Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et amenés vers moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi; vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. {Ex 19.4-6}
Israël est arrivé en Horeb. La loi va lui être donnée et l’alliance conclue. Or voici les premières paroles que l’Eternel adresse à son peuple. Il lui parle de la rédemption dont il vient d’être l’objet : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle », puis des bénédictions qui découlent de cette rédemption la communion avec lui : « Vous avez vu, leur dit-il, comment... je vous ai amenés vers moi ». Il parle de la sainteté : je vous ai amenés vers moi comme du but qu’il avait en vue en rachetant son peuple. Et le lien qu’il établit entre la rédemption et la sainteté, c’est l’obéissance : « Si vous écoutez ma voix..., vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte ». La volonté de Dieu, voilà l’expression de sa sainteté ! Dans la mesure où nous faisons sa volonté, dans cette mesure nous entrons en contact avec la sainteté de Dieu. Nous avons donc raison de dire que le lien qui existe entre la rédemption et la sainteté c’est l’obéissance.
Ceci nous rappelle ce que nous avons vu en Eden. Dieu sanctifia le septième jour afin que ce jour sanctifiât l’homme. Et que fit d’abord l’Eternel en vue de cet objet ? Il donna à l’homme un commandement. L’obéissance à ce commandement aurait ouvert à l’homme la porte de la sainteté de Dieu. La sainteté est un attribut moral ; et la morale c’est ce qu’une volonté libre choisit et décide pour elle-même. Ce que Dieu crée et donne ne peut, naturellement, être que bon; ce que l’homme veut de Dieu et de sa volonté, ce qu’il s’en approprie réellement, a une valeur morale et conduit à la sainteté. Dieu a manifesté sa volonté sage et bonne dans la création. Sa volonté sainte il l’exprime dans ses commandements. Or, dans la mesure où cette volonté sainte se rend maîtresse de la volonté de l’homme, et où l’homme accepte la volonté de Dieu et s’y soumet, dans cette mesure il devient saint. Après la création, au septième jour, Dieu fit entrer l’homme dans son œuvre de sanctification afin de l’amener à la sainteté. L’obéissance est le chemin de la sainteté, parce qu’elle est le chemin par lequel la volonté de l’homme s’unit à la volonté sainte de Dieu. Pour l’homme avant la chute comme pour l’homme après la chute, dans la rédemption ici-bas, comme dans la gloire du ciel, parmi les anges, comme auprès de Christ lui-même, le Saint de Dieu, l’obéissance est le chemin de la sainteté; mais lorsque la volonté de l’homme se dispose à accepter et à faire la volonté de Dieu, Dieu se communique à l’homme avec sa sainteté. Obéir à sa voix c’est donc le suivre lorsqu’il nous conduit dans la voie d’une pleine révélation et d’une communication complète de sa personne divine, comme du Saint des saints. L’obéissance avons-nous dit, non la connaissance de la volonté de Dieu, non pas même l’approbation, ni même la volonté de faire cette volonté, mais la pratique de la justice. La connaissance, l’approbation de cette volonté et l’intention de la faire doivent conduire à la pratique, à l’action, car la volonté de Dieu doit être faite. « Si vous obéissez à ma voix vous serez pour moi une nation sainte ». Ce n’est donc point la foi, ni le culte, ni la profession que Dieu demande d’abord de son peuple, quand il lui parle de sainteté, c’est l’obéissance. La volonté de Dieu doit être « faite sur la terre comme elle est faite dans le ciel »,—« afin, dit l’Eternel à son peuple, que vous vous rappeliez et que vous exécutiez tous mes ordres, et que vous soyez saints pour votre Dieu ». {No 15.40} « Conservez-vous donc saints, et soyez saints, car je suis l’Eternel votre Dieu. Et gardez mes statuts et vous y conformez. Je suis l’Eternel qui veux vous sanctifier ». {Le 20.7,8} « Observez aussi mes commandements et pratiquez-les. Je suis l’Eternel. Et ne profanez pas mon saint nom, afin que ma sainteté se montre au milieu des enfants d’Israël. Je suis l’Eternel qui vous ai consacrés, qui vous ai tirés du pays d’Egypte pour être votre Dieu. Je suis l’Eternel ». {Le 22.31-33}
Un moment de réflexion suffira pour nous faire comprendre clairement la raison de ce que nous venons de dire. En effet, c’est dans ce qu’il fait que l’homme manifeste ce qu’il est. Je puis savoir ce qui est bon, et cependant ne pas l’approuver. Je puis l’approuver et cependant ne pas le vouloir. Je puis en une certaine mesure le vouloir et manquer cependant de l’énergie, de l’esprit de renoncement et de la force qui me fera me lever pour agir et pour faire ce qui doit être fait. Il est plus aisé de penser que de vouloir, et plus aisé de vouloir que de faire. Dieu exige que sa volonté soit faite. Faire sa volonté, voilà ce qui seul peut s’appeler de l’obéissance. Et c’est en ceci seulement qu’on peut voir si le cœur entier, avec toutes ses énergies et sa volonté, s’est livré à la volonté de Dieu, si nous vivons cette volonté et si nous sommes prêts à la faire nôtre, en l’accomplissant, même au prix de tous les sacrifices.
Dieu ne nous a pas révélé d’autre voie pour nous rendre saints. « Vous garderez mes statuts et vous vous y conformerez. Je suis l’Eternel qui veux vous sanctifier ».
Pour tous ceux qui soupirent après la sainteté et qui la recherchent de tout leur cœur, ceci a une importance capitale. L’obéissance,— nous l’avons vu, n’est pas la sainteté; la sainteté est quelque chose de beaucoup plus élevé encore, quelque chose qui vient de Dieu jusqu’à nous, ou plutôt quelque chose de Dieu venant en nous. Mais l’obéissance est indispensable à la sainteté ; celle-ci ne peut exister sans celle-là. C’est pourquoi, tandis que votre cœur s’attache à suivre l’enseignement de la Parole de Dieu, tandis que vos regards s’arrêtent avec foi sur ce que Dieu a fait lorsqu’il vous a mis à part pour que vous fussiez saints en Christ, et sur ce qu’il fera encore par l’Esprit de sainteté quand il accomplira cette promesse : « Le Dieu de paix vous sanctifie entièrement », n’oubliez jamais un seul instant d’être obéissants. « Si vous écoutez ma voix, vous serez pour moi une nation sainte ». Commencez par faire immédiatement ce que vous savez devoir être fait. Renoncez sans hésiter à ce que votre conscience vous dit ne pas être conforme à la volonté de Dieu. Non seulement priez pour que la lumière et la force vous soient données, mais agissez, faites ce que Dieu vous commande. « Quiconque fera la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est celui-là qui est mon frère, et ma sœur et ma mère », dit le Sauveur.
Faire la volonté de Dieu sera toujours la nourriture solide, la force de tout enfant de Dieu.
Devenir chrétien n’implique pas moins que l’abandon de tout notre être à cette vie de simple et entière obéissance. Dans nos prières, dans nos efforts pour arriver à une pleine paix, au repos de la foi, à une joie permanente et à une augmentation de vie chrétienne en nous, il y a eu quelque secrète cause qui a empêché la bénédiction du Seigneur de venir jusqu’à nous, ou qui nous a privés bien vite de ce que nous avions cru avoir acquis. Et peut-être que cette cause secrète n’a été, après tout, qu’une vue erronée de notre part sur l’absolue nécessité de l’obéissance. On ne peut insister avec trop de sérieux sur ce point, c’est que la libre et puissante grâce de Dieu a pour objet, dès le jour de notre conversion, de restaurer en nous une obéissance active, et l’harmonie de notre volonté avec celle de Dieu, obéissance et harmonie que l’homme a perdues par sort péché en Eden. L’obéissance conduit à Dieu et à sa sainteté. C’est dans l’obéissance que notre volonté est moulée, que notre caractère est façonné, que l’homme intérieur, que Dieu peut alors vêtir et orner de la beauté de la sainteté, est renouvelé, reconstruit.
Lorsqu’un chrétien fait la découverte que c’est là l’anneau qui a manqué à la chaîne de sa vie chrétienne, là qu’a été la cause de ses échecs et des ténèbres de son âme, il n’a qu’une chose à faire, c’est, par un acte décisif de libre abandon à Dieu, de choisir l’obéissance, une obéissance entière, sur toute la ligne, comme la loi, qui, par la puissance du Saint-Esprit, régira désormais toute sa vie intérieure. Qu’il ne craigne pas de faire siennes les paroles qu’Israël prononça au pied du Sinaï, en réponse au message que Moïse lui apportait de la part de l’Eternel : Nous ferons tout ce que l’Eternel a commandé.. {Ex 19.8} Nous exécuterons tous les ordres qu’a prescrits l’Eternel.. {Ex 24.3}
Ce que la loi ne pouvait accomplir, parce qu’elle était faible en la chair, Dieu l’a fait par le don de son Saint-Esprit. Au don de la loi en Sinaï, sur des tables de pierre, a succédé le don de la loi de l’Esprit sur les tables de notre cœur; le Saint-Esprit est la puissance qui rend possible l’obéissance. Il est l’Esprit de sainteté qui, par l’obéissance, prépare notre cœur à devenir la demeure du Saint des saints.
« Si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance ». La voix est plus qu’une loi ou un livre; elle implique toujours une personne vivante et des rapports personnels avec elle. Là est le secret de l’obéissance selon l’Evangile : entendre la voix de Jésus, le suivre comme un Ami personnel, comme un Sauveur vivant. C’est le fait d’être conduits par le Saint-Esprit, de l’avoir en nous, pour nous révéler la présence, la volonté et l’amour du Père, qui produit en nous cette relation personnelle que le Nouveau Testament a en vue quand il nous dit de faire tout pour le Seigneur, et comme pour plaire à Dieu.
Une pareille obéissance est le chemin qui mène à la sainteté. Chaque acte d’obéissance est un anneau de la chaîne qui nous relie au Dieu vivant, un abandon de tout notre être à la volonté de Dieu, pour qu’il prenne possession de nous. C’est par cette opération d’assimilation, opération lente mais sûre, par laquelle la volonté de Dieu, comme nourriture solide de notre âme, est prise par notre homme intérieur, que notre nature spirituelle est fortifiée, spiritualisée, et qu’elle s’élève pour être un temple saint au Seigneur, un temple dans lequel Dieu peut se révéler et faire sa demeure.
Que tout croyant s’étudie non seulement à connaître ces choses, mais à les réaliser dans sa vie de tous les jours. De même que dans la création Dieu a fait une œuvre graduelle, et que ce n’est que le septième jour qu’il a sanctifié, pour que l’homme fût sanctifié par ce jour-là, de même la révélation et la communication à l’homme de la sainteté doivent être graduelles, selon que l’homme est préparé à les recevoir. L’œuvre de sanctification que Dieu fait en chacun de nous, comme celle qu’il accomplit dans la race humaine, demande du temps. Or, le temps que cette œuvre exige c’est une vie d’obéissance de chaque jour, de chaque heure. Tout ce qui est dépensé en volonté propre et non en relation vivante avec le Seigneur est perdu. Mais lorsque le cœur prête journellement l’oreille à la voix qui vient d’en haut pour y obéir, le Seigneur lui-même veille à ce que sa promesse s’accomplisse : « Vous me serez, une nation sainte ». Alors, dans une mesure dont l’âme croyante n’avait auparavant aucune idée, Dieu couvre de son ombre le cœur obéissant et vient y établir sa demeure. L’habitude sainte d’écouter sans cesse la voix de Dieu pour y obéir constituera l’édification même du temple dont Paul dit: «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » Le Dieu vivant lui-même, le Saint des saints viendra l’habiter. La gloire du Seigneur remplira ce temple et la promesse : « Ma gloire rendra ce lieu saint », {Ex 29.43} s’accomplira.
« Je vous ai amenés vers moi. Si vous écoutez ma voix, vous serez pour moi une nation sainte ». Vous qui cherchez la sainteté, sachez que Dieu vous a amenés vers lui» Et maintenant sa voix vous fait entendre toutes les pensées de son cœur à votre égard, afin que, si vous les recevez et si vous faites de ses pensées vos pensées, et de sa volonté votre volonté pour vivre et pour agir, vous entriez dans une communion plus intime avec lui, une communion de volonté et de vie, et que vous deveniez pour lui « un peuple saint ». Que l’obéissance, que l’attention que vous donnez à la voix de Dieu et à la pratique de sa volonté soient la joie et la gloire de votre vie ; ainsi vous aurez accès à la sainteté de Dieu.
« Soyez saints, car je suis saint ».
O mon Dieu ! tu m’as racheté pour toi-même, afin que tu puisses me posséder entièrement, remplissant mon être intime de ta ressemblance, de ta volonté parfaite, de la gloire de ta sainteté. Et tu veux m’enseigner, dans la force d’une volonté libre et aimante, à prendre ta volonté et à la faire mienne, afin que dans le centre même de mon être, intérieur, je possède ta perfection habitant en moi. Et tu me révèles ta volonté dans tes commandements, dans tes paroles, afin que selon que je les accepte et que je les garde, je puisse arriver à faire ta volonté, à vouloir tout ce que tu veux.
O mon Dieu ! fais-moi vivre jour après jour dans ta communion, que j’entende, en effet ta voix, la voix du Dieu vivant parlant à mon âme. Que ton Saint-Esprit, l’Esprit de sainteté, soit pour moi la voix qui me guide dans le chemin d’une obéissance simple et enfantine. Je te bénis de ce que tu m’as fait voir que Christ, en qui je suis saint, a été d’une obéissance parfaite, que, par obéissance, il s’est sanctifié afin de devenir ma sanctification, et qu’en demeurant en lui, ton Fils bien-aimé, le Saint, je puis demeurer dans ta volonté, telle qu’il l’a faite une fois pour nous ; dans cette volonté qui doit être faite par moi. O mon Dieu ! je veux obéir à ta volonté; fais de moi un membre de ta nation sainte, ton joyau au milieu des peuples. Amen.
1° « Jésus-Christ fut obéissant jusqu’à la mort.—Quoique fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes.—Je viens, ô Dieu! pour faire ta volonté.—C’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés. » L’exemple de Christ nous enseigne que l’obéissance est le seul chemin qui conduit à la sainteté ou en d’autres termes à la gloire de Dieu. Que notre consécration soit donc un renoncement à tout pour chercher et pour faire la volonté de Dieu.
2° Nous sommes saints « en Christ », en ce Christ qui a fait la volonté de Dieu, et qui a été « obéissant jusqu’à la mort ». C’est « en lui » que nous sommes ; « en lui » que nous avons été sanctifiés. Son obéissance est le terrain dans lequel nous avons été plantés, et dans lequel nous devons pousser de profondes racines. « Ma nourriture, disait Jésus c’est de faire la volonté de mon Père. » L’obéissance était l’aliment habituel de sa vie; en faisant la volonté de Dieu, il faisait descendre dans son âme le divin aliment dont elle avait besoin. Il doit en être de même de nous.
3° Saints en Christ. « Christ s’est sanctifié lui-même pour nous » par l’obéissance, en faisant la volonté de Dieu ; et c’est par cette volonté accomplie par lui « que nous avons été sanctifiés ». En acceptant cette volonté, telle qu’elle a été faite par lui ; en l’acceptant lui, je suis saint. En acceptant cette volonté de Dieu comme devant être faite par moi, je deviens saint. Je suis en lui ; par chacun des actes d’obéissance accomplis par moi, j’entre dans une communion vivante avec lui, et je fais descendre dans ma vie la puissance de sa vie.
4° L’obéissance dépend de la manière dont j’écoute la voix de Dieu. Ne vous imaginez pas connaître la volonté de Dieu. Mais priez et attendez que le Saint-Esprit vous enseigne et vous conduise dans toute la vérité.