une authentique vie dans la foi n’a pas nécessairement pour corollaire une santé sans défaillance.

Cependant, en conséquence des promesses et des assurances que Dieu nous donne, la règle serait que le chrétien, pour sa santé comme pour son pain quotidien, fasse confiance au Seigneur, vive un comportement personnel et familial dépréoccupé de soi-même. Or, que devons-nous constater ?

Combien nombreux sont les chrétiens qui, semblables à Monsieur tout le monde, ont constamment à l’esprit la préoccupation de leur régime, de leur tonus, de leur bien-être sous toutes ses formes. A cette fin, ils restent à l’affût de toutes les thérapies, les essaient les unes après les autres, se refilent “les bonnes adresses”, se communiquent la liste des produits plus ou moins vitaminés qui assureront le maintien de leur vitalité. On les assure du reste que s’ils ne s’en préoccupent pas, ils négligent ce qui garantit l’équilibre, la maîtrise d’eux-mêmes, la sauvegarde de leur tonus, la prévention devant les risques de maladies… Et lorsque vous rencontrez ces témoins non plus… “du Christ” mais de “la santé”, c’est de cela qu’ils vous parlent constamment. De quoi vous rendre… malades !

c) De quelle maladie est atteint le bon sens des chrétiens qui, sans discernement, se laissent prendre au piège du magisme accompagnant souvent le langage ou les formules de beaucoup de thé- rapies ?

Un thé “X-Y” mélangé à trois gouttes de perlimpinpin ou d’essence Z, et vous voilà garanti contre toutes sortes de maux !

Quelques respirations accompagnant les petites pilules vertes avalées après quatre minutes de digitopressure de vos deux pieds, et vous verrez disparaître vos dispositions au rhumatisme !

Ne voient-ils pas qu’en l’occurrence, les soins qui leur sont proposés n’ont qu’un véritable et durable effet : ils soulagent leur porte-monnaie… et garnissent celui de leurs soignants !

d) Je l’ai souligné à maintes reprises dans les pages qui précèdent : Parmi les tenants des médecines parallèles, il est de nombreux thérapeutes sérieux et loyalement au service de leur prochain. Parmi eux, quelques-uns se réclament de Jésus-Christ. C’est à eux que je m’adresse.

Ils se doivent de le reconnaître : Leur “médecine” concerne avant tout des maladies psychosomatiques en rapport avec des difficultés de comportement personnel ou relationnel. La grande majorité de leurs patients auraient donc à être libérés de leur préoccupation d’eux-mêmes. Ainsi seraient-ils mis sur le chemin de leur vraie guérison. Eh bien ! non. Par ces thérapies, ils sont ramenés une fois de plus à l’examen de leur petite personne, au souci de leur corps, aux variations et prévisions possibles de leur bilan de santé. Il est vrai qu’un faux christianisme peut avoir quelquefois conduit quelqu’un à négliger si ce n’est mépriser son corps. Constatons pourtant que cela est rare aujourd’hui. La tendance générale va plutôt vers une idôlatrie de notre seule personne physique. Constat regrettable : les thérapies assurées “nouvelles”, “naturelles”, “douces”, et pour toutes ces raisons “recommandables” ne font qu’ajouter des notes à la musique “égotiste” dont se bercent ou se laissent bercer aujourd’hui beaucoup de patients.

4. Au terme de cette étude, c’est aux chrétiens encore que je m’adresse : Ne se réclament-ils pas d’un Seigneur qui a vaincu la mort ? Le Christ n’a-t-il pas attesté cette victoire par une démonstration préalable et ultérieure, confiée à l’Eglise : un ministère de compassion, accompagné de guérisons innombrables touchant le corps, l’âme et l’esprit, davantage encore, touchant la totalité de la personne réconciliée avec elle-même, réconciliée avec le prochain et avec Dieu lui-même ?

Relevons qu’une certaine conception de l’homme liée à une révélation de Dieu — celle de l’Evangile — entraîne une certaine conception de la guérison.

Nous nous sommes intéressés aux “médecines parallèles”, Nous ne voulons pas, ici, confronter ces médecines avec celle qu’il y aurait lieu de mettre en valeur : une médecine chrétienne, elle aussi intéressée à l’homme tout entier. Mais il est pour le moins quelques réflexions qu’il nous faut faire encore :

La première soulignera la responsabilité de l’Eglise chrétienne — de tous les chrétiens qui la constituent. Le ministère de la guérison, les dons de guérison, appartiennent à l’Eglise. Certes, elle n’a aucun monopole à faire valoir, ni en ce domaine ni en aucun autre du reste. Cependant — nous l’avons souligné déjà — nous devons constater qu’en ce qui concerne les “médecines parallèles”, leur champ d’action s’intéresse avant tout aux maladies psychosomatiques, définies comme autant d’expressions du mal-être de l’homme en particulier et, plus généralement, de la vie toujours plus difficile que cet homme connaît dans la société actuelle.

Qui, mieux que le chrétien et son Eglise, avait vocation d’apporter la véritable guérison au mal-être de notre humanité ? A discerner le développement “surnaturel” (au sens inquiétant de ce terme) des médecines de remplacements que nous voyons partout actives aujourd’hui, nous mesurons que l’Eglise a gravement négligé son ministère.

Avec le salut par grâce, il lui appartenait de manifester dans la communion et la force du Saint-Esprit, une vie de sainteté dont l’aspect premier comporte la rénovation de tout l’homme et de toutes les relations de cet homme avec son prochain. La négligence en ce domaine explique en partie comment et pourquoi ces hommes ont cherché et cherchent encore ailleurs, c’est-à-dire dans un ciel cosmique sans le Christ, le remède à leurs maux.

Il serait trop facile d’en blâmer ces chercheurs. C’est pourquoi nous devons reconnaître devant eux et devant ceux qui recourent à leurs “médecines parallèles” que, pour une part en tout cas, nous sommes, nous les premiers, responsables de leur regrettable et dangereux engagement dans la dépendance des “Eléments du monde”.

Ma deuxième remarque pourrait faire, à elle seule, l’objet d’un chapitre de ce livre ! Or, cette étude a déjà dépassé de beaucoup les limites que nous nous étions fixées. Par nécessité, je ne fais donc qu’un bref commentaire.

Nous avons déjà cité la parole de Paul aux Colossiens : “Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui… affermis par la foi d’après les instructions qui vous ont été données… Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde et non sur le Christ… Vous avez tout pleinement en lui”.

Résumons une fois encore ce riche enseignement : Jésus a travaillé à nous racheter de l’aliénation du mal, de la maladie et de la mort. Libérés, il nous appelle à nous engager dans une vie de sainteté et de santé. Cette vie s’apprend. C’est une marche de tous les instants et de tous les jours. Cela demande de la foi et une persévérance, semblable à celle qu’exige la vie naturelle à partir de notre naissance.

La tentation constante des chrétiens — et ils y succombent, et les thérapies des médecines parallèles les induisent en cette tentation — c’est de remplacer cette marche dans l’Esprit et ses possibilités d’accomplissement de la loi :

Ou bien par la loi seule. Cela se traduit par tous les légalismes par lesquels les Puissances ou Rudiments nous conditionnent, nous manipulent, nous asservissent. Tout mortels qu’ils soient, les discours des légalistes marxistes, coraniques, bouddhistes, et même Chrétiens — ne touche pas, ne fais pas, ne mange pas, ou leur contraire : touche, mange, fais — sont séducteurs. “Ils indiquent un culte volontaire, de l’humilité, alors qu’ils ne servent qu’à la satisfaction de la chair” (Colossiens 2.23).

Ou bien par les techniques que nous proposent les médecines parallèles, techniques-ersatz du dynamisme de l’Esprit Saint. Elles nous entraînent dans une autonomie qui contribue à notre éloignement progressif loin de Dieu. Nous devenons autonomes. Nous croyons l’être. En réalité, manipulés par les Forces qui nous tiennent à leur merci, nous travaillons nous-mêmes à nous séparer de Dieu et, comme le dit Paul, à devenir “la proie” des Rudiments.

Reconnaissons-le en passant : légalismes et techniques nous rendent inhumains. Les chrétiens le sont souvent. Et pourtant ils se réclament d’un Seigneur qui leur a révélé son authentique humanité, sa connaissance et sa compréhension de l’homme. A son école, les chrétiens auraient donc à devenir plus humains que n’importe quel homme.

Nous l’avons déclaré : Qui, mieux que l’Eglise locale, bénéficiaire des dons du Saint-Esprit, peut exercer le ministère de régénération, de réconciliation, de sanctification, de guérison de notre humanité, voire de notre création ! Nous avons reconnu qu’elle a négligé cette responsabilité et l’action qui en découlait. Il en résulte, entre autres, une souffrance accrue pour beaucoup d’hommes.

Il serait donc par trop facile de nous en prendre à ceux qui, dans leur mal-être, leur souffrance, voire leur misère, se sont tournés vers les “médecines parallèles”. Ils avaient l’espoir qu’elles leur apporteraient la guérison, pour le moins le soulagement qu’elles promettent. Certains l’ont trouvé, momentanément, en partie en tout cas. Ils en sont infiniment reconnaissants.

A prendre connaissance de mon refus de recourir à de telles médecines, il est compréhensible que ces patients soulagés ou apparemment guéris soient indignés. D’avance, je pourrais même écrire leur commentaire à mon endroit.

D’avance aussi, je le leur pardonne. Car, de leur point de vue, je puis comprendre leur hochement de tête significatif ou leur colère, quand même j’espère que quelques-uns se laisseront interroger…

Cependant, parmi mes lecteurs, plusieurs seront interpellés. Ils auront pris conscience de leur ignorance, de leur crédulité, à certains égards de leur bonne foi trompée parce que jusqu’ici nul ne les avait éclairés quant au contenu réel et aux références religieuses et non scientifiques des médecines parallèles. Ma crainte, c’est qu’ils en restent à je ne sais quelle mauvaise conscience, qu’ils demeurent inquiets devant d’éventuelles conséquences de leurs contacts avec ces médecines, qu’ils fassent même de la culpabilité d’avoir cherché la guérison en recourant à des moyens qu’ils croyaient naturels, même divins.

Faut-il rappeler à ceux-là que la grâce du Christ, Seigneur de toutes les créatures célestes et terrestres vise, non à culpabiliser, mais à éclairer, à libérer, à guérir pleinement. Par sa Parole, le Christ nous invite à mettre en lumière nos égarements et à nous en détourner. Il ne nous demande pas de nous présenter devant lui avec un poids de culpabilité. Quand il nous invite à nous repentir, cela signifie en clair : prendre la décision libre et volontaire de rompre avec l’erreur et de recevoir de lui la guérison attendue.

C’est en nous soumettant à sa volonté, en nous reconnaissant ouvertement au nombre de ses disciples qu’en vérité nous échappons à l’emprise du prince de ce monde et des puissances qui en affectent l’histoire, la nôtre en particulier.

Donc, loin de faire de la culpabilité, ils invoqueront le pardon du Seigneur. L’ayant reçu comme une grâce réellement donnée, ils reprendront pied avec une vision renouvelée de la santé que Dieu se plaît à nous accorder, ou de la faiblesse, voire de l’infirmité dans laquelle il nous demande de le glorifier.

Mais il peut arriver qu’à cheminer longtemps dans l’erreur, ou encore à souffrir de certaines conditions d’existence difficiles, ils soient au nombre des blessés de la vie ou de la société, ou de la famille, ou même de l’Eglise. En une telle situation, ils ne doivent pas rester seuls à lutter, à souffrir, à faire front contre les difficultés ou les maladies.

Dieu a institué dans l’Eglise, au bénéfice de tous les malmenés de l’existence (et qui ne l’est pas d’une manière ou d’une autre ?) des ministères de relation d’aide, de guérison en particulier.

Donc, à ceux que mon propos aurait troublés ou laissés désemparés, je dis : Demandez aux responsables de votre communauté ou d’une église proche de votre maison de vous tendre la main secourable à la découverte de votre guérison.

La troisième remarque voudrait prévenir une fausse interprétation de l’enseignement que ce livre apporte. Beaucoup mieux qu’une longue explication, un exemple illustrera mon propos.

Un chrétien de santé délicate était de surcroît affligé d’insomnies tenaces, à la pleine lune surtout. Chaque mois, il redoutait les nuits correspondant à cette phase des lunaisons. Il avait lu ce que certaines médecines conseillent et connaissait les somnifères que d’autres médecines proposent. Pour autant ne retrouvait-il pas le sommeil naturel. Jusqu’à l’heure où, éclairé par l’Esprit saint, il saisit que le vrai médecin de notre vie et de nos troubles fonctionnels, c’est le Seigneur. En effet, dans ce monde en rupture avec son Créateur, Jésus est venu nous réconcilier non seulement avec l’Auteur de toutes choses, mais aussi avec sa création, la lune y compris ! Il est venu nous soustraire aussi à tout asservissement de notre chair dont les Puissances célestes usent à notre détriment.

Un sommeil perturbé par la lune, cela n’est pas selon l’ordre de Dieu. Traité et encouragé par un médecin chrétien, ce patient mit donc sa foi en action. Soumis à la Seigneurie du Christ, il prit position envers sa propre chair inquiète et incrédule. Il fit de même face à la Domination céleste qui, en dehors de la médiation de Jésus-Christ, le persuadait que la lune, à toujours, troublerait son sommeil. Et ce sommeil, il le retrouva, sans médication d’aucune sorte, même à la pleine lune !

Le médecin est serviteur de Dieu. Sa connaissance de notre anatomie et des lois de notre nature lui permet de nous secourir dans nos faiblesses et nos accidents, dans nos hérédités et nos circonstances.

Ce ministère providentiel sauvegarde notre existence terrestre afin que nous atteigne l’autre dimension de l’amour de Dieu : celle de sa grâce nous rachetant de la malédiction du péché et nous réintroduisant dans une communion profonde avec notre Créateur, avec sa création et toutes ses créatures.

Ce qu’il nous faut entendre ici est donc important :

a) La souffrance, alias la maladie — peut être instrument de la providence divine. Elle est un pédagogue dont il faut écouter les avertissements souvent correctifs et éducatifs. A cette étape-là, toute médecine prématurément interventioniste devient une mauvaise médecine.

b) La médecine classique — son savoir éprouvé et ses interventions compétentes — elle aussi peut exercer ce même ministère correctif et éducatif. En le pratiquant, elle atteste le secours de Dieu, témoin compatissant et agissant au secours de nos faiblesses, de nos misères volontaires et involontaires.

Cette médecine-là, nécessaire comme le toit sur nos têtes, ou, à certaines saisons, comme un chauffage dans la maison, remplit son précieux office quand elle reste dans ses limites de servante du Seigneur. Mais sa science est de mauvais aloi lorsque, idolâtre d’elle-même et de son savoir, de servante qu’elle aurait dû rester, elle passe au rang de maître, jusqu’à faire oublier à l’homme qu’il dépend d’un Créateur, lui seul maître de la vie et de la mort.

Fière de cette maîtrise inconvenante, la médecine oublie souvent, trop souvent, que l’homme n’est pas vie dans un corps seulement mais qu’il est créature de Dieu appelée à une haute destinée. Elle oublie souvent qu’elle aurait à le lui rappeler, surtout à l’heure où elle doit le soigner et le guérir de ses troubles et dérèglements fonctionnels.

Il fut un temps où les docteurs formés à la médecine classique limitaient celle-ci aux seules références d’un matérialisme scientifique. Ils écartaient de leur responsabilité toute dimension spirituelle. Les temps changent. Beaucoup de médecins sont aujourd’hui d’excellents médecins mais aussi des serviteurs et servantes du Christ, ouvertement déclarés tels. On imagine facilement ce qu’il aurait pu advenir du patient dont nous venons de parler, si le médecin traitant avait été un athée… ou alors un disciple du Tao !

Ma quatrième remarque soulignera le redressement heureux qui s’opère aujourd’hui. L’Eglise du Seigneur — et je me garde de lui attribuer une dénomination — connaît un réveil qu’on pourrait aussi appeler une réforme, un redressement. Va grandissant le nombre des chrétiens profondément unis au Christ vivant et à leur communauté locale : église de maison, assemblée évangélique, groupe de prière dans certaines paroisses ou ailleurs. Remplis de la vie du Seigneur, ils manifestent la guérison qu’elle leur apporte, le dynamisme qui l’accompagne et qui s’exprime dans ce qu’on appelle une thérapie au service des autres. Dans ces groupes ou communautés, le ministère pastoral n’est plus entendu seulement comme une responsabilité de prédication. En de nombreux endroits, ce ministère de berger, avec ou sans titre officiel, est assimilé à celui d’un service capable de “fortifier ceux qui sont faibles, de guérir ceux qui sont malades, de panser ceux qui sont blessés, de ramener ceux qui s’égarent ou deviendraient la proie des bêtes des champs”. 6

6 Ezéchiel 34.4.

En de telles communautés, la relation d’aide, nommée ailleurs la cure d’âme, ne fait pas fi de la médecine classique. Elle n’ignore pas les remèdes. Elle ne fait pas abstraction de la psychologie, de la physiothérapie — ailleurs appelée kinésithérapie — et si nécessaire de la psychiatrie. Elle reconnaît la valeur de certains régimes, de certaines cures ; elle recommande le jeûne, la sobriété en toutes choses. Mais en même temps, elle sait qu’aucune thérapie ne changera jamais la nature mortelle de l’homme pécheur. C’est pourquoi elle fait connaître à l’homme son véritable état et cherche à l’amener à la rencontre du seul vrai médecin, Jésus-Christ, et à la seule guérison réelle et durable : notre personne rachetée par le Christ, c’est-à-dire soustraite à l’aliénation des Puissances célestes, renouvelée dans sa nature profonde, corps, âme et esprit, rétablie dans sa capacité de résister au mal, rendue apte, par la force du Saint-Esprit, à accomplir librement la volonté de Dieu.

S’il est juste de mettre en valeur cet heureux aspect de la vie de l’Eglise, encore faut-il rester modeste et reconnaître que ce réveil prometteur en est au stade des petits commencements.

Ma cinquième remarque traduit mon étonnement devant un fait souvent constaté.

L’intérêt que j’ai porté dès longtemps au ministère de la guérison m’a conduit à la recherche de l’équipement adéquat. D’abord une connaissance de l’homme ; ensuite, dans une vraie compassion pour cet homme, une connaissance du Saint-Esprit et des dons charismatiques indispensables à l’exercice d’un ministère de libération et de guérison. 7

7 1 Corinthiens 12.4-11, 27-28.

Or, il faut le dire sans détour et dans un souci de vérité : cette même Eglise restée souvent sans réponse et sans moyens efficaces devant la souffrance des hommes, est souvent celle qui, par ailleurs, demeure circonspecte, parfois même très réservée envers toute manifestation de l’Esprit. Que de mises en garde, que de méfiance envers ces manifestations, dans des communautés ou églises qui se veulent justement “évangéliques” ! Les motifs invoqués sont certes honorables quand ils s’accordent avec une volonté ferme de fidélité à la saine doctrine. Encore pourrait-on faire remarquer que si cette fidélité était selon l’Esprit saint, elle devrait s’actualiser, donc s’incarner au niveau de la vie réelle de l’Eglise par des manifestations de grâce, donc de guérison et de libération, évidentes et efficaces. Cette fidélité serait convaincante, non par ses méfiances et ses mises en garde, mais par ses démonstrations.

Or, que devons-nous constater ? Oui, il y a des guérisons. Mais, outre qu’elles sont encore relativement peu nombreuses et restent ignorées, parfois même contestées, le crédit accordé à cet aspect du ministère en règle générale ne retient guère l’attention.

Autre étonnante constatation : la circonspection à l’égard des manifestations de l’Esprit évoquée sous le couvert de la prudence et de la fidélité scripturaire laisse ces mêmes chrétiens “vigilants”… sans mise en cause réelle des “médecines parallèles” et sans retenue devant elles. C’est ainsi que des frères et sœurs en Christ redoutent l’imposition des mains, redoutent la recherche et la pratique des dons charismatiques, restent à l’écart des groupes ou des communautés où l’on enseigne et requiert l’équipement spirituel nécessaire au ministère de guérison — ministère désiré et désirable pour mille raisons. Mais sans l’ombre d’une hésitation, ces mêmes frères recourent à l’acupuncture, disent ouvertement les bienfaits de l’homéopathie, souscrivent à la sophrologie, en bref laissent entendre que leur foi en Jésus-Christ s’accorde avec les bienfaits de Dieu reçus directement de l’allopathie — ce que l’on peut comprendre — mais tout aussi directement de ces “médecines parallèles” — ce qui ne manque pas de nous étonner.

J’en suis conscient ! A dire ces choses, à les écrire surtout, je prends le risque d’indisposer ceux qui, jusqu’ici, ne s’étaient guère interrogés quant aux sources et à la nature réelle du dynamisme des “médecines parallèles”.

Quand tel écrit ou tel frère recommandent ouvertement de telles médecines, 8 ne prennent-ils pas un risque encore plus grave, plus lourd de conséquences ?

8 Ichthus 1/1983.

La liberté évangélique ne saurait jamais servir de caution ni à la vanité, 9 ni aux apparences de la vérité. 10 Si les médecines parallèles ne sont pas toutes et nécessairement “chargées d’une énergie diabolique”, elles ne sont pas non plus et pour autant marquées d’un label garantissant le crédit dont elles se réclament.

9 Esaïe 44.8-20.

10 Galates 5.13 ; Romains 14.14-16.

Ce que le Seigneur demande de nous, quoi qu’il puisse nous en coûter, c’est d’être les gérants fidèles de ce qu’il nous a confié. Depuis fort longtemps, j’ai dit oralement ma profonde réticence à l’égard des “médecines parallèles”. Par ma faute sans doute, je n’étais ni toujours entendu, ni toujours compris. C’est-à-dire qu’à m’entendre, maint interlocuteur restait pensif, mais n’en continuait pas moins à aimer le Seigneur… puis à recourir quand même à toutes sortes de “médecines parallèles…!”

Peut-être ma plume aura-t-elle cette fois une audience différente, moins fraternelle, mais plus efficace.

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