Synonymes du Nouveau Testament

3.
Ἱερόν, ναός
Temple, sanctuaire

On a rendu ces deux mots par « temple », et il n’est pas très facile de découvrir de quelle manière on aurait pu reproduire la distinction qui les sépare, distinction bien réelle pourtant, et qui, si on l’observait, ajouterait beaucoup à la clarté et à la précision du récit sacré. Ἱερόν ( templum), c’est toute l’étendue de l’enceinte sacrée, le τέμενος, comprenant les parvis extérieurs, les porches, les portiques, et autres bâtiments dépendants du temple lui-même. Mais ναός (ædes), de ναίω, habito, considéré comme l’habitation même de Dieu (Actes 7.48 ; 17.24 ; 1Cor.6.19), l’οἶκος τοῦ Θεοῦ (Matthieu 12.4 ; cf. Exode 23.19), c’est le temple lui-même, ainsi appelé, par un droit spécial, comme étant le centre de tout l’édifice ; le Lieu saint, le Saint des Saints, appelé souvent ἁγίασμα (1 Maccabées 1.37 ; 3.45). Cette distinction, qui existait et qui était reconnue dans le grec profane par rapport aux temples païens, tout autant que dans le grec sacré par rapport aux temples du vrai Dieu (Herod. i, 181, 183 ; Thucyd. v, 18 ; Actes 19.24,27), est, je pense, toujours admise dans tous les passages qui ont trait au temple de Jérusalem, soit qu’il s’agisse des écrits de Josèphe, de Philon, des Septante ou des auteurs du N. T. Souvent même elle est explicitement reconnue par Josèphe (Ant. viii, 3, 9), qui, après avoir décrit le ναός que Salomon avait bâti, continue à dire : ναοὺ δ᾽ ἔξωθεν ἰερὸν ᾠκοδόμησεν ἐν τετραγώνῳ σχήματι. Dans un autre passage (Ant. xi, 4, 3), Josèphe décrit les Samaritains comme réclamant des Juifs la permission de prendre part à la reconstruction de la maison de Dieu (συγκατασκευάσαι τὸν ναόν). On la leur refuse, (cf. Esdras 4.2) ; mais, selon Josèphe, on leur accorde, ἀφικνουμένοις εἰς τὸ ἰερὸν σέβειν τὸν Θεόν — privilège qu’on refusait aux Gentils qui ne pouvaient pas, sous peine de mort, dépasser leur propre parvis extérieur (Actes 21.29-30 ; Philo. Leg. ad Cai., 31).

On peut faire porter cette distinction avec avantage sur plusieurs textes du N. T. Ainsi quand Zacharie entre « dans le temple » du Seigneur, pour brûler de l’encens, le peuple, qui attendait son retour et qui est mentionné comme « étant dehors » (Luc 1.10), était aussi, dans un sens, dans le temple, c’est à dire, dans le ἱερόν, tandis que Zacharie seul entra dans le ναός, dans le « temple », dans le sens plus limité et plus auguste. Nous lisons aussi continuellement de Christ qu’il enseignait « dans le temple » (Matthieu 26.55 ; Luc 21.37 ; Jean 8.20) ; et peut-être sommes-nous embarrassés pour comprendre comment il pouvait en être ainsi ou comment on pouvait y entretenir une longue conversation sans que le service divin en fût interrompu. Mais ces choses se passaient toujours dans le ἱερόν, dont les porches et les portiques étaient bien propres à de tels usages, puisqu’ils étaient construits à cet effet. Jésus, pendant son séjour sur la terre, n’est jamais entré dans le ναός ; et, à la vérité, soumis comme il l’était à la Loi, il ne le pouvait ; les prêtres seuls avaient ce droit. A peine est-il donc nécessaire de dire que c’est du ἱερόν, non du ναός, que le Seigneur chasse les changeurs, les acheteurs et les vendeurs, avec leurs brebis et leurs bœufs. Profanateurs du Lieu saint, où ils s’étaient introduits, ils n’avaient pourtant pas osé s’établir dans le temple proprement ainsi appelé (Matthieu 21.12 ; Jean 2.14). D’un autre côté, quand nous lisons d’un autre Zacharie, tué « entre le temple et l’autel », nous n’avons qu’à nous rappeler que le « temple » est ici le ναός, pour nous débarrasser sur-le-champ d’une question difficile qui a pu se présenter à beaucoup de lecteurs : L’autel n’était-il pas dans le temple ? Comment donc peut-on parler d’une localité entre-deux ? — Sans doute que l’autel d’airain se trouvait dans le ἰερόν auquel on fait ici allusion, « dans le parvis de la maison du Seigneur » (cf. Joseph. Ant. viii, 4, 1), où l’historien sacré transporte la scène du meurtre (2 Chroniques 24.21), mais non dans la maison du Seigneur, dans le ναός même. A cet exemple joignez celui de Judas. Quelle vivante peinture de son désespoir, quand nous le voyons s’introduisant jusque dans le ναός (Matthieu 27.5), dans l’« adytum », dans le sanctuaire des seuls prêtres, et là, jetant à terre, sous leurs yeux, le prix maudit du sang ! — Les interprètes qui affirment que ναός est ici à la place de ἰερόν devraient produire quelque autre passage où se trouve une telle substitution.

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