La troisième signification de la présence de notre Seigneur à la droite de la Majesté divine nous est donnée dans l’Epître aux Ephésiens (Ephésiens 1.3-14) : en nous adoptant, le Père céleste nous donne le rang d’enfants et d’héritiers de Dieu, en Christ, notre Sauveur et Seigneur ressuscité et glorifié.
« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus- Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ ! En Lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant Lui, nous ayant prédestinés dans Son amour à être Ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de Sa volonté, à la louange de la gloire de Sa grâce qu’Il nous a accordée en Son Bien-Aimé. En Lui, nous avons la rédemption par Son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de Sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous par toute espèce de sagesse et d’intelligence, nous faisant connaître le mystère de Sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’Il avait formé en Lui-même, pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. En Lui, nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de Celui qui opère toutes choses d’après le conseil de Sa volonté, afin que nous servions à la louange de Sa gloire, nous qui d’avance avons espéré en Christ. En Lui, vous aussi, après avoir entendu la Parole de la vérité, l’Evangile de votre salut, en Lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu S’est acquis à la louange de Sa gloire ».
Le Nouveau Testament plonge ses racines dans le sol de l’Ancien Testament ; comme l’enseignent spécialement les Epîtres aux Romains, aux Galates, et aux Hébreux, l’ancienne alliance prépare la nouvelle alliance, dont elle fait, par contraste, ressortir les richesses. A Israël appartenaient l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses et les patriarches (Romains 9.4). Mais Israël ayant rejeté son Messie, le messianisme et ses miracles ont pris fin. Le rejet du Messie a donné au monde un Sauveur divin, assis à la droite du Père céleste, à qui notre foi s’attache. Si Israël a été momentanément mis de côté, Dieu visite désormais les nations pour en faire sortir un peuple consacré à Son Nom (Actes 15.14).
L’appel de Dieu n’est plus comme autrefois une question de droit national ou d’hérédité, mais une question de grâce souveraine et de miséricorde divine. Jésus-Christ glorifié est le centre de toutes les voies de Dieu envers Ses enfants dans le monde. Du ciel, Il distribue Ses bienfaits et les dispense à ceux qui croient, sans distinction de race (Jean 12.32 ; Ephésiens 3.1-7). Il les adopte selon le bon plaisir de Sa volonté, à la louange de la gloire de Sa grâce ; Il révèle Ses trésors les plus précieux à ceux qui, L’ayant accepté comme Sauveur divin, ont décidé de Le suivre, de Le servir, en renonçant à eux-mêmes et en se chargeant de leur croix.
« Il nous a acceptés en Son Bien-aimé » (Ephésiens 1.7). Autrefois, sous la loi, dans le lieu saint du tabernacle, les douze pains de présentation oints d’huile sainte étaient posés devant l’Eternel ; chaque tribu d’Israël Lui étant ainsi symboliquement présentée, Il agréait de cette façon la nation tout entière.
Jamais ici-bas nous ne pourrons comprendre toute l’étendue de la grâce qui nous est faite. L’apôtre Paul dit au chapitre suivant : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés) ; Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l’infinie richesse de Sa grâce par Sa bonté envers nous en Jésus-Christ » (Ephésiens 2.4-7).
Nous sommes un en Christ. La croix a « renversé la muraille de séparation » entre Juifs et Gentils, et aussi entre chrétiens, détruisant ainsi leur inimitié ; et par la puissance de Sa résurrection et de Son ascension, nous voici maintenant unis à Christ dans la gloire (Ephésiens 2.13-16).
L’une des premières paroles que notre Sauveur ressuscité adressa aux témoins de Sa résurrection fut cet ordre donné à Marie : « Va trouver Mes frères, et dis-leur que Je monte vers Mon Père et votre Père, vers Mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20.17). Au moment de l’ascension, Il déclara en présence de Son Père : « Me voici, Moi et les enfants que Tu M’as donnés » (Hébreux 2.13). Grâce à Son œuvre expiatoire, aucune condamnation ne pèse plus sur nous ; aucune séparation n’existe plus entre Lui et nous ; Son Saint-Esprit, ayant fait Sa demeure en nous, nous unit à Lui ; et « Celui qui s’attache au Seigneur est avec Lui un seul esprit » (1 Corinthiens 6.17).
Dans la prière sacerdotale (Jean 17), toutes les pensées et toutes les paroles de notre Seigneur sont dirigées vers la consommation de cette parfaite unité qui existe entre Lui et Son Père, ainsi qu’entre Lui et nous. Tel est le résultat de notre élection par grâce.
Voilà le terrain de la foi sur lequel nous nous tenons en priant. Nous découvrons alors, que « nous n’avons pas reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte » — ce qui caractérise les âmes sous la loi — « mais un esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba ! Père ! L’Esprit Lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ » (Romains 8.15-17).
Dans l’Epître aux Galates (Galates 4.1-7), l’apôtre Paul souligne la même vérité, insistant sur le fait que tout en étant des enfants de Dieu, nous pouvons, par erreur ou par ignorance, nous comporter comme des esclaves à l’égard de l’héritage que Dieu met en notre possession, et demeurer sous une tutelle étrangère.
En effet très souvent, par manque de lumière, le chrétien sincère et consacré prie, mais comme un mendiant ! Ou bien il prie dans un esprit légal, « parce qu’il le faut » ! Il n’est pas conscient d’être un même esprit avec le Seigneur à la droite du Père ; il ignore qu’il est « accepté dans le Bien-Aimé », qu’il est fils et héritier de Dieu. Il prononce facilement de vaines redites sans vie ; il a perdu le sens de la victoire de Christ et la vision des possibilités merveilleuses que Dieu désire nous faire réaliser. Et pourtant tel est notre droit d’aînesse. Pourquoi le vendrions-nous pour un plat de lentilles, à l’exemple d’Esaü ? Si, pour un patriarche, il était grave de mépriser son droit d’aînesse, si les conséquences de cet acte ont été irréparables et séculaires, combien est-il plus grave de négliger nos privilèges d’héritiers de la nouvelle alliance ! « Un plat de lentilles » ? Cela peut représenter tant de choses ! Veillons à ces choses, même légitimes, qui disputent notre droit d’aînesse, qui voilent notre vision des richesses de Christ et nous empêchent de prier en fils et en héritiers.
Par Sa mort, Sa résurrection et Son entrée dans la gloire, après avoir parfaitement achevé l’œuvre de notre rédemption, le Seigneur a mis fin à nos craintes, à nos esclavages, à nos conceptions limitées de Son salut. Il nous envoie Son Esprit, afin qu’Il remplisse nos cœurs et prenne possession de nos vies, pour transformer non seulement notre attitude devant Dieu et nos relations avec Lui, mais aussi pour nous donner un nouveau langage : « Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de Son Fils, lequel crie Abba ! Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu » (Galates 4.6, 7).
Ainsi, quand nous prions, nous ne prions plus selon les ordonnances et les rites des hommes, ni comme asservis sous la crainte de la loi ; nous ne prions pas en mendiants, mais nous prions comme fils et héritiers de Dieu, cohéritiers de Celui qui est à Sa droite.
Voilà comment la présence de notre Seigneur à la droite de Son Père implique que nous sommes non seulement acceptés par Dieu et adoptés, mais que nous sommes héritiers de tout ce que Christ est et de tout ce qu’Il a, de tout ce qu’Il dit et donne ; cette plénitude inspire notre prière. Le terme « selon les richesses de Sa grâce », ou « de Sa gloire », ou « de Sa volonté », est employé dix fois dans l’Epître aux Ephésiens. Il ne signifie pas que Dieu dispense tel bienfait « en dehors » de Ses richesses, mais au contraire qu’Il nous bénit selon cette plénitude infinie : « tout est à vous ! » Telle doit être notre conviction lorsque nous prions.
« Qu’Il vous donne, selon la richesse de Sa gloire, d’être puissamment fortifiés par Son Esprit dans l’homme intérieur » ; puis l’apôtre Paul ajoute : « or, à Celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au delà de tout ce que nous demandons et pensons, à Lui soit la gloire, dans l’Eglise et en Jésus-Christ, dans toutes les générations et aux siècles des siècles » (Ephésiens 3.16-21).
Ne résistons pas à Celui qui veut que nous croissions en Christ et dans Sa connaissance. Laissons-Le transformer notre vie de prière et nos réunions de prière. Combien ces dernières sont en général faibles et ternes en comparaison de ce qu’elles devraient être ! Quelle perte incalculable pour l’Eglise et pour le monde ! Souvent on considère la réunion de prière comme la réunion la moins importante de toutes. Parfois même la prière semble réservée à celui qui préside cette réunion, tant l’esprit de prière en est absent. Et le monde, qui pourrait en être béni, continue à se précipiter vers sa perte, alors que le diable, qui est « menteur » et « meurtrier » (Jean 8.44), règne en maître !
La sacrificature de tout le peuple de Dieu n’est-elle pas un des fruits de Son sacrifice ? N’a-t-Il pas fait de nous « un royaume de sacrificateurs » ? (1 Pierre 2.9). Ces deux mots expriment l’autorité et la puissance dont Christ nous revêt : la participation à Son sacerdoce dans la gloire. En face de tels privilèges, de telles responsabilités, qu’il nous soit donné de régner dans la vie en Jésus-Christ glorifié, au lieu de ramper lamentablement, allant jusqu’à nous glorifier de nos misères ! (Romains 5.17).
La quatrième signification de la présence de notre Seigneur Jésus-Christ à la droite du Père est Son sacerdoce de Souverain Sacrificateur.
Dans l’Epître aux Hébreux (Hébreux 2.14-18), l’apôtre Paul proclame la victoire de notre Seigneur sur le prince de la mort et la délivrance qui en résulte pour les chrétiens ; puis il annonce le ministère de miséricorde de notre Souverain Sacrificateur.
« En conséquence, Il a dû être rendu semblable en toutes choses à Ses frères, afin qu’Il fût un Souverain Sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple ; car, ayant été tenté Lui-même dans ce qu’Il a souffert, Il peut secourir ceux qui sont tentés ».
Plus loin, nous lisons : « Ainsi, puisque nous avons un grand Souverain Sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un Souverain Sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, Il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins » (Hébreux 4.15, 16).
C’est à ce grand thème qu’est consacrée cette merveilleuse Epître dont toutes les promesses et les avertissements s’adressent au peuple de Dieu et non pas au monde. Le pécheur a besoin d’un Sauveur ; mais dans sa course chrétienne et son service, l’enfant de Dieu régénéré a besoin d’un Souverain Sacrificateur. Quand elle s’empare de l’esprit du chrétien, cette révélation produit un effet immédiat et complet sur sa vie, son témoignage et sa sanctification. Dans la mesure où l’enfant de Dieu vit en communion avec son Souverain Sacrificateur, il éprouve les effets de ce Sacerdoce qui est la source intarissable de sa vie de prière.
Ainsi la glorification de notre Seigneur à la droite du Père signifie que Dieu nous donne tout par le sacerdoce de Son Fils, qui remplace entièrement, et en toutes choses, le service légal de l’Ancienne Alliance. La vie de prière de Ses enfants, personnelle ou collective, doit être le reflet du sacerdoce céleste du « Chef et du Consommateur de notre foi ».
Mais pour Lui présenter avec hardiesse nos besoins, nos demandes, nos fardeaux, il nous faut non seulement une vision renouvelée de ces glorieuses vérités, mais aussi des « cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure » (Hébreux 10.22). Sous la loi, les sacrificateurs devaient se purifier dans l’eau de la cuve d’airain avant d’entrer dans le tabernacle pour accomplir leur ministère. — Avant de leur révéler le Consolateur qu’ils allaient recevoir après Sa glorification, le Seigneur lava les pieds de Ses disciples. « Celui qui est lavé », dit-Il à Pierre, « n’a besoin que de laver ses pieds » … Si la régénération a été accomplie en nous une fois pour toutes, elle doit être suivie de cette purification constante de la Parole, sous l’action de l’Esprit (1 Pierre 1.23). Il faut que la Parole de Dieu exerce nos consciences, purifie nos cœurs de tout ce qui peut contrister l’Esprit et voiler notre intelligence Spirituelle. Alors nous pénétrerons « au dedans du voile » et nous parlerons à notre Seigneur dans cet esprit filial qui réjouit le Père et glorifie le Fils. Là nous recevrons Ses enseignements et verrons l’accomplissement de Ses promesses.
La découverte d’un tel secret pour Ses enfants désireux de servir leurs semblables est la source de la puissance divine. Prions en héritiers, en enfants du Père, cohéritiers du Fils, possesseurs de tout ce qu’Il a accompli, de tout ce qu’Il a promis ! Invoquons le Nom vainqueur et infaillible de notre Seigneur Jésus-Christ !
« Nous avons auprès de Lui cette assurance, que si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, Il nous écoute. Et si nous savons qu’il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous savons que nous possédons la chose que nous Lui avons demandée » (1 Jean 5.14, 15).